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1 Bulletin d'information n°51 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique C/ Goethe Institut 4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-13-04-16 E-Mail : [email protected] Site Internet : http://cercle.toulouse.free.fr/ Juin 2008 N°51 C.E.R.C.L.E FRANCO-HELLENIQUE LE BULLETIN D’information Sommaire Editorial Page 1 La Grèce au fil des jours… Page 7 Soirée Ciné-club O Thiassos Page 2 Conférence de M.Desnoyers sur le mythe d’Icare Page 8 Conférence de M.Orfanos sur le bi- linguisme en Grèce Page 2 Exercices de traduction Page 9 Fête de Noël Page 4 Club lecture « Le Che s’est suicidé » de Petros Markaris Page 10 Loto du C.E.R.C.L.E. Page 5 Si on parlait cuisine… Page 10 Ciné-Club « Jamais le Dimanche » Page 5 Ma mère disait… Page 11 Fête nationale grecque au Capitole Page 6 Voyage du C.E.R.C.L.E en Libye Page 11 Concert Ta Limania Xena Page 6 Florilège antique – Lecture - Annon- ces Page 15 &16 Editorial L’année qui se termine bientôt a surtout été marquée par l’opération « un olivier pour le Péloponnèse » qui a concentré sur elle l’essentiel de nos efforts. Ce n’est pas la première fois que le CERCLE réalise une opération de solidarité mais c’est la première fois que nous participe- rons, directement sur place, à une opération de terrain au profit d’agriculteurs sélectionnés qui ont tout perdu pen- dant les incendies catastrophiques de l’été dernier au nord de Kalamata. Nous tenons à remercier toutes celles et tous ceux qui directement ou indirectement nous ont ai- dés dans cette opération, les membres du CERCLE bien entendu, mais aussi des Clubs Services tels que le Lions, le Rotary et … Des manifestations très variées ont émail- lé cet évènement dont certaines, concerts et conféren- ces, dans des lieux prestigieux de Toulouse ce qui pour- rait contribuer aussi à une meilleure promotion de notre association. Parmi nos autres activités il y en est une qui reste le centre de nos préoccupations, je veux parler des cours de grec. La fête de fin d’année des élèves a été très révéla- trice de ce qui se fait et se vit pendant ces cours ; la vidéo présentée mérite des félicitations que nous adressons sans hésiter aux profs –en particulier Géorgia- mais aussi aux élèves-acteurs dont les progrès sont tout simplement re- marquables. Merci aussi à Ghislaine pour son rôle de coordinatrice de ces cours et à Jean, son efficace second, sans oublier Luc et sa grande disponibilité. L’autre opération qui occupe désormais une place capitale parmi nos activités est le voyage culturel, organi- sé de main de maître par Nickeline. Qu’ils en soient re- merciés une fois de plus. Après la Libye cette année, dont les vestiges gréco-romains-byzantins nous ont enchantés (lire article dans ces pages) c’est le nord-ouest de la Grèce qui a été choisi pour l’année prochaine. Nous finirons bien par faire le tour de la Méditerranée avant d’attaquer la Mer Noire ! Le Club Lecture et le Ciné-Club ont trouvé désor- mais un rythme annuel de croisière de 3 à 4 manifesta- tions chacun. Nous n’avons pas négligé non-plus les moments de convivialité et les repas du Nouvel An et de Pâques ont connu, comme à l’accoutumée, un grand suc- cès. Toutes ces manifestations sont le fruit du travail du Conseil d’Administration dont je tiens à remercier les administratrices et administrateurs. Avec une mention spéciale pour nos deux nouveaux, Lydie et Daniel, dont la disponibilité et l’investissement se sont fait rapidement sentir en particulier dans notre communication.

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Bulletin d'information n°51 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique C/ Goethe Institut 4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-13-04-16 E-Mail : [email protected] Site Internet : http://cercle.toulouse.free.fr/

Juin 2008 N°51

C.E.R.C.L.E FRANCO-HELLENIQUE

LE

BULLETIN D’information

Sommaire Editorial Page 1 La Grèce au fil des jours… Page 7

Soirée Ciné-club O Thiassos Page 2 Conférence de M.Desnoyers sur le mythe d’Icare Page 8

Conférence de M.Orfanos sur le bi-linguisme en Grèce Page 2 Exercices de traduction Page 9

Fête de Noël Page 4 Club lecture « Le Che s’est suicidé »

de Petros Markaris Page 10

Loto du C.E.R.C.L.E. Page 5 Si on parlait cuisine… Page 10

Ciné-Club « Jamais le Dimanche » Page 5 Ma mère disait… Page 11

Fête nationale grecque au Capitole Page 6 Voyage du C.E.R.C.L.E en Libye Page 11

Concert Ta Limania Xena Page 6 Florilège antique – Lecture - Annon-

ces Page 15 &16

Editorial

L’année qui se termine bientôt a surtout été marquée

par l’opération « un olivier pour le Péloponnèse » qui a concentré sur elle l’essentiel de nos efforts. Ce n’est pas la première fois que le CERCLE réalise une opération de solidarité mais c’est la première fois que nous participe-rons, directement sur place, à une opération de terrain au profit d’agriculteurs sélectionnés qui ont tout perdu pen-dant les incendies catastrophiques de l’été dernier au nord de Kalamata. Nous tenons à remercier toutes celles et tous ceux qui directement ou indirectement nous ont ai-dés dans cette opération, les membres du CERCLE bien entendu, mais aussi des Clubs Services tels que le Lions, le Rotary et … Des manifestations très variées ont émail-lé cet évènement dont certaines, concerts et conféren-ces, dans des lieux prestigieux de Toulouse ce qui pour-rait contribuer aussi à une meilleure promotion de notre association.

Parmi nos autres activités il y en est une qui reste le centre de nos préoccupations, je veux parler des cours de grec. La fête de fin d’année des élèves a été très révéla-trice de ce qui se fait et se vit pendant ces cours ; la vidéo présentée mérite des félicitations que nous adressons sans hésiter aux profs –en particulier Géorgia- mais aussi aux

élèves-acteurs dont les progrès sont tout simplement re-marquables. Merci aussi à Ghislaine pour son rôle de coordinatrice de ces cours et à Jean, son efficace second, sans oublier Luc et sa grande disponibilité.

L’autre opération qui occupe désormais une place capitale parmi nos activités est le voyage culturel, organi-sé de main de maître par Nickeline. Qu’ils en soient re-merciés une fois de plus. Après la Libye cette année, dont les vestiges gréco-romains-byzantins nous ont enchantés (lire article dans ces pages) c’est le nord-ouest de la Grèce qui a été choisi pour l’année prochaine. Nous finirons bien par faire le tour de la Méditerranée avant d’attaquer la Mer Noire !

Le Club Lecture et le Ciné-Club ont trouvé désor-mais un rythme annuel de croisière de 3 à 4 manifesta-tions chacun. Nous n’avons pas négligé non-plus les moments de convivialité et les repas du Nouvel An et de Pâques ont connu, comme à l’accoutumée, un grand suc-cès.

Toutes ces manifestations sont le fruit du travail du Conseil d’Administration dont je tiens à remercier les administratrices et administrateurs. Avec une mention spéciale pour nos deux nouveaux, Lydie et Daniel, dont la disponibilité et l’investissement se sont fait rapidement sentir en particulier dans notre communication.

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Bulletin d'information n°51 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique C/ Goethe Institut 4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-13-04-16 E-Mail : [email protected] Site Internet : http://cercle.toulouse.free.fr/

Enfin, l’année se termine sur une bonne nouvelle. Nous aurons à compter de septembre prochain, en prin-cipe, un nouveau consul général à Marseille ! Ainsi pren-dra fin cet « accident » cette malheureuse parenthèse pour l’hellénisme au sud de la France qui n’a que trop duré et dont les maladresses ont encore fait la une sur internet ces dernières semaines. Quel gâchis et quelle image pour la Grèce !

Je vous souhaite de très bonnes vacances et vous donne rendez-vous à la prochaine rentrée pour une année nouvelle qui s’annonce pour notre association aussi ani-mée que celle qui se termine.

Avec mes amitiés franco-helléniques, ADAMANTIOS XRISTOS AGATHOPOULOS

Soirées Ciné Club Le “voyage des comédiens”

de Théo Angelopoulos

Poursuivant son activité Cinéma visant à faire mieux connaître le cinéma grec, le C.E.R.C.L.E a projeté en deux parties, les 15 novembre et 18 décembre 2007, le film de Théo Angelopoulos «O qiasov», traduit en fran-çais sous le titre : « Le voyage des comédiens ».

Il s’agit du troisième long métrage du réalisateur grec le plus connu et reconnu sur la scène internationale. Il s’agit également du premier de ses films qui a franchi les frontières de la Grèce dès sa réalisation et qui a contribué à asseoir sa réputation internationale.

Ce long métrage, et le terme de long n’a jamais été aussi justifié, constitue le second épisode d’une trilogie commencée avec « Jours de 36 » (1972) et poursuivie avec « Les chasseurs » (1977). Cette trilogie constitue une

vaste fresque de l’histoire de la Grèce contemporaine.

Mais ce qui singularise d’emblée la démarche cinémato-graphique de Théo Angelopou-los, c’est le choix de rompre avec les procédés classiques du récit linéaire dans lequel le spec-

tateur suit «l’histoire » d’un personnage auquel il peut s’identifier.

