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Chapitre 5. Les partis politiques
A l’origine des partis politiques modernes :
(1) L’irruption des « masses »;
(2) Le suffrage universel.
Comment définir un parti ? Il n’y a pas de réponse simple
1. Le parti n'est pas un groupe de pression :
- il défend une vision de l'intérêt général,
- il veut exercer le pouvoir.
Néanmoins, nombre de partis sont issus de groupes de pression et tous n’ont pas vocation à présenter une vision de l’intérêt général.
L’approche « instrumentaliste » : Max Weber
« On doit entendre par partis des associations reposant sur un engagement (formellement) libre ayant pour but de procurer à leurs chefs le pouvoir au sein d’un groupement et à leurs militants actifs des chances – idéales ou matérielles – de poursuivre des buts objectifs, d’obtenir des avantages personnels, ou de réaliser les deux ensemble »
� Définition connotée
Le rapport aux élections : Sartori
Un parti politique est d’abord et avant tout une organisation qui se présente aux élections dans un cadre compétitif.
- N’y-a-t-il pas de « partis » dans les régimes non démocratiques
- Les partis qui ne se présentent pas aux élections dans les démocraties ne sont-ils pas des « partis »
- Les listes présentées aux élections dans une démocratie s’incarnent-elles toutes dans un parti ?
Les critères de reconnaissance : Joseph La Palombara et Myron Weiner
1. La continuité dans l’organisation
2. La visibilité et le caractère complet de l’organisation.
3. La volonté d'accéder au pouvoir et de tenter de le garder que ce soit seul ou dans le cadre d’une coalition.
4. L’adaptation du parti pour la recherche d’un soutien populaire maximal, en particulier à l’occasion des échéances électorales.
La dynamique du projetDaniel-Louis Seiler
“ On définira donc les partis comment étant desorganisations visant à mobiliser les individus dans uneaction collective menée contre d’autres, pareillementmobilisés, afin d’accéder, seuls ou en coalition, à l’exercicedes fonctions de gouvernement. Cette action collective etcette prétention à conduire la marche des affairespubliques sont justifiées par une conception particulièrede l’intérêt général ”
« Le projet constitue donc l’élément constant, invariant,qui perdure à travers le chatoiement qui caractérise, àtravers l’histoire, le discours qu’un parti tient afin demobiliser ses partisans en vue d’accéder au pouvoir »
A quoi servent les partis ?
D’une manière générale, les partis médiatisent le conflit dans un cadre pacifié
Les fonctions manifestes et les fonctions latentes
1. La fonction de gouvernement
2. La fonction de recrutement et de relève politique
3. La fonction programmatique
4. La fonction de médiation entre l’État et la société civile
5. La fonction de légitimation du régime et / ou du système politique
6. La fonction de socialisation
7. La fonction d’éducation
8. Dans certains cas, la fonction de contre-organisation ou de subversion, ou la fonction tribunitienne ou fonction d’intégration.
La fonction tribunitienne selon Georges Lavau
« Si les structures du système ne comportent aucune institution tribunitienne ou si celles-ci, bien qu’organisées, remplissent mal leur office, il est infiniment vraisemblable que des partis politiques (et, à défaut de ceux-ci, des églises, des syndicats, des ligues) chercheront à donner une expression à cette conscience de non-participation au système. Des partis politiques qui seront « manifestement » hostiles au système pourront donc remplir de façon latente cette fonction tribunitienne. Cela signifie pour eux plusieurs choses : d’abord qu’ils sont censés en être des partis révolutionnaires ; ensuite qu’ils ont acquis assez de force et de représentativité pour pouvoir bloquer effectivement ou entraver le fonctionnement du système sans que ce dernier ose répliquer par la répression ou la mise hors la loi de ces partis ; enfin, qu’ils ont assez d’autorité sur les groupes dont ils prétendent être les porte-parole pour empêcher ceux-ci de se livrer à des actions « sauvage » ou de se réfugier dans des comportements de retrait et de boycott »
Les systèmes de partis
Le système de partis est caractérisé par l’ensemble et l’essence des relations que les partis nouent entre eux à l’intérieur d’un espace donné
• La logique du nombre : bipartisme vs multipartisme
• Quels types de multipartisme ?
