cinéma d'animation 2000

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Cinémamagazine Huit créateurs commentent le boom que connaît-leur art ll fut un temps le monde du cartoon se limitait à Disney. Mais I'informatique est arrivée, les techniques se sont diversi- fiées, la concurrence s'est développée. Et aujourd'hui, c'est I'abondance ! Petit tour d'horizon d'un monde très animé. Logique, toutcommence chez Disney, en 1994, avec Le Roi,ion : pour la première fois, un long métrage d'ani- mâtion se hisse numéro un au box€ffice mondial, détrd nant les dinosaures de Julassic Park (1). Stimulés par cetriomphe,les studios Disneyvont mâintenir la cadence d'un dessin animé parân,le vieux rêve de Tonton Walt: de son vivant, les contingences techniques limitaient la production à un tous les quatre ou cinq ans. Le studio parie avec bonheur srJr les nouvelles techniques (avec de belles réussites : Ioystory 7 el2, Mille et Une Pattes...). El pounant, après quelques années d'efforts, la toutepuissance de Dis- ney est menacée. La Fox entre dans la bataille en 1997 avec un super Cend/i//on mâtiné d'heroic fantasy (Anastasia de Don Bluth) ; la War- ner suit en revisitant la légende des chevaliers de la Table ronde (Exca/ibur), Spielberg, lui, s'associe avec Jeffrey Katzenberg (ex-producteur du Roi /ion, démis- sionnaire de chez Disney), quidéveloppe le département animation de leur nouvelle compagnie (Dreamworks)et lance plusieurs machinesde guerre lFouffniz, Le Prînce d'EÉypte, La Route d'EldoÊdo... Le grand public découvre alors qu'ailleurs ça bouge âussi. Au Japon, oir ont longtemps régné les séries rin- gârdes, un studiô de lâ banlieue de Tokyo produit des films (Mon voisin fototo, Porco rosso, Princesse Mono noke) qui battent régulièrement le dernier Disney. Un peu partout, quantité de créateurs venus du court métrage ou de la série télé, et connus jusque-là du seul public des festivals spécialisés, sortent de I'ombre, Leurs moyens d'expression sont riches et variés : dessin animé tradi- tionnel (le Japonais Hayao Miyazaki), marionnettes (le Russe Garri Bardine), crayonné rapide (l'Américain Bill Plympton), aquarelles (le Néerlandais Vlichael Dudok de Wrt)... La pâte à modeler animée gagne ses iettres oe Iélélamâ n'2657 - 13 décembr.2O0O Lire aussi la c tlque de Chlcken Run de Nick Park, a o va y avor e I'animation ! il d p. 49.

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Huit créateurs commentent le boom que connaît-leur art

ll fut un temps où le monde du cartoon se limitait à Disney.

Mais I'informatique est arrivée, les techniques se sont diversi-

fiées, la concurrence s'est développée. Et aujourd'hui, c'est

I'abondance ! Petit tour d'horizon d'un monde très animé.

Logique, toutcommence chez Disney, en 1994, avec Le

Roi,ion : pour la première fois, un long métrage d'ani-mâtion se hisse numéro un au box€ffice mondial, détrdnant les dinosaures de Julassic Park (1). Stimulés par

cetriomphe,les studios Disneyvont mâintenir la cadence

d'un dessin animé parân,le vieux rêve de Tonton Walt:de son vivant, les contingences techniques limitaientla production à un tous les quatre ou cinq ans. Le studioparie avec bonheur srJr les nouvelles techniques

(avec de belles réussites : Ioystory7 el2, Mille et Une Pattes...). Elpounant, après quelques années

d'efforts, la toutepuissance de Dis-

ney est menacée. La Fox entre dans la

bataille en 1997 avec un super Cend/i//on mâtiné

d'heroic fantasy (Anastasia de Don Bluth) ; la War-

ner suit en revisitant la légende des chevaliers de

la Table ronde (Exca/ibur), Spielberg, lui, s'associe avec

Jeffrey Katzenberg (ex-producteur du Roi /ion, démis-sionnaire de chez Disney), quidéveloppe le département

animation de leur nouvelle compagnie (Dreamworks)et

lanceplusieurs

machinesdeguerre

lFouffniz,Le Prînce

d'EÉypte, La Route d'EldoÊdo...Le grand public découvre alors qu'ailleurs ça bouge

