ces lampes qu'on a oublié d'éteindre

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C O L L E C T I O N L I B E R T É G RA N D E BORÉAL Ces lampes qu’on a oublié d’éteindre Régine ROBIN

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COLL

ECTIO

NLIBERTÉGRANDE

BORÉAL

Ces lampes qu’on a oublié

d’éteindre

Régine

ROBIN

Page 2: Ces lampes qu'on a oublié d'éteindre

Les Éditions du Boréal4447, rue Saint-Denis

Montréal (Québec) h2j 2l2

www.editionsboreal.qc.ca

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Ces lampes qu’on a oublié

d’éteindre

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œuvres de régine robin

ESSAIS

La Société française en 1789. Semur-en-Auxois, Paris, Plon, 1970.

Histoire et Linguistique, Paris, Armand Colin, 1973.

L’Amour du yiddish. Écriture juive et sentiment de la langue (1830-1930), Paris, Édi-tions du Sorbier, 1984.

Le Réalisme socialiste. Une esthétique impossible, Paris, Payot, 1986.

Kafka, Paris, Belfond, 1989.

Le Roman mémoriel. De l’histoire à l’écriture du hors-lieu, Montréal, Le Préambule, 1989.

La Sociologie de la littérature (avec Marc Angenot), Montréal, CIADEST, cahier no 4, 1991; nouvelle édition, 1993.

Le Deuil de l’origine. Une langue en trop, la langue en moins, Saint-Denis, Presses universitaires de Vincennes, 1993; Paris, Kimé, 2003 .

Discours et Archive (avec Jacques Guilhaumou et Denise Maldidier), Bruxelles, Mar-daga, 1994.

Le Naufrage du siècle, suivi de Le Cheval blanc de Lénine, Paris/Montréal, Berg Inter-national / XYZ, 1995.

Idendidad, memoria y relato. La impossible narración de sí mismo, Buenos Aires, Universidad de Buenos Aires, 1996.

Le Golem de l’écriture. Fiction, autofiction et cybersoi, Montréal, XYZ, 1997.

Berlin Chantiers. Essai sur les passés fragiles, Paris, Stock, 2001.

La Mémoire saturée, Paris, Stock, 2003.

Sutures. Berlin 2002-2003, photographies de Serge Clément, texte de Régine Robin, Montréal, Les 400 coups, 2003.

Cybermigrances. Traversées fugitives, Montréal, VLB, 2004.

I Fantasmi della storia, Vérone, Ombre Corte, 2005.

Mégapolis. Les derniers pas du flâneur, Paris, Stock, 2009.

Nous autres, les autres. Difficile pluralisme, Montréal, Boréal, coll. «Liberté grande», 2011.

Le Mal de Paris, Paris, Stock, 2014.

Un roman d’Allemagne, Paris, Stock, 2016.

FICTION

Le Cheval blanc de Lénine ou l’Histoire autre, roman, Bruxelles, Complexe, 1979.

La Québécoite, roman, Montréal, Québec-Amérique, 1983; Montréal, Typo, 1993.

L’Immense Fatigue des pierres, biofictions, Montréal, XYZ, 1996.

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COLLEC

TIONLIBERTÉGRAN

DE

Régine Robin

Ces lampes qu’on a oublié

d’éteindre

Boréal

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© Les Éditions du Boréal 2019

Dépôt légal: 4e trimestre 2019

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Diffusion au Canada: DimediaDiffusion et distribution en Europe: Interforum

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et de Bibliothèque et Archives Canada

Titre: Ces lampes qu’on a oublié d’éteindre / Régine Robin.

Noms: Robin, Régine, 1939- auteur.

Collections: Collection Liberté grande.

Description: Mention de collection: Liberté Grande | Comprend des références bibliographiques.

Identifiants: Canadiana 20190027959 | ISBN 9782764625972

Vedettes-matière: RVM: Modiano, Patrick, 1945-—Critique et interprétation.

Classification: LCC PQ2673.O3 Z8 2019 | CDD 843/.914—dc23

isbn papier 978-2-7646-2597-2

isbn pdf 978-2-7646-3597-1

isbn epub 978-2-7646-4597-0

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Le vent transperce

Ces trop longues avenues

Quelqu’un cherche une adresse inconnue

Et le courrier déborde

Au seuil des pavillons

On doit être hors-saison…

Francis Cabrel, Hors-saison

Odile, aidez-nous quand la jeunesse

À ne pas se perdre s’est gaspillée…

jean-paul de dadelsen

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PrologueMon Modiano

Ma rencontre avec l’œuvre de Patrick Modiano commence avec Lacombe Lucien, le film de Louis Malle de 1974 dont il fut le coscénariste, et le désir

de ma part d’en savoir plus, d’aller y voir de près. En 1974, la trilogie consacrée à l’Occupation était sortie: La Place de l’Étoile, La Ronde de nuit, Les Boulevards de ceinture. Mais je n’avais pas lu ces livres.

