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Page 1 sur 30 Chap. 3 L’ECONOMIE DU JAPON - Présenter le Japon ; - Justifier le « miracle » économique du Japon. INTRODUCTION Malgré sa relégation au troisième rang comme puissance économique mondiale, derrière les Etats-Unis et la Chine, le Japon n’en demeure pas moins un modèle de réussite économique, du fait de son espace naturel très contraignant. Cependant, l’exceptionnelle qualité de sa population a permis de surclasser ce handicap de la nature pour faire du Japon un géant mondial. I. UN ESPACE CONTRAIGNANT (pour schéma voir p.3 « la mégalopole japonaise » pdf Le Japon se trouve à l'extrême est de l'Asie. C’est un arc insulaire officiellement constitué de 6 852 îles (depuis 1945) sur plus de trois mille kilomètres de long, s’étalant de la Russie (îles Kouriles) au nord à Taïwan au sud, le long de la côte orientale de l’Asie. Les quatre îles principales représentent 95 % du territoire : du nord au sud, Hokkaidō (79 000 km2), historiquement peuplée par les Aïnous, Honshū (227 000 km2) la plus grande et la plus peuplée avec 105 millions d’habitants, Shikoku (18 000 km2) qui est l’île de la mer intérieure et Kyūshū (36 000 km2), en face de la Corée du Sud. Il a une superficie terrestre de 377 915 km 2 , considérablement augmentée par l'étendue de ses eaux territoriales, couvrant au total 4,51 millions de km 2 . Le Japon possède l’espace le plus difficile de tous les pays industrialisés. A- Un pays au relief hostile 1- Une prépondérance de montagnes et de volcans La présence des montagnes est massive : les pentes de plus de 15 % forment les trois quarts du pays, les plaines sont généralement périphériques et les rivages très développés. Tels sont les trois caractères du relief japonais. Les montagnes occupent 71 % du territoire, les piémonts 4 %, les plaines hautes 12 % et les plaines basses 13 %. Seulement un peu plus du cinquième du territoire est habitable (80 500 km²), et la plus grande plaine de l’archipel, celle du Kanto, n’atteint pas 15 000 km 2 . Le massif montagneux des Alpes japonaises s’étire du nord au sud sur plus de 1 800 km, le long des 4 îles principales. Le point culminant du Japon est le célèbre mont Fuji atteignant 3 776 m d’altitude. Il s’agit d’un relief volcanique, toujours actif, mais peu menaçant. Le Japon se trouve dans la zone d'arcs montagneux de la façade orientale de l'Asie. Ce pays est le résultat de la rencontre de cinq de ces arcs. Une dislocation essentielle, la Fossa magna 1 , 1 C'est la dislocation essentielle de l'archipel ; elle se poursuit depuis le Pacifique (presqu'île d'Izu) jusqu'à la mer du Japon, et son rebord méridional est jalonné de grands volcans (Fuji, Asama). Ses deux extrémités sont occupées par les deux plus vastes plaines du pays : celle du Kanto (Tokyo) sur le Pacifique et celle de Niigata sur la mer du Japon.

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Chap. 3 L’ECONOMIE DU JAPON

- Présenter le Japon ;

- Justifier le « miracle » économique du Japon.

INTRODUCTION

Malgré sa relégation au troisième rang comme puissance économique mondiale, derrière les

Etats-Unis et la Chine, le Japon n’en demeure pas moins un modèle de réussite économique,

du fait de son espace naturel très contraignant. Cependant, l’exceptionnelle qualité de sa

population a permis de surclasser ce handicap de la nature pour faire du Japon un géant

mondial.

I. UN ESPACE CONTRAIGNANT (pour schéma voir p.3 « la mégalopole japonaise »

pdf

Le Japon se trouve à l'extrême est de l'Asie. C’est un arc insulaire officiellement constitué de

6 852 îles (depuis 1945) sur plus de trois mille kilomètres de long, s’étalant de la Russie (îles

Kouriles) au nord à Taïwan au sud, le long de la côte orientale de l’Asie. Les quatre îles

principales représentent 95 % du territoire : du nord au sud, Hokkaidō (79 000 km2),

historiquement peuplée par les Aïnous, Honshū (227 000 km2) la plus grande et la plus

peuplée avec 105 millions d’habitants, Shikoku (18 000 km2) qui est l’île de la mer intérieure

et Kyūshū (36 000 km2), en face de la Corée du Sud. Il a une superficie terrestre de 377 915

km2

, considérablement augmentée par l'étendue de ses eaux territoriales, couvrant au total

4,51 millions de km2.

Le Japon possède l’espace le plus difficile de tous les pays industrialisés.

A- Un pays au relief hostile

1- Une prépondérance de montagnes et de volcans

La présence des montagnes est massive : les pentes de plus de 15 % forment les trois quarts

du pays, les plaines sont généralement périphériques et les rivages très développés. Tels sont

les trois caractères du relief japonais. Les montagnes occupent 71 % du territoire, les

piémonts 4 %, les plaines hautes 12 % et les plaines basses 13 %. Seulement un peu plus du

cinquième du territoire est habitable (80 500 km²), et la plus grande plaine de l’archipel, celle

du Kanto, n’atteint pas 15 000 km2. Le massif montagneux des Alpes japonaises s’étire du

nord au sud sur plus de 1 800 km, le long des 4 îles principales. Le point culminant du Japon

est le célèbre mont Fuji atteignant 3 776 m d’altitude. Il s’agit d’un relief volcanique, toujours

actif, mais peu menaçant.

Le Japon se trouve dans la zone d'arcs montagneux de la façade orientale de l'Asie. Ce pays

est le résultat de la rencontre de cinq de ces arcs. Une dislocation essentielle, la Fossa magna1,

1 C'est la dislocation essentielle de l'archipel ; elle se poursuit depuis le Pacifique (presqu'île d'Izu) jusqu'à la mer

du Japon, et son rebord méridional est jalonné de grands volcans (Fuji, Asama). Ses deux extrémités sont

occupées par les deux plus vastes plaines du pays : celle du Kanto (Tokyo) sur le Pacifique et celle de Niigata sur

la mer du Japon.

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orientée sensiblement du nord au sud, traverse Honshu dans sa partie la plus large. Le relief

actuel résulte essentiellement d'un quadrillage de fractures qui font du pays un vaste ensemble

de blocs et de fossés dont le jeu relatif n'est pas encore achevé.

Les montagnes

Couvrant les trois quarts du Japon, elles donnent trois sortes de paysages. En toutes régions,

des hauteurs moyennes, assez lourdes, d'altitude de 800 à 2 000 m, forment de longues

échines séparées par de profondes vallées en V. Dans le Daisetsu et surtout au long des

monts Hida, des reliefs alpestres apparaissent : arêtes2, abrupts

3, crêtes

4 aiguës recoupées en

pics5 dessinent de hauts sommets, dont une trentaine dépassent 3 000 m.

Le plus haut sommet du pays est toutefois un volcan, le Fuji (3 776 m) et ce sont les formes

éruptives qui donnent au relief japonais ses aspects les plus originaux. Plus de 200 volcans ont

été recensés dans l'archipel, dont une soixantaine environ sont actifs. Ils se localisent surtout

aux deux extrémités du pays : Hokkaido et Tohoku (Daisetsu, Bandai, Chokai) et Kyushu

(Kirishima, Aso), ainsi que sur la Fossa Magna (Fuji, Asama, Myoko). Cônes de toutes tailles

et de toutes formes, lacs, vastes champs de laves stériles forment des paysages grandioses et

désolés.

Les plaines

Ne couvrant que 16 % du pays, elles concentrent la quasi-totalité de la population. Ce sont des

zones d'accumulations alluviales logées dans des creux d'origine tectonique. Ces paysages de

plaines varient surtout en fonction de leur dimension. Les plus vastes, Kanto, Ishikari

(Hokkaido), Kitakami (Tohoku), Niigata ou Toyama (Hokuriku), offrent de grands horizons

traversés en ligne droite par les routes et les voies ferrées. Ailleurs, il s'agit de bassins en

amande (Nagano, Tsuyama) et, au cœur des zones les plus massives, une confluence de

vallées comblées par des cônes alluviaux a pu donner de petites plaines au relief plus

mouvementé, mais patiemment découpées en terrasses. Cependant nombre de ces plaines

s'ouvrent sur la mer, où se terminent aussi les hauteurs, de façon généralement abrupte.

Les rivages6

Les côtes constituent la troisième famille des grands paysages morphologiques japonais.

L'archipel en déroule environ 28 000 km, soit 1 km pour 13 km2 de territoire. Leur tracé

découle, pour l'essentiel de la tectonique.

Sur le Pacifique, elles se déploient obliquement par rapport aux grandes directions

structurales (angle de 55° environ), ce qui entraîne une série d'indentations7 majeures : baies

de Sendai, de Tokyo, de Suruga, d'Isé, de Kochi, presqu'îles de Matsushima, de Boso et de

2 Limite aigue qui sépare les deux versants d’une montagne.

3 Dont la pente est raide, escarpée.

4 Partie étroite, saillante constituant la cime d’une montagne.

5 Montagne isolée, dont le sommet a une forme de pointe.

6 Bande de terre qui borde une étendue d’eau marine.

7 Echancrure d’une côte, d’un littoral.

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Miura (encadrant la baie de Tokyo), d'Izu, de Kii, ainsi que les caps Muroto et Sada à

Shikoku.

Sur la mer du Japon, au contraire, l'orientation de la côte est parallèle aux directions

structurales et demeure à peu près rectiligne, mis à part la presqu'île de Noto. Subsidence et

soulèvement ont enfin affecté (et affectent encore) mainte section de ce littoral. Le

soulèvement l'emporte dans le nord du pays (Hokkaido, Tohoku), apparent dans les plaines

d'abrasion, les terrasses soulevées, les morsures récentes de l'érosion. L'affaissement domine

au sud et à l'ouest, où abondent rias et marais littoraux.

Si les côtes du Japon sont longues (33 000 km) et d’une grande variété, les fleuves sont

courts, pentus et violents, et se prêtent peu à la navigation.

2- Une terre à hauts risques : volcanisme, séismes et glissements de terrain (voir carte 1 page

14 « la mégalopole japonaise » pdf

Le caractère foncièrement inhospitalier du milieu naturel résulte de la situation de l'archipel,

établi sur une des zones d'instabilité de l'écorce terrestre (le « cercle de feu » du Pacifique). A

la jonction entre trois plaques (eurasiatique et pacifique qui lui glissent dessous, philippines),

une cassure majeure au cœur du Japon : le Japon est une terre de très grande instabilité :

volcan (encore une soixantaine en activité), tremblements de terre (Kobé, 1995 : 6000 morts;

Tokyo 1923 : 140 000 morts).

Comme le Japon est situé dans une zone de subduction de 4 plaques tectoniques

(Pacifique, Nord-américaine, des Philippines et Eurasiatique), de nombreux volcans, comme

le mont Unzen, sur l’île de Kyūshū, sont actifs ; le Japon en compte 108. Les éruptions

volcaniques, prévisibles de nos jours, ne menacent plus la vie humaine mais occasionnent de

lourdes pertes matérielles. Celle du mont Bandai en 1888, qu'on peut citer comme exemple,

emporta tout le haut de la montagne et détruisit routes, voies ferrées et constructions dans les

vallées d'alentour, ruinant en outre la précieuse architecture des rizières. Elle fit 461 victimes.

Les éruptions plus récentes ont été moins violentes (îles d'Izu en 1952 et 1953 et 2000, mont

Aso en 1953).

