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JAA / PP / JOURNAL, 1211 GENÈVE 13 SUCCESSEUR DE LA «VOIX OUVRIÈRE» FONDÉE EN 1944 WWW.GAUCHEBDO.CH N° 52 23 DÉCEMBRE 2015 CHF 3.- Il y a 40 ans, la musique punk chamboulait le paysage musical en Angleterre page 7 Certains signaux laissent penser que Vladimir Poutine pourrait quitter le pouvoir en 2018 page 5 L ’élection de Donald Trump, qui sera investi le 20 janvier comme président des USA, donnera-t- elle des ailes à la droite nationaliste sur le Vieux Continent? L’année 2017 sera cruciale pour le tandem histo- rique du moteur de l’intégration européenne: la France et l’Allemagne. Dans l’Hexagone, la droite revan- charde emmenée par François Fillon, ancien ministre sous Jacques Chirac et Sarkozy, veut revenir aux com- mandes à l’occasion des présiden- tielles du mois d’avril. Escomptant rejouer le scénario de la présidentielle de 2002, qui avait vu l’élimination du candidat socialiste Lionel Jospin au second tour de la présidentielle, le FN attend aussi son heure avec sa candi- date, Marine Le Pen, tout en affichant de grosses ambitions pour les législa- tives de juin. 14% d’intentions de vote pour Mélenchon Quid à gauche? La faillite sociale libérale du mandat de François Hol- lande a ouvert le bal des prétendants de la gauche de gouvernement en vue des primaires de fin janvier, avec comme favoris l’ancien ministre de l’intérieur, Manuel Valls et le défen- seur du «redressement national», Arnaud Montebourg. Repartant au combat, le chef du Parti de Gauche (PdG) candidat de la «France insou- mise», Jean-Luc Mélenchon, sou- tenu finalement par le Parti commu- niste français (PCF) et actuellement crédité de 14% d’intentions de vote, se profile de plus en plus comme le champion de la gauche alternative. Au cœur de son programme, le refus des traités de libre-échange, l’abrogation de la loi travail, la refon- dation démocratique des traités européens, la transition écologique ou un Smic à 1300 euros. Défenseur d’une «Révolution citoyenne», il cherche à incarner l’alternative, à «être l’antidote le plus efficace au musée des horreurs libérales», pour reprendre les mots d’Eric Coquerel, coordinateur du PdG. Un pari pas si simple au vu des bilans mitigés du Syriza d’Alexis Tsipras en Grèce ou du reflux de Podemos en Espagne. Die Linke dans les starting-blocks En Allemagne, la chancelière Angela Merkel est en course pour un 4ème mandat de cheffe du gouvernement , avec encore de bonnes chances de remporter la mise. En septembre auront lieu les législatives et la coali- tion chrétienne-démocrate de la CDU-CSU de Bavière caracole en tête des sondages avec près de 36% d’intention de vote. Le Parti social- démocrate (SPD) et les Verts recueillent respectivement 22% et 11% des intentions de vote. De son côté, la gauche alternative, Die Linke, qui a obtenu 8,6% des suffrages lors des élections de 2013, pourrait obte- nir 11 à 12% des suffrages. Augmen- tation du salaire minimum, renforce- ment des secteurs publics, notam- ment dans la santé, relèvement de la taxation pour les riches, lutte contre la xénophobie font partie des axes de campagne de la formation. A l’op- posé, et profitant de la «crise des migrants» de 2015, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), formation qui avait décroché 4,7% des voix en 2013, flirte avec la barre des 14% d’inten- tions de vote. La configuration des votes, si elle se confirmait, conduirait au renou- vellement d’une Grande Coalition CDU/CSU-FDP et SPD, avec ou sans les Verts, gage d’effets pervers comme le brouillage complet des lignes droite-gauche. La RIEIII en perspective Dans une Europe de l’Est tentée par le repli sur soi et l’intolérance, l’enjeu des élections législatives en République tchèque en octobre sera de savoir si le premier ministre socialiste Bohuslav Sobotka sera reconduit et si le Parti communiste de Bohème et de Mora- vie (KSCM), principale force d’oppo- sition et actuellement crédité de 14,5% des intentions de vote, restera le troisième parti du pays. En Amé- rique latine, on suivra aussi de près les législatives et présidentielles en Equa- teur en février, alors que le sortant Rafael Correa ne se représente pas. En Suisse, le calendrier politique sera rythmé par les votations fédé- rales, notamment celle portant sur «la plus importante réforme fiscale des 50 dernières années», soumise au vote le 12 février prochain. En échange de la fin des statuts spéciaux des multi- nationales, le Conseil fédéral et le par- lement ont approuvé des niches fis- cales, entre autres, sur les investisse- ments dans les activités de recherche & développement des multinatio- nales. Ces ristournes entraîneront des millions de pertes pour les collectivi- tés publiques, en plus des taux d’im- position cantonaux qui seront revus à la baisse ou l’ont déjà été pour cer- tains. La gauche, les Verts, la gauche radicale et les syndicats sont contre ces nouveaux cadeaux fiscaux. Autre important chantier que celui de la réforme des retraites, Pré- voyance 2020, qui prévoit une aug- mentation de l’âge de la retraite des femmes, la flexibilisation de l’âge de départ à la retraite ou la baisse des rentes du 2 ème pilier. Plusieurs initia- tives, notamment celle sur la souve- raineté alimentaire, du syndicat pay- san Uniterre, l’initiative Rasa pour graver dans le marbre la libre-circula- tion entre Suisse et UE ou le texte pour des logements abordables, lancé par l’ASLOCA, pourraient aussi être soumis au vote cette année. Vaud, Neuchâtel et le Valais élisent leurs autorités Au niveau régional, le Valais élira ses autorités cantonales en mars, et Vaud et Neuchâtel au mois d’avril. Du côté du canton de Vaud, l’objec- tif de la gauche sera de maintenir sa majorité au Conseil d’Etat. Le PS présentera trois candidats dont les sortants Nuria Gorrite et Pierre- Yves Maillard. Les Verts représen- tent Béatrice Métraux, alors que du côté de la droite, l’UDC s’allie avec le PLR pour tenter de reconquérir la majorité. A noter qu’une victoire de la gauche permettrait aussi de maintenir le seul gouvernement cantonal qui connaît une majorité de femmes. La gauche radicale présentera elle aussi une liste au Conseil d’Etat, mais vise surtout à conserver ses 5 sièges actuels dans un Grand Conseil à majorité de droite. A Neuchâtel, les élections canto- nales se dérouleront sur fond de crise et de coupes budgétaires et alors que le canton votera le 12 février sur la répartition hospitalière qui a tant divisé le Haut et le Bas. Comme dans le canton de Vaud, la droite, qui domine le Grand Conseil, est d’ores et déjà sur les starting-blocks pour ren- verser la majorité gouvernementale de gauche composée de trois socia- listes. Le POP a d’ores et déjà annoncé qu’il ne s’apparenterait pas au PS, même si cette position risque de faire perdre des voix à la gauche et au POP lui-même (qui compte actuellement 8 représentants au Grand Conseil). Le parti estime cependant qu’il ne peut cautionner la politique mise en œuvre par le PS durant la législature écoulée et qu’«il est temps de se positionner pour un changement politique en profondeur». Face à cette situation, les Verts n’ont pas encore déterminé leur stratégie d’apparentement. En Valais, la conseillère d’Etat socialiste Esther Waeber-Kalbermat- ten, seule représentante de la gauche à l’exécutif, se représentera aux côtés de l’ancien conseiller national Sté- phane Rossini. La Gauche alternative n’a pas encore déterminé si elle pré- senterait un candidat au législatif. n Joël Depommier et Juliette Müller 2017, année de contre-révolution? PERSPECTIVE • L’élection de Trump aux USA aura-t-elle une influence sur les élections françaises et allemandes? C’est l’un des enjeux de 2017, tout comme le vote sur la troisième réforme de l’imposition des entreprises en Suisse.

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Page 1: chamboulait le paysage musical 2017, année de contre ...€¦ · remporter la mise. En septembre auront lieu les législatives et la coali-tion chrétienne-démocrate de la CDU-CSU

JAA / PP / JOURNAL, 1211 GENÈVE 13

SUCCESSEUR DE LA «VOIX OUVRIÈRE» FONDÉE EN 1944 • WWW.GAUCHEBDO.CH N° 52 • 23 DÉCEMBRE 2015 • CHF 3.-

Il y a 40 ans, la musique punk chamboulait le paysage musical en Angleterre page 7

Certains signaux laissent penser que Vladimir Poutine pourrait quitter le pouvoir en 2018 page 5

L ’élection de Donald Trump, quisera investi le 20 janvier commeprésident des USA, donnera-t-

elle des ailes à la droite nationalistesur le Vieux Continent? L’année 2017sera cruciale pour le tandem histo-rique du moteur de l’intégrationeuropéenne: la France et l’Allemagne.Dans l’Hexagone, la droite revan-charde emmenée par François Fillon,ancien ministre sous Jacques Chiracet Sarkozy, veut revenir aux com-mandes à l’occasion des présiden-tielles du mois d’avril. Escomptantrejouer le scénario de la présidentiellede 2002, qui avait vu l’élimination ducandidat socialiste Lionel Jospin ausecond tour de la présidentielle, le FNattend aussi son heure avec sa candi-date, Marine Le Pen, tout en affichantde grosses ambitions pour les législa-tives de juin.

