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Une délégation du Québec en route vers les sables bitumineux À l’heure du réchauffement climatique, l’enjeu de l’arrivée du pétrole des sables bitumineux albertains au Québec est criant d’actualité. Pour satisfaire les marchés internationaux, l’ambition de l’industrie est d’acheminer des centaines de milliers de barils de pétrole par jour, lesquels mettront en danger des milliers de kilomètres de forêts, de terres agricoles, de lacs et rivières (incluant le fleuve St-Laurent), car les oléoducs sont tristement réputés pour leurs fuites. Mais davantage, l’exploitation même des sables bitumineux est extrêmement polluante. Après 30 années d’exploitation, ce sont plus de 140 000 kilomètres carrés de forêt boréale et de tourbières et qui ont été transformés en lacs toxiques et en égouts industriels aux dépends des communautés autochtones qui vivent dans la région. Pour bien comprendre ces enjeux, Alternatives organisera en juillet 2013 une délégation québécoise qui se rendra jusqu’à Fort Mc Murray, à la rencontre des communautés autochtones affectées. La délégation sera composé de représentant-es de divers mouvements sociaux de Québec soucieux de mieux comprendre les enjeux et surtout de mieux les expliquer aux Québécois-es. Visitez le site Web d’Alternatives pour plus d’informations. La solidarité en action Information : 514.982.6606 • www.alternatives.ca - Transcanada Corp. voudrait con- vertir ses pipelines transportant du gaz naturel de l’Alberta au Québec pour qu’ils puissent dorénavant transporter du pétrole brut. - Cette même Transcanada Corp. projette de construire un nouvel oléoduc en sol québécois qui per- mettrait d’acheminer le brut alber- tain jusqu’à la raffinerie Irving à St-John, au Nouveau-Brunswick. - Suncor, un des gros exploitant des sables bitumineux, étudie la possi- bilité de transporter par chemin de fer du pétrole de l’Alberta vers sa raffinerie montréalaise. - Ultramar, songe aussi à utiliser le train pour acheminer du pétrole de l’ouest vers sa raffinerie située à Lévis près de Québec. Pourquoi ce soudain intérêt pour l’est du continent de la part de ces acteurs majeurs de l’industrie des sables bitu- mineux ? Les raisons seraient autant économiques et politiques. Facteurs économiques et politiques Au niveau économique, le prix du pé- trole extrait des sables bitumineux est à la baisse : il serait de 20% plus bas que le prix du pétrole standard, le Brent Light. Au grand dam des exploitants, le marché a fléchi pour le brut albertain. Il est plombé par une demande interna- tionale à la baisse et une surproduction de pétrole dans le mid-west américain. Une surproduction provenant du pétrole de schiste extrait au Nord Dakota. Un pétrole « non-conventionnel » de qualité similaire à celui tiré des sables bitumi- neux, qui met donc ces deux produits en concurrence directe pour des mar- chés de plus en plus limités. Au niveau politique la situation n’est guère plus brillante. Les deux pro- jets de pipeline devant acheminer le pétrole bitumineux, l’un vers l’ouest et l’autre vers le sud, sont en rade. Le pipeline Northern Gateway d’Enbridge est en butte à une féroce opposition, faite des communautés autochtones et d’environnementalistes, qui a forcé le gouvernement de Colombie Britan- nique à interdire le passage de cet oléoduc sur son sol. Quant à l’énorme projet Keystone XL de Transcanada Corp., il est en arrêt faute d’autorisa- tion de la part du gouvernement fédé- ral américain. Ce dernier fait face à une campagne publique énergique qui va en s’intensifiant : 30 000 personnes viennent de manifester à Washington le 17 février dernier pour demander au président Obama de stopper définiti- vement Keystone XL. La ruée vers l’est du continent est donc la riposte, tant économique que politique, d’une industrie des sables bitumineux qui est littéralement aux abois. Il ne faut pas oublier que celle-ci compte plus que doubler sa production d’ici 2020 pour atteindre 3,5 millions de barils par jour ! Il lui faut donc trouver, et vite, des débouchés permettant de contourner les blocages et d’écouler son produit. La région est du Canada, qui a toujours importé son pétrole brut d’outremer, est donc une cible de