Ainsi dans le « Voyage des Comédiens » les périodes dramatiques qu’a connu la Grèce entre 1936 et 1954 (dic-tature de Metaxas, Seconde guerre mondiale, Guerre Ci-vile) sont vécues au travers des pérégrinations d’une troupe de théâtre ambulant. Celle-ci sillonne la Grèce de village en village, de petites villes en petites villes en jouant toujours la même pièce : un drame pastoral « Golfo la Bergère ». Mais derrière le décor du théâtre, se joue un autre drame, et les acteurs reproduisent dans leurs trahisons, leurs rivalités, le drame des Atrides. Ce drame de l’envers du décor est lui-même mis en scène de façon théâtrale par Angelopoulos, de manière à ce que le

spectateur ne se laisse pas prendre à l’illusion du specta-cle. Enfin, les événements historiques qui constituent la toile de fond (là aussi le terme n’a jamais été aussi justifié) sont eux-mêmes théâtralisés.

Ce film - mais est-ce film au sens courant du terme ? Ne s’agit-il pas d’un emboîtement de scènes théâtrales - est déroutant à plus d’un titre.

Il s’agit à n’en pas douter d’un film « savant ». Tout d’abord, il présuppose chez le spectateur une bonne connaissance de l’histoire de la Grèce contemporaine car les événements historiques sont évoqués sous forme d’allégorie (par exemple l’intervention britannique et le major Scobie par un soldat écossais jouant de la corne-muse). Il présuppose également une bonne connaissance de la légende des Atrides et du théâtre antique.

Enfin, ce film cherche à interroger le spectateur sur la notion de spectacle elle-même. Cette réflexion d’Angelopoulos était en phase avec les réflexions d’une époque, celle du début des années 1970, sur la notion de « distanciation » par laquelle on cherchait à mettre le spectateur à distance afin de l’inviter à réfléchir.

Le D.V.D est en prêt dans notre bibliothèque

PETROS SIDERAS

Mardi 27 Novembre 2007 Conférence de Monsieur

ORFANOS sur le bilinguisme en Grèce

Les lecteurs assidus du Bulletin ont déjà été sensibili-

sés à la question de la diglossie par un article de Michel Baltas publié dans le numéro 23 (mois de juin 2000).

Mais la conférence prononcée par Monsieur Orfa-nos, professeur de lettres classiques à l’université Tou-louse Le Mirail, a approfondi et élargi l’approche de ce phénomène. Un auditoire attentif a suivi l’exposé, bril-lant et précis, du conférencier.

Nous essaierons de vous retracer ci-dessous les éléments principaux de cet exposé captivant.

Monsieur Orfanos a introduit son propos par les constats de grammairiens et philologues grecs du début du 20ème siècle qui, pour des élèves des classes primaires, établissaient la totale inadéquation entre la langue utilisée dans la vie courante et la langue enseignée à l’école, situa-tion qui a perduré jusqu’en 1977.

Mais, première surprise, on aurait tort de croire que cette situation singulière est attachée à l’histoire de la Grèce contemporaine. Monsieur Orfanos précisait que ce phénomène de bilinguisme ou diglossie n’est ni un phé-nomène nouveau, ni un phénomène spécifiquement grec.

Il pointe la première manifestation de celui-ci au 2ème siècle avant Jésus-Christ avec « l’atticisme » qui constitue le premier mouvement de retour « en arrière », de retour aux sources de la langue grecque ancienne.

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Le phénomène se reproduira au 4ème siècle de notre ère, période à laquelle les pères de l’église adoptèrent un grec « atticisant » dont l’utilisation se prolongera jusqu’au 15ème siècle, c'est-à-dire pendant plus de dix siècles.

Enfin, la troisième manifestation de ce mouvement se produira lors de la constitution de la Grèce moderne.

Si à chaque fois, le but est le même : revenir au grec de Périclès, c'est-à-dire à une époque considérée comme l’apogée de la Grèce antique, le contexte social et politi-que de ces mouvements de retour au passé sont profon-dément différents.

Cependant par-delà les différences ils présentent un dénominateur commun : il s’agit d’inventer et de prati-quer un langue artificielle permettant la communication entre les membres d’une élite mais restant hermétique aux autres couches sociales. Il s’agit d’une langue dont la fonction sociale est très lourdement discriminante.

Autre aspect, ignoré par une large partie de l’auditoire, Monsieur Orfanos précisait que la compré-hension du bilinguise néo-grec n’est pas possible sans la prise en compte de la perception qu’a l’Occident de la langue grecque. Tout au long de la formation la nation grecque moderne, c'est-à-dire pendant la période de la domination ottomane, cette perception a surdéterminé le débat en Grèce même.

Pendant la période la Renaissance, du 14ème au 16ème siècle, la langue grecque était perçue selon trois modes

• une langue littéraire, celle de Démosthène • une langue moderne parlée dans les villes grec-

ques • la langue sacrée puisque c’est la langue de la

Bible Le grec apparaît dans le même temps comme une

langue vivante et une langue morte. De plus, tout au long du moyen âge, le Vatican a nourrit une certaine défiance à l’égard du grec, langue des schismatiques. La chute de Constantinople en 1453, amène vers l’Occident de nom-breux savants et lettres, tels Georges GEMISTOS (GEMISTE PLETHON), BESSARION, porteurs des manuscrits grecs d’auteurs classiques qui viendront enri-chir les bibliothèques de l’Occident, tout particulièrement en Italie.

L’apprentissage du grec se fait directement auprès de professeurs grecs de naissance. La prononciation du grec est celle de la période médiévale, c'est-à-dire proche de la prononciation de la période actuelle.

C’est dans ce contexte qu’un certain nombre d’italiens éduqués du 16ème et du 17ème ont su dépasser ce qui restait encore de la tradition atticiste byzantine et ont essayé de mettre en œuvre la langue grecque moderne à côté de la langue ancienne.

Le personnage clé de ce mouvement est le pape Léon X (pontificat de 1513-1521) fondateur du collège grec du Quirinal.

Dans ce collège, initialement dirigé par un grand sa-vant, Laskaris, des étudiants grecs venus en Italie ont étudié la littérature grecque classique, la littérature latine, la théologie en utilisant la langue grecque commune. Cet

enseignement a été un succès, entraînant les premières impressions de texte en grec moderne. Un prêtre grec, Nicolas Sofianos, devient une figure prééminente dans les milieux helléniques. On lui doit la première grammaire de grec moderne. Il souhaitait que, grâce à ses travaux, le peuple sorte de sa profonde inculture. Cette initiative fait de nombreux émules et les productions foisonnent dont on retiendra, comme exemple le plus abouti, le magnifi-que roman en vers Erotocritos de Vincenzo Cornaros.

Cela témoigne de l’existence de nombreuses passe-relles entre l’Occident et la Grèce.

Mais, à la fin du pontificat de Léon X, la langue grec-

que est prise au piège de la Réforme. Elle deviendra une langue suspecte puisque langue de l’hérésie, interdite à partir du Concile de Trente, mise à l’index en 1562 com-met tout ce qui de près ou de loin rappelait la langue chère à Erasme, l’ami de Luther.

Le grec est alors considéré comme une arme de des-truction de l’église catholique.

Le grand érudit de Rotterdam, Erasme est l’inventeur de la philologie grecque. Le grec d’Erasme était, proprement dit, subversif, il n’avait rien à voir avec le grec consensuel de la Renaissance, des retrouvailles en-tre l’Italie et la Grèce.

Erasme symbolise donc la rupture entre le grec an-cien et le grec moderne, rupture sans laquelle on ne peut comprendre le bilinguisme en grec.

Il incarne cette rupture de deux façons différentes : - à partir de cette époque il est possible d’apprendre

le grec sans avoir besoin des grecs car il y a, un peu par-tout en Europe des chaires de grec tenues par des italiens, des français, et c'est-à-dire des non grecs. De plus l’imprimerie naissante permet de sauvegarder tous les textes grecs.

- Erasme est l’inventeur de la prononciation éras-mienne. Il y a eu, à cette époque, une querelle amusante entre les « etacistes » et les « iotacistes » . Les « etacistes » sont les partisans de la théorie d’Erasme, les autres les partisans du grec moderne.

Erasme signe donc l’acte final de l’idylle entre l’Orient et l’Occident. Dorénavant les grecs modernes se-raient les seuls à comprendre le grec, les occidentaux fe-raient le leur.

Ces deux ruptures sont peut être déterminantes pour le bilinguisme moderne.

Avant le divorce entre « etacistes » et « iotacistes », et la construction du modèle antique, les grecs modernes étaient les maîtres d’école et les maîtres du jeu. Certes, ils étaient pris dans la contradiction entre la langue parlée et la langue prônée par les byzantins mais leur découverte par l’Occident avait tendance à effacer cette vieille que-relle au profit du modèle unitaire et d’une civilisation éternelle, celle qui a donné à l’humanité Homère, la pa-role du Saint Esprit etc.

Le grec à ce stade avec différents retours en arrière devient unitaire. Les intellectuels de cette époque sont tous des partisans de la démotique.

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Bulletin d'information n°51 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique C/ Goethe Institut 4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-13-04-16 E-Mail : [email protected] Site Internet : http://cercle.toulouse.free.fr/

Après Erasme, la science de l’antiquité forme pro-gressivement une image de la Grèce ancienne. Les grecs modernes, de plus en plus coupés de cette science, essaie-ront de ressembler à cette image de leurs ancêtres que l’Occident avait formée.

1821- La Guerre d’indépendance : La question de la langue, jamais oubliée, redevient centrale.

Après la constitution du royaume grec, le premier souci était de réaliser une unité nationale et de forger une idéologie nationale. Tout naturellement on va chercher à se projeter dans le passé ancien et à se présenter comme les descendants de Périclès. Pour étayer cette idéologie, il fallait des arguments et le seul argument possible était de prouver que la langue grecque était la même depuis l’antiquité.

D’un côté il y avait la langue officielle, de l’autre la langue populaire pour la communication orale habituelle.