Modiano avait obtenu, en 1968, pour La Place de l’Étoile, le prix Roger-Nimier, ce qui ne me disposait pas très bien à son endroit. C’est en 1978, avec Rue des Bou-tiques obscures, ouvrage fondamental sur la mémoire et l’amnésie, qui obtint le prix Goncourt, que Patrick Modiano entra véritablement dans ma vie et devint, par ses textes, un de mes compagnons. Je ne l’ai plus lâché depuis.

De 1968 à aujourd’hui, plus de cinquante ans de production romanesque de sa part et près d’un demi-siècle d’événements traumatiques qui balisent la place de la Shoah dans le discours public, la place de la mémoire au-delà de l’Histoire. Comme l’Académie sué-doise l’a relevé en lui attribuant le prix Nobel de littéra-ture en 2014, Patrick Modiano est devenu, par ses récits et ses romans, un témoin des grands traumatismes de notre temps.

En 1974, Lacombe Lucien m’avait mise hors de moi. J’ai fait partie, à l’époque, de ceux qui partirent en guerre

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contre ce film, symbole de la mode «rétro» qui s’abattait sur le cinéma, la littérature, le discours social. J’y revien-drai plus loin. Quinze ans plus tôt, j’étais allée voir Hiro-shima mon amour d’Alain Resnais et de Marguerite Duras, qui étaient des «dieux» pour moi. Ils représen-taient l’avant-garde, le cinéma d’auteur, la modernité de la création littéraire et cinématographique. Comment oublier «Tu n’as rien vu à Hiroshima», «Tu me tues tu me fais du bien» et la récurrence de «Nous irons en Bavière, mon amour, et nous nous marierons»? Phrases envoûtantes dans cette cinématographie, avec le charme incomparable d’Emmanuelle Riva.

Pourtant, à un moment du film, j’avais soudain compris qu’il y était question de «la petite tondue de Nevers», cette jeune fille qui, à la fin de la guerre, est tombée amoureuse d’un soldat de la Wehrmacht et qui est tondue, tandis que Nevers fête la Libération, que son beau soldat est mort et qu’elle devient comme folle dans sa cave, assourdie par les flonflons indifférents à son malheur. Compris qu’il faudrait que je m’identifie à cette jeune fille, que tout le film m’y poussait alors que je résis-tais des quatre fers. Ce n’est pas la mise en parallèle de son drame avec les deux cent mille morts d’Hiroshima qui m’avait choquée, mais cette figure dérangeante de la «tondue de Nevers» mise au premier plan de l’histoire. Je n’arrivais même pas, alors, à saisir le véritable enjeu du film.

J’ai un souvenir de quand j’étais petite, à la fin de la guerre, peu après le 8 mai 1945 (ou était-ce en 1944, peu après la libération de Paris? je n’arrive pas à rétablir le moment exact de cette scène). Je descends avec ma mère la rue de Belleville. Nous arrivons au croisement de la rue et du boulevard de Belleville, sur cette large espla-

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nade où se trouve la bouche du métro. Soudain, nous voyons un petit attroupement. Il y a là une centaine de personnes autour d’une estrade sur laquelle une femme est assise; quelqu’un est en train de lui couper les che-veux. Elle a le regard fixe de celle qui cherche à fuir la foule, laquelle applaudit à tout rompre. Ma mère me lâche la main pour applaudir aussi fort que les autres. Moi, je ne comprends rien, mais, voyant ma mère heu-reuse, j’applaudis à mon tour. Cette scène est restée très précise dans ma mémoire, même si les détails se sont perdus dans la nuit de l’oubli. À mesure que le film de Resnais se déployait, je revoyais la tondue du bas de la rue de Belleville. J’étais sortie troublée du cinéma. Il y avait de quoi réfléchir, interroger les pages sombres de l’Histoire. Je n’en étais pas là. Je me dirais longtemps que ces agissements appartenaient aux fameux «résistants de la onzième heure» et non pas à nos valeureux maqui-sards. Pourtant, il y avait ce poème d’Éluard tiré d’Au rendez-vous allemand de 1944:

Comprenne qui voudra

Moi mon remords ce fut

La malheureuse qui resta

Sur le pavé […]

Découronnée défigurée

Celle qui ressemble aux morts

Qui sont morts pour être aimés.

