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ד" בסKEDOCHIM Espace Torah remercie Léa Marciano pour son dévouement et son professionalisme Ce fascicule est dédié à la refoua chlema de Margaret Simha bat Soly et à la mémoire de Chmouel Claude ben Mouni Que veut dire être kadosh ? (Par Rav Gabriel Haccoun) La Sainteté : Ressembler à Hashem ? (Par Dan Devash) La kédousha, c'est donner ! (Par Rav Ytshak Assuli) Introduction aux Pirké Avot (Par Rav Yonatan Bendennoune) La force de la prière (Par Rav Gabriel Haccoun) Le regard positif (Par Yossef Aflalo) Se soigner pendant Chabbat (2) (Par Rav David Sitbon)

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Page 1: KEDOCHIM Chmouel Claude ben Mouni Que veut dire être kadosh ? (Par Rav Gabriel Haccoun) La Sainteté : Ressembler à Hashem ? (Par Dan Devash) La kédousha, c'est donner ! (Par Rav

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בס"ד

KEDOCHIM

Espace Torah remercie Léa Marciano pour son dévouement et son professionalisme

Ce fascicule est dédié à la refoua chlema deMargaret Simha bat Soly et à la mémoire de

Chmouel Claude ben Mouni

Que veut dire être kadosh ?(Par Rav Gabriel Haccoun)

La Sainteté : Ressembler à Hashem ?(Par Dan Devash)

La kédousha, c'est donner !(Par Rav Ytshak Assuli)

Introduction aux Pirké Avot(Par Rav Yonatan Bendennoune)

La force de la prière(Par Rav Gabriel Haccoun)

Le regard positif(Par Yossef Aflalo)

Se soigner pendant Chabbat (2)(Par Rav David Sitbon)

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Au début de la paracha de Kédochim, nous voyons que Dieu a demandé à Moché Rabbénou de dire à tous les Bné Israël (tous, sans exception !) : « Soyez kadoch car Moi, Hachem, votre Dieu, Je suis kadoch ».En Français, on a tendance à traduire le mot « kadoch » par « saint ». Mais que signifie-t-il exactement ?Car, en effet, lorsqu’on le traduit par « saint », le mot kadoch semble signifier la sainteté au sens chrétien du terme, c’est-à-dire le fait de se couper du monde matériel, de s’enfermer dans un monastère, de ne pas vivre dans ce monde et ne pas en profiter… Or ce n’est pas cela la kédoucha.De plus, comment comprendre que nous devons être kadoch parce qu’Hachem est kadoch ? Nous, êtres humains, sommes-nous comparables à Hachem, qui est un Dieu ?Au sujet du verset de Méguilat Esther « Layéhoudim hayeta ora vessim’ha véssassone vikar », la Guemara explique:-ora (la lumière), c’est la Torah, comme il est dit: « Ki ner mitsva véTorah or;-sim’ha (la joie), ce sont les ‘haguim (les fêtes), comme il est dit: « Vessama’hta bé’haguékha »;-sassone, c’est la brith mila, comme il est dit « sass anokhi al imratékha kémotsé chalal rav »;-et yékar, ce sont les tefilines.Rav Dessler, ramenant le Maharal de Prague, explique que cette Guemara renferme le secret de la dvékout bAchem (de l’attachement à Dieu). Elle nous donne quatre moyens de s’attacher à Lui, l’un plus grand que l’autre:-le premier moyen, c’est la Torah. Lorsque l’homme étudie la Torah, il profite de celle-ci et s’attache donc à Hachem. Il retire du plaisir de cette étude, mais ce plaisir est intellectuel: l’homme profite de ce qu’il comprend.

Son attachement à Hachem n’est donc pas maximal car il dépend de ce que l’homme comprend, et donc de l’homme lui-même;-un niveau plus élevé d’attachement à Hachem, c’est sim’ha, c’est-à-dire une joie issue de la reconnaissance que nous avons envers Dieu. Cette gratitude, l’homme la ressent au plus profond de lui-même. Il sent la bonté d’Hachem, et veut L’en remercier. Les ‘haguim, les fêtes (où, réunis en famille, nous mangeons et nous nous délectons) sont un moment propice pour ressentir cette reconnaissance et donc une joie intérieure;-encore plus haut, il y a sassone. Sassone, c’est aussi une joie. Mais une joie beaucoup plus grande que sim’ha. Car elle est tellement forte qu’on a besoin de l’exprimer à l’extérieur. Lorsqu’une personne s’est démenée pour nous rendre un service dont on avait vraiment besoin, on ressent non seulement de la joie et de la reconnaissance, mais aussi le besoin de faire quelque chose pour elle; de lui donner quelque chose en retour. Car la joie et la reconnaissance qu’on ressent sont alors tellement fortes qu’on a besoin de l’exprimer à l’extérieur, par un acte. Cette joie c’est sassone, et elle correspond à la brit mila;-et un niveau encore plus grand que les trois précédents, c’est yékar (c’est-à-dire les tefilines).En quoi ce quatrième niveau est-il particulièrement élevé ?Rav Dessler explique qu’il y a en chaque homme un ego. Mon ego, c’est mon moi, ma volonté.Cet ego est positif, car c’est ce qui me fait ressentir au plus profond de moi-même que j’existe. C’est ce qui me propulse dans la vie. Ce qui me donne envie d’avancer et de me réaliser. Mais attention ! Si j’utilise l’ego à l’extrême, je peux en arriver à l’égoïsme. L’égoïsme,

