chantenay la bleue

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Directeurs d'étude : Saweta Clouet, Chérif Hanna, Jean-Yves Petiteau ensa nantes - arts de faire ESTUAIRE 2029 CHANTENAY LA BLEUE Tirer des bords Florian Bony (PFE), Ana Bernard, Ulas Colas, Abdelaziz Ghanine, Chun Hung LE BAS CHANTENAY

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Le Bas Chantenay est à la croisée de plusieurs entités urbaines; du quartier de faubourg de la Roche Maurice sous le pont de Cheviré, au nouvel îlot de l’ancien site Alstom, des hauteurs de la butte Sainte-Anne aux escarpements de la fin du Sillon de Bretagne donnant naissance à la carrière de la Meuse. Porteur d’une histoire très active de la Ville dans son rapport au Fleuve, sur l’axe historique ville-port, son devenir doit s’inscrire non pas dans une continuité stricte, mais dans la compréhension de ce passé, et dans une transformation progressive et volutive, à l’écoute de l’émergence de nouveaux usages et programmes. La situation privilégiée du secteur en bord de Loire et en aval du centre-ville, ses fortes potentialités foncières et patrimoniales en font un enjeu de développement à l’échelle de la métropole. Le nouveau Bas Chantenay sera un trait d’union entre les communes limitrophes de l’estuaire, les territoires des berges de Loire et les secteurs dynamiques du centre.

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ESTUAIRE 2029

Directeurs d'étude : Saweta Clouet,Chérif Hanna, Jean-Yves Petiteau

ensa nantes - arts de faire

Tirer des bords

Le Bas Chantenay est à la croisée de plusieurs entités urbaines; du quartier de faubourg de la Roche Maurice sous le pont de Cheviré, au nouvel îlot de l’ancien site Alstom, des hauteurs de la butte Sainte-Anne aux escarpements de la fin du Sillon de Bretagne donnant naissance à la carrière de la Meuse. Porteur d’une histoire très active de la Ville dans son rapport au Fleuve, sur l’axe historique ville-port, son devenir doit s’inscrire non pas dans une continuité stricte, mais dans la compréhension de ce passé, et dans une transformation progressive et évolutive, à l’écoute de l’émergence de nouveaux usages et programmes.

La situation privilégiée du secteur en bord de Loire et en aval du centre-ville, ses fortes potentialités foncières et patrimoniales en font un enjeu de développement à l’échelle de la métropole. Le nouveau Bas Chantenay sera un trait d’union entre les communes limitrophes de l’estuaire, les territoires des berges de Loire et les secteurs dynamiques du centre et de l’Île de Nantes.

ESTUAIRE 2029

CHANTENAY LA BLEUE

Tirer des bordsFlorian Bony (PFE), Ana Bernard, Ulas Colas, Abdelaziz Ghanine, Chun Hung

LE BAS CHANTENAY

Directeurs d'étude : Saweta Clouet, Chérif Hanna, Jean-Yves Petiteau

arts de faire - février 2015

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Remerciements à :Christian Dautel, directeur de l’ENSA Nantes ;Nicolas Schmitt, secrétaire général de l’ENSA Nantes ;Pascal Pras, vice-Président de Nantes Métropole pour son investissement pour l'association arts de faire ;

Mr Patrick Haury, maire de Saint-Brevin les Pins, Mr Damien Roussel, directeur de cabinet,Mme Annie Boutin, Adjointe à l'Urbanisme et au Foncier, Mme Lucie Voisin, Adjointe à la Culture-Jumelage, Mme Patricia Benbelkacem, maire de Corsept et Mr Hervé Gentes, 5ème adjoint

Nous remercions aussi Elaine Lamoureux pour son hospitalité et sa bonne humeur, Bernard Douaud pour la clairvoyance du regard qu'il nous a apporté sur le territoire, Marc Ferré pour sa disponibilité, Jean-Yves Rigaud pour son initiative et sa motivation, Chantale pour son accueil, Alain pour la balade sous les pins, Patrick Deville pour son attention, son écoute, et ses précieuses histoires, Henri Poinot et Alain David pour le temps qu'ils nous ont accordé, la visite et les plans du musée de la Marine, Bosco pour nous avoir fait voyager, Yvonnick Chéreau pour son implication, et la visite du Brévinois, Estelle Laboureur, Hélène, Mme Mabileau et son amie, Océane, Guiliane, Rodolphe et leur maman et tous les autres Brévinois que nous avons croisés, écoutés, questionnés, et qui ont pris le temps de nous donner des réponses.

Simone et Lucien Kroll, jardinière paysagiste et architecte ;Cendrine Robelin, cinéaste ;Flore Grassiot, architecte ;Ricardo Basualdo, artiste et scénographe urbain ;Evelyne Thoby, responsable de la reprographie de l’ENSA Nantes, pour son travail ;Pierre Cahurel, graphiste, pour son implication ;Chérif Hanna, Saweta Clouet et Jean-Yves Petiteau, enseignants à l’ENSA Nantes ;

Nous tenons aussi à remercier Arnaud, Solène et Clémentine pour les semaines de travail dans la bonne humeur,La Renault 19 pour les 2800 kms enregistrés entre Nantes et Saint-Brevin,Kernews pour l'ambiance musicale sur la route,Céline, Elsa et Rocky pour leur soutien inconditionnel,

Marc pour sa patience inépuisable,Julie pour sa relecture attentive,

Nos amis de l'ENSAN et d'ailleurs,Nos parents, nos familles et nos proches pour leur soutien tout au long de ces études.

Directeurs d'étude : Saweta Clouet, Chérif Hanna, Jean-Yves Petiteau

arts de faire - février 2015

ESTUAIRE 2029

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"Si Chantenay, annexée à Nantes en 1908, fait partie de la ville et dea son histoire, sans doute est-elle encore une partie qui est avec la ville en même temps qu'elle s'en démarque."Daniel Pinson, Un monde perdu, des valeurs à retrouver

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Chun HungUlas ColasAbdelaziz GhanineAna BernardFlorian Bony

Estuaire 2029Estuaire de la Loire, territoire

en mouvement

Equipe étudiants :

Equipe enseignante : Chérif Hanna, Architecte Urbaniste Jean-Yves Petiteau, Anthropologue Saweta Clouet, Architecte

Intervenants : Cendrine Robelin , CinéasteFlore Grassiot, Architecte et ArtisteRicardo Basualdo, Artiste et Scénographe Urbain

Ouvrage édité en 20 exemplaires - Achevé d’imprimer en Janvier 2015

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ESTUAIRE DE LA LOIRE TERRITOIRE EN MOUVEMENT

CHANTENAY, LA BLEUE

TIRER DES BORDS

FLORIAN BONY (PFE), ANA BERNARD,CHUN HUNG,ABDELAZIZ GHANINE, ULAS COLAS

DIRECTEURS D’ÉTUDE : CHERIF HANNA, JEAN-YVES PETITEAU, SAWETA CLOUET

École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes -arts de faire-

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SOMMAIRE

6 PRÉFACE

9 AVANT-PROPOS

10 INTRODUCTION

13 IMMERSION, CECI N'EST PAS UNE FRICHE

14 Une identité industrielle16 Un site actif18 "Ici, on est dans un village"

21 RENCONTRES, AVEC LES FORCES VIVES

22 Les logiques déjà à l'oeuvre24 Itinéraires26 Atelier public, "Racontez-nous Bas-Chantenay"31 Problématisation

33 ANALYSE, TIRER DES BORDS A BAS-CHANTENAY

34 Un territoire de contrastes38 De l'aspect insulaire aux archipels40 Connecté au lointain, déconnecté du voisin42 Un fleuve à la fois proche et lointain44 Chantenay, un métacentre en devenir

47 STRATÉGIES, NUL N'EST CENSÉ IGNORER LA LOIRE

48 Itérativité, vers une approche ossadienne50 Des liens ligériens à retrouver52 Des archipels à mettre en réseau53 Le végétal fédérateur Renforcer les vocations du quartier Faire évoluer le lien avec le grand territoire Schémas stratégiques

65 PROJECTIONS

66 Bougainville, Abdelaziz Ghanine & Ana Bernard68 Bougainville, des bords à partager, Ana Bernard70 Habiter la Loire à Bas Chantenay, Abdelaziz Ghanine72 St Gobain, l'interstice, Ulas Colas75 Convergences, divergences, Chun Hung88 Moment délibératif au port de l'Esclain, Florian Bony PFE

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L’estuaire de la Loire : un territoire en mouvement

L’estuaire de la Loire est, de son origine à nos jours, le territoire de tous les départs, celui des voyageurs, des aventuriers, celui des conquérants et des émigrants.Les villes de l’estuaire se sont greffées sur les quais où ont transité les hommes, les marchandises et la valeur.

Ce territoire instable au rythme des crues, des marées, des creusements du lit d’un fleuve « sauvage » sur lequel se croisaient émigrants et commerçants est devenu l’espace privilégié d’une immigration. Le mouvement s’inverse, le territoire s’invente au fil de l’imaginaire et devient l’enjeu de multiples investissements.La valeur de ce territoire repose sur un héritage, celui des mobilités antérieures, dont les infrastructures conservent la mémoire. Elle repose sur les déplacements et mouvements qui les investissent aujourd’hui, multipliant les croisements, liens et coïncidences sur lesquels se jouent de nouveaux rapports de civilité et une nouvelle urbanité.Un monde s’invente au croisement de ces mouvements, une métropole originale se construit sur les liens que les nouveaux et anciens habitants tissent sur un paysage redécouvert donc réinventé.

La question sur laquelle repose le «ménagement» de la future métropole estuairienne, repose sur la qualité de nouveaux «espaces-temps» sollicités par la mise en résonance des différents territoires.

Tirer des bords : une métaphore pragmatique...

Mobiliser une résilienceEn mer, tirer des bords, c’est poursuivre sa route « au près serré » contre le vent.Remonter l’estuaire «  contre le vent  », souvent à « contre courant », c’est engager un parcours de reconnaissance. C’est retrouver au présent les traces d’une histoire.

Tirer des bords, c’est, en louvoyant, réveiller les traces d’un déplacement antérieur; celles des liens qui peuvent encore mobiliser le territoire.L’estuaire est un territoire en mouvement : celui du fleuve, de la marée, des marais et de l’estran que l’on protège ou que l’on sédimente. Les bâtiments ou les infrastructures ne suivent pas la même temporalité que celle des constructions ancrées sur le sol.

L’estran, les rives, les bords, les berges et les quais ne subissent pas seulement les mouvements naturels du fleuve ou de la mer, ils bordent un territoire continental. Lieux des passages et transactions qui animent, modifient et obligent à réinvestir les espaces où les hommes et marchandises embarquent ou débarquent. Ils deviennent miroir des grandes mutations économiques inscrites dans un rapport de mondialisation.

Sur un tel espace en mutation, les strates de chaque occupation recouvrent la mémoire des échanges et valeurs sur lesquelles se rejoue, périodiquement, dans un rapport d’altérité, une identité des hommes et des lieux.

PRÉFACEChérif Hanna et Jean-Yves Petiteau

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Ces implantations et ces effacements obligent, comme le monde non encore découvert, à redécouvrir un territoire qui s’invente et renaît au fil de l’histoire.Si les rives ne recelaient pas un potentiel, jamais les nouveaux conquérants ne réinvestiraient périodiquement cet espace dont la valeur repose sur la transaction. Et parce que ce territoire s’invente à chaque phase de l’histoire  ; le repérage doit être analysé et pratiqué comme une aventure  : celle d’une découverte et d’une relecture du potentiel que révèle cette identification des traces.Retrouver ces traces, c’est mobiliser des liens que chaque frontière met en tension entre des territoires, lointains ou proches. Cette reconnaissance en acte des traces qui tissent les relations potentielles d’un bord par rapport à ses différents contextes permet d’évaluer, de choisir et de construire les liens qui placent chaque projet comme l’attente d’une relation, d’un échange et d’une négociation. Ce que nous révèle chaque négociation, c’est que ce qui s’échange déborde ou déplace l’objet dans sa fonction ou sa définition première.

Les arguments de l’échange mobilisent de nouveaux contextes. Ce qui est important n’est pas toujours la fonction première, mais ce qu’elle induit comme rapports sociaux. Ce que l’on échange dans l’échange. Ce n’est jamais ni l’objet lui-même ni son usage mais sa valeur1 qui est totalement relative à la reconnaissance des partenaires de l’échange et du contexte.Sur un espace en mutation, la révélation de ce maillage dynamique est la première clé pour la mise en œuvre d’une problématique de l’aménagement.Ce sont donc les liens, le contexte et l’enjeu de chaque traversée qui permettent de

1 Ce qu’un économiste /anthropologue: Georges Hubert de Radkowski analyse dans son ouvrage : La métamorphose de la valeur, Presses universi-taires de Grenoble, 1988

réinventer le potentiel de chaque territoire.Le repérage pour cela n’est pas neutre puisque le déplacement du découvreur est déjà une mise à l’épreuve d’une interaction ; soit la reconnaissance d’un échange, qui révèle le potentiel de chaque parcelle ou fragment sollicité, par l’expérience d’un tel déplacement.L’estuaire est par excellence, un territoire en mouvement. Il n’est pas seulement le lieu d’une « identité » remarquable, mais le territoire privilégié d’une problématique nouvelle. Le lieu d’une expérience où s’explicite un regard nouveau sur le territoire.

Le master 2015 est la 8ème édition d’une démarche stratégique centrée sur l’Estuaire de la Loire. Chaque session est l’occasion d’explorer de nouveaux espaces à différentes échelles ; les mobiliser et rendre explicite des arts de faire et des arts de vivre, peu ou pas toujours reconnues par les experts et professionnels de l’aménagement.Après « La métaphore d’une île  » en 2013 et «  import/export  » en 2014, la thématique retenue pour le projet actuel « tirer des bords» tente de retrouver sur les traces de la mémoire, la dynamique d’un « ménagement » capable d’inaugurer un processus de résilience in-situ.Cette démarche propose avec les personnes qui y vivent, un projet : « ménagement/aménagement» sur les communes de : Nantes (Chantenay), Frossay, Cordemais, Donges, Paimboeuf, Trignac, Saint-Brévin. et les lisières qu’ils contaminent.

Ce livre, parce qu‘il est une reconnaissance de « l’art de vivre » et « l’art de faire » sur chaque espace abordé, est un document ressource pour aider chaque communauté à réfléchir et élaborer des propositions qui valorisent  l’identité des différents lieux et mobilisent les potentialités reconnues lors de cette première « enquête-participation », présentant un repérage et de libres propositions.

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La loire, coeur d’eau de la métropole nantaise, artère de l’Estuaire

Fleuve sauvage, puis transformé, dompté et urbanisé, la Loire a tenu un rôle majeur dans le développement des villes qu’il affleure. Ses rives hébergent habitations, entreprises, zones portuaires et naturelles mais aussi lieux de promenade et de franchissement...

Quelques connaissances générales des enjeux ligériens, diverses images mentales des communes du littoral estuairien, certes, mais qu’en est-il réellement? Et quel est vraiment l’impact de ce fleuve dont on parle tant mais dont on semble si éloigné? C’est avec ces interrogations et cette envie d’y répondre et de participer au requestionnement de la place de ce fleuve, que nous avons débuté ce semestre. En effet, une stratégie de reconquête de la Loire, mais aussi de ses rives, est mise en oeuvre depuis plusieurs années et est d’autant plus présente avec l’ouverture du grand débat sur la Loire en octobre 2014.

Prendre part à ces réflexions sur un territoire bien défini de l’Estuaire nous permet d’appréhender un travail d’investigation et d’analyse sur les stratégies locales et

rayonnantes déjà mises en place mais qui restent également à imaginer ainsi que sur les différentes perceptions des multiples acteurs concernés. Le territoire que nous avons alors choisi d’étudier concerne le secteur du Bas-Chantenay. Territoire aux enjeux métropolitains pluriels et dont la volonté de réaménagement se fait de plus en plus pressante.

Procédant à une démarche d’enquête de terrain, nos diverses rencontres nous ont permis d’engager un travail perspectif et prospectif en dialogue avec les personnes qui pratiquent ce territoire, habitants, travailleurs ou simples passants.

Tirer des bords à Bas-Chantenay résonne alors pour nous comme une volonté de mise en tension et de mise en relation des enjeux, des espaces, des reconnaissances sociales et plus généralement de tout ce qu’il nous a été permis d’écouter, de voir, durant ce semestre.

AVANT PROPOS

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L'estuaire a connu progressivement une spécialisation de ses activités, rattachées à des lieux précis, ce qui n'a pas été sans rivalités, surtout entre Nantes et Saint-Nazaire (ex. de la position de la gare de Nantes), et Nantes a perdu peu à peu son rôle de place portuaire de premier plan.

Suite à la fermeture du dernier chantier naval en 1987, Nantes a dû se réinventer des vocations, et cela est passé notamment par une période de réconciliation de Nantes avec son voisinage  : mise en place de l'intercommunalité en 1992, création du District de l'agglomération nantaise, création de l'espace métropolitain Loire-Bretagne et redécouverte de l'estuaire et

de son potentiel économique, naturel et touristique.

Celui-ci est un territoire en mouvement  : le fleuve, la marée, les crues définissent une limite parfois floue ou remise en cause, et les bâtiments ne sont pas fixés sur la même temporalité que celle d'un sol immobile. Les rives du fleuve sont des lieux de porosité entre les territoires et sont souvent davantage sensibles aux évolutions sociales et économiques, et donc des espaces à fort potentiel de mutabilité.

Le Bas-Chantenay, site que l'on a étudié, en est un exemple flagrant. C'est un lieu discuté et connu en tant que territoire

LE TERRITOIRE EN MOUVEMENT

« Ville de tous les possibles » pour André Breton, Nantes a toujours occupé une place à part dans son rapport à l'ensemble du territoire national. Sa position singulière, au débouché du plus grand fleuve, en a fait une des portes d'entrée du pays et un lieu d'échanges et de brassages, parfois autonome par rapport à son environnement immédiat, et faisant écho à des significations et des interrelations bien plus lointaines, d'échelle européenne ou mondiale.

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propice à des projets de transformation et d'expérimentation. Il est d'ailleurs en ce moment l'objet d'une opération de renouvellement urbain menée par Reichen & Robert et ses associés.

Le secteur de réflexion occupe un positionnement stratégique dans l’aire géographique nantaise, au cœur d’une entité paysagère marquée par sa topographie et son paysage.

Le Bas Chantenay est à la croisée de plusieurs entités urbaines; du quartier de faubourg de la Roche Maurice sous le pont de Cheviré, au nouvel îlot de l’ancien site Alstom, des hauteurs de la butte Sainte-Anne aux escarpements de la fin du Sillon de Bretagne donnant naissance à la carrière de la Meuse. Il est également traversé par des axes routiers et ferroviaires d’accès à Nantes et contient de grandes emprises industrielles et tertiaires, dont certaines en berge directe de Loire. Porteur d’une histoire très active de la Ville dans son rapport au Fleuve, sur l’axe historique ville-port, son devenir doit

s’inscrire non pas dans une continuité stricte, mais dans la compréhension de ce passé, et dans une transformation progressive et évolutive, à l’écoute de l’émergence de nouveaux usages et programmes.

L’ambition de Nantes Métropole Aménagement est d’entamer une démarche urbaine innovante pour l’entrée de ville côté ouest, en relation directe avec l’Île de Nantes et le futur projet des îles de Rezé et Pirmil.

La situation privilégiée du secteur en bord de Loire et en aval du centre-ville, ses fortes potentialités foncières et patrimoniales en font un enjeu de développement à l’échelle de la métropole. Le nouveau Bas Chantenay sera un trait d’union entre les communes limitrophes de l’estuaire, les territoires des berges de Loire et les secteurs dynamiques du centre et de l’Île de Nantes.

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CECI, N'EST PAS UNE FRICHE

IMMERSION

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Le passé du territoireLe quartier du Bas Chantenay a été fortement marqué par la présence des chantiers navals, des silos, des entrepôts, des brasseries et autres sites industriels. Avec le premier coup d’œil en arrivant, nous pouvons remarquer toute de suite ses ambiances spatiales complètement différentes de Nantes. Le tissu urbain considérablement influencé par l’apparition du chemin de fer, les activités industrielles et portuaires mettent en récit de l’histoire de Bas Chantenay. Dès 1738, la saturation des activités industrielles et portuaires de l'île de Nantes et du quai de la Fosse a conduit à un déplacement de celles-ci vers l'ouest à l'écart de Nantes. Jusqu’au XIXe siècle et au début du XXe siècle, elles se développaient considérablement, provoquant la croissance de la population sur le côteau, et également en bord de la Loire et en contrebas de la butte Sainte-Anne. L’habitat populaire et les cités ouvrières se sont donc développés en concomitance avec l’arrivée des entreprises, offrant une image de quartier populaire et industriel au site.