14% d’intentions de vote pour MélenchonQuid à gauche? La faillite socialelibérale du mandat de François Hol-lande a ouvert le bal des prétendantsde la gauche de gouvernement envue des primaires de fin janvier, aveccomme favoris l’ancien ministre del’intérieur, Manuel Valls et le défen-seur du «redressement national»,Arnaud Montebourg. Repartant aucombat, le chef du Parti de Gauche(PdG) candidat de la «France insou-mise», Jean-Luc Mélenchon, sou-tenu finalement par le Parti commu-niste français (PCF) et actuellementcrédité de 14% d’intentions de vote,se profile de plus en plus comme lechampion de la gauche alternative.Au cœur de son programme, lerefus des traités de libre-échange,l’abrogation de la loi travail, la refon-dation démocratique des traitéseuropéens, la transition écologiqueou un Smic à 1300 euros. Défenseurd’une «Révolution citoyenne», ilcherche à incarner l’alternative, à«être l’antidote le plus efficace aumusée des horreurs libérales», pourreprendre les mots d’Eric Coquerel,coordinateur du PdG. Un pari pas sisimple au vu des bilans mitigés duSyriza d’Alexis Tsipras en Grèce oudu reflux de Podemos en Espagne.

Die Linke dans les starting-blocksEn Allemagne, la chancelière AngelaMerkel est en course pour un 4èmemandat de cheffe du gouvernement ,avec encore de bonnes chances deremporter la mise. En septembreauront lieu les législatives et la coali-tion chrétienne-démocrate de laCDU-CSU de Bavière caracole en

tête des sondages avec près de 36%d’intention de vote. Le Parti social-démocrate (SPD) et les Vertsrecueillent respectivement 22% et11% des intentions de vote. De soncôté, la gauche alternative, Die Linke,qui a obtenu 8,6% des suffrages lorsdes élections de 2013, pourrait obte-nir 11 à 12% des suffrages. Augmen-tation du salaire minimum, renforce-ment des secteurs publics, notam-ment dans la santé, relèvement de lataxation pour les riches, lutte contrela xénophobie font partie des axes decampagne de la formation. A l’op-posé, et profitant de la «crise desmigrants» de 2015, l’Alternative pourl’Allemagne (AfD), formation quiavait décroché 4,7% des voix en 2013,flirte avec la barre des 14% d’inten-tions de vote.

La configuration des votes, si ellese confirmait, conduirait au renou-vellement d’une Grande CoalitionCDU/CSU-FDP et SPD, avec ou sansles Verts, gage d’effets pervers commele brouillage complet des lignesdroite-gauche.

La RIEIII en perspectiveDans une Europe de l’Est tentée par lerepli sur soi et l’intolérance, l’enjeu desélections législatives en Républiquetchèque en octobre sera de savoir si lepremier ministre socialiste Bohuslav

Sobotka sera reconduit et si le Particommuniste de Bohème et de Mora-vie (KSCM), principale force d’oppo-sition et actuellement crédité de14,5% des intentions de vote, resterale troisième parti du pays. En Amé-rique latine, on suivra aussi de près leslégislatives et présidentielles en Equa-teur en février, alors que le sortantRafael Correa ne se représente pas.

En Suisse, le calendrier politiquesera rythmé par les votations fédé-rales, notamment celle portant sur «laplus importante réforme fiscale des50 dernières années», soumise au votele 12 février prochain. En échange dela fin des statuts spéciaux des multi-nationales, le Conseil fédéral et le par-lement ont approuvé des niches fis-cales, entre autres, sur les investisse-ments dans les activités de recherche& développement des multinatio-nales. Ces ristournes entraîneront desmillions de pertes pour les collectivi-tés publiques, en plus des taux d’im-position cantonaux qui seront revus àla baisse ou l’ont déjà été pour cer-tains. La gauche, les Verts, la gaucheradicale et les syndicats sont contreces nouveaux cadeaux fiscaux.

Autre important chantier que celuide la réforme des retraites, Pré-voyance 2020, qui prévoit une aug-mentation de l’âge de la retraite desfemmes, la flexibilisation de l’âge de

départ à la retraite ou la baisse desrentes du 2ème pilier. Plusieurs initia-tives, notamment celle sur la souve-raineté alimentaire, du syndicat pay-san Uniterre, l’initiative Rasa pourgraver dans le marbre la libre-circula-tion entre Suisse et UE ou le textepour des logements abordables, lancépar l’ASLOCA, pourraient aussi êtresoumis au vote cette année.

Vaud, Neuchâtel et le Valais élisent leurs autoritésAu niveau régional, le Valais élirases autorités cantonales en mars, etVaud et Neuchâtel au mois d’avril.Du côté du canton de Vaud, l’objec-tif de la gauche sera de maintenir samajorité au Conseil d’Etat. Le PSprésentera trois candidats dont lessortants Nuria Gorrite et Pierre-Yves Maillard. Les Verts représen-tent Béatrice Métraux, alors que ducôté de la droite, l’UDC s’allie avecle PLR pour tenter de reconquérirla majorité. A noter qu’une victoirede la gauche permettrait aussi demaintenir le seul gouvernementcantonal qui connaît une majoritéde femmes.

La gauche radicale présenteraelle aussi une liste au Conseil d’Etat,mais vise surtout à conserver ses 5sièges actuels dans un GrandConseil à majorité de droite.

A Neuchâtel, les élections canto-nales se dérouleront sur fond de criseet de coupes budgétaires et alors quele canton votera le 12 février sur larépartition hospitalière qui a tantdivisé le Haut et le Bas. Comme dansle canton de Vaud, la droite, quidomine le Grand Conseil, est d’ores etdéjà sur les starting-blocks pour ren-verser la majorité gouvernementalede gauche composée de trois socia-listes.

Le POP a d’ores et déjà annoncéqu’il ne s’apparenterait pas au PS,même si cette position risque de faireperdre des voix à la gauche et au POPlui-même (qui compte actuellement 8représentants au Grand Conseil). Leparti estime cependant qu’il ne peutcautionner la politique mise en œuvrepar le PS durant la législature écouléeet qu’«il est temps de se positionnerpour un changement politique enprofondeur». Face à cette situation, lesVerts n’ont pas encore déterminé leurstratégie d’apparentement.

En Valais, la conseillère d’Etatsocialiste Esther Waeber-Kalbermat-ten, seule représentante de la gaucheà l’exécutif, se représentera aux côtésde l’ancien conseiller national Sté-phane Rossini. La Gauche alternativen’a pas encore déterminé si elle pré-senterait un candidat au législatif. nJoël Depommier et Juliette Müller

2017, année de contre-révolution?PERSPECTIVE • L’élection de Trump aux USA aura-t-elle une influence sur les élections françaises et allemandes? C’est l’un desenjeux de 2017, tout comme le vote sur la troisième réforme de l’imposition des entreprises en Suisse.

Page 2: chamboulait le paysage musical 2017, année de contre ...€¦ · remporter la mise. En septembre auront lieu les législatives et la coali-tion chrétienne-démocrate de la CDU-CSU

2 • NATIONAL N° 52 • 23 DÉCEMBRE 2016

Les employés de Generali ne se rendent pas

L e 20 décembre, une partie du personnel del’assurance Generali à Nyon a suivi uneaction de débrayage d’avertissement. En

cause: le refus de la direction de l’entreprise dedonner à l’assemblée du personnel les informa-tions économiques utiles pour éviter le transfertd’une centaine d’emplois sur les 340 que compte lacompagnie à Nyon au siège d’Adliswil (ZH). Lamesure de délocalisation, annoncée le 21novembre, revient, dans les faits, à un licencie-ment, puisqu’en cas de refus, les employés serontlimogés. «Beaucoup d’employé-e-s ne pourront passuivre le mouvement, comme ceux qui ont desfamilles avec des conjoint-e-s employé-e-s enSuisse romande, par exemple », estime le syndicat

Unia Vaud.«Alors que Generali s’était engagé débutdécembre par un accord écrit établi sous l’égide duDépartement de l’économie et des sports (DECS)du Canton de Vaud à donner toutes les informa-tions économiques utiles, l’assureur se mure dansle silence et refuse toujours de s’exécuter. En plusd’être contraire à l’accord signé, c’est une violationdes droits de consultation des salarié-e-s», s’irrite lesyndicat. Dans la phase de consultation ouvertejusqu’au 13 janvier, ces informations sont fonda-mentales «pour pouvoir faire des propositionsconcrètes et éviter les licenciements», souligne lesyndicat, qui a demandé une prolongation du délaide consultation de 4 jours. n

Réd.

Amanda Ioset réagit à notre édito sur la SyrieChère rédaction,

Je souhaite réagir au «Il faut le dire» sur laSyrie publié dans le dernier numéro de Gau-chebdo. Je suis surprise d’y trouver un tel partipris pour la propagande de l’OTAN, déjà large-ment relayée pas les médias occidentaux. Laguerre en Syrie est le résultat des conflits d’unmonde multipolaire où les puissances luttentpour s’approprier les combustibles fossiles etpour contrôler le marché vers l’Europe et lemonde industrialisé. La réalité est complexe et nese résume pas à un conflit religieux ou ethnique,avec d’un côté les bons et de l’autre les méchants.

La libération de la ville d’Alep est un pasimportant dans la lutte contre les islamistes etsûrement aussi vers la fin de la guerre civile enSyrie. Pourquoi cela n’est-il souligné nulle part?Après tous ces morts, ces réfugiés, ces déplacés,la perspective de s’approcher de la fin du conflitdevrait pourtant donner de l’espoir à tous ceuxqui veulent la paix en Syrie. Certes, il y a desaccusations de crimes de guerre. Ce sera natu-rellement à une enquête indépendante d’enjuger. Ce n’est en tout cas pas aux pays del’OTAN ni aux grands groupes médiatiques d’endécider, en se basant comme ils le font toujourssur des sources plus que controversées. Parailleurs, une telle enquête devra également se

pencher sur les agissements des autres acteursimpliqués dans cette guerre, à commencer parceux qui n’ont fait que souffler sur le feu depuisle début en fournissant des armes à des groupesextrémistes.