Se pose donc le problème suivant : tout le monde occidental accorde à l’héritage politique et culturel du monde grec classique une place prépondérante.

On peut donc alors envisager de parler cette langue révolue, autrement dit parlée par Périclès ou bien, sans renier le passé, assumer les conséquences de l’évolution pour essayer de mettre en valeur ce qu’il y a de nouveau dans la langue moderne.

La première solution est proposée par la majorité des savants de l’occident mais elle s’est avérée impraticable au contact des problèmes concrets.

Prenant tout de même en compte l’évolution de la langue, on assume la suppression de l’infinitif et du datif et on substi-tue au grec de Périclès une sorte de voie moyenne théorisée et diffusée par une autre figure im-portante Adamantios Koraïs. Koraïs est né à Smyrne en1748 mais a vécu en France où il mourut en 1833. Il a utilisé un mélange de formes anciennes et de formes modernes pour établir une langue appelée ka-tharevoussa.

En 1821, il y avait donc : • le grec de Korais ou katharevoussa • le grec populaire qui a trouvé son maître en la

personne d’un autre grec vivant à Paris Yannis Psycharis.

Ce dernier a tenté de réaliser une grammaire mor-phologique. Son diagnostic est aussi juste que simple : à partir du moment où la katharevoussa s’était imposée chaque texte écrit en cette langue artificielle était une oc-casion manquée d’enrichir la langue du peuple. Ceux qui vont le suivre seront qualifiés de « Maliari » (chevelus) dénomination péjorative, mais aussi de « démotique » (langue du peuple).

Georges Skliros (1878-1919), dans un article publié en 1908, résume ainsi l’histoire grecque « le classicisme, ce phénomène rétrograde a été importé par les aristocra-tes afin de faire diversion aux idéaux sociaux…de ce

philhellénisme de l’aristocratie européenne, la révolution grecque en a profité au début, mais par la suite en a mal-heureusement payé le prix fort. La nation a tellement été hypnotisée par les rêves néoclassiques et par la sympathie de l’Europe au point que, même après la libération des turcs, elle a cru bon de se charger de cet immense fardeau néoclassique sous lequel elle gémit encore au-jourd’hui…les prolétaires commencèrent à jouer un rôle de plus en plus important tandis que les grecs attendent toujours et se demandent pourquoi l’Europe a cessé de s’intéresser au grec classique ».

Cet extrait montre deux choses : l’idéologisation du problème : à la fin du 19ème et au

début du 20ème ce problème devient un problème gau-che-droite.

La gauche soutient majoritairement le démotique, la droite la Katharevoussa.

Malgré cela le démotique gagne du terrain, en pre-mier lieu dans la poésie (cf hymne national grec), puis dans la prose. En 1917, le gouvernement de Venizélos décrète que le démotique sera la langue de l’école pri-maire, de nouveaux manuels sont imprimés. Mais en 1920, trois ans plus tard, ces manuels sont brûlés sur la voie publique et la Katharevoussa revient.

En 1964, les enseignants obtiennent le droit d’enseigner dans la langue qu’ils souhaitent.

En 1974, après les colonels, Caramanlis légalise le PC ce qui enlève aux partisans de la katharévoussa leurs arguments anti-communistes. En 1977, le même gouver-nement décrète officielle la seule langue démotique.

On peut faire un parallèle avec l’hébreu langue de la

bible qui a été réinventée après la formation de l’Etat d’ Israël. Résultat positif pour l’hébreu, échec pour la katha-revoussa.

L’hébreu a réussi là où le grec a échoué parce que le grec n’a jamais cessé d’être parlé.

L’assemblée a chaleureusement remercier le confé-

rencier de l’avoir ainsi introduit à une question complexe et ô combien fondamentale.

FAMIDERAS

FÊTE DE NOËL AU MANOIR DU PETIT PRINCE

Après le restaurant des feuillantines qui nous a ac-

cueilli à plusieurs occasions mais où la prestation n’était plus à la hauteur, le C.E.R.C.L.E avait décidé de tenir sa traditionnelle fête de Noël au restaurant au Manoir du Petit Prince à Francazal. Comme tous les ans, nous fê-tons Noël avec retard et c’est donc le 12 janvier 2008 que s’est tenue cette soirée.

Comme tous les ans, notre ami Jean Sotiropoulos s’inquiète du faible nombre de réponses reçues dans les délais fixés…et comme tous les ans, c’est à un flot

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d’inscriptions tardives qu’il a eu à faire face. Nous étions plus d’une centaine pour cette soirée conviviale.

Après un apéritif qui permit les retrouvailles, les ta-bles se sont formées. Chacun regrettait de n’être pas doué d’ubiquité, pour participer, en même temps, aux discus-sions de plusieurs tables.

Mais, dès le milieu du repas, la musique du bouzouki de Nicolas Siros et de son groupe est venue se mêler aux échanges et nous rapprochait encore plus de la Grèce. Puis ce furent les chants. La voix toujours aussi émou-vante de la chanteuse Yolanda Matsavino, a, alternative-ment, distillé la nostalgie, l’humour et la gaîté.

Puis se furent les danses et là aussi l’émotion de voir

les plus anciens transmettrent la culture chorégraphique aux jeunes générations appliquées.

PETROS SIDERAS

Loto du C.E.RC.L.E Lieu et jour inhabituels pour le traditionnel Loto du

C.E.R.C.L.E Franco-hellénique de Toulouse, il est vrai que ce n’était plus tout à fait le loto du seul C.E.R.C.L.E. mais une manifestation organisée conjointement avec nos partenaires dans l’aventure de solidarité et d’amitié avec la

Grèce qui nous est si chère, à savoir l’opération « Un oli-vier pour le Péloponnèse ».

Aussi avions-nous choisi un autre lieu, une autre salle que celle habituellement utilisée dans nos les locaux de notre siège. Cette fois nous avions vu plus grand en organisant la manifestation dans la salle municipale « Bar-celone », allée de Barcelone. Mais à lieux nouveaux, contraintes nouvelles, et nous avons dû organiser cette manifestation, un jeudi soir, le 14 février à 18h30.

Malgré toutes ces difficultés, et la concurrence de la Saint Valentin, nous sommes retrouvés près de 80 pour passer quelques heures ensemble dans la bonne humeur et l’amitié. Nos amis des Lion’s et la force Delta de l’Ecole Supérieure de Commerce de Toulouse s’étaient également mobilisés.

Ce furent les exclamations, joies et déceptions habi-tuelles. Lucio et Ambroise n’ayant pu se libérer, ce sont nos jeunes amis de l’Ecole de commerce qui ont fait les annonces. Avec beaucoup d’humour, ils ont enduré la guerre des accents, eux qui originaires de la région pari-sienne, trahis par une sonorisation un peu défectueuse, se sont vus accusés (amicalement) d’embrouiller les joueurs.

Il y avait les tables chanceuses (nous ne citerons per-sonne) et les tables, je n’oserai dire « poisseuse ». Il y eu les facéties du sort, attribuant à d’aucuns les lots qu’ils avaient généreusement apportés (nous ne citerons per-sonne …mais il s’agit toujours des mêmes).

Le gros lot, un séjour d’une semaine pour deux per-sonnes à l’hôtel King Saron à Corinthe a été gagnée par des amis du Lion’s.

A la pause, nous avons savouré les gâteaux et autres sucreries préparés par nos jeunes de la force Delta.

La convivialité et l’amitié étaient au rendez-vous et en plus cette manifestation a permis de collecter 1.000 euros qui viennent alimenter notre opération de solidari-té.

Merci à toutes et à tous et à l’année prochaine.

PETROS SIDERAS

Ciné club « Jamais le Dimanche » de Jules Dassin. Mardi 4 mars

2008

Etait-ce par une étrange prémonition que le C.E.R.C.L.E avait programmé ce film « culte » de Jules Dassin qui, avec la musique de Manos Hadzidakis et la chanson des Enfants du Pirée, a contribué à construire pour toute une génération de français une certaine image de la Grèce, faite de bonne humeur, de soleil, de joie de vivre, de tolérance…Etrange parenthèse pour une Grèce sortie de vingt ans de tragédie et avant le retour des heu-res sombres après le coup d’état de 1967.

On ne rappellera pas le propos du film et cette re-prise du mythe de Pygmalion. Mais le compte rendu de cette projection, sera pour nous l’occasion de saluer Jules

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Bulletin d'information n°51 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique C/ Goethe Institut 4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-13-04-16 E-Mail : [email protected] Site Internet : http://cercle.toulouse.free.fr/

Dassin qui s’est éteint le 31 mars de cette année, à l’âge de 96 ans

Qui mieux que Jules Dassin peut incarner cette fi-gure de citoyen du monde ? Etait-il français ? Grec ? Américain ? Beaucoup hésiterait à répondre.

Fils d’émigrés russes, né aux Etats-Unis en 1911, Ju-les Dassin, homme de conviction, aux engagements poli-

tiques précoces, a quitté les Etats-Unis, victime du Mac Carthysme. Il est venu travail-ler en France et en Angleterre. En 1954, il rencontre simulta-nément l’œuvre de Nikos Ka-zantzakis et Mélina Mercouri. Ces rencontres allaient modi-fier son destin qui dès lors sera intimement lié à ce pays, cette Grèce qui le fera citoyen d’honneur. Mais cette recon-

naissance ne viendra qu’après un nouvel exil à Paris après le coup d’état des colonels. Il reviendra en Grèce et sou-tiendra la carrière politique de son épouse.

Un grand ami de la Grèce s’est éteint.

PETROS SIDERAS

Fête Nationale Grecque du 25 mars

Nous étions 150 convives réunis pour célébrer la Fête Nationale Grecque à la Salle des Illustres au Capi-tole. Des Consuls de certains pays européens (Danemark, Allemagne, Finlande…) nous ont honorés de leur pré-sence ainsi qu’une nombreuse délégation de nos amis du jumelage Rapsani-Salvagnac.