UNE IDENTITE INDUSTRIELLE

carte historique en 1869

carte historique en 1905

carte historique en 2015

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L’évolution du Bas Chantenay s’inscrit dans une histoire urbaine et industrielle qui ne doit pas être niée, mais bien au contraire qui peut composer la base du développement futur. Il s’agit de reconnaître les éléments historiques, paysagers, architecturaux, environnementaux, sociaux… qui peuvent constituer un support solide pour ancrer la transformation du territoire dans un processus de sédimentation et de renouvellement. Il ne faut pas être figé en récapitulant simplement le passé, en revanche, nous devons retrouver les vocations et les qualités spatiales du site en les mettant en mouvement pour le futur

développement territorial. Cela peut consister :- à « patrimonialiser » et/ou à recycler certains éléments (par exemple la grue noire au chantier Dubigeon et la cale Crucy dont ses particularités historiques est de faire un rappel de ce qui s’est passé in situ, et aussi de donner une possibilité de remise en valeur du territoire.- à tenir compte du paysage particulier que dessine le tissu industriel et portuaire : Retrouver le lien à la Loire ; revaloriser des terrains industriels délaissés, etc.

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UN SITE ACTIFNous pouvons facilement négliger ce qui se passe à Bas Chantenay en empruntant la rue des usines ou le boulevard Maréchal Juin, ayant une impression déserte et morne de ce territoire. La première image de Bas Chantenay est calme, écartée de Nantes, on ne se rend pas compte que c’est un site en réalité très actif à plusieurs échelles différentes.

Le terminal céréalier à Roche-Maurice, les activités navales, artistiques et créatives auchantier de l’Esclain et également le long le boulevard de Chantenay, le port à sec très actif et bien situé au bord de la Loire, les entreprises et les entrepôts le long la rue des usines, la présence singulière de la voie ferrée, sont autant d'activités qui définissent le caractère particulier de Bas Chantenay induisent une lecture différenciée des territoires aux alentours. Avec tous les différentiels qu’il admet, Bas Chantenay possède une capacité industrieuse, un berceau d’activités industrielles, portuaires et artistiques, ainsi que de multiples usages imbriqués, montrant une dynamique et une vocation potentielle pour le futur développement.

Nantes Saint-Nazaire est le premier port de la façade atlantique française et 4e Grand Port Maritime. Les ports multi-spécialistes, répartis le long la Loire, ont des usages spécifiques à chaque site. Nous pouvons remarquer une concentration évidente sur les sites en aval mais une présence également non négligeable sur les sites en amont. A ces sites amont (Bas Chantenay, Cheviré, le Quai Wilson), le trafic maritime est bien présent puisqu’on enregistre en total environ 300 bateaux/an. D’autant plus que la seule zone d’évitage se situe à l’ouest de l’île de Nantes. Le terminal

céréalier de Roche-Maurice, un des plus importants du Grand Ouest, enregistre en moyenne plus d’un million de tonnes qui transitent chaque année par ses différentes installations : le stockage, l’emmagasinage et l’ensachage. Cette zone répond donc à un trafic fluvial mais également routier et ferroviaire puisque de nombreux trains de FRET sont aussi utilisés pour l’export de céréales.

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carte d'activités à Bas Chantenay

carte d'activité - Estuaire

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« ICI,ON EST DANS UN VILLAGE »«Attention, être de Chantenay, c’est pas être de Nantes ou de Saint-Herblain. On peut même dire qu’être du Bas Chantenay, ce n’est pas du Haut Chantenay ! Et on avait beau être Nantais, on ne disait jamais qu’on se rendait au centre-ville, on disait : on va à Nantes ! »On est conscient ou inconscient de l’identité villageoise, mais l’esprit de village peut être distingué par l’utilisation de langage.

quartier Saint-Martin

quartier Saint-Martin

La forme urbaine et architecturaleChantenay, ancienne commune « rebelle », s’est vue annexée à Nantes au début du XXe siècle. Composée de multiples microquartiers (Salorges, Sainte-Anne, Mairie de Chantenay, Jean-Macé, Saint-Martin, Roche-Maurice, Bas Chantenay, Cheviré…), elle accueille actuellement une population d’environ 25 000 habitants. Commune ouvrière, un des territoires nantais les plus pauvres, le port fournissait le travail dans les conserveries, le chantier naval, la raffinerie de sucre ou autres usines. Le tissu urbain faubourien et les maisons pavillonnaires se sont développés au fil du temps en concomitance avec l’extension de la ville de Nantes, ainsi qu’avec l’installation des activités industrielles et portuaires à Bas Chantenay, offrant une esthétique et une ambiance différentes du centre-ville. Les quartiers sont caractérisés par leurs petites maisons et leurs jardins clos. Certains secteurs conservent des rues étroites et sinueuses. Nous pouvons donc nous promener avec nos propres cheminements en nous imprégnant de la tranquillité et du calme de ces ruelles. Habiter une ville, c’est y tisser par les allées et venues journalières un lacis de parcours articulés autour d'espaces distinctifs. La mise en réseaux des cheminements nous permet de découvrir les diverses qualités de ces lieux. L’image de village peut être créée

par la remise en mouvement de ces petits cheminements.

Les lieux de vie sociale et les espaces publics"Le village dans la ville", impression donnait par une prise de liberté et d'autonomie plus importante ici qu’ailleurs. La première fois où nous avons visité Bas Chantenay, nous avons remarqué qu’une appropriation très présente de l’espace public. Les jeunes artistes s’installent directement sur le

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trottoir au boulevard de Chantenay avec les tables, les chaises, les canapés et les barbecues. Cela se fait naturellement comme s'il s'agissait d'une extension spatiale de l’intérieur vers l’extérieur. Deux autres artistes de galerie « Short »jouent à la pétanque dans la rue, à l’aise. La vie est déployée ici plus librement au gré du besoin. L’ambiance du quartier est plus douce et moins tendue que celle du centre-ville.

La convivialitéIl y a une convivialité qui règne à Bas Chantenay. Au jour de notre visite, nous sommes tombés sur un petit concert organisé par l’association Ingalan. Rencontre qui se tenait dans une atmosphère très chaleureuse. Tout le monde se connaît au final. Contrairement en ville, les rapports sociaux sont relativement plus proches et plus intimes.

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AVEC LES FORCES VIVES

RENCONTRE

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Le Bas Chantenay pour Nantes MétropoleÀ Nantes Métropole, le chef de projet chargé de la prospective territoriale de Bas Chantenay est Vincent Morandeau. Il accepte de nous recevoir le vendredi 10 octobre 2014, afin de nous expliquer la position et les projections de Nantes Métropole pour ce territoire.Après l'ile de Nantes ou bien la ZAC de la Bottière Chénaie, le nouveau projet phare de la métropole nantaise sera le Bas Chantenay. Avec son identité industrialo-portuaire, sa configuration géographique en coteau sur le fleuve, sa proximité du centre-ville et de l’île de Nantes ainsi que sa position d'entrée de ville, la ville perçoit Bas-Chantenay comme un quartier à fort potentiel. Elle envisage son développement en s'appuyant sur deux enjeux majeurs : la construction d’un quartier mixte incluant bureaux, commerces, logements, ainsi que le soutien et le développement des activités industrielles et économiques. Plusieurs sites à enjeux ont été identifiés, comme la gare de Chantenay, le boulevard de Chantenay, Armor, la grue noire, les cales, les Oblates ou le centre de réparation automobile.La ville étudie également les enjeux liés aux

déplacements et en particulier la connexion du quartier avec le cœur de la métropole. L'accent est aussi mis sur le lien du quartier avec le fleuve, la Loire est perçue comme un élément structurant du projet urbain et des propositions architecturales à venir. Vincent Morandeau souligne déjà l'intérêt de renforcer les services nautiques : mise à l'eau, accastillage, entretien... De fait, la ville doit collaborer avec le Grand Port Maritime de Nantes-Saint Nazaire afin de déterminer les projets envisageables sur les berges, les quais, les activités portuaires et les cales.De plus, à une échelle d'étude territoriale plus grande, Nantes Métropole réfléchi en parallèle du projet Bas Chantenay à un franchissement entre ce dernier et Rezé. Il aurait pour objectif de désengorger le pont de Cheviré actuellement saturé, mais le moyen utilisé reste encore indéterminé  : entre pont et tunnel, il n'y a rien de sûr. Vincent Morandeau nous rassure en nous expliquant que ce franchissement n'est pas prévu avant 2030.Afin de mieux appréhender ce territoire complexe, plusieurs études ont été menées par la ville : une étude exploratoire du potentiel urbain du quartier réalisée par

LES LOGIQUES À L'ŒUVRE Bas Chantenay fait depuis 2010 l'objet d'une démarche de projet urbain initié et gérée par Nantes Métropole. Sur ce territoire complexe, une multitude d'acteurs interviennent : Nantes Métropole a fait appel à Nantes Métropole Aménagement, un prestataire public-privé pour piloter le projet ainsi qu'à l'équipe d'architectes-urbanistes de Reichen&Robert et associés pour la prospection urbaine.De plus, la collaboration avec le Grand Port Maritime de Nantes-Saint Nazaire est inévitable puisque la structure possède et gère les quais et les infrastructures portuaires du territoire.

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Marcel Smets, une étude stratégique de développement économique, un inventaire patrimonial, un «diagnostic sensible du paysage» réalisé en collaboration avec les habitants. Certains de ces travaux, auxquels nous avons pu accéder nous ont aidé et appuyé dans nos démarches collectives et individuelles. L'équipe Reichen&Robert et associés s'en nourrit également pour imaginer l'avenir du site.

Le Bas Chantenay pour le Grand Port Maritime de Nantes Saint-NazaireLe GPMNST, étant propriétaire de la majorité des infrastructures portuaires et de certains terrains en bord de fleuve, joue un rôle déterminant dans le devenir du Bas Chantenay. De fait, leur dialogue et échange avec les politiques publiques est incontournable. Au début du mois d'octobre, nous rencontrons Katell Cornec Lepage, chargée de mission aménagement au GPMNSN afin d'en apprendre plus sur les enjeux actuels et les potentialités de la Loire. Elle nous rappelle qu'au-delà des volontés habitantes et des envies politiques d'ouvrir le quartier sur le fleuve il ne faut pas oublier que des activités économiques prennent encore place sur le territoire. Cependant certains sites en bord de Loire ne sont plus actifs actuellement et Katell Cornec Lepage laisse penser qu'avec un état des lieux des infrastructures et des quais, et une proposition architecturale et programmatique de qualité, certains projets pourraient être envisageables. Concernant le franchissement Bas Chantenay-Rezé, le GPMNSN n'a fait qu'apporter des informations techniques à la métropole nantaise, mais leur envie semble se porter plus sur un tunnel qu'un pont levant. En effet, le pont levant ralentirait terriblement le trafic routier et pourrait même engorger les routes. Au contraire, le tunnel permettrait une circulation automobile fluide. Cependant, la traversée des piétons sera impossible

et le tunnel n'apportera pas ou peu de qualité spatiale et architecturale. De fait, il faudra peut-être envisager une alternative à la traversée pour les piétons et imaginer un tunnel qui ne perturbe pas le développement parallèle du quartier.

Le Bas Chantenay selon Reichen et RobertSélectionné par la ville en avril 2013, c'est le groupe d'architectes-urbanistes Reichen&Robert et associés qui est chargé du pilotage et de la création du projet urbain à Bas Chantenay. Nous avons eu par le biais de Chérif Hanna qui fut membre de leur jury de sélection, écho de quelques unes de leurs premières intentions. L'une des propositions marquantes est la mise en place d'un atelier public péren dans le bâtiment de l'ancienne table à tracer. Avec la conception d'une grande maquette autour de laquelle les habitants pourraient participer à la création du projet urbain. Un tel lieu nous semble également essentiel, au vu de la forte implication habitante. De plus pour les architectes-urbanistes le Bas Chantenay ne se fera pas sans le Haut. Autrement dit, c'est en travaillant le lien et les connexions nord-sud qu'ils souhaitent développer le quartier. Cette démarche nous semble très pertinente au vu de la rupture physique et sociale des deux territoires et de la complémentarité programmatique envisageable.

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L'itinéraire est une méthode d’enquête qui permet la découverte d'un territoire par celui qui l'habite. Dans cette méthode singulière, le rôle d'interrogateur et d’interrogé s'effacent pour laisser place à l'écoute et l'acceptation. L'investigateur se positionne en retrait tandis que l'autre

prend le rôle de guide. Une grande liberté est donnée à l'habitant qui peut choisir le parcours et le temps qu'il souhaite partager.Parmi les habitants du quartier, deux ont accepté de nous faire découvrir «  leur  » Bas Chantenay.

LES ITINÉRAIRESL'immersion et l’appréhension du territoire au travers du regard de l'autre furent une part importante de notre démarche. Au fil des rencontres, qu'elles soient programmées ou imprévues notre travail s'est enrichi et des portes sur des pistes que nous ne soupçonnions pas se sont ouvertes.La réalisation d'itinéraires, une démarche enseignée par Jean-Yves Petiteau, sociologue et enseignant de l'atelier de projet Estuaire 2029, aida largement à notre immersion.

Itinéraire avec Luc Rosselot, docker chez Sodistock

Itinéraire avec Luc Pascal Noiret, bijoutier au chantier de l'Esclain

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Luc, le dockerLuc Rosselot est docker au terminal céréalier Sodistock. Il fait partie de l'ancienne génération qui a connu les temps difficiles des luttes ouvrières. Pendant deux heures il a partagé avec nous une partie de son quotidien et nous a fait découvrir le site de Sodistock. Nous avons même la chance de monter sur un navire céréalier.

Pascal, le bijoutierPascal Noiret est bijoutier. Il travaille et vend ses créations depuis son atelier au pied du château d'eau du chantier de l'Esclain. Chaque année, il est également l'un des organisateurs du festival «  les Enchantenay » qui prend place à l'Esclain.

"Dominique il s'en va fin novembre [...] et puis moi je m'en irai dans 18 mois. [...] On part en pénibilité et puis on a boufé de l'amiante. on a des collègue qui sont mort à cinquante ans."

"Nous quand on est entré en 82, on était 400 dockers. En 91, on était 190. En 92, on a subi une réforme portuaire [...] et on est resté à 50 dockers"

"La le bateau, il est dans le sens pour partir vers St Nazaire. Mais quand il arrive, il est dans l'autre sens. Il va faire un demi-tour, on appelle ça éviter. Il va vers Trentemoult. C'est impressionnant. T’as vu sa longueur?"

"Quand je suis arrivé ici, j'étais bijoutier en pré-installation, j'étais en quête d'un lieu eu onéreux parce que peu de moyens, un lieu aussi qui puisse me permettre d'être tranquille pour travailler, d'être un peu aussi dans un univers proche du mien, dans l'idéal."

" Ce qui m'a intéressé, ce qui m'a plu aussi, c'est le site. J'ai vécu à la mer très longtemps, bercé un peu par les zones portuaires, les chantiers navals... On est quelque part dans une bulle où on est préservé de la ville, de tout ce qu'est la ville, en perpétuelle évolution. Ici ça évolue de manière différente, à échelle humaine, j'ai envie de dire, plus …"

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Difficulté à trouver un lieuNotre difficulté à entrer en contact avec la mairie de quartier nous oblige à penser une autre solution pour trouver un lieu. Ainsi, c'est à Quentin Vigneau , propriétaire de l'Esclain que nous demandons de l'aide. Il accepte de nous accueillir, mais pour des raisons de sécurité nous devrons nous contenter d'être à l'extérieur. Nous acceptons. Ingalan, l'association de commerce équitable, et le collectif d'architectes mit complète notre installation en mettant à notre disposition un barnum et du mobilier.

La nécessité de devenir mobile

La première journée d'atelier public que nous passons au chantier de l'Esclain n'est pas convaincante. Malgré une distribution importante de flyers, et d'affiches, nous ne rencontrons que quatre personnes. En effet, nous ne sommes pas très visibles et loin des flux de piétons. Nous prenons alors conscience qu'être mobile serait plus adapté sur ce territoire fragmenté et nous décidons de réagir rapidement en créant un dispositif grâce à un chariot roulant prêté par le collectif mit. Le dispositif est attrayant et les personnes croisées sont curieuses, nous nous arrêtons dans la rue au gré des rencontres, mais aussi devant les terrasses de café et les bâtiments

L'ATELIER PUBLICSuite aux nombreuses rencontres informelles, nous organisons un atelier public auquel les habitants sont invités à participer. Flore Grassiot, architecte travaillant entre la France et la Belgique habituée à la mise en place d'échange avec l'habitant, nous accompagne dans la démarche. Ainsi du 22 au 25 octobre prend place à Bas Chantenay, l'atelier public « Racontez-nous Bas-Chantenay »

Jour 1 : mercredi 22 octobre au chantier de l'Esclain

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publics comme la mairie. Durant les quatre journées nous avons pratiqué avec l'atelier public roulant le nord, le sud, l'est et l'ouest du territoire  : allant à la rencontre des artistes de l'Esclain, des aménageurs de camions, des SDF, des habitants du Haut Chantenay et même des Roms.

Un temps fortLes ateliers publics ont été déterminants dans nos projets individuels. Prendre part au quotidien des habitants, les écouter raconter la manière dont ils pratiquent leur quartier et les envies qu'ils y projettent nous a permis d'avoir une approche plus sensible sur laquelle nous nous sommes

appuyés tout au long de notre travail.

Jour 2 : Jeudi 23 octobre, en route vers la mairie

Affiche "Racontez nous Bas-Chantenay" Atelier public, devant la mairie annexe de Bas Chantenay

Post-it, parole habitante

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Carte mentaleTous les soirs après nos journées d'ateliers publics, nous nous retrouvions en groupe pour discuter et faire un retour sur la journée. Ce temps était essentiel pour nous imprégner collectivement et prendre conscience de la matière recueillie. De plus, spontanément, nous avons commencé à dessiner une carte pour synthétiser les idées majeures proposées par les habitants pour le Bas Chantenay et nous l'avons poursuivi tous les soirs de nos ateliers publics.

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PARLER-ÉCRIRE-CONTROVERSERL'un des intérêts de la démarche parler/ écrire a été de nous montrer les tenants et les aboutissants d'une démarche itérative. Elle nous a permis de prendre conscience de ce qui nous a nous même mobilisé, d'en faire le repérage et de dire ce qui vaut la peine d'être mis en débat. La volonté de rendre les habitants parti-prenants étant relativement récente dans la démarche de l'architecte, elle n'est pas encore vraiment associée à son image dans l'esprit des personnes.

Beaucoup considèrent cela comme une forme de pillage de leur parole, pour compenser le manque de connaissances de la part des maîtres-d'oeuvres, et ils n'en voient bien souvent pas le retour : « Pour moi c'est de l'escroquerie, ça sert à rien. Je l'ai vu des dixaines de fois. Des urbanistes, des sociologues qui débarquent dans ce quartier pour inventer le fil à couper le beurre. Pour au résultat dire  : il faut des accès, il faut des transports en commun, il faut de la convivialité, très bien, ils ont tout a fait raison... » confiait cyniquement le responsable de la SCI des chantiers. Il a fallu surmonter cette image de concepteurs ignorants drapés de bonnes intentions qui nous collait à la peau pour rentrer en délibération.

La recherche du parler/écrire a permis de nous donner une méthode d'approche. Nous avons ainsi décidé de ne pas fixer à l'avance ce que devrait être leur don, de ne pas orienter la parole, ni la forme du retour pour qu'elle n'aient pas de formes instituées.

Mais cela nécessitait toujours une impulsion de notre part, un stimulus, pour que la parole ne soit pas un ensemble de constats objectifs. Cela permettait également d'établir un dialogue

entre des personnes qui ne se connaissaient pas, et de les faire partager ensemble leur vécu du site. Il ne s'agissait pas seulement d'analyser la parole, mais aussi de prendre la responsabilité de faire une translation avec ce que l'on élaborait, sans que le projet devienne pour autant exactement ce que les personnes voulaient entendre.

L'idée essentielle qui émanait du parler / écrire selon nous est que le projet issu de cette démarche doit être un prolongement de la volonté et des initiatives des habitants.

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PROBLÉMATISATIONSuite à toutes ces rencontres, nous avons commencé à avoir une lecture plus poussée du quartier et des problématiques ont émergé.

Alors que nous concevions le Bas Chantenay comme un territoire insulaire, nous avons pris conscience de son organisation archipélique. En effet, différents groupes d'individus qui vivent pourtant proches les uns des autres se rencontrent et se parlent peu. Ce manque de lien est également vrai avec le territoire métropolitain : nous-mêmes l'avons expérimenté et les habitants l'on confirmé, il n'est pas aisé de venir depuis le centre-ville jusque Bas Chantenay. De plus entre le Haut Chantenay et le Bas Chantenay les liens sont limités par le passage de la voie ferré et au Sud aucun moyen de franchissement fluvial n'existe encore pour aller à Rezé ou encore à Trentemoult. Ce constat peut paraître assez paradoxal, lorsque l'on identifie les pays dans lesquels les céréales sont exportées par Sodistock  : Nouvelle-Zélande, Maghreb… De plus, on identifie clairement l'envie des habitants de nouer un lien, aujourd'hui quasi inexistant, avec la Loire. La plupart des propositions faites par les personnes rencontrées lors de l'atelier public ont d'ailleurs rapport au fleuve  : pont transbordeur, piscine sur la Loire, port... Nantes Métropole envisage également d'aménager les bords de Loire, mais qu'en est il réellement, des négociations sont nécessaires avec le GPMNSN et les entreprises qui se trouvent sur la rive. Bien qu'il n'y ait que peu de mètres séparant les habitants de la Loire, celle reste encore loin du fait des différentes activités privées qui y prennent aujourd'hui place.