âussi. Au Japon, oir ont longtemps régné les séries rin-

gârdes, un studiô de lâ banlieue de Tokyo produit des

films (Mon voisin fototo, Porco rosso, Princesse Mononoke) qui battent régulièrement le dernier Disney. Un

peu partout, quantité de créateurs venus du court métrage

ou de la série télé, et connus jusque-là du seul public

des festivals spécialisés, sortent de I'ombre, Leurs moyens

d'expression sont riches et variés : dessin animé tradi-

tionnel (le Japonais Hayao Miyazaki), marionnettes (le

Russe Garri Bardine), crayonné rapide (l'Américain Bill

Plympton), aquarelles (le Néerlandais Vlichael Dudok deWrt)... La pâte à modeler animée gagne ses iettres oe

Lire aussila c tlque de ChlckenRun de Nick Park,

o

va y avore I'animation !ild

p. 49.

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studlo

conqulertavec de

à modeler...

noblesse grâce à un petit studio deBristol, Aardman Animation, qui décroche

trois oscars entre 1990 et 1996, imposant deuxfigures célèbres, Wâllace, I'inventeur farfelu, etGromit, son chien flegmatique. Ên Frânce, un petit

enfant noir secoue la profession ;avec 1,5 milliond'entrées (et 5O0 0O0 cassettes), /{irikou et /a sorc,ère

de N4ichel ocelot devient lefilm mascotte de notre indugtrie de l animation. Sa sortie est sujvie de celle, tout aussiremarquée, du Château des slnges, de Jean-FrançoisLaguionie. Et le mouvement gagne I'ltalie {2 mi ionsde spectrteurs pour La Mouette et Ie chat, d'Enzo D Alo).,.

Nouvelle donne : dans le monde entier, le long mêtrage d'anjmation s'avère un genre plus attrâctif qu'onne le croyait. Ljne foule de créateurs gagnent une pre.mière bataille, celle de la diffusion :on sort leurs ( courts,en programmes spéciaux avantde leur proposer Iegrand

saut du long métrage. C'est ce qui s'est produit en An-gleterre pour lesilmsde Nick Park & Co. : après tesavoirréunis en programmes de quatrevingtdix minutes, lestudio Aardman a signé avec Dreamworks un parte-nariât quidébouchesur la sortie mondiale d'un premierlong métrage (Chicken Run, cette semaine sur nosécrans) quicartonne aux Etats-Unis (déjà 110 miltionsde dollars de recettes).

Pour faire le point sur cette mutation capitale, nousavons interrogé huit auteurs majeurs révélés ces der-nières années. Six d'entre eux ont répondu au ques-tionnaire suivant :

1 Comment expliquez-vous I'engouement actuelde la prGduction mondiale pour les longs métrages d,animatjon ?2 les nouvelles techniques ont-elles influencé

Nick ParkWallace et Gromit,Chicken Run

Anglais, néen 1958. A 15 ans, ii est l,auteurd'unezaine delilms brlcolés avec la caméra de son pè1975, I'un d'eux est diffusé sur la BBC. Entré à lalield Art School, il commenc/- IJne gnnde excursiotilm de fin d'études en pâte à modeler, dont lessont un chien placide et son maltre bricoleur. Waet Gromit sont nés. En février 1985, Nlck park rle studioAardman, créé par Peter Lord, dont ildel'animateur vedette, Falt sans précédent, chacun dtrois films va êtrecouronné d'un oscar :1, Avis demâux (oscar 1990), U'l mauvais pantaron (oscâr 1et Rasé de près (oscar 1996). CÀicke, Run (2Ocosigné avec Pêter Lord, est son premier long mét1. lqs rai6ons du boorn. L'actuel engouementI'animation est très sain. C,est un peu commeavait plus d'alternatives aux longs métrages ttionnels, disons disneyens. Je pourrais citer descomme le céart de fer, assez loin de ce que Ivu depuis des ânnées, Ce que nousfaisons à Aardest aussi différent. Très peu de gens avaient vupâte à modeler animée sut grand écran. par chail semble qu'lls aiment ça.