Que veut dire être kadosh ?(Par Rav Gabriel Haccoun)

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c’est quand je ressens tellement mon moi que je pense que tout ce qu’il y a autour de moi me revient.Mais Rav Dessler dit que l’ego est

positif: c’est ce qui donne à l’homme l’envie d’avancer.Il ajoute que, dans la psychologie humaine, l’homme est obligé de se sentir exceller par rapport aux autres, dans un domaine au moins. L’homme est obligé de se sentir particulier.Chacun de nous a envie de se sentir particulier, au moins sur un point. Le plus grand exemple de cela, c’est que lorsqu’un jeune-homme et une jeune-fille se rencontrent en vue de se marier, chacun a envie que l’autre le trouve unique, spécial, différent des autres. Ce sentiment vient de l’ego.Rav Dessler dit que lorsque l’homme a réussi à trouver sa particularité parce qu’il est serviteur d’Hachem, parce qu’il a la Torah, il a atteint le plus haut niveau d’attachement à Hachem.Lorsqu’au plus profond de toi-même, tu ressens que c’est ta Torah qui te différencie des autres, qui te rend particulier par rapport à eux, tu as atteint le plus haut niveau d’attachement à Hachem.Mais attention ! Ce n’est pas de l’orgueil. C’est une réalité. Car lorsque l’homme sent que sa particularité vient de la Torah, il agit, parle et pense

différemment. Il est un autre être.Et les tefilines rappellent cette notion de différenciation grâce à la Torah. En effet, c’est à leur sujet qu’il est dit « Les peuples de la terre verront que le nom d’Hachem est inscrit sur toi, et ils te craindront ». Autrement dit, les tefilines rappellent le fait que notre particularité, notre différence par rapport aux autres peuples, vient du fait que nous, nous servons Hachem.Tout ce que nous venons de dire est lié à la kédoucha. Car, en effet, le verset de la Méguila dont nous avons développé l’explication depuis le début de ce cours est dit chaque semaine après Chabbat dans la Havdala, c’est-à-dire précisément lorsque nous différencions le kodech du ‘hol, et le Klal Israël des autres peuples. Pour nous rappeler que ce qui nous distingue d’eux, c’est la Torah. C’est le fait que nous servons Hachem. Or c’est cela la kédoucha.La kédoucha n’est pas une notion abstraite et bien trop éloignée de nous. C’est, comme l’explique Rav Dessler, le fait d’être séparé des autres peuples par la Torah. Dès le moment où j’ai compris au plus profond de moi-même que ce qui me distingue c’est la Torah, dès le moment où j’ai profondément compris que c’est elle qui me change, j’ai touché à la kédoucha. Et je peux alors évoluer dans ce domaine en en gravissant les différents échelons.Parfois, on assiste à des cours de Torah. Mais est-ce que ceux-ci nous changent vraiment (ne serait-ce que sur un point), ou alors on y a simplement été pour passer un bon moment entre amis ?C’est un très grand mérite d’écouter des cours de Torah, et on aura une récompense pour cela. Mais ce n’est pas suffisant. Il faut que ce qu’on apprend influence, au moins un peu, notre manière d’agir, de parler ou de penser.

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Et si cela a eu cet effet, on a commencé à toucher à la kédoucha.Être kadoch, c’est se distinguer. De même qu’Hachem est incomparable aux êtres humains (mais Lui est « le summum de l’incomparable »), nous aussi devons être différents d’eux. Mais pas parce qu’on est le meilleur jongleur, le meilleur danseur ou la meilleure cuisinière. Nous devons nous distinguer des autres par notre Torah et notre avodat Hachem. C’est cela qui doit nous différencier de la masse. Et lorsque nous ressentirons au plus profond de nous-mêmes que notre spécificité est la Torah, nous aurons commencé à toucher à la kédoucha.

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QU’EST-CE QUE LA SAINTETE ?