Enfin, nous retenons de Bas Chantenay la forte implication habitante. Notamment au chantier de l'Esclain, géré par son propriétaire Quentin Vigneau, qui, en permettant à des artistes, des artisans, des collectifs ou encore des associations de louer des espaces à faible coût, a initié l'ambiance conviviale de village qui y règne. Tous fabriquent avec leurs initiatives l'identité alternative du quartier. Renforcer cette identité et travailler avec les forces vives déjà à l'oeuvre sur le territoire sera pour nous essentiel pour faire de Bas Chantenay un fragment du territoire nantais.

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TIRER DES BORDS A CHANTENAY

ANALYSE

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légende. un peu perché...

UN TERRITOIRE DE CONTRASTES

Contraste des densitésCe contraste de gabarits se superpose avec un autre type constate qu’on peut rencontrer sur ce territoire, qui est celui des densités, cette dernière est maximale à l’Est surtout dans le quartier de Bougainville, où on trouve les gabarits les moins importants, et elle décroit au fur et à mesure qu’on s’éloigne vers l'Ouest. À titre d’exemple si on calcule les densités du site

Carte des contrastes des gabarits et des densités

Contraste de gabarit et de hauteur Selon qu’on soit à l’ouest ou à l’est de ce territoire, un contraste de gabarit est constaté, parfois une différence de hauteur flagrante nous saute aux yeux, ainsi on y trouve des bâtiments d’une trentaine de mètres se juxtaposant avec d’autres beaucoup moins hauts. Certains de ces bâtiments (la grue noire, et les silos Sodistock par exemple), avec leurs gabarits importants ainsi que l’histoire à laquelle ils renvoient, deviennent de vrais éléments de repères au sein de ce territoire. Selon leur importance les noms de ces bâtiments peuvent parfois se généraliser et devenir des connotations des lieux dans lesquels ils s’insèrent

du Bougainville à l’Est, celui de l’entreprise ARMOR au milieu, et le site de Saint-Gobain à l’Ouest on s’aperçoit que le premier est occupé à 84 %, le deuxième à 25 % et le dernier à 10 %. Le premier site correspond à l’habitat, le deuxième à un site en activité, et le troisième à une friche industrielle. Cette donnée est assez évocatrice quant à la nature des parcelles

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légende. un peu perché...

Carte des contrastes des gabarits et des densités

vides, et des projets à requalifier ou à rénover. Faut-il chercher à unifier ces espaces contrastés ? Comment cette unification va-t-elle contribuer à la promotion de ce territoire ?

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Contraste dans l'aspect architecturalLa multifonctionnalité du site peut se lire à travers la diversité architecturale qu’il recèle, en effet il y’a bien une différence flagrante entre les maisons ouvrières du quartier Bougainville, et les boites à chaussures dispersées sur tout le site de Bas Chantenay, l’aspect architectural de ces dernières est dépouillé de toute ornementation.

Des boîtes en tôle assemblées rapidement sur le site, ayant pour seule préoccupation le seul facteur de rentabilité, sont des structures toujours prêtes à être démontées pour un éventuel dès que les facteurs économiques, politiques ou naturels le justifient. Une fois parties le site ne va forcément pas se souvenir d’elles, contrairement aux anciennes structures industrielles qui, certes ne sont plus actives, mais influencent toujours l’imagibilité du site. Ces structures

Ancienne savonnerie au chantier de l'Esclain

Entreprise ARMOR

sont la plupart du temps requalifiées pour accueillir de nouvelles activités à l’image du bâtiment de la Rizerie Levesque actuellement occupé par le Royal de Luxe. Parfois ces anciennes structures industrielles sont en ruines, et malgré leur état critique les avis sont unanimes concernant la nécessité de leur réhabilitation, l’exemple de l’ancienne savonnerie est très parlant en ce cas.À une échelle plus détaillée, et au sein du même quartier du Bougainville, un contraste dans l’aspect architectural des maisons ouvrières est constaté, on y trouve des maisons bien conservées et classées comme patrimoine, se juxtaposant avec d’autres laissées à l’abandon.

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Contraste dans la structure viaireLe système viaire de Bas Chantenay est très complexe, on y trouve des boulevards très fréquentés et bien aménagés, comme le boulevard de Cardiff, et des rues délaissées, mal entretenues et très peu fréquentées, ces deux typologies présentent chacune d’elles des inconvénients au sujet duquel les habitants de Bas Chantenay protestent. Le flux importants, que reçoit le Boulevard de Cardiff par exemple, deviennet vite une rupture, et un obstacle pour les habitants qui ont du mal à le traverser, et inversement, l’aspect désertique de la rue des Chantiers de Crucy à l’intérieur du quartier du Bougainville confère à celle-ci une qualité de refuge pour des gens qui viennent consommer des interdits loin des regards, ce qui constitue un problème majeur pour les habitants de ce quartier.

Coupes schématiques de :

-Le boulevard du Cardiff,

-Le boulevard de Chantenay

-La rue des Chantiers Crucy

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Sa constitution géologique et le fait d'avoir voué le Bas Chantenay à deux fonctions, industrielle et portuaire, l'a poussé à être déconnecté du reste de la ville et a ainsi développé un aspect insulaire. Ceci, renforcé par des limites physiques fortes telles que le boulevard Maréchal juin qui sépare la zone à majorité résidentielle de la zone du Bas Chantenay. Et à l'intérieur même du Bas Chantenay, l'autre limite physique forte que représentent les lignes ferroviaires décompose également ce site en deux parties distinctes avec néanmoins certaines connexions indispensables dues au trafic ferroviaire et routier et à la passerelle piétonne. En terme d'usage, on peut également identifier trois zones plus ou moins spécialisées dans une fonction :-la zone portuaire du Grand Port maritime avec son terminal céréalier qui constitue l'une des dernières zones portuaires nantaises.-la zone industrielle qui comporte de multiples entreprises ayant aujourd'hui peu de liens entre elles et surtout très peu de lien à la Loire. -la troisième zone est une zone mixte comprenant à la fois des entreprises

DE L'ASPECT INSULAIRE AUX ARCHIPELS

Cartes montrant l'aspect insulaire du Bas Chantenay

industrielles, des secteurs d'habitations se paupérisant, quelques services et commerces, les chantiers de l'Esclain, et de multiples activités associatives et tertiaires qui ont bénéficié des faibles prix de loyer pour s'y installer.

Ces différentes zones nous incitent à repenser l'aspect insulaire du Bas Chantenay et on peut le reconsidérer non plus comme une île, mais comme un agglomérat d'archipels qui représentent à la fois les fonctions hétéroclites et les personnes qui y prennent part. Dans tout cet ensemble réside l'héritage d'un quartier au caractère populaire fort, aujourd'hui prolongé par la présence d'habitants aux faibles revenus, des bars réunissant d'anciens habitants ou travailleurs du quartier, des restaurants ouvriers, mais également par l'émergence d'un réseau associatif important. Une forte ambiance de quartier règne donc sur ce bout de territoire, avec un rythme urbain différent du reste de la ville, un esprit plus de « débrouillardise » et de recherche d’alternatives, une convivialité particulière donnant au Bas Chantenay un caractère de « village dans la ville ».

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Étant principalement un site portuaire et industriel le Bas Chantenay est un territoire extraverti, la présence du port industriel lui permet de tisser des liens à l’échelle mondiale : les plus connues sont la liaison avec la France, l'Afrique du Nord assurées par l’entreprise Sodistock via le Grand port maritime. À côté de cela les industries présentes sur le site interviennent à l’échelle continentale pour la plupart. Un organigramme fonctionnel retraçant par exemple la destination des produits ARMOR sur le continent européen est très parlant en ce sens. Le site présente une position privilégiée d'entrée de ville de Nantes et de point d’aboutissement de l’Estuaire, ce qui le rend très connecté aux territoires qui l’entourent. Cette extraversion est accentuée par la multimodalité qui laisse le Bas Chantenay connecté au lointain avec des voies fluviales, routières et ferrées.Paradoxalement, et sur le plan local, comme nous l’avons signalé plus haut, le site se trouve enclavé de par sa formation géologique et la défaillance de son système viaire en même temps, cet enclavement le laisse déconnecté, à des degrés variables, des territoires voisins. Par exemple sur une étude spatio-temporelle on a remarqué qu’une durée de sept minutes n’est pas suffisante en voiture pour atteindre Trentemoult qui se trouve à 300 mètres (à vol d’ oiseau). Au Sud, ce trajet est multiplié par treize quand on se dirige vers le Nord, et par dix pour l’Est et l’Ouest. Cette étude nous a poussé à réfléchir à un éventuel franchissement comme on pourra le développer plus loin.

CONNECTÉ AU LOINTAIN, DÉCONNECTÉ DU VOISIN

Mais aujourd’hui la plupart de ces industries n’ont plus de lien avec la Loire, après une étude faite auprès de sept entreprises sur le site on s’est rendu compte qu’elles n’ont aucun lien les unes avec les autres, ni avec la Loire d’ailleurs, malgré leur volonté de créer des interactions entre elles et d’exploiter cet atout que constitue la Loire. On ne cherchera pas nous-mêmes à créer des liens entre ces différentes entreprises parce que ça ne relève pas de notre domaine, mais plutôt inciter leur rencontre, pour déjà instaurer un dialogue qui pourrait aboutir à des éventuels partenariats, et ceci en aménageant des espaces où ils pourront se rencontrer.

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Périmètre qu’on peut atteindre en sept minutes de marche depuis la gare de Chantenay

Périmètre qu’on peut atteindre avec une voiture, en sept minutes depuis la gare de Chantenay

Périmètre qu’on peut atteindre avec un vélo en sept minutes depuis la gare de Chantenay

Carte des temporalités

Carte montrant des liens extérieurs que développent les industries à Bas Chantenay

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UNE LOIRE À LA FOIS PROCHE ET LOITAINE

Si, sur une vue aérienne le Bas Chantenay nous parait connecté à la Loire, sur le terrain cette connexion n'est pas si évidente : sur une coupe transversale à la Loire ce territoire se décompose en différentes strates. Loire occupe une part conséquente de ce site. On sait qu’il faut assurer au moins 200 mètres de largeur pour le trafic maritime (ce qui constitue la largeur entre La Roche Maurice et Cheviré). Ce qui nous laisse une marge de manœuvre qui varie entre 20 à 50mètres à Bas Chantenay. Ensuite on a les quais qui appartiennent au Grand Port Maritime et qui varient d’une longueur de 5 à 10m. Ils ne sont pas utilisés par le port, mais ils les louent aux entreprises, ou organismes qui les

Collage sur la quartier du Bougainville qui illustre la déconnection totale du fleuve

demandent. Ce qui leur permet de garder la main mise sur ces espaces et de gérer leur vocation. Sachant que le Grand Port Maritime n’a aucune volonté de vendre ni d’accueillir le grand public sur ces quais leur accessibilité devient compliquée.Puis on a une zone d’activités avec principalement des entreprises industrielles. Le fait qu’elles soient privées et inaccessibles renforce le caractère fragmenté du site.La rue des usines délimite également le site. On a remarqué que, malgré sa limitation de vitesse à 50, peu de personnes la respectaient, ce qui ne facilite pas sa traversée.Celle-ci est également difficile sur les voies ferrées. Il y a seulement une petite passerelle

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soit avec ceux de Nantes Métropole, on s’est rendu compte que le traditionnel parcours envisagé le long des rives devient inenvisageable à Bas Chantenay, ce qui nous a poussés à réfléchir une autre alternative pour vivre cette Loire à savoir : d’une part, la mise en valeur du peu de connexions possibles qui s’offrent à nous notamment, celle des chantiers de l’Esclain, la cale Crucy, la friche Saint-Gobain, ou encore le parc Nantes Métropole qui se libèrera très prochainement, et d’autre part l’intervention sur les différents points de vue, cités en dessus qui, malgré le fait qu'ils se trouvent déconnectés de la Loire, offrent la possibilité, de par la morphologie du terrain, d’avoir des vues imprenables sur tout le territoire de Bas Chantenay, qui sera mis en scène avec la Loire par le projet.

Coupe des différentes strates

au-dessus des multiples ramifications de voies ferrées qui servent de voiesde stockage. Un peu plus loin on a encore une autre zone industrielle, suivie du boulevard Maréchal Juin extrêmement passant. Enfin il y a une zone d’activités mixtes puis le quartier résidentiel de Chantenay.On constate qu’avec toutes ces limites physiques, on retrouve peu de connexions visuelles avec la Loire, et la moitié de celles-ci ne sont pas directes mais existent sur des points hauts (passerelle de la Gare, butte Sainte-Anne, le parc des Oblates, etc). Néanmoins, on remarque certaines percées sur le site nous permettant d’accéder aux quais, comme sur les chantiers de l’Esclain ou l’ancienne cale Crucy.Après l’analyse effectuée sur le terrain et les différents entretiens réalisés soit avec des responsables du Grand Port Maritime,

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Le secteur du Bas Chantenay est de toute évidence un territoire majeur pour laville. Son développé de 4 km le long de la Loire, à proximité immédiate du centre de l’agglomération depuis le quai de la Fosse jusqu’à Roche Maurice, sur environ 150 ha, en fait à la fois un composant essentiel de son tissu urbain, de la reconquête des rives, mais aussi de l’entrée Ouest de la ville depuis l’estuaire. »

Son emplacement le lie directement aux dynamiques enclenchées par les aménagements de l’Ile de Nantes, d’Euronantes-Malakoff et Rezé-Pirmil.

Bas Chantenay a entretenu pendant des siècles un rapport avec Nantes, basé sur des bénéfices réciproques.Nantes avait à disposition pour ses usines et chantiers des ouvriers immigrés peu

payés en provenance surtout de Bretagne, et les ouvriers chantenaysiens profitaient des prix bas proposés, les marchandises n'étaient pas soumises à l'octroi dans la périphérie.Chantenay-sur-Loire fut annexée sous le prétexte du passage du boulevard de ceinture, et en réalité pour des raisons économiques : l'absence de taxes portuaires désavantageait le port de Nantes.

Si l'urbanisation de Nantes s'était faite de manière radioconcentrique, son développement récent a eu lieu de plus en plus de manière polycentrique, avec des métacentres, tels Euronantes ou l'Île. On peut supposer que la position privilégiée de Bas-Chantenay à l'aboutissement de l'estuaire et l'importance des forces qui sont à l'oeuvre dans la transformation du territoire pourront contribuer à en faire un

CHANTENAY, UN MÉTACENTRE EN DEVENIR

Les espaces portuaires, à fort potentiel de mutabilité spatiale et sociale

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nouveau métacentre.

Mais son rapport symbiotique avec Nantes a diminué de manière importante avec la fin du chantier Dubigeon : dès lors, on peut se demander quelles sont les enjeux métropolitains qui justifieraient de le recréer.

Il y a d'abord les ressources que représentent le chantier naval et les quais propriété du Grand Port Maritime. De nouvelles activités en lien avec le fleuve pourraient naître, par exemple de transport de marchandises, ce qui serait complémentaire à la plate-forme d'échanges future de Cheviré et à une éventuelle nouvelle fonction portuaire du quai Wilson. Notre projet de développement industriel essaiera de redonner sa chance au transport fluvial. Une consultation publique devra être mise en place pour déterminer le degré de légitimité de chaque industrie en bord de Loire et inciter au développement des entreprises qui favorisent ce lien.

Un scénario de croissance pourrait nous faire envisager la mutualisation d'un

quai (et de son entretien) et d'engins de manutention, et permettre un barging vers l'ouest qui est moins cher que le transport routier, limitant chargements et déchargements.

Parallèlement, nous pouvons imaginer une poursuite de la reconquête du patrimoine matériel et immatériel par les groupes d'artistes et d'artisans, qui pourraient lentement faire muter le quartier d'une vocation ouvrière / artisanale vers une vocation créative au sens large. Le quartier possède pour le moment la grande qualité d'avoir un foncier peu cher, parmi les plus accessibles de Nantes pour les créateurs : " On est quelque part dans une bulle où on est préservés de la ville, de tout ce qu'est la ville, en perpétuelle évolution. Ici ça évolue de manière différente, à échelle humaine"; le relatif enclavement peut être mis à profit par les créateurs pour conquérir l'espace public sans gêne.

Ils pourront redéfinir à Bas-Chantenay des lieux collectifs et vivants, hors normes, qui mettent à profit la liberté de la "bohême", ce que ne permettent plus vraiment les

Différenciation et complémentarité des quartiers de la création

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NUL N'EST CENSÉ IGNORER LA LOIRE

STRATÉGIES

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ITERATIVITE, VERS UNE APPROCHE OSSADIENNE

Le territoire de Chantenay est vaste et complexe, orchestrer sa mutation vers des quartiers mixtes prendra du temps et de l’engagement pour tous les acteurs concernés. Construire la ville c’est ici refaire la ville sur elle même dans une volonté de renouvellement, de révélation mais aussi d’invention. D’autant plus, que la projection urbaine à Chantenay s’inscrit inévitablement dans une histoire sociale, politique et économique extrêmement forte, qui a marqué les esprits et induit le développement de Nantes, telle que nous la connaissons aujourd’hui. C’est donc sur les potentiels et les ressources existantes, reconnues collectivement, que la transformation pourra prendre corps durablement, au profit tant des actuels habitants que des prochains

Un réaménagement co-portéLe diagnostic est pour nous, la clef de voûte du projet urbain. C’est au travers de ce qu’il relève que s’engage le projet. C’est par le prisme de ce qu’il transmet que chacun fera ses premiers pas vers un engagement partagé.

Un projet Ossadien met en place un langage qui permet d’abord d’analyser l’état dune organisation, puis de le faire évoluer et ceci en collaboration avec toutes les personnes concernées. C’est une démarche non linéaire. Des remises en question sont possibles et souhaitables dans les limites d’une gestion rigoureuse du projet, notamment lors de la validation des modèles par les participants.

Mais le diagnostic comme les propositions urbaines devront être générés par le processus de concertation et non pas simplement par celui de la consultation des divers acteurs concernés. Nos différentes rencontres avec ceux-ci, tout comme l’atelier public que nous avons pu entreprendre nous ont amenés à penser que ces démarches devaient être construites à long terme. L’étude urbaine devra alors induire la création d’espace(s) prévu(s) pour le partage des connaissances et des réflexions à mener sur le quartier.

Ces espaces, lieux d’échange et de rassemblement, permettront la construction d’une programmation urbaine souple et mouvante et non pas forcément la systémisation d’un plan directeur urbain rigide. Cette souplesse dans la programmation permettra alors des possibilités de remises en question tout au long de l’ensemble du réaménagement de ce secteur. La validation ou non des projets envisagés se ferait donc dans une démarche coopérative alliant les savoirs-faire aux diverses pratiques des espaces vécus.

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Charte des légitimitésConcernant le secteur du Bas-Chantenay, le PLU nantais donne quelques orientations d’aménagement souhaitées notamment celle d‘«une volonté politique de maintien d’un secteur d’activités lourdes». Générant plus de 3000 emplois, les diverses activités, aussi bien industrielles, portuaires qu’artisanales, ne doivent effectivement pas être négligées. Néanmoins, nous avons pu constater que la plupart des entreprises industrielles du bord de Loire ne profitaient par des opportunités procurées par leur situation.

Des requestionnements sont alors à envisager afin de déterminer leur légitimité à se situer sur des espaces aussi stratégiques. C’est ce que tente de réaliser, ce que nous avons nommé, la «charte des légitimités». Dans l’idée, cette charte aurait pour but d’évaluer ces entreprises selon différents critères : leur connexion à la Loire, leur interaction avec les entreprises voisines, leur valeur historique (puisque certaines possèdent notamment un intérêt patrimonial), leur économie d’espace afin de rationaliser les entreprises géophages, leur rentabilité économique ainsi que leurs efforts à développer des approches en faveur du développement durable afin d’éviter les activités polluantes. Un premier diagnostic permettrait donc de statuer l’entreprise, qui s’efforcerait ensuite de croître vers une amélioration de chaque critère (comme le montrent ces étapes schématiques d’une entreprise qui s’appliquerait à remplir le cercle vertueux de la charte). Les échelons de ces différents

critères ainsi que leur définition seraient établis par concertation.

L’activité industrielle serait ainsi conservée et non pas, une fois de plus, repoussée aux franges de la ville mais de manière réorganisée. Ceci, orienté dans une perspective de mutation afin de générer un réel ancrage pertinent dans le territoire.Cette ambition, à la fois politique économique et sociale reposerait notamment sur la volonté d’arbitrer et non pas de trancher. Il ne s’agit pas de choisir entre la géographie naturelle ou l’industrie mais de donner le choix d’une proposition articulant ces deux composants.