Les séismes sont plus graves, demeurant imprévisibles. Ils frappent surtout la baie de

Tokyo (où la terre tremble 5 000 fois par an) et le littoral pacifique jusqu'à Kyushu,

secondairement les régions de Nagano et de Fukui (celle-ci sur la mer du Japon). Les

incendies qui les accompagnent souvent les rendent meurtriers ; l'essentiel des victimes de

1923 et des 3 895 morts que fit le séisme de Fukui en juin 1948 leur est dû. Les raz de marée,

tsunami, causés par des séismes qui se produisent au large, occasionnent également de lourds

dégâts.

1er septembre 1923 : le séisme de Kantō, d'une magnitude de 7,9 sur l'échelle de

Richter, fit environ 140 000 morts et occasionna la destruction par un incendie de la plupart

des maisons en bois.

17 janvier 1995 : le séisme de Kōbe, d'une magnitude de 7,2 sur l'échelle de Richter,

fit 6 437 morts et 43 792 blessés et détruisit 200 000 habitations.

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11 mars 20118 : le séisme de Tōhoku au large de Sendai, d'une magnitude de 9,0 sur

l'échelle de Richter, ne fit en lui-même que très peu de victimes et dégâts grâce à la qualité

des constructions japonaises et à leurs savoir-faire antisismiques sans égal dans le monde,

mais il s'en suivit d'un tsunami qui vint tout anéantir sur plusieurs centaines de kilomètres de

côtes, et qui fit environ 20 000 morts et disparus. Il est à l'origine de l'accident nucléaire de

Fukushima.

Le Japon est le pays du monde le mieux préparé aux séismes et aux tsunamis. Il a consacré

des milliards d'euros à la rénovation de bâtiments anciens et à l'équipement des nouveaux en

amortisseurs de chocs. De hautes digues protègent nombre de villes côtières, et les routes

d'évacuation en cas de tsunami sont bien signalées. Habitués à ce genre de catastrophes, les

habitants ont pris des précautions systématiques. Ils ont mis en place un système doté

d'ordinateurs très performants, système qui peut détecter la formation d'un tsunami, en déduire

la hauteur des vagues ainsi que la vitesse de leur propagation et le moment où les vagues

atteindront les côtes grâce à l'épicentre et à la magnitude du séisme. Ils transmettent aussi ces

données aux pays du Pacifique, même à leurs concurrents, contrairement à la surveillance de

l'océan Indien.

En de nombreux points du pays, mais surtout dans le Hokuriku, sur la mer du Japon, la

terre glisse avec lenteur le long de pentes argileuses. Ces fleuves de terre qui ont de 2 à 4 km

de long sur 50 à 500 m de large et 10 à 20 m d'épaisseur entraînent avec eux, à une vitesse de

2 à 7 m par an, les rizières qu'ils portent et qu'on doit redistribuer périodiquement. En outre le

sol des grandes villes s'affaisse, de plusieurs centimètres par an, en raison des pompages

excessifs d'eau potable ou opérés à l'occasion des grands chantiers de construction qui

détruisent l'équilibre physique du sol. Tokyo, Nagoya, Osaka en souffrent particulièrement.

B- Des climats pas très favorables

8 Le 11 mars 2011, un séisme d'une magnitude de 9 sur l'échelle de Richter a touché violemment le nord-est du

pays. Ce séisme, le plus fort jamais enregistré au Japon et l'un des dix plus forts jamais survenus dans le monde,

a déplacé l'île principale de l'archipel, Honshu, de 2,4 m. Son épicentre est situé au large des côtes nord-est de

l'île à 130 km de la ville de Sendai, chef-lieu de la préfecture de Miyagi, à 300 km de Tokyo. Une vague de 10 m

de haut a déferlé, à peine 10 minutes plus tard, sur les côtes proches. Malgré les préparations à ce type

d'événement au Japon, Sendai et sa région sont dévastés par le tsunami, causant plus de 20 000 victimes. Le

torrent de boue qui s'est abattu sur 10 km à l'intérieur des terres a emporté trains, véhicules et bateaux de toutes

tailles ainsi que de nombreuses infrastructures, pulvérisé les maisons en bois, provoqué des incendies,

notamment dans une raffinerie, inondé l'aéroport local. L'arrêt du système de refroidissement de plusieurs

réacteurs situés sur les côtes touchées, provoquant des explosions dans la centrale nucléaire de Fukushima-

Daiichi, entraîne un grave risque nucléaire. Outre le risque lié aux radiations, l'approvisionnement en énergie du

Japon est menacé. Les conséquences économiques de la catastrophe s'avèrent considérables. Le tremblement de

terre et le tsunami ont causé des dégâts très importants ; de nombreux bâtiments ont été détruits, des routes, des

voies de chemin de fer et des ponts ont été rendus inutilisables, des usines ont été dévastées ou ne peuvent plus

produire faute d'électricité. Les secteurs industriels les plus touchés sont ceux de l'automobile et des composants

électroniques, particulièrement présents dans le Tohoku ; certaines usines, proches de Fukushima devront être

définitivement abandonnées.

Les conséquences de cet ensemble de catastrophes sont multiples et affectent bien plus que le seul Japon. Seul

fournisseur mondial pour certains composants et pièces détachées, sa défection va entraîner, plus ou moins

durablement, des retards de fabrication pour les industries clientes. Par ailleurs, le Japon, grand exportateur de

capitaux, va en rediriger une part notable vers son territoire dans le cadre de la reconstruction.

Après la fermeture de la plupart des centrales nucléaires, l'électricité nucléaire disparaît du Japon. Le recours,

inévitable, aux énergies fossiles (charbon, gaz et dérivés du pétrole) va être coûteux.

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1- Un pays aux multiples climats

L’archipel est très étiré sur l’axe Nord-Sud de la latitude de Québec à celle de Cuba27, le

Japon possède une gamme climatique étendue. L’île de Hokkaidō et le nord de Honshū

connaissent un climat tempéré de type continental (acadien), avec des étés doux et des hivers

froids avec de fortes chutes de neige qui tiennent au sol durant plusieurs mois. À l’inverse, le

climat des îles Ryükyü est de type subtropical, sans gel ni neige, avec des températures

minimales hivernales supérieures à16 °C27. Tokyo, Nagoya, Kyōto, Ōsaka et Kōbe, à l’est et

au centre-ouest de la plus grande île (Honshū), ont un climat de type subtropical humide

caractérisé par des hivers relativement doux, avec peu ou pas de neige, et des étés chauds et

humides, avec une saison des pluies (tsuyu) de début juin à mi-juillet. Le climat de Fukuoka

(Hakata), sur l’île de Kyūshū, est relativement tempéré avec des hivers doux et un été court,

alors que celui d’Okinawa Hontō est quasi-tropical.

L’archipel japonais connaît une alternance des vents et des courants marins qui influent sur

son climat. En hiver, les vents sibériens déferlent sur la mer du Japon et provoquent

d’énormes chutes de neige sur la côte occidentale de l’archipel. À l’inverse, la côte orientale

est protégée par la chaîne des Alpes japonaises et connaît des hivers secs et ensoleillés, avec

des températures tiédies par l’effet du courant chaud Kuroshio au sud-est. En été, le courant

froid Oyashio abaisse les températures sur les côtes du nord-ouest.

2- Les désastres d'origine climatique

Certaines violences climatiques s'exercent régulièrement et ne causent point de surprises: ce

sont les grandes chutes de neige qui frappent chaque hiver le littoral de la mer du Japon. Leurs

effets sont toutefois aussi catastrophiques (trains bloqués, constructions qui s'effondrent, etc.).

Ailleurs, ce sont les étés brumeux qui compromettent la récolte de riz (nord-est de Hokkaido),

les sécheresses excessives (région de la mer Intérieure) ou les gelées, tardives ou précoces,

dont les effets sont identiques.

Le Japon apparaît donc comme un pays aux rares terres cultivables et que des excès de tous

genres frappent en toutes saisons et en toutes régions. La naissance sur ce sol ingrat d'une

brillante civilisation et, depuis cent ans, d'une société économiquement majeure s'impose ainsi

comme une des grandes victoires de l'humanité sur la nature.

D'autres violences sont au contraire soudaines et dévastatrices: ainsi les typhons, qui feraient

chaque année près de mille victimes en moyenne (de 1945 à 1961: 20303 morts, 326 000

habitations détruites) et contre lesquels les riverains du Pacifique, au sud de Nagoya, se

protègent en entourant leurs habitations de haies ou de murailles (Shikoku). En 2004, dix

cyclones se sont abattus sur le Japon, parmi lesquels Meari qui a fait vingt-deux morts et six

disparus. Le bilan matériel de la saison 2004 est catastrophique : au moins 155 milliards de

yens (1,4 milliard de dollars américains ou 1 milliard d’euros) de dégâts. Les typhons les plus

violents du XXe siècle au Japon ont dévasté Muroto en 1934 (trois mille morts) et la baie

d’Ise en 1959 (cinq mille morts). Les typhons se forment au moment où la mer est la plus

chaude et où l'air, saturé de vapeur d'eau, offre le maximum d'instabilité. Ils intéressent

surtout la moitié ouest de l'archipel. En été, les inondations, dues surtout à la "pluie des

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prunes" baiu capable de précipiter jusqu'à 600mm d'eau en vingt-quatre heures, exercent

d'énormes ravages. On peut rattacher à ces calamités les incendies, liés directement, quelles

qu'en soient les causes, au degré d'humidité de l'air et à la violence du vent.

C- Les eaux, la végétation et les sols

1- Les ressources en eau

Le Japon doit à son relief énergique et à ses fortes précipitations des cours d'eau nombreux,

mais courts, en pente forte et au régime irrégulier. N'existent pas en effet ici de glaciers

régulateurs, et, selon la saison, l'apparence en oscille entre un vaste lit de galets parcouru de

minces filets et une nappe grondante se ruant vers l'aval. La période avril-septembre est celle

des débits maximaux, entretenus successivement par la fonte des neiges, les pluies estivales et

les typhons.

Ces cours d'eau fournissent les deux tiers de l'eau d'irrigation, le reste provenant des sources

ou des étangs9 creusés par l'homme dans tout le pays. Des nappes abondantes existent dans le

sous-sol des plaines. Les villes y captent leur eau pour près de la moitié, mais dépendent aussi

des rivières, des sources10

et de certains lacs11

comme le Biwa, le plus vaste du pays (674

km2), qui alimente en partie Kyoto et Osaka.

2- Les paysages végétaux

La forêt est la plus répandue. Elle recouvre environ les deux tiers du sol japonais, sans nuire

pour cela à l'occupation humaine puisqu'elle correspond aux zones montagneuses. On en tire

depuis toujours le charbon de bois, le matériau de base de la construction ainsi que, depuis un

demi-siècle, de la pâte à papier. Comme le pays s'étire en latitude et présente de grands

contrastes d'altitude, cette forêt offre selon les régions des paysages variés, trois

principalement. La forêt de type pénétropical, formée de conifères et de feuillus toujours verts

(chêne vert, camélia, magnolia), se rencontre dans l'Ouest et partout où la température

annuelle moyenne dépasse 13 °C. La forêt tempérée existe dans les montagnes de Honshu,

dans le Tohoku et le sud de Hokkaido : chênes, hêtres, érables s'y mêlent à de nombreux

conifères. Les sommets du Tohoku, le centre et le nord de Hokkaido portent des peuplements

de conifères auxquels se mêlent frênes et bouleaux. Le sous-bois y est fort dense. Cette forêt

s'étend là où la température annuelle moyenne se situe au-dessous de 6 °C.

3- Des sols pauvres

Le Japon a des sols pauvres et peu évolués dont l'essentiel s'est développé sous une couverture

forestière. Les sols zonaux, élaborés sous un climat et dans un milieu végétal déterminé et

stable sont surtout des podzols, rougeâtres dans l'Ouest, gris et bruns dans le Nord. Les sols

azonaux correspondent aux sols alluviaux et constituent plus des quatre cinquièmes du total.