C’est devant tout le peuple rassemblé que Moshé rapporte ces parole d’Hashem (Vayikra 19, 2) : « Parle à toute l’assemblée de Enfants d’Israël et dis-leur : ‘Soyez Saints parce que je suis Saint (Kadosh), moi, l’Éternel votre D.’ »Ainsi donc tout le monde est concerné par la mitzva d’être saint. Encore faut-il comprendre de quoi il s’agit :1. Être Saint qu’est-ce que cela signifie ? 2. Pourquoi lier cette demande au fait que Hashem lui-même est Saint ? 3. Alors que la très grande majorité des mitzvot ne comporte aucune justification, pourquoi celle-ci en comporte-t-elle ? LA SAINTETE

Au sujet de la sainteté, le midrash nous donne cette indication (Sifra Kedoshim 1) :Soyez saints (signifie) tenez-vous à l’écart (Peroushim)De quoi faut-il se tenir à l’écart ? Rashi donne une explication qui nous met dans l’embarras (Rashi -Vayikra 19, 2) :« Soyez saints : Soyez à l’écart (Paroush) des relations charnelles interdites et de la transgression. »Le Ramban soulève le problème que pose cette explication. C’est que les relations interdites et sur les transgressions sont déjà proscrites par la Torah. Autrement dit, pour Ramban, la définition de Rashi ne semble rien amener de nouveau. Il donne donc son explication (Ramban -Vayikra 19, 2) :« Que nous soyons à l’écart de l’excès. (Par exemple) Qu’il (l’individu) réduise les relations intimes (avec sa femme) à ce qui est nécessaire pour accomplir, grâce à elles, la mitzva (de procréation).

Qu’il se sanctifie en buvant du vin avec modération … bien que la Torah ne nous ait pas mis en garde sur cela, … (Ou encore) qu’il préserve sa bouche et sa langue de s’avilir par de l’abondance de nourriture grasse et par des paroles dégradantes … Qu’il se sanctifie de cette manière, jusqu’à ce qu’il parvienne à la privation. C’est par de telles conduites que s’accomplit cette mitzva … » En résumé pour Ramban, la mitzva de se sanctifier porte sur la modération et la retenue dans ce qui est permis. Il s’agit de se tenir à l’écart de tout excès jusqu’à parvenir progressivement à une forme d’ascétisme. Cette définition trouve un appui dans les paroles de nos Sages ז"ל (Yebamot 20a) :« Rava a dit : ‘Rends-toi saint dans ce qui t’es permis’ »

SOYEZ SAINTS COMME JE SUIS SAINT

Notre verset pose un second problème qui jette un trouble même les paroles du Ramban. C’est que la raison pour laquelle le juif doit être saint, c’est qu’Hashem Lui-même est saint, ainsi que le confirme le midrash (Vayikra Raba 24, 4) :« Mes enfants, de même que Je me tiens à l’écart, vous aussi tenez-vous à l’écart. De même que Je suis saint, vous aussi soyez saints »Dès lors, comment peut-on appliquer la définition de la sainteté qu’ont donnée Rashi ou Ramban, sur Hashem ?Peut-on ח"ו, parler de transgression, d’être à l’écart de tout excès ou même d’ascétisme au sujet d’Hashem ?Cela n’a évidemment pas de sens. C’est cet étonnement qu’exprime le Ohr Ha’Haïm :« Car je suis saint : Il faut comprendre pourquoi il était nécessaire de donner cette raison ? Peut-on obliger (l’homme)

La Sainteté : Ressembler à Hashem ?(Par Dan Devash)

Inspiré de textes du RaBaSH, Rabbi Baroukh Shalom Ashlag זצ"ל, fils du Baal HaSoulam

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à ce que ses actes ressemblent à ceux du Créateur ? N’y a-t-il pas une multitude de niveau dans le D. d’Israël … Jusqu’à présent, je ne comprends pas pourquoi le verset a tenu à donner une raison (à cette mitzva). »Cela oblige à approfondir cette définition

de la sainteté, d’autant que le midrash renforce encore plus la question (Sifra Kedoshim 1) :« Si vous sous sanctifiez, alors J’en tiendrais compte comme si c’est vous-même qui Me sanctifiez » Peut-on imaginer que la Sainteté du Créateur dépende de celle de Ses créatures ?Il nous faut donc tenter, à partir la définition du midrash qui dit qu’être saint c’est être à l’écart, de déterminer de quoi Hashem Lui-même se tient à l’écart ?

DE QUOI HASHEM SE TIENT-IL A L’ECART ?