Un jour, quelqu’un a dit: «La première victimede la guerre, c’est la vérité». Dans cet éditorial,vous dénoncez la «machine de propagande deBachar Al-Assad». Qu’en est-il de la propagandedes islamistes, qui ont déjà diffusé des «FakeNews» concernant des massacres supposés dugouvernement syrien (même genre de «news»qui ont conduit à l’invasion de l’Irak et qui sesont révélées fausses depuis)? Qu’en est-il de lamachine de propagande des pays de l’OTAN,pour qui le seul but en Syrie était dès le départ unchangement de régime, coûte que coûte? C’estavec la même propagande de guerre qu’on a faitaccepter à «l’opinion publique» européenne lesguerres d’Afghanistan, d’Irak et de Libye, avec lesrésultats catastrophiques que tout le monde peutconstater aujourd’hui. C’est désespérant de voirque les mêmes manipulations médiatiques fonc-tionnent encore et encore.

Aujourd’hui, plus que jamais, il faut revendi-quer la reprise des négociations de paix pourune sortie politique de cette guerre. C’est la seulesolution pour mettre un terme à des années deconflits, pour que la Syrie puisse envisager lapaix, mais aussi pour (re)construire un État laïcqui respecte les droits humains. n

Amanda Ioset

COURRIER

L e 5 juin dernier, 70% des électeurs suissesrejetaient l’initiative «Pro service public»,lancée par les magazines de consommateurs.

Soutenue par aucun parti ni aucun parlementairefédéral, celle-ci avait pourtant réussi à faire parlerd’elle au point de créer un véritable débat sur laquestion en Suisse. Un mois avant le vote, un son-dage réalisé par Tamedia prédisait ainsi son accep-tation à 60%. Le signe d’un certain attachement dela population à ses services publics?

Ce n’est pas le message que semble avoirretenu La Poste, qui en est, 6 mois plus tard, à satroisième annonce de cure d’amaigrissement.Fin octobre, elle informait de la fermeture de500 à 600 offices postaux d’ici 2020 pour lesremplacer par des «points d’accès», notammentdans des commerces. «Environ 1200 collabora-teurs pourront être concernés par ce change-ment», précisait-elle. Début novembre, lavolonté de réorganisation de Postfinance, avecde possibles réductions d’effectifs à la clé, étaitannoncée. Enfin, juste avant Noël, la pressedominicale révélait que le Géant jaune prévoitd’économiser environ 30% d’ici 2020 dans sessecteurs finance, personnel et communication.

Un demi-milliard de bénéfices«Ce chiffre de 30% n’a qu’une valeur indicative.Il ne faut pas imaginer qu’un poste sur trois serasupprimé», s’est empressé de rassurer, dans lesmédias, le porte-parole de La Poste Olivier Flüe-ler. Ainsi, la diffusion en ligne notamment desmagazines destinés au personnel et à la clientèleserait à l’étude. Mais il faut tout de même «s’at-tendre à des suppressions de postes ces pro-chaines années», a-t-il ajouté.

Du côté de Syndicom, on regrette de «ne pasavoir été tenu au courant» des plans de réorgani-sation, tout en soulignant qu’«il sera difficile deréaliser 30% d’économies sans toucher au per-sonnel». Si La Poste a annoncé que certains col-laborateurs pourraient repostuler après réorga-nisation, «ils coupent tellement de tous les côtésqu’on ne voit pas où certains retrouveront unemploi», estime Yves Sancey, responsable de lacommunication du syndicat, qui dénonce un«nouveau plan d’économie alors que La Postefait un demi-milliard de bénéfices». Pour le syn-dicaliste, cette troisième annonce depuis l’été«commence à bien faire».

Du côté du Syndicat autonome des postiers(SAP), Olivier Cottagnoud renchérit: «Ça n’ar-

rête pas, c’est un démantèlement de l’entrepriseavec la bénédiction du parlement fédéral. LaPoste n’est plus une entreprise publique!»,dénonce-t-il. Relativement à la fermetureannoncée de nombreux offices, il rappelle,comme Yves Sancey, que si les opérations auguichet ont diminué, le trafic général de colis, enparticulier lié aux entreprises, est plutôt en aug-mentation, mais sans forcément passer par lesoffices de poste. «La réorganisation interne deLa Poste réduit l’importance des offices. C’estune stratégie pour les diminuer», dénonce leprésident du SAP. «On a l’impression que laPoste suit une pure logique financière, sans vrai-ment réfléchir. Ce faisant, elle pénalise lescitoyens, les emplois et les PME», critiqueencore Yves Sancey.

«Avant, il y avait une fierté à travailler pour La Poste»Face à cette situation, Syndicom a demandé unmoratoire sur la fermeture des offices et lancéune pétition ainsi qu’une «campagne transpa-rence» consistant à répertorier, dans chaquecanton, les bureaux de poste potentiellementmenacés. A Fribourg par exemple, seuls 9offices sur les 68 actuels sont garantis à l’avenir,avance le syndicat, qui estime que «la Poste vasupprimer tout ce qu’elle peut supprimer légale-ment». Interrogée par La Liberté , la porte-parole du géant jaune Nathalie Dérobert Fellayne s’est pas prononcée sur ce pronostic, préci-sant qu’aucune décision n’avait encore été prise.Les autres cantons romands seront prochaine-ment soumis à la même démarche par Syndi-com. Des réunions avec le personnel sont égale-ment prévues et le syndicat «se prépare àd’éventuelles mobilisations», ajoute Yves Sancey.Du côté du SAP, le constat est plus mitigé: «Celafait plusieurs années que le personnel est démo-tivé. Avant, il y avait une fierté à travailler pourLa Poste. Maintenant, ce n’est plus qu’alimen-taire. Les gens sont résignés et il y a peu derévolte», constate-t-il.

Du côté des politiques, plusieurs conseillersnationaux ont manifesté leur indignation, leGrand Conseil tessinois a adopté une initiativecantonale contre l’élimination prévue de 32offices postaux, et des interventions parlemen-taires ont été déposées en Valais, à Lucerne et àBerne, selon Yves Sancey. Affaire à suivre. n

Juliette Müller

Régime sec pour La Poste à l’approche des fêtesSUISSE • Alors qu’une troisième cure d’amaigrissement de La Poste a été révélée par la presse juste avant Noël, les syndicats se préparent àla résistance. Syndicom a également commencé à répertorier, dans chaque canton, les bureaux de poste potentiellement menacés.

Société d’édition de Gauchebdocase postale 190, 1211 Genève 8Christophe Grand, président [email protected]

Rédaction25, rue du Vieux-Billard, 1205 Genè[email protected] | 022 320 63 35Joël Depommier, rédacteur en chef [email protected] Müller, secrétaire de rédaction [email protected] Smirnov, correcteur [email protected]éphane Montavon, dessinateur [email protected] CP 168, 1211 Genève 13 | 079 686 79 37 | CCP 12-9325-6

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NATIONAL • 3N° 52 • 23 DÉCEMBRE 2016

Le Budget 2017 accouché dans la douleurNEUCHÂTEL • Le Grand Conseil a finalement adopté de justesse le budget 2017. Malgré une diminution supplémentaire de la fiscalité, il a été soutenu par les socialistes. La commune de Val-de-Travers présente également un déficit, pour la première fois.

A près le travail de la commissiondes finances et de nombreusesheures de séance plénière du

Grand Conseil, le budget du canton aété accepté de justesse le 15 décembredernier. Avec un déficit de 50 mil-lions qui ne respectait pas le frein auxdépenses, le parlement devait obtenirune majorité qualifiée de 3/5ème. 69voix étaient nécessaires et c’est avec 71voix que le budget a finalement étéadopté.

Moins 4 millions dans les caissesLe Conseil d’Etat avait initialement éla-boré un budget déficitaire de 69 mil-lions. Après le travail en commission,ce déficit avait été ramené à 49 millions,mais cette dernière refusait le budget.

A droite, les libéraux estimaientque l’Etat ne peut pas continuer à dis-tribuer de l’argent qu’il n’a pas, alorsque l’UDC considérait que lescomptes de l’Etat doivent être équili-brés et qu’il n’était pas acceptable quel‘Etat doive emprunter pour fonction-ner. Les Vert-libéraux étaient euxaussi convaincus que le canton a unproblème de dépenses et pas derecettes. Cette attitude consiste àappréhender la question des comptespublics selon les principes de l’écono-mie de marché. La solution est d’unesimplicité effrayante: quand on n’apas d’argent, on réduit les dépenses.Mais pas question de prendre encompte les tâches publiques qu’unEtat doit fournir à sa population!

A gauche, les Verts reprochaient àla droite de vouloir prendre à la classemoyenne pour donner aux plusriches, alors que le POP estimait quefragiliser les plus faibles ne constituepas un projet de société. Finalement,les socialistes avaient annoncé leurdétermination à refuser le budget enraison des coupes inacceptables pré-vues dans le domaine social.

Durant la dernière séance plénière,la droite a abandonné quelques pro-positions aux socialistes, mais elle a

réussi à faire passer une baisse dutaux maximum d’impôt, dont bénéfi-cieront les revenus de plus de 60’000francs. Une proposition aura unimpact ridicule à titre individuel,mais représente une réduction de 4millions de francs dans les caisses del’Etat. L’arrogance des partis de droiteest sans limite, ils profitent de leursupériorité pour imposer leurconception. Et il n’est pas questiond’un moindre geste pour prendre unpeu d’argent là où il est et le mettre làoù il faut.

Le budget adopté, le gouverne-ment pourra continuer sa politiqueantisociale l’année prochaine, ce quilaisse présager de projets encore plussévères pour les années suivantes.Enfin, soulignons qu’une très largemajorité des députés socialistes afinalement accepté le budget, rejoi-gnant les libéraux. Un seul socialiste adit non, alors qu’il s’est trouvé unpopiste pour dire oui. Décidément,rien n’est simple!

