cause commune no. 31 - printemps 2011

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numéro 31 - printemps 2011 Perspectives libertaires De la difficulté de hausser le ton Il y a un an la colère contre le gouvernement libéral était palpable. C’était l’époque des grands rassemblements, de droite comme de gauche, contre le budget. Tous les espoirs semblaient permis et certaines mouvances, dont nous sommes, se sont même mises à parler de grève sociale. Et puis, pouf, tout est retombé. Tout? Enfin, presque. Quelques secteurs en pointe ont maintenu la pression et haussé le ton. Dans la foulée de la Marche mondiale des femmes, des militantes ont occupé des bureaux et posé des gestes d’éclat. Le FRAPRU (Front d'action populaire en réaménagement urbain) y est allé d’une série d’actions de « blocages », puis d’occupations simultanées et finalement d’une caravane qui a sillonné le Québec pendant une semaine. La Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics a apporté sa contribution avec un blocage complet du siège social d’HydroQuébec. À côté de ces actions d’éclat, il y a eu aussi quelques mobilisations de masse impressionnantes (Marche mondiale des femmes à Rimouski, actions du FRAPRU et manifestation étudiante du 6 décembre). Il faut toutefois reconnaître deux choses. Premièrement, on est encore loin des perspectives de grève sociale ou de perturbations économiques mises de l’avant au printemps dernier. Deuxièmement, on est encore dans le domaine de l’action symbolique, même si c’est un peu plus punché. Il manque encore un acteur clef pour faire lever la mobilisation et passer à l’étape suivante : le mouvement syndical. L’absence des syndicats, ou plutôt leur présence pour le moins timide, ne doit pas nous paralyser. Oui, ça prendrait objectivement une grève sociale ou à tout le moins un mouvement social d’envergure et prolongé pour faire reculer le gouvernement. Non, nous ne sommes pas encore rendues là au Québec. La question est : « que faire pour changer la donne? » Les communistes libertaires sont d’avis qu’il faut construire dès maintenant les conditions de la riposte. Si la grève sociale est une perspective intéressante, il ne faut pas qu'elle devienne une excuse à l'inaction, sous prétexte que « les conditions gagnantes » ne sont pas réunies. Pour notre part, nous avons amené notre contribu tion à plusieurs niveaux. Par l’agitation et la participation aux actions, bien sûr, mais aussi en organisant des assemblées militantes dans les villes où nous avons des collectifs. Une perspective semble faire l’unanimité dans les discussions que nous avons eues un peu partout. Il ne faut plus attendre que les grandes et petites directions des mouvements sociaux nous organisent une belle lutte sociale : cela n’arrivera pas. Si l'on veut lutter, il faut nous organiser dans nos milieux : en coalition, en comité de mobilisation, en collectif, etc. L’objectif demeure de rejoindre le plus grand nombre, que ce soit au coeur de nos organisations de masses, ou de façon autonome lorsqu’elles sont irrémédia blement sclérosées. Pour organiser la riposte, nous ne pouvons compter que sur nos propres moyens. Propositions libertaires aux syndiqué - e - s du Québec Mise en garde : cette critique se veut constructive, et vise davantage à remettre en question les méthodes et l'efficacité actuelles de nos organisations ouvrières. Nous emmerdons tout autant que vous les twits de droite et leur propagande antisyndicale. Chaque jour, le show des nouvelles est ponctué d'émeutes, de grèves, de résistance contre les plans d'austérité et de relance économique des gouverne ments. Ailleurs, les peuples se réapproprient la rue, osent paralyser l'économie et attaquer même symboliquement – l'autorité étatique. Au Québec, la situation est quelque peu différente. Si le portrait global des attaques contre la population est assez semblable à ce qui se fait dans d'autres coins du monde, comment expliquer la déconcertante tranquillité qui règne ici? Sommesnous plus dociles qu'ailleurs? Tandis que des millions de voix s'élèvent pour réclamer un peu de solidarité et d'humanité, ici, on bêle doucement. Nous adressons donc ces quelques propositions aux syndiquées du Québec, car nous croyons que le mouvement syndical peut – et devrait! – réapprendre à montrer les crocs. Alors que la Coalition opposée à la tarification et la privatisation des services publics a tant bien que mal tenté de résister au dernier budget de marde du gouvernement, les gros syndicats s'occupaient, de leur bord, de leurs négociations. Incapable de comprendre que les services sociaux et les conditions de travail des employées de l'État sont des obstacles du même ordre pour le gouvernement et ses chums du patronat, l'élite syndicale corporatiste a préféré garder ses distances de la lutte contre les hausses de tarifs et les coupures. Et pendant que les forces progressistes et syndicales échouaient à surmonter leur éparpillement et à organiser une riposte, la droite populiste avait le champ libre pour sa manifestation de rednecks (« cols rouges ») à Québec. Des mois plus tard, plutôt que de se joindre à la coalition déjà en place, les centrales ont finalement décidé de créer leur propre patente : l'Alliance sociale. Et sans vouloir cracher dans la soupe, si ça a pris tout ce tempslà pour arriver à organiser conjointement une parade festive, ce 12 mars, on est en droit de se demander si de véritables moyens de pression seront entrepris d'ici à ce que Jean Charest meure de vieillesse... Comment ça se fait? Selon nous, le syndicalisme québécois actuel est en bien mauvais état. Depuis la fin des années 1970, notamment à cause du mirage de la social démocratie péquiste et de nombreuses lois qui ont carrément neutralisé l'efficacité de nos moyens de pression, les syndicats ont progressivement rangé les armes devant la promesse d'un dialogue d'égal à égal avec l'État et le patronat. À peu près partout où elle n'était pas déjà présente, une clique de spécialistes s'est rapidement mise en place, prenant le contrôle des « affaires syndicales ». S'élevant au dessus des syndiquées « ordinaires », ces bureaucrates ont fait de la gestion de nos conditions de travail leur principale activité, perdant du même coup la compréhension de nos réalités de salariées. Un peu comme les marxistesléninistes en leur temps, les gestionnaires de notre misère ont fini par (nous faire) croire que c'était à eux de nous dire ce qui était bon pour nous. On en a même vu qui ont fini par défendre le patron, ou demander à « leurs » membres de se tenir tranquilles. Quarante ans plus tard, il faudrait beaucoup de naïveté pour penser qu'il soit possible de discuter sur un pied d'égalité avec les boss. C'est encore et toujours les mêmes qui ont le gros bout du bâton, et ça ne changera certainement pas tant qu'on confiera à d'autres la responsabilité de défendre nos droits. Et qu'estce qu'on fait? (pour sortir de la léthargie) Pour améliorer nos conditions de travail et, à terme, se débarrasser des pourris qui nous mènent par le bout du nez, l'organisation ouvrière doit selon nous comprendre trois éléments : combativité, démocratie directe et autonomie. Le capitalisme étant ce qu'il est, l'organisation du travail est marquée par une division évidente entre la classe patronale et nous. C'est d'abord par obligation que nous échangeons notre travail contre un salaire : le loyer, l'épicerie et les factures à payer ne nous laissent pas d'autre choix. Les boss, de leur côté, n'ont d'yeux que pour leurs profits, et nous ne sommes finalement qu'un (suite en page 3) Contre les coupures, serrons les poings!