9 Etendue d’eau stagnante, naturelle ou artificielle, peu profonde, de surface généralement inférieure à celle d’un

lac. 10

Lieu d’émergence à la surface du sol de l’eau emmagasinée dans une nappe aquifère souterraine. 11

Grande étendue d’eau intérieure, généralement douce, d’origines diverses (tectonique, glaciaire, volcanique,

etc).

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Ils se divisent eux-mêmes en lithosols, grossiers et presque uniquement minéraux, et en sols

alluviaux proprement dits, plus évolués, qui tapissent les plaines, où ils portent l'essentiel des

cultures : ce sont les plus fertiles. Les sols intrazonaux, qui reflètent le drainage et la

lithologie, surtout constitués ici de débris volcaniques, sont sombres et acides ; ils forment

notamment le loam du Kanto (d'apport éolien) et ne sont cultivables qu'en raison des siècles

d'amendements dont ils ont fait l'objet.

C’est cet espace plein de contraintes que la population japonaise est parvenue à domestiquer

pour en faire un des éléments de la réussite économique du Japon.

II. LES HOMMES DANS L’ESPACE JAPONAIS

Avec une population de 127 078 679 habitants (2OO8), le Japon occupe le 10ème rang

mondial pour la population. Celle-ci, qui a pratiquement doublé depuis la fin de la Seconde

Guerre mondiale, vient au premier rang mondial pour l'espérance de vie : 79 ans pour les

hommes et 86 ans pour les femmes en 2007, mais elle a commencé à diminuer en 2004, ce

qui, combiné à son vieillissement, installe une situation préoccupante.

A- Les données démographiques12

1- Historique du peuplement et évolution de la population

L'archipel montre des traces de peuplement depuis 500 000 avant J.-C. La mythologie

nationale fait du peuple japonais une « ethnie unique » (tan'itsu minzoku). En réalité, il mêle

des apports venus d'Asie centrale par la péninsule de Corée, du bassin du Yangzi Jiang et des

îles du Sud.

L'immigration coréenne est attestée jusqu'au VIIIe s. (En 2002, l'empereur Akihito rompt un

tabou en évoquant une « parenté » entre la lignée impériale et la Corée.) Entrées par l'île de

Kyushu, ces populations ont progressé vers le nord en refoulant des groupes autochtones (les

Aïnous et les mystérieux Emishi) jusqu'à Hokkaido, qu'elles atteignent au Xe s. mais qu'elles

ne coloniseront qu'au XIXe s.

L'archipel aurait compté 300 000 habitants au début de notre ère, 7,5 millions vers l'an

1000, et le double, probablement, vers 1500.

Sous les Tokugawa, la paix permet une rapide croissance démographique (1730 : 27

millions ; 1846 : 31 millions), qui explose à partir de l'ère Meiji (1900 : 44 millions ; 1940 :

72 millions). L'État encourage alors le peuplement de Hokkaido, la colonisation extérieure

(Mandchourie, Corée) et l'émigration (Hawaii, Amérique du Sud).

Après la défaite de 1945, le contrôle des naissances par l'avortement est encouragé (loi

eugénique de 1948). Mais la population va encore croître de 74 % en quarante-cinq ans,

12

Science qui a pour objet l’étude quantitative des populations humaines, de leur évolution et de leurs

mouvements.

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d'abord à cause du baby-boom de l'après-guerre (taux de natalité : 28 ‰ en 1950), puis à

cause de l'allongement de l'espérance de vie. Cette vitalité démographique a été un élément

majeur du développement économique.

2- Une population nombreuse, mais vieillissante

La répartition par âges, la natalité et la mortalité

En 2009, la part de la population âgée de moins de 15 ans représente 13 % de la population

totale, soit 15 588 000 « enfants ». Celle des 15-65 ans est de 64 %, soit 81 664 000

personnes. Les personnes âgées de plus de 65 ans représentent 23 % de la population totale

soit 29 848 000 personnes ; parmi lesquelles 3 % sont âgées de plus de 85 ans soit 3 828 000

personnes dont un peu plus de 40 000 sont plus que centenaires.

Le Japon représente la situation la plus extrême d'une structure de population affectée par le

vieillissement.

La fécondité et la nuptialité

Actuellement les femmes japonaises ont un taux de fécondité de 1,3, ce qui est insuffisant

pour assurer le remplacement des générations ; le taux de natalité s'est effondré (13,6 ‰ en

1980, 9,5 ‰ en 2000, 9 ‰ en 2009) alors que le vieillissement très rapide commence à faire

remonter la mortalité (6,2 ‰ en 1980, 7,7 ‰ en 2000, 9 ‰ en 2009). En conséquence, le

solde naturel est devenu négatif depuis 2004.

3- Une répartition déséquilibrée de la population qui est reliée par un réseau de transport

moderne (voir cartes pages 1O, 12 et 17 « mégalopole japonaise ». PDF

Les moyennes et la réalité

La densité moyenne de 336 hab./km2 est très théorique car plus des trois-quarts de la

population vit sur une part très restreinte du territoire, dans le « Japon de l'Endroit », la côte

pacifique, dans la mégalopole japonaise, où la densité est très élevée, de l'ordre souvent de 1

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600 hab./km2. Elle s'est étendue vers Fukuoka dans les années 1950-1970 et, plus récemment,

vers Sendai, dans le nord de Honshu.

La mégalopole13

japonaise

La mégalopole japonaise est un ruban urbain qui borde le littoral pacifique sur environ 1 300

km de Tokyo à Fukuoka et regroupe un peu plus de 70 % de la population de l'archipel. Trois

très grandes agglomérations la dominent, celle de Tokyo, la plus importante du Monde, qui

regroupe les préfectures de Tokyo, de Kanagawa, de Saitama et de Chiba ; celle de Nagoya,

réunissant les préfectures daichi, de Mie et de Gifu ; et celle d'Osaka, composée des

préfectures d'Osaka, de Hyogo (Kobé) et de Kyoto.

Le déséquilibre est grand entre la mégalopole et les zones marginales du nord-ouest de

Honshu, « Japon de l'Envers14

», mais aussi avec les autres îles (Shikoku, Kyushu et

Hokkaido). Les plans d'aménagement du territoire destinés à disséminer l'industrie lourde

pendant la période dite de « haute croissance », de 1955 à 1973, n'ont guère réussi à renverser

la situation en faveur d'un rééquilibrage. De fait, les communes qui se dépeuplent

notablement, c'est à dire qui ont perdu plus de 10 % de leurs habitants entre deux

recensements, représentent plus de la moitié du territoire. Un grand nombre d'entre elles ont

disparu par fusion et les nouvelles entités se mobilisent pour développer leurs activités.

Cette gigantesque agglomération de 1000 kilomètres entre Tôkyô et Fukuoka a pris sa forme

actuelle entre 1955 et 1975. Les quatre métropoles "anciennes" - Tôkyô-Yokohama, Nagoya,

Kyoto-Osaka-Kobe, Kitakyushu-Fukuoka - se sont rejointes grâce à l'extension de leurs

propres zones d'urbanisation, le développement des grandes villes intermédiaires et la

naissance de centres nouveaux dans leurs intervalles. Un monde entièrement nouveau, mi-

rural et mi- urbain, est né ainsi entre la mer et la montagne, où l'ouvrier domine la rizière du

haut de son grand ensemble, où le paysan retourne à son champ entre deux murs d'usine.

À la source de cette mutation, à l'origine de la Mégalopolis, se trouve la double volonté de

l'État, qui veut donner au pays une position prépondérante dans le monde par son économie,

l'ère des conquêtes militaires semblant désormais close, et des grandes entreprises qui veulent

trouver hors des métropoles surpeuplées des terrains neufs où puissent s'édifier librement les

bases de cette nouvelle puissance. Approvisionnement en eau et en énergie, facilités d'accès,

vastes superficies disponibles sont les conditions requises.

C'est à grands frais qu'on doit établir ces nouveaux ensembles, car l'occupation préindustrielle

du sol ne prédisposait en rien ces rivages à une telle fonction. Cette couverture s'étend en

longueur et en largeur depuis la base des montagnes jusqu'au littoral et même sur la mer

facilement remblayable près des côtes. Des chenaux ont été approfondis pour le commerce

maritime, alors qu'une infrastructure de voies de communication et un réseau énergétique

étaient installés. Complexes pétrochimiques et aciéries caractérisent essentiellement ces

nouveaux ensembles. D'importantes sociétés, filiales des anciens zaibatsu, s'y sont regroupées

et exploitent en commun les sites qu'elles ont créés.

13

Vaste ensemble urbain sur des centaines de kilomètres. 14

Situé à l’intérieur et à l’Ouest, il est quasiment vide.

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La construction du réseau des trains à grande vitesse, le Shinkansen, depuis 1964, a surtout

permis d'intégrer l'espace mégalopolitain et de l'étendre vers le nord et le sud-ouest. Les

projets high-tech des années 1980 (Technopolis, Intelligent Cities…) ont visé à abolir le

handicap de l'isolement grâce aux nouvelles technologies de la communication. En pratique,

ils ont surtout permis de boucher les trous qui subsistaient çà et là dans la mégalopole, et de

favoriser son extension à sa périphérie.

Cette agglomération démesurée doit être équipée d'un dense réseau de voies de

communication. Elle a hérité de l'ancien Tokaido (route et voie ferrée qui unissent Tôkyô et

Osaka) et lui a joint une autoroute15

ainsi qu'une voie ferrée ultra-rapide - le Shinkansen - qui

relie la capitale à Nagoya en 2 heures, à Osaka en moins de 3 et à Fukuoka en moins de 7, à

une moyenne intermédiaire entre celle d'un express européen et celle du T.G.V. français. Par

ailleurs, un grand nombre d'avions sillonnent le ciel de la Mégalopolis, tandis que sur mer des

caboteurs défilent sans cesse d'un port à l'autre.

Les quatre îles principales du Japon sont maintenant reliées par mer, air et terre. En 1988,

Honshu a été relié à Hokkaido par le tunnel16

le plus long au monde et permis aux trains

d'aller jusqu'à Sapporo. Tandis que Shikoku est relié à Honshu par plusieurs ponts17

à l'est

comme au nord au-dessus de la Mer Intérieure.

B- Une population source de puissance

1- Le « corps national » : symbole de vertus et d’éthique

Les Japonais ont une image de leur nation extrêmement prégnante. Le cœur en est le concept

de kokutai (« corps national »). La race japonaise serait pure, homogène depuis la nuit des

temps, et sa lignée impériale remonterait à la déesse Amaterasu. Le Japon serait, en quelque

sorte, une « nation organique » (« Cent millions d'hommes, une seule pensée »), à la

différence des nations occidentales, fondées, elles, sur un contrat (la loi) négocié entre des

groupes divers. La nation et l'État se confondraient ainsi dans un « État-famille », que la

démocratie représentative dénaturerait. Il en résulterait une supériorité multiforme : des vertus

personnelles et civiques (zèle, frugalité18

, patience, consensus, respect, obéissance) et une

éthique qui transcende le matérialisme. Mais sa différence exposerait sans cesse le Japon aux

agressions du monde extérieur, contre lequel il doit protéger son kokutai.

Ces valeurs expliquent en partie la cohésion sociale au sein de la société japonaise. La place de

chacun dans la société est donc nettement définie. Préserver l’harmonie, accepter la hiérarchie,

éviter les conflits est tout à fait vital. On recherche le consensus. Ces mentalités vont bien sûr

se retrouver dans le monde du travail.