étape 1 étape 2 étape 3 vers un modèle idéal

schéma directeur de la charte

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DES LIENS LIGERIENS A RETROUVER

L’implantation urbaine des diverses activités de ce secteur, disposées de manière parallèle à la Loire, a conduit à un éloignement progressif de celle-ci. On sait que les orientations politiques actuelles sur la reconquête de la Loire tendent souvent vers une volonté de réaménagement des berges. Seulement, pour des raisons premièrement foncières, l’aménagement continu des berges de Bas Chantenay n’est pas envisageable : la plupart des quais appartenant au Grand Port maritime qui ne souhaite pas les louer ou les céder au profit d’activités de loisirs ou d’aménagement paysager. Mais deuxièmement et surtout, cet éventuel aménagement continu tendrait à ne pas prendre en compte les activités existantes en les évinçant

Des liaisons Nord/SudLes liens que nous choisissons alors d’établir s’inscriraient plutôt dans une démarche de percées, visuelles et fonctionnelles, vers et sur la Loire, développée de manière perpendiculaire à celle-ci prenant en compte le tissu urbain existant. Les enjeux qui se dégagent donc seraient la volonté de créer de la porosité et des perméabilités verticales dans ce tissu.Ces percées auraient pour but de mettre le paysage et les potentialités ligériennes au centre de la transformation du quartier.Ces antennes créées seraient également un moyen de reconnexion entre le Haut et le Bas Chantenay, c’est-à-dire que les parcours envisagés s’appuieraient sur

Haut Chantenay

Loire

Bas Chantenay

CAFÉ

TABAC

BOULANGERIE

SPARPIZZA

Les Oblates

Trentemoult

les polarités, existantes et à créer, afin d’accompagner et inciter les montées comme les descentes par les divers usages qui les composent. Intensifier les activités présentes,

schéma d’une percée incitant la réciprocité des sens de cheminement

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notamment portuaires et également favoriser l’émergence de mixité d’usage permettrait alors de voir le Bas-Chantenay comme un secteur ligérien spécifique, où chaque fonction serait à la fois en lien avec sa territorialité propre et chercherait les moyens de sa dilatation, de sa mise en intensité.

Une possibilité de longer ce secteur par des circulations douces et par le développement de nouvelles lignes de transport en commun ne serait pas à exclure mais pourrait se faire de manière plus interne. Ceci afin de ne pas créer de rupture dans des projets comme «la Loire

en Vélo», mais aussi de permettre la desserte des présentes et futures activités du quartier.La question d’un franchissement de la Loire entre la pointe Ouest de l’île de Nantes et le pont de Cheviré est également à envisager. Celui-ci doit, outre son rôle fonctionnel, participer à la création d’une accroche forte dans le développement et permettrait ainsi de varier les modes et les lieux de possibilités pour traverser la Loire.

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DES ARCHIPELS A METTRE EN RÉSEAU

La composition du territoire de Bas-Chantenay regorge d’espaces fragmentés aussi bien par les fonctions des multiples activités présentes que par la pluralité des populations qui ne se côtoient peu. D’autant plus, que les barrières physiques comme les chemins de fers, les grands boulevards ou même la topographie ont tendance à renforcer ce morcellement. Celui-ci révélant ainsi un agglomérat d’archipels.

Ces archipels sont un socle précieux d’éléments nourriciers pour la ville. C’est pourquoi la mise en urbanité du site doit renforcer ces atouts en invitant et inventant, au niveau des activités, des formes ajustées pour chacun d’eux et au plus proches des caractères. Maintenir leurs ressources et les prolonger, s’emparer de leur essence, de leur singularité dans une perspective de mise en portée, depuis le quartier et à l’échelle de la métropole.

La couture des territoires et des fonctions devient alors un outil de projection urbaine et une manière de révéler des récits contrastés par le façonnage d’une maille urbaine. Coudre et recoudre pour tisser des liens.

En étayant et développant ces polarités existantes, leur lisibilité serait alors plus affirmée. Les nouveaux programmes proposés, ceux ajoutés à l’existant ou même l’intensification des activités présentes s’inscriraient alors dans un processus de radiation, répondant à l’enjeu d’accessibilité à des publics variés. Ces

diverses polarités,

plus que des liens physiques à créer,

des programmes radiants

pour provoquer des connexions

rayonnements, impacts d’usages générant et de singularités spatiales, elles, moteurs d’attractivité et de désirabilité, inciteraient les mises en relation, en dialogue.Notre volonté première n’est donc pas de créer des parcours reliant les différents morcellements du territoire mais bien d’abord d’exploiter et d’étendre l’influence des polarités pour ensuite requestionner et revaloriser les interstices qu’elles mettent en oeuvre.

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LE VÉGÉTAL FÉDÉRATEUR

Séquence paysagère et continuité verte au fil de l’eauIl s’agit de préserver et valoriser le paysage urbain et le végétal grâce à l’extraction des ressources locales. En repérant les séquences paysagères avec les végétations en amont à Nantes, le végétal à Bas Chantenay est en état de rupture par rapport aux restes de rives nord de la Loire. Il est donc important d’essayer de reconquérir les rives par le végétal afin de créer la continuité verte au fil de l’eau. Il n’est pas possible de végétaliser tous les terrains, tous les rives à cause de la complexité de la propriété du terrain et de la faisabilité. Au contraire, cela peut être ponctuel et ciblé aux certains territoires qui ont des richesses et des potentiels à révéler. La culture fait partie de la notion de végétaliser un lieu, mais l’embellissement n’est pas tout simplement son objectif. Elle a la vocation de créer la solidarité et mettre en mouvement des liens sociaux qui n’existe pas encore ou à remettre en valeur. Il existe un ghetto de Roms à quelques kilomètres plus loin de Bas Chantenay. Le

problème des Roms se pose toujours au gouvernement français, serait-il possible d’intégrer les Roms dans un programme de cultiver un terrain qui peut à la fois nourrir eux-mêmes et offrir des nourritures aux besoins aux alentours du site (par exemple GAS, association d’Ingalan ou de futurs besoins projetés à Bas Chantenay) ?

Publiciser les frichesIl s’agit de créer un système d’accompagnement lié à la libération du foncier, et d’envisager un paysage à deux vitesses : l’un pérenne, construit dès que les bâtiments disparaissent ou que les parcelles se libèrent, l’autre explicitement provisoire pourrait être des prairies, pelouses, pépinières, passages, surfaces minérales accessibles, terrains de jeux, etc. Cela ne touche pas vraiment aux infrastructures, en installant les végétaux ou les cultures dans l’épaisseur d’une jauge ou bien dans des bacs facilement à être déplacés. L’alternative provisoire peut être sélectionnée et modifiée en fonction des conjonctures politiques et économiques.

carte de marginalité / états du térritoire

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Faire muter la vocation portuaire

Bien que l'activité portuaire aient fortement décliné, elles forment une grande part de ce qui constitue l'identité du quartier, constituée d'un certain nombre de traces rattachées à une époque donnée. La reconnaissance de la métropole vis à vis de ce quartier se fait en grande partie à travers ces traces qui marquent le paysage et en font aujourd'hui partie intégrante.

Leur valorisation ou leur mise en scène pourraient mieux raconter l'histoire du lieu, des personnes qui y ont vécu, des ouvriers, des bateaux construits, des marchandises entreposées, des bords de Loire vers Saint-Nazaire, des rêves d’évasion... Car ces vestiges et cette mémoire sont également supports d’identité et de modernité pour le quartier en devenir. Leur conservation aidera à construire une légende sur le lieu ou la renforcer. C'est pourquoi trois de nos projets ont un lien privilégié avec le patrimoine, qu'ils requestionnent. Mais il ne s'agit pas de céder à une tentation néo-archéologique qui consisterait à succomber à une forme de fascination passive pour le passé industriel du site, mais de se servir de la réactivation de certaines traces et pratiques, qui avaient leur logique (comme le quai d'arrivée des Roquios) pour répondre à des besoins contemporains.

Nous posons la question de la nature de la nouvelle façade du quartier sur le fleuve, et de son inscription dans la continuité de celle du centre de Nantes avec le quai de la Fosse. La modernité de cette façade ne doit pas être écrasée par le patrimoine  : à eux

seuls, les vestiges et leurs traces ne suffisent pas à restaurer l’aspect des villes.

D'où l'intention d'évolution que l'on propose : il s'agit de faire muter ce qui reste d'activité portuaire :- Libérer le foncier portuaire non utilisé pour l'attribuer à de nouvelles entreprises en lien avec la Loire- Mettre en lien certaines usines du bord de Loire, à travers une activité de barging mutualisant certains quais.

Enfin, le développement d'une nouvelle activité de plaisance, sera propice à redonner au fleuve son rôle d'impulsion dans le rythme de la ville.

RENFORCER LES VOCATIONSDU QUARTIER

Le Bas-Chantenay créatif

Loire à vélo

Tram-train

Lignes de bus

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Renforcer la vocation artistique

La renaissance du port pourra s'accompagner d'une affirmation de la vocation culturelle/ artistique du Bas-Chantenay, qui renaissait dans les années 2000. C'est une stratégie fréquente d'accompagnement du renouvellement urbain  : l'arrivée d'artistes permet d'apporter créativité et dynamisme parmi les initiatives habitantes. On pourra s'appuyer sur cette zone de recyclage architectural pour développer l'activité artistique, donnant une autre vie à l'existant, sans le figer ou le muséifier.

On propose aussi une stratégie de reconquête des espaces portuaires par l'appropriation d'artisanat, d'art et d'expositions qui est à l'oeuvre (s'apparentant aux stratégies de Waterfront revitalisation). Les lieux du site en

apparence inhospitaliers sont des lieux privilégiés pour être investis par des artistes, avec des squats autorisés, puis organisés avec des baux précaires, comme ce fut le cas dans le quartier historique de la création, Madeleine- Champs de Mars. Les créateurs insistent sur le fait qu'il ne faut pas reproduire le modèle de l'Île de Nantes où un relatif manque de maîtrise du foncier par la collectivité et un grand projet de communication culturelle ont fait de ce quartier "un lieu dont les artistes sont partis" et un "territoire réservé aux bobos", selon les mots des artisans de l'Esclain.

Ils critiquent également les consultations publiques qui ont été faites par la SAMOA, en disant qu'elles étaient faites pour donner la parole sans vraiment en tenir compte parce que les décisions étaient déjà prises.Si Nantes métropole cherche à mettre en place un projet participatif, elle devrait

Parcours descréations libres

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Le collectif d'artistes Marcel Machin au port de l'Esclain

rendre réellement parti-prenants les créateurs aujourd'hui très hostiles à toute transformation, ainsi que prolonger les initiatives déjà en cours, de manière à aboutir à une définition collégiale de ce que serait la vocation culturelle du quartier.

Cette communication sera importante, car elle servira à une mise en continuité avec le reste des parcours touristiques ou artistiques de la métropole, et elle permettra sans doute de nourrir une activité plus intense. A l'heure actuelle, nombreux sont les artistes du lieu qui vivent grâce à des clients éloignés ou à des mécènes, et ils ne rechigneraient pas à voir arriver des clients locaux ou des touristes.

« Les artistes aiment être libres de travailler, mais ils sont râvis quand on les sort de leurs ghettos et qu'on leur passe commande.  » explique Jean Blaise. A l'heure actuelle si l'art est très présent, il est néanmoins confiné dans les anciens bâtiment industriels ou petits ateliers. Il y a également sur le lieu des objets d'art d'une certaine importance : les stocks du Voyage à Nantes et du Château et la prodution

des oeuvres mobiles de Royal de Luxe. "Lorsque l'art est dans les musées, il touche 10% de la population. Lorsqu'il est dans l'espace public, il en touche 90%" constate Jean Blaise. Il semble donc que les pratiques créatives du lieu gagneraient à s'exposer, soit dans l'espace public, soit à l'intérieur des lieux production. On pourrait donc multiplier les temps forts qui ont lieu de temps en temps, avec notamment des performances et le blocage des rues, voire la production au milieu des rues. Cela aurait pour effet d'ancrer cette nouvelle composante dans la symbolique du lieu, à travers un "parcours des créations libres" passant notamment par le boulevard de Chantenay et qui semble être l'axe majeur pour le cheminement vers les quais de Nantes. C'est donc le long de cet axe qu'on réalisera nos différentes interventions, qui ont toutes un lien clair avec le champs de la création : pépinière mutualisée avec les constructeurs navals, lieu de recyclage et d'aménagement des camions, lieu de programmation culturelle (séminaires, associations), et l'atelier public.

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UNE DENSIFICATION RAISONNEE

Nantes métropole présente le projet urbain du Bas-Chantenay comme une opération de construction et de renouvellement du quartier  : «  Le secteur est appelé à se transformer en s’appuyant sur deux enjeux majeurs : la construction d’un quartier incluant bureaux, commerces, logements, ainsi que le soutien et le développement des activités industrielles  »  ; elle vante le nombre de logements et les surfaces de plancher qui vont être créées. Nous avons une approche critique par rapport aux enjeux de la densité tels qu'ils sont présentés, car les défauts de l’approche quantitative du logement sont aujourd’hui connus : l’homogénéité socio-économique et générationnelle due à des opérations non maîtrisées pénalisent la gestion urbaine à moyen et long termes (équipements scolaires, commerces, circulation…) et affaiblissent le lien social.

Nous considérons que le fait de diversifier à toutes les échelles est, sinon un gage de mixité, au moins la potentialité d’une ville d’équilibre. Notre projet consistera alors à se saisir des programmes de logements pour, dans la variété des statuts et typologies, offrir à chacun une place dans la ville, à l'image du programme d'Aziz, qui proposera une offre diversifiée de par sa nature et son accessibilité. Afin d'avoir une capabilité la plus vaste possible, les opérations immobilières pourront mêler maisons individuelles, habitat locatif et logements sociaux, dont certains disponibles en accession à la propriété. On propose de développer une offre de complémentarité avec le bâti existant, notamment au travers d'OPAH, qui

peuvent permettre dans un premier temps de reconquérir certaines habitations ouvrières délaissées. Cela pourrait permettre de recréer certains axes ouvriers qui ont été désertés avec le départ des chantiers (par exemple la rue Réaumur), de réhabiliter en partie les îlots de logement de l'est du quartier et de leur donner un lien au fleuve dont ils ont toujours été privés du fait de la présence des entrepôts portuaires.

On cherchera à hybrider le plus possible les programmes de logements avec des activités ausquelles elles peuvent être complémentaires : bureaux, locaux associatifs, ateliers etc, dans un esprit de sédimentation sur l'existant, qui permettra de générer des entités urbaines de plus grande échelle.

Via Domitia à Chantenay, exemple de programme de logementsmonofonctionnel que l'on ne souhaite pas reproduire

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FAIRE EVOLUER LE LIENAVEC LE GRAND TERRITOIRE

Le Bas Chantenay est au cœur de flux imbriqués (entrée de ville, gare de stockage SNCF, proximité de la gare maritime et du tramway...) qui ne manqueront pas de se complexifier avec l’hypothèse de l’implantation d’un franchissement de la Loire et le développement des axes de transport en commun. Facteur de fragmentation et de complexité, la présence de ces flux positionne aussi le secteur comme lieu d’une intermodalité potentielle.

Le parcours d’accès à la ville par l’axe Juin/Chevreul/Cardiff , très en retrait, n’offre aucune vue sur l’eau ou la rive gauche. Les perceptions sont beaucoup plus intéressantes par la rue des Usines qui offre une grande qualité spatiale d’entrée dans le cœur de la ville. Cet axe est d'autant plus important qu'il représente un parcours commun aux populations de la zone industrialo-portuaire et à celles de la zones mixte. Le parcours piéton le jouxte en ayant sa propre qualité qui consiste à se faufiler dans les anciennes rues portuaires en proposant ainsi la pluralité de découvertes successives - ce qui est une valeur très présente dans le bourg de Chantenay. Il se relie directement au quartier historique du quai de la Fosse et aux petits pôles touristiques qui s'y trouvent : musée Jules Vernes, Planétarium, puis Mémorial de l'abolition de l'esclavage.

Ces cheminements longent des voies ferrées importantes, car elles sont des voies de stockage du TGV, et l'une d'entre elles

pourrait être propice au développement du tram-train. Celui-ci serait le catalyseur majeur des mobilités du quartier, en permettant de relier la gare en cinq minutes.

D'autre part, le cheminement est-ouest percolent dans l'épaisseur urbaine pour rejoindre le coeur de Chantenay. Ces multiples parcours nord/ sud seront

Imbrication des flux et intermodalité qui en résulte

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retravaillés pour avoir la possibilité du lien direct avec la Loire, qu'ils offriront à nouveau aux passants de Chantenay et de Bellevue. Enfin, la combinaison des parcours se traduit par des points de friction et de multimodalité, qui ne sont pas encore valorisés. Leur position est propice pour des programmations particulières qui puissent conforter leur rôle de pôle d'échange. Ces zones de rencontre sont :

- un pôle multimodal, entre le tram-train,les voitures, et les bus du Bd Maréchal Juin. Il sera l'élément majeur pour la connexion au nord de Chantenay, un trait d'union nécessaire si l'on souhaite reconsidérer le coeur de Chantenay et le quartier des quais comme une même polarité. Il fera

l'interface avec les grandes distances que permettent les bus et le train.

- l'arrivée du franchissement Le tracé du tunnel tel qu'il est projeté, arqué pour gagner de la distance de pente et situé sous le boulevard de Chantenay, risquerait de neutraliser les activités qui s'y trouvent, voire de fragiliser les bâtiments patrimoniaux. Il paraît nettement plus souhaitable de le raccorder à la rue Jules Launey, en déplaçant la plate-forme logistique qui se trouve au dessus. Il pourrait ainsi se raccorder à l'axe est-ouest et aux rond-points menant vers le nord.

- l'aboutissement du navibus recréé Le quai se raccordera à un cheminement piéton bordé de parkings, et dynamisé par

Imbrication des flux et intermodalité qui en résulte

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SCHEMAS STRATEGIQUESScénario initialLe projet étant une co-production participative, seuls des scénarios itératifs pourront permettre d'approcher ce que pourra être la réalité. Le scénario initial définira certaines bases, issue de notre démarche de prise en compte des logiques à l'oeuvre et de la parole des habitants :

- la révélation d'un parcours des créations libres, intensifié par les programmes rayonnants que l'on va créer.- la nécessité d'une mise en rapport des chemins de descente depuis le village et des axes et percées menant au fleuve. - la vocation de ces cheminements de reconnecter les groupes d'habitants en archipels.- la possibilité du passage à travers chacun des projets, morceaux de ville. - l'atténuation des ruptures urbaines par une mise en cohérence du tissu urbain et du maillage viaire en fonction de ces ruptures.- la facilitation de la traversée avec le prolongement de la ligne de navibus jusqu'à la cale du port.- le questionnement de la légitimité des activités des entreprises qui se situent en bord de Loire, en vue d'une mutabilité.- l'intégration des populations marginales à travers leur participation à la reconquête des friches par le végétal, qui puisse bénéficier également aux habitants.

Scénario de stagnationAyant conscience de l'importance de la conjoncture économique et de l'implication des habitants dans l'évolution du projet urbain, on a été amené à déterminer trois scénarios consécutifs à la première étape. Celui de stagnation prévoit un développement sédimentaire, au même rythme que les changements précédents : - La densification raisonnée réhabilitera tout d'abord les usages qui étaient ceux du passé et ont été arrêtés, comme certains

logements ouvriers laissés à l'abandon.- Elle intégrera le passage du franchissement, se raccordant à l'axe de la rue Launey. - La passerelle viendra clarifier le lien nord/ sud et la multimodalité, elle comprendra l'atelier public comme belvédère.

Scénario de croissanceLa densification serait plus active, recréant des îlots et des façades urbaines, composées de logements, de bureaux et d'espaces créatifs.Une extension du bourg sur la frange industrielle du nord serait possible. Elle passerait notamment par la création de nouveaux liens vers le fleuve, physiques ou non. Une densification industrielle aurait lieu en lien avec les quais, ce qui justifierait une intensification du barging, en complémentarité avec la plate-forme d'échanges de Cheviré. Ainsi l'espace de réserve industrielle, dont nous parlait Nantes métropole serait utilisé .

Scénario de criseCe scénario étudie la possibilité d'aménager le quartier en période de décroissance. Certaines industries seraient amenées à rester du fait qu'elles ont un rôle majeur dans le site et des commandes suffisantes. Mais des milliers de mètres carrés de surfaces logistiques seraient libérées par la faillite de certaines entreprises, de logistique notamment. Il en résulte que le réemploi pourra être considéré comme une solution à l'absence de logements ou de locaux, et qu'il catalyserait un autre langage architectural. La multiplication des friches justifierait leur occupation par de l'agriculture urbaine. Quant au tunnel, il ne pourrait pas être financé (c'est le cas pour le moment) sans une intervention du privé (peut-être sous forme d'un partenariat public-privé), ruineuse pour Nantes Métropole.

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Scénariode stagnationSecond temps : faire signe et fairelieu à l’échelle métropolitaine

ScénarioinitialPremier temps : “Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien”

Définir une charte de légitimité avec les habitants

Industries à forte valeur ajoutée ou de nouvelle générationCONSERVER

Activités déclinantes ou potentiellement remplaçables, industries polluantes à modifierPREEMPTER?