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Page 1: Cause Commune no. 31 - Printemps 2011

numéro 31 ­ printemps 2011

­ Perspectives libertaires ­De la difficultéde hausser le ton

Il y a un an la colère contre le gouvernementlibéral était palpable. C’était l’époque des grandsrassemblements, de droite comme de gauche,contre le budget. Tous les espoirs semblaientpermis et certaines mouvances, dont noussommes, se sont même mises à parler de grèvesociale. Et puis, pouf, tout est retombé. Tout?Enfin, presque.Quelques secteurs en pointe ont maintenu lapression et haussé le ton. Dans la foulée de laMarche mondiale des femmes, des militantes ontoccupé des bureaux et posé des gestes d’éclat. LeFRAPRU (Front d'action populaire enréaménagement urbain) y est allé d’une séried’actions de « blocages », puis d’occupationssimultanées et finalement d’une caravane qui asillonné le Québec pendant une semaine. LaCoalition opposée à la tarification et à laprivatisation des services publics a apporté sacontribution avec un blocage complet du siègesocial d’Hydro­Québec. À côté de ces actionsd’éclat, il y a eu aussi quelques mobilisations demasse impressionnantes (Marche mondiale desfemmes à Rimouski, actions du FRAPRU etmanifestation étudiante du 6 décembre).Il faut toutefois reconnaître deux choses.Premièrement, on est encore loin desperspectives de grève sociale ou de perturbationséconomiques mises de l’avant au printempsdernier. Deuxièmement, on est encore dans ledomaine de l’action symbolique, même si c’estun peu plus punché. Il manque encore un acteurclef pour faire lever la mobilisation et passer àl’étape suivante : le mouvement syndical.L’absence des syndicats, ou plutôt leur présencepour le moins timide, ne doit pas nous paralyser.Oui, ça prendrait objectivement une grève socialeou à tout le moins un mouvement sociald’envergure et prolongé pour faire reculer legouvernement. Non, nous ne sommes pas encorerendu­e­s là au Québec. La question est : « quefaire pour changer la donne? »Les communistes libertaires sont d’avis qu’il fautconstruire dès maintenant les conditions de lariposte. Si la grève sociale est une perspectiveintéressante, il ne faut pas qu'elle devienne uneexcuse à l'inaction, sous prétexte que « lesconditions gagnantes » ne sont pas réunies. Pournotre part, nous avonsamené notre contribu­tion à plusieursniveaux. Par l’agitationet la participation auxactions, bien sûr, maisaussi en organisant desassemblées militantesdans les villes où nousavons des collectifs.Une perspective semblefaire l’unanimité dansles discussions que nous avons eues un peupartout. Il ne faut plus attendre que les grandes etpetites directions des mouvements sociaux nousorganisent une belle lutte sociale : cela n’arriverapas. Si l'on veut lutter, il faut nous organiser dansnos milieux : en coalition, en comité demobilisation, en collectif, etc. L’objectif demeurede rejoindre le plus grand nombre, que ce soit aucoeur de nos organisations de masses, ou defaçon autonome lorsqu’elles sont irrémédia­blement sclérosées. Pour organiser la riposte,nous ne pouvons compter que sur nos propresmoyens.