En vérité ce qui dérange dans notre verset et qui semble préoccuper le Ohr Ha'Haïm, c’est que sur un point précis, il vient mettre sur le même plan la créature et le Créateur.Et donc, la vraie question est de savoir sur quel point, une créature aussi insignifiante que l’Homme, peut-elle être comparée à D. ? Tout être intelligent est conscient que quelles que soient les qualités de l’homme, sa force, sa

sagesse, son intelligence, sa longévité ou encore ses qualités morales, celles-ci sont totalement insignifiantes au regard des qualités du Créateur. On ne peut en aucun cas les comparer ! Ce qu’il nous faut donc rechercher, sur la base du midrash, c’est une chose dont le Créateur

se tient totalement à l’écart, et de laquelle nous puissions aussi nous tenir à l’écart. Pour cela il nous faut revenir sur le but de la Création et sur la volonté d’Hashem. LA VERITABLE NATURE DE L’HOMME

Au sujet du but de la Création, le Arizal nous dit :« Sa volonté ית', est de créer le monde afin de prodiguer du bien aux Créatures. »

Le Soulam explique que pour réaliser cet objectif, D. a doté les créatures d’un ‘’désir de recevoir ce bien’’ afin qu’elles puissent recevoir. Cela s’explique parfaitement. Si personne n’a le désir de prendre, la volonté d’Hashem ne peut pas se réaliser et donc, il ne peut y avoir de Création. C’est aussi ce que dit avec d’autres termes le Ram'hal.« C’est dans la nature de Celui qui est bon que de faire du Bien. C’est ce qu’Il voulait ית', c’est créer des créatures pour leur prodiguer du bien, car si personne en peut recevoir le bien il ne peut y avoir de bonté »

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C’est donc parce qu’il a été doté de cette volonté de recevoir du bien que, par nature, l’Homme est constamment à la recherche de son bien-être. En d’autres termes, l’homme va vouloir à tout instant, tirer profit de ce qui l’entoure. De plus, comme ce que D. veut prodiguer à l’homme est incommensurable, alors ce désir de la créature de tirer profit est, lui aussi, immense. C’est pourquoi, et chacun peut le constater chez soi-même comme chez ceux qui l’entourent et dans toute la société : la volonté première de l’individu est de tirer un profit ou un plaisir de ce qui l’entoure. C’est cela, la véritable nature de l’Homme. Aussi, chacun suivant son caractère est en recherche de satisfaction. Que ce soit à travers la nourriture, les relations intimes, l’argent, la considération, la célébrité, les honneurs, le pouvoir ou même l’érudition. C’est cette quête qui est le moteur de tout individu. Le problème cependant, c’est que cette nature est totalement à l’opposé de celle du Créateur. Lui ית', n’a rien à recevoir de personne, tandis que la créature, au contraire, n’attend qu’une seule chose c’est de recevoir. Cette situation a pour effet d’éloigner la créature de son Créateur. À l’image d’un royaume ou le Roi et sa cour qui vivent de façon raffinée, sont éloignés des paysans vulgaires et grossiers. Un prince raffiné, poli et cultivé, n’épousera une paysanne rustre, grossière et ignare. Ils sont éloignés l’un de l’autre comme le Ciel de la Terre.

LE ROLE DU PEUPLE JUIF

La tâche de ‘réduire’ cet éloignement entre Hashem et Ses créatures, a été confiée au peuple d’Israël. Pour quelle raison ? Parce qu’ils sont les descendants d’Avraham, Itshak et

Ya'akov qui sont parvenus, à titre individuel, à se rapprocher de D.Mais pour rendre possible ce rapprochement à tout un peuple, Hashem a donné la Torah et ses lois. On y trouve des prescriptions qui vont permettre au juif de réduire sa quête permanente de satisfaction et de plaisir égoïste. La nourriture y est réglementée par la cacherout, les relations intimes, limitées au cadre conjugal, sont réglées rigoureusement. Quant aux relations avec le prochain, elles sont au cœur même de toute la Torah, ainsi que l’enseigne Rabbi Akiva (Sifra Kedoshim 4, 12) :« ‘Tu aimeras ton prochain comme toi-même’. Rabbi ‘Akiva a dit : ‘C’est le grand principe de la Torah.’ »Ainsi donc, la mitzva qui constitue la pierre angulaire de toute la Torah consiste à veiller au bien-être … de l’autre ! C'est-à-dire, à l’opposé de la nature humaine.Comment, grâce à cela, l’homme se rapproche-t-il d’Hashem ? Parce que lorsqu’il a la volonté de faire du bien aux autres créatures, l’homme s’identifie au Créateur dont la volonté est précisément de faire du bien à ses créatures.Ainsi donc, pour parvenir à se rapprocher d’Hashem, la source du Bien, le juif devra se tenir à l’écart de son amour-propre et de ses désirs égoïstes.Nous tenons là la réponse à notre question. De quoi D. se tient-il à l’écart ? Il ne peut s’agir ח"ו, ni de transgressions, ni de relations interdites ni même d’ascétisme ! La réponse est, si l’on peut dire, que D. se tient à l’écart (Paroush) de tout désir égoïste et de tout amour propre.C’est de ce point de vue qu’il nous faut Lui ressembler. C’est grâce à cela que l’homme se rapproche d’Hashem et peut même s’attacher à Lui comme le dit dans son commentaire le Ramban (Ramban

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-Vayikra 19, 2) :« La raison pour laquelle il est écrit ‘parce que Je suis saint, Moi l‘éternel votre D.’, c’est qu’ainsi nous aurons le bénéfice de nous attacher à Lui en étant saints. »Telle cette paysanne qui, si elle s’habille élégamment, apprend les bonnes manières et se cultive, elle pourra s’approcher de la cour du roi et même parvenir à épouser le prince.