15

Les autoroutes couvrent désormais tout l’archipel (du nord d’Hokkaido au sud de Kyushu) et constituent un

véritable réseau (6000 km d’autoroutes). 16

Le tunnel du Seikan (23 km sous la mer !), achevé en 1988, relie Honshu et Hokkaido, ce qui a permis

d’entreprendre l’industrialisation du nord du Japon. 17

3 axes de ponts sur la mer intérieure entre Honshu et Shikoku (le plus long : 9,3 km de ponts sur l’eau). 18

Caractère de quelqu’un qui se nourrit de peu, qui vit d’une manière simple

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Cette idéologie a été mise à mal par la défaite de 1945, la démocratisation et l'ouverture sur le

monde, mais elle nourrit encore une abondante littérature (le nihonjinron) et imprègne certains

aspects des mentalités.

Depuis les années 1980 les défauts de ce modèle sont de plus en plus apparents: étouffement

de l'initiative personnelle et de la créativité, faible notion du bien public, confiscation de la

décision, gérontocratie. Le système des valeurs traditionnelles se délite19

et les conduites se

rapprochent de celles de l'Occident : montée du célibat et du divorce notamment. Les critiques

se font plus violentes contre la « société corsetée » (kanri shakai) et ses gardiens,

l'Administration.

L'importance des réseaux (nettowaku) symbolise l'évolution vers un modèle social fondé sur

des appartenances librement consenties, de même que la multiplication des jeunes attachés à

un mode de vie précaire. On observe également d'importants changements dans la vie des

femmes, notamment du point de vue professionnel.

Parallèlement la confiance dans les élites politiques a été fortement entamée durant la crise

des années 1990.

2- Une culture particulière avec des effets bénéfiques dans le monde du travail

Relevons quelques exemples de la mentalité japonaise dans le monde du travail :

- les nombreuses réunions organisées par l’entreprise pour obtenir l’adhésion des salariés,

- les cercles de qualité pour améliorer la production, un souci constant de la qualité,

- une grande identification à l’entreprise dont on est très fier de la réussite,

- des congés payés annuels limités (2 semaines par an) organisés par l’entreprise pour

renforcer la cohésion et qu’on ne prend pas totalement,

- un absentéisme qui est l’un des plus faibles du monde (4 fois moins qu’en France),

- les Japonais travaillent beaucoup : les heures supplémentaires non comptées sont

nombreuses (les bureaux allumés le samedi soir...) : la durée du travail est élevée au Japon (44

h. légales par semaine, 2100 h/an contre 1770 en France)

- des syndicats qui favorisent la concertation (négociation de printemps : le shunto), un

recours limité à la grève et la faiblesse des conflits dans l’entreprise.

En échange la grande entreprise assure des avantages sociaux, des salaires élevés (mais la vie

est très chère au Japon), l’emploi à vie, la progression dans la hiérarchie.

3- La qualité de la main d’œuvre : l’école, enfer de la réussite

19

Se désagréger sous l’action de l’air humide ou de l’eau.

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Le Japon accorde une grande importance à l’éducation et au savoir (les seules richesses du

Japon sont le savoir et le travail). Comme tous les pays asiatiques, on a d’abord investit dans

la qualité de l’éducation.

Le niveau de formation est ainsi un des plus élevés du monde : plus de 90% d’une classe

obtient le BAC (moins de 70% en France).

La qualification est très recherchée : les grandes entreprises pratiquent une véritable course

aux diplômés. La sélection est donc très rigoureuse et la compétition acharnée : dès le

primaire les écoliers japonais font de très grosses journées de travail et suivent des cours du

soir (les “juku”). Les parents recherchent les meilleures écoles et dépensent des fortunes pour

former leur enfant (les “boites à concours” privées se multiplient). De lourds efforts sont donc

exigés des élèves dès le plus jeune âge et d’abord pour maîtriser la très complexe écriture

japonaise.

Cette population fait de plus le culte de l’information : 570 journaux pour 1000 hbts.

Le résultat est une main d’œuvre de bon niveau et qui a de grandes facultés d’adaptation.

C’est incontestablement un atout essentiel pour le pays.

Illustration de ce savoir-faire : un espace créé de toutes pièces pour l’industrie :

polders, terre-pleins et île flottantes (pour illustration et différence entre ces

notions, voir schémas page 15 « la mégalopole japonaise » PDF et aussi carte page

16)

L’essentiel de l’industrie japonaise est situé sur les littoraux. Presque toutes les grandes villes

sont ainsi également de grands ports.

Trois raisons à cela : un relief important, un manque de matières 1ères et une économie

largement tournée vers l’exportation. Pour développer ses zones industrielles, le Japon a su

gagner du terrain sur la mer. On a d’abord drainé20

les marais21

côtier, puis développé des

polders22

(marais littoral endigué et asséché). Depuis 50 ans on est allé plus loin en créant des

îles artificielles nommées terre-pleins23

. Elles se sont multipliées et confèrent au littoral

japonais cet aspect géométrique si particulier, bien visible sur les photos aériennes. Un ex. de

ces réalisations spectaculaires : l’aéroport du Kansaï à Osaka. S’installent sur ces terre-pleins

aussi bien des zones industrielles (surtout) que des aéroports ou des habitations. Les Japonais

développent actuellement un nouveau concept : l’île flottante (car il faut aller de plus en plus

loin, donc limite pour terre-pleins) et poussent ainsi la maîtrise de leur espace, tant terrestre

que maritime, à des sommets inégalés ailleurs.

Tous ces aménagements confèrent aux côtes japonaises un aspect très artificiel, très

géométrique, comme le montre la carte satellite de la baie de Tokyo.

20

Assécher un terrain au moyen de drains (conduit souterrain pour l’évacuation des eaux d’un terrain trop

humide). 21

Région basse où sont accumulées, sur une faible épaisseur, des eaux stagnantes, caractérisée par une

végétation et une faune particulière. 22

Terre gagnée sur la mer, plus rarement sur des eaux intérieures (lacs, marais, et), endiguée (contenir un cours

d’eau, un fleuve, etc., par des digues), drainée et mise en valeur. 23

Terrain rapporté soutenu par des murs.

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L’espace industriel japonais a donc su évoluer : nulle part ailleurs on peut parler aussi

justement d’un espace au service de la puissance économique.

III. LA PUISSANCE ECONOMIQUE DU JAPON

Le Japon est nommé troisième puissance économique mondiale avec 4 332 milliards de

dollars de PIB, selon les chiffres de la Banque mondiale de l’année 2010. Il se situe derrière

les États-Unis et la Chine mais devant l’Inde et l’Allemagne.

Après la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle le pays a subi de lourdes pertes

humaines et matérielles, le Japon a progressé à un rythme extraordinaire jusqu’à conquérir le

rang de deuxième économie mondiale. C’est ce qu’on a appelé le miracle économique

japonais (années 1950-1960). Les Jeux olympiques d’été de 1964 à Tokyo ont joué un rôle

d’accélérateur à cette forte croissance. Ces progrès sont principalement attribués à la présence

initiale d’un capital humain important, à la coopération entre l’État (MITI puis METI) et

les entreprises, à une production tournée vers les marchés extérieurs

(importantes exportations vers l’Asie et l’Amérique), à une forte éthique du travail, à la

maîtrise des techniques de pointe grâce à la recherche, ainsi qu'à la faiblesse relative

des dépenses militaires (1 % du produit intérieur brut)

III.1. Le « miracle économique » japonais : évolution et limites

A- Les phases d’évolution de l’économie japonaise

Dans les années 1960 le Japon est devenu la deuxième puissance industrielle du Monde, avant

d'en devenir la deuxième puissance commerciale dans les années 1970 et la première

puissance financière dans les années 1980. L'éclatement de la bulle financière en 1990 a

inauguré un nouveau cycle, interrompu par le choc de la crise mondiale fin 2008.

1- La Révolution Meiji et la première industrialisation (1867-1945)

La première révolution industrielle, à l'ère Meiji, répond au défi de l'arrivée des Occidentaux.

Son but est la sécurité et la puissance de la nation, « un pays riche, une armée forte ». Faute

d'une classe d'entrepreneurs assez puissante, elle est mise en œuvre par l'État, qui crée un «

capitalisme sans capitalistes ». Les quatre grands conglomérats24

, ou zaibatsu25

, qui se

développent alors, Mitsui, Mitsubishi, Sumitomo et Yasuda, restent étroitement liés à

l'Administration. Ces caractéristiques perdureront pendant tout le XXe s.

C’est donc une Révolution industrielle rapide et à marche forcée. Le Japon se dresse au bout

de quelques décennies, avec une croissance supérieure à celle de l'Allemagne, dans le rang

des grandes puissances industrielles (encore quasi nulle à la fin du XIXe siècle, la production

d'acier passe durant les années 1900 de presque rien à près de 200 milliers de tonnes). Elle

s'appuie sur la constitution de zaibatsu, grands cartels entretenant des participations croisées

pour contrôler la production de l'amont à l'aval.

24

Groupe d’entreprises constitué de filiales et de participations, aux activités variées. 25

Conglomérat japonais de type familial, fondé sur des réseaux financiers entre une banque et de nombreuses

sociétés commerciales et industrielles.

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Cette industrialisation nécessite la recherche de ressources, d'où tout d'abord la colonisation

d'Hokkaidō, jusqu'alors distincte de l'empire japonais sous le nom d'Ezochi, après la

répression de la République indépendante d'Ezo en 1869. Puis vient une politique d'expansion

(guerre sino-japonaise de 1894 à 1895qui permet au Japon de récupérer l'île de Formose et la

presqu'île du Liaodong, puis la guerre russo-japonaise de 1904 à 1905 qui place la Corée sous

seule influence japonaise avant d'être finalement colonisée en 1910), couplée à un fort

sentiment nationaliste et à l'édification progressive d'un culte de la personnalité de l'empereur,

le tout culminant dans les années 1930 et 1940 avec l'expansionnisme du Japon Shōwa. Cela

permet l'édification d'un puissant complexe militaro-industriel, où se retrouvent les zaibatsu.

Celles-ci sont alors les seules à être verticalement et horizontalement capables de traiter les

commandes de l'État dans la production d'armement.

Les zaibatsu ont donc été considérés comme autant responsables que l'esprit militariste dans

les atrocités commises pendant la guerre. De plus, la quasi-totalité du système industriel étant

consacré à la production militaire durant la Seconde Guerre mondiale, cela en fait la cible

privilégiée des bombardements américains sur le Japon et explique le degré de destruction du

tissu économique à la fin du conflit.

Après la défaite en 1945, Douglas Mac Arthur eût la tâche d'identifier et de reconvertir les

zaibatsu afin de prévenir toute forme de résurgence dans un Japon démocratique devenu

depuis fortement impliqué dans le pacifisme en ce qui concerne le maintien de l'ordre et ses

relations internationales. En 1946, le Commandant suprême des forces alliées chargé de

l'occupation du Japon désigna les entreprises suivantes : Asano, Furukawa, Nakajima, Nissan,

Nomura, et Okura. Matsushita, quoique n'étant pas un conglomérat, fut identifiée puis

finalement épargnée par une mobilisation syndicale. Certains conglomérats ont été

recomposés dans une économie à but non guerrier : les quatre principaux keiretsu26

actuels, à

savoir Mitsubishi, Sumitomo, Mitsui et Fuyo sont issus des zaibatsu d'avant la Seconde

Guerre mondiale.

2- La reconstruction et le miracle économique japonais (1945-1980)

Après la défaite de 1945, la pulsion nationaliste de la politique industrielle est renforcée par la

crainte de voir les Américains désindustrialiser le pays (démantèlement des zaibatsu, qui se

recomposeront en réseaux plus lâches, les keiretsu). Le rôle de l'Administration, à qui il

revient de répartir des ressources devenues très rares (matières premières, devises), est encore

renforcé.