Propositions libertaires auxsyndiqué-e-s du Québec

Mise en garde : cette critique se veut constructive, etvise davantage à remettre en question les méthodeset l'efficacité actuelles de nos organisationsouvrières. Nous emmerdons tout autant que vous lestwits de droite et leur propagande anti­syndicale.Chaque jour, le show des nouvelles est ponctuéd'émeutes, de grèves, de résistance contre les plansd'austérité et de relance économique des gouverne­ments. Ailleurs, les peuples se réapproprient la rue,osent paralyser l'économie et attaquer – mêmesymboliquement – l'autorité étatique. Au Québec, lasituation est quelque peu différente. Si le portraitglobal des attaques contre la population est assezsemblable à ce qui se fait dans d'autres coins dumonde, comment expliquer la déconcertantetranquillité qui règne ici? Sommes­nous plus docilesqu'ailleurs? Tandis que des millions de voixs'élèvent pour réclamer un peu de solidarité etd'humanité, ici, on bêle doucement. Nous adressonsdonc ces quelques propositions aux syndiqué­e­s duQuébec, car nous croyons que le mouvementsyndical peut – et devrait! – réapprendre à montrerles crocs.Alors que la Coalition opposée à la tarification et laprivatisation des services publics a tant bien que maltenté de résister au dernier budget de marde dugouvernement, les gros syndicats s'occupaient, deleur bord, de leurs négociations. Incapable decomprendre que les services sociaux et lesconditions de travail des employé­e­s de l'État sontdes obstacles du même ordre pour le gouvernementet ses chums du patronat, l'élite syndicalecorporatiste a préféré garder ses distances de la luttecontre les hausses de tarifs et les coupures. Etpendant que les forces progressistes et syndicaleséchouaient à surmonter leur éparpillement et àorganiser une riposte, la droite populiste avait lechamp libre pour sa manifestation de rednecks(« cols rouges ») à Québec. Des mois plus tard,plutôt que de se joindre à la coalition déjà en place,les centrales ont finalement décidé de créer leurpropre patente : l'Alliance sociale. Et sans vouloircracher dans la soupe, si ça a pris tout ce temps­là

pour arriver à organiser conjointement une paradefestive, ce 12 mars, on est en droit de se demandersi de véritables moyens de pression seront entreprisd'ici à ce que Jean Charest meure de vieillesse...Comment ça se fait?Selon nous, le syndicalisme québécois actuel est enbien mauvais état. Depuis la fin des années 1970,notamment à cause du mirage de la social­démocratie péquiste et de nombreuses lois qui ontcarrément neutralisé l'efficacité de nos moyens depression, les syndicats ont progressivement rangéles armes devant la promesse d'un dialogue d'égal àégal avec l'État et le patronat. À peu près partout oùelle n'était pas déjà présente, une clique despécialistes s'est rapidement mise en place, prenantle contrôle des « affaires syndicales ». S'élevant au­dessus des syndiqué­e­s « ordinaires », cesbureaucrates ont fait de la gestion de nos conditionsde travail leur principale activité, perdant du mêmecoup la compréhension de nos réalités de salarié­e­s.Un peu comme les marxistes­léninistes en leurtemps, les gestionnaires de notre misère ont fini par(nous faire) croire que c'était à eux de nous dire cequi était bon pour nous. On en a même vu qui ontfini par défendre le patron, ou demander à « leurs »membres de se tenir tranquilles. Quarante ans plustard, il faudrait beaucoup de naïveté pour penserqu'il soit possible de discuter sur un pied d'égalitéavec les boss. C'est encore et toujours les mêmesqui ont le gros bout du bâton, et ça ne changeracertainement pas tant qu'on confiera à d'autres laresponsabilité de défendre nos droits.Et qu'est­ce qu'on fait?(pour sortir de la léthargie)Pour améliorer nos conditions de travail et, à terme,se débarrasser des pourris qui nous mènent par lebout du nez, l'organisation ouvrière doit selon nouscomprendre trois éléments : combativité, démocratiedirecte et autonomie.Le capitalisme étant ce qu'il est, l'organisation dutravail est marquée par une divisionévidente entre la classe patronale etnous. C'est d'abord par obligationque nous échangeons notretravail contre un salaire : leloyer, l'épicerie et lesfactures à payer ne nouslaissent pas d'autre choix.Les boss, de leur côté,n'ont d'yeux que pourleurs profits, et nous nesommes finalement qu'un