CONCLUSION

Être saint, c’est la tâche qui incombe au peuple juif. Mais comment y parvenir ?D’abord, le juif doit s’écarter des transgressions et des relations interdites, comme le rapporte Rashi. Ensuite, il doit affiner son comportement même dans ce qui lui est permis, comme l’explique le Ramban. Grâce à cela il va pouvoir mettre ‘à l’écart’ son égoïsme et son amour-propre. Dès lors, il pourra se rapprocher de son prochain et être bienveillant avec autrui. Ainsi, il ressemblera au Créateur et se rapprochera de Lui. De plus, il devient un modèle pour les autres parce rien n’est plus apprécié chez l’autre, que les actes de bonté authentiques.Dès lors, on peut comprendre le midrash qui affirme « Si vous sous sanctifiez, alors J’en tiendrais compte comme si c’est vous-même qui Me sanctifiiez ». Cela signifie que lorsqu’un juif accroit la bonté dans le Monde parce que D. le lui ordonné, alors c’est l’image de D. aux yeux des hommes qui en bénéficie.Ce juif montre à son peuple et à toute l’humanité qu’Hashem n’a pas créé l’Univers pour s’en servir ח"ו, qu’Il n’a pas demandé qu’on Le serve pour Ses propres besoins ח"ו, mais uniquement pour le bien des hommes.Il démontre à la face du monde qu’Hashem est à l’écart de tout amour-propre. Il montre qu’Hashem est Saint. De même, lorsqu’Hashem affirme que c’est pour Son honneur qu’il a créé le Monde (Yesh’ayahou 43, 7), là encore, il faut comprendre que cet ‘honneur’ est destiné aux Créatures qui Le servent en cherchant à Lui ressembler. Dédié à l’élévation de l’âme de Shmouel Claude ben Mouni et Isaac Ben Yéhoudah et MyriamDédié à la Refoua Shelema du Rav Haim Yossef ben Sim'ha Sitruck

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Dans la paracha de Kédochim, Dieu nous demande d'être kadosh car Lui-même est kadoch, c'est-à-dire séparé du monde physique. On comprend que Dieu est kadoch, car il n'est pas physique. Mais comment peut-Il nous demander à nous, être humains, de nous séparer de ce monde ? En fait, lorsqu'Hachem nous demande d'être kadoch, Il ne nous demande pas de nous séparer du monde physique au sens de ne pas utiliser ce monde-ci. Il nous demande de nous séparer de l'égocentrisme. Car en effet, une personne qui ne pense qu'à elle est physique. Alors qu'une personne qui pense aux autres se sépare du monde physique, mais pas en s'en détachant totalement. Elle s'en sépare en l'utilisant pour, justement, le rendre spirituel. Et cela, en fait, c'est toute la vocation d'un Juif. La kédoucha, c'est le fait d'utiliser tout ce qu'il y a dans ce monde pour les autres. Dieu nous a donné des talents (de l'intelligence, une capacité à communiquer...) et des moyens fi n a n c i e r s .La kédoucha consiste à faire profiter les autres de tous ces moyens, au lieu de les garder exclusivement pour nous. Nous devons être kadoch de même que Dieu est kadoch. Or lorsque Dieu a créé le monde, Il l'a fait pour donner aux autres, pour leur prodiguer du bien car tout ce qu'Il fait est pour notre bien même lorsque, au moment où nous traversons une épreuve difficile, nous ne voyons pas encore le bien qu'il y a dedans.En Hébreu, le mot kédoucha a la même racine que le terme mékoudéchet. Il signifie donc "réserver". La kédoucha, c'est le fait de réserver pour les autres ce que Dieu m'a donné, au lieu de le garder exclusivement pour moi. C'est par exemple utiliser l'intelligence qu'Il nous a accordée pour