L’approche de Jean Blondel
(a) les circonstances de parti dominant(b) les bipartismes imparfaits
La situation au Danemark
32,78
40,02 39,59
41,31
39,40
42,10 41,94
38,26
34,15
37,27
25,65
29,94
37,0338,27
32,8731,60
29,32 29,82
37,38
34,5635,93
29,08
25,84 25,4724,81
23,38
27,58
21,33
23,06
25,06
21,32 20,8219,29
18,57
15,64
12,26
23,33
11,97 12,511,31
12,0710,54
11,84
15,79
23,324,01
31,25
29,03
26,26 26,73
18,24
12,44
17,7816,85 16,62
17,92
20,0618,68
20,35
16,69
9,15
5,51
8,48
12,48
14,45
23,45
20,8419,29
15,9715,02
8,92 9,0710,27 10,39
4,946,14 5,76
10,9
6,11
9,11
6,014,95
3,87
5,91
11,31 11,51
14,5813,01
8,37,28 7,56
6,37 5,99
13,04
9,2
0,00
5,00
10,00
15,00
20,00
25,00
30,00
35,00
40,00
45,00
1945 1947 1950 1953 1957 1960 1964 1966 1968 1971 1973 1975 1977 1979 1981 1984 1987 1988 1990 1994 1998 2001 2005 2007 2011
SD V KF SF
La situation en Suède
46,6 46,1 46,144,1
46,247,8 47,3
50,1
45,343,6 42,8 43,2
45,643,7 43,2
37,3
45,3
36,4
39,3
35,0
30,7
0,0
10,0
20,0
30,0
40,0
50,0
60,0
1944 1948 1952 1956 1958 1960 1964 1968 1970 1973 1976 1979 1982 1985 1988 1991 1994 1998 2002 2006 2010
SAP V MP FP C
Les répartitions de sièges en Allemagne
CDU-CSU FDP SPD Grunen Die Linke CDU-CSU+SPD
1949 31,0 11,9 29,2 60,2
1953 45,2 9,5 28,8 74,0
1957 50,3 7,7 31,8 82,1
1961 45,4 12,8 36,2 81,6
1965 47,6 9,5 39,3 86,9
1969 46,1 5,8 42,7 88,8
1972 44,8 8,4 45,9 90,7
1976 48,6 7,9 42,5 91,1
1980 44,5 10,6 42,8 87,3
1983 48,8 6,9 38,2 5,4 87,0
1987 44,3 9,1 37,0 8,5 81,3
1990 43,8 11,0 33,5 1,2 2,6 77,3
1994 41,4 6,9 36,3 7,3 4,5 77,7
1998 35,2 6,2 40,9 7,0 5,2 76,1
2002 38,5 7,4 38,5 8,2 0,3 77,0
2005 36,8 9,9 29,3 8,3 8,8 66,1
2009 33,9 14,6 23,0 10,7 11,9 56,9
L’approche de Giovanni Sartori : l’essence du multipartisme
1. Déterminer la relevance (ou non) la pertinence (ou non) du parti
(a) Ses performances électorales;
(b) Sa représentation parlementaire;
(c) Son « potentiel gouvernemental » : le coefficient de coalition
(d) Son « potentiel de chantage »
Résultats des élections régionales flamandes de juin 2004
VOIX VOIX (%) SIEGES
SIEGES
(%)
CD&V-NVA 1 060 580 26,09 35 28,23
Vl.Blok 981 587 24,15 32 25,81
VLD-Vivant 804 578 19,79 25 20,16
SPA-Spirit 799 325 19,66 25 20,16
Groen! 308 898 7,60 6 4,84
UF 43 391 1,07 1 0,81
Résultats des élections autrichienne d’octobre 2008
SPÖ 1316091 29,71 58 31,69
ÖVP 1134837 25,61 50 27,32
GRÜNE 433810 9,79 19 10,38
FPÖ 797993 18,01 35 19,13
BZÖ 486397 10,98 21 11,48
4430473 100,00 183 100
Résultat des élections communales à Charleroi (2006)
Voix % en voix Sièges % en sièges
ECOLO 9049 8,12 4 7,84
P.S. 42847 38,43 23 45,10
MR 27467 24,64 14 27,45
CDH 12711 11,40 6 11,76
FRONT-NAT. 10601 9,51 4 7,84
111480 100 51 100
2. Les types de multipartismes
• Le bipartisme
• Le pluralisme limité
• Le pluralisme extrême
• Le pluralisme atomisé
3. Pour déterminer le type de multipartisme, trois éléments sont pris en considération:
(a) Seuls les partis pertinents sont pris en compte;
(b) Le nombre de partis pertinents;
(c) La polarisation entre les partis.