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Contre les coupures, serrons les poings!

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Sortir du marécage de la conciliation :témoignage d’un militant au Saguenay

Du 10 au 20 mars 2011 a lieu à Montréal laRadical Queer semaine. Ateliers, performances,concerts, débats, projections, expositions, actionsdirectes et cuisines collectives : la semaine nemanquera pas d'activités ! Mais queer, au juste, çasignifie quoi ? Entretien avec un militant queer.Queer, ça signifie quoi ?Le terme queer a plusieurs visages et c’est pourquoiil est toujours difficile à définir. À l’origine, il étaitutilisé pour signaler quelque chose de bizarre,étrange, louche. C’est ensuite devenu un termepéjoratif pour désigner les homosexuel­le­s. Puis, audébut des années 1980, par un mouvement deréappropriation – un peu comme le terme « nigger »pour le racisme –, le mot queer en est venu à prendresa définition actuelle, soit celle du refus et de lacontestation des identités définies. Queer signifie unrapport à l’identité plutôt qu’une identité : c’est unrefus de se laisser enfermer dans des boîtes, dans lesconventions sociales associées aux genres masculin

et féminin ainsi qu'aux relations entre les genres.C’est un rapport au monde davantage qu’une « listed’épicerie » d’oppressions à combattre.Qu’est­ce qui distingue le mouvement queer desmouvements LGBT (lesbiennes, gays,bisexuel­le­s et transgenres) et féministes ?Il y a bien sûr plusieurs mouvances au sein de cesmouvements, mais une chose qui distingue lesrevendications queers de celles de certains groupeshomosexuels est la volonté de remettre en questionles fondements de la société libérale. Plusieursorganisations pour la défense des droits civiques ontainsi lutté avec brio contre la domination et larépression des homosexuel­le­s, ce qui est trèsvalable, mais leurs luttes se sont arrêtées là etplusieurs relations de pouvoir et conventionscontinuent d’être reproduites. Le droit au mariagegai ou à la participation à l’armée demeurent ainsides revendications qui contribuent à perpétuer cesconventions. Les milieux gais – surtout masculins –sont aussi fortement axés sur la consommation et lalogique marchande, et c’est pourquoi plusieurspersonnes en sont venues à se distancer de cesmilieux et mouvements. L’identité féminine sous­jacente à certaines conceptions du féminisme poseégalement problème pour les queers puisque cetteidentité est parfois représentée comme unique etessentielle. D’un point de vue queer, cette relation àl’identité apparaît très insatisfaisante.Au quotidien, que font les militants et militantesqueers ?Les militants et militantes queers sont partout etnulle part : ils et elles n’ont pas de « grosseorganisation » et militent dans toutes sortes degroupes (comités logement, collectifs, syndicats,etc.). C’est un militantisme qui, comme le termequeer, a plusieurs visages. Les organisations queerssont d’ailleurs souvent affinitaires. Une de leurs

pratiques courantes est toutefois la création de safespaces qui sont des espaces sécurisants au seindesquels les participantes et les participants peuventéchanger et discuter. L’un de ces espaces estd’ailleurs la Radical queer semaine qui a lieuchaque année, à la mi­mars.Enfin, quelques suggestions de lecture pour lespersonnes un peu plus curieuses?Les personnes intéressées peuvent trouver surInternet pas mal d’information. Voici quelques sitesen particulier :http://www.lespantheresroses.orghttp://www.politiq.info/http://riotcoco.blogspot.comhttp://www.qzap.orghttp://www.radicalqueersemaine.org

Introduction au mouvement queer

Cause commune est le journal de l'Unioncommuniste libertaire (UCL). 5000 exemplairesde ce journal sont distribués gratuitement par desmilitantes et des militants libertaires, membresou non de l'organisation. Cause commune seveut un tremplin pour les idées anarchistes, enappui aux mouvements de résistance contre lespatrons, les proprios et leurs alliés augouvernement. Si le journal vous plaît et quevous voulez aider à le diffuser dans votre milieu,contactez le collectif de l'UCL le plus près dechez vous. Vous pouvez aussi soumettre un texteou nous faire part de vos commentaires enécrivant à [email protected] locaux de l'UCL :[email protected]@[email protected]