donner à autrui un conseil qui l'aidera à devenir meilleur. Or il n'est pas toujours facile de donner. Car parfois, en donnant à une personne une idée qui lui permettra de progresser, on lui donne un moyen de devenir meilleur que nous. Or on n'aime pas toujours être dépassé... Mais le 'hessed, c'est cela: donner à l'autre (de l'argent, du temps, un conseil...), l'aider à grandir, à construire son business, à avoir le chalom bayit, à bien éduquer ses enfants... Mais on n'a pas toujours envie de la faire, parce qu'on sait qu'en le faisant, on donne à l'autre un moyen de devenir meilleur que nous...L'homme s'aime beaucoup. La personne qu'il aime le plus, c'est lui-même. Il a donc tendance à penser que tout doit tourner autour de lui. Comment donc peut-il sortir de son égoïsme et apprendre à donner ? En fait, il est pratiquement impossible de sortir de nous-mêmes. L'homme pense trop à lui-même. Alors comment accomplir la mitsva d'être kadoch, qui implique de donner aux autres et donc de sortir de nous-mêmes ? Le Rav Shimon Shkop explique que lorsqu'on donne quelque-chose à une personne, une partie de nous se trouve chez elle. Le fait de donner entraîne donc l'agrandissement du moi de celui qui donne. Lorsqu'on aide une personne à se marier, lorsqu'on aide une famille à continuer à exister, lorsqu'on aide un homme à développer son commerce, on a une part dans toutes ces constructions. Ces personnes existent grâce à nous, car elles ont en elles une part de nous-mêmes. D'où l'union qui existe dans le Klal Israël. Cette union résulte de l'entraide. Et l'entraide nous permet de nous grandir nous-mêmes.

La kédousha, c'est donner !(Par Rav Ytshak Assuli)

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Le Rav Shimon Shkop dit, par conséquent, qu'il est vrai qu'on ne peut pas sortir de nous-mêmes. Mais lorsqu'on pense que l'autre est une partie de nous-mêmes, qu'il est nous-mêmes en beaucoup plus grand, c'est beaucoup plus facile. La kédoucha, c'est donc réserver toute sa vie pour les autres. Et lorsqu'on agit dans ce but, même ce qu'on fait pour nous-mêmes (exemple: partir en vacances lorsqu'on a besoin de reprendre des forces pour pouvoir continuer à aider les autres) est considéré comme ayant été fait pour les autres.

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La Guemara dit que celui qui souhaite devenir un חסיד (c'est-à-dire quelqu'un de particulièrement pieux) doit étudier les Pirké Avot. Les Pirké Avot sont généralement compris comme du Moussar (de la morale) mais, en réalité, ils sont bien plus que cela ! En effet, ils parlent de toutes les attitudes qu'un homme doit avoir dans ce monde, de la manière dont il doit gérer sa vie, du regard qu'il doit avoir sur les choses... Ils traitent par conséquent des bases de la vie de tout Juif, et c'est donc par cette étude que toute étude devrait commencer. D'ailleurs, à ce propos, la Guemara demande: comment se fait-il que les Pirké Avot se trouvent dans le traité de Nézikine, le dernier des six traité de Michna, qui traite des ממנות lois) דיני concernant les préjudices financiers) ? S'ils ont été placés précisément à cet endroit-là, c'est parce que lorsqu'un homme veut faire preuve d'une piété particulière, il doit avant tout faire attention au rapport qu'il entretient avec l'argent. En effet, comme on le sait, l'argent est ce qui aveugle le plus l'homme, car avec de l'argent, on peut obtenir beaucoup de choses. Par conséquent, s'il y a lieu de se montrer pieux dans un certain domaine de la Torah, c'est bien celui-ci.

La première Michna des Pirké Avot dit que Moché a reçu la Torah du Sinaï, et l'a transmise à Yéhoshoua. Elle ne nous dit pas qu'il a reçu la Torah d'Hachem, mais du mont Sinaï. Ce n'est évidemment qu'une métaphore, qu'une allégorie, car Moché a effectivement reçu la Torah d'Hachem. Mais la Michna nous dit qu'il l'a reçue du Sinaï, pour nous rappeler l'importance de la ענוה (l'humilité). La

n'est pas simplement une bonne ענוהqualité parmi d'autres (exemples: le fait de ne pas se mettre en colère ou celui-ci d'être généreux envers autrui). Elle est le fondement de toutes les autres qualités morales de l'homme. Car un homme qui manque de modestie, qui fait preuve d'orgueil, se prend pour une entité en soi et met en avant sa volonté, démontre qu'il ne sera jamais prêt à effacer complètement sa volonté devant celle de Dieu.

Il est certes difficile d'accepter d'être entièrement soumis à Dieu, mais c'est pourtant ce qu'on nous enjoint, et c'est exactement ce que reflète le Mont Sinaï. On sait en effet ce que dit le Midrash à propos de cette montagne: toutes les montagnes de la terre se sont présentées devant Dieu pour qu'Il donne la Torah sur elle ; mais le mont Sinaï n'osa pas proposer à Hachem de donner sa Torah sur lui, car il se sentait petit, et indigne d'un tel honneur. Cependant, c'est précisément en raison de cette modestie qu'Hachem l'a choisi pour y donner Sa Torah.

La modestie, rappelée par le mont Sinaï, est indispensable pour recevoir la Torah. Car seul un homme modeste sera prêt à faire tout ce qu'on lui demande. Jamais il n'osera s'opposer à la volonté de Dieu !

Mais attention: la Torah a quand-même été donnée sur une montagne, et non sur une plaine ou dans une cavité. Car il est certes important d'être modeste, mais il ne faut pas pour autant se dénigrer. Il faut connaître sa valeur, sans s'enorgueillir d'elle.