Voter pour changer les chosesA l’issue de ce nouvel épisode finan-cier, nous constatons que le Conseild’Etat a choisi le chemin de l’austérité.Poussés contre le mur, les conseillersd’Etat socialistes s’alignent à droite,soutenus dans les faits par leurs dépu-tés malgré des envolées lyriquesdéfendant l’Etat social. Ce contrasteentre les propos et les actes est regret-table. Il se révèle d’ailleurs égalementlorsque le Conseiller d’État Jean-Nathanaël Karakash s’obstine à affir-mer que la baisse de la fiscalité desentreprises «n’est qu’une légende» etn’a joué aucun rôle dans les difficultésfinancières du canton.

Alors que les élections cantonalesdu 2 avril prochain approchent àgrands pas, il faudra expliquer auxcitoyennes et citoyens que s’ils nevotent pas ou s’abstiennent, rien nechangera. n

Alain Bringolf

Comme plusieurs communes, Val-de-Travers traverse une périodedifficile. Son budget, accepté sans les voix de l’UDC, accuse un défi-cit de 2,6 millions sur un total de 68 millions de charges. Phillippe Vaucher, l’un des deux élus du POP dans cette commune, atenu à remercier le personnel et les membres de l’exécutif pour leurtravail particulièrement difficile par les temps qui courent. Il souligneque c’est la première fois depuis la création de la commune en 2009que le budget présente un déficit. Cette situation «démontre hélasune fois de plus à quel point notre situation reposant sur une mono-culture d’entreprises est fragile et tributaire d’un ralentissement sec-toriel de l’économie. Dans un monde ou les crises récurrentes du sys-tème capitaliste permettent à une infime partie de la populationmondiale, moins de 2%, déjà super-riche, de s’enrichir encore alorsque les 98% restants passent à la caisse pour régler la facture, lescollectivités publiques sont par conséquent mises sous pression». Lepopiste est fâché par les effets de la diminution du coefficient fiscald’un point, car il réduit les rentrées directes ainsi que la péréquation.

Selon lui, cette réduction a servi à priver la commune de moyens«sans apporter d’amélioration pour la grande majorité de ses habi-tants, faisant une nouvelle fois ‘’pleuvoir ou c’est mouillé’’».Philippe Vaucher exprime l’inquiétude du POP de voir les coûts del’aide sociale prendre l’ascenseur et qu’une part importante de sesbénéficiaires soit composée de personnes travaillant pour un salairesi faible qu’il ne leur permet pas de tourner. «Cette situation de tropbas salaires dans un pays où les dirigeants des grandes entreprisestouchent plusieurs millions est inacceptable», ajoute-t-il. En conclu-sion il condamne notre système économique qui doit être radicale-ment changé pour permettre un développement équitable etdurable de la société et que la richesse, fruit du travail de chacun,soit répartie de manière plus équitable au travers de collectivitéspubliques fortes et d’un revenu de base inconditionnel.Revenant directement sur le budget de sa commune, il estime quel’année 2017 sera difficile mais l’acceptera par réalisme politique.

ABr

Le Val-de-Travers dans le rouge

Le parlement devait obtenir une majorité qualifiée de 3/5ème en raison des dispositions sur le frein aux dépenses.

Lors de l’examen du budget de la ville de La Chaux-de-Fonds, les popistes ont proposé à leurs collègues,via un postulat, d’examiner la possibilité d’introduire

une monnaie locale comme réponse aux mesures d’austé-rité. La gauche unie a soutenu la proposition contre unedroite sceptique, qui n’a semble-t-il pas compris le prin-cipe économique solidaire de la monnaie locale.

Dans le cadre des débats sur le budget, le législatif avaitdécidé d’introduire une allocation de résidence pour lesfonctionnaires habitant sur le territoire communal et pourles 5 conseillers communaux. Une sorte de récompensepour ceux qui choisissent de rester dans la commune enpériode difficile. Poussant plus loin la réflexion, NathanErard, du POP, a proposé, dans son postulat, de lier cetteallocation de résidence à une monnaie locale. Le texte dupostulat souligne ainsi que «cette allocation peut êtrebénéfique, non pas seulement aux employés communauxmais également à l’économie locale et donc aux artisans,services et commerçants de la place. Près de 400’000francs seront alloués sous la forme d’allocation de rési-dence, l’intérêt de les lier à cette nouvelle monnaie per-mettrait d’assurer l’injection de ceux-ci dans une écono-mie locale. Les monnaies locales naissent dans le mondemais également en Suisse. Début 2017, le canton du Valais

lancera 500’000 farinets, l’équivalant de 500’000 CHF, uti-lisables dans plus de 80 commerces et services. Dans lebassin lémanique, le léman existe depuis une année et seprépare à une version électronique pour 2017. La Suisseest pionnière en matière de monnaie parallèle avec la créa-tion en 1934 de la banque WIR, qui permet aux entre-prises suisses d’échanger des biens et services, aujourd’huiune PME sur cinq l’utilise. Le chèque Reka est égalementune forme de monnaie locale».

Sortir d’une pratique capitalisteNathan Erard voit dans une monnaie locale des Mon-tagnes neuchâteloises une occasion de promouvoir laconsommation locale, synonyme de bénéfices pour leshabitants et les commerçants locaux. «Nous proposons delier cette monnaie avec l’allocation de résidence, mais nousvoyons plus loin en espérant que les entreprises puissentparticiper à ce système économique en octroyant, parexemple, une part des salaires en monnaie locale».

Cette proposition pourrait favoriser un usage diffé-rent de la monnaie en lui permettant de sortir d’unepratique essentiellement capitaliste pour lui redonnerune valeur d’échange bénéfique à tous. n

ABr

Une monnaie locale pour sortir des difficultés financières?LA CHAUX-DE-FONDS • Le popiste Nathan Erard a lancé l’idée d’unemonnaie locale des Montagnes neuchâteloises, notamment pour soutenirl’économie de la région en période de crise.

Le 20 décembre, près de 200 personnes se sont rassemblées à l'Université de Genève pour protester contre le renvoi deDagun, étudiant tchétchène inscrit en troisième année de bachelor en faculté de Lettres. Depuis le 2 décembre, le jeunehomme était détenu au centre de détention administrative de Frambois, suite au refus de sa demande d'asile déposéeen 2010. «Dagun s'étant exprimé publiquement pour défendre la langue et le peuple tchétchène, des inquiétudesquant à ce qui l'attend lorsqu'il sera remis aux autorités russes semblent fondées», soulignait une pétition, qui arecueilli 4500 signatures. Cette arrestation avait suscité l'émoi parmi les étudiants et même jusqu'au rectorat, qui s'estpubliquement prononcé en faveur du jeune étudiant. Une mobilisation qui a payé puisque le 21 décembre, le départe-ment de la sécurité et de l'emploi confirmait la libération de Dagun. Selon le quotidien Le Courrier, des éléments four-nis par l’Université de Genève au dernier moment permettront de formuler une nouvelle demande aux autorités fédé-rales, en vue d'un réexamen de son dossier d'asile. JMr / Carlos Serra

A Genève, le soutien à Dagun a payé

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4 • VOEUX N° 52 • 23 DÉCEMBRE 2016

«Ceux qui luttent peuvent perdre, mais ceux qui ne luttent pas ont déjà perdu.» Bertolt Brecht

Le Parti du Travail souhaite à toutes et tous des joyeuses fêtes de fin d'année et plein succès pour les luttes qui nous attendent en 2017

Parti du Travail - Section de Genève

Chaque fin d’année j’écris la même chose : l’année prochainesera une année de durs combats! C’est une promesse que jefais à mes camarades et elle est tenue. Lorsque notre ennemiest le capitalisme, c’est notre lot quotidien. Ils sont sans ver-gogne, mais ils le savent bien, nous ne lâchons rien. 2017 amarqué notre retour sur la scène nationale, soyons-en fiers etsurtout, soyons à la hauteur.

Alors dès la rentrée nous devrons à nouveau être dans la rue,tracter, récolter des signatures, discuter avec la population,convaincre.

En attendant de repartir pour de nouvelles aventures, je tiensà remercier très chaleureusement toutes celles, tous ceux quiont donné leur temps, leur énergie sans compter pour faireavancer notre cause.

A toutes et à tous camarades, à vos familles, je vous adressemes meilleurs vœux pour l’année à venir.

LA LOTTA CONTINUA !

Gavriel Pinson, président PST-POP / PdAS

La Section Neuchâtel et Littoral du POPprésente ses vœux pour une bonne

et heureuse année 2017

La Section Cité du Parti du Travailprésente ses

meilleurs vœux àtous ses membres,sympathisants et amis.

Les quatre Municipaux de Causes Communes, Karine Clerc (POP,Renens), Didier Divorne (POP, Renens), David Payot (POP, Lausanne)

et Philippe Somsky (Le Mont citoyen, Le Mont s/Lausanne) vous souhaitent de joyeuses fêtes de fin d’année. Solidaires, ils et elless'unissent pour penser ensemble les politiques communales de demain.

Le POP jurassiensouhaite une excellente année 2017 à Gauchebdo, à l’équipe qui le réaliseet à tous ses lecteurs et lectrices.

Le POP du Val-de-Travers vous souhaite uneannée 2017 militante et riche de succès!

Sans le pouvoir, les idéauxne peuvent être réalisés;

avec le pouvoir, ils survivent rarement.

Fidel Castro.

Il y a encore de quoi faire...alors faisons-le!

Meilleurs vœux pour 2017

Alain Bringolf

Le POP & Gauche en mouvement vaudois souhaite une excellenteannée 2017 aux lecteurs de Gauchebdo et à toute l’équipe qui œuvre pour vous fournir, semaine après semaine, une information de qualité, des articles diversifiés et une parole indépendante. Nous avons besoin de ce traitement de l’info que vous ne trouverez nulle part ailleurs. Vive la presse libre et indépendante.