Pour nous rejoindre :[email protected]

L'UCL vous invite au Salon du livre anarchiste de Montréal :

Les 21 et 22 mai, de 10h à 17hAu CEDA, 2515 rue Delisle (près du métro Lionel­Groulx)

www.salonanarchiste.ca

Vers la mi­janvier s’est formé à l’Université duQuébec à Chicoutimi (UQAC) le Comité AutonomePour l’Accessibilité aux Études (CAPAÉ). Il sepropose de mobiliser la population étudiante afin demener une véritable escalade des moyens depression face aux discours réducteurs et auxpratiques complaisantes de plusieurs organisations.Au Saguenay, le rectorat, les chambres decommerce, les élu­e­s, le gouvernement, les think­tanks de droite, les militaires de Bagotville et leséditorialistes des journaux de masse font consensussur la hausse des tarifs en éducation. Le Mouvementdes associations générales étudiantes (MAGE­UQAC) ­ affilié à la FEUQ ­ cherche quant à lui àcanaliser la grogne étudiante sur un plan d’actioninsipide et des démarches lobbyistes.Depuis sa création, le CAPAÉ a organisé deuxactions ayant permis de rassembler près d’unetrentaine d’étudiants et d'étudiantes engagé­e­s dansl’Université et d’amener une voix étudiantealternative sur le campus et dans les médiasrégionaux, notamment lors de l’évacuation généraledes Résidences du Cégep de Chicoutimi liée à lanégligence inavouée de la direction. Le Comitéautonome reçoit l’appui de plusieurs associations

étudiantes modulaires de l’UQAC, du Syndicat desétudiants et étudiantes employé­e­s de l’UQAC etde divers groupes communautaires. À l’invitation del’Association étudiante du Collège d’Alma et deprofesseurs, le CAPAÉ a pu présenter des ateliers deformation à des centaines d’étudiantes et d'étudiantsdu Lac­Saint­Jean et établir de bons contacts avecd’autres voix étudiantes alternatives de la région.Cette expérience nous a permis de réaliserl’importance de l’organisation autonome des frangesles plus combatives pour œuvrer à la radicalisationdes luttes sociales. Les idées du Comité autonomeont été portées dans les regroupements régionauxdes organisations communautaires et syndicalespour faire entendre un discours plus combatif ­ seulun rapport de force pourra faire reculer legouvernement ­ et tenter de tisser des liens avecd’autres organismes. Dans son fonctionnement, leComité tente de s’approcher de la démocratiedirecte. De même, il devient un lieu dedéveloppement de l’autonomie individuelle à traversla rotation des tâches importantes et la prise dedécision collective. Un tel fonctionnement n’est passans crainte pour le personnel de sécurité del’UQAC qui justifient l’emploi de moyensd’intimidation et de surveillance envers les

manifestants et manifestantes pacifiques au prétexteque des casseurs pourraient s’immiscer dans leursgroupes. Une chose est certaine : l’organisation desdominé­e­s sur leur propre base inquiète toujoursles élites qui voudraient contrôler la situation à leurprofit.En tant que membre du Collectif Emma Goldman etparticipant actif au CAPAÉ, je ne me fais aucuneillusion par rapport à ce genre de comité. Dans lecontexte des rapports sociaux actuels, les groupesactivistes autonomes sont très vulnérables face auxtentatives de récupération et à l’opportunisme ou lamauvaise foi de quelques­uns ou quelques­unes deleurs membres. C’est pourquoi il est important queles anarchistes s’organisent dans des collectifs etorganisations spécifiquement anarchistes en plus deleur implication dans les mouvements sociaux pourradicaliser les luttes.Faut lutter pour gagner!– Un militant communiste libertaire