L’accueil de Madame BELLOUBET, 1ère Adjointe

au Maire chargée de la culture, fut des plus cordiaux. Elle souligna le rôle de la Grèce dans la fondation de notre ci-vilisation commune et de notre patrimoine culturel euro-péen ; elle nous fit, par ailleurs, part de quelques colla-borations avec des universitaires et chercheurs grecs du temps où elle enseignait à l’Université.

Notre Président dans sa réponse s’attacha à souli-gner les liens historiques qui existent entre la Grèce et la France et plus particulièrement avec Toulouse et sa ré-

gion (il a manifestement puisé son inspiration dans la brillante conférence d’ André Laurent sur l’origine des toulousains et de leur nom, qui avait eu lieu quelques jours auparavant). Il souligna aussi le soutien de la France et des français pendant la guerre de libération de 1821 contre l’occupant ottoman, soulèvement largement inspiré de la révolution française de 1789.

Un agréable buffet offert par la Mairie de Toulouse facilita les échanges et les contacts entre convives et clô-tura cette belle soirée commémorative dans une ambiance d’amitié et de convivialité.

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Concert de Rebetiko à l’auditorium de St Pierre des cuisines le 22Avril

2008

Ta Limania Xena

Avant même le début du concert, F.Tavernier tient à souligner la différence qu’il y a entre la chanson tradi-tionnelle d’origine rurale et le Rebetiko né dans les ban-lieues des grandes villes tout au long du 20ème siècle ou, plus exactement, jusque vers les années 70. Il faut renon-cer à la prétention de faire le recensement de ces chan-sons. Il y en a des centaines, pour ne pas dire des mil-liers ; Tsitsanis à lui seul en a composé autour de 700.

Je me contenterai d’évoquer celles que nous a offer-tes le groupe « Ta limania xena » et qui a donné son nom au groupe

« To ploi>o qa salpa<<<<<<rei gia lima>nia xe>na gia lima>nia xe>na.

Mazi> tou qa se pa>rei, aga>ph mou, ki ese>na,

makria> apo> me>na. Thn kardia> mou o po>nov thn plhgw>nei

Mes >to kla>ma bradia>zei kai nuctw>nei.

Feu>geiv, aga>ph mou, feu>geiv, cara> mou, par >tiv elpidev mou, ta o>neira> mou.

Grh>gora na>rqeiv pa>li konta> mou. To ploi>o qa salpa>rei gia lima>nia xe>na.

Mazi> tou qa se pa>rei, aga>ph mou, ki ese>na,

makria> apo> me>na. Ka>qe w>ra gia me>na qa>nai cro>nov. Qa me trw>ei thv xenitia>v o po>nov.

Traduction

Le navire va lever l’ancre pour des ports étrangers.

Avec lui il te prendra aussi, mon amour, loin de moi.

Le chagrin déchire mon cœur Et des pleurs le soir, et des pleurs la nuit.

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Tu pars, mon amour, ma joie, tu pars. Prends mes espoirs, mes rêves.

Reviens vite près de moi.

Le navire va lever l’ancre pour des ports étrangers

Avec lui, il te prendra aussi, mon amour, loin de moi .

Chaque heure pour moi sera une année. Il me rongera le chagrin de ton exil.

Il ne faut pas aborder le Rebetiko avec des préjugés

d’intellectuel, ni, comme le croient certains, en espérant trouver dans ces chansons issues du peuple, mises à part quelques exceptions que je signalerai, des cris de révolte contre les puissants. Non : pas d’engagement politique. Le déchirement qu’elles expriment vient d’ailleurs . Et d’abord, comme le montre la chanson précédente, de la nécessité de l’exil pour échapper à la faim et au dénue-ment. « Pour toi, je pleure, ma douce mère et je souffre à l’étranger », dit une chanson anonyme de 1935 qui en ré-sume bien d’autres.

Mais il y a bien d’autres motifs de déchirement. Le plus constant, dans le Rebetiko, est la séparation des couples. Certes, il y a bien des moments heureux, comme cette promenade amoureuse à travers l’île de Syros (fran-cosyriani), cet hommage de Vamvakaris « aux beaux yeux bleus »de sa compagne, de Kaplanis à sa belle peiraiote et la célèbre chanson de Titsanis « Apopse kaneis bam. ! » difficile à traduire. Je choisis « Ce soir tu en jettes », c’est à dire : tu es éblouissante. J’ai beaucoup apprécié la ma-nière dont le groupe « Ta limania » fait exploser ce « bam » comme une bombe porteuse d’admiration. Mais le plus souvent, dans le Rebetiko, il n’y a guère d’amour heureux. Dans « micros aravoniastika » (je me suis marié jeune) ce mariage prématuré aboutit à la déser-tion du petit mari qui, avant de fuir, donne une sérieuse bastonnade à celle qui fut sa bien-aimée. Où est le temps où ils dormaient sous le même édredon ? (to paploma) ? Un autre jeune homme éconduit fait teindre en noir sa chemise blanche (aspro poukamiso) en signe de déses-poir.( « Aspro poukamiso. »

Reflet de la vie du peuple, le Rebetiko ne peut ce-pendant ignorer les sentiments divers qui nous font réagir aux évènements de la vie : la fête abolit parfois la mélan-colie. On danse, on boit plus que de raison, on fume (et pas seulement du tabac), on se moque des autorités (osi ginoun prothypourgi ), de ceux qui entassent des fortunes qu’ils n’emporteront pas dans leur tombe (osi echoune polla lefta,) Et les incartades se terminent parfois au Gen-ti Koulé (nom d’une prison). Mais, le plus souvent,il s’agit d’une tristesse rentrée, retenue, comme dans le fameux « Synnefiasmeni kyriaki » (Dimanche nuageux).de Tsitsa-nis.

Le groupe « Ta limania xena n ‘a fait aucune conces-sion à la facilité. C’était de l’authentique et non du frelaté. Nous avons même eu droit à quelques incursions dans des expressions plus orientales. F. Tavernier a choisi parmi ce qu’il y a de meilleur dans le large éventail de la

chanson rébétique. Il est ainsi resté dans la tradition de l’esthétique grecque telle que la définissait Périclès ((li-vre1, XL chez.Flammarion. p.136) « Nous savons conci-lier le goût du beau avec la simplicité. » Le Rebetiko, qui répond à cette exigence, prend donc sa place dans une conception esthétique globale.

LOUIS DELON

La Grèce au fil des jours

Dimanche 24 Février 2008 Il y avait à Chypre 9 candidats à la présidence de la

république, dont 3 prétendants sérieux qui avaient obtenu au premier tour environ un tiers des voix chacun : Dimi-tris Christophias (62ans), président de l’assemblée et chef du parti anciennement communiste (Akel), Ioannis Ka-soulidis (59 ans), ancien ministre des affaires étrangères et président du Dissi, un parti très européen qui entretient de bonnes relations avec l’Onu, et le président sortant Tassos Papadopoulos (74 ans) dont le parti pourrait être qualifié de centre droit. L’élection de M. Christophias, est une demi surprise car il n’avait pas le soutien de l’église.

On le dit plus favorable que son prédécesseur à des discussions avec les responsables de la partie occupée de l’Ile.

Plus proche encore des préoccupations des grecs : la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo à laquelle se sont opposées l’Espagne, la Grèce et Chypre. Cette in-dépendance du Kosovo, dont la population est en grande majorité albanaise, accroîtrait encore le poids de l’Albanie dans les balkans. On comprend l’inquiétude des grecs.

Vendredi 4 Avril 2008

Mais le grand sujet d’effervescence des milieux poli-tiques qui date depuis des années est une question appa-remment anodine : quel nom donner à la partie de la Ma-cédoine qui était, autrefois, intégrée à la Yougoslavie. Les grecs refusent absolument le vocable Macédoine bien qu’ils ne soient guère soutenus par les milieux internatio-naux. Pour le moment, nous sommes en pleine confu-sion : les grecs appellent ce pays « Ta Skopia » du nom de sa capitale Skopje , les milieux de l’Onu la dénomment Fyrom ou encore Proïn Yougoslaviki Dimocratia tis Ma-kedonias et la plupart, malheureusement, Macédoine. Les plus extrémistes voudraient que la capitale de leur pays fût Thessalonique. Mais la majorité des grecs et quelques autres pays dont la France ne veulent pas voir un pays peuplé d’un tiers d’albanais s’approprier le nom de Macé-doine, la patrie d’Alexandre le grand et s’installer à la frontière de l’Europe .

Il a fallu avoir recours au veto et le journal pourtant modéré To Vima a conclu en plagiant la poésie de Cava-fis : « Les barbares finalement ne sont pas venus ». Pourtant les U.S.A, qui ont l’habitude de soutenir les mauvaises cau-ses, se rangent évidemment du côté de Ta Skopia. La par-tie est donc loin d’être gagnée. Le rêve de la Grande Al-banie n’est pas mort.

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Samedi 24 Mai 2008 La Grèce, comme bien d’autres pays, traverse une

crise économique et sociale qui met à mal le moral de la population. Enumérons dans l’ordre chronologique les manifestations de ce mécontentement qui a commencé vers le début Mars par une grève interminable des éboueurs qui faisait par endroits de la ville une véritable décharge. Il a fallu une semaine pour effectuer les travaux de déblaiement. Les autorités s’inquiètent également des grèves qui affectent beaucoup de professions : les habi-tants d’Athènes ont droit à des coupures de courant in-termittentes tandis que certains tribunaux interrompent leurs travaux, y compris les avocats. Vendredi 4 Avril 2008

Les milieux sportifs sont plus affectés par une affaire de dopage qui met à mal leur fierté nationale que par les incidents qui ont eu lieu à Paris autour de la flamme olympique.