2.l{ollvelle€ technhue6. Avec elles, nous en anons chaquejour un peu plus. Les loglciels graphi

nous ont beaucoup aidés pour Chlcken Runexemple, on ne peut pas animer lmage par imde la fumée, ou du feu. Les flammes qui s'allumquand Gingei et Rocky sont prisonniers du fout oncréées en images de synthèse. Nous utilisons aI'ordinateur pour effacel les supports dês personnaou les fils auxquels ilfaut attacher Rocky quand il3 . Opûlnirt€ ou pe3rimiste ? Complètementmiste. Sicela nous aide dans notre ttavailsans sacnotre style, nous sommes à fond pour.

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Ocelotet la sorcière, Princes et princessesle triomphe de r(irikou et ra sorcièrg puis de princes et pdncesses, qui révéla au grandcet artlsan solitaire et raffiné. En vingt ans de couns métrages, ll avalt déJà glané

i oscâr ' britannique en 1979 (tes lrois ,nventeurc), puis un césar en 1988 (La Légendebossu), Depuis, les producteurs se I'arlachent, A Chicago, Nirikou et ta ærcière

un double ptix symbolique : celui du jury enfants et celui dujury parents. C'est ledeson succès : son travail réunlt les généra ons. MichelOcelot termine actuellement

de son pJochain film, un conte tée.sur derlx ftères ennemis au XVe siècle.

bonSi ce moyen

d'êçæs.a mis si longtemps à s'imposer, c,estpârt à cause du succès planétaite de

qui a lmposé une image enfantine,part à cause du cott d€ fabrication

Si vous avez du génie, mais pasvous nê pouvez rien falte. Cette

se lèvê peu à peu - elletout à fait levée au Japon. Les entants de

qu'on a gavés d'ânimâ on y ont pdset veulent continuer à en consommer,

veulent en créet. La . génétation

est aujourd'hui âdulte.tedmhue6, Les progtès tech-n'ont pas influencé mon travail. lls

cependant les bienvenus, encore qu'insuf-: temp6 de calculdes odinaleuE, coût

du matériel et des logiciels.._ou pc*simarte ? La création

l'informatique devrait être matérielle-possible à plus de créateuF, dès l'âge

; cês créateurs pouront contrôler êtleur euvre plus efticacement

la très lente technique tradltionnelle.

I'informatique ne remplaceta pas tout.

Haydo MiyazakiPrincesse MononokC'est I'homme de tous les records et lede flle incontesté d'une nouvelle généd'artistes japonais I En 1963, il entre àAnimation, usine à séries hyperviolentbâclées. llen démissionne en 1971pourser à la réalisation et signe quelques stélé quile contirment

comme I'un des megraphistes du pays.

En 1984, itcrée le studioGhibli, quidele haul lieu de I animation japonaise grâ

succès {pour cenains, un triomphe) delongs métrages au message pacifiste et églste : d'âbord Lâput4 le château dans(1986) ; puis Mon yotsin lotoro (1988)mier dêssin animé à être couronné melong métrage de l'année par la critique;Kiki, la messaêerie de I'ensorceleuse {1Quând sort Polco rosso (1992), les pa

Alexandre PetrovLe Vieil Homme et la merNé en 1957 en Russie. Elève à la facutté artistique du VGIK de Moscou, puis à l'écote deslisateurs et scénaristes. llcrée son propre studio, panoramâ, à laroslavl. Sa technique : lature à I'huile sur vitre rétroéclairée, une fâçon de travailler qui ne permet pas I'erreur puipeint en solitaire, directementsous la caméra. llsigne ainsi quatre films - La yachg d'aprèstonov (Grand Prix à Hiroshima en 1990), Le Rêve d'un homme ridicule, d'aprè Dostoievski (cPrix à Leipzig, Krok et Stuttgart en 1993), La Sirène (crand prix à Spinho en 1992) - avarecevolr l'oscar 2000 pour un film de trente minutes, Le yreil Homme et la mer (projeexclusivité à la Géode, à Paris), qui tui a demandé trois êns de travail sotitaire à MontréaI - l-ee ralsong du boom. Ma lgré les énormes contraintes d'a rgent, de tem ps et les efforts