premier choix. Atteindre les deux raffineries qué- bécoises, ainsi que celle de St-John, permettrait aux pétrolières albertaines de remplacer le pétrole importé et de s’accaparer du marché lucratif de l’est du Canada. L’autre objectif poursuivi, serait d’acheminer éventuellement le pétrole brut vers les ports donnant sur l’océan Atlantique s’ouvrant ainsi aux marchés internationaux que sont l’Europe et les raffineries du Golfe de Mexique aux Etats-Unis. C’est une manœuvre vitale pour leur avenir qu’engagent les exploitants des sables bitumineux. Une campagne médiatique pro-pétrole Bien au courant de l’échec specta- culaire qu’a subie l’industrie des gaz de schiste au Québec, les grandes entreprises pétrolières mobilisent les médias commerciaux pour préparer le terrain à cette arrivée massive du pé- trole extrêmement polluant qu’est celui extrait des sables bitumineux. Les éditorialistes et une partie de la classe politique (tous vieux partis confondus) sont mobilisés dans une cam- pagne soutenue pour vanter les mérites pour l’é- conomie québé- coise des pipelines et de l’industrie pé- trolière. Les risques écologiques, pourtant sérieux, que fait courir le transport de ce pétrole lourd et nocif sont minimi- sés. Pourtant les fuites provenant de pipelines vétustes ou mal entretenus sont assez courantes et extrêmement dommageables. Nul autre qu’Em- bridge est responsable d’un déver- sement catastrophique de 3,3 mil- lions de litres de pétrole bitumineux, mélangés avec des dissolvants hau- tement cancérigènes, au Michigan en juillet 2010. Cette fuite a contaminé la rivière Kalamazoo et plus de deux ans après l’accident, une partie de cette rivière est toujours fermée. Soutenez le travail d’Alternatives en donnant ou en devenant membre! ALORS QU’UN VIRAGE ÉCOLOGIQUE VERS LES ÉNERGIES RENOUVELABLES S’IMPOSE D’URGENCE, VOICI QUE LE GOUVERNEMENT DU QUÉBEC ET LES MILIEUX DES AFFAIRES NOUS PROPOSE D’ALLER EN SENS INVERSE. LES MULTINATIONALES DU PÉTROLE SONT PASSÉES MAÎTRES DANS L’ART D’ACCAPARER DES PROFITS GIGANTESQUES AU DÉTRIMENT DES PAYS ET RÉGIONS OÙ ELLES AGISSENT. La ruée vers l’est des sables bitumineux En novembre dernier la société Enbridge a demandé l’autorisation d’inverser le flot de pétrole de son pipeline « Ligne 9 » pour qu’il puisse transporter du brut des sables bitumineux de Sarnia à Montréal. Depuis, il nous tombe sur la tête une vraie cascade de projets de transport du pétrole albertains vers l’est du Canada. CETTE PAGE EST PRODUITE PAR ALTERNATIVES > LA SOLIDARITÉ EN ACTION > WWW.ALTERNATIVES.CA Quant aux bénéfices économiques que l’on nous fait miroiter, ils sont plus qu’illusoires. Les multinationales du pétrole étant passées maîtres dans l’art d’accaparer des profits gigan- tesques au détriment des pays et ré- gions où elles agissent. Mais le pire est finalement dans l’occul- tation du danger du réchauffement cli- matique, réchauffement auquel contri- bue si fortement l’industrie des hydro- carbures en général, et celle des sables bitumineux en particulier. Alors qu’un virage écologique vers les énergies re- nouvelables s’impose d’urgence, voici que le gouvernement du Québec et les milieux des affaires nous propose tout benoîtement d’aller en sens inverse. Fédérer les résistances Malgré les efforts inouïs d’un gouvernement fédéral inféodé aux pétrolières qui tente de diaboliser toutes les oppositions, la résistance s’accroît et remporte des victoires. Le blocage des pipelines allant vers l’ouest et le sud du continent en est une preuve éloquente. Le moratoire imposé à l’exploitation des gaz de schiste au Québec témoigne du pouvoir des mouvements citoyens. En outre, le mouvement Idle No More met en branle maintes communautés autochtones déterminées à bloquer l’expansion de l’industrie des sables bitumineux et ses pipelines. Une résistance massive aux choix antiécologiques de gouvernements irresponsables est en voie de se déve- lopper. Pour être efficace, cette résis- tance doit fédérer les initiatives et les oppositions, élaborer des mots d’ordre communs et ne point hésiter à occuper les rues et les places publiques pour montrer sa détermination. Ne laissons pas le 1% dicter ses choix. Il en va de l’intérêt de 99% des habitants de la planète. Roger Rashi