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La lutte pour la défense des services publics et desprogrammes sociaux bat son plein au Québec. L'éliteprofite d'une crise préfabriquée des finances publiquespour attaquer de plein fouet, idéologiquement etpratiquement, le service public et la solidarité sociale.Hausses de frais et de tarifs, financement régressif desservices et privatisations sont au menu. S'il y a urgencede défendre des conquêtes sociales essentielles, nousne pouvons faire l'économie d'une critique du statu quoet tenter de trouver des passerelles vers un autre futur.Service publicSelon la Coalition opposée à la tarification et laprivatisation des services publics, « un service publicest une activité exercée ou contrôlée par l’État dans lebut de satisfaire un besoin d’intérêt général », de plus,« plusieurs services publics sont directement en lienavec la réalisation des droits humains et, en assurant unaccès à tous et toutes, les services publics contribuent àla solidarité et à la cohésion sociale ». On touche ici àla contradiction fondamentale du service public : ils'agit à la fois d'un instrument de solidarité imposé parles luttes passées (une conquête sociale) et d'uninstrument de contrôle social et de régulation de lasociété capitaliste. Bref, les services publics sont utilesautant à nous qu'à la classe dirigeante.À part quelques idéologues, personne ne veutréellement abolir les services publics ou les privatisercomplètement. Notamment parce qu'ils sont unélément important de compétitivité internationale. S'ilexiste encore une industrie automobile au Canada, c'est­ entre autres ­ grâce à son système de santé. Eh oui,même bien payé­e­s, les travailleuses et les travailleursd'ici sont compétitives et compétitifs parce que lesmultinationales américaines n'ont pas à leur payerd'assurances comme c'est le cas au sud de la frontière.

L'enjeu réel de la bataille, c'est plutôt de noustransférer l'ensemble des coûts et de rendre cesservices publics lucratifs pour le milieu des affaires.Subvertir le statu quoActuellement, nous jouons un jeu défensif sur laquestion des services publics. Cette position n'estguère tenable à moyen terme. Pour progresser, il fautpouvoir défendre les services publics et les subvertir(dans le bon sens). Il y a, au moins, deux éléments derupture dialectique en jeu dans la contradiction desservices publics. Le premier, c'est l'enjeu del'autonomie et de la gestion. Actuellement, c'est l'Étatqui contrôle et gère les services publics. Or, l'État n'estpas neutre : c'est un instrument de l'élite. De plus enplus, le gouvernement veut réduire la participation descatégories populaires sur les divers conseilsd’administration pour les remplacer par un maximumd’ami­e­s du privé, voir carrément en déléguer lagestion au complet (partenariats public­privé). On levoit en éducation et en santé, notamment, nos servicespublics ne souffrent pas seulement de sous­financement, mais aussi de mal­financement et demauvaise gestion (bonjour l'Îlot Voyageur! bonjour leCHUM!). Pour renverser la vapeur, il faut revendiquerl'autonomie des services publics et leur autogestion.L'autre enjeu, c'est celui de l'universalité et de lagratuité. La logique marchande pernicieuse s'introduitdans les services publics entre autres par le biais de latarification. On veut nous faire payer deux fois pourles services publics afin de les mouler sur la logique dumarché. De la même façon, on organise la rareté afind'alimenter le mécontentement dans l'espoir de donnerdes arguments à une éventuelle privatisation. Pourcasser cette logique, il faut revenir au conceptd'universalité et de gratuité, c'est à dire des servicesaccessibles à tous et toutes sur l'ensemble du territoire,peu importe le revenu disponible.Ne s'agit­il là que de revendications réformistes? Ouiet non. Être révolutionnaire aujourd'hui c'est aussi sesituer au cœur des luttes sociales et pouvoir identifierles potentiels d'autonomie populaire et de rupturesautogestionnaires. Comme l'indiquaient les camaradesde l'OCL, en France, dans une brochure récente [1] : «Affirmer que l'économie doit avoir pour objectif lacréation de biens et de services utiles à chaqueindividu et non d'engendrer des profits pour uneminorité, c'est également démontrer que tout devraitêtre service public, et dénoncer le caractère arbitrairede ce qui est actuellement défini comme tel ».[1] Repenser l'utilité sociale,Organisation communiste libertaire,http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article293

Subvertir les services publics

Notre système économique repose, nous le savons, surune logique d'accumulation et de croissance illimitéedans lequel les profits sont le principal moteur de laproduction. Ceci fait en sorte que l'argumentéconomique prime sur les besoins réels despopulations et ignore les considérations éco­systémiques.Le sentiment de péril écologique se faisant sentir avecplus d'acuité, le discours de l'écoresponsabilité trouvede plus en plus d'échos chez la jeune générationpréoccupée, à juste titre, par la destruction de sonenvironnement. L'écoresponsabilité consiste en un typed'engagement au quotidien qui se traduit parl'adoption de comportements individuels devantréduire l'empreinte écologique des personnes surl'environnement: compostage, jardinage, utilisation decouches lavables, récupération des eaux grises àd'autres fins, achat de produits biologiques etc.L'écoresponsabilité, de notre point de vue, n'échappepas à une double critique.D'une part, l'adoption d'un comportement individuelécoresponsable, déconnecté du domaine de la luttepolitique, n'a aucun effet sur les principalesresponsables de la destruction environnementale, c'est­à­dire les compagnies forestières, papetières, minières,

gazières, etc. Par ailleurs, l'écoresponsabilité n'effleuremême pas les bases du système économique quipermet une telle marchandisation du vivant, c'est­à­dire le système capitaliste.D'autre part, l'engagement écologique au quotidienvient directement interpeller la division sexuelle dutravail dans la sphère domestique: « Les femmesconstituent le « groupe cible » tout désigné des actions