Grâce à la guerre de Corée, la production industrielle retrouve en 1950 son niveau d'avant la

guerre. La décennie suivante voit la mise en place du « modèle japonais » en matière de

relations du travail (syndicats d'entreprise, emploi à vie, avancement à l'ancienneté) au terme

de conflits sociaux très durs.

Les années 1960-1972 sont celles de la « haute croissance » où le P.I.B. est multiplié par 5.

Ce « miracle japonais » repose principalement sur l'industrie lourde et sur le marché intérieur.

26

Conglomérat japonais à structure horizontale rassemblant des sociétés aux multiples activités.

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Malgré des percées à l'exportation (motos, appareils photo, construction navale), le commerce

extérieur reste déficitaire jusqu'en 196427

, puis devient très faiblement excédentaire (1970 : +

2 milliards de dollars). En 1968, le Japon supplante la R.F.A. (République fédérale

d'Allemagne) et devient la deuxième puissance économique du monde libre.

Le Japon a fondé sa rapide et spectaculaire remontée économique (le « miracle économique

japonais ») des années 1950 et 1960 et sa puissance actuelle sur la théorie du vol d'oies

sauvages définie en 1937 Kaname Akamatsu. Le principe consiste à initier le processus

d'industrialisation sur un produit à faible technicité, il en devient exportateur, puis l'abandonne

pour un produit à plus haute valeur ajoutée. Ainsi, on observe trois phases : premièrement, le

pays importe le produit, puis il substitue la production nationale aux importations avant de

l'exporter. S'y ajoute une relation confucéenne de coévolution d'une parenté symbolique du

grand frère au petit frère où le changement de l'un fait la promotion et facilite le changement

de l'autre. Ainsi, l'« abandon » pour passer à un niveau technique supérieur permet à un autre

pays d'entamer son propre processus d'industrialisation.

Avec la crise due au premier choc pétrolier (1974-1976), la priorité est donnée à une nouvelle

génération d'industries (machines-outils, automobiles, électronique) qui bénéficient de

méthodes de production révolutionnaires : flux tendus (« zéro stock »), contrôle de qualité

permanent (« zéro défaut »). Elles sont le fer de lance d'une stratégie d'exportation à outrance,

qui assure au Japon une croissance annuelle de près de 5 % et en fait une très grande

puissance commerciale (2 milliards de dollars d'excédent en 1970, 96 milliards en 1987) au

prix de frictions croissantes avec les États-Unis.

Le développement au Japon dans les années 1970 de l'automobile et du matériel de transport,

de la construction navale, de l'électronique et de l'optique permet ensuite des transferts

technologiques et industriels vers les NPIA (nouveaux pays industrialisés asiatiques) à partir

des années 1980, et ensuite vers l’ASEAN dans les années 1990 et enfin vers la Chine au

début du XXIe siècle, s’appuyant ainsi sur une division internationale du travail verticale très

hiérarchisée (Le Japon exportait des produits manufacturés à fort contenu technologique,

tandis que les autres pays d’Asie se concentraient sur les produits à faible coût de main

d’œuvre). Or, la poursuite du processus de développement dans ces pays émergents fait que

tous commencent à rattraper le niveau de technicité du Japon, entraînant un changement de

modèle économique, dit « des sauts de grenouilles », avec une division internationale du

travail plus horizontale et une interdépendance économique accrue entre les pays asiatiques

(Japon et NPIA exportant des biens d’équipement et des produits intermédiaires, la Chine et

l’ASEAN des produits finis).

D'autre part, le développement économique japonais d'après-guerre s'est appuyé sur la

coopération étroite entre deux acteurs principaux. Tout d'abord l'État, dont le budget est le

deuxième au monde (les dépenses publiques ont atteint 78 899,2 milliards de yens pour

l'année fiscale 2008, soit environ 878 milliards de dollars américains), est ainsi un soutien

majeur de l'économie avec une forme de keynésianisme reposant sur l'importance du

27

Cette période est notamment marquée par les Jeux olympiques d'été de 1964 à Tōkyō (qui augmentent

fortement le BTP avec la construction de grosses installations sportives et de transport),

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financement public de grands travaux qui ont remplacé le complexe militaro-industriel d'avant

1945 (ayant renoncé dans sa Constitution à la guerre et à l'entretien de forces armées

confessionnelles, les dépenses de défense sont particulièrement faibles aujourd'hui, autour de

1 % du PIB) comme moteur de la production. La Banque du Japon pour sa part a maintenu

une politique monétaire inflationniste avec de faibles taux d'intérêts, d'ailleurs maintenus entre

1999 et 2005 à un niveau virtuellement nul (la Zero interest rate policy), cela afin de favoriser

les exportations. Ensuite les entreprises, avec un système dualiste : d'un côté les firmes

multinationales ou keiretsu comme Toyota par exemple, organisées autour de sociétés de

commerce, les sōgō shōsha, chargées de récolter et de repérer les meilleurs marchés ; d'un

autre côté, un réseau dense de petites et moyennes entreprises, qui servent de sous-traitant et

d'amortisseurs aux premières : en cas de crise, c'est dans ces entreprises que les travailleurs

sont majoritairement licenciés. Ces entreprises bénéficient d'une forte éthique du travail,

reposant sur la politique de l'emploi à vie avec avancement à l'âge, l'idée d'une « harmonie

industrielle », un certain rejet du conflit et un souci perpétuel du consensus. Cela aboutit à un

faible nombre de mouvements sociaux (il n'y a presque jamais eu des grèves dans les

entreprises et lorsqu'elles eurent lieu, les gens venaient travailler mais avec un brassard pour

exprimer leur mécontentement), tandis que de puissants syndicats d'entreprise (dont le

principal reste le Rengō) qui négocient avec le patronat lors d'un processus de revendications

salariales annuel, le shuntō, au printemps.

En 1985, les Etats-Unis obligent le Japon à réévaluer très fortement le yen (accord du Plaza).

L'endaka « yen cher » gêne un temps les exportations japonaises, mais fait du pays une

puissance financière majeure : ses investissements à l'étranger quintuplent en trois ans, et le

Japon devient le premier créancier mondial. En 1990, son P.I.B. dépasse ceux de l'Allemagne,

de la France et de la Grande-Bretagne réunis.

3- Un « miracle économique » tempéré

La bulle et la crise

À partir de 1985, la surabondance de liquidités engendrée par les excédents commerciaux et

l'endaka fait gonfler une « bulle » spéculative. Les actifs immobiliers et boursiers triplent de

valeur en cinq ans. Ce gonflement sans aucun rapport avec l'économie réelle aboutit à une

catastrophe : en 1990, la Bourse de Tokyo s'effondre. L'indice Nikkei chute de 40 000 à 15

000 points et ne se relève pas. Les banques, qui avaient prêté à tout va, se retrouvent écrasées

par une masse de mauvaises créances.

À partir de 1992, la crise gagne l'industrie, qui se trouve confrontée à une double

concurrence : d'un côté celle des États-Unis qui retrouvent leur dynamisme étiolé pendant la

décennie précédente, et de l'autre, celle des nouveaux pays producteurs de l'Asie en

développement, notamment la Chine. Les grandes entreprises japonaises, déjà ébranlées par

l'éclatement de la « bulle », découvrent qu'elles ont perdu une partie de leur compétitivité.

La débâcle du système financier se transforme en une longue récession qui révèle le

vieillissement du « modèle japonais » et son inadaptation aux changements imposés par la

mondialisation de l'économie.

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Dans le même temps, les États-Unis, libérés par la fin de la guerre froide, exercent sur

Tokyo des pressions très fortes (négociations Structural Impediment Initiative : 1989-1991) et

forcent le Japon à engager un processus d'ouverture de son économie, qui, jusque-là, s'était

développée en grande partie à l'abri de la concurrence internationale.

La crise asiatique qui éclate en 1997 aggrave encore la situation du pays, dont l'Asie est le

premier marché d'exportation. Le Japon doit restructurer en profondeur son économie :

délocaliser une partie de ses activités vers les pays voisins à main-d'œuvre bon marché, se

recentrer sur une nouvelle génération d'industries et de services de très haute technologie et à

très forte valeur ajoutée et diminuer partout les coûts de production pour rétablir sa

compétitivité.

Le coût social est de plus en plus élevé : le Japon fait connaissance avec les «plans sociaux

» à grande échelle. Plus de deux millions d'emplois industriels ont été supprimés entre 1993 et

2001, et près de 350 000 petites entreprises et commerces ont disparu dans le même temps. Le

taux de chômage officiel, qui n'était que de 2 % en 1990, atteint 5,6 % au début de 2002 (soit

3,7 millions de chômeurs) ; c'est le plus haut niveau enregistré depuis cinquante ans, mais le

taux réel est probablement presque le double.

Entre 1992 et 2002, le taux de croissance moyen n'est que de 0,55 % par an (États-Unis : 3,6

% ; France : 1,7 % ; Chine : 10,5 %). De 1998 à 2002, le Japon est en récession quasi continue

: - 2,5 % en 1998, 0,2 % en 1999, - 0,9 % en 2000, - 1,3 % en 2001.

À partir de 2004, la crise bancaire ayant été surmontée, les restructurations industrielles et ses

capacités d'innovation permettent au Japon de répondre à la demande des pays émergents et

de profiter de la croissance asiatique, chinoise notamment. Les exportations s'accroissent,

tirées par l'automobile et l'électronique. La privatisation de la Poste permet de financer une

dette publique très élevée, de l'ordre de 180% du PIB.

Les autres tempéraments

Ce modèle a toutefois commencé à montrer ses limites à partir des années 1980, notamment

suite aux accords du Plaza (les membres du G5 se mettent d'accord, entre autres, pour

diminuer les excédents commerciaux du Japon, et stopper la croissance inquiétante de ses

investissements, en particulier immobiliers, aux États-Unis, en intervenant sur le marché des

changes afin de déprécier le cours du dollar américain par rapport à ceux du yen), au cycle

d'Uruguay de 1986 à 1994 qui force le Japon à ouvrir son marché et donc exposer son

industrie, jusqu'ici largement protégée et subventionnée selon la théorie du vol d'oies

sauvages, à l'éclatement de la bulle spéculative japonaise en 1990, à la décennie perdue

(période de stagnation, avec de courtes récessions, accompagnée de politiques d'austérité,

durant les années 1990 jusqu'au début des années 2000, voire jusqu'à aujourd'hui), à la crise

économique asiatique de 1997, au problème des « mauvais prêts » ayant mis en danger le

système bancaire entre 1997 et 2003, à la période de déflation connue entre1999 et 2006, au

vieillissement de la population qui appelle à une redéfinition du système de pensions

(notamment de l'âge de départ à la retraite ou de son financement) et à l'explosion de la dette

publique (la plus forte des pays de l'OCDE, représentant pour 2009 près de 192,1 % du PIB).

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Le système du « triangle de fer » (l'alliance, voire la collusion, entre classe politique, haute

administration d'État et milieux industriels et financiers) est critiqué, du fait notamment des

scandales politico-financiers tels que l'affaire Lockheed de 1976 ou celle Recruit-Cosmos de

1989. Une génération d'hommes politiques apparue au début des années 1990 et fortement

inspirée des politiques menées par Margaret Thatcher au Royaume-Uni et Ronald Reagan,

défend la réduction du poids de la bureaucratie, la baisse du poids budgétaire des grands

travaux (facteurs selon eux de corruption et de clientélisme), une forme et de

décentralisation ainsi que la mise en place d'une économie moins dépendante des exportations

et plus du marché intérieur et donc de la consommation des ménages. C'est le fond de la

politique menée de 2001 à 2006 par Jun'ichirō Koizumi, dont les réformes phares restent la

réforme des retraites de 2004 et les privatisations en 2005 de deux piliers de la puissance de

l'administration et du financement des travaux publics, la poste japonaise et les sociétés

d'autoroute.