Diète polonaise entre 1991-1993
27
28
37
44
4648
49
60
62
16
111111 111121334445
7
UD
SLD
WAK
PSL
KPN
POC
KLD
PL
Solidarnosc
PPPP
German Minority
DC
SP
PCD
PZZ
UPR
Party X
Movement for Silesian Autonomy
SD
RDS
Piast'
Krakow Coalition of Solidarity with the President
Podhalan Union
Great Poland and Poland
Peasant Uniy
Electoral Committee of Orthodox Believers
Solidarity '80
Union of Great Poles
Alliance of Women against Life's Hardships
Parlement régional flamand : 2009
31
21
21
19
16
8
7 1
CD&V
Open Vld
Vlaams Belang
sp.a
N-VA
Lijst Dedecker
GROEN!
U.F.
Chambre finlandaise Elections de 2011
35
44
42
14
10
6
9
39
1
Center Party of Finland
National Coalition Party
Social Democratic Party of Finland
Left Alliance
Green League
Christian Democrats in Finland
Swedish People's Party in Finland
True Finns
Others
Kadima 690901 23,96 29 24,17
Labor-Meimad 472366 16,38 19 15,83
Likud 281996 9,78 12 10,00
Shas 299054 10,37 12 10,00
Yisrael Beitenu 28188 0,98 11 9,17
Ichud Leumi - Mafdal 224083 7,77 9 7,50
Gil 185759 6,44 7 5,83
Torah and Shabbat 147091 5,10 6 5,00
Meretz 118302 4,10 5 4,17
United Arab List - Arab 94786 3,29 4 3,33
Hadash 86092 2,99 3 2,50
National Democratic 72066 2,50 3 2,50
Brit Olam 2011 0,07 0 0,00
Da-am - Workers' Party 3692 0,13 0 0,00
Green Leaf 40353 1,40 0 0,00
Greens 47595 1,65 0 0,00
Herut 2387 0,08 0 0,00
Hetz 10113 0,35 0 0,00
Lechem 1381 0,05 0 0,00
Leeder 580 0,02 0 0,00
Lev 1765 0,06 0 0,00
National Arab Party 738 0,03 0 0,00
National Jewish Front 24824 0,86 0 0,00
New Zionism 1278 0,04 0 0,00
One Future 14005 0,49 0 0,00
Party for the Struggle 2163 0,08 0 0,00
Shinui 4675 0,16 0 0,00
Strength to the Poor 1214 0,04 0 0,00
Tafnit 18753 0,65 0 0,00
Tzedek Lakol 3819 0,13 0 0,00
Tzomet 1342 0,05 0 0,00
2883372 100,00 120 100,00
Le nombre effectif de partis
Markku Laakso et Rein Taagepera
Pour calculer le nombre effectif de partis, on additionne lenombre de sièges de chaque parti/sur le nombre total desièges le tout mis au carré.
L’indice est égal à 1 divisé par ce total. Plus le chiffre estélevé, plus le paysage politique est fragmenté.