Pierre Jeanneretsouhaite aux lecteurs

et lectrices de Gauchebdoune année 2017 de justicesociale et de progrès

Le Parti suisse du Travail - POP / PdAS souhaite à toutesses militantes et militants, sympathisantes et sympathisants,ainsi qu’aux lectrices et lecteurs de «Gauchebdo»une très belle année 2017, pleine de succès.

L'équipe de la

section carougeoise du PdTvous présente ses meilleurs vœux pour 2017

Le Docteur Bernard Borel,du Centre pédiatriquepluridisciplinaire duChablais valaisan àMonthey et ancienprésident de Médecins duMonde Suisse, souhaite àtous une année 2017 richeet combative, animée parla conviction qu'un «autremonde est possible»

AVIVO LausannePlace Chauderon 31003 Lausanne

Administration - tél. 021 312 06 54Service social - tél. 021 312 04 52

www.avivo-lausanne.ch

L'AVIVO Lausanne souhaite aux lecteurs de «Gauchebdo»une belle année 2017 et espère qu'elle apportera plusd'équité dans les assurances sociales et permettra enfin desaméliorations de l'AVS.

L’AVIVO défend les intérêts des retraités, organise des loisirset met à disposition de ses membres un service social. Rejoignez-la!

Le comité cantonal du POP neuchâteloisvous souhaite une très belle année 2017 et vousdonne rendez-vous l’année prochaine pour lacontinuation des luttes enfaveur d’un monde meilleur.

Le POP de La Chaux-de-Fonds présente sesmeilleurs vœux à toutes celles et ceux qui œuvrent

pour un monde de respect et de fraternité

La section du POP du Locle présente aux membres et amis ses meilleurs vœux

Les conseillers généraux du POP du Loclesouhaitent une bonne année à la population locale

Denis de la Reussille,conseiller national du POP/PST et président de la Ville du Locle, vous présente ses vœux pour

la nouvelle année.

La Fourmi Rougesection renanaise du POP & Gauche en mouvement

adresse à tou.te.s les lecteurs/trices deGauchebdo ses meilleurs vœux pour une année2017 pleine de solidarité et d'actions militantes

Marianne Hugueninvous souhaite desFêtes joyeuses etsolidaires

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INTERNATIONAL • 5N° 52 • 23 DÉCEMBRE 2016

Le Kremlin prépare l’après Poutine?RUSSIE • Certains signaux en provenance de Moscou laissent supposer que Vladimir Poutine pourrait quitter le pouvoir dès 2018.

«Les dirigeants européens sont en train de tuer l’Europe»UNION EUROPÉENNE • Lors du 5e congrès du Parti de la gauche européenne (PGE), Gregor Gysi, député au Bundestag et fondateur du Parti dela gauche démocratique (PDS) en Allemagne, aujourd’hui Die Linke, a été élu président de la coalition. Interview.

B rexit, Trump, Syrie... autant d’évé-nements de cette année 2016qu’on relie à la figure de Vladimir

Poutine. Les médias des deux côtés del’Atlantique rivalisent de superlatifspour représenter le président russesous les traits d’un surhomme à lapuissance qui croît de manière expo-nentielle, un Méphistophélès quasi-omniscient qui dirige déjà le monde ensous-main, juste avant de le subjuguerdéfinitivement et d’y régner sans par-tage d’ici quelques années. La réalité enRussie semble pourtant divergente,l’appareil présidentiel et les «spin doc-tors» de son parti «Russie unie» tra-vaillent sérieusement depuis quelquemois sur les scénarios envisageablesd`un après-Poutine dès 2018. Idée sau-grenue si l’on considère les derniersscores d’approbation du président quioscillent entre 80 et 90% d’opinionspositives, mais qui apparaît commeplausible à la lumière de certainssignaux récents en provenance duKremlin, d’autant plus que l’on peutavancer un certain nombre de raisonsobjectives et subjectives qui validentune telle probabilité.

Une majorité de 350 sièges sur 450 à la DoumaEn termes de signaux, il y a eu toutd’abord la sortie récente de l’ancienministre des finances Alexei Koudrine,qui proposait la tenue d’élections prési-dentielles anticipées pour permettre auprésident de disposer d’une légitimitérenforcée afin de «procéder à desréformes structurelles nécessaires maisdifficiles» (on parle ici notamment del’augmentation de l’âge de laretraite,ndlr). A cet égard, le ministèredes Finances aurait effectivement bud-gété pour 2017, c’est-à-dire un an avantterme, une somme importante pour cesélections. Valery Solovei, un autreexpert proche du premier ministreMedvedev, a validé ce scénario dans uneinterview qui a fait grand bruit en Rus-sie, si bien que le Kremlin a dû démen-tir par deux fois une telle possibilité. Un autre signal, moins explicite, maispeut-être plus convaincant, pourraitprovenir des résultats des dernièreslégislatives russes en septembre dernieret de la composition de la nouvelle

Douma. Selon Boris Kagarlitskyi, poli-tologue et directeur de l’Institut de laglobalisation et des mouvementssociaux (IGSO) à Moscou, «alors quel’idée du Kremlin au départ était demontrer une plus grande ouverture etune augmentation de la représentativité,le scénario a brusquement changé dansles dernières semaines avant les élec-tions et on s’est retrouvé dans la mêmesituation qu’en 2011 avec une victoireencore plus écrasante de «Russie unie». Une analyse confirmée par MikhailKostrikov, secrétaire du comité centraldu PC: «Les écarts entre les résultatsofficiels et les rapports de nos observa-teurs, notamment en Sibérie où nousobtenons toujours de très bons scores,sont trop importants pour ne pas évo-quer des falsifications massives. «Russieunie» s’est arrangée pour obtenir au Par-lement une majorité constitutionnelle(le parti dispose maintenant de 350sièges sur 450, ndlr) qui lui permettrade gouverner même sans Poutine».Enfin, Vladimir Poutine lui-même s’estlaissé aller à des confidences lors d’une-

rencontre avec les ouvriers d’une usinede Tcheliabinsk dans l’Oural où il aouvertement évoqué son «rêve de bienterminer sa carrière» et de «profiter desa retraite pour voyager». Qu’est-ce quipourrait donc le pousser à partir, sansbriguer ce dernier mandat, comme l’yautoriserait la Constitution?

En premier lieu, il faut bien dire que17 ans, c’est long: comme l’estimeKagarlitskyi, «la période est favorablepour un départ, une certaine forme delassitude est en train de s’installerautant chez Poutine lui-même qu’ausein des classes dirigeantes ou dans lepays. Puisqu’il faut bien partir un jour,il pourrait choisir de le faire au sommetde la vague au lieu de se risquer à undernier mandat rendu difficile par lesproblèmes économiques qui s’annon-cent et le mécontentement social qui endécoule. Personne ne sait quel sera l’ho-rizon des années 2020-2024.»

Guerre des clansUn autre problème majeur pour Vla-dimir Poutine, et qu’on évoque pour-

tant trop peu chez nous, est son rôlede médiateur entre les clans qui com-posent les élites dirigeantes russesissues de l’effondrement de l’URSS.Structurés économiquement d’unepart, autour d’une aile «libérale»représentant le capital financier ettransnational et, d’autre part, autourd’une aile «patriotique» réunissant lesecteur industriel et militaire, cesclans («grupirovki») se concurren-cent depuis quinze ans, tout en étanttenus à une certaine mesure parl’«arbitre» Poutine au nom de lasacro-sainte «stabilité» retrouvée quia structuré ses mandats présidentiels.Des cours du pétrole moribonds, lessanctions économiques et l’essouffle-ment des infrastructures et du sys-tème social, hérités de l’époque sovié-tique, ne présagent pas de cieux clé-ments pour les prochaines années.

Les clans espèrent donc profiter del’opportunité miraculeusement tombéedu ciel avec l’élection de DonaldTrump, qui procure une fenêtre de tirde quelques mois, le temps que l’admi-

nistration américaine retombe sur sespattes et se stabilise, pour régler leurscomptes définitivement sans êtredérangés par des facteurs extérieursqui les ont contraints à serrer les rangsdernièrement. La première salve ad’ailleurs été tirée cet automne avecl’arrestation pour corruption duministre du développement écono-mique Ulyukayev, proche des libéraux.Ainsi chaque écurie fourbit déjà sesarmes et prépare son champion pourla joute électorale à venir, qu’elle seproduise en 2017 ou en 2018. Parmiles papables, les noms qui reviennentle plus souvent sont d’un côté, celui dupremier ministre Dimitri Medvedev,qui tenterait de briguer ainsi unsecond mandat après son élection de2008, et de l’autre, celui du jeune géné-ral Alexey Dyumin, vice-ministre de laDéfense et à la tête du renseignementmilitaire (GRU), propulsé récemmentdans l’arène politique puisqu’élu triom-phalement gouverneur de la région deTula, près de Moscou. n

Alexandre Smirnov

Vladimir Poutine «rêve de bien terminer sa carrière» après 17 ans de pouvoir.

L’Europe est menacée par de multiples forces centrifuges.Est-il encore possible de la sauver?GREGOR GYSI C’est très difficile. Les dirigeants euro-péens dominants doivent comprendre qu’ils sonten train de tuer l’Europe. S’ils s’entêtent sur la voieactuelle, il va y avoir de plus en plus de majoritéshostiles à l’UE. Parmi ces dirigeants, ceux de monpays portent une responsabilité écrasante. Justedeux exemples: au moment même où le Parle-ment européen veut suspendre les négociationsd’adhésion avec la Turquie à cause du comporte-ment de plus en plus dictatorial d’Erdogan, lachancelière Angela Merkel continue, elle, de dis-cuter avec Ankara. Elle est dans le déni. C’est unehonte. Tout comme l’attitude de Berlin à l’égardd’une autre décision démocratique que s’apprête àprendre le Parlement grec en adoptant le verse-ment d’une prime pour les retraités. Merkel et sonministre des Finances, Wolfgang Schäuble, mena-cent d’abandonner les discussions sur la restructu-

ration de la dette grecque alors que celles-ci n’ontpas commencé! Quand on a décidé ici de ren-flouer la Kommerzbank, cela n’a pas souffert lamoindre discussion. Et pourtant les contribuablesallemands ont versé 18 milliards d’euros. Cettefois-ci, il ne s’agit pas d’une banque mais d’uneprime de survie, si indispensable aux retraitésgrecs. Et on prétend la refuser en s’appuyant surdes principes et des logiques morbides pour le pro-jet européen. C’est insupportable et c’est cela qu’ilfaut changer de fond en comble en Europe.