“Points durs” du site, conservation indispensable

Activités de construction mises à profit pour créer les projets

Reconnecter les “archipels d’archipels”

Parcours des créations libres

Archipels créatifs en mutation

Archipels créatifs établis

Art temporaire

Capabilité recherchée par des programmes radiants

Espace public dynamisé par ces programmes

Programmes d’impulsion

La descente villageoise

Navibus étendu, réactivateur de pratiques

Berges à réaménager

Retrouver ou accentuer les liens à la Loire Mettre en place une consultation habitanteporteuse d’intégration

Parcelles privées inoccupéesà réinvestir potentiellement

Parcelles du grand port inoccupéesà réinvestir potentiellement

Réseau d’AMAP sur lequel s’appuyerpour les semences et les savoir-faire

Jardin participatif

Atelier public du Bas- Chantenay

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Scénariode crise

Second temps : le réemploi comme solutionet comme catalyseur?

Qui paye?

Nouveau camp de Roms?

Définir une charte de légitimité avec les habitants

Industries à forte valeur ajoutée ou de nouvelle générationCONSERVER

Activités déclinantes ou potentiellement remplaçables, industries polluantes à modifierPREEMPTER?

“Points durs” du site, conservation indispensable

Activités de construction mises à profit pour créer les projets

Nouvelle zone de constructibilité ou de réemploi

Reconnecter les “archipels d’archipels”

Parcours des créations libres

Archipels créatifs en mutation

Archipels créatifs établis

Art temporaire

Capabilité recherchée par des programmes radiants

Espace public dynamisé par ces programmes

Programmes d’impulsion

La descente villageoise

Nouvelle zone de constructibilité ou de réemploi

Nouveau logement en sédimentation

Navibus étendu, réactivateur de pratiques

Berges à réaménager

Retrouver ou accentuer les liens à la Loire Mettre en place une consultation habitanteporteuse d’intégration

Parcelles privées inoccupéesà réinvestir potentiellement

Parcelles du grand port inoccupéesà réinvestir potentiellement

Réseau d’AMAP sur lequel s’appuyerpour les semences et les savoir-faire

Jardin participatif

Atelier public du Bas- Chantenay

Mise en continuité

Publicisation des friches, ouvertes à la métropole

Parcours estuaire / voyage à Nantes

Loire à vélo

Mise en place du tram / train et nettoyage des TGVs

Renforcement des liaisons douces

Espace de multimodalité

Passage du parcours métropolitain à l’intérieur du projet

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CECI N'EST PAS UNE FRICHE

IMMERSION

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Le site sur lequel nous intervenons se situe à la pointe Est du Bas-Chantenay, sur un de ses uniques quartiers d’habitations : celui de Bougainville. Petit quartier architecturalement hétéroclite, où les vieux habitats ouvriers comme les anciennes maisons bourgeoises se cotoient et témoignent d’une vie ouvrière, sociale et commerciale historiquement forte mais désormais quelque peu perdue. Quartier très populaire donc mais qui aujourd’hui a tendance à se gentrifier petit à petit.

Cette zone d’habitat a vu son espace rétrécir et se comprimer par l’implantation successive de nouvelles entreprises. A l’exception de la cale Crucy, seule rue donnant un abord publique à la Loire sur le Bas-Chantenay, l’implantation de ses entreprises a également obstrué les multiples percées visuelles et physiques ligériennes dont pouvaient profiter ce quartier auparavant. Une fermeture des accès qui a alors entrainé des problèmes d’insalubrité et de délinquance dans ces rues laissées à l’abandon.Néanmoins, la volonté de déplacement

BOUGAINVILLE

Vue depuis le haut de la carrière Misery

Ana Bernard & Abdelaziz Ghanine

La cale crucy

Exemples de la multiplicité de typologies architecturales

Ilot d’habitation comprimé par des barrières physiques

du parc automobile de Nantes Métropole nous laisse des potentialités de réouverture de ces allées mais également l’opportunité d’un terrain communal pour agir et réfléchir vers une programmation urbaine plus accessible à tous.La première étape de cette projection

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Espaces paysagers à reconnecter

Carrière Misery

Parc des Oblates

Berges naturelles sur la Loire

consisterait alors en la démolition de ces clôtures et hangars industriels qui empêchent l’accessibilité et la visibilité de la Loire depuis la rue de Bougainville. Ce qui aurait aussi pour ambition de reconnecter le parc des Oblates et la carrière Misery vers ce nouvel espace à aménager, en générant de nouveaux parcours de promenade

Afin de répondre à la demande croissante métropolitaine de logements ,des zones d’habitats seront prévus dans les dents creuses de l’îlot d’habitations existant. Cette implantation permettrait donc une densification de l’îlot mais également

de libérer le reste de la parcelle pour des activités et des espaces publiques. Ce qui encouragerait d’autant plus le processus de reconnexion entre les divers espaces paysagers mais surtout entre le haut et le bas de Chantenay. Le réaménagement de cette parcelle entraînerait ainsi la revalorisation de l’ensemble du quartier mais aussi le développement d’une attractivité fonctionnelle à l’échelle de la ville.

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Restaurants ouvriers, clubs et laser game sont actuellement les seules activités ouvertes au public que propose actuellement ce quartier et sont alors trop spécifiques pour générer de la mixité. Le réaménagement de ce terrain communal en bord de Loire doit alors favoriser des activités accessibles à tous, pour les habitants présents comme les futurs, pour les chantenaysiens comme pour les autres nantais.Le choix d’activités et services municipaux serait alors ici privilégié.

2.thermes & saunas municipaux

1.atelier public/espaces culturels

Volumétrie des espaces culturels vus depuis le parc des Oblates

librairie d’échangeMaison des Hommes &des Techniques

atelier public

espace traversant aux multiples orientations

café/restaurantpergola végétale

Echanger, se cultiver, sur les rivesDans une premier temps, l’ouverture d’un espace culturel serait envisagé. Celui-ci composé d’un atelier public, destiné à l’étude urbaine du renouvellement de Bas-Chantenay puis qui mutera en un lieu de rassemblement à adapter selon les demandes et besoins (événementiel, conférences, séminaires). En lien avec cet

BOUGAINVILLE, DES BORDS A PARTAGER Ana Bernard

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Ana Bernard

espace modulable traversant, s’articulerait une antenne de la Maison des Hommes et des Techniques consacrée à l’histoire portuaire de Chantenay. Ses archives pourraient être reliées à une librairie d’échange, de troc, créant ainsi des possibilités d’étude, de lecture et de partage au bord de l’eau.S’ajouterait également un programme de restauration relié à un couloir végétal et paysager -permis par la préservation de certaines structures métalliques de l’ancien hangar industriel- pouvant accueillir des événements festifs.Par sa volumétrie affirmée et son implantation voulue en continuité axiale de la percée centrale de l’ilôt, l’ensemble de ce projet fera appel depuis le parc des Oblates.

Se détendre, se baigner, sur les bergesDans un second temps, on pourrait imaginer la création d’un programme de loisirs et de services qui remémorerait les anciens bains-douches municipaux du quartier. Programme constitué notamment de thermes et de saunas qui aurait pour ambition de démocratiser la pratique actuelle de ces lieux. L’implantation de ce projet pourrait se faire de manière parallèle à la rue de la cale Crucy afin d’accompagner et d’inciter sa descente vers un passage plus étroit et escarpé qui longera les berges.

Volumétrie des thermes & saunas municipaux

intentions de pergola végétales

saunasthermesdouches/vestiaires

Rue de la cale Crucy

Des berges naturelles à revaloriserL’implantation des ces deux projets a été pensée de manière à laisser de larges espaces ouverts sur la Loire, espaces de contemplation, de déambulation et de rassemblement, où la végétation naturelle et maîtrisée pourrait s’avancer, elle aussi, vers l’îlot d’habitations. En effet, au regard des autres entités du site, cette parcelle dispose d’une rive végétale sauvage qui vient interrompre les grandes séquences minérales de quais et apporte une autre qualité à cette façade fluviale. D’autant pluscaracterisée par son jeu de miroir avec les berges de Trentemoult lui faisant face. Elle arbore une consonance urbaine particulière.

L’impact de l’ensemble de ces projections qui souhaitent résonner des enjeux sociaux, culturelles, paysagers et touristiques aura par sa spécificité d’usage et de situation, une importante répercussion à l’échelle du petit comme du grand territoire.L’ attractivité générée, aura alors pour conséquence la fabrication croissante d’une nouvelle polarité, développant une nouvelle couture du tissu urbain.

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HABITER LA LOIRE À BAS CHANTEWNAY

Vue sur le quartier, depuis les quais

Plan de Masse

ImmersionLe Bougainville est le seul des rares quartiers d’habitation de Bas Chantenay à avoir cette possibilité d’être connecté à la Loire, tout le reste de la rive est occupé par des activités industrielles et portuaires, sauf que, comme nous l’avons signaler un peu plus haut, ce quartier se resserre sur lui-même et son emprise diminue aux détriments des structures industrielles qui se greffent sur les bords de Loire, le laissant ainsi dans un état critique. Or que pour optimiser l’exploitation de la Loire, il faut diversifier les programmes qui longent les quais les rendant ainsi habités du jour comme de nuit, sauf que les espaces pouvant accueillir de nouveaux programmes sont presque inexistants.Le départ proche du parc automobile de Nantes Métropole, et la voirie de Nantes, nous donne un atout , en libérant deux parcelles, pour revaloriser cet ilot d’habitation souffrant aujourd’hui de divers problèmes le rendant difficilement vivable.

Intervention De par sa proximité au centre-ville de Nantes et à la Loire, ce quartier nécessite une revalorisation. Dans un premier temps un travail sur le réaménagement des espaces publics a été fait, avec une attention particulière accordée au système viaire afin de rendre le quartier plus poreux. Avant toute chose, il s’agit de donner aux usagers (actuels et futurs) de ce site les qualités fondamentales de l’habitabilité au sens large, chose dont souffre le quartier actuellement. C’est sans doute dans cette démarche, qu’il est possible de lutter contre une certaine forme de ville diffuse.Une densification de l'habitat est ensuite

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Social Privé Etudiant

Niveau 00.00

Niveau 13.00

Niveau 26.00

Niveau 39.00

Niveau 412.00

Orientation Nord/Sud pour créer desEchappées visuelles depuis l'intérieurde l'ilot

Chercher le maximum de vues vers la Loire, et ouvrir le maximum vers le Sud

Tenir compte des gabarits existants et des vis-à-vis

Diversifier le type de logement et créer une mixité à l'inté-rieur de l'ilôt

Reconnaissance (le besoin de voir la Loire pour les bâtiments existants)Recherche formelle, et diversité architecturale

Coupe d'ensemble

envisagée avec des logements dessinés à partir des bâtiments déjà existant, une sorte de reconnaissance pour ces habitants longtemps marginalisés par les industries en place qui leurs coupent tout lien à la Loire que ce soit physique ou visuel, ce qui m’a poussé à mettre en place des volumes qui auront le moins d’impact possible sur les bâtiments existant.Qu’on soit dans une parcelle ou dans une autre, l’aspect architectural des bâtiments n’est pas le même, et à l’intérieur de chaque parcelle la volumétrie de ces derniers changent d’un bâtiment à l’autre, cela m’a permis d’éviter d’avoir des volumes monotones, et d’offrir une diversité architecturale à l’image d’une société de plus en plus hétérogène. Deux commerces se griffent sur l’un des bâtiments que remplacent l’entrepôt de la voirie de Nantes, une boulangerie et une épicerie largement réclamées par les habitants du quartier lors des différents entretiens effectués sur le site. Le reste est une association de différents types de logements : sociaux, privé et étudiants. Qui répondent à une demande croissante en logement à Nantes et offre cette possibilité d’habiter près du centre-ville mais aussi des agglomérations limitrophes, dans un cadre de vie agréable. Cette disposition fragmentée a donné lieux à des étroits cheminements entre les anciens et les nouveaux bâtiments, accentuant ainsi l’aspect villageois du quartier.

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ST GOBAIN, À L'INTERSTICE

Origines du projetLe projet est né de la rencontre avec l'association «Carapace» qui aménage des camions, pour en faire de véritables espaces de vie. Ils travaillent et habitent aujourd'hui à l'est de Bas Chantenay, sur un quai face à Trentemoult et profitent d'une magnifique vue. Cependant, leurs conditions de travail ne sont pas suffisantes : accès à l'électricité et travail en extérieur difficile en hiver, d'où leur besoin, aujourd'hui de trouver un véritable espace de travail . En parallèle notre connaissance du terrain évolue et j'apprends que l'usine St Gobain, après avoir longtemps été squatté par des Roms, est actuellement vide. Le bâtiment est la propriété de l'entreprise Sodistock, ils ne savent pas quoi en faire et sont ouverts à des propositions.

L'usine St Gobain, construite en 1902, se trouve au centre de la zone industrielle du Bas Chantenay. Elle est aujourd'hui laissé à l'abandon. Cette ancienne usine d'engrais qui fait partie du patrimoine et de la mémoire nantaise offre pourtant des qualités spatiales remarquables. L'intention principale est de concilier la réhabilitation du bâtiment avec les enjeux du grand territoire sur lequel il est inscrit.

Discussion au tour d'un café avec l'association Carapace

Au cœur du quartier industriel

Usine St Gobain, vue depuis la friche

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L'usine St GobainL'usine est remarquable par la tôle rouge rouille qui l'habille, par la forme singulière de sa façade ouest et par la charpente en bois qu'elle abrite.Le tout fait une superficie d'environ 3000m² et est en bon état.

Un lieu de croisement, à l'interstice des archipelsLe bâtiment se trouve à l'interstice, entre plusieurs acteurs du territoire. Le programme développé vise à la rencontre et au partage de ces individus. Ainsi St Gobain est pensé comme un lieu fédérateur, dans lequel la création, la fabrication et la construction sont des moyens de rapprocher les habitants.

L'atelier, les bureaux et la cantineL'activité professionnelle du collectif Carapace implique la création d'un atelier équipé en outils et machines. Ces équipements pouvant être utile à d'autres personnes il semble pertinent d'ouvrir l'atelier au public, mais aussi à des entreprises qui s'implanteraient également dans le bâtiment. Ainsi, 30 bureaux locatifs pour petite et moyenne entreprise sont créés et des espaces partagés sont travaillés de façon à faciliter les rencontres et les collaborations.Afin que les travailleurs puissent se restaurer, le projet intègre aussi une cantine. Celle-ci répond également à la demande des entreprises voisines dont les employés restent manger actuellement manger sur leur lieu de travail. La cantine St Gobain permettra donc les rencontres interentreprises de Bas Chantenay.

Usine St Gobain, vue intérieurUsine St Gobain, vue depuis la route des usines

Un interstice fédérateur

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Collage, la faille vers la Loire

Le jardin du libre échangeLe terrain en friche qui se trouve entre le bâtiment et la Loire est investi avec un grand espace public dans lequel s'organisent une zone de travail manuel extérieur, un jardin potager participatif, des espaces de convivialité sur les quais. Les habitants voisins sont invités à prendre part au projet. Ainsi on imagine les Roms et les altermondialistes de l'Esclain par volonté de manger sain y cultiver des légumes; les habitants du Haut Chantenay et les artistes du Bas y concevoir des œuvres ou des meubles à l'extérieur dans les pavillons prévus à cet effet. De plus, sur les quais, des tables et des bancs pourront accueillir les personnes qui souhaitent pique-niquer ou simplement se détendre.

Des antennes vers la LoireSt Gobain fait partie de cette strate industrielle qui sépare les habitants de la Loire. Dans une position interstitielle, le bâtiment se pose comme un véritable obstacle physique. Deux percées sont ouvertes et font de St Gobain une porte vers le fleuve.

Un collectif en charge de l'animationLe collectif Fichtre habitué à la conquête d'espaces en friche et déjà impliqué sur d'autres projets à Bas Chantenay sera en charge de la gestion et de l'animation du lieu. Des workshops et des animations seront proposés, afin de créer le lieu ensemble avec l'envie de valoriser les déchets nantais. En outre, on viendra à St Gobain pour se former, expérimenter, apprendre, fabriquer, réparer, jardiner et partager !

Maquette,

Vue actuelle, depuis le quai

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CONVERGENCES, DIVERGENCESPremière immersion du siteSi l’on emprunte la rue des usines, on peut facilement négliger Bas Chantenay en passant très vite sans faire conscience de ce territoire. Ma première impression de ce site est que c’est un lieu caché et un peu enclavé, ayant une ambiance spatiale délaissée. La présence de la voie ferrée vient couper le territoire en deux parties, Haut Chantenay et Bas Chantenay, créant non seulement un blocage de vision, mais aussi une véritable barrière mentale et sociale entre les deux rives du chemin de fer. En montant sur la passerelle à côté de la gare de Chantenay, je regardais vers Haut Chantenay pour la première fois. Je ne me suis pas rendu compte du contexte environnemental avant d’être éclairci par la vue panoramique de Bas Chantenay jusqu’à la Loire.

Trace historiqueNos recherches sur l’histoire de Chantenay montrent que la rue Jules Vernes (actuellement la rue Eugène Leroux) était un axe principal qu’on pouvait emprunter pour descendre du quartier Saint-Martin jusqu’à la Loire. Selon nos rencontres pendant l’atelier public, nous avons remarqué que les habitants de Haut Chantenay sont bien desservis par des transports en commun pour aller plus loin, mais par rapport à Bas Chantenay, le quartier juste à côté, ils ne le connaissent pas. De même, j’ai interviewé les personnes qui ont fait les courses à Lidl, ils ne se sont rendus pas compte non plus de l’existence de Bas Chantenay, ou il n’y a pas de raison pour y aller. Mais serait-il donc nécessaire de créer un franchissement pour traverser la voie ferrée pour rendre Bas Chantenay plus accessible ?

rue Jules Verne en 1869

rue Jules Verne

rue Jules Verne en 2015

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CollageLe collage montre l’intention de traverser le chemin de fer. La grue signifie un point haut où nous pouvons avoir une vue imprenable de l’environnement. Notre tissage urbain de cheminement peut être éveillé et stimulé par la connexion visuelle, parfois ponctuelle. Ce n’est pas obligé d’être vraiment au bord de la Loire, on est déjà au bord de la Loire en ayant le lien visuel.

La mise en réseaux des interventionsMon projet sera effectué en dernière phase de toutes nos interventions ponctuelles à Bas Chantenay. Les projets d’aménagement du chantier de l’Esclain, du port à sec ainsi que de l’ancienne usine Saint-Gobain vont dynamiser le territoire au bord de la Loire, engendrant le besoin d’y rendre visite. Avec l’arrivée de navibus, le lacis de parcours sera créé de Nantes à travers Trentemoult à Chantenay (ou à sens inverse). Pour compléter ce parcours et faciliter le déplacement, la nécessité de créer un franchissement est confirmée. Nos projets à Bas Chantenay vont amener plus de foules, générant plus de besoins des places de parking et des transports en commun. Par conséquent, le programme est d’abord réajuster toutes les lignes de bus (Lignes E1, 25, 70, 81, C1; C10 et C20 à venir) pour créer un pôle multimodal en

intégrant un parking relais qui va répondre aux besoins in situ et compléter/soulager celui de port à sec. L’intervention se situe dans un terrain où il y a actuellement un Lidl, qui sera démoli et reconstruit avec un café, un dressing, une consigne intégrés pour satisfaire les fonctions d’un pôle multimodal. Une cuisine mobile organisée par l’association Locomotive sera installée de manière intermittente à court terme en utilisant des nourritures bientôt expirées provenant de Lidl pour d’une part, éviter le gaspillage et rendre Lidl plus réputé sur le plan écologique, d’autre part toucher beaucoup plus de classes de population (SDF, les marginaux, les précaires…etc.) qui fréquentent souvent le site. À long terme, une cuisine fixe pourrait prendre le relais de l’association Locomotive et continuer à animer le quartier.Des espaces d’expositions seront intégrés dans le programme afin de créer une plateforme d’échange et de démonstration des œuvres d’art faites par les artistes à Bas Chantenay dans un premier temps. Ce programme peut continuer à être développé en touchant davantage de personnes (par exemples des amateurs, des SDF dans le foyer près de la gare), faisant écho à l’ambiance artistique à Bas Chantenay. Un atelier public sera finalement installé ici où on se situe dans une jonction de Haut et Bas Chanteny. C’est là où on peut se rencontrer, se communiquer des idées les uns avec les autres.

boulevard

Maréchal Ju

in

lycée profess

ionnel

rue des

réform

eséglise

Saint-Martin

Projet

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arrêt de bus

parking relais

atelier p

ublic

salles d'expo

commerce

cuisine m

obile

la Loireport à

secboulevard de

Chantenay

IDEA logistiq

ues

rue des usines

Projet

coupe longitudinale

plan masse

foyer SDF

foyer SDFfoyer SDF

rue Eugène Leroux

Trentemoult

gare

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Moment délibératif aux chantiers de l'Esclain

Projet de Fin d'Etudes

Florian BONY

Combiner les vocationspour recréer le port

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PROBLEMATIQUE DU PROJETau sein du thème collectif

I RELEVES ET LOGIQUES A L'OEUVRE1.1. Immersion première dans le site

1.2 Un nouveau port dans l'estuaire

1.3 Une nouvelle polarité dans la métropole

II NEGOCIATION DES VALEURS

2.1 Le collage, décollage de la négociation

2.2 Itinéraire : "l'autre devient guide"

2.3 Forces en présence

2.4 Choix des valeurs

2.5 La recherche de reconnaissance

III PROPOSITION ET MODALITES DE LA RECONNAISSANCE

3.1 Un programme à 3 dimensions

3.1.1 Prise en compte des singularités des habitants

3.1.2 Processus de mise en oeuvre

3.2 Structuration du projet

3.2.1 Liens programmatiques avec le voisinage

3.2.2 Justifications spatiales

3.3 La recherche de porosité comme réponse au caractère archipélique

3.3.1 Les modalités de la créolisation

3.3.2 La recherche de capabilité

SYNTHESE

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On a choisi comme objet d'étude le site de l'Esclain, port de construction navale, reconverti en partie dans l'industrie et l'artisanat. «  La forme, c'est le fond qui remonte en surface  », écrivait Hugo. On essaiera, par le projet, de s'intégrer au sein des mouvements profonds de l'histoire de ce quartier : tirer des bords pourrait donc signifier en première approche identifier et tenter de réveiller les rémanences de relations antérieures  ; celles des liens qui peuvent encore mobiliser le territoire.