écologiques, puisque ce sont elles, traditionnellement,qui accomplissent ces tâches au regard de l'évolutionhistorique du patriarcat » [1]. En effet, ces actions setraduisent souvent par une augmentation desresponsabilités ménagères, tâches qui incombentencore aux femmes malgré tout ce que l'on entend àpropos de l'égalité qui serait déjà là, ou du féminismequi serait allé trop loin. Si l'on se fie à des étudesrécentes sur les « temps sociaux » comme celle del'Institut national de la statistique et des étudeséconomiques (France), les femmes de 25­34 ansconsacreraient en moyenne cinq heures par jour au «temps domestique » contre en moyenne trois heurespour les hommes. Au Québec, selon une étude del'Institut de la statistique du Québec, les femmesconsacraient toujours en moyenne quatre heures parjour aux activités domestiques en 2005, tandis que leshommes y accordaient environ 2,6 heures. Par contre,l'argument écologique comporte une forte charge auto­justificative: « Le fait de se concentrer sur la finalitéécologique de l'action contribue à invisibiliser letravail des acteurs et actrices écologiquement engagé­e­s […] leur engagement concourt à la perpétuationdes inégalités hommes femmes et participe àl'oppression de classe et de sexe » [1].[1] Lalanne et Lapeyre, 2009

investissement leur permettant de s'enrichir. Cesintérêts divergents font en sorte qu'il n'y a paslieu, selon nous, de parler de conflits de travailqui surgissent de temps en temps, mais biend'une lutte permanente entre employeurs etsalarié­e­s. C'est pourquoi il faut réapprendre àmettre suffisamment de pression sur l'employeurpour obtenir satisfaction, à frapper là où ça faitmal, à cesser de se limiter à ce qui est légal pourenfin faire ce qui est légitime. À titre d'exemple,au plus fort de la récente crise économique, enFrance, des patrons séquestrés par leursemployé­e­s ont rapidement cédé aux demandesde ceux et de celles­ci. Sans croire naïvementque la classe ouvrière du Québec prendra dèsdemain matin le patronat en otage, l'anecdotedémontre qu'avec un peu d'audace etd'imagination, on peut parvenir à nos fins, mêmeen ces temps d'austérité.Évidemment, cette combativité ne tombera pasdu ciel, et c'est à chacune et chacun d'entre nous,au quotidien, de défendre de telles avenues. C'estpourquoi il nous paraît crucial de se doterd'espaces où il sera possible d'organiser lechangement de cap. Car au­delà des luttes et desactions ponctuelles, le syndicalisme implique undialogue et une auto­éducation constante parl'ensemble des salarié­e­s. La réflexion sur nosconditions de travail, les solutions et les moyensd'action, ne peut pas demeurer la chasse gardéedes exécutifs et des directions. Plutôt que d'êtredes réunions de rubber­stamping, les assembléesgénérales doivent redevenir des lieux où lesdébats et les discussions politiques et tactiquessont encouragés. Les exécutifs doivent cesserd'être de simples courroies de transmission desmots d'ordres qui viennent d'en haut et reprendreleur place en tant qu'instance d'animation de lavie syndicale et d'application des décisions prisespar la base.Face aux structures bureaucratiques et auxchef­fe­s du monde syndical, c'est facile de sedécourager et de baisser les bras. Sauf que notrerésignation est précisément ce qui permet à toutce cirque de durer. Et si ces pistes de solution nevous interpellent pas, libre à vous d'en imaginerd'autres. L'important pour rétablir le rapport deforce, c'est de réapprendre à réfléchir ensemble, àdécider ensemble et à se battre ensemble. Parceque l'idée toute simple qui est à l'origine dusyndicalisme est encore vraie aujourd'hui :l'union fait la force.

Féminisme

Propositions... (suite de la page 1)

L'écoresponsabilité a-t-elle un genre?