Ceci aboutit dans le même temps à une remise en question du « modèle social » japonais

reposant sur l'harmonie industrielle et la politique d'emploi à vie avec avancement à l'âge. Les

adversaires de Koizumi (notamment Gavan McCormack qui parle du « Royaume de l'illusion

de Koizumi ») accusent ses réformes d'avoir creusé le fossé social, favorisé les personnes les

plus fortunées (taux d'imposition sur le revenu de la tranche supérieure a notamment été

ramené, entre2001 et 2006, de 70 à 37 %) et inégalement réparti les fruits du retour à la

croissance à partir de 2003, mais le processus est plus ancien.

Cette évolution a dessiné l’organisation de l’économie japonaise.

B- Les fondements du miracle : l’organisation économique du japon

Il existe une organisation particulière du monde du travail au Japon qui lui assure une réelle

efficacité. L’économie japonaise offre une structure dualiste : de très gros groupes et un tissu

dense de PME coexistent et se complètent. Au-dessus, l’Etat joue un peu le rôle de chef

d’orchestre.

1. Le dualisme efficace des entreprises : FMN et PME

Les firmes japonaises sont parmi les plus puissantes du monde : 135 figurent parmi les 500

plus grandes. L’économie japonaise est dominée par deux types d’entreprises :

- les grands conglomérats : les “keiretsu“,

- les grandes entreprises.

Des multinationales puissantes (“keiretsu”)...

Ce sont de très grands groupes qui intègrent de nombreuses entreprises et de nombreux

services : banque, commerce... (Voir schéma MITSUI). L’ensemble des grands groupes

totalisent presque 1/4 du C.A. et 1/4 des salariés du pays.

Leurs atouts : ils sont organisés autour de banques qui fournissent les capitaux pour de

grandes opérations, la diversité des activités constitue un atout lors des crises (les pertes d’une

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branche peuvent être compensées, on peut reconvertir facilement les salariés), leurs Sogo-

shoshas commercialisent et informent. A côté de ces grands groupes, il y a des entreprises

puissantes mais aux activités moins diversifiées. Ex : Nippon Steel, Toyota, Sony. Ce sont de

grandes entreprises souvent très internationalisées.

C’est dans ces grandes entreprises que les conditions de travail sont les meilleurs (emploi à

vie).

... qui s’appuient sur un réseau de PME dense

Keiretsu et grands entreprises s’appuient sur un réseau dense de PME. Les grandes entreprises

intègrent les opérations industrielles, commerciales et financières; les PME assurent la sous-

traitance et travaillent à bas prix. Coulisse du miracle japonais, les PME concentrent

l’essentiel du monde du travail : 95% des entreprises et 75% de salariés.

Ces PME sont totalement soumises aux grands groupes et leur servent d’amortisseurs en cas

de difficulté. Elles souffrent donc d’une étroite dépendance vis à vis des grands groupes.

Cette dualité assure la souplesse de l’appareil industriel, lui permettant de s’adapter vite (les

PME peuvent changer très vite leurs méthodes de travail). Les conditions de travail sont

beaucoup moins favorables dans ces PME : pas d’emploi à vie, des salaires moins élevés et

une moindre promotion. On comprend l’ardeur des Japonais dans les études...

2- Un état pilote et régulateur

Le Japon est un état libéral. L’Etat y joue cependant un rôle important, bien que souvent

discret. Il organise et oriente l’économie japonaise vers les objectifs qui lui semblent être les

meilleurs. L’Etat est ainsi à l’origine du développement économique du Japon avec la volonté

affirmée depuis MEIJI de construire une grande puissance capable d’échapper à la domination

étrangère.

Le MITI (ministère du commerce international et de l’industrie) joue un rôle fondamental

dans l’économie du pays :

- information : rassemble les données sur les technologies et les marchés étrangers, il collecte

toutes les informations de l’étranger et les traduit offrant une banque de données rapidement

aux entreprises,

- industrie : il définit les secteurs prioritaires, organise les restructurations et les fusions,

facilite l’adaptation rapide de l’économie japonaise et veille à la réorientation vers les

activités high-tech,

- commerce : il réglemente la concurrence, fixe les normes.

Il contribue donc au formidable excédent commercial du pays.

Pourtant, au Japon comme ailleurs, le rôle de l’état tend à être remis en cause. Cette évolution

s’est faite à la suite de nombreux scandales de corruption (trop forte collusion entre milieux

politiques et milieux d’affaires).

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3- Des stratégies industrielles originales

Il existe un modèle de gestion à la japonaise qui a prouvé son efficacité. Il se concentre sur

deux objectifs : améliorer sans cesse la compétitivité, s’adapter sans cesse et rapidement aux

évolutions des marchés.

- Réagir vite : un réseau d’information exceptionnel permet aux entreprises de savoir ce qui se

passe partout et très vite. Système JETRO

- Etre compétitif : la recherche des “5 zéros” : Le renouvellement rapide de la demande dans

les produits grands publics impose aux entreprises de pouvoir réagir vite. L’organisation de la

production en “flux tendus” (c’est le J.A.T. ou kanban afin de réduire le cycle de production)

entraîne la recherche des “5 zéros” : zéro défaut, zéro panne, zéro stock, zéro délai et zéro

papier. Ce système s’incarne dans le toyotisme.

- La robotisation : Matériellement, la compétitivité se mesure par une robotisation forte : le

Japon possède le 1er parc de robots du monde, ce qui permet d’avoir des coûts bas et des

ateliers flexibles avec peu d’ouvriers bien formés (ex. auto).

- Etre innovant pour anticiper : Confronté à la crise des industries traditionnelles le Japon s’est

lancé dans la promotion des industries high tech, en misant sur un effort de recherche

considérable. Au début des 50’s, la technologie japonaise est en retard sur l’occident. Les

entreprises japonaises achètent alors en masse brevets et licences, développent l’espionnage

industriel, parcourent le monde. Le MITI met en place des programmes de recherche qui

associent État et entreprises. En 1980 la technologie du Japon est devenue autonome, elle est

en pointe dans de nombreux secteurs (sidérurgie, navale...).

Cette organisation économique se reflète dans le visage actuel de l’économie japonaise.

III.2. L’économie japonaise actuelle

A- Un secteur primaire à la traine

1- Le Japon : un nain agricole

L'agriculture ne représente qu'une très petite proportion du PIB (1,4 %) et de l'emploi (5,3 %),

ce qui traduit également la faible productivité de la main d'œuvre dans le secteur agricole en

comparaison de la moyenne nationale.

Le territoire agricole du Japon est limité et les banlieues des grandes villes empiètent de plus

en plus sur les terres cultivables, refoulant les agriculteurs vers de moins bonnes terres.

Malgré des rendements élevés, l’agriculture au Japon ne suffit pas à combler les besoins

alimentaires de ses habitants. Le pays doit donc importer 60% des produits nécessaires pour

nourrir sa population.

Pour protéger son territoire agricole, le Japon a adopté en 1999 une politique dont les

principaux objectifs sont les suivants : garantir des approvisionnements alimentaires stables,

favoriser l’expansion durable du territoire agricole et encourager le développement agricole

dans les régions rurales.

En 1945, les paysans formaient 42 % de la population active, et 80 % d'entre eux vivaient

dans une très grande précarité. En 1946, une réforme agraire leur a redistribué 2 millions

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d'hectares de terres agricoles. La petite paysannerie propriétaire ainsi reconstituée a été un

soutien inébranlable du parti libéral-démocrate (PLD). Pour garantir l'autosuffisance en riz,

l'État, depuis 1942, achetait la récolte et la revendait à perte aux consommateurs. Ce dispositif

a encouragé la production de riz alors que sa consommation diminuait, en raison de la

diversification alimentaire. Il a permis à de nombreux agriculteurs de se maintenir ; mais la

filière a été progressivement libéralisée, des quotas d'importation fixés et le contrôle de l'État

a pris fin en 2008. Pour pallier la baisse de leurs revenus, la majorité des agriculteurs en sont

venus à pratiquer la double activité, tandis que leur moyenne d'âge s'est élevée.

En 2010, le Japon compte environ 1,9 million d'exploitations agricoles (contre 5 375 000 en

1946), sur lesquelles vivent 10 467 000 personnes. L'agriculture, avec un peu plus de 4 % des

actifs, fournit moins de 2 % du P.I.B. L'exiguïté des exploitations est compensée par un haut

niveau de rendement.

La superficie agricole utilisée est d'environ 4 650 000 ha, (presque 7 fois moins qu'en

France). Une loi-cadre, votée en 1999 et révisée en 2005, a pour objectif de restructurer

l'agriculture autour de deux types de fermes: celles (de 40 à 60 ha) pratiquant la grande

culture mécanisée et celles (de 12 à 22 ha) consacrées aux cultures spécialisées.

La production agricole du Japon n’est cependant pas négligeable. En valeur les

principales productions sont les légumes et le riz, puis l’élevage laitier, les fruits et les

volailles. En volume, le Japon produit 14 millions de tonnes (MT) de légumes, 9 MT de riz,

1,1 MT de blé et orge, 4,2 MT de betterave à sucre, 1,2 MT de canne à sucre, 4 MT de

pommes de terre et patates douces, 3,2 MT de fruits, 3 MT de viande, 8,3 MT de lait, 2,4 MT

d’œufs28

Le parti libéral démocrate (PLD), qui a gouverné le Japon de 1955 à 2009, insistait sur la «

sécurité alimentaire » du pays pour justifier les protections dont il entourait les agriculteurs,

son électorat le plus fidèle. Mais, en 1999 déjà, le pays ne produisait plus que 40 % des

calories consommées par sa population (contre 79 % en 1960), en raison du changement des

habitudes alimentaires29

et du recul des surfaces cultivées. Cette évolution, irréversible, a fait

du Japon un gros importateur mondial de produits alimentaires.

Globalement, le taux d’autosuffisance est de 53 % pour la viande. Avec les préparations à

base de poisson et de viande, les produits d’origine animale représentent plus de 50 % du total

des importations.

En ce qui concerne les produits végétaux, le taux d’autosuffisance est plutôt élevé pour les

légumes 83 % et le riz 96 %. Le Japon couvre ses besoins en riz mais doit ouvrir un

contingent annuel à droit nul, établi lors des négociations du cycle de l’Uruguay (GATT),

correspondant à l’équivalent de 767 000 tonnes de riz non décortiqué. Ce riz est stocké et

utilisé soit pour l’industrie de transformation soit pour l’aide alimentaire. Les importations de

céréales représentent 26 millions de tonnes dont 65 % de maïs et 20 % de blé.

Pour ces deux produits le Japon dépend entre 80 et 90 % des importations, principalement en

provenance des Etats-Unis (à 97 % pour le maïs), du Canada et de l’Australie. 46 % du maïs

semence, soit 847 tonnes, vient de France.

Le taux d’autosuffisance pour les fruits est de 44 %.

Les forêts couvrent environ 25 millions d'ha, dont 40 % sont plantés en résineux. La

production de bois nationale ne fournit qu'un peu plus de 20 % des besoins et le Japon est un

grand importateur.

2- Une exploitation de la mer déclinante

28

Source: Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 2005. (Voir page 2

« territoire agricole du Japon » pdf. 29

Faisant plus de place aux protéines animales

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La pêche côtière a longtemps été pratiquée à partir des quelques 3 000 ports que compte le

Japon. Au XXe s. se sont développé la pêche hauturière30

puis la pêche lointaine et les prises

ont connu leur maximum en 1984 avec 12,8 millions de tonnes. La surexploitation des eaux

territoriales et la réglementation internationale les ont fait baisser à 5,7 millions de tonnes en

2007, y compris l'aquaculture. Le pays a dû accroître ses importations qui constituent, à elles

seules, plus de 30 % des importations mondiales de poisson.