Nombre effectif des partis après le 13 juin 2010
Sièges
Rapport au nombre
total de sièges Mise au carré
Vlaams Belang 12 0,08 0,0064
Lijst Dedecker 1 0,01 0,0000
Open Vld 13 0,09 0,0075
PS 26 0,17 0,0300
MR 18 0,12 0,0144
FN 0 0,00 0,0000
CDH 9 0,06 0,0036
CD&V 17 0,11 0,0128
sp.a 13 0,09 0,0075
N-VA 27 0,18 0,0324
ecolo 8 0,05 0,0028
GROEN! 5 0,03 0,0011
PP 1 0,01 0,0000
150 1 0,11876
1/0,11876 8,42
Nombre effectif de partis en Grande-Bretagne (2010)
Sièges Rapport au nombre de sièges
Mise au carré
Conservatives and Unionists 306 0,47 0,222
Labour 258 0,40 0,158
Liberal Democrat 57 0,09 0,008
SNP 6 0,01 0,000
Green 1 0,00 0,000Sinn Féin 5 0,01 0,000
Democratic Unionist 8 0,01 0,000
Plaid Cymru 3 0,00 0,000
SDLP 3 0,00 0,000
Alliance 1 0,00 0,000
Speaker 1 0,00 0,000
Independent - Sylvia Hermon 1 0,00 0,000
650 1,00 0,387
2,58
Nombre effectif de partis en FranceUMP 313 0,54 0,2943
PS 186 0,32 0,1039
Majorité présidentielle 22 0,04 0,0015
PCF 15 0,03 0,0007
Divers gauche 15 0,03 0,0007
Divers droite 9 0,02 0,0002
PRG 7 0,01 0,0001
Les Verts 4 0,01 0,0000
MoDem 3 0,01 0,0000
MPF 1 0,00 0,0000
Régionalistes, autonomistes
et indépendantistes 1 0,00 0,0000
Divers et sans étiquette 1 0,00 0,0000
577 1,00 0,4015
NE de partis 2,491
Indice de fragmentation
Douglas Ray
Pour calculer l’index de fragmentation, on additionne la proportion de vote au carré de chaque parti. L’indice est égal à 1 moins cette proportion.
Plus le chiffre est proche de 1, plus le système est fragmenté. Inversement, plus il voisine 0,5, moins il est fragmenté.
Indice de fragmentation suite aux élections espagnoles de novembre 2011
Voix Proportion Mise au carré
PP 10830693 0,45 0,2047
PSOE 6973880 0,29 0,0849
IU 1680810 0,07 0,0049
UPyD 1140242 0,05 0,0023
CiU 1014263 0,04 0,0018
Amaiur 333628 0,01 0,0002
EAJ/PNV) 323517 0,01 0,0002
ERC –RI 256393 0,01 0,0001
BNG 183279 0,01 0,0001
Autres 1202871 0,05 0,0025
23939576 0,3016
0,6984
Les classements idéologiques de partis
- Les limites de l’approche nominale- PSD portugais,
- Venstre danoise,
- Socialistische Partij hollandais,
- parti du travail belge
- L’approche par clivages : les travaux de Stein Rokkan & Seymour Martin Lipset
(a) A l’origine, deux révolutions : nationale et industrielle (auxquelles s’ajoute par la suite la révolution internationale)
(b) Il existe deux axes conflictuels : fonctionnel et territorial-culturel
�Dans l’axe fonctionnel, la révolution nationale décrit le 1. clivage Eglise-Etat et dans l’axe territorial-culturel, 2. le clivage centre-périphérie
�La révolution industrielle engendre, dans l’axe fonctionnel, 3. le clivage travailleurs-possédants et dans l’axe territorial-culturel, 4. le clivage secteur primaire-secteur secondaire
�La révolution internationale affecte le versant travailleurs du clivage possédants-travailleurs avec une subdivision réformistes/révolutionnaires.
�La théorie des clivages est pensée dans le cadre européen
(c) Le gel des clivages