Introduction aux Pirké Avot(Par Rav Yonatan Bendennoune)

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Voici une très belle histoire sur le premier ministre de l’éducation de l’état d’Israël: Oren Zalman.Lui-même et sa femme n’étaient pas religieux mais, tous les vendredis soir, sa femme avait l’habitude d’allumer les bougies de Chabbat, puis de prier: « Dieu ! Dieu ! Fais en sorte que mes enfants ressemblent au personnage le plus grand du peuple juif: David Ben Gourion! » !Elle disait cela car, lorsque son mari rentrait chez lui, il lui décrivait David Ben

Gourion (qui était le premier ministre de l’état d’Israël) comme étant quelqu’un d’intelligent, d’éclairé, de clairvoyant, de grand… comme il n’y a jamais eu dans le peuple juif ! Et elle priait donc pour que ses enfants ressemblent à cet homme.Un jour, cependant, il y eut une grande guerre idéologique (qui existe encore de nos jours, mais qui est devenue moins « virulente ») entre le monde orthodoxe, et le sionisme tel qu’on l’a connu lors de la création de l’état d’Israël. Les sionistes voulaient enrôler à l’armée non seulement les étudiants en Yéchiva, mais également les jeunes-filles de Beth Yaacov. Et le Hazone ich a grandement œuvré pour que les jeunes-filles n’aillent pas à l’armée.Cela a suscité beaucoup d’agitation, de nombreux titres dans les journaux, et David Ben Gourion a décidé d’aller

discuter du sujet avec le ‘Hazon Ich à Bné Brak.Après cette conversation, David Ben Gourion rapporta à ses ministres qu’il n’avait jamais vu quelqu’un d’aussi grand, d’aussi intelligent, d’aussi érudit… que le ‘Hazone Ich.Oren Zalman raconta cela à sa femme, qui pria dorénavant pour que ses enfants ressemblent… au ‘Hazone Ich ! Elle ne savait pourtant pas qui était ce Rav. Mais elle connaissait l’admiration

que son mari avait pour David Ben Gourion, et elle avait entendu que celui-ci avait énormément apprécié le ‘Hazone Ich…Cette histoire a été racontée par son petit-fils, Rav Heymann, qui a été l’un des Grands Rabbins de Jérusalem.Il précise qu’on en apprend la force de la tefila. En effet, sa grand-mère priait du fond du cœur, avec sincérité. Elle ne savait pas qui était le ‘Hazone Ich. Elle voulait juste que ses enfants soient le meilleur du peuple juif.Elle a prié pour que ses enfants ressemblent au ‘Hazone Ich, avec un cœur entier et sincère.Dieu a écouté sa prière, et lui a accordé des générations de Talmidé Hakhamim.

La force de la prière(Par Rav Gabriel Haccoun)

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Durant la Shoa, lorsque l’armée américaine est entrée dans les camps de rescapés, il y avait là-bas un Rav du nom de Rabbi Eli’ézer Silver, qui servait en tant qu’aumônier militaire de l’armée américaine, et qui tentait de réconforter les survivants, en leur apportant une aide psychologique, ou en les aidant de différentes manières. Il avait même organisé différents minyanim de prière, auxquels participaient tous les survivants. Sauf un, qui ne voulait en aucun cas participer à la tefila collective.Rabbi Eli’ézer Silver, surpris de ce refus, lui demanda des explications. Et ce dernier de lui répondre avec fermeté: « Je ne désire aucun contact avec le Judaïsme. Ni tefila, ni minyane, absolument rien! ». Sa colère envers D.ieu et envers les Juifs était sans limites.Rav Silver lui demanda de s’expliquer davantage. Le rescapé juif lui répondit: »Lorsque nous étions dans les camps, il

y avait là-bas un Juif qui était parvenu à se procurer un Sidour (ivre de prières). Ce Juif a exigé que celui qui voulait prier une demi-heure par jour avec le Sidour devait en contrepartie lui donner une demi-ration de pain journalière.; et s’il voulait prier une heure, il devait apporter une ration complète de pain. Cet homme a pu se nourrir aux dépends de tous

ses frères juifs qui voulaient prier. Après avoir vu un tel mécréant, qui négociait l’utilisation de son Sidour contre du pain, comment pourrais-je aujourd’hui me rapprocher du Judaïsme et de mes frères juifs ? Je ne veux aucun contact, ni avec le Judaïsme et la Torah, ni avec les Juifs !Après avoir entendu cela, le Rav Silver lui a répliqué : « Et pourquoi regardes-tu cet homme stupide et misérable ? C’est plutôt tous ces Juifs tsadikim, qui ont sacrifié leur ration de pain pour pouvoir prier, que tu dois admirer! Ce sont eux qui sont un modèle, une référence exemplaire du Judaïsme! Pourquoi portes-tu ton regard uniquement envers ce misérable, et non envers ces tsadikim qui sont de véritables héros ? »Parce que la Torah a écrit « bétsédèke tichpot ‘amitékha (tu jugeras ton prochain avec justice) », il faut savoir faire la part des choses.