Ce travail d'identification des traces et de transposition en projet ne pourra se faire que par une reconnaissance et donc

une délibération, répétée à chaque étape et suffisamment souple pour que les choix projetés se fassent progressivement, en intégrant les évolutions possibles et souhaitées. Ce projet cherchera d'autant plus à s'ancrer dans le réel, qu'il s'articulera si possible à la négociation qui va débuter pour le projet urbain de Robert Reichen, et qu'il prendra en compte les demandes concrètes de projets formulées par la société civile immobilière propriétaire des lieux à l'agence Avignon/Clouet.

La volonté de «  tirer des bords  » dans ce projet pourra se décliner de plusieurs manières :

Voir d'abord l'introduction : "Un territoire en mouvement"

En mer, tirer des bords, c’est poursuivre sa route « au près serré » contre le vent. Remonter l’estuaire « contre le vent » et éventuellement à « contre courant », c’est engager un parcours de reconnaissance.

PROBLEMATIQUE DU PROJETau sein du thème collectif

Vue depuis les berges de Trentemoult

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- Comment la relecture du potentiel fluvial peut-elle permettre de remobiliser l'intensité des liens ?

- Comment créer des liens de temporalité entre les évènements, impulsés le plus possible par la délibération ?

- Comment fédérer les petits groupes sociaux en archipels identifiés sur le site ? - Comment s'appuyer sur les rémanences du patrimoine et de ses usages pour créer cette porosité ?

- De quelle manière redonner l'accès à la Loire, actuellement monopolisé par les uns et difficile pour les autres ?

- Comment, au final, recréer un port à Nantes qui catalyse les liens avec le centre et avec son entrée de ville, et les porosités avec le cœur de Chantenay ?

Pour y répondre, on a suivi les trois temps du projet définis par Ricardo Bensualdo, à la différence près que la délibération a eu lieu à toutes les étapes et qu'elle se poursuivra après  : des équipes spécialisées ont été désignées pour cela  : Mageo et SCE, Frank Boutté Consultants et Maïos et Anima.

Une première étape de relevé permettra d'identifier les logiques à l'oeuvre,la seconde sera la prise en compte des désirs des habitants par la négociation et la dernière la mise en résonance de ces intentions par le projet, pour essayer de retisser ce territoire au travers d’une mixité sociale et fonctionnelle, gage d’urbanité.

«Ici on récupère plus que l'on fabrique»  nous résumaient les artistes du lieu.

Ainsi nous n'hésiterons pas à « récupérer » les démarches des habitants en cours, leurs désirs et les lieux sur lesquels ils s'appuient pour créer une forme de consensus par le projet, au sein d'un territoire qui ne manque pas d'intérêts divergents et de contraintes.

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1.1. Immersion première dans le site

On avait le sentiment de prime abord d'un site inhospitalier, soit voué à la voiture et au camion, soit enclavé et peu actif. Les rares cheminements piétons sont souvent en cul-de-sac et reviennent immanquablement à la rue des Usines. Notre parcours du piéton devait se faufiler entre des espaces hétéroclites, celui de l'oeil également pour ne pas que les perspectives soient bouchées par de grands bâtiments. Le site est tel un circuit imprimé avec des composants variés  : du stockage, de la production industrielle et quelques bureaux. Les rives de Loire sont entrecoupées par les clôtures, l'emprise des entreprises, et les cales, qui rendent la promenade le long du fleuve apparemment inenvisageable.On connaissait du site son caractère industriel, les éléments repères : grue noire, pont de Cheviré, silos de Sodistock, les monolithes des usines … Autant d'éléments qui pourraient paraître hostiles ou hors d'échelle pour des pratiques habitantes, d'ailleurs celles qui ont lieu sont souvent imposées par la cadence du travail et donc pendulaires.

En sondant les habitants de Chantenay et de Nantes, ils nous faisaient la même remarque  : « Jamais nous n'irions habiter à Bas-Chantenay  »  : le chemin de la reconnaissance de ce quartier serait long … 

Il y avait aussi une autre perception, plus à l'ouest  : quelques franges de tissu faubourien, avec des vues sur la Loire empêchées par un linéaire d'entrepôts. Et le parcours de ce que les habitants appellent le «  petit Montmartre  », canalisé par

la descente, de la butte Sainte-Anne, le long de la vaste carrière de la Meuse, ou à l'intérieur du parc des Oblattes. Il s'appuie sur des éléments touristiques : musée Jules Vernes, planétarium, parc, qui drainent 50000 visiteurs par an. On sentait une rupture avec le Nord de Chantenay, dans la nature des occupants et la composition urbaine, particulièrement nette au niveau du Bd du Maréchal Juin.

L'emprise importante des voies de stockage

I RELEVÉ ET LOGIQUES À L'OEUVRE

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du TGV en lien avec la gare de quartier, accentue cette coupure  : la vue se fait sur des façades aveugles d'entrepôts, et non sur ce que l'on connaît de Chantenay. Il y a un effet de rampe et de terrasse pour gérer la rupture de niveau avec le Nord.

Une visite plus approfondie permettait de balayer certains a-prioris  : les entreprises du site ne sont pas en perte de vitesse, et fabriquent souvent des produits de pointe. Surtout, les espaces patrimoniaux que l'on croit en friche ou inoccupés sont en réalité foisonnants et extrêmement convoités. On était étonné qu'un site en apparence peu hospitalier comprenne une telle activité artistique. Le contraste était saisissant avec le quartier de la création. Avec une

dominante plus artisanale qu'artistique. Le port de l'Esclain présente aussi un peu d'activité de construction / réparation navale, mais sans commune mesure avec ce que fut son activité en tant que composante du chantier Dubigeon. Il s'accompagne d'un port à sec un peu à l'étroit que les habitants nomment « parking à bateaux » ou « stockage de bateaux à terre».

On sentait un esprit de recyclage architectural, et des lieux qui sont autant d'offrandes de part les typologies, la taille et l'originalité des usages susceptibles de s'y dérouler.

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1.2 Un nouveau port dans l'estuaire

La tendance de ces dernières années en terme d'évolution du port était de regrouper les fonctions portuaires majeures dans le port de Donges. Les ports commerciaux sont replacés à l'extérieur de Nantes et de Saint-Nazaire. Les fonctions portuaires de Nantes ont été peu à peu délaissées à la fin du Xxe siècle. La fermeture du chantier Dubigeon a restitué à Nantes d'immenses lieux toujours loués par le Port Autonome Nantes-St Nazaire, pour des usages réinventés (ex : quai des Antilles).

De même à Saint-Nazaire, il y a une reconquête du quartier portuaire, avec de nouvelles fonctions  : tourisme, culture, commerce, bureaux. Bas-Chantenay et Rezé-Sud ont gardé encore partiellement une vocation industrielle, reliée au transport fluvial  : un port à bois et des activités de recyclage rive sud, un terminal céréalier rive nord; le trafic nantais représente encore aujourd'hui 10% du volume du port autonome. Nos entretiens avec les responsables de Nantes Métropole et du grand port maritime nous ont permis de mettre en évidence que de leur point de vue, le Bas Chantenay doit d'abord être vu comme un «  espace de réserve portuaire et industriel », pour un éventuel développement futur.

Parallèlement, il y a une fonction de plaisance dans l'estuaire en plein développement. La majorité des places sont à sec (Paimboeuf, Cordemais...), les port à d'échouage comprennent en général une centaine de places (Trentemoult, Couëron...), mais avec une saturation du nombre de places et surtout des difficultés liées à l'envasement ou aux courants de la Loire. Les ports d'échouage qui fonctionnent mieux sont sur la côte  : La Plaine-sur-mer, Pornic, etc. Une

certaine démocratisation de la plaisance, l'augmentation démographique et la simplification de la manutention favorisent la création de nouveaux ports à sec  : de nombreuses places vont être disponibles au Carnet, et peut être à Saint-Nazaire, départ du terminal frigorifique Stef.

Un port est un lieu d'impulsion dans le rythme des villes. C'est un lieu de porosité qui produit nécessairement des rencontres entre les voyageurs et les populations locales. Le rythme des arrivées/ des départs produit une adaptation des activités et des maillages de circulation qui sont en lien. Le développement du tram-train à l'ouest est

L'estuaire de la plaisance

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en projet et permettrait un lien rapide au centre, « sur le modèle des gares du XIXe siècle en périphérie de ville » expliquait un responsable de Nantes métropole.

La Loire à vélo, qui passe dans la rue des Usines, permet de s'inscrire dans un parcours de découverte qui va jusqu'à Orléans. C'est pourquoi l'inscription du port de Chantenay au sein des itinéraires culturels et touristiques de l'estuaire nous paraît d'autant plus justifiée. Le tourisme ne se fait pas qu'en voiture, des modes de transport s'y adaptent  : bus, navette de l'estuaire, bateaux individuels en location.

En 2015, la navette Loire Princesse lancée par Croisi Europe desservira des étapes entre Saint-Nazaire et les Châteaux de la Loire, Bas-Chantenay pourrait en être un des arrêts.Il y a les festivals de l'estuaire et du Voyage à Nantes qui pourront catalyser le changement d'image du Bas Chantenay. Il existe également des parcours touristiques secondaires comme les «  Robinsonnades Familiales  », la visite des vignobles en minibus ou le tourisme industriel autour des sites marquants comme la raffinerie de Donges et les friches.

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86

On s'appuiera sur le petit pôle culturel que comprend Bas-Chantenay, avec des événements temporaires (festival Enchantenay et performances artistiques) pour inscrire ce quartier au sein de ces multiples itinéraires.

1.3 Une nouvelle polarité dans la

métropole

Le projet cherche à tirer profit du passage du "parcours des créations libres" dans le

boulevard de Chantenay, qui vise à créer la rencontre entre les petits archipels de créateurs établis (ex : les transformeurs), et les nouveaux programmes radiants mis en place collectivement, dont on a parlé précédemment.

Etant peu circulée en voiture, la voie est souvent appropriée par les artistes : performances, vernissages, jeux de pétanques, terrasses du bar, etc.Le projet cherchera à hybrider ces usages avec des parcours signifiants à l'échelle métropolitaine, la Loire à Vélo, les bus touristiques, et la nouvelle ligne de bus projetée passant dans la rue des Usines.

L'estuaire touristique

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La localisation d'un port à sec dans la métropole paraît justifiée, d'une part par la saturation, voire la suppression des places en eau qui existent : ponton Bélem, ponton des chantiers et canal Saint-Félix. Au niveau de celui-ci, comme il y a une écluse, les plaisanciers sont obligés de démater, et les tailles de bateaux réglementaires sont plus petites que celles qu'on trouve communément dans le port à sec. Le port de Trentemoult est envasé et également saturé. Le grand avantage qu'a ce port à sec par rapport à ses concurrents du bord de Loire est qu'il est situé à proximité d'un centre

de métropole, ce qui devrait contribuer à renforcer son rôle d'étape, et avoisine d'importantes infrastructures de transport : ainsi on pourrait imaginer un service assuré par le port qui puisse aller chercher les bateaux transportés par wagons (surtout pour les grosses unités).

Notre interlocuteur à Nantes métropole a préconisé des activités de voile légère, en plus de l'accueil habituel des plaisanciers. Cela pourrait se traduire par un programme d'école de voile dans la capitainerie pour communiquer et ouvrir cette pratique au plus grand nombre. Elle s'adressera aux personnes ayant un minimum de connaissances dans le domaine, car les courants de la Loire à cet endroit peuvent être dangereux. Les débutants et les enfants pourront commencer leur pratique dans les clubs et écoles en bord d'Erdre, plus sécurisés.

Par ailleurs, les travailleurs du port de l'Esclain ont eux aussi leur action à l'échelle de la métropole : le chantier naval de Nantes est associé à la mise en œuvre de diverses manifestations nautiques pour l’aménagement des voies d’eau.Il réalise la location et la pose du matériel nautique (ponton, ligne de mouillage…) pour quelques événements ponctuels ou pérennes :

- les Rendez-vous de l'Erdre : concerts, balades et régates- les festival estuaire qui ont eu lieu- les régates de Trentemoult- la solidaire du chocolat (traversée de l'atlantique jusqu'au Mexique)

Le site a donc une double vocation, plaisancière et culturelle, à l'échelle de la métropole. Peut-être le projet pourra-t-il associer l'imaginaire de la liberté de la plaisance à celui de la liberté de la "bohême" des artistes.

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Vue du festival enchantenay, un petit évènement à l'Esclain connu dans la métropole

Tram-train

Lignes de bus

Descentes villageoises

Le projet à l'intersection et à l'aboutissement des cheminements du village

Loire à vélo

Tram-train

Lignes de bus

Parcours descréations libres

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II NÉGOCIATION DES VALEURS2.1 Le collage,

décollage de la négociation

Un collage temporel a été réalisé, inspiré du motif du palimpseste très présent dans le site. Les événements marquants de chaque période ont produit une juxtaposition, une accumulation d'éléments, pour arriver à des compositions qui sont toujours inachevées, et qui laissent des traces lors des moments suivants. Ces rémanences sont souvent des offrandes pour le projet, elles se succèdent en se superposant ou s'effaçant. «  C'est un quartier qui prend vie sur des temps forts qui ont lieu de temps en temps.  », nous disait un des artistes du collectif SHORT, «  On propose des performances sur un temps court qui sont intenses. Ca a toujours été l'histoire de ce quartier : des activités viennent pendant un certain temps, remplaçant les précédentes qui étaient déjà éphémères... flux et reflux... »Les rémanences omniprésentes sur le site traduisent des moments intenses, des impulsions qui ont eu lieu et qui mettaient

en mouvement la majorité des habitants: par exemple les commandes qui ont suscité les activités navales ou industrielles, les fêtes, les performances d'artistes, et le festival. Il y a donc coprésence entre les usages actuels et ceux du passé qui sont persistants ou réactivés.Et cela produit une diversité des ambiances qui s'entremêlent pour créer des espaces et des rencontres souvent improbables. Il est important de souligner qu'on s'est servi de ce collage comme une structure mentale et abstraite, expression personnelle du ressenti, mais aussi comme un élément de questionnement des habitants  : tiré en formats A4, il permettait souvent d'entamer les entretiens, avec des questions du type :«  Quelle est l'importance du passé de ce lieu dans votre vie ? »«  Quelles sont les traces historiques qui sont signifiantes pour vous ? »«  Comment et pourquoi êtes-vous venus vers ce site ? »«  Sur quelles figures habitantes («  historiques  » ou non) vous êtes-vous appuyés pour lancer votre activité ? »

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2.2 Itinéraire

"l'autre devient guide"

La méthode des itinéraires est une démarche centrée sur l’ écoutesensible de ceux qui interrogent dans leur culture et expérience quotidienne le territoire réel et imaginaire qu’ils habitent. Un des itinéraires a été réalisé sur le lieu avec le bijoutier travaillant dans le château d'eau du chantier. Il est président de l'association Marcel Machin qui s'occupe de la mise en valeur du lieu avec les fêtes Enchantenay en mai : du théâtre, de la musique et un marché des créateurs exposant les productions des artistes sur l'esplanade devant l'ex-savonnerie. Il nous a expliqué en quoi ces fêtes étaient un acte d'affirmation et de résistance par rapport au devenir du site.Mais il y a eu quand même un malentendu : il nous a présenté son univers de références sur le mode de la «  visite de musée  ». Il a fallu insister plusieurs fois sur le fait que c'était davantage son rapport personnel au lieu qui nous intéressait, plutôt qu'un inventaire de l'histoire ou des entreprises présentes. « L'essentiel, dans la recherche, ce n'est pas la mémoire et le temps, mais le signe et la vérité » écrivait Deleuze. Ce sentiment d'une trop grande objectivité de la part du bijoutier était renforcé par le fait qu'il n'habitait pas sur le lieu, comme les autres artisans. Les premiers montages ont traduit cette lacune et il a fallu être très sélectif pour trouver des moments d'émotion de sa part. Ces moments faisaient transparaître :

* L'omniprésence du territoire imaginaire :

Les mots «  vestige  », «  témoignage  », « trace » ont été répétés régulièrement.« Le Bélem a été construit ici, sur une cale qui est juste à côté ».« C'est un lieu qui fonctionne depuis plus

de cent ans et qui a encore aujourd'hui une activité navale et une vraie identité chantenaysienne, locale, une vraie identité nantaise, vivante ; c'est-à-dire que c'est pas un lieu aseptisé aujourd'hui, c'est un lieu vivant, qui a la même activité et en abrite d'autres. »

«  L'endroit ou je vais boire des coups et où les artistes se retrouvent c'est le bar des usines, il y en a qu'un. C'était plein de bars ici d'ailleurs si vous avez étudié l'histoire du quartier. »«  Ce qui m'a intéressé, ce qui m'a plu aussi, c'est le site. J'ai vécu à la mer très longtemps, bercé un peu par les zones portuaires, les chantiers navals... On est quelque part dans une bulle où on est préservé de la ville, de tout ce qu'est la ville, en perpétuelle évolution. Ici ça évolue de manière différente, à échelle humaine, j'ai envie de dire, plus … »

«  Je me suis installé ici parce que je connaissais un peu l'ancien patron des chantiers ».

* Son appropriation à travers des usages nouveaux :

« C'est tout le site qu'on investit pendant les fêtes Enchantenay. On l'investit avec des vidéastes, des architectes pour la scéno, et les artistes. Le but c'est de scénographier le site pour le mettre en valeur et lui donner toute son importance, ce qui est une manière de le protéger. ».

« On se sert de la cale pour les spectacles en fait, notamment les concerts.  On investit tout le lieu autour du château d'eau plus la nef avec les ateliers »

* Ses parti-pris personnels sur le projet qui va avoir lieu : il a fallu préciser qu'on était là pour accompagner son propos, mais cela s'est terminé en début de négociation,

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tant le projet qui allait avoir lieu lui tenait à cœur :

- « On est quand même sur un site menacé. C'est aussi le but de notre asso, c'est de révéler le site tel qu'il est, comme il est, on ne souhaite pas qu'on y touche plus que ça. Donc vous savez il y a des projets d'aménagement des bords de Loire et je sais pas si notre avis sera pris en compte ou non.  Ne pas trop toucher à la savonnerie ça peut être une garantie de ne pas trop y modifier ses occupants. »

- « Il faudrait que l'Esclain soit un seul et même morceau, bien sûr. »- « Est-ce que c'est la ville ou Quentin Vigneau (le propriétaire des chantiers) qui fait ces projets ? »- « Si on n'a pas de sous, pourquoi ne pas conserver juste le vestige des murs en attendant ? Le problème c'est que Nantes métropole n'a pas envie d'attendre, et encore moins les promoteurs, j'imagine.»- « On veut pas que si la ville y mette son nez, ça fasse comme pour les machines, un truc aseptisé, tout joli, tout beau, et puis tout propre, alors qu'ici là c'est vivant tel que c'est, ça ressemble à un port . C'est même pour moi le coin le plus breton de Nantes.»

- « Y'a un projet de franchissement. On pourrait faire, pas un transbordeur mais un pont levant. Ca coûte carrément plus cher après c'est vrai que ça peut peut-être éviter certains travaux.  Si le tunnel reste en dessous ici, on peut se rattacher avec un rond-point, mais ça reste le merdier quand même. Le problème c'est que ça va forcément nous neutraliser pendant un temps ici. Ca risque de faire mourir le site un moment. »- «  Ce qui serait génial, bien mieux qu'un franchissement, ce serait que le navibus revienne de Trentemoult comme avant. Après si franchissement il faut, eh ben franchissement il va y avoir ».