Moi, j’ai voulu comprendre.Quinze ans après, c’est ce petit salopard de Lucien

Lacombe qui devenait le sujet du film de Louis Malle. Là, il n’était pas question d’identification, mais le problème me paraissait bien plus grave. La Résistance n’était repré-

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sentée que par un instituteur qui éconduit ce pauvre paysan venu lui demander de le prendre avec lui dans le maquis. Une Résistance méprisante à l’égard des pauvres hères. Un clivage de classe, mais à front renversé. En revanche, il a suffi qu’un sous-fifre de «la Gestapo fran-çaise» lui mette dans les mains un fusil et une carte de la Gestapo («police allemande» comme il le dira avec son accent du Midi) pour que celui qui n’est rien, qui n’est pas considéré, qui n’a aucune place dans la société, se sente reconnu, puisse intimider une famille juive et s’of-frir du bon temps avec la jeune fille de cette famille. Le choix, l’engagement durant l’Occupation? Le hasard des rencontres, des situations. Un paumé intégral à qui on donne le sentiment de la toute-puissance. À la fin, il est fusillé. Là encore je m’étais demandé: qu’est-ce qui manque? Un point de vue dans la narration? Une voix off? Qu’est-ce qui n’allait pas: le cadrage? le montage? Car «comment on devient fasciste», même sans le savoir ou sans le vouloir, était une question qui méritait d’être explorée. Ce qui me gênait était ma situation à moi en face du film, le rôle qu’on m’obligeait à jouer. J’étais «tout d’une pièce», ils se donnaient le beau rôle, l’écrivain et le metteur en scène. J’étais acculée à paraître sans nuance, dogmatique, confite dans des certitudes là où on se devait de ne pas juger. Moi, je jugeais du point de vue d’une famille qui avait porté l’étoile, d’une famille de miraculés, de survivants, sachant qui nous avait aidés, nous avait prévenus qu’une rafle se préparait, nous demandant de quitter notre appartement de la rue Pali-Kao à Belleville et de nous cacher dans les terrains vagues avoisinants. C’étaient toujours des gens de la Résistance, des clandestins souvent communistes; sachant aussi qui nous persécutait: les Allemands, la police de Vichy,

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la Milice, des collabos et de «braves gens» faisant le dos rond ou envoyant des lettres de dénonciation au commissariat. Oui, il y avait pour moi des «bons» et des «méchants». J’étais fatiguée d’entendre dire que des bons et des méchants, il y en avait eu partout, des deux côtés. De plus, j’apprendrais peu après que pour écrire La Ronde de nuit, livre paru quelques années avant l’écri-ture du scénario de Lacombe Lucien, Patrick Modiano s’était inspiré du roman de Roger Nimier Les Épées, un des chefs de file des «Hussards». Un comble!

Modiano a répété maintes fois à quel point on était «catégorisé», mis dans des cases, répertorié, une des tares de nos sociétés. Dans Dora Bruder, il écrit: «On vous classe dans des catégories bizarres dont vous n’avez jamais entendu parler et qui ne correspondent pas à ce que vous êtes réellement. On vous convoque, on vous interne. Vous aimeriez bien comprendre pourquoi1.»

Je faisais donc partie de ceux qui «catégorisaient»: les résistants, les collabos, pas de «zone grise», pas de nuances, pas de contradictions, pas de femmes qui couchent avec les Allemands, pas de paysans paumés qui se font récupérer par les collabos. Toujours dans le droit chemin. J’avais de nouveau le «mauvais rôle».

Trente ans plus tard, à Lyon, on projetait Lacombe Lucien dans le cadre d’un colloque portant précisément sur Patrick Modiano. Je m’y suis précipitée et, durant toute la projection, je me suis demandé ce qui avait sus-cité mon irritation, ma colère en 1974. J’avais conscience du séisme qui s’était abattu sur la société française, des

1. Patrick Modiano, Dora Bruder, Paris, Gallimard, 1997, p. 37-38.

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changements profonds, tournants et du mouvement de bascule qui l’avaient affectée. Mais je n’étais pas si sen-sible que cela à l’air du temps, je ne penchais pas du côté du vent, je ne hurlais pas avec les loups. Pourquoi cette différence d’appréciation? Je voulais comprendre et rien que pour cela, écrire sur Modiano m’est apparu comme une nécessité, si bien que, lorsque le directeur de col-lection d’une grande maison d’édition montréalaise m’a proposé d’écrire un livre sur un écrivain, j’ai saisi l’occasion.