On apprend que l’équipe grecque d’haltérophilie (11 athlètes exactement sur 15) avait recours au dopage. Le principal responsable de cette tricherie qui provoque l’indignation des milieux sportifs est sans doute l’entraîneur ; quoi qu’il en soit, elle est particulièrement mal venue car il s’agit d’une discipline qui a valu beau-coup de médailles à la Grèce ..

Il n’y a rien de bien gai dans cette chronique des évènements qui ont marqué ces derniers mois. Et, pour boire le calice jusqu’à la lie, ajoutons les difficultés éco-nomiques du pays . Tout est dit dans le dessin que publie Ta Nea du 27 Mai, la ménagère n’ose même pas s’approcher de l’étal du marchand de légumes et se contente de le regarder avec une longue vue en disant: « inapprochable ! ».

Dessin publié dans Ta Néa du 27 mai 2008 Comme tous les pays européens, la Grèce est mena-

cée par l’inflation. Selon des instituts indépendants, d’une Pâque à l’autre, les prix auraient augmenté de 10%.

LOUIS DELON

Conférence de Mr Pierre Desnoyers Le Mythe d’Icare

Un Exploit !

Non, je ne parle pas là de l’exploit d’Icare, mais celui

de notre ami Pierre. Il est venu comme il se doit avec son ordinateur et ses photos qui représentaient le fil conduc-teur de son entretien. Hélas, il manquait un cordon et l’écran est resté vide ! C’était cela l’exploit, car privé de son support photographique il a su nous faire partager son intérêt et je dirai même sa passion pour le mythe an-tique, en précisant bien qu’il ne s’agissait pas tout à fait d’une conférence, mais d’une histoire qui l’accompagne depuis longtemps et c’est cette approche très personnelle du mythe qu’il a voulu nous confier.

Une histoire qui remonte à l’époque où son profes-seur de français, quand il était en 6e, lisait chaque Ven-dredi des passages de la mythologie grecque. Trois mots revenant dans l’histoire d’Icare

ENVOL -���� CHUTE -���� MORT Trois mots qui fascinaient toute la classe et qu’il n’a

jamais oublié. Tout le monde connaît l’histoire d’Icare et de son père Dédale qu’Ovide rapporte dans le Livre 8 des métamorphoses : l’envol, la chute et la mort d’Icare. Tout cela résumé dans un tableau célèbre « La chute d’Icare » de Bruegel l’ancien et une copie achetée par Pierre dans une vieille boutique toulousaine et qui ne l’a jamais quitté.

Bruegel avait lu Ovide et l’on retrouve dans le texte d’Ovide comme dans le tableau de Bruegel les mêmes personnages, le laboureur à sa charrue, le berger avec ses moutons et le pêcheur avec son filet, tous trois indiffé-rents à la chute d’Icare tout près d’eux, dans la mer, abandonnant à son sort celui qui avait bravé les lois du cosmos et à ce titre ne méritait que leur indifférence. Il ne faut pas enfreindre la loi.

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Ce qui intéresse surtout notre conférencier dans cette histoire c’est la pérennité de ce mythe grec , et même sa modernité, car on y retrouve bien de problèmes actuels : le désir de maîtriser les airs, l’importance de la recherche, la compétition entre les hommes, les relations

père-fils, l’insouciance des jeunes qui n’écoutent que leurs envies, la notion de liberté et la recherche de la vérité bien de domaines qui sont tout à fait actuels.

Merci donc de nous avoir fait vivre cette histoire et

nous rappeler que bien de vérités se cachent dans les my-thes grecs anciens.

Mais en avions nous douté ?

LINE FAMILIADÈS Les images et les photos sont de notre ami Daniel

VEHREYLEWEGHEN

Voici la traduction du petit conte en grec proposait dans le dernier bulletin et c’est encore Jean Coiffier qui s’est attelée à la tâche

La vieille chinoise

Une vieille chinoise transportait de l’eau à l’aide de deux récipients suspendus à ses épaules. L’un des réci-pients était sans défaut et ramenait toujours toute la quantité d’eau qu’il contenait. L’autre avait une fissure et, à l’issue d’un long trajet depuis le ruisseau jusqu’à la mai-son, il arrivait à moitié plein. Ainsi durant deux années

entières la vieille ne ramenait quotidiennement chez elle que le contenu d’un récipient et demi. Naturellement le récipient sans défaut était tout fier de remplir en toute perfection la mission pour laquelle il avait été fabriqué. Le récipient fissuré était malheureux de ne ramener qu’à grand peine la quantité qu’il aurait fallu et il avait honte de son défaut. Et puis, au bout de deux années, il ne sup-porta plus cette situation et décida de parler à la vieille.

– J’ai tellement honte de moi-même que je veux te

demander pardon. – Mais pourquoi ? demanda la vieille. – Pour quelle raison suis-je honteux ? Eh bien, cela

fait deux années maintenant que je ne ramène que la moitié de l’eau, à cause de ma fissure et toi, tu te fa-tigues donc injustement par ma faute. La vieille sourit :

– As-tu remarqué que sur le sentier il n’y a des fleurs

que de ton côté et non pas du coté de l’autre réci-pient ? J’ai profité de ton défaut : j’ai semé des grai-nes de ton côté et tu les a arrosées. Cela fait deux ans maintenant que je cueille des fleurs pour décorer ma table. Si tu n’avais pas été là, ma maison ne serait pas resplendissante.

Chacun de nous a ses « fissures » et ses « faiblesses » qui peuvent devenir utiles et embellir notre vie. Si chacun de nous transformait comme la vieille les défauts du voi-sin en quelque chose d’utile et de beau, il est sûr que no-tre monde serait meilleur.

Pour la prochaine fois, Nicolas Familiadès propose ce texte à la sagacité des élèves des cours de grec :

Texte à traduire …….

Ce texte humoristique permet à l’étudiant d’enrichir son vocabulaire et en même temps de se familiariser avec les expressions idiomatiques qui , très souvent, déroutent les étrangers.

Πώς α̟αντούν οι ε̟αγγελµατίες, σε ̟ερίοδο αναδουλειάς στην ερώτηση '̟ώς ̟άει η δουλειά ?

Φούρναρης:: ψίχουλα Μανάβης: κολοκύθια Αγρότης: ζήσε Μάη µου να φας τριφύλλι Ανθοπώλης: µαρασµός Υφασµατέµπορος: πανί µε πανί Ψαράς: ούτε λέπι Φαρµακοποιός: µε το σταγονόµετρο Ηλεκτρολόγος: δεν βλέπω φως Υδραυλικός: µούφα η δουλειά

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Mηχανικός αυτοκινήτων: στο ρελαντί Εµπορος χαλιών: Χάλια Κοµµωτής: τρίχες Ψιλικατζής: ψιλοπράγµατα Νεκροθάφτης: ψόφια πράγµατα Tυπογράφος: ούτε φύλλο Ο απέναντι νεκροθάφτης: µεγάλη νέκρα Βοθρατζής: σκατά Ναυτικός: πιάσαµε πάτο Στρατιωτικός: βήµα σηµειωτόν Πόρνη: αραχνιάσαµε Χρηµατιστής: δεκάρα τσακιστή Πρωθυπουργός: Παραλάβαµε χάος

Traduction à adresser au bulletin par courrier (voir

adresse ci-dessous) ou par e-mail.

Club Lecture 12 mars 2008 « Le Che s’est suicidé » de Petros

Markaris

Quelle mouche avait bien pu piquer, en cette soirée du 12 mars 2008, les participants du club lecture pour oser mettre au menu – car il s’agit toujours de cela au Si-bémol – un roman policier, quelques semaines après la Guerre du Péloponnèse de Thucydide d’Athènes ? A n’en pas douter une faute de goût !

Pourtant la discussion animée conduite par les 25 convives démontra aisément que personne n’avait boudé son plaisir à lire ce « polar », démontrant, si besoin était, que, où l’on trouve du talent, il n’est point de genre mineur.

Petros Markaris n’était pas tout à fait un inconnu pour les amis du C.E.R.C.L.E. En effet, dans le numéro 41 du

Bulletin (à vos archives !), Gyslaine Magoga nous avait li-vré un billet subtil à propos d’un autre « roman policier » de Petros Markaris : Le journal de la nuit, également dans notre bibliothèque.

Petros Markaris est d’abord un écrivain de scénarii

de séries télévisées (notamment de séries policières) mais également de films. Rappelons qu’il est le scénariste pré-féré de Théo Angelopoulos et qu’on lui doit le scenario du Pas suspendu de la cigogne, celui du Regard’Ulysse ou en-core celui de l’Eternité et un jour. Il s’agit certainement d’une des façons contemporaine de mettre en œuvre sa

passion pour le théâtre (Markaris a traduit en grec la plu-part des œuvres du dramaturge allemand Bertold Brecht).

La chaîne de télévision ARTE a consacré, dans le courant de l’été 2007, une émission à cet auteur dans le cadre d’une série intitulée « Polars méditerranéens », série dans laquelle il côtoyait l’auteur espagnol Manuel Vas-quez Montalban et l’auteur italien Andreas Camilleri.

La discussion a été animée autour de différents thè-mes suggérés par le livre : la ville d’Athènes, personnage central du roman, mais aussi la famille grecque, l’histoire contemporaine et le passé proche qui commence à …passer, les transformations rapides du tissu social, la cuisine comme élément culturel majeur, la passion de la langue…

Certains amis ont souligné la construction très clas-sique et très savante du roman et de l’intrigue en relevant les références conscientes à la tradition antique.

C’est donc autour d’un aspect inattendu de la littéra-ture grecque contemporaine qu’ont débattu les amis du club lecture.