Page 4: Cause Commune no. 31 - Printemps 2011

Les scientifiques sont trop modestes : s'il existeaujourd'hui une classe qui change le monde, c'estbien celle des chercheur­e­s et des ingénieur­e­s. Cene sont pas des gens que nous avons élu, choisi oudésigné. Ils et elles sont là parce qu'il y avait duboulot et qu'il faut bien continuer à fabriquer de lamarchandise – c'est la compétition mondiale, quevoulez­vous ?En ce moment se prépare dans les laboratoires laprochaine « révolution ». Scientifique et techniquebien sûr, pas politique ni sociale, ou alors parcontrecoup, comme effet collatéral. Une révolution,rien de moins. C'est ainsi que les médias nousvendent les nanotechnologies et c'est ainsi que lesscientifiques les vendent aux industriels, qui lesvendent aux gouvernements, qui les vendent auxmédias qui nous les vendent, à moins que ce ne soitune autre combinaison ; on s'y perd.Les nanotechnologies sont les technologies del'infiniment petit. Vertige des nombres, on s'occupeici d'atomes, de constituants de la matière 30 000fois plus petits que l'épaisseur d'un cheveu. Depuisune vingtaine d'années, il est possible de manipulerindividuellement les atomes, de les assembler entreeux, de fabriquer de petits systèmes autonomes.Parallèlement, il devient possible de miniaturisertoujours plus les composants électroniques.Ces deux approches sont au cœur desnanotechnologies. Dans les deux cas elles rencon­trent des lois physiques nettement différentes decelles que nous connaissons à notre échelle. Lesobjets nanostructurés sont donc susceptibles d'avoirdes comportements inédits, ce qui amuse beaucouples physiciens et physiciennes, et fait saliver lesindustriels. Il devient maintenant envisageable deproduire des revêtements totalement imperméables,des composants électroniques accélérant notoire­ment la vitesse des microprocesseurs, des capteursde lumière performants, des médicaments délivrésexactement là où ils sont nécessaires, des dispositifsminiaturisés de Radio Frequency Identification(RFID), des implants cérébraux, etc.C'est à Richard Feynman, prix Nobel de physique1965, zélé collaborateur du projet Manhattan [note :pendant la Deuxième Guerre mondiale, le projetManhattan a permis la fabrication de la bombenucléaire.], que l'on doit l'intuition fondatrice que lemonde des atomes recèle un formidable potentieltechnologique. Quand on évoque les nanos, il n'estjamais inutile de citer cet individu scientifiquementbrillant et de rappeler sa vision toute particulière durôle du scientifique dans la société : « Nous n’avonspas à nous sentir responsables du monde dans lequelnous vivons. Depuis lors, je n’ai cessé de me sentirsocialement irresponsable et je m’en suis toujoursbien porté. » Bien parlé, Dick. Mais combien de tessemblables as­tu influencés ?À McGill, de nos jours, un chercheur ennanoélectronique organique vient de voir ses effortsrécompensés par une breloque honorifique. Il atrouvé un moyen de fabriquer des composants mi­inertes, mi­organiques. Ses recherches sont co­financées par l'US Air Force. Aux États­Unis, larecherche sur les memristors, un nouveau type detransistors prometteurs pour la fabrication d'engins àguidage autonome, est financée par la DefenseAdvanced Research Project Agency (DARPA).Quant aux capteurs de lumière développés par la

Southern Methodist University à Dallas, ils irontéquiper les drones et fantassins du futur, maispourraient tout aussi bien, pourquoi pas, seretrouver un jour dans les appareils vidéo grandpublic.Les États­Unis encore, qui ne font rien à moitié,disposent également du très moderne Institute forSoldier Nanotechnology, dont les membres peuventcompter sur le soutien inconditionnel du ForesightInstitute, un think tank technoscientiste dont la vice­présidente déclarait récemment : « What you’d wantis something that has the destructive chemicalaction of a chemical weapon, which is really easy todo, combined with sensing and computation, so thatwhen it lands on an object or on a person it canidentify that object or person. If it’s a person, [itcan] even read their DNA – and then decide whetherto implement the weapon or not. » (Signal, juillet2005). Cela a le mérite d'être clair.

Mais nous sommes là dans l'outrance. Lesimplications militaires et policières dans larecherche en nanotechnologies sont en général plusdiscrètes. Il s'agit souvent de financements, departenariats, de projets communs avec uneinévitable composante civile. La même technologiepourra inoculer un poison aussi bien qu'un médi­cament. Le composant RFID utilisé pour marquerles produits, les livres dans les bibliothèques, pourranous repérer tous et toutes, au besoin. La puceimplantée dans le cerveau pour contrer les effets dela maladie d'Alzheimer servira aussi à juguler lespulsions des délinquants sexuels, puis desdélinquants tout court, puis des personnes atteintesde troubles mentaux, et enfin, pourquoi pas, de toutepersonne à risque.Loin d'être un accident de parcours, la « mauvaise »utilisation des technologies est au contraire financéeet réfléchie tout au long de son développement.Après tout, c'est la moindre des choses que lepouvoir dépense convenablement nos impôts. Et nuldoute que, là où il y a de l'argent à faire, il y aurades progrès rapides. À charge ensuite aux agencesde relations publiques des labos et des firmes, auxcafés scientifiques, aux conférences de vulga­