Bien entendu, il ne s’agit pas de réduire le succès d’un écrivain d’une telle ampleur à une sociologie de ses textes et de leur réception ni de le prendre pour un his-torien qui aurait mieux «vu» le réel du passé que les historiens de profession ou l’inverse. Nous avons affaire avant tout à un écrivain, à un romancier qui captive, par la récurrence de ses thèmes et les biographèmes qu’il ins-crit dans ses textes: la déambulation dans les rues, les arrêts dans les cafés, les hôtels, les numéros de téléphone, les éléments qui reviennent de roman en roman comme le «panier à salade» de l’arrestation de son père en 1943 et de la sienne propre vingt ans plus tard, la lumière de l’abat-jour qu’on a oublié d’éteindre dans une chambre ainsi que le retour d’œuvre en œuvre de quelques per-sonnages louches de l’Occupation comme l’ignoble Eddy Pagnon et d’autres collabos. L’œuvre fascine, comme les faits divers fascinent l’auteur.

Il suffit d’expérimenter la lecture comme je l’ai sou-vent fait au début de ma fréquentation des textes de Modiano. Ce sont des livres minces. Ils se lisent assez vite. Un voyage en train, quelques heures suffisent. Arrivé à destination, on quitte le livre en se disant qu’on a passé un bon moment, sans plus. Et puis, quelque

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chose vous poursuit qui ne se dissipe pas. Pas seulement cette «petite musique» dont tout le monde parle. Quelque chose comme une piqûre d’insecte, l’image qui ouvre Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier 2. Cette piqûre ne vous lâche pas. C’est une image, un mot, un nom propre, une phrase, un objet, on ne sait pas. J’ai fini par me dire que ces romans n’étaient pas aussi «insigni-fiants» qu’il y paraissait. Qu’est-ce qui insiste ainsi en vous? Pour les gens de ma génération – j’ai quelques années de plus que Modiano, la guerre, que j’ai connue et vécue, nous sépare –, il suffit de revoir ces numéros de téléphone dont le générique était constitué de lettres pour que tout un pan du passé ressurgisse. Le mien a longtemps été JUS 37 32, quand j’habitais rue Mouf-fetard. L’écriture de Patrick Modiano a l’art de faire participer tout un chacun à son Paris d’autrefois, viscé-ralement. Mais il y a plus.

Là où on attend des enquêtes et des énigmes des romans policiers qu’ils finissent par trouver une solu-tion, les romans de Modiano ne donnent aucune clé. Le cœur du roman est la quête, non sa résolution. L’énigme restera entière. Ses romans bousculent tous les codes. Que le mot roman soit écrit sur la couverture ou non, on est à la fois dans du romanesque, de l’invention, du bio-graphique, de l’autobiographique, de l’autofiction, de la construction de soi dans l’écriture, mais avec un brouil-lage de toutes les pistes. Brouillage aussi quand le texte s’appuie sur des personnages réels – et ils sont nom-breux – mais transformés, déplacés, comme il le dit lui-

2. Patrick Modiano, Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, Paris, Gallimard, 2014.

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même, «vaporisés», à la fois reconnaissables et mécon-naissables. Brouillage encore quand il s’agit de savoir de quel point de vue le récit est mené. C’est souvent indéci-dable. Si bien qu’avec l’œuvre de Patrick Modiano, il faut renoncer à différencier l’auteur du narrateur, le «je» de ce dernier du «je» de l’auteur, comme il est vain de se demander ce qui est vrai et ce qui est le fruit de l’imagi-nation de l’auteur. Tout est masqué. Tout se meut dans l’incertain. Filatures infructueuses, identités troubles et troublées, identités tremblées, tout est pris dans une pâte temporelle obscure, elle-même à la fois floue et précise, victime de spectres et de fantômes qui surgissent à l’im-proviste, ponctuant l’anéantissement et l’impossible résurrection du passé. C’est pourtant par là que, l’écri-ture luttant contre l’oubli, cette mémoire trouée fera sens. Le mélange, le contraste entre le brouillard, les flot-tements, le «chien et loup», l’indéterminé de l’atmos-phère, des situations et l’extrême précision des noms propres, des noms de rues, des lieux, des listes de bou-tiques ou de garages, d’anciens numéros de téléphone; cette articulation improbable est en partie à l’origine du charme que produit le texte. De même que l’indétermi-nation, l’errance des points de vue, des perspectives nar-ratives. Tout est retourné, inattendu malgré l’apparence classique de l’écriture.

L’œuvre fascine encore par le retour, de roman en roman, d’épisodes clés qui se répondent et se renvoient les uns aux autres. De là ce sentiment, pour les uns, que l’auteur écrit toujours le même texte et, pour les autres, le plaisir de la reconnaissance de quelque chose d’à la fois étrange et familier, au sens fort du terme, de l’inquié-tante étrangeté.