PETROS SIDERAS

Si on parlait cuisine Ravani Ραβανί

Gâteau à la semoule

Voici une recette de gâteau facile et savoureuse.

Les ingrédients : 3 tasses à thé rases de

semoule fine 2 tasses à thé de sucre

glacé 150g de beurre 100g d’amandes en poudre

5 œufs entiers un peu de cannelle -

si vous l’aimez Pour le sirop : 3 verres de sucre et

4 verres d’eau

Travailler ensemble le beurre fondu et le sucre, ajouter les jaunes d’œufs un à un, la poudre d’amande et la cannelle, puis petit à petit les blancs en neige. Terminer avec la semoule.

Bien mélanger. Verser cette pâte dans un plat à four rectangulaire

préalablement beurré et fariné. Mettre à four chaud à 180°. Cuire environ 40mn. Le gâteau est cuit quand la pointe d’un couteau

ressort sèche. Laisser un peu refroidir et verser le sirop chaud

sur le gâteau qui doit être bien imprégné.

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Laisser refroidir. Découper en petits losanges. Bon appétit

LINE FAMILIADES

Ma mère disait : Σταλαγµατιά σταλαγµατιά γεµίζει η στάµνα η πλατιά

Goutte à goutte la cruche se remplit ou encore Φασούλι το φασούλι γεµίζει το σακούλι Haricot par haricot le sac se

remplit Auxquels font écho nos deux proverbes : « petit à petit l’oiseau fait son nid » « les petits ruisseaux font les grandes rivières » . Έµεινε πανί µε πανί Il est resté toile contre toile Ce qui signifie tout simplement qu’on est sans le sou. En effet, quand la poche est vide, ses deux côtés sont collés l’un à l’autre : toile contre toile. Γιάννης κερνά και Γιάννης πίνει Jean offre à boire et Jean boit

Ce proverbe désigne

actuellement quelqu’un qui dépense de l’argent, uniquement pour sa

propre personne. Son origine remonterait à l’époque de la libération

de la Grèce, à l’époque glorieuse de Kolokotronis. Un soldat, Jean de son nom, mesurant 2m, pouvait, paraît-il, soulever un …….cheval d’une main. Il mangeait à lui seul un mouton et buvait beaucoup. Un jour, en pleine mon-tagne, avec quelques compagnons, il est encerclé par les Turcs. Au bout de 3 jours ils n’avaient plus de nourriture et Jean souffrait terriblement de la faim. N’en pouvant plus, il fait une sortie-éclair semant la panique parmi les soldats turcs. Il arrive, enfin, dans un village grec où cui-saient à la broche 3 moutons. Non loin un tonneau de vin. Tout à son bonheur, Jean demande aux passants de se joindre à lui. Au même moment, Kolokotronis arrive

sur les lieux et demande quelle est la cause de tout ce bruit. On lui répond : « Jean offre à boire et Jean boit ». Il semble donc, qu’au fil des années le proverbe ait un peu changé de sens…..

NICOLAS FAMILIADES

Nous publions ci-dessous la première partie du compte ren-

du du voyage organisé par le C.E.R.C.L.E en Libye Récit il-

lustré par de superbes dessins et aquarelles d’Irène et Gil-

berte dont les reproductions ci-dessous ne donnent, malheu-

reusement, qu’une faible idée de la qualité.

Le voyage du CERCLE en Libye

Samedi 12 avril – Découverte d’un pays Blagnac, 4 heures du matin : tous les voyageurs du

CERCLE sont à l’heure pour embarquer à destination de Tripoli… en passant par Amsterdam ! Nous faisons la connaissance de Philippe, voyageur au long cours qui a pour mission de faciliter le déroulement de notre séjour en Libye. Après deux vols sans histoires nous nous re-trouvons sur l’aéroport de Tripoli où nous attend notre guide libyen, Mohammed. Une fois terminées les formali-tés de contrôle, nous retrouvons nos bagages et partons en car pour une visite express de la capitale qui nous permet d’apercevoir l’arc de Marc Aurèle, la place Verte et la vieille ville. Au-delà de celle-ci poussent un peu par-tout de nouveaux bâtiments et de grands panneaux mon-trant les images des futures constructions.

Il faut cependant vite retourner à l’aéroport pour repren-dre l’avion qui doit nous amener à Benghazi. Près de la place Verte, nous embarquons deux jeunes libyens, Hamdi et Hani, agents de sécurité affectés à notre groupe. La compagnie intérieure se nomme Air Bouraq : Al Bouraq est le nom de l’animal fabuleux qui emmena le prophète Mohammed visiter le Paradis ; nous espérons cependant que cet animal de métal volant voudra bien nous arrêter sur terre. Une heure plus tard nous arrivons à Benghazi à un millier de kilomètres de Tripoli. En sor-tant de l’aéroport nous devons user de toute notre force de conviction pour persuader Ghislaine de ne pas partir avec le sac noir d’un autre voyageur. Nous rejoignons fi-nalement notre hôtel en ville au bord du lac, où nous at-tend le dîner à 23 h 30 ! Nous faisons connaissance avec la cuisine libyenne qui n’a rien de déplaisant mais dont la saveur piquante peut incommoder les palais trop délicats. Dimanche 13 avril – La Cyrénaïque

Ce matin, nous nous embarquons en car pour visiter les sites remarquables de la Cyrénaïque à l’est de Bengha-zi. Notre route suit la côte et nous rencontrons des « check-points » installés aux frontières administratives des régions. Mohammed tente de nous apprendre les formules de présentation en arabe : Kif Alek ? (comment ça va) formule à laquelle il convient de répondre Bighaïr (bien). Lors d’un arrêt à une station service pour remplir

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le réservoir du car nos yeux incrédules s’écarquillent de-vant le prix de l’essence affiché à la pompe : 0,15 dinars libyens le litre, ce qui équivaut à peu près à 8 centimes d’euro !

Passé Al Mari, nom de l’ancienne cité de Barca, le paysage devient plus vert et plus boisé : ce sont les contreforts du Djebel Akhdar (la montagne verte), qui servit de refuge à Omar el Mokhtar, héros de la lutte contre l’occupant italien. Arrivés à Qasr Libya (ancien-nement Olbia puis Theodorias), nous visitons le petit musée qui abrite les magnifiques mosaïques retrouvées dans deux basiliques byzantines du VIe siècle de notre ère. Bien entendu nos héllenophones érudits n’ont aucun mal à lire les inscriptions grecques figurant sur certaines mosaïques. Poursuivant notre route, le car s’arrête devant le pont suspendu franchissant le Wadi Kuf pour nous permettre de faire la traversée à pied et d’admirer le ca-nyon qui serpente à 300 mètres au dessous de nous. En arrivant à Al Bayda nous passons devant les palais de l’ancien roi Idris qui abritent désormais l’Université Isla-mique. Un arrêt en ville au bord de la grande route per-met à plusieurs d’entre nous de lier conversation avec quelques personnes, jeunes hommes ou jeunes femmes très détendues, heureux de rencontrer des étrangers ve-nus visiter leur pays.

En sortant d’Al Bayda au centre d’un rond-point se dresse un immense silphium de métal : il s’agit d’une plante vivace de la région, apparentée à la férule, fort pri-sée dans l’antiquité pour ses vertus médicinales. La route gravit ensuite la colline de Cyrène au sommet de laquelle nous découvrons le temple de Zeus Lykaios – de style dorique – qui abrita une reproduction de la statue du Zeus d’Olympie de Phidias. L’endroit est reposant et nous aimerions y flâner un peu mais nous avons juste le temps de visiter le musée archéologique avant le déjeu-ner. Celui-ci réserve des surprises : une statue poly-chrome d’Isis, un buste de Perséphone se voilant le vi-sage, un ensemble d’étranges bustes de femmes au visage entièrement lisse et enfin le groupe bien connu des Trois Grâces. Nos hellénistes distingués remarquent une stèle, en excellent état, qui s’avère être un document historique. Il s’agit du testament de Ptolémée Apion – qui a reçu en

116 avant J.-C. le royaume Cyrénaïque de son père Pto-lémée VIII d’Égypte – par lequel il lègue le royaume à Rome. Il meurt sans héritier en 96 avant J.-C.

Après le déjeuner nous redescendons vers le rivage

pour visiter El Athrun (anciennement Erythron) où se trouvent les vestiges de deux basiliques byzantines. La première est réduite à quelques de colonnes gisant sur le sol alors que la seconde est en cours de restauration. Nous avons le privilège d’écouter les explications d’un jeune archéologue français venant chaque année en mis-sion sur ce site. Contrairement à ce qui s’est souvent pas-sé ailleurs, le marbre des bâtiments antiques n’a pas fini dans les fours à chaux. Cela nous permet donc d’admirer les colonnes capitulées de la nef et du chœur que joignent d’élégantes plaques de marbre.

Un peu plus loin, le site de Ras el Hilal (ancienne-

ment Naustathmos) abrite les ruines d’une basilique by-zantine, sans doute dédiée à Saint Andréas. La marquete-rie de marbre encore en place sur le sol du chœur témoi-gne de la richesse de ce sanctuaire ultérieurement trans-formé en mosquée. En sortant du site, nous tombons sur une famille de paisibles dromadaires en train de brouter, venus sans doute à notre rencontre pour que nos photo-graphes puissent les immortaliser virtuellement. Mais il faut cependant faire vite car le car nous attend pour fon-cer vers Susah où se trouve le site antique d’Apollonia qui ferme relativement tôt.