Le Japon compte actuellement 204 000 pêcheurs. Le PLD a protégé cet électorat avec le

même soin que celui porté aux agriculteurs – notamment en s'opposant aux limitations de la

pêche à la baleine.

3- Des ressources énergétiques et minières très modestes et des importations massives

Les ressources minérales sont rares et généralement peu abondantes (or, cuivre, étain, zinc). Il

y a cependant quelques réserves de charbon à Hokkaido où les mines ont fermé au début des

années 2000.

Le Japon est un grand importateur de produits énergétiques et miniers. Il est notamment le

premier importateur mondial de charbon. Cette nécessité d'importer, qui explique la

localisation littorale de l'industrie, a également conduit le pays, dès les années 1970, sur la

voie des économies d'énergie.

Le pétrole est importé majoritairement des pays de l'OPEP, Arabie Saoudite et Émirats

arabes unis venant en tête.

Avant le séisme et la catastrophe nucléaire de mars 2011, la production d'électricité

nucléaire était la troisième mondiale, derrière celles des États-Unis et la France. Utilisant de

l'uranium importé, elle fournissait environ 30 % de la production d'électricité. L'arrêt total de

la centrale de Fukushima, suivi de celui d'autres sites, en raison de leur implantation dans des

zones à fort risque sismique, entraîne une diminution sensible de la production d'électricité

nucléaire et impose un recours accru aux énergies fossiles, avec ses conséquences sur les

émissions de gaz à effet de serre. D'autant plus que l'opposition des populations à

l'implantation de nouvelles centrales, qui s'était déjà manifestée dans les années 2000, s'est

considérablement renforcée.

B- Un secteur secondaire en pleine mutation

1- La deuxième puissance industrielle du monde

L’industrie japonaise fournit près de 15% de la production mondiale contre 4% en 1960. Son

poids est supérieur à ceux de l’Allemagne, de la France et de l’Italie réunis.

La croissance industrielle du Japon a été, dès le début de l’ère Meiji (1868), toujours plus

rapide que celle des autres pays, mais l’âge d’or de la haute croissance s’étale de 1955 à 1973,

période de croissance record où le Japon a construit son industrie moderne.

30

Relatif à la haute mer.

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Le Japon dispose désormais de pratiquement toutes les branches industrielles. Pourtant, sa

puissance repose sur la réussite de quelques secteurs clés où il occupe des places très fortes.

La logique de sécurité et de puissance nationales qui a commandé sa politique industrielle

explique que le Japon possède aujourd'hui, sur son territoire, une gamme d'industries quasi

complète, sauf dans le domaine de l'industrie aéronautique, démantelée par les Américains

après 1945.

Au début du XXIe s. les industries lourdes et de première génération représentaient encore

près du tiers de la valeur de la production manufacturière (chimie et dérivés : 15,3 %, en

hausse ; sidérurgie et métallurgie : 11 %, en baisse ; céramique : 3 % ; textile : 1,1 %,en

baisse), contre 45 % pour les industries de deuxième génération et de haute technologie, qui

ont fait du Japon une grande puissance exportatrice.

La même logique de sécurité explique le retard en matière de délocalisation : en 1995, les

firmes japonaises n'effectuaient que 6 % de leur production à l'étranger, contre 24 % pour

leurs concurrents américains. Le rattrapage de ce retard est désormais réalisé, imposé par la

mondialisation de l'économie, non sans alimenter la crainte d'un « évidement » (kudoka) de

l'archipel.

Industries lourdes et traditionnelles en recul mais tjrs puissantes

Ce sont les industries anciennes qui ont permis le dvpt du pays dans les années 60-70. Comme

partout, reculent, mais gardent des bases solides.

- La sidérurgie : premier rang mondial

Bien qu’en recul (record de production en 1973), la sidérurgie japonaise a pris depuis 1993 le

1er rang mondial (chute URSS) devant la Chine et les EU.

La croissance de la sidérurgie a été extraordinaire des années 50 à 1973, à partir de la guerre

de Corée qui entraîne un boom de la production. Elle va être à la base de la puissance des

constructions automobiles et navales. Le leader mondial est un japonais : Nippon Steel.

La construction navale : hégémonie

Le Japon occupe depuis 35 ans le 1er RM. Le Japon produit à lui tout seul 40% de la

production mondiale (devant la Corée 30% qui devient un redoutable concurrent, puis le DK

5% !...).

La construction automobile : 2eme RM pour la production.

Le Japon, c’est à lui tout seul 20% des voitures particulières produites dans le monde (environ

8 millions de voitures par an). Aussi le n°1 mondial en moto.

C’est un secteur récent que le pays a choisi de développer fortement en raison de son essor et

de son effet d’entraînement sur de nombreuses industries. Boom à partir des années 50, c’est

aujourd’hui un secteur-clé qui exporte beaucoup (vers les E.U. d’abord) mais qui dispose

aussi d’un vaste marché intérieur.

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- La chimie : 2ème RM, une gamme de produit étendus et essentiels.

L’essor des industries de haute-technologie : nouveau pôle de croissance

La haute-technologie, c’est le 2ème point fort du Japon

Des positions dominantes dans plusieurs secteurs très importants :

- l’électronique31

: les semi-conducteurs, l’électronique grand public, l’horlogerie, optique,

- bureautique et Telecom (ex. les périphériques pour ordinateurs : imprimante ou

photocopieurs Canon),

- robotique,

- le Japon est moins fort dans l’informatique (mini de IBM, micro “taïwanais”), sauf dans le

ludique (Sega, Nintendo),

- Les bio-industries : c’est la high-tech qui travaille sur le vivant. Un secteur nouveau, très

prometteur. Japon 2ème RM. Le Japon produit donc un effort très important. Quelques

exemples : fermentations, génie génétique, médicaments (interférons, vaccins, interleukine),

semences artificielles (riz hybride), etc.

Révélateur des ambitions du pays pour le siècle à venir :

- l’aéronautique et l’espace. Pour l’instant qu’un poids modeste, mais le Japon a de grandes

ambitions. Le Japon souhaite renforcer sa puissance militaire pour accroître son poids

politique international et son rôle de puissance régionale. L’aventure spatiale a démarré avec

succès : un lanceur rival d’Ariane a effectué ses 1ers lancements de satellite depuis 1990 + un

projet de navette.

-> Les marchés de l’avenir. Le Japon travaille dans de nombreux secteurs de pointe afin d’être

présent au grand rendez-vous du futur. Ex. navire à sustentation magnétique, TGV 450 km/h,

recherche sur la fusion thermonucléaire où le Japon espère aboutir d’ici 25 ans : on travaille

donc pour l’avenir et dans le long terme car le pays sait que sa survie en dépend.

Les principales localisations industrielles

La production industrielle est concentrée dans trois pôles, dont le poids relatif a beaucoup

changé depuis le début de la « haute croissance ». En 1955, les régions du Kanto (Tokyo) et

du Kansai (Osaka-Kobe-Kyoto), en assuraient chacune 20 %.

Depuis le début des années 2000, le Kanto en assure désormais le tiers, alors que le Kansai,

desservi par le déclin relatif de ses industries lourdes, a reculé, dépassé par le Tokai, la région

de Nagoya, bastion de l'automobile (13,6 %).

31

L’électronique représente la première industrie de l’archipel. Les principaux géants du Japon sont Hitachi,

Fujitsu, Matsushita, Mitsubishi Electric, NEC, Sony et Toshiba. On se souvient comment, à partir des années

1970, ils ont bâti leur fortune sur la commercialisation de produits grand public. Injectant des milliards de dollars

dans la recherche-développement, ils avaient toujours plusieurs longueurs d’avance sur leurs rivaux américains

ou européens. D’après P.-A. Donnet et A .Garrigue, Le Japon : la fin d’une économie, 2000

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Le Setouchi (6,5 %), dans le sud-ouest de Honshu, avec les agglomérations d'Okayama,

Hiroshima et Yamaguchi, a vu fleurir les gros combinats littoraux pendant les années 1960.

L'île de Kyushu, autrefois vouée à l'industrie lourde à cause de son charbon (mines de

Miike), est devenue, à partir des années 1980, la principale zone de fabrication de composants

électroniques ; elle a représenté jusqu'à 10 % de la production mondiale (1994), mais a

maintenant reculé face à la concurrence américaine et asiatique.

Une grande indépendance vis à vis des actionnaires

En démantelant les zaibatsu, les Américains ont interdit les holdings et limité strictement

l'entrée des banques dans le capital des entreprises. En 1990, deux tiers de la capitalisation

boursière étaient détenus par les six keiretsu (25 %), selon un système de participations

croisées, ou par des investisseurs institutionnels, sous la tutelle plus ou moins étroite de

l'Administration (45 %). Les entreprises pouvaient donc agir selon leur logique propre

(priorité à l'investissement productif) en accord avec la politique définie par l'État, à la

différence des entreprises soumises à des actionnaires soucieux de profit immédiat.

Les banques, sous la tutelle du ministère des Finances, étaient tenues de leur prêter en

abondance et à bon marché, en échange de la garantie de l'État. Mais l'éclatement de la « bulle

» spéculative, l'ouverture du marché financier aux capitaux étrangers (4 % de la capitalisation

boursière en 1990, plus de 13 % en 2000), la levée de l'interdiction des holdings depuis 1997

et le vote de lois qui donnent un peu plus de pouvoirs aux actionnaires annoncent des

changements, dont il est toutefois douteux qu'ils fassent des entreprises japonaises des entités

vouées toutes entières à la « création de valeur » pour le profit des actionnaires.

2- Les travaux publics : un secteur d’envergure

En 2000, le Japon comptait 585 000 entreprises de construction qui employaient 6,5 millions

de salariés (10,1 % de la population active). Le seul secteur des travaux publics représentait

alors 7,2 % du P.I.B., soit plus du double qu'en France et cinq fois plus qu'en Grande-

Bretagne.

C'est l'un des secteurs où la mafia japonaise (yakuza) exerce une influence importante et qui

a une importance vitale pour le PLD, pour lequel les entreprises de construction sont à la fois

une source essentielle de financement et des agents électoraux très actifs.

Les travaux publics, financés essentiellement par les impôts des mégapoles mais qui

bénéficient principalement aux préfectures rurales, constituent par ailleurs un moyen de

redistribution des revenus. Les effets négatifs de cette situation (travaux démesurés et

surfacturés) sont très critiqués depuis le début de la récession.

C- Le secteur tertiaire : un puissant levier32

de l’économie japonaise

1- Le leader en recherche et innovation

32

Moyen d’action.

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L'innovation est l'une des principales caractéristiques de l'économie japonaise. Sa recherche-

développement atteint 20 % du budget mondial dans le domaine, pour 2 % de la population.

Elle représente 3,6 % du P.I.B. en 2009, contre 2,7 % aux États-Unis et 2,1 % en France. Elle

a pour autre caractéristique d'être menée pour plus des trois-quarts par des entreprises privées

et particulièrement orientée vers la recherche appliquée.

Cependant le gouvernement s'implique directement dans la définition des directions

stratégiques par l'intermédiaire du Conseil pour la Science et la Technologie. Ainsi 19 clusters

industriels sont consacrés, sous le contrôle du METI, aux secteurs des biotechnologies, des

TIC, de l'environnement et des processus manufacturiers, tandis que 9 clusters « de la

connaissance », sous le contrôle du MEXT, sont dédiés aux sciences de la vie, aux

nanotechnologies, aux TIC et à l'environnement.

Le Japon est ainsi en position de leader sur nombre de secteurs, pour certains desquels

même, il est en situation de quasi-monopole mondial. On peut citer le secteur automobile et

les batteries pour véhicules, la robotique, le solaire, les nanotechnologies, les fibres de

carbone, les appareils numériques.