Beaucoup de livres, d’articles, de colloques ont été

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consacrés à l’œuvre de Patrick Modiano. Lui-même se retrouve dans des chansons (Le Baiser Modiano de Vincent Delerm), des documentaires (le 58e épisode d’Un siècle d’écrivains d’Antoine de Gaudemar). Il est même devenu personnage de roman dans Un certain M. Piekielny 3 de François-Henri Désérable, où il fait face à Romain Gary lors d’un épisode mémorable d’Apos-trophes, la célèbre émission télévisée de Bernard Pivot, d’autant plus mémorable qu’il n’a jamais existé en réa-lité. Plus récemment encore, Pauline Dreyfus a redonné vie à la séance du 22 mai 1968, en plein dans les événe-ments de Mai, à l’hôtel Meurice, où le prix Roger-Nimier fut décerné au jeune Patrick Modiano pour La Place de l’Étoile par un jury présidé par Paul Morand4.

Nombre de recherches universitaires ont approfondi analyses et hypothèses sur l’œuvre et son auteur, jetant un nouveau regard sur les rapports des récits et des romans de Modiano avec l’Histoire et avec la mémoire collective. Mémoire, oubli, obsession de l’Occupation et partout traversant l’œuvre, de façon médiate ou immé-diate, directe ou oblique, la question juive, l’omni-présence d’une identité problématique qui ne va pas de soi sur laquelle je voudrais revenir. Elle rejoint au plus profond mes interrogations.

C’est donc avec Livret de famille et Rue des Boutiques obscures que quelque chose m’accroche, me perturbe, quand, après l’épisode de Lacombe Lucien, je reviens à

3. François-Henri Désérable, Un certain M. Piekielny, Paris, Gallimard, 2017.

4. Pauline Dreyfus, Le Déjeuner des barricades, Paris, Grasset, 2017.

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Modiano, à la fin des années 1970. Les remarques de Baptiste Roux suggèrent peut-être le pourquoi de cet investissement affectif intense de ma part:

Il apparaît alors pertinent de distinguer deux mouve-

ments dans la carrière littéraire de Modiano durant les

années soixante-dix. Jusqu’en 1978, les personnages

centraux se caractérisent par une totale absence de

volonté qui semble paralyser tout esprit de décision.

[…] Avec le tournant autofictif de Livret de famille,

l’écrivain semble considérer le monde sous un nouvel

aspect; l’amnésie succède à l’apathie, de façon presque

systématique. […] Après avoir fait montre d’une irré-

sistible passivité, le héros annihile le souvenir en le

refoulant, de sorte que l’objet même du roman devient

le long inventaire de la mémoire5.

Je vais donc à mon tour présenter au lecteur «mon» Modiano, tissé de tous les apports des spécialistes, de leurs réflexions, de leurs remarques; tissé surtout des textes de Modiano qui m’habitent depuis tant d’années avec lesquels je suis en dialogue permanent, parfois en conflit virulent, sans jamais y être indifférente. C’est aussi cela la littérature, un milieu, une ambiance, une confrontation vivante avec des textes et à travers eux, avec leur auteur. Comme d’innombrables lecteurs, je suis en attente, à l’affût du «prochain Modiano» que je dévore sitôt qu’il est sorti. L’annonce-t-on dans une émission littéraire? Je réserve ma soirée, toutes affaires

5. Baptiste Roux, Figures de l’Occupation dans l’œuvre de Patrick Modiano, Paris, L’Harmattan, 1999, p. 142.

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cessantes. Va-t-il bafouiller, ne pas trouver ses mots? Je suis de toute façon avec lui, inconditionnelle. Lire et relire ses romans, récits, textes autobiographiques ou autofictionnels, à la file ou séparément, c’est toujours partir à l’aventure et j’embarque chaque fois avec armes et bagages.

Il a donc fallu que j’accepte la fascination que ses textes exercent sur moi, et que j’assume les équivoques de lecture qu’ils suscitent et mes propres contradictions. Si je n’accepte pas les ambiguïtés de ses narrateurs bal-lottés en tous sens dans les années noires et dans les années 1960, c’est, malgré tout, au-delà de ce qui résiste en moi; sa bande de «paumés», personnages perdus, égarés dans la vie, désœuvrés, désorientés, ne sachant pas très bien qui ils sont, d’où ils viennent, où ils vont, marchant «à côté de leur vie»; ce sont eux qui me concernent. Ce sont ses énigmes et ses histoires qui ne se résolvent pas qui suscitent mon intérêt. C’est sa façon d’inscrire «l’air du temps» qui m’interpelle et sa judéité introuvable qui vient à ma rencontre.