Grâce à la persuasion de Mohammed et à la bonne

volonté des gardiens nous pouvons pénétrer sur le site et visiter les vestiges de cette vaste cité qui fut initialement le port de Cyrène : les trois basiliques, les bains romains et leur piscine, la cour bordée d’arcades du palais du Dux, résidence du gouverneur byzantin où, selon Procope, l’impératrice Théodora aurait vécu plusieurs années. En suivant le bord de mer nous distinguons les restes des en-trepôts portuaires qui affleurent depuis que le rivage s’est affaissé. Au delà de basilique orientale, nous parvenons à un petit promontoire d’où nous découvrons les gradins de l’ancien théâtre relativement bien conservé. Malheu-reusement le palmier qui se dressait fièrement sur un des côtés de l’orchestre (pour la grande joie des photogra-phes) a perdu de sa superbe : il n’en reste plus que le tronc lamentablement allongé sur le sol.

Après le coucher du soleil, nous retournons vers

l’hôtel « Al Manara » (le phare) situé en face du site pour dîner et essayer de trouver un repos compensateur à l’issue de cette journée bien occupée. Plus simple à dire qu’à faire ! Ce sont les plaintes répétées d’un chien se traînant sur la place devant l’hôtel qui vont bercer les voyageurs une partie de la nuit. Nous retrouverons le lendemain matin ce gentil petit animal dormant d’un pro-fond sommeil devant notre car.

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Lundi 14 avril – Splendeur de Cyrène Cette belle matinée est consacrée à la visite complète

de la ville grecque de Cyrène située à flan de colline. À en croire la tradition, la cité fut fondée au VIIe siècle avant J.-C. par des colons grecs venant de Théra et se trouve évoquée dans des poèmes de Pindare (Ve et VIe Pythi-ques). Cyrène eut à composer avec ses voisins pour main-tenir son indépendance : les égyptiens à l’est et les cartha-ginois établis en Tripolitaine à l’ouest. Vers la fin du IVe siècle avant J.-C. les habitants se placèrent sous la protec-tion du roi Ptolémée Ier Soter et la cité passa définitive-ment sous la domination de l’Égypte ptolémaïque puis sous celle de Rome.

Dans le quartier de l’agora, nous découvrons

l’immense gymnase transformé en forum par les romains et restauré par les italiens. Nous admirons l’odéon, le théâtre romain, la maison de Jason Magnus et ses splen-dides pavements. Une allée bordée d’un portique avec les statues d’Hermès et d’Héraclès conduit à la tholos (tem-ple rond) de Déméter où se rendaient les femmes en pro-

cession durant la fête des Thesmo-phories. Un sentier escarpé conduit vers la partie basse de la ville ; sur le flanc de la paroi ro-cheuse s’ouvrent des ouvertures où nous nous glissons pour découvrir les bains grecs. Tout est là : bassin cen-tral, baignoires, al-véoles pour poser les vêtements et les lampes à huile ; il ne manque que les

personnages d’époque. Un peu plus loin, l’eau de la source d’Apollon

alimente toujours un petit bassin. À l’extrémité de la ville basse se trouve l’ancien théâtre grec, malheureusement transformé en amphithéâtre par les romains après des-truction du mur de scène. Nous retournons vers le sanc-tuaire d’Apollon où se dressent encore les colonnes des propylées, les vestiges du temple, la fontaine aux lions, le « trésor » où les magistrats de Cyrène entreposaient les offrandes à la divinité et enfin les termes de Trajan. La vi-site de ce vaste ensemble s’étageant sur la colline fait irré-sistiblement penser au site de Delphes : il faut dire que, suivant la tradition, les premiers colons vinrent s’installer en Cyrénaïque sur les conseils de la Pythie !

Nous redescendons par une route serpentant au mi-lieu de monuments funéraires creusées dans les flancs de la colline pour atteindre le site de Ptolemaïs au bord de la

mer. Le petit musée abrite de belles mosaïques parmi les-quelles nous reconnaissons les Quatre saisons ainsi qu’Orphée charmant les animaux sauvages. Dans la ta-verne où nous nous installons pour déjeuner, les gosiers un peu desséchés apprécient la fraîcheur de la bière sans alcool. L’après-midi est consacré à la visite du site antique avec son port entièrement submergé à la suite de l’affaissement du rivage. Nous pouvons avoir une idée de la splendeur passée de cette cité au vu de la grande basili-que et de la maison des colonnes disposant d’une grande piscine. L’agora n’est maintenant plus qu’un grand espace dallé mais un escalier nous conduit dans les galeries du sous-sol qui forment un immense réservoir destiné à re-cueillir les eaux pluviales. Dans le car qui nous ramène vers Benghazi, Mohammed nous initie aux arcanes de la Jamahiriya libyenne avec son organisation pyramidale et en guise de travaux pratiques nous procédons à l’élection des divers responsables du comité formé par notre groupe…

Mohammed a jugé prudent de nous faire dîner avant

de reprendre l’avion pour Tripoli et nous conduit dans un restaurant pour déguster des poissons grillés, bien vite afin de ne pas manquer l’avion. À l’aéroport les dames ont droit à une fouille individuelle avant un embarque-ment qui ne sera effectif qu’au bout 2 heures d’attente ! (le responsable transport du comité s’attend à être limo-gé...). À Tripoli nous sommes conduits à l’hôtel Al Rayan, flambant neuf, où, après un enregistrement quelque peu laborieux, nous pouvons enfin prendre un repos bien mérité. La logistique de l’hôtel reste quelque peu à amé-liorer. Pensant ouvrir leur chambre avec la carte magnéti-que, Simone et Ghislaine tirent du sommeil un paisible client qui apprécie moyennement la chose. Une fois leur chambre trouvée, celle-ci s’avère être une véritable cham-bre froide et il leur faudra le secours d’un jeune employé pour qu’elles puissent enfin s’installer confortablement.

Mardi 15 avril – L’équipée vers le Sud

Depuis la salle de restaurant où nous prenons le petit déjeuner, nous avons une vue sur les tours modernes qui émergent d’une mer de terrasses très encombrées. Il ne faut pas s’attarder compte tenu du long chemin à parcou-rir pour atteindre Ghadamès. Il manque cependant deux personnes : ce sont Josette et Louis (possesseurs d’un ré-veil-matin « aléatoire ») qui apparaissent, tout étonnés de n’avoir pas été réveillés à temps par la réception comme convenu. À la sortie de Tripoli, Mohammed a tout juste le temps de faire arrêter le car pour saluer sa famille et nous voilà partis. Nous passons par la petite ville d’Al Aziziyah, célèbre pour son record absolu de température enregistrée (58 °C à l’ombre le 13 septembre 1922). C’est alors que nous commençons également à ressentir la cha-leur dans le car : apparemment la climatisation est défail-lante ; Mohammed et le chauffeur font de nombreuses manipulations pour n’aboutir qu’à un fonctionnement in-termittent… Il faut cependant continuer notre route !

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Mohammed nous explique les pharaoniques projets li-byens en cours : il s’agit de rendre fertile une grande par-tie du pays en y amenant l’eau captée dans les nappes aquifères, au moyen d’énormes conduits de 4 m diamè-tre : chaque province fera pousser palmiers, oliviers et cé-réales afin de faire reverdir les terres arides !

Le long de notre route, la végétation se raréfie et

nous arrivons à Qasr el Haj où nous visitons un grenier fortifié utilisé jusqu’en 1965. À l’intérieur de l’enceinte circulaire sont creusées 114 niches (le nombre de sourates du Coran) réparties sur quatre niveaux. Chaque niche

contient trois alvéoles permet-tant de stocker séparément le grain, l’huile d’olive et les dattes. Les fa-

milles d’agriculteurs

qui étaient aussi éleveurs noma-des pouvaient ainsi, moyen-nant paiement d’un loyer, gar-der leurs provi-sions à l’abri le temps de leurs déplacements.

Le gypse utilisé pour la construction du grenier empêchait, nous dit-on, les intrusions des rongeurs. À côté du grenier nous visi-tons une maison traditionnelle : au centre de la pièce d’habitation se trouve un pilier constitué par un tronc de palmier dont les branches rayonnantes soutiennent le pla-fond. Impossible ici de ne pas penser à un autre palmier bien connu des toulousains !

Nous longeons ensuite le Djebel Nefousah, monta-

gne refuge de berbères pratiquant une forme particulière de la religion musulmane, l’ibadisme, tout comme ceux du Mzab et de Djerba. La route grimpe ensuite en lacets jusqu’à Nalut, où nous nous arrêtons pour visiter la vieille ville maintenant abandonnée : le château fortifié est un grenier ne comprenant pas moins de 400 niches à provi-sions ouvrant sur un dédale de petites ruelles. Non loin de là nous pouvons également voir une minuscule mos-quée surmontée d’un curieux minaret ainsi qu’un ancien pressoir à huile.

Après le déjeuner pris à une vingtaine de kilomètres

de Nalut nous reprenons notre progression vers Ghada-mès, ponctuée par de nombreux arrêts à la suite desquels le démarrage de la climatisation s’avère hasardeux, voire impossible. À Derj, une centaine de kilomètres avant Ghadamès, le chauffeur décide de faire un arrêt techni-que auprès d’un mécanicien pour essayer de régler le

problème de climatisation : le régulateur de la pompe à eau semble défectueux et le chauffeur se résout à forcer un débit d’eau maximum. La solution ne s’avère cepen-dant pas très efficace et c’est donc à petite vitesse que nous continuons notre route, en nous ménageant cepen-dant un arrêt pour voir le soleil disparaître à l’horizon au travers d’une couche de nuages. C’est donc relativement tard que nous arrivons à Ghadamès où nous nous instal-lons dans le magnifique hôtel « Dar Ghadamès » dont les chambres très spacieuses sont décorées avec goût dans le style saharien. Mercredi 16 avril – Les Naufragés du désert

Prélude saharien pour cette journée : nous devons nous cramponner sur les sièges des 4 × 4 qui nous conduisent vers les dunes, tout près du point de ren-contre de trois pays : l’Algérie, la Tunisie et la Libye. Au pied des dunes les chauffeurs dégonflent les pneus pour rouler plus facilement dans le sable et s’élancer à l’assaut de la pente. Une fois le groupe réuni au sommet de la dune principale il est indispensable de faire la photo im-mortalisant l’aventure saharienne du CERCLE. Moham-med nous montre non loin de là les ruines de la « Qalaat el Ghoul » (citadelle du monstre) qui servit de refuge aux tribus berbères. Nous redescendons ensuite vers les ten-tes situées au bas de la dune pour déguster le thé à la menthe et assister à la fabrication du pain à l’anis et au sésame, cuit dans les cendres chaudes sous le sable.