gê par la réalisation d'un long métrage, le marché est porteur. Les i lms trouvent un large pgrâce à d'excellents circuits de distribution. Mais réalisateurs et producteurs me paraisavant tout guidê par des raisons commerc2 . ouvelles tecfinlques, Parmi toutesnouvelles possibilités, j'aimerâis trouverqui pourrait perfectionner mâ méthode dmation. Pounant, je ne confierais pasordinateur la création de I'animation ni lature de mes films.3. Oldmbte ou p€66lm1Bte ? Les nouvtechnologies sont très intéressantes, sementdans la mesure où elles n'empièten

sur le processus de création.

Ïélérômô r.2657 - llt décembô 2Om

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réservent le même âccueilque les enfants

Disney de l'époQue (La Belle et Ia Bête)

battu | " Peutétre, explique Miya=ki, parce

le Japon s'industialse à outrance et perd

espaces verts. Je vais â l'encontre de ces

animés dont les déctrs sont sans iden-

peins ,es forêts touffues, /es champs

riz,les ruisseaux de mon pays,.. tEn 1997, Pnrcesse Mononokg conte fan-

mol/enâgeux plein dê bruit et de fureur,

I'imaginaire collectif japonais, attirânt

millions de spectateurs (seul fitanic a faitSon inspirâtion : les mythes et

pays, qu'il revisite en laissantpart belle à son imagination. Ses thèmes:

I'homme avec la nature. Son

: un hyperréalisme où flamboient desfantastiques de pure poésie. Long-

Miyazaki a utilisé la technique tradition-

du cellulo gouaché à la main. d Pourquoi

des ordinateurs pour faire ce que I'on

soiflême ? ", disâit-il. Depuis, le stu-

Ghibli s'est doté de puissants ordinateurs

Graphics. Plusieurc séquences de PrirFMononoke utilisent l'image de synthèse.

l\4iyazaki avait annoncé qu'il ne s'occupsdésolmais que de production. Bonnepour ses admirateurs : après avoir

un deuxièmestudio {Butaya) à

de Ghibli, illravaillesur un nouveau filmla sortie est prévue pour l'été 2001.

Jean-François LaguionieLe Château des singesElève des Arts appliqués, il s'oriente d'abotd vels la mise en scène et lê décor de thé

Une rencontre avec paulGrimault (Le Êoi êt tbiseal/) décide deson âvenir, Son premier

(en papier découpé animé), fâ Demoiserle et re vto,orcet iste, est un coup de maftrequi

dche le Grand Prix d'Annecy en 1965. Huit couds métrâÉes vont suivre, tablês doucesam

et poétiques, quasiment tous p més (dont le célèbre La ltaversée de I'Atlanfique à la

Palmed'ordu court à Cannes en 1978). Après quaûe années de travailen équipe léduite

personnes !) dans les Cévennes, Lagulonie slgne un premler longméllaÊe, Gwen,le liv

sable (1984), puis inaugure un centrc Égionalde créatlon (La Fabrique) quidevient I'asil

auteu6 indépendants, palmi lesquels Michel Ocelot, futur aulew de Kl kou' Depuls, il

associé à deux studios européens pour Le Ciâteau des srn€ies (1999), qui a fait travtrols cents personnes. ll prépa€ acluelleun nouveau tilm, , une hlstoirc de met

1. l-Ë rakolr5 du boom, Comme bie

découvertes, cela vient par hasard. Ce q

sais, c'estque l'on espérait cet engoue

il y a bien des années, après la soÉie Planète sauvaée (L972), par exemple.le mot engouement me pâlaît un peu

Les distrlbuteurs et les chaînes de téléencore loln de le partager. Et puis, illauditÉrenciêr la prcduction de films pourle

enfants des autres projets...