Le congrès du PGE a été placé sous le signe de la construc-tion d’alliances très larges, destinées à changer les rapportsde forces. Comment comptez-vous impulser cette nouvelledynamique?Je compte beaucoup sur ce que nous avons décidéici pour la mise en place d’échanges permanents etélargis, ponctués par la convocation d’un forumannuel. Il faut que nous parvenions à rassembler

davantage de formations de gauche en Europe,mais aussi des syndicats, des associations, desacteurs du mouvement social dans leur diversité.Nous devons amplifier partout les combats contrel’Europe néolibérale, les résistances aux nationa-lismes et à l’extrême droite. En Allemagne, parexemple, les syndicats se sont mobilisés massive-ment contre le traité de libre-échange transatlan-tique. Bon nombre de dirigeants de PME en ontfait autant. C’est la conjugaison de tout cela qui apu permettre l’émergence d’une si forte résistanceau TTIP en Allemagne. Nous avons besoin de mul-tiplier les alliances de ce type au niveau européen.

Quelle est la réalité de la situation sociale au sein de la pre-mière puissance économique de l’UE?Il faut se garder des stéréotypes sur la prospéritéallemande. L’Allemagne est le pays qui possède leplus vaste secteur à bas salaires de toute l’Europe.Les démontages sociaux entamés sous Schröder

ont eu des effets ravageurs. Quant à l’applicationà la lettre des dogmes de l’équilibre budgétaire, ilsdébouchent sur des retards d’investissement quis’élèvent aujourd’hui à la bagatelle de 137 mil-liards d’euros. Il faut voir dans quel état sont nosécoles, nos routes, etc.

N’est ce pas au sein de cette population meurtrie que pros-père une extrême droite qui paraissait marginalisée jus-qu’ici en Allemagne?Tout à fait, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD)réalise ses meilleurs scores parmi les gens qui vontmal, qui ont été précarisés ou qui ont peur d’êtredéclassés. Ce parti a réussi a instillé chez ces per-sonnes qui s’abstenaient massivement dans les pré-cédents scrutins le poison de la xénophobie contreles migrants et les réfugiés. n

Propos recueillis par Bruno Odent

Paru dans L’Humanité.

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6 • CULTURE N° 52 • 23 DÉCEMBRE 2016

Le Bureau fédéral de l’égalité, pour quoi faire?Fin novembre, nous apprenons que si le Conseil national suit la proposition Aeschi, le Bureaufédéral de l’égalité verra ses moyens réduits d’un million. Thomas Aeschi, vous savez, l’UDCzougois diplômé de Harvard, élu au National en 2011, réélu et vice-président du groupeUDC, membre de l’Action pour une Suisse indépendante et neutre, bref un homme ouvert,respectueux des autres... et des femmes. Une pétition contre cette proposition de coupe, del’ADF (Association pour les droits des femmes) a immédiatement été lancée. Elle rappelait:

«Cette réduction de budget est chiffrée à un million de francs. Il en résulterait inévitable-ment des licenciements, empêchant ainsi le Bureau de fonctionner dans de bonnes condi-tions. La somme économisée ne représente qu’une infime part du budget global de fonc-tionnement de la Confédération. Par contre, le travail pour l’égalité serait fortement touché.

Cette coupure de budget toucherait principalement les domaines de mise en œuvre del’égalité salariale et le travail concernant la violence domestique. Le Bureau fédéral de l’éga-lité fournit un travail important aux cantons en matière de violence domestique et élaboreun programme pour encourager la compatibilité entre les vies professionnelle et familiale.Les Femmes socialistes suisses et le PS Suisse en ont assez des attaques de l’UDC visantl’égalité. Le signal que ces attaques donnent est clair: l’égalité serait atteinte en Suisse et lesvictimes de violence domestique sont sans importance pour le monde politique.

Nous appelons le Parlement à voir le monde tel qu’il est vraiment. Un homme sexiste a étéélu président des Etats-Unis sous les louanges de l’UDC: les agressions verbales envers lesfemmes sont devenues acceptables et toute opposition à ces agressions est ignorée au nomdu politiquement correct. La majorité bourgeoise, constituée principalement d’hommes, nese soucie clairement pas de la justice et de l’égalité des sexes.»

Dans un premier temps, le budget 2017 de la Confédération a été refusé, bien que présentépar le conseiller fédéral Ueli Maurer. La droite voulait un régime d’austérité, la gauchedéfendait les acquis, la jeunesse, la culture, la santé, l’égalité, l’asile. Finalement, il a étévoté, les udécistes s’étant abstenus. La gauche n’a pas pu empêcher que l’administrationfédérale fasse les frais de la rigueur budgétaire. Mais les député-e-s ont refusé de priver lebureau de l’égalité d’un million de francs et l’Office fédéral de la statistique de 10,7 millions.Ils n’ont pas non plus touché aux Offices fédéraux de la culture et de la santé publique, àl’Administration fédérale des contributions ou aux services de la SSR destinés à l’étranger.

Quand la droite est au pouvoir, ce sont toujours les petits qui trinquent, comme le chantaitMichel Bühler. Et les femmes. Quand un régime de droite ou d’extrême droite s’installe, unedes premières mesures qu’il prend est de s’attaquer à l’avortement. A défaut, Aeschi et l’UDCs’en prennent au Bureau fédéral de l’égalité. Comme si c’était une dépense inutile, commesi le Bureau fédéral de l’égalité, et les cantonaux, ne servaient à rien. Récemment, YvesNidegger, à l’antenne, n’avait-il pas dit que le harcèlement sexuel était un «non-sujet»?J’imagine que pour ce parti réactionnaire, qui rêve de revenir au 19e siècle, les femmes n’ontqu’à s’occuper de leurs enfants et de leurs casseroles.

Que nous dit le site? «Créé en 1988, le Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes(BFEG) encourage la réalisation de l’égalité entre les sexes dans tous les domaines et s’em-ploie à éliminer toute forme de discrimination directe ou indirecte. Le BFEG vise, par la sen-sibilisation, à des changements structurels. C’est pourquoi il cherche autant que possible àcoopérer avec les autres offices fédéraux, les parlementaires, les organisations masculineset féminines, les partenaires sociaux et les entreprises. En tant que membre de la Confé-rence suisse des déléguées à l’égalité (www.equality.ch) le BFEG prend position sur desquestions importantes concernant l’égalité et il soutient, coordonne, planifie et réalise desactivités à l’échelle nationale. Le BFEG s’engage en priorité pour l’égalité des chances et dessalaires dans la vie professionnelle ainsi que pour l’égalité dans la vie familiale. L’engage-ment du BFEG vise non seulement à promouvoir l’égalité juridique mais aussi l’égalité dansles faits.»

Bien que l’égalité figure dans la Constitution, et malgré ses efforts, et ceux de quelquesdéputé-e-s, la différence salariale entre femmes hommes est restée la même (autour de20%). Il y a un manque flagrant de volonté politique. Simonetta Sommaruga a certes faitquelques propositions, de transparence, notamment, mais attend gentiment que les entre-prises s’impliquent, sans envisager la moindre sanction. Les femmes peuvent donc encoreattendre.

L’égalité dans la vie familiale est toujours loin d’être acquise, les femmes continuant à assu-mer 80% des tâches. Du côté de la formation, l’enseignement reste largement sexiste.

La violence envers les femmes perdure. Toutes les deux semaines, une femme meurt sousles coups de son partenaire ou ex-partenaire, une femme sur cinq subit des actes de vio-lence au cours de son existence, comme le rappelait Feminista la semaine dernière. Un cer-tain nombre d’hommes n’ont toujours pas compris que les femmes ne sont pas des objetsqu’on «possède», mais des êtres humains à part entière, libres de leurs choix.

Il y a fort à faire dans tous ces domaines pour que les choses s’améliorent et que l’égalité seréalise dans les faits. Il faut informer, éduquer, dans l’espoir de modifier l’attitude profon-dément sexiste de la société. L’existence du Bureau fédéral de l’égalité, comme celle desBureaux cantonaux, sont donc indispensables.

Le jour où les femmes auront des droits égaux à ceux des hommes DANS LES FAITS, qu’ellesgagneront le même salaire qu’un homme pour le même travail, qu’elles toucheront uneretraite égale, qu’elles seront à parité dans les législatifs et les exécutifs, dans les comités,la direction des entreprises, les professeur-e-s d’université, les ambassades, quand le pla-fond de verre aura disparu, que les tâches familiales seront également partagées, on pourrafermer les Bureaux de l’égalité, et je m’en réjouirai, si je suis encore de ce monde...

En attendant, joyeux Noël!

Huguette Junod

LA CHRONIQUE FÉMINISTE

Q uatre piliers, l’Opéra, le Béjart Ballet, le Théâtre deVidy, l’Orchestre de Chambre de Lausanne (OCL)ont acquis en vingt ans une renommée internatio-

nale tandis que foisonnent des compagnies indépendantes.Certaines étaient déjà bien installées comme le ThéâtreKléber Meleau ou les compagnies de danse Philippe Saireet Fabienne Berger, d’autres vont émerger, en quelque sorteportées par cette effervescence culturelle que devra gérer,d’entente avec le monde politique, la nouvelle cheffe de ser-vice, première femme nommée à un tel poste. Elle serabientôt baptisée «Madame Culture».