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Page 1: CETTE PAGE EST PRODUITE PAR ALTERNATIVES … · terres agricoles, de lacs et rivières (incluant le fleuve St-Laurent), car les oléoducs sont tristement réputés pour leurs fuites

Une délégation du Québec en route vers les sables bitumineux

À l’heure du réchauffement climatique, l’enjeu de l’arrivée du pétrole des sables bitumineux albertains au Québec est criant d’actualité.

Pour satisfaire les marchés internationaux, l’ambition de l’industrie est d’acheminer des centaines de milliers de barils de pétrole par jour, lesquels mettront en danger des milliers de kilomètres de forêts, de terres agricoles, de lacs et rivières (incluant le fleuve St-Laurent), car les oléoducs sont tristement réputés pour leurs fuites.

Mais davantage, l’exploitation même des sables bitumineux est extrêmement polluante. Après 30 années d’exploitation, ce sont plus de 140 000 kilomètres carrés de forêt boréale et de tourbières et qui ont été transformés en lacs toxiques et en égouts industriels aux dépends des communautés autochtones qui vivent dans la région.

Pour bien comprendre ces enjeux, Alternatives organisera en juillet 2013 une délégation québécoise qui se rendra jusqu’à Fort Mc Murray, à la rencontre des communautés autochtones affectées. La délégation sera composé de représentant-es de divers mouvements sociaux de Québec soucieux de mieux comprendre les enjeux et surtout de mieux les expliquer aux Québécois-es.

Visitez le site Web d’Alternatives pour plus d’informations.

La solidarité en action

Information : 514.982.6606 • www.alternatives.ca

- Transcanada Corp. voudrait con-vertir ses pipelines transportant du gaz naturel de l’Alberta au Québec pour qu’ils puissent dorénavant transporter du pétrole brut.

- Cette même Transcanada Corp. projette de construire un nouvel oléoduc en sol québécois qui per-mettrait d’acheminer le brut alber-tain jusqu’à la raffinerie Irving à St-John, au Nouveau-Brunswick.

- Suncor, un des gros exploitant des sables bitumineux, étudie la possi-bilité de transporter par chemin de fer du pétrole de l’Alberta vers sa raffinerie montréalaise.

- Ultramar, songe aussi à utiliser le train pour acheminer du pétrole de l’ouest vers sa raffinerie située à Lévis près de Québec.

Pourquoi ce soudain intérêt pour l’est du continent de la part de ces acteurs majeurs de l’industrie des sables bitu-mineux ? Les raisons seraient autant économiques et politiques.

Facteurs économiques et politiquesAu niveau économique, le prix du pé-trole extrait des sables bitumineux est à la baisse : il serait de 20% plus bas que le prix du pétrole standard, le Brent Light. Au grand dam des exploitants, le marché a fléchi pour le brut albertain. Il est plombé par une demande interna-tionale à la baisse et une surproduction de pétrole dans le mid-west américain. Une surproduction provenant du pétrole de schiste extrait au Nord Dakota. Un pétrole « non-conventionnel » de qualité similaire à celui tiré des sables bitumi-neux, qui met donc ces deux produits en concurrence directe pour des mar-chés de plus en plus limités.

Au niveau politique la situation n’est guère plus brillante. Les deux pro-jets de pipeline devant acheminer le pétrole bitumineux, l’un vers l’ouest et l’autre vers le sud, sont en rade. Le pipeline Northern Gateway d’Enbridge est en butte à une féroce opposition, faite des communautés autochtones et d’environnementalistes, qui a forcé le gouvernement de Colombie Britan-nique à interdire le passage de cet oléoduc sur son sol. Quant à l’énorme projet Keystone XL de Transcanada Corp., il est en arrêt faute d’autorisa-tion de la part du gouvernement fédé-ral américain. Ce dernier fait face à une campagne publique énergique qui va en s’intensifiant : 30 000 personnes viennent de manifester à Washington le 17 février dernier pour demander au président Obama de stopper définiti-vement Keystone XL.

La ruée vers l’est du continent est donc la riposte, tant économique que politique, d’une industrie des sables bitumineux qui est littéralement aux abois. Il ne faut pas oublier que celle-ci compte plus que doubler sa production d’ici 2020 pour atteindre 3,5 millions de barils par jour ! Il lui faut donc trouver, et vite, des débouchés permettant de contourner les blocages et d’écouler son produit.