2 . ttouvêll€€ tachnhuæ Je découvavantages de I'ordinateur depuis peu.

qui permettent au réalisatelr de garpouvoil sur l'image du film iusqu'à la

la chaîne sont bien agréâbles. Mais jbien plus préoccupé par les rappoftsmes personnages et les problèmepogent mes histoires...3 - optllniste ou pêr3llttlsts ? Monmisme est un peu hésitant. Cela n'est

aux évolutions de la technique, mais a

ficultés finaflclères que pose le film drêve en ce moment. Car il taudra toubeaucoup de temps et trop d'argènt,que soit la technique, pour concevoit, et réaliser un film d'animation.

Bill PlymptonMondo PlymptonEtudiantà la Visuat School of Art de NewYork,

ildébute dans le dessin satirique. C'est l'arti-

san par excellence : écriture, production, mer-

chandising, ilfait tout tout seul, le plus $uventdânssonâppartement. llsigneainsi unefoulede courts métrâges (récemment réunis dans

Mondo Plympton) plébiscités parle publicdes

festivals. Après un premier long Ohe luneJ, qui

un bide, il remonte la pente avec L'tmpÎtoyable Lune de miel- Deux ans de travail, avec la

d'un opérateur et dedeux assistants pour la mise en couleurs..Son créneau : les ridi-

quotidien, qu'il poussejusqu'au grotesque, L'hilalant Plympton a de plus en plus d'ad-

dont Matt Groening, I'auteur des Simpson,pour qui*

Bl Plympton est Dieu

'.llvient

un nouveau long métrage : MutantAlens,r.lsofls du boom. Les succès de Qui ve ut la peau de Roger Rabbit?, Le Roi lion, Mille

Une Pattes et Chicken Run prouvent que I'animation peut générer d'énormes profits. ll se

une avalanche de longs métrages et c'est une bonne chose.

. llowellês techniques, L'essor des nouvelles technologies n'a pas tellement changé

façon de travailler. C'esi devenu moins cher et plus facile de monter et de sonoriser un

avec un ordinateur. lvlais ie continue de travailler " à I'ancienne '. Cela dit, grâce à lnter-

la diffusion de mes courts métrages est plus rapide.'. etj'évite toute censure I

- OplllnI3t€ ou psssimiste ? le suis très optimiste pour I'avenir, notamment en ce qui

les pos-sibilités de distribution par lnternet pour les petits indépendants comme moi

lsite lnternet : www. plympton.atomfilms,com].

Îéténlnâ n.2457 - til décenùÉ 2{Il0

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Ginémam agazrne

Jacgues'Rémy GirerdL Enfant au grelotll réalise des films d'anlmation dès sa sor-

tie de l'école des beâux-arts de Lyon. spêcialiste de la pâte à modeler animée, il créele studio Folimage à Valence, en 1985. Sa

réputation ne va pas cesser de grandir, avec

une production ofiginale de séiies télé pour

le jeune public, où s'aftirment des ârtistesexperts dans plusieurs techniques (dessin sur

cellulo, objets animés'l I Le Citque Bonheut,Mine de tien, le Bonheor de la vie (ou lasexualité racontée aux enfants), Ma PetitePlanète chéûe, un feuilleton écolo rigolo.En 1998, sur des dessins de Benoit Chieux

et de Damien Louche.Pélissler, il signe un

moyen métrage, t'Enfant au glelot, qui caFtonne à la télévislon comme au grand écran.

Depuis plus d'un an, Folimâge s'est lancédans la réalisation d'un premier long métrage,

sur des dessins de louriTcherenkov : La Pro,phétie des Étenouilles.

John LasseterToy Story, Mille et Une PattesAméricain, né en 1957. Diplômé du California lnstitute of Arts, il est formé à l'école disneyenne.