Je partirai donc de l’Occupation fantasmée qui encadre le texte modianien, du moins dans la première décennie de sa production littéraire et, des années noires jusqu’aux décennies 1960 et 1970, de l’image du père, ce père mi-réel, mi-fictif qui hante littéralement tous ses textes au point de les transformer en hantologie, selon le terme de Jacques Derrida. Ce sera alors le moment d’évoquer ce que j’appelle «le moment Modiano», ce basculement du discours social dont Patrick Modiano, coscénariste du film de Louis Malle, fut l’immédiat contemporain, le moment de la «mode rétro». Dans un deuxième temps, je rencontrerai la «question juive», la judéité, qui traverse l’œuvre, en clair d’abord, en

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filigrane ensuite. Qu’a signifié pour Patrick Modiano le fait d’avoir un père juif?

De La Place de l’Étoile aux dernières publications, la question juive est toujours présente de façon directe ou oblique. Il n’est que de comparer un roman viennois de 1908, Vienne au crépuscule d’Alfred Schnitzler, et La Place de l’Étoile de 1968, pour comprendre le cataclysme qui s’est abattu sur l’Europe durant ces soixante ans et la façon dont la question se pose aux citoyens juifs issus de l’émancipation, de part et d’autre de la Shoah et de la fondation d’Israël. Nous nous y arrêtons.

Fragilité des identités mais aussi présence lancinante de Paris, topographie d’un Paris lui-même voué à la transformation, à la destruction, un Paris méconnais-sable, à l’image du quartier Saint-Germain-des-Prés, désormais livré aux riches spéculateurs et au commerce de luxe. Dans ce Paris, mais aussi à Nice, en banlieue parisienne ou autour du lac d’Annecy, des silhouettes, des agents doubles, des anonymes qui se cachent sous de faux noms, qui, s’ils ont un certain âge, refont surface alors qu’ils menaient des affaires troubles sous l’Occu-pation. D’autres, silhouettes fragiles, perdues, abandon-nées, mais parfois sauvées par leur anonymat.

L’historienne que je suis aussi abordera avec passion cette écriture de la mémoire et de l’oubli. Comment rendre compte de ces anonymes dont il ne reste presque rien? Peut-on même songer à en esquisser une bio-graphie? Comment le passé peut-il s’inscrire dans la fiction? S’il n’y a que «les perroquets qui restent fidèles au passé», quel passé, quelle mémoire, quel oubli le romancier peut-il représenter?

La mémoire collective est une construction. Elle n’est pas ce qui reste des événements et des traumatismes

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à mesure que le temps passe. Elle n’est pas la somme ou la conjugaison des souvenirs individuels ou familiaux. Elle rassemble un discours, des pratiques, des images, des émotions, un regard sur le passé élaboré par les his-toriens, mais aussi par les artistes, les romanciers, les médias ainsi que par «l’air du temps». Que nous le vou-lions ou non, nous baignons dans ce Zeitgeist auquel nul n’échappe.

Pour Modiano, le passé ne se donne pas. Il ne l’ins-trumentalise jamais, il n’en fait ni un emblème ni un fétiche. Au contraire, il sape les idéologies officielles et leurs discours. Il ne clôt jamais l’horizon.

Comment ce passé surgit-il alors? En lambeaux, par bribes, par éléments épars qui ont subsisté alors que le reste a disparu, par surimpressions de temporalités entremêlées, enchevêtrées. Au-delà des commémora-tions et des discours lisses, Modiano est sensible à l’im-mense difficulté de joindre les «morceaux» d’un puzzle qui n’arrive pas à se construire, les pièces ne pouvant s’emboîter, le kaléidoscope ne renvoyant qu’à mille images disparates, le palimpseste éliminant toute possi-bilité de linéarité et de chronologie. Une image revient plusieurs fois dans ses romans. Le photographe de Chien de printemps décolle les affiches des murs «pour qu’ap-paraissent celles que les plus récentes avaient recou-vertes. Il décollait leurs lambeaux couche par couche et les photographiait au fur et à mesure avec minutie, jusqu’aux derniers fragments de papier qui subsistaient sur la planche ou la pierre6».