2.3 Forces en présence

Les groupes d'artisans du site, sont constitués en petits archipels (17 entreprises présentes sur le site) assez isolés les uns des autres la plus grande partie du temps,

pendant qu'ils travaillent. L'itinéraire a montré qu'en dehors des moments forts du site (fêtes Echantenay, fin de chantier d'un bateau...), le bijoutier travaille seul.

L'accès de l'ex-savonnerie présente une inscription « entrée interdite au public », et chaque artiste nous demande si l'on a l'autorisation d'être là. En ce sens l'itinéraire présentait aussi un caractère exceptionnel, et ça n'est pas un hasard si le bijoutier seul l'a accepté : c'est tout de même lui qui aime le mieux communiquer, notamment avec l'association Marcel Machin qu'il préside.On peut donc faire le constat d'une porosité sociale limitée sur le lieu (en dehors du bar des Usines, lieu de rencontre habituel des artistes), l'ambiance du lieu est en grande discordance avec l'activité qui était celle du lieu historique. Le caractère d'entre-soi, de « bulle » est une réalité mais peut être recherché pour avoir une certaine intimité. Cela peut faire écho à l'accentuation des comportements individuels constaté par Secchi :

"Une grande partie de l'hétérogénéité de la ville contemporaine trouve son origine dans le processus d'identification, de séparation et d'éloignement, à la racine duquel on reconnaît la rupture d'un système de solidarités et l'émergence d'un système d'intolérances, qu'elles soient sanitaires, acoustiques, religieuses ou ethniques, ou encore entre différents modes de vie, niveaux de revenus, habitudes de consommation ou choix d'habitat. "

Au niveau du port à sec, les profils des plaisanciers sont très variés, à l'image de la taille des voiliers, mais les individus se parlent davantage du fait qu'ils ont une passion en commun que c'est un espace public ouvert. Mais il n'existe pas vraiment de lieu qui puisse abriter cette sociabilité.A ce stade, on peut définir des portraits, non exhaustifs, des groupes sociaux identifiés.

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Les séniors libérés

(11 personnes)

Ce sont des retraités aisés, libérés des contraintes professionnelles et financières, pouvant s'adonner intensément à leur passion de toujours pour la voile, la navigation au long cours avec des durées moyennes plus im-portantes, et la découverte de nouvelles régions et pays.

Des plaisanciers plus jeunes et actifs aux revenus intermédiaires, du type « jeunes cadres dynamiques ». Ils ont des vacances nombreuses et sportives, ce qui reflète leur pratique de la plaisance.

Ce sont des retraités moins aisés qui pratiquent la plaisance comme un hobby, les sorties sont fréquentes mais de courte durée. Ces plaisanciers sont des habitués des ports et des pontons.

Ce sont des plaisanciers plus jeunes qui ont de petits bateaux, parfois à moteur, et la plaisance est souvent couplée avec d'autres activités (ex : la pêche).

Plaisanciers encore plus jeunes, expérimentation de la plaisance parmi d'autres opportunités de vacances sans trop de moyens. Ils partent peu et consomment globalement moins. Certains expérimentent le logement dans les bateaux.

Ce sont des spécialistes de la menuiserie marine et de la mécanique. Il réalisent la restauration de bateaux de taille et types très divers : voiliers, péniches, moteurs hors-bord, et apportent leurs savoir-faire à plusieurs événements nautiques. Ils recherchent de l'espace pour travailler et une certaine intimité.

Ils produisent de petits objets (bijoux, lunettes), souvent sur mesure, et ont besoin de visibilité pour l'accès à une clientèle.Ils se consacrent à l'architecture, l'art contemporain et la « création émergente ». Leur communication est soignée, certains ont leur clientèle, d'autres vivent grâce à des mécènes.

« Nous encourageons toute l'aide qui nous aide à nous passer d'aide ». Ces militants bretons, des AMAPs, ou de l'écologie, utilisent cette phrase de Thomas Sankara pour affirmer leur recherche de modes de vie alternatifs, qui passent notamment par le développement des réseaux et échanges équitables locaux et internationaux.

« On se moque pas mal d'avoir un écran plat » : ces artistes qui ont obtenu des baux précaires sur le site ont pu y développer leurs modes de vie en rupture avec les normes. Leurs productions, souvent issues du recyclage, sont sophisti-quées et fantaisistes et leurs commandes sont très aléatoires.

Les hyper-dynamiques

(6 personnes)

Les habitués

(13 personnes)

Les nouveaux plaisanciers

(9 personnes)

Les expérimentaux

(13 personnes)

Les constructeurs

navals

Les artistes "branchés"

Les militants altermondialistes ou

écologistes

Les artistes "bohêmes"

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2.4. Choix des valeurs

Les logiques à l'oeuvre identifiées, qui se chevauchent, doivent être agencées et devenir des axes convergents vers la réalisation de valeurs, de principes qui se fera par une mise en délibération. Comme les habitants sont sur des lieux de travail séparés, la négociation a consisté à aller à leur rencontre et à les confronter aux arguments des autres.

Il s'agissait d'identifier parmi les valeurs déterminées comment les habitants les hiérarchisent, quels sont les plus intenses: par exemple la volonté d'une promenade et celle d'un franchissement vers Trentemoult.Vis à vis de ces valeurs, on a commencé à se positionner : on n'a pas défini les thèmes d'intervention à l'avance mais ils ont émergé dans la discussion. Dès lors, il fallait faire des choix :comment diminuer l'écart entre les singularités des habitants dans la vision du territoire ? Quelles valeurs privilégier ? Ou bien comment les lier pour qu'elles s'accordent ? Par exemple, la recherche des artistes d'avoir des loyers économiques est-elle antagoniste avec la volonté des propriétaires de rentabiliser rapidement le foncier ?

2.5 La recherche de reconnaissance

Le bijoutier, comme les autres artisans, évolue dans un territoire qui l'engage,

mais :

- il n'y a pas toujours de reconnaissance de son travail (« Les fêtes Enchantenay, moi je veux bien, mais ça n'a pas grande importance. » confiait le responsable de la SCI).

- il n'a pas vraiment prise sur les enjeux qui sont en train de transformer le territoire : ni sur la détermination des programmes par les promoteurs, ni sur les choix du projet urbain qui pour le moment ne demande l'avis de personne, etc.L'image positive que les habitants peuvent avoir d'eux-mêmes dépend du regard, des jugements et des comportements d'autrui à leur égard. C'est la raison pour laquelle ils restent toujours en attente de reconnaissance dans les interactions sociales. Pour Honneth, la reconnaissance passe par :- le rapport affectif- le rapport juridique (lorsque l'autre donne un droit à la personne)- la contribution sociale (la conviction de la fonction sociale produit l'estime de soi).

Le programme défini cherchera donc à créer des liens de reconnaissance par la prise en compte de tout l'éventail des personnes, qui se constituent à travers la diversité de leurs expériences et de leurs appartenances.On supposera donc que la révélation des personnes pourra être favorisée dès lors que le projet incitera à des interactions avec les autres habitants.

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Les plaisanciers

habitués

"On pourrait faire un vrai pôle de services autour des bâteaux : accastillage, entretien (...), ça peut être aussi des activités de voile légère en club, mais pas de gamins."

L'entreprise Armor située sur le site

Les constructeurs navals

Les artistes "branchés"

Les militants altermondialistes ou

écologistes

Les artistes "bohêmes"

Un responsable de Nantes Métropole

Vincent Morandeau

La chargée de quartier

Laurence Guittier

Le co-gérant de la SCI

Personnages identifiés comme "moteurs" Quel rôle pour le port?

Quel rôle pour le foncier disponible?"Ils ont un projet d'agrandissement

avec Avignon-Clouet, sur 6000 m².Pour avoir une stabilité de loyer dans la SCI ils se mettent justement à des loyers faibles pour les artistes."

"La fonction du port est évoquée lors du grand débat sur la Loire. Ca n'est pas de mon ressort de trancher cette question. C'est à NGE et Nantes métropole."

"Ces grands anciens espaces industriels sont loués au volume. Ca peut intéresser des artistes, des photographes."

"Il y a des petits services à l'étroit dans des algécos mais pas de vrai lieu de vie. Ca devait sans doute être provisoire mais le provisoire dure longtemps!"

"C'est sûr que si l'on veut de l'espace, à Armor ils ont des mil-liers de mètres carrés inutilisés. Icic'est un peu serré."

"Nous souhaitons nous agrandir et profiter de la relocalisation de notre filiale marocaine. Elle se fera soit ici, soit sur notre site de Chevrolières."

"Nous ne quitterons ce terrain que si la ville y met les moyens en termes de subventions. On n'a pasété informés du projet pour le moment."

“On pourrait reprendre la savonnerie avec une motivation communautaire.Se servir des structures de base du bâtiment...”

“On pourrait grossir l’activité navale pour financer laréhabilitation. On pourrait réhabiliter nous-mêmes, mais il faut de l'argent.”

“Ca serait bien de fédérer leschoses en un collectif d’artistes.”

“Il nous faudrait des locaux en dur, on est trop à l'étroit à deux collectifs dans ce mobil-home.”

"On cherche une solution pour paslaisser tout ça s'écrouler, mais une solution pas trop coûteuse. Ca nous intéresse pas d'avoir une rentabilitéà trente ans."

“Si il y a un port agrandi, il y auraune nouvelle fréquentation, ça nous fera sans doute de nouveauxclients."

“La réparation serait plus proche des bâteaux, et on aurait plus de place pour le stockage qui se fait à l'arrache là où la place est disponible."

“Si port à sec il y a, ça pourra créer un lien avec notre projet. Ca tomberait bien parce que chez Armor ils sont passympathiques!"

“On peut pas savoir avec eux. Leurs projets nous tombent toujours dessus de toute façon."

“Il arrive qu'on restaure l'intérieurde péniches pour Quentin."

“Il y a de la place pour d'autres artistes pour occuper ces lieux singuliers.”

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Quel rôle pour les artistes/ les "alternatifs"?

Quel rôle pour le quai?Risque de gentrification?

"Les quais qui existent sont un peuabimés. On doit prendre encompte les contraintes de sécuritéet on peut les ouvrir à certains endroits, bien sûr pas tout le long."

" Si on ne fait pas de gros travaux sur ce bâtiment là, on ne pourra pas changer l'image du quartier. La question de la gentrification se pose en deuxième."

"On voudrait amener le flux touristique un peu plus loin que le musée Jules Vernes. Reichen va travailler effectivement sur le milieu artistique, l'accueil des initiatives spontanées."

" De toute manière la boboifica-tion a déjà commencé. Il y a des gens qui les appellent fréquem-ment pour louer. Il faudrait cher-cher à vivre avec tous les publics."

"Tout le monde souhaite une promenade en bord de Loire, mais c'est le Grand Port qui a la pro-priété des quais, et les entreprises veulent garder leur lien à la Loire."

"L'intention est acceptée d'ouvrir au public le lieu autour du chantier naval. C'est un site ou ilfaut être assez inventif."

"Il n'y a pas de réelleinfrastructure et les quais sont des enrochements. Rien à voir avec les ports à sec comme celui de Paimboeuf."

"On en connaît quelques-uns, ils sont dans leur monde."

NSP NSPNSP

“Il y a toujours eu une proximité et des coups de mains entre lesartistes et la construction navale, et on stocke des trucs dans l'espace central avec eux.”

“Les secteurs en friche deviennent de plus en plus prisés avec l’arrivée de la bourgeoisie et de la gauche caviar”

"On veut pas que si la ville y met sonnez, ça fasse comme pour les machines""C'est le propriétaire qui décidera desloyers, et il nous prend en compte."

"On pourrait soit vendre la partieen pierre, et avec l'argent réparer le reste, soit faire une location longue durée à une activitérentable."

“On pourrait mettre un peu de logement, c'est pas incompatible avec l'implantation d'artistes, y'a de la place."

“Nous, on est la bricole, le bidule, la machine, l’outil. On in-vestit l'endroit mais aussi l'envers avec un festival qui mêle le côté artistique et le côté convivial."

“J'ai bien peur que ce soit une étape inévitable du renouvellement urbain. Ca nous arrange pas parce qu'à la base on était là pour les loyers faibles. "

" On doit négocier avec le grand port le prix des AOT tous les ans. Si il doit y avoir un espace public, c'est Nantes métropole qui s'en chargera."

NSP

“On essaie de donner l'accès aux produits biologiques et équi-tables pour les personnes à reve-nus modestes. On a l'envie d'être ensemble et un esprit collectif."

"On préfèrerait nettement l'arrivée d'une navette rapide sur le quai à celle d'unfranchissement, qui risquerait de faire mourir le site."

“Il y a de la place pour d'autres artistes pour occuper ces lieux singuliers. Les performances ici, c’est la grosse bamboule,bar, apéros et scène...”

“Tout le monde veut unepromenade en bord de Loire.Mais comment on fera pour mettre les bateaux à l'eau après?”

“On préfèrerait que ça resteun lieu voué au travail.”

“De toute manière, c'est nous qui possédons et on est encore libres de choisir à qui on vend !”

NSP

Page 98: Chantenay la Bleue

96

III PROPOSITION ET MODALITÉS DE LA RECONNAISSANCE

3.1 Un programme à 3 dimensions

3.1.1 Prise en compte des singularités des habitants

A partir des valeurs identifiées et négociées, on a cherché à les intégrer par un programme qui a été mis en délibération.

Malheureusement l'agence Reichen et Robert n'a pas voulu communiquer sur ses premières prises de position, sans doute pour pas que les habitants ne fassent des interprétations hâtives.

On a donc décidé d'accorder les valeurs négociées avec les demandes concrêtes de la SCI des docks de Chantenay en terme de rentabilisation du foncier, qui ont pu orienter pour le programme.On a cherché à projeter des relations reconnaissantes, diversifiées, en établissant des rencontres qui tirent parti des écarts entre ces diversités.La définition d'une stratégie commune aux différents programmes présents sur le site permettrait que ce soit l'ensemble qui fasse projet. On a ainsi cherché à unifier la parcelle des ex-chantiers, celle d'Armor et celle du port, pour que celui-ci acquière une certaine importance à l'échelle métropolitaine. Celle-ci passera par le parcours sérendipiteux induit par les ateliers d'artistes, les bars et les services aux plaisanciers. La capitainerie sera reconfigurée, avec de nouveaux services, justifiés par

l'agrandissment du port, et son ouverture à de nouvelles pratiques : les bateaux à moteur, une école de voile, un yacht club ...

La demande d'espaces de vie se traduira par une salle commune, des espaces de

Programmes (noir: existants, rouge : créés)

Page 99: Chantenay la Bleue

97

barbecues , des bancs et des hamacs en bord de Loire. L'infrastructure portuaire sera agrandie et améliorée : darse avec travel-lift (pour les grandes unités), grue mobile (pour les petites), en plus de la cale de halage.

Elle s'adapetera aux différentes temporalités des usages : parking pour remorques près de l'entrée, pour un stationnement court, et hivernage longue durée dans des emplacements et des racks protégés.La halle d'entretien pourra intégrer l'ex-bâtiment d'Armor (en démolissant une

travée), pour avoir un volume suffisant pour la manutention et les petites réparations. Dans le cas où des pièces de bateaux devraient être fabriquées ou usinées, elles le seraient dans la pépinière double face : un fablab mutualisant des machines entre artistes et constructeurs navals. La rentabilisation du lieu demandée pourra se faire en partie en le densifiant avec des ateliers d'artistes, notamment au niveau de la tour. Dans le bâtiment délabré de l'huilerie face à la Loire, il est envisageable, après l'avoir réhabilité, d'accueillir une guinguette.

Programmes (noir: existants, rouge : créés)

Page 100: Chantenay la Bleue

98

PLAISANCIERSET

TOURISTES

CREATEURSCONSTRUCTEURS

NAVALS

LES DOCKS DE CHANTENAY

ECOLOGISTES,ARTISTES BOHEMES

ET ALTERNATIFS ChristianLEGOEUIL

Marie-HeleneNOIRAULT

Société civile immobilière créée en 1996Location des terrains et des biens immobiliers

LéaVIGNEAU

CO-GERANTS

AdèleVIGNEAU

ASSOCIES

GRAND PORT MARITIME

NANTES METROPOLE

ARMOR HubertDE BOISREDON

ChristopheDERENNES

Fêtesenchantenay

Jean-LucCourcoult

Leroux et LotzTechnologies

ROYAL DELUXE

150 salariés

MAIRIE ANNEXE+ GRAND DEBAT

NANTES, LA LOIREET NOUS

GASE

DlwArchitectes

Adrienle soudeur

Pascal NOIRET

présidentbijoutier

RadioCharette

AURAN

CollectifShort

MOI !ou nous

AtelierPingouins

Stockage Château et

Voyage à Nantes

Peintre

Les cousettes

Collectif MIT

ATELIERPUBLIC PÔLE NAUTIQUE LOIRE ESTUAIRE

- SARL Chantiers de l’Esclain (avec Port à sec)

- Loire mécanique plaisance

- Mensuiserie marine J’Pto

- Dépôt-vente Navy docks

Artistes extérieurs

Les abeillesde

Chantenay

Etablissement Publique de Coopération Intercommunale

JohannaROLLANDmairesse

PhilippeGARELLI

Vices - présidents

Conseilcommunautaire

97 élus

DELIBERATION

Membres extérieurs

Nantes métropole aménagementSociété Publique Locale (SPL)

Bureau communautaire

Argentic &Numeric

Productions

ProximitéDialogue citoyen

Coopérationsmétropolitaines

Tourisme

Affairesgénérales,Collecte et

traitement desdéchets,Propreté

Empreinteécologique -

Transitionénergétique

Climat

Personnel

Agriculturepériurbaine,

Arbre en ville,Forêts urbaines

Risques etpollutions

Coopérationdécentralisée

Populationmigrante

Hébergementspécifique

Production etdistribution

de l’eau potable Assainissement

Relationsinternationales,

EuropeEnseignement

Supérieur

Urbanismeet Foncier

Grands projetsurbains - Grands

équipements

Déplacementset transports

urbains

Développementéconomique des

territoires

Finances,Évaluationspolitiquespubliques,

Emploi

Transportsscolaires et

sécurité routièreLogement social

EconomieSociale etSolidaire,

et économiecirculaire

Cycle de l’eau,Trame verte

et bleue,Loire et

cours d’eau

Réseaux VoirieDéplacements

doux, continuitéspiétonnes,Handicap

ABASSIAHAKEM

PhillipeLéon

Elue

Directeur du Port Autonome

PhilippeGuillotin équipe pluridisciplinaire

composée d'urbanistes,d'architectes, d'ingénieurs,

de géographes, de sociologues,d’économistes, d’infographistes

Révéler, projeter et transmettreune lecture du site

à ceux qui voudront l’entendre

Bailleur, aménageur et services techniques

FranckSAVAGEFlore

HIVERT

DirecteurGénéralChargée de

communication

PROJET GUINGUETTE EQUITABLE

PROJ

ET EX

TENS

ION

PORT

A SE

C

PEPI

NIER

EDO

UBLE

-FACE

SEM IMMOBILIERE

SEMCOMMERCIALE

FINANCEMENT,GESTION DU PORT

ASSOCIES :- Nantes Aménagement

- Grand Port (propriété des quais)- SCI Docks de Chantenay

- Pôle nautique Loire Estuaire- NGE Ports de Plaisance

MISE EN PLACE DE LA DELIBERATION

Vincent Morandeau

Membres dupôle ouest

Nantes métropoleQuentin

Macé

PhillipeAudic

MartineStaebler

Président duConseil de

Développement

ancienne directricedu Groupement d’intérêt

public Loire Estuaire

SOCIETESPOUR LE PROJET

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finance le projet defablab

délibèreet co-organise

finance le projet deguinguette puis loue

les locataires font valoirleur point de vue

AssociationMarcel Machin

StudioAntoine

Image en

Famille

NGESOCIETE D’ECONOMIE MIXTEEntreprise publique locale

Parts égales : ville de Nantes/ Nantes métropole

CatherineCHOQUET

PrésidenteLES PORTSDE NANTES

METROPOLE

On souhaite donner un caractère "équitable" à cette guinguette, en associant l'activité de restauration à celle des épiceries solidaires présentes sur le site, qui disposeront de locaux pérennisés. Les clients auront donc la possibilité de voir les produits qui seront cuisinés ou de les acheter. A cela s'ajoutera quelques chambres d'hôtes à l'étage, et deux suites avec vues sur la Loire, l'ensemble souhaitant tirer parti du caractère patrimonial du bâtiment.

3.1.2 Processus de mise en oeuvre

La démarche doit faire preuve d'une certaine plasticité, au vu du nombre des acteurs et de la difficulté pour eux de trouver des financements. Il est souhaitable que tout au long du projet, un esprit de collaboration et de partage des objectifs soit établi, tant avec les habitants du lieu, qu'avec ceux du quartier

et les futurs usagers. C'est pourquoi l'un des atelier sera libéré pour faire un lieu d'exposition donnant sur la place centrale et servant d'atelier public pendant la durée du projet.On propose la mise en place de deux sociétés d'économie mixte pour le projet :

- une SEM immobilière pour la propriété/ la gestion du foncier du chantier de l'esclain et la location des bâtiments patrimoniaux aux artistes, au restaurateur et aux épiceries solidaires. Elle pourrait comprendre des représentants de la SCI des Docks de Chantenay et de Nantes Aménagement, et négocierait le montant de son AOT avec leGrand Port Maritime.