La région est du Canada, qui a toujours importé son pétrole brut d’outremer, est donc une cible de premier choix. Atteindre les deux raffineries qué-bécoises, ainsi que celle de St-John, permettrait aux pétrolières albertaines de remplacer le pétrole importé et de s’accaparer du marché lucratif de l’est du Canada. L’autre objectif poursuivi, serait d’acheminer éventuellement le pétrole brut vers les ports donnant sur l’océan Atlantique s’ouvrant ainsi aux marchés internationaux que sont

l’Europe et les raffineries du Golfe de Mexique aux Etats-Unis. C’est une manœuvre vitale pour leur avenir qu’engagent les exploitants des sables bitumineux.

Une campagne médiatique pro-pétroleBien au courant de l’échec specta-culaire qu’a subie l’industrie des gaz de schiste au Québec, les grandes entreprises pétrolières mobilisent les médias commerciaux pour préparer le terrain à cette arrivée massive du pé-trole extrêmement polluant qu’est celui

extrait des sables bitumineux. Les éditorialistes et une

partie de la classe politique (tous vieux

partis confondus) sont mobilisés dans une cam-pagne soutenue pour vanter les mérites pour l’é-

conomie québé-coise des pipelines

et de l’industrie pé-trolière.

Les risques écologiques, pourtant sérieux, que fait courir le transport de ce pétrole lourd et nocif sont minimi-sés. Pourtant les fuites provenant de pipelines vétustes ou mal entretenus sont assez courantes et extrêmement dommageables. Nul autre qu’Em-bridge est responsable d’un déver-sement catastrophique de 3,3 mil-lions de litres de pétrole bitumineux, mélangés avec des dissolvants hau-tement cancérigènes, au Michigan en juillet 2010. Cette fuite a contaminé la rivière Kalamazoo et plus de deux ans après l’accident, une partie de cette rivière est toujours fermée.

Soutenez le travail d’Alternatives en donnant ou en devenant membre!

ALORS QU’UN VIRAGE ÉCOLOGIQUE VERS LES

ÉNERGIES RENOUVELABLES S’IMPOSE D’URGENCE, VOICI QUE LE GOUVERNEMENT DU QUÉBEC ET LES MILIEUX DES

AFFAIRES NOUS PROPOSE D’ALLER EN SENS INVERSE.

LES MULTINATIONALES DU PÉTROLE SONT PASSÉES

MAÎTRES DANS L’ART D’ACCAPARER DES PROFITS

GIGANTESQUES AU DÉTRIMENT DES PAYS ET RÉGIONS OÙ

ELLES AGISSENT.

La ruée vers l’est des sables bitumineuxEn novembre dernier la société Enbridge a demandé l’autorisation d’inverser le flot de pétrole de son pipeline « Ligne 9 » pour qu’il puisse transporter du brut des sables bitumineux de Sarnia à Montréal. Depuis, il nous tombe sur la tête une vraie cascade de projets de transport du pétrole albertains vers l’est du Canada.

C E T T E PA G E E S T P R O D U I T E PA R A LT E R N AT I V E S > L A S O L I D A R I T É E N A C T I O N > W W W. A LT E R N AT I V E S . C A

Quant aux bénéfices économiques que l’on nous fait miroiter, ils sont plus qu’illusoires. Les multinationales du pétrole étant passées maîtres dans l’art d’accaparer des profits gigan-tesques au détriment des pays et ré-gions où elles agissent.

Mais le pire est finalement dans l’occul-tation du danger du réchauffement cli-matique, réchauffement auquel contri-bue si fortement l’industrie des hydro-carbures en général, et celle des sables bitumineux en particulier. Alors qu’un virage écologique vers les énergies re-nouvelables s’impose d’urgence, voici que le gouvernement du Québec et les milieux des affaires nous propose tout benoîtement d’aller en sens inverse.

Fédérer les résistancesMalgré les efforts inouïs d’un gouvernement fédéral inféodé aux pétrolières qui tente de diaboliser toutes les oppositions, la résistance s’accroît et remporte des victoires.

Le blocage des pipelines allant vers l’ouest et le sud du continent en est une preuve éloquente. Le moratoire imposé à l’exploitation des gaz de schiste au Québec témoigne du pouvoir des mouvements citoyens. En outre, le mouvement Idle No More met en branle maintes communautés autochtones déterminées à bloquer l’expansion de l’industrie des sables bitumineux et ses pipelines.

Une résistance massive aux choix antiécologiques de gouvernements irresponsables est en voie de se déve-lopper. Pour être efficace, cette résis-tance doit fédérer les initiatives et les oppositions, élaborer des mots d’ordre communs et ne point hésiter à occuper les rues et les places publiques pour montrer sa détermination. Ne laissons pas le 1% dicter ses choix. Il en va de l’intérêt de 99% des habitants de la planète.

Roger Rashi