6. Patrick Modiano, Chien de printemps, Paris, Gallimard, 1993, p. 36.

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Le romancier va alors être celui qui, par le souvenir et «la mémoire des autres», par tous ces menus élé-ments qui restent sans signification apparente, tout ce qui peut tenir lieu d’archive, par sa narration, va cher-cher à montrer à la fois ce dont il dispose et l’inanité de sa quête. De là ces boîtes à biscuits, ces coffrets, ces tiroirs remplis de vieilles photographies, de papiers pelures que des trombones rouillés par les ans gardent ensemble, de coupures de journaux et de carnets remplis à l’encre Bleu Floride; de là également la perpétuelle déception devant la difficulté à faire sens. Tout ce que la boîte à biscuits contient se dérobe comme si le passé était per-pétuellement miné de l’intérieur. Retrouver la trace d’un individu, redonner vie à des anonymes, évoquer, ne serait-ce que par une phrase, tel ou tel inconnu disparu depuis longtemps demande un travail surhumain. Faut-il trouver des registres, des dossiers enfouis dans des archives très souvent fermées au public? Faut-il inventer purement et simplement en espérant faire émerger le vrai, mettre un peu de vérité sur le réel du passé? Romancier cherchant à redonner vie à une inconnue, Modiano s’aventure sur le terrain des historiens à un moment où ceux-ci se rapprochent de la littérature. Res-susciter des anonymes, mais comment? Il sera temps d’évoquer ces rapprochements, de Marguerite Yource-nar à Patrick Boucheron en passant par Arlette Farge, Yannick Haenel, Jean-Philippe Domecq, Alain Boureau et quelques autres.

C’est par là que Patrick Modiano vient me chercher, qu’il me fascine, c’est ainsi qu’au plus près de mes pré-occupations quelque chose résonne en moi.

Il est évident que j’approche cette œuvre en lectrice et non en spécialiste, même si je dois tout aux poéticiens,

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aux littéraires qui ont travaillé sur son œuvre. De Jacques Lecarme à Denis Cosnard, de Baptiste Roux à Domi-nique Viart, de Bruno Blanckeman à Claude Burgelin, de Thierry Laurent à Alan Morris, etc., ils sont nom-breux à avoir apporté énormément à l’approfondisse-ment de l’œuvre de Modiano. Je leur suis infiniment reconnaissante. Mais on peut lire ses romans sans savoir que tel personnage réel se cache derrière tel autre fictif, que telle énigme se rapporte à l’affaire Profumo. Il y a un réel bonheur à n’être que lecteur, pleinement lecteur. Mon Modiano n’est pas fait pour les spécialistes mais pour le plaisir de la lecture. En me plongeant dans ses romans, j’ai abandonné les appartenances disciplinaires et universitaires. L’âge a fait que, comme le dit l’adminis-tration française avec son vocabulaire inimitable, je suis, depuis longtemps, «rayée des cadres», entendez à la retraite, ce qui procure une infinie liberté.

J’invite donc mon lecteur à suivre avec moi ce romancier des interstices, des lisières, des bords de l’abîme, des trous noirs et des couloirs du temps, à rendre avec lui son magnétisme au quotidien, à rendre étranger ce qui était familier, à arpenter de nouveau les rues de Paris, à s’attarder à la terrasse de ses cafés, à s’inventer une vie et une mémoire avec la vie et la mémoire des autres et à tenter, avec ses mots, de «briser cette couche de silence et d’amnésie» qui finit par tout recouvrir.

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première partie

L’Occupation fantasmée

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Patrick Modiano a reçu le prix Nobel de littérature en 2014 pour «son art de dire la mémoire avec lequel il a évoqué les destinées humaines les plus

insaisissables et dévoilé le monde de l’Occupation1».Dire, évoquer, dévoiler, tous termes qui conviennent

à l’œuvre, du moins à celle des premières décennies, quand l’Occupation devient une véritable obsession. Mais de quelle Occupation s’agit-il? Patrick Modiano n’est pas un historien. Il ne cherche pas à élucider ou à expliquer tel ou tel événement de cette période, il n’a aucune problématique de la causalité, il se joue de la chronologie par un agencement subtil des surimpres-sions et du retour du même, ce qui entraîne une confu-sion perpétuelle entre imaginaire et réalité. Même s’il s’appuie sur une documentation non négligeable, il est avant tout, et il le répétera souvent, un romancier, et l’Occupation l’attire pour ses multiples potentialités narratives.

Il mettra les choses au point: «Ce n’est pas vraiment l’Occupation qui me fascine. Elle me fournit un climat idéal, un peu trouble, une lumière un peu bizarre, l’image démesurément grossie de ce qui se passe aujour-

1. Communiqué de l’Académie suédoise à l’occasion de la remise du prix Nobel de littérature 2014.

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d’hui2.» L’Occupation, c’est son seul terroir: «Comme tous les gens qui n’ont ni terroir ni racines, je suis obsédé par ma préhistoire. Et ma préhistoire, c’est la période trouble et honteuse de l’Occupation. J’ai toujours eu le sentiment, pour d’obscures raisons d’ordre familial, que j’étais né de ce cauchemar. Les lumières crépusculaires de cette époque sont pour moi ce que devait être la Gironde pour Mauriac, ou la Normandie pour La Varende; c’est de là que je suis issu. Ce n’est pas l’Occu-pation historique que j’ai dépeinte dans mes trois pre-miers romans, c’est la lumière incertaine de mes ori-gines. Cette ambiance où tout se dérobe, où tout semble vaciller3…»