- une SEM commerciale aurait en charge le financement et la gestion du port à sec, que le Pôle Nautique Loire Estuaire (groupement d'entreprises qui compose le chantier de l'Esclain) ne peut pas financer à lui seul.

Organigramme de la délibération (en plus grand dans CD annexe)

Page 101: Chantenay la Bleue

99

Un programme choisi parmi les possibles (plus développé dans CD annexe)

Phasage possible

Page 102: Chantenay la Bleue

100

Nantes aménagement et Nantes métropole ont l'intention d'investir partiellement ce lieu, cela doit pouvoir se traduire par des cofinancements. S'ils mettent du temps à être négociés, une partie du projet doit pouvoir se développer partiellement pendant que l'autre reste en sommeil. Par exemple, rien n'empêche une extension du port à sec jusqu'à la parcelle d'Armor en attendant que son départ soit négocié.

Si à court terme la SCI ne trouve pas de financements, ni de promoteurs, l'ampleur de la demande de location pourra se traduire par une sédimentation des activités sur les précédentes, la réhabilitation venant dans un second temps. Il y a toutefois des initiatives à prendre très rapidement, notamment pour la conservation des bâtiments, la SCI semble disposée à les prendre, et elle pourra peut-être être appuyée en cela par Nantes Métropole.

On suggère de mettre en place une division en lots de copropriété. Cela pourra permettre de vendre ou louer à des promoteurs différents.

On suggère ainsi le rachat de la "tour des artistes" par Nantes Aménagement. Cela permettrait, outre d'apporter les financements à la SCI pour la réhabilitation de l'ensemble, de garantir des loyers relativement bas aux artistes qui s'y trouvent, qui sont les moins privilégiés.

Pour le moment la résistance à la gentrification se fait grâce à l'éthique des associés de la SCI, à dominante familiale, mais l'attente de la réhabilitation avant de vendre est aussi bien entendu stratégique en prévision de la montée des prix. Il semble que l'intervention de Nantes Aménagement serait de bon augure pour une maîtrise du foncier sur le long terme.

Etant donnée l'incertitude concernant les types de locataires / d'acheteurs du foncier et la nature et le délai des financement, le programme présenté est un choix parmi les possibles (cf schéma) et sera nécessairement ajusté, de manière collégiale, en fonction de ces contraintes.

3.2 Structuration du projet

3.2.1 Liens programmatiques avec le voisinage

Le voisinage proche sera considéré comme complémentaire à la programmation mise en place et aux maillage urbain structurant. Il y a les descentes villageoises, dont la rue de Réaumur, qui devront donner un accès piéton à la Loire, mettant à profit le franchissement de Chun comme belvédère.

Page 103: Chantenay la Bleue

101

Liens de porosité avec le voisinage

Schémas structurants

Page 104: Chantenay la Bleue

102

La localisation du quai de navibus à côté de la cale (sans gêner les rares départs de gros navires) permet de dynamiser la zone avec un apport de touristes et de travailleurs, qui peuvent rejoindre leurs voitures ou les mobilités douces qui ont pour point de départ la rue des Usines et le pôle multimodal de Chun.

C'est un parcours résilient : au siècle dernier, des travailleurs traversaient avec les Roquios, petits bateaux à vapeur qui accostaient sur le même quai, et empruntaient ces parcours se faufilant vers le centre du bourg, et s'appuyant sur des bars très animés qui vivaient du passage permanent des ouvriers et des dockers.

A l'aboutissement de ces parcours, la promenade du quai longera le port sans le perturber, tirera parti de l'imaginaire qu'il renvoit ("c'est le lieu le plus breton de Nantes"), et rétablira un lien plus simple entre les différentes fonctions du port (restauration/ construction des bateaux). Elle permettra des liens de sérendipité entre les programmes qu'elle longe, hétéroclites mais complémentaires.

Le parcours des bars se constituera avec le bar des Usines existant, le bar voisin en cours d'aménagement, le bar du port et la guinguette équitable. Celle-ci remettra à jour les usages anciens de ces restaurants de périphérie et de bord de Loire, lieux de fêtes et de contemplation.

Les petits ateliers d'artistes (les transformeurs, l'atelier du Dahu...) qui se trouvent le long du "parcours des créations libres" pourront trouver leur intérêt dans le partage du fablab. Il est envisageable que les ateliers de Royal de Luxe proche puissent s'exposer lors des fêtes enchantenay ou autres performances qui ont lieu régulièrement. Il en va de même pour les oeuvres du Voyage à Nantes, stockées dans l'ex-savonnerie : la démocratisation de l'art se fait d'autant mieux lorsqu'il conquière l'espace public. Les transformeurs de camions que logent Ulas pourraient également s'exposer lors des moments forts du site pour montrer leurs savoirs-faire voire organiser la logistique des concerts (camion-scène).

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3.2.2 Justifications spatiales

Le projet cherche à s'inscrire dans le prolongement de certains axes structurants du site  : le boulevard de Chantenay, le quai, les cheminements piétons, la trame végétale. Il définit deux entrées  dans l'axe de la diagonale qu' est le boulevard. Le port a aussi ses propres lieux qui contraignent le plan masse  et qui sont inaccessibles au public  : la cale, déjà existante, le hangar de réparation, et l'aire de construction navale, à l'écart. Les aires d'hivernage sont plus ou moins éloignées de la cale en fonction de la durée du stationnement, la rapidité d'accès étant recherchée. La desserte est longitudinale pour limiter les circulations.

En combinant ces contraintes, on détermine un bâti unifié, morceau de ville qui évoque l'ancien ilôt délimité par le canal qui se trouvait à cet endroit au XIXe.

Ce bâtiment îlot dont la tête de proue est la capitainerie, permet un contrôle de l'accès et offre les commodités aux plaisanciers.Les vues sur la Loire sont recherchées et nécessaires pour la capitainerie, et elles sont recréées dans l'ex-savonnerie, notamment au niveau de la guinguette vis à vis de Trentemoult. Le lien transversal entre les programme se fait avec la promenade qui sera bordée par un linéaire de logements à bas coûts dans des containers.

Esquisses d'ambiances : promenade du quai du Cordon Bleu et intérieur de la halle de réparation

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3.3 La recherche de porosité comme réponse au caractère archipélique

3.3.1 Les modalités de la créolisation

La nature des relations des entreprises qui existent sur le site avec l'extérieur sont d'abord marchandes, c'est-à-dire que, selon Lukács, «  elles reposent sur le fait qu’un rapport, une relation entre personnes prend le caractère d’une chose, et, de cette façon, d’une « objectivité illusoire » qui, par son système de lois propre, rigoureux, entièrement clos et rationnel en apparence, dissimule toute trace de son essence fondamentale : la relation entre homme. »

Au vu de cela, on essaiera d'inciter à ce que la co-présence des archipels de personnes hétérogènes se traduise par une confrontation et une créolisation. Edouard Glissant utilise cette métaphore pour le langage créole, et constate que « L’écriture est en effet une aire de rencontre qui vise à créer le contact, le choc et l’émotion nés du rapprochement d’éléments éloignés et divers». Transposé à l'architecture, ce concept peut inspirer à la fois les rapports d'échanges et le bâtiment qui en résulte.

Elle peut permettre d'engendrer la reconnaissance des autres individus, avec leurs parcours de vie singuliers et parfois similaires, et les modes de vie qui leur sont propres.

Les trois programmes interfaces qui sont créés  : guinguette équitable, pépinière partagée et port de plaisance sont destinés à encourager les porosités entre les strates du lieu (cf schéma programme).

Ils cherchent a proposer deux types de sociabilité :

- une sociabilité par la ressemblance

Par exemple, il y a de nombreux points

communs entre les « artistes bohêmes » et les militants de l'épicerie solidaire, dans la recherche d'un mode de vie alternatif  ; ils peuvent ressembler à certains égards aux « plaisanciers expérimentaux ». De même, il est fort probable que les touristes et les plaisanciers «  séniors libérés  » aient des ressemblances.

C'est pourquoi les programmes essaieront de s'adapter à cette diversité, à travers les prix et les prestations proposées  : la guinguette chic ou le bar, suite, chambre d'hôte ou logement bricolé dans un container...

- une sociabilité liée aux intérêts communs

La mutualisation de certains services est

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susceptible de rapprocher les personnes, par exemple les constructeurs navals et les artistes avec les machines de la pépinière. Le fait que l'épicerie solidaire soit dans la guinguette et l'approvisionne créée également des liens réciproques.

Et comme pour Sullivan, "la forme suit la fonction", on se propose de traduire les porosités le plus clairement possible par l'architecture. Elles sont d'abord unifiées par un itinéraire de transparence, le long du quai, qui exprime par ses «  façades en mouvements  » les usages  : racks de bateaux, étagères du magasin d'accastillage, végétation grimpante et tables de restaurant. Ces façades cherchent donc à créer pour les passants un rapport simple

de reconnaissance des gens qu'ils abritent.

L'architecture doit pouvoir s'adapter et traduire les temps forts du site, cela se fait notamment avec un bar mobile (un camping-car airstream), qui pourra se rendre sur la place lors du festival.La mise en continuité se veut également structurelle  : à travers la trame du bâti du port, et le treillis faisant la jonction, qui, d'une poutre au niveau du hangar, s'affine en garde corps sur la capitainerie, et supporte un auvent en toile (abritant la terrasse du café) entre les deux.

De la même manière, les sheds qui jalonnent le toit de la halle sont prolongés sur la capitainerie, et se retournent verticalement

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pour devenir les ouvertures et les passages de la pépinière.Enfin, la reconnaissance est aussi celle des usages anciens et donc de la singularité des usagers qui ont existé. On cherche à faire une "mise en vie" de l'ex-savonnerie :on respecte le vécu des dispositifs qu'on inscrit dans la vie contemporaine : l'ancien élévateur, les grandes lampes d'usine, l'escalier métallique, les grandes portes, seront remis en état de fonctionnement pour participer au fablab. La reconnaissance des plaisanciers sera accentuée par un rappel des typologies marines : les conteneurs, les balcons courbés, la toile tendue, l'omniprésence du métal, les cordages tendus pour faire des séparations et des hamacs le long de la promenade. Celle des artistes se fera par un partenariat avec l'évènement estuaire : l'idée est que sur la tour et sur la terrasse créée, les artistes du lieu viennent composer le couronnement.

3.3.2 La recherche de capabilité

La créolisation passe par une mise en expérimentation des différents éléments de la reconnaissance : la pratique, la parole, l'estime, le cercle de compétences et de savoirs. La capabilité signifie augmenter, à travers une expérimentation de ces savoirs, de ces compétences, les possibilités de diversité des échanges. Elle est définie ar Amartya Sen comme la possibilité effective qu'un individu a de choisir diverses combinaisons de fonctionnement. Le projet visera une capabilité la plus large possible, afin d'augmenter pour les usagers la possibilité de choisir tel ou tel mode de vie et de sentir que le projet s'adapte à la catégorie sociale dont ils font pattie, quelle qu'elle soit.Elle a été établie dès la négociation, parce que l'on a fait une tentative de s'accommoder des exigences des différentes minorités, pour arriver à une certaine forme d'égalité dans la prise en compte du

point de vue des acteurs.Le projet devra donc prolonger les initiatives des habitants pour permettre de connaître et reconnaître les savoir-faire des petits groupes, par exemple :

- le projet d'agriculture urbaine d'Ulas pourra trouver son débouché dans la guinguette équitable, par l'embauche de certains des roms qui y travaillent, pour les postes de cuisine ou de services. Ainsi l'intervention des associations solidaires dans le projet d'agriculture urbaine pourra faciliter la mise en relation des roms avec d'autres types d'usagers.

- l'aménagement permettra de pérenniser les fêtes enchantenay, et donc la reconnaissance de l'association Marcel Machin qui l'organise et qui a une démarche de défense du patrimoine grâce au théâtre/ aux concerts/ au marché des créateurs.

Atelie

r

chantier 1

Les pin

gouins

Bar

Salle

guinguette

Cuis

ine

Gro

upe

achat

service

épicerie

Gra

phiste

Local

Ingala

n

Collectif

MIT

Fablab

Transfo

rmeurs

contain

ers

Photogra

phe

Atelie

r

chantier 2

Atelie

r

chantier 3

Stockage

Nantes

métro

pole

Avignon

Clouet

Collectif

short

Studio

Anto

ine

Hivernage en ra

cks protégés :

bateaux à moteurs

voiliers dématés

Bijo

utier

Magasin

d'accastillage

Salle commune

Laverie

Accueil

Sanitaire

s

Bar m

obile

Stockage

Halle de

répara

tion + entre

tien m

écanique

Ateliers

46

pl.

Yacht

club

Terrasse

Logements tempora

ires

artistes ou plaisanciers

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Fablab

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Nantes

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cks protégés :

bateaux à moteurs

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Salle commune

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Bar m

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Ateliers

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club

Terrasse

Logements tempora

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artistes ou plaisanciers

Esquisses d'ambiances intérieures : fablab et guinguette équitable

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SYNTHESE : LA DEMARCHE DELIBERATIVE

Contre-don

Contre-don

1. Relevé des logiques à l’oeuvre

2. Négociation des valeurs :

3. Définition des modalitésde la reconnaissance

Paroles du vécu des habitants livrantune connaissance du lieu et de ses contraintes

Cartographie, identification de lapluralité des identités restituéesaux habitants par le collage

Agencement des éléments en axes convergents,mis en délibération avec les habitantsidentification des valeurs les plus intenses

Arguments des habitants pour ou contreLes rendre parti-prenants et nonplus seulement participants

Don

Intentions (les habitants en sont demandeurs!)Tentative de diminuer les écarts entre lespoints de vue/ les singularités des habitants

Contre-don

Avis des habitants sur les intentions,les impossibilités, le point de vue des autres

Don

Contre-don Combinaisons des contraintes physiqueset humaines pour déterminer une implantation

Don

“Amplifier les possibilitéset contourner les impossibilités.”(Simone Kroll)

“Le plus beau mot, c’est l’autre.”(Simone Kroll)

“L’architecture comme“mimétisme décalé” du site”(Jean Nouvel)

“L’expression de la façade,c’est la pluralité d’une démocratie”(Lucien Kroll)

“Faire du projet un morceau de villevécu de l’intérieur.”(Patrick Bouchain)

Don

“Je vous présente en offrande le motde créolisation pour signifier cetimprévisible de résultantes inouïes”(Edouard Glissant)

Effort de projection et de commentaireAcceptation que le morceau de ville crééne sera plus l’Esclain,tout en étant toujours l’Esclain

Contre-don Projet de relations reconnaissantes et diversifiéesqui tire parti de l’écart entre ces diversités en faisantrentrer les valeurs dans un rapport d’échange etd’expérimentation avec d’autres valeurs

Dessin d’un bâti qui permette une reconnaissancedes usages et identifie les zones de porosité

Prolongement des initiatives habitantes

Vous trouverez la bibliographie, les références et les documents joints sur le CD annexe/ itinéraire

Page 111: Chantenay la Bleue

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Merci à

Christian Dautel, directeur de l’ENSA Nantes Nicolas Schmitt, secrétaire général de l’ENSA Nantes

Pascal Pras, vice-Président de Nantes Métropole pour son investissement pour l’association arts de faire

Evelyne Thoby, responsable de la reprographie de l’ENSA Nantes, pour son

travailPierre Cahurel, pour son investissement

l’équipe d’enseignants et d’intervenants :Cherif Hanna, pour la coordination de l’ensemble du semestre et ses apports

théoriquesJean-Yves Petiteau, pour nous avoir initier à la démarche des itinéraires et

pour son regard sociologiqueSaweta Clouet, pour son pragmatisme efficace

Flore Grassiot, pour nous avoir initier et porter dans la démarche des ateliers publics ainsi que pour les événements organisés à Bruxelles

Ricardo Basualdo, pour son regard pertinent et ses apports théoriquesCendrine Robelin, pour son apport cinématographique

Simone et Lucien Kroll, pour leur générosité et leur acceuil à Bruxelles

Katell Cornec-Lepage et Vincent Morandeau pour nous avoir accorder des entretiens extrêmement enrichissants

Luc Rousselot et Pascal Noiret pour avoir accepter de faire les itinéraires avec nous et nous avoir emmener dans leur perception de leurs espaces vécus

aux collectifs Mit et Ingalan pour nous avoir prêter le matériel nécessaire à la création de notre atelier public

à Quentin Vigneau pour nous avoir permis d’installer l’atelier public aux chantiers de l’Esclain

aux multiples habitants et travailleurs de Chantenay rencontrés, pour leur temps accordés à nos discussions et pour nous avoir induit vers des réflexions

partagées

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Remerciements à :Christian Dautel, directeur de l’ENSA Nantes ;Nicolas Schmitt, secrétaire général de l’ENSA Nantes ;Pascal Pras, vice-Président de Nantes Métropole pour son investissement pour l'association arts de faire ;

Mr Patrick Haury, maire de Saint-Brevin les Pins, Mr Damien Roussel, directeur de cabinet,Mme Annie Boutin, Adjointe à l'Urbanisme et au Foncier, Mme Lucie Voisin, Adjointe à la Culture-Jumelage, Mme Patricia Benbelkacem, maire de Corsept et Mr Hervé Gentes, 5ème adjoint

Nous remercions aussi Elaine Lamoureux pour son hospitalité et sa bonne humeur, Bernard Douaud pour la clairvoyance du regard qu'il nous a apporté sur le territoire, Marc Ferré pour sa disponibilité, Jean-Yves Rigaud pour son initiative et sa motivation, Chantale pour son accueil, Alain pour la balade sous les pins, Patrick Deville pour son attention, son écoute, et ses précieuses histoires, Henri Poinot et Alain David pour le temps qu'ils nous ont accordé, la visite et les plans du musée de la Marine, Bosco pour nous avoir fait voyager, Yvonnick Chéreau pour son implication, et la visite du Brévinois, Estelle Laboureur, Hélène, Mme Mabileau et son amie, Océane, Guiliane, Rodolphe et leur maman et tous les autres Brévinois que nous avons croisés, écoutés, questionnés, et qui ont pris le temps de nous donner des réponses.

Simone et Lucien Kroll, jardinière paysagiste et architecte ;Cendrine Robelin, cinéaste ;Flore Grassiot, architecte ;Ricardo Basualdo, artiste et scénographe urbain ;Evelyne Thoby, responsable de la reprographie de l’ENSA Nantes, pour son travail ;Pierre Cahurel, graphiste, pour son implication ;Chérif Hanna, Saweta Clouet et Jean-Yves Petiteau, enseignants à l’ENSA Nantes ;

Nous tenons aussi à remercier Arnaud, Solène et Clémentine pour les semaines de travail dans la bonne humeur,La Renault 19 pour les 2800 kms enregistrés entre Nantes et Saint-Brevin,Kernews pour l'ambiance musicale sur la route,Céline, Elsa et Rocky pour leur soutien inconditionnel,

Marc pour sa patience inépuisable,Julie pour sa relecture attentive,

Nos amis de l'ENSAN et d'ailleurs,Nos parents, nos familles et nos proches pour leur soutien tout au long de ces études.

Directeurs d'étude : Saweta Clouet, Chérif Hanna, Jean-Yves Petiteau

arts de faire - février 2015

ESTUAIRE 2029

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ESTUAIRE 2029

Directeurs d'étude : Saweta Clouet,Chérif Hanna, Jean-Yves Petiteau

ensa nantes - arts de faire

Tirer des bords

Le Bas Chantenay est à la croisée de plusieurs entités urbaines; du quartier de faubourg de la Roche Maurice sous le pont de Cheviré, au nouvel îlot de l’ancien site Alstom, des hauteurs de la butte Sainte-Anne aux escarpements de la fin du Sillon de Bretagne donnant naissance à la carrière de la Meuse. Porteur d’une histoire très active de la Ville dans son rapport au Fleuve, sur l’axe historique ville-port, son devenir doit s’inscrire non pas dans une continuité stricte, mais dans la compréhension de ce passé, et dans une transformation progressive et évolutive, à l’écoute de l’émergence de nouveaux usages et programmes.

La situation privilégiée du secteur en bord de Loire et en aval du centre-ville, ses fortes potentialités foncières et patrimoniales en font un enjeu de développement à l’échelle de la métropole. Le nouveau Bas Chantenay sera un trait d’union entre les communes limitrophes de l’estuaire, les territoires des berges de Loire et les secteurs dynamiques du centre et de l’Île de Nantes.

ESTUAIRE 2029

CHANTENAY LA BLEUE

Tirer des bordsFlorian Bony (PFE), Ana Bernard, Ulas Colas, Abdelaziz Ghanine, Chun Hung

LE BAS CHANTENAY

Directeurs d'étude : Saweta Clouet, Chérif Hanna, Jean-Yves Petiteau

arts de faire - février 2015