Parce qu’un événement peut finalement être vu sous deux angles: un négatif, et l’autre positif.Et c’est, bien entendu, avec une vision positive que nous devons analyser les événements qui surviennent durant notre vie.

Le regard positif(Par Yossef Aflalo)

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Comme nous l'avons vu, il est permis de faire pendant Chabbat toute mélakha nécessaire pour soigner un malade dont la vie est en danger, que ce danger soit certain, comme par exemple s'il a eu une crise cardiaque, ou probable si par exemple le malade n'a pas encore eu de crise cardiaque mais a des douleurs au cœur et sent qu'il risque d'en faire si on ne le soigne pas.

Pour ce type de malades, il est permis d'appeler l'ambulance ou le médecin. Et, selon la plupart des décisionnaires, on pourra faire même sans changement toutes les mélakhot nécessaires pour le soigner. On pourra donc, par exemple, lorsqu'on appelle le médecin, tenir le téléphone de la manière dont on le tient habituellement en semaine, sans avoir besoin d'essayer

(dans le but de minimiser la "avéra") de le prendre d'une autre façon. Par contre, on n'aura pas le droit de raccrocher le téléphone après avoir terminé la conversation, sauf si on attend

un appel nécessaire à la guérison du malade.

De même, si les médicaments dont un malade en danger a besoin se trouvent dans un frigidaire dont la lumière s'allume lorsqu'on l'ouvre, il sera permis d'ouvrir ce frigidaire pour les récupérer. Par contre, après avoir retiré les médicaments du frigidaire:-on ne pourra pas refermer la porte de celui-ci (car cela entraînerait l'extinction de la lumière, et donc une transgression de Chabbat non-nécessaire à la guérison du malade);-sauf si les médicaments ont besoin d'y être remis pour rester au frais et dans ce cas, si on peut demander à un non juif d'éteindre la lumière du frigidaire ou d'y ranger lui-même les médicaments, au lieu que nous entraînions nous-

mêmes l'extinction de la lumière, cela est préférable.

Si le malade en danger doit être transporté en ambulance, les Sages ont

Se soigner pendant Chabbat (2)(Par Rav David Sitbon)

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autorisé un ami proche du malade ou une personne en famille avec ce dernier à monter avec lui dans l'ambulance et à l'accompagner. En effet, bien que nous n'ayons pas le droit de transgresser Chabbat pour faire une mélakha qui ne serait d'aucune utilité pour sauver le malade (et lorsque le malade se trouve entre les mains des médecins ou des ambulanciers, nous n'aurions apparemment aucune raison de faire nous-mêmes des mélakhot pour le malade, puis qu'eux-mêmes les font déjà), les Sages ont permis à un proche du malade d'être avec lui dans l'ambulance, pour le rassurer et que son état de santé ne s'aggrave pas.

Les lois énoncées dans ces cours sont basées sur le livre du professeur Avraham Sofer, qui a reçu l'approbation de grands Rabbanim (Rav Ovadia Yossef, Rav Neuwirth, Rav Shlomo Zalman Auerbach).

Dans ce livre, un cas a été ramené pour faire comprendre que la permission de transgresser Chabbat pour soigner un malade peut exister non seulement lorsque la maladie est physique, mais aussi lorsqu'elle est mentale. Le cas concerne un enfant autiste qui fait des crises de nerfs le soir, et qui n'arrive pas à s'endormir tant que ses parents ne l'ont pas promené en voiture pour le calmer. Pendant Chabbat, est-il permis de le promener de la sorte ? Ce malade n'entre pas dans la catégorie de 'holé chéyech bo sakana (malade dont la vie est en danger), car sa vie n'est pas en danger. Il n'est donc pas permis de transgresser nous-mêmes des interdictions de la Torah pour lui. Par contre, il entre dans la catégorie de 'holé chéein bo sakana, et on pourra par conséquent transgresser des interdictions des Sages pour lui (et donc, par exemple, demander à un non juif de faire pour lui une mélakha nécessaire pour le soigner, même si celle-ci est normalement interdite par la Torah). Par conséquent, les parents de l'enfant autiste qui a besoin d'être promené en voiture ne pourront pas conduire eux-mêmes celle-ci pendant Chabbat. Mais ils pourront demander à un conducteur non juif de le faire, et faire monter l'enfant dans la voiture. Et l'un des deux parents aura même le droit de monter avec l'enfant dans la voiture, pour le rassurer et que son état de santé ne s'aggrave pas.

Les lois de 'holé béchabbat (une personne qui est malade pendant Chabbat) sont nombreuses, comme nous le verrons par la suite.