Lausanne la plus belle ville du mondeLes premiers chapitres disent l’amour de Marie-Claude Jéquierpour sa ville, la plus belle au monde à son avis; elle refuse deconsidérer Lausanne comme «une belle paysanne qui a fait seshumanités(Ramuz)». Historienne de formation, elle rappelleque Lausanne a toujours été une vraie ville, et même une villed’importance au 13e siècle, en témoigne sa cathédrale; puis il yaura son Académie, et tout un passé qu’on oublie. Marie-Claude Jéquier y est née, y a fait ses études et toute sa carrière,si on peut employer ce mot, car elle n’a jamais eu de plan decarrière. Elle a toujours su saisir les occasions qui se présen-taient que ce soit dans sa vie ou au service de la culture lausan-noise. Quand le poste de chef de service de la culture est mis auconcours, elle est directrice du Musée historique de l’Ancien-Evéché, organise des expositions dont l’une sur Serge Lifar et cen’est que la veille du délai d’inscription qu’elle se décide à posersa candidature, sur l’insistance du syndic Paul-René Martin.

Au gré des hasards et des opportunitésLe secret de Marie-Claude Jéquier aura été de savoir exploiterles hasards, qu’il faut parfois un peu aider, et saisir les opportu-nités qui se présentent: rendre possible, écouter, imaginer.Conférences de presse, après-concerts, verrées informelles ouofficielles sont le lieu de rencontres souvent déterminantes, depropos de coulisses précieux, sans compter la fréquentation desspectacles et concerts assidûment suivis par la cheffe de service.Certes, une situation économique alors plutôt favorable vaaider de même que l’intérêt pour la culture des politiciens enplace. Néanmoins il y a eu des combats à mener, des opposi-tions, des critiques. Marie-Claude Jéquier ne fait pas œuvrepolémique; elle cite ceux avec qui elle a aimé collaborer, desnoms qui parlent au lecteur lausannois qui a vécu cette époque:Paul-René Martin, Pierre Cevey, Yvette Jaggi , ainsi que desJean-Jacques Rapin, Jacques Treyvaud, Charles- Henri Favrod,Freddy Buache, Hervé Dumont, Alain Faucherre, et tantd’autres qui ont été artisans de cet élan culturel remarquable.

Artistes d’ici et d’ailleurs Des grands noms dirigent les fameux quatre piliers de la vieculturelle lausannoise et valent à la ville une réputationinternationale: à l’Opéra, après la franco-suisse RenéeAuphan, Dominique Meyer, entre-temps directeur del’opéra de Vienne, et aujourd’hui Eric Vigié, qui maintientle cap depuis 10 ans. Béjart quittant Bruxelles choisit Lau-sanne, et ce n’est pas Lausanne qui est allé chercher Béjart,contrairement à ce qu’on raconte parfois. Le franco-alle-mand, né à Zurich, Matthias Langhoff vient à Vidy, assistébientôt par René Gonzalez qui prend sa succession, l’Espa-gnol Jésus Lopez Cobos dirige l’OCL.

Mais la scène lausannoise c’est aussi Philippe Mentha, «unpersonnage hors du commun», puis Omar Porras à KléberMeleau, en complémentarité de Vidy, le Petit Théâtre, l’Arse-nic, Le Festival de la Cité…à la Cité. C’est Jean-Marc Grob etson orchestre des Rencontres musicales, aujourd’hui le Sinfo-nietta, l’Ensemble vocal de Michel Corboz, à qui fut un jourrefusé une subvention parce qu’il était fribourgeois et catho-lique (!), La Camerata, le Sine Nomine, la SMC (société demusique contemporaine), le free jazz, la variété, l’électro, lachanson française, etc.,etc. N’oublions pas les quatre muséesmunicipaux, le Musée historique, le Mudac, le Musée romainde Vidy, la Collection de l’art brut, qui seront modernisés. Etpuis il y aura le sauvetage de la salle Métropole, hélas confiéemaintenant à une entreprise privée, les transformations duThéâtre Municipal, retardées par des oppositions, les pro-blèmes de gérance des différentes scènes, Boulimie, la Dolcevita jusqu’en 1999, à laquelle succèdent les Docks, le 2.21, lePuloff. Marie-Claude Jéquier s’est aussi souciée des artistesqui sont des gens fragiles qu’il faut soutenir, accompagner etnoue avec nombre d’entre eux des liens très forts.

Ouverture à la diversité Des chapitres un peu plus techniques expliquent certainesoptions, l’octroi des subventions, la part du Canton, l’apporttrès important de la Loterie romande et de fondations pri-vées à la générosité indispensable, dont Sandoz ou Leenards,la gestion difficile d’un foisonnement de nouvelles compa-gnies, le soutien aux arts visuels par divers achats. SiMarie–Claude Jéquier ne cache pas des préférences person-nelles, des affinités, celles-ci ne dicteront jamais la politiqueculturelle de la ville, ouverte à la diversité. «Je n’ai jamaisconfondu mes goûts personnels, voire mes relations per-sonnelles, avec mon activité de responsable de la culture.» Ily eut quelques revers: le refus du musée à Bellerive, «unetriste affaire», de la fontaine Tinguely à Ouchy, «un crève-cœur». Mais tout cela contrebalancé par tant de réussites.

On note enfin quelques constats auxquels nous sommessans doute nombreux à souscrire. Ainsi, après avoir évoqué,outre sa renommée internationale, l’élan populaire et la fré-quentation exceptionnelle du Théâtre de Vidy par un publiclocal qui en fait son théâtre et lui reste fidèle lors de l’intérimassuré par René Zahnd et ThierryTordjman, une phrase clôtle chapitre: «La nomination de Vincent Baudriller marque unenouvelle étape pour Vidy, synonyme de projets différents».C’est vrai! Et l’on ne peut s’empêcher alors de faire un rappro-chement avec cet autre passage, quelques chapitres plus loin àpropos de La Manufacture, l’école de théâtre qui devait formerdes acteurs interprètes mais a développé l’idée d’acteurs-créa-teurs. «Il y a dans les milieux de la scène un phénomène quel’on retrouve beaucoup moins chez les plasticiens ou les écri-vains: une ignorance de l’histoire de leur art qui font que deschorégraphes et des metteurs en scène ont l’impression de toutréinventer… alors qu’on avait l’impression d’avoir déjà vu celaet souvent bien mieux dans les années 70 ou 80.»

C’est tout un pan de la vie lausannoise qui revit dans celivre illustré de nombreuses photos. Marie-Claude Jéquier,qu’on approuve ou conteste certaines de ses options, s’est vrai-ment mise corps et âme au service de la culture dans laquelledu reste elle est engagée aujourd’hui encore à divers titres. n

Myriam Tétaz-GramegnaRené Zahnd, Marie-Claude Jéquier au service de la culture, Favre 2016

Les 20 glorieuses de la culture lausannoiseLIVRE • Marie-Claude Jéquier, ancienne cheffe du service de la culture lausannois,raconte, sous la plume de René Zahnd, ces années fastes qui de 1987 à 2007 ont porté la vie artistique de Lausanne à son niveau d’excellence.

Marie-Claude Jéquier en compagnie de Maurice Béjart.

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CULTURE • 7N° 52 • 23 DÉCEMBRE 2016

Q uel pavé! Enfin traduit et publié enFrance! À balancer de toute urgence surl’historiographie néofranquiste et révi-

sionniste. Cet ouvrage, paru en 2011 en Espagnesous le titre controversé l’Holocauste espagnol,est devenu le livre de référence sur la violence dela guerre d’Espagne et la terreur, sur l’ADN decette guerre: l’échec, aux portes de Madrid, d’uncoup d’État violentissime, repoussé par la popu-lation. Dans plus de la moitié du territoire espa-gnol, on ne peut pas parler de «guerre civile»,mais d’un «soulèvement» civil et militaire, suivid’un plan calculé d’anéantissement méthodique.D’où la nécessité de concepts nouveaux…

Paralyser la population par la terreurLe titre l’Holocauste espagnol, délibérémentassumé en espagnol par l’immense Paul Preston,renvoie à des chiffres ahurissants de victimesciviles et militaires très ciblées, essentiellement

républicaines, sur une durée «inédite». Pour enmesurer l’ampleur, seulement en Andalousie, 50000 personnes furent assassinées et les deux tiersgisent encore dans des fosses communes. La géo-graphie du coup d’État triomphant correspond àcelle des fosses communes. Ce «nettoyage» anti-républicain est revendiqué par les généraux fas-cistes Franco, Mola, Queipo de Llano…

L’objectif n’était pas seulement de gagner laguerre, mais de paralyser la population par la ter-reur, d’effacer toute trace de la République, dessyndicats, de la gauche. Il est à la mode révision-niste de renvoyer dos à dos la «terreur» rouge etla terreur «noire», afin de «partager les responsa-bilités» et ainsi de dédouaner les bourreaux. PaulPreston démontre que les deux «terreurs» furentdifférentes aussi bien «qualitativement que quan-titativement». En aucune façon, la «terreur»rouge, spontanée et limitée aux premiers mois, etque la République s’employa à contrôler, ne sau-

rait être comparée à l’extermination mise enœuvre par les franquistes. La théorie de «l’équi-distance» est démolie par les analyses et les don-nées du prestigieux historien anglo-saxon.