Aux côtés deTim Burton, iltravaillesur Rox et Rouky (1981). lvlais c'esten voyant lron (1982),

qui mdle images réelles et animation par ordinateur, qu'il trouve sa voie . Iout de suite, dit-il,j'ai su qu'ily avaitdans ces nouvel/es tech niques un potentiel artistrgue énon e.,llquitte Dis-

ney pour LucasFilm, puis devient un des piliers de la recherche chez Pixâr, oil ilsefait le cham-pion de l'image desynthèse 3D. lly réalise deux couns métrages, dont Iin loy(premierfilm réa-

lisé sur ordinateur à recevoir I'oscar du film d'animation, en 1989). La suite, c'est loy Story (1995)

- coproduit par Disney -, qui lui vaut un oscar d'honneur pour son. exceptionnelle contibu-tion à la cÉation du prcmier long métrage iamais réalisé en images de syrthèse ,.

Depuis, il fait avancer la technique à pas de géant. Pour Mil,e et Une Pattes (1998), il travaille

sur des ordinateurs douze fois plus puissants que ceux de loy Story. Mais il reste conscient des

limitesdelamachine:"Pourl'instant,iefuisleréalisme,Jeresteunauteutdecartoon,D'ailleurs, le titre original de Mille et Une Pattes (A bug's //ê : . une vie d'insecte ,Ù joue sur le

mot bug (" erreur,, enjargon d'informaticien).Avec l'informatique, il voitsurtout I'opportunité

de . séparer le possible de l'impossib/e, et de- fuire mieux qu'un seul film tous les deux ans ".

Au moment de la sortie de M/,e et Une Pattes,il nous râcontait I'anecdote suivante : n En

7979, quandj'étais à la CalAfts, i'aireçu I'os-

cat du film d'étudiant. Mon film était lracé au

crayon, et en noir et blanc ! Pour moi, il n'étaitpas fini, J'étais sumris de la récompense, puisj'ai compris que le jury avaitapprécié le ryûmeet la naffation. ll avaît raison. Depuis, j'en aifait une ÈÉ,le : l'histoire et /es personnages

sontplus importants que la technique. Cellequi a servi à fairc Mille et Une Pattes et Toy

Story 1et 2 sera dépassée un jour. Mais qu'itbpotle, les personnages existent,., "

1 . Lês ralsolls du boom. La planète esentrée dans la culture du film d'animationLa plupart des moins de 35 ans ont été, via

la télé, élevés sous la ( mère cartoon ,. lJne

enquête â révélé qu'un petit Européen nolmalement constitué lngurgite en moyennetrois heures de dessin animé par jour. çalalsse des traces, pas forcément négatives.

2 - t{ouyellÉ teclmiques. Aujourd'hul, I'ordinateur lait exploser les frontières tecfiniques

et promet de nouvelles et vertigineuses Inven

tlons. Le cont6le est presque total, ça donne

envied'allertoujours plus loin. ll tauttoutdemême savoir garder son sang-froid. Au studioFolimage, I'essentlel reste fabriqué à la mainpardes artisans précls et passionnés, la ma

chine " remouline , le tout en décuplant lespossibilitê. C'est assez lourd à gérer et un peu

épulsant, mais les résultats sont stupétiantsAvec I'informatique, jusqu'au demier momenton peut lntewenir sur I'image, sur les mouvements, sur la @uleur, sur les sons... Le sen

n'est jamais bloqué, c'eit magique !

3 - Optimiste ou pêsslmlst€ ? Avec nosuperjoujoux chargés de mégabits à fâirepéter la lune, qu'est+e qu'on va dlrê ? C'es

ça la vraie question : technologie futu.iste ou

antique banc-tltre à manivelle, siy a pas unbonne vlellle histoire à faire bandel la gâm

belge et à allumer les frissons de l'émotionl'engouement pour le cinémâ d'animâtionflnira comme un pet à I'eau, Et c'est bien cqui pourrait se produire avec la multitude d

séries télé, sowent bas de Éammq qui ânnorcent toutes leurdéclinaison en long métrageglisées par le juteux prétendu nouveaumarché. On n'est pas sortis de I'auberge !

Dossler léallsé par Bernald Génin

lélérama n.2657 - 13 décembrs 2OOO