De retour à Ghadamès, Tahar, un guide local, se met

à notre disposition pour nous faire visiter le petit musée et nous conduire dans la vieille ville. Celle-ci, vidée de ses habitants depuis les années 1980, a été restaurée afin de conserver ce joyau de l’architecture saharienne. La ville est divisée en sept quartiers, disposés de part de d’autre d’une place centrale, occupés par les représentants des deux grandes familles fondatrices. Chaque quartier dis-pose de sa mosquée, de ses bains alimentés par de petits canaux et de placettes ou chacun trouve sa place suivant son rang social. Les rues sont généralement couvertes mais éclairées à intervalles réguliers par des puits de lu-mière. Toutes les maisons communiquent par les terras-ses qui sont le territoire des femmes. Sur la place princi-pale ou s’élèvent les deux mosquées attribuées aux deux familles, Tahar nous explique le fonctionnement de la clepsydre qui permet de répartir équitablement l’eau dans les canaux des jardins situés sous les palmiers tout autour de la ville.

C’est dans une maison traditionnelle magnifique-

ment décorée que nous allons déjeuner, installés sur le sol autour d’un grand tapis. Sur les murs de la salle et tout autour des ouvertures sont peints en rouge vif des motifs berbères du plus bel effet. Debout sur les marches de l’escalier intérieur, Tahar nous explique l’organisation fonctionnelle de l’habitation ainsi que les diverses coutu-mes concernant la vie familiale. Après la soupe tradition-

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nelle, la viande de jeune dromadaire se révèle relative-ment tendre et la semoule à gros grains accommodée à la libyenne est délicieuse. Après avoir pris congé de notre hôte, nous sortons de la vieille ville naturellement climati-sée pour retrouver la chaleur et chercher dans les quel-ques magasins quelques produits de l’artisanat saharien.

Il ne faut pas ce-pendant s’attarder car nous nous trouvons à plus de 500 ki-lomètres de Gha-rian, la ville du Djebel Nefou-sah où nous de-vons

passer la nuit. Après avoir dépassé Derj, une odeur de brûlé se fait sentir à l’arrière du car qui s’arrête pour per-mettre au chauffeur d’examiner la situation. Il faut se rendre à l’évidence : le refroidissement ne fonctionne pas correctement ; de plus une des bornes de la batterie a fondu ce qui ne facilite pas le contact avec la cosse. Qu’à cela ne tienne ; il suffit de coincer un caillou ramassé sur le bord de la route pour rétablir le contact et de vider dans le radiateur toute l’eau disponible à bord. Le car re-part ainsi à petite vitesse mais nous sommes encore bien loin de notre point d’arrivée ; il faut régulièrement guetter les points d’eau sur le bord de la route afin de rajouter de l’eau dans le radiateur. Avec le jour qui tombe, les mines s’obscurcissent également mais tous gardent leur bonne humeur et nos agents de sécurité participent à la corvée d’eau. Comme il devient certain qu’il sera impossible d’atteindre Gharian ainsi, Philippe discute avec Moham-med pour trouver une solution. Grâce au téléphone por-table (miracle de la technique) ils commandent des taxis qui vont nous attendre près de Nalut pour nous achemi-ner à bon port ainsi qu’un nouveau car en état de marche pour le lendemain matin. Arrivés au restaurant où nous avions déjeuné la veille le groupe se réconforte avec le thé à la menthe et le pain à l’anis puis est transféré dans cinq taxis qui partent à vive allure pour rejoindre Gha-rian, à 290 kilomètres de là. Le trajet est ponctué de quel-ques arrêts : en effet l’un des taxis a aussi des ennuis mé-caniques mais son chauffeur connaît bien sa machine puisque la voiture repart après chacune de ses interven-tions sous le capot. Il est 23 h 30 lorsque les naufragés du désert arrivent enfin à Gharian où ils étrennent un hôtel tout neuf mais pas très fonctionnel.

JEAN COIFFIER (Suite dans le numéro 52)

Florilèges antiques L’IRIS

L’Iris ! Il embaume nos jardins au printemps, il charme notre regard par la palette délicate ou puissante de ses pétales de soie. Bien des fleurs nous renvoient à l’imaginaire des panthéons grec et romain, et l’iris n’y manque pas.

Fille de l’Océanide Eléctra et du Titan Thaumas, at-tachée à Héra l’épouse de Zeus, la déesse Iris était la « messagère des dieux ».

Lorsqu’elle se déplaçait dans les airs, elle déployait son écharpe et alors se formait un surprenant phénomène « : l’Arc en Ciel (το τόξο της Ιριδος = l’arc d’Iris), auquel la fleur emprunte ses tendres couleurs et nuances.

Un peu d’histoire………. Le Lys emblème de notre royauté serait un iris styli-

sé. Beaucoup d’interprétations circulent à ce sujet : en voici une des plus répandues :

« Clovis, roi des Francs (465-511), à la veille de la bataille de Vouillé où il défit les Wisigoths, se trouva arrêté dans son avance par le cours de la Vienne. Apeurée par le cliquetis des armes, une biche s’enfuit et passa sans difficulté la rivière, à l’endroit bap-tisé depuis le gué de la Biche, non loin de

Châtellerault. A cet endroit poussaient en abondance l’Iris jaune, plein de reconnaissance et en gage de succès Clovis alla cueillir l’une de ces fleurs. Ayant obtenu la victoire le roi des Francs considéra l’iris comme son em-blème. Il devint celui de ses successeurs »(J.Brosse)

Son vrai nom de fleur de Lys ne lui vint que lors de la seconde croisade 1147. Louis VII le Jeune décida d’en faire le symbole de la France et de toute la Chrétienté. On l’appela la Fleur-de-Louis par déformation cela donna la Fleur-de-lys

La fleur de Lys est un emblème assez répandu : • Le drapeau du Québec porte la fleur de Lys en

témoignage de son appartenance à la Franco-phonie

• Le drapeau de St Louis (Missouri) héritage de la présence française dans la région

• La Nouvelle Orléans en Louisiane etc… Point de vue du chimiste : Le parfum de l’iris contient entre autre de l’irone ex-

traite de la racine de l’iris Comme Iris messagère des dieux, reliant la terre aux

cieux, chaque fleur recèle un sens caché, légendaire, my-thologique ou religieux.

CÉCILE SOTIROPOULOS

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Lectures :

Le Philogelos (en grec =Celui qui aime rire) est le plus ancien recueil de blagues connu en Occident. Contenant environ 265 blagues en grec ancien, il date du IIIe siècle ou IVe siècle de notre ère. Il est en tout cas postérieur à 248, car la blague 62 fait référence au millénaire de Rome qui fut célébré cette année-là.

Certaines blagues reviennent sous plusieurs versions différentes, signe qu’il s’agit bien d’un recueil tiré en grande partie de sources orales. De nombreux personna-ges sont moqués :

• les « intellectuels » (scholastichoi) dont la for-mation uniquement livresque cache – mal – la stupidité mais grossit la prétention

• les avares • les citoyens des cités d'Abdère et Cymé • les charlatans • les femmes • les gens à la mauvaise haleine • etc… Le Philogelos permet aussi de saisir les aspects du quo-

tidien de l’Antiquité et de la culture que les sources plus académiques évoquent beaucoup moins.

Exemple : « C’est un intellectuel qui s’est acheté un pantalon, comme il est serré et qu’il a du mal à l’enfiler, il se fait épiler les jambes. »

« C’est un intellectuel plein d’humour qui est à court d’argent alors il vend ses livres. Il écrit à son père : « J’ai une bonne nouvelle : je commence à vivre de mes livres. »

Une facette inattendue et distrayante de la Grèce An-tique.

CÉCILE SOTIROPOULOS

Une Epicerie Grecque à Toulouse Grande nouvelle pour les amis du C.E.R.C.L.E dont

nous connaissons la gourmandise légendaire, une épicerie fine a ouvert ses portes au mois de juin dans le quartier Saint Cyprien. Dimitri et Geneviève GOUNARIS nous proposent les authentiques saveurs et odeurs de la Grèce. De la vraie Feta ! du meilleur ouzo, de la mastika, des pâ-tisseries grecques sans parler de l’huile d’olive !

Et par-dessus tout cela, vous aurez droit à la gentil-lesse de Dimitri et de Geneviève.

Le magasin est situé au 29, avenue Etienne Billères à Toulouse (Métro Ligne A Saint Cyprien République).

Le magasin est ouvert du mardi au vendredi de 10h à 13h30 et de 16h à 20 h. Le Samedi de 10h à 13 h et de 14h à 19 h. Le Dimanche de 10h à 12 h. Le magasin est fermé le Lundi

La place nous a manqué dans ce numéro pour vous faire le compte rendu de toutes les activités de la période ré-cente. Nous vous donnons rendez-vous au mois de sep-tembre dans un prochain bulletin et bien sûr pour com-mencer une nouvelle année riche en activités. En attendant nous vous souhaitons à tous de bonnes va-cances .