C’est par l’«association insolite de la pure spécula-tion et [le] soin presque policier apporté aux détails4» que les romans de Modiano restituent fantasmatique-ment l’atmosphère trouble et pesante de l’Occupation. La documentation et l’Histoire sont mises au service de la narration, et non l’inverse. La période est propice à l’émergence de personnalités louches, maléfiques, et l’absence de contrôle, l’impunité, la toute-puissance qui leur est accordée permet la saisie romanesque de leurs forfaits. Quelque peu provocateur, il déclare au Figaro littéraire: «L’Occupation me fascine, mais j’aurais tout aussi bien pu prendre le Directoire pour ses incertitudes

2. Dossier sur la «mode rétro», Le Point, 11 mars 1974.

3. Propos rapportés par Jean-Louis Ezine, Les Écrivains sur la sellette, Paris, Seuil, 1981, p. 22.

4. Baptiste Roux, Figures de l’Occupation dans l’œuvre de Patrick Modiano, Paris, L’Harmattan, 1999, p. 34.

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Table des matières

Prologue 9

Mon Modiano

PREMIÈRE PARTIEL’Occupation fantasmée

1 L’obsession du père : le terreau ou le fumier d’où je suis né 39

2 Le moment Modiano 52

Les enjeux de la mémoire de Vichy 52

Le basculement mémoriel des années 1970 61

Lacombe Lucien 67

3 Malentendu et ambiguïtés 80

Le prix Roger-Nimier 80

La fascination pour les êtres paradoxaux 83

DEUXIÈME PARTIEL’impossible « juif tout court »

1 Berlin et Vienne dans l’imaginaire de Patrick Modiano 103

2 Les intellectuels juifs d’Europe centrale d’avant la Shoah : une identité désubstantialisée 111

3 Retourner le discours antisémite 132

La Place de l’Étoile 132

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Les fantasmes d’enracinement 141

Confrontés à l’antisémitisme 147

TROISIÈME PARTIEUne écriture de l’errance

1 La fragilité des lieux 159

Entre dérives et arpentages : les errances à travers Paris 160

Parcours : les deux rives 168

Traversées et zones neutres 170

La nécessité des points fixes 175

2 Des êtres flottants 180

Des égarés qui ne remontent jamais à la surface 180

De ceux qui ne portent pas leur nom 186

Agents doubles 195

QUATRIÈME PARTIEL’historien et le romancier

1 L’arsenal contre l’oubli 213

Louis-François Pinagot et Dora Bruder : la convergence de leurs doutes 220

La présence des auteurs dans leur texte 232

2 L’imagination et le comblement des lacunes 244

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Placée à l’enseigne «Liberté grande» en hommage à Julien Gracq, l’un des grands prosateurs de la langue française, cette collection, dirigée par Robert Lévesque, se consacre exclusivement au genre de l’essai; d’ordre sociologique, his-torique, politique, ludique, libertaire, mélancolique ou poé-tique, ce sont des textes exploratoires, tous inédits, et avant tout des écrits personnels, évidemment libres, assurément littéraires.

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crédits et remerciements

Les Éditions du Boréal remercient le Conseil des arts du Canada ainsi que le gouvernement du Canada pour leur soutien financier.

Les Éditions du Boréal sont inscrites au Programme d’aide aux entreprises du livre et de l’édition spécialisée de la SODEC et bénéficient du Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres du gouvernement du Québec.

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Marie-Claire Blais

Passages américains

Maxime Catellier

Le Temps présent

Jean-François Chassay

La Littérature à l’éprouvette

Bertrand Gervais

Un défaut de fabrication

Nicolas Goyer

Rue des Quatre-Vents, San Telmo

André Habib

La Main gauche de Jean-Pierre Léaud

Jean-Pierre Issenhuth

La Géométrie des ombres

Jean Pierre Lefebvre

L’Homoman à la caméra

Louis-Michel Lemonde

Un amour

Wajdi Mouawad

Le Poisson soi

Simon Nadeau

L’Art de rater sa vie

L’Autre Modernité

Stanley Péan

De préférence la nuit

Yvon Rivard

Aimer, enseigner

Régine Robin

Nous autres, les autres

Jean-Pierre Ronfard

Le Bazar amoureux

Simon Roy

Ma vie rouge Kubrick

Alexandre Soublière

La Maison mère

Martin Winckler

Dr House, l’esprit du shaman

dans la même collection

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mise en pages et typographie: les éditions du boréal

achevé d’imprimer en octobre 2019 sur les presses de l’imprimerie gauvin

à gatineau (québec).

Ce livre a été imprimé sur du papier certifié FSC.

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