La répression de l’après-guerrePaul Preston étudie «les origines de la violence»,la «guerre sociale», il démontre que les phéno-mènes de «révolution» ont été essentiellementprovoqués par la violence du coup de force mili-taire, par l’effondrement des structures de l’Étatrépublicain et par le désespoir de milliers de «jor-naleros», ouvriers agricoles affamés. L’auteur ana-lyse l’affrontement entre les logiques révolution-naires de la CNT-FAI, du Poum, et celles de lamajorité des républicains, qui voulaient recons-truire un État, une armée, et gagner la guerre.L’auteur n’élude pas non plus la lutte des républi-cains contre «la cinquième colonne», contre lamenace extérieure et intérieure d’un Madrid

assiégé, les massacres de centaines de prisonniersfranquistes à Paracuellos! Ce livre reprend et syn-thétise les travaux de plusieurs historiens pro-gressistes, analyse sous toutes ses facettes la ter-reur franquiste, la répression de l’après-guerre, lesort de dizaines de milliers d’enfants arrachés àleur famille et enfermés dans des institutions reli-gieuses pour lavage de cerveau avant de se voirconfiés à des familles «bien-pensantes», ainsi quela violence contre les femmes, de genre et declasse, terrible sort réservé à des milliers de répu-blicaines, de même qu’un effort particulier pourdétruire toute mémoire, de nombreuses archives,«esclaviser» les «vaincus» de la «Croisade». Ce futglobalement ainsi de 1936 jusqu’en 1978. Et,aujourd’hui encore, l’Espagne n’a pas véritable-ment rompu avec le franquisme. n

Jean Ortiz Une guerre d’extermination. Espagne, 1936-1945, de PaulPreston. Éditions Belin, 848 pages.

Comment «l’Holocauste espagnol» a-t-il eu lieuLIVRE • Dans son ouvrage traduit aujourd’hui en français, Paul Preston étudie «les origines de la violence» et l’ampleur d’un planméthodique, du coup de force militaire à la terreur franquiste durant la guerre d’Espagne.

E n 1976, Londres navigue entrepop et psychédélisme. A l’émis-sion hebdomadaire de la BBC

Top of the Pops, Elton John, les Wings,Queen, Nazareth ou Eagles trustent lespremières places. L’année précédente,Peter Gabriel, le chanteur du groupede rock progressif Genesis a quittéavec fracas une formation virtuose,mais qui devient de plus en plus pom-peusement éthérée, à force d’étire-ments sonores. Dans le même temps,la crise économique s’incruste, Marga-ret Thatcher vient de prendre la têtedu Parti conservateur, le rouleau com-presseur néolibéral est en marche, quitransformera de fond en comble l’An-gleterre à coup de libéralisations, deprivatisations et de fermeture de minesou d’usines. Pour une certaine jeu-nesse british, la rage et le désespoir enbandoulière, il faut tout faire voler enéclats.

Apôtres du «no future»Le son du rock urbain, tendu, sale,lourdement électrique des groupesde rock de la cité de l’industrie auto-mobile Detroit (MC5, Iggy Pop &The Stooges), innervé par la traditionminimaliste bruyante et agressive durock «garage » US et leurs guitaresfuzz, sera le détonateur d’un nouveaumouvement musical, le punk. Celui-ci aura connu ses prémices à New-York dès 1975, avec les groupescomme Richard Hell and the Voi-doids et son fameux hymne, Blankgeneration, Suicide, The Ramones,Lydia Lunch ou The Dead Boys tour-nant autour du minuscule club duCBGB. Faire table rase du passé dansun énorme blitzkrieg électrique, basésur des morceaux courts, brutaux,primaires et nerveux, tel est le pro-gramme de ces nouveaux contesta-taires destroy anti-bourgeois, apôtresdu «no future», de la danse pogo etde la subversion dadaïste ou situa-tionniste. Pourtant, le capitalisme et l’industriedu disque ne sont jamais loin et ceseront finalement les flamboyants ettrès médiatisés Sex Pistols, managéspar l’habile Malcom McLaren, ancienmanager des New York Dolls, quigagneront la timbale. En 1976, signantchez EMI, ils sortent leur premier brû-

lot, le single Anarchy in the UK, avecun John Lydon alias Johnny Rottenvagissant: «Je suis un Antéchrist, je suisun anarchiste, Je ne sais pas ce que jeveux, mais je sais comment l’obtenir»,avant la séparation inéluctable dugroupe en 1978.

Récupération commerciale pas du goût de tousCette récupération commerciale n’estpourtant pas du goût de tous et cer-tains veulent maintenir la flamme dupurisme jusqu’auboutiste. A côté descourants Oi! (qui se veut issu de la rueet des classes ouvrières avec desgroupes comme Sham 69 Angelic Ups-tarts ou Cockney Rejects) ou hardcore(avec comme représentants les DeadKennedys, Black Flag, Bad Brains oules trop sous-estimés Minor Threat auxUSA ou les puissants The Exploited,GBH et UK Subs en Angleterre), desgroupes de tendance anarcho-punk sedéveloppent de façon underground. Ilsse positionnent en réaction à l’intégra-tion dans les circuits commerciaux«mainstream» de groupes punks telsque The Damned ou les incommensu-rables The Clash (qui ont signé sur lelabel CBS), dénoncés comme des«traîtres» à la cause. Parmi les plusconnus d’entre eux, on citeraDischarge, formé en 1977 à Stoke-en-Trent. Avec leur son lourd, leur tempotrès rapide, leurs guitares à distorsionpresque heavy metal et leurs textesdénonciateurs des méfaits du capita-lisme ou des risques de guerrenucléaire, comme ils apparaissent surleur second album Hear Nothing SeeNothing Say Nothing, le groupe devientun parangon du radicalisme brutal etsans concession.

Autre vision que celle du groupeCrass, formé en 1977 par un collectifd’artistes anarcho-punk de l’Essex.Mélangeant collage sonore, griffuresde guitares et rythmique lourde préfi-gurant le rock industriel, les différentschanteurs du groupe Steve Ignorant,Eva Libertine ou Joy De Vivre livrentleurs poèmes punks, dénonçant leshypocrisies du système sur NagasakiNightmare, Crutch of society ou Conta-minational power. Dans l’album PenisEnvy (1981), le combo aborde des pro-blématiques féministes et attaque à

nouveau des institutions comme lemariage et la répression sexuelle avantleur disparition en 1984.

Une diffusion internationaleTout comme le rock, le punk a aussiessaimé sous toutes les latitudes, sedéclinant selon des spécificités natio-nales ou régionales, comme au Paysbasque avec le groupe Kortatu ouNegu Gorriak, qui chantait enbasque. Outre Pyrénées, cette scèneentre dans les années 80 en conjonc-tion avec La Movida, mouvementd’explosion culturelle issu du proces-sus de démocratisation et libérationde la fin de la dictature franquiste.Parmi ses plus fameux représentants,citons Alaska y los Pegamoides, ungroupe qui, au fil du temps ira jusqu’à

intégrer des sons latinos et dansantsdans sa musique, mais aussi le groupede punk féministe Las Vulpes ou lesplus noirs et gothiques, Paralisis per-manente.

En France, le mouvement punk aaussi eu son heure de gloire. Les pre-mières formations ont pour nomAsphalt jungle, formé par le jeune cri-tique rock Patrick Eudeline, Métalurbain ou OTH de Montpellier, maisc’est définitivement Bérurier noir quipopularise le genre, avec ses titrescomme Salut à toi ou L’Empereurtomato ketchup. Dans ce panorama,n’oublions pas les Japonais de The Sta-lin (1979-1993), formé par l’activiste degauche, Michiro Endo, qui s’illustrerapar des morceaux anti-nationalistesdécoupés aux riffs de guitares et pro-

pulsés par une voix au bord de la rup-ture comme Stop Jap ou Go Go Stalin.

Aujourd’hui encore, le mouvementperdure, car il y a toujours nécessité dese révolter contre les hiérarchies et leconformisme. Ainsi en va-t-il dans desendroits aussi divers que Belgrade oùle groupe punk hardcore ConcreteWorms, emmené par la chanteuse-bas-siste Dragana Tripkovic, poursuit dansla ligne brûlante du Do it yourself, ouMedellin, en Colombie, où Los Suzioxfont vivre l’héritage avec leurs textesrevendicatifs. «Remuant tes fiches etton arsenal, toujours en défense de toncapital, en envahissant ou en expulsantselon ton avantage, tu es celui quicontrôle le monde», éructe AndresOcampo sur la chanson Perfeccion. n

Joël Depommier

Punk is not dead, un slogan toujours vivantMUSIQUE • Il y a 40 ans, la musique punk chamboulait le paysage musical en Angleterre avec l’émergence des Sex Pistols, The Clash ou The Exploited. Un mouvement radical de protestation qui fit rapidement florès dans le monde entier.

Entre 1976 et 1978, le punk se diversifie en différents sous-genres comme le punk hardcore emmené par des groupes comme The Exploited, UK Subs ou GBH. Chris Routledge

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RETROSPECTIVE • 8N° 52 • 23 DÉCEMBRE 2016

Comme de coutume, avec ce dernier numéro de l’année, nos abonnés et abonnées trouveront uncalendrier accompagné d’un bulletin de versement qui, nous l’espérons, recevra un bon accueil.Toute l’équipe de «Gauchebdo», les journalistes Joël Depommier et Juliette Müller, le dessinateurStéphane Montavon, le photographe Carlos Serra, le correcteur Alexandre Smirnov, le maquettisteErik Grobet, les rédacteurs et rédactrices Alain Bringolf, Emmanuel Deonna, Christiane Jaquet, PierreJeanneret, Huguette Junod, Jean-Marie Meilland, Céline Misiego, Anna Spillmann, Bertrand Tappolet,Claude-Alain Frund et Myriam Tétaz-Gramegna, ainsi qu’Edgar Acevedo à la distribution des jour-naux dans les caissettes, Helena de Freitas à la gestion des abonnements et Jean-Pierre Kohler àl’administration, souhaitent une heureuse nouvelle année à nos lecteurs et lectrices en leur donnantrendez-vous le 13 janvier pour le prochain numéro.

2016 dans le rétroviseur du dessinateur Monta