De plus en plus le Japon délocalise la fabrication chez des partenaires asiatiques. Après la

Corée du Sud, Hong Kong, Taïwan et Singapour ont joué ce rôle, puis la Malaisie, les

Philippines, l'Indonésie et la Thaïlande ; maintenant c'est même la Chine.

Considéré comme étant l'un des pays les plus avancés au monde, le Japon fait figure de

locomotive dans la recherche scientifique, en particulier l’électronique, les machines-outils et

la recherche médicale. Près de 700 000 chercheurs se partagent un budget de 130 milliards de

dollars US dédié à la recherche et au développement, le troisième plus grand au monde59. Par

exemple, certaines des plus importantes contributions du Japon à la technologie se trouvent

dans les domaines de l’électronique, l’automobile, les machines, la construction parasismique,

la robotique industrielle, l’optique, la chimie, les semi-conducteurs et les métaux. Le Japon est

le leader incontesté en termes de production et d’utilisation de la robotique, et possède plus de

la moitié (402 200 sur 742 500) des robots industriels utilisés pour la construction dans le

monde60. Les sociétés japonaises sont par exemple à l’origine des robots Qrio, ASIMO et

Aibo. Le Japon est le plus grand producteur mondial d’automobiles61 et regroupe six des

quinze plus grandes entreprises de construction automobile au monde, et sept des vingt plus

importants fabricants de semi-conducteurs en 2007.

L’agence d’exploration aérospatiale japonaise (JAXA) est l’agence spatiale du Japon qui fait

de la recherche spatiale, de la recherche en aviation et qui développe des fusées et des

satellites. C’est une participante à la Station spatiale internationale et le Japanese Experiment

Module (Kibō) a été ajouté à la Station spatiale internationale au cours de vols d’assemblage

de la navette spatiale américaine en 200862. L’agence a des plans d’exploration de l’espace,

tels que le lancement de Venus Climate Orbiter en 201063,64, le développement de la

Mercury Magnetospheric Orbiter qui sera lancée en 201365,66 et la construction d’une base

lunaire en 203067. Le 14 septembre 2007, le Japon a lancé SELENE, une mission lunaire

japonaise avec une fusée H-IIA (type H2A2022) du centre spatial de Tanegashima. SELENE

est également connu sous le nom de Kaguya, la princesse lunaire du conte folklorique

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Kaguya-hime68. Kaguya est la plus grande mission de sonde lunaire depuis le programme

Apollo. Sa mission est de recueillir des données sur la Lune, son origine et son évolution. Elle

est entrée en orbite lunaire enoctobre 200769,70, volant à une altitude d’environ 100

kilomètres.

2- Une grande puissance commerciale et financière

Le Japon se caractérise par son agressivité commerciale et ses succès à l’exportation : le

Japon a un solde commercial excédentaire avec la plupart de ses partenaires. C’est la 3ème

puissance commerciale du monde derrière les E.U. et l’Allemagne.

a) La 3ème puissance commerciale du monde

Avec 8 % des échanges internationaux, le Japon est la 3e puissance commerciale (derrière les

Etats-Unis et l’Allemagne).

Des excédents record

Alors que dans les années 60 le Japon est déficitaire avec la plupart de ses partenaires

commerciaux, il est aujourd’hui largement bénéficiaire. Ce succès a vraiment pris de

l’ampleur surtout depuis les années 80 et le Japon est devenu la 3ème puissance commerciale

du monde derrière les EU et l’Allemagne avec environ 9% des exports mondiales.

Cet essor commercial révèle la qualité du tissu industriel japonais.

Les “Sogo-shoshas” (voir texte) sont le fer de lance des exportations. Elles sont très

puissantes et concentrent les 2/3 des importations. (ex : Mitsubishi corporation).

Un marché intérieur difficile à pénétrer

Si le Japon est un exportateur doué, c‘est aussi un importateur récalcitrant. Le Japon ne

présente pourtant pas de barrières douanières élevées (OMC oblige), mais :

- les formalités administratives sont longues et complexes - l’obstacle de la langue est

redoutable, peu de normes étant traduites,

- le marché intérieur est contrôlé par les sogo-shoshas qui peuvent refuser un produit s’ils

concurrencent l’un des leurs,

- le consommateur japonais, discipliné, achète japonais quasi-systématiquement,

- les marchés publics sont très surveillés : ex. : les entreprises japonaises ont eu la quasi-

totalité du marché de la concurrence du nouvel aéroport du Kansaï malgré la présence de

nombreuses firmes étrangères.

D’où les pressions des nations étrangères : Japon et Europe protestent. Le Japon a été

condamné par le GATT, le G7 en 1985 a conduit à une réévaluation du yen, l’Europe se

protège (un accord d’autolimitation des exports de voitures jusqu’en 1999).

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Actuellement, le Japon favorise les importations, mais les habitudes sont longues à changer.

La structure des échanges reflète l’économie du pays

- Les importations : beaucoup de produits bruts

Le Japon est le 2ème importateur mondial de matières 1ères et d’énergie : pétrole, gaz,

charbon, uranium, fer, bauxite, cuivre, laine. Cela représente 25% de ses achats. Fournisseurs

: Arabie, Indonésie, Chine, Australie.

1er importateur du monde en produits alimentaires, notamment en produits marins, viande,

blé, maïs (1er fournisseur EU). En tout, 15% des achats.

Moins de produits manufacturés que les autres pays industriels : textiles chinois, jouets de

Taiwan, produits de luxe français, machines allemandes....

- Les exportations : des machines, de la high-tech et des véhicules d’abord

Originalité du Japon : 97% des exports sont des produits industriels. Les autos (15% des

exports absorbés à 45% par E.U.), moto, bateaux, matériel de bureau, les machines-outils et

les constructions électriques et électroniques sont les postes les plus importants. Dans les

industries lourdes les ventes d’acier dominent.

Les principaux partenaires commerciaux du Japon

- L’Asie de l’est constitue le 1er débouché du pays depuis une dizaine d’années (40 à 50% des

ventes). Cela montre l’importance de la zone pour le Japon. Les 4 Dragons tiennent une place

privilégiée : leurs liens avec le Japon sont donc étroits.

- Les E.U. sont l’autre partenaire commercial essentiel du Japon (25 à 30% des exports). C’est

le marché US qui absorbe la grande masse des produits industriels japonais.

- Depuis qlqs années, le Japon cherche à s’implanter davantage en Europe avec qui l’essor des

échanges est rapide mais ne représente encore que 15%, l’Allemagne et la GB sont les 1ers

partenaires, alors que les échanges avec la France restent modestes.

Le Japon est bénéficiaire avec presque tous ses partenaires : seuls les échanges avec les pays

pétroliers sont déficitaires et quelques pays comme la Chine.

b) / La 2ème puissance financière du monde

Résultat des succès industriels et commerciaux. Une puissance financière qui a des

manifestations nombreuses : force de la monnaie, niveau d’épargne, investissements...

Puissance financière du Japon : le yen et Kabuto-Cho

- Émergence du yen

En 1995 1 $ = 85 yens (en 1949 1$ = 360 yens, et 140 yen en 1998).

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La hausse du yen depuis les années 50 est le reflet de la montée en puissance de l’économie

japonaise (la monnaie est un “concentré de l’économie”). C’est surtout depuis 1985 que cette

hausse s’est emballée (les japonais l’appelle l’”endaka”).

Le yen ne constitue toutefois pas une grande monnaie de paiement international (seulement un

peu dans zone Asie) et ne saurait être comparé au dollar.

- Tokyo, grande place financière

Le Kabuto-Cho est actuellement la 2ème du monde par le volume des transactions. Elle a

même été la 1ère, devant Wall Street, à la fin des années 80, mais connaît une baisse

importante actuellement (trop de spéculation dans les années 80). Elle bénéficie du réservoir

d’épargne des japonais.

Le premier créancier du monde

Tandis que les Etats-Unis, premier débiteur mondial, ont une dette extérieure de 870 milliards

de dollars, le Japon détient 800 milliards de dollars d’avoirs à l’étranger. Grâce à une épargne

gigantesque (9 000 milliards de dollars) équivalant au tiers de celle du monde, c’est un pays

incomparablement riche. Il possède 320 milliards de titres du Trésor américain. S’il devait

rapatrier ces capitaux, les Etats-Unis seraient plongés dans une grave crise entraînant celle du

monde entier. Le Japon compte sept de ses banques parmi les vingt premières mondiales33

.

Le 1er investisseur et le 1er créancier du monde

C’est un des résultats de la puissance industrielle et commerciale du pays qui s’est

considérablement enrichi ces 20 dernières années. Le Japon prête et achète beaucoup de par le

monde, il est ainsi devenu le 1er créancier et le 1er investisseur du monde.

Quels types de placement34

?

Deux grands placements : industriels et services au sein desquels il faut faire une place à part

à la finance.

- les investissements industriels :

Ils permettent au Japon d’assurer la poursuite de son développement économique. Ils prennent

différentes formes : rachat de firmes, prises de participation, construction de succursales à

l’étranger. But : profiter des bas salaires, compenser la montée du yen, contourner les

obstacles protectionnistes, se rapprocher de la clientèle.

- les services : finance, immobilier, art... : 70% des investissements japonais à l’étranger.

La finance : selon les années les japonais financent de 30% à 50% du déficit américain, mais

aussi de 10% à 15% du déficit français. Immobilier : achat souvent dans les quartiers

33

D’après Annie Delobez, Images économiques du monde 1999, Sedes, 1998. (Voir « Japon-la deuxième

puissance économique » pdf 34

Voir page 1 doc 6 « Japon-la deuxième puissance économique »

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d’affaires (Forum des Halles à Paris, Manhattan) ou dans les sites prestigieux (Château du

bordelais).

Dans quels pays ?

- D’abord en Amérique du Nord (presque 45%) -> bons du trésor, immobilier. Plus

récemment l’Europe (20%). Ex. rachat du fabricant d’ordinateurs anglais ICL par Fujitsu en

1990. L’importance du chômage conduit les pouvoirs publics en Europe à encourager

l’implantation de firmes japonaises. Le R.U. vient en tête (politique libérale : ouverture,

déliquescence de l’ind. GB, main d’œuvre bien formée).

L’Asie, environ 15%, c’est plus récent et va en augmentant.

Les pays industrialisés sont donc privilégiés : sécurité des placements, vastes marchés,

détourner le protectionnisme.

CONCLUSION : LE JAPON, GRANDE PUISSANCE35

?

Incontestablement une nouvelle ère pour le Japon. C’en est bien fini de la haute croissance. Il

est à peu près acquis que le pays mettra du temps à sortir de ses difficultés. Le pays est entré

dans une phase de turbulence, de doute. Il est certain que des problèmes importants se

présentent devant la société japonaise, mais aucun que le Japon ne soit en mesure de résoudre.

Mais encore des positions très solides : le Japon est un pays très riche, dont les entreprises

restent très performantes. De plus, le Japon a su montrer jusque-là une exceptionnelle capacité

à rebondir. Il devrait rester encore longtemps le centre de la région Asie et un grand centre

mondial, même si le temps où l’on enterrait les EU et où l’on sacrait numéro 1 le Japon n’est

plus d’actualité. Seule la Chine semble en mesure, à terme, de lui disputer cette suprématie.

Actuellement, alors qu’une grande aire de prospérité se construit en Asie, le Japon est mieux

placé que tout autre pour en tirer les avantages : ces économies sont complémentaires et pour

l’heure, c’est le Japon le donneur d’ordre car il dispose toujours de deux atouts essentiels : les

capitaux et la technologie. Des atouts dont aimeraient bien disposer bien des pays du tiers-

monde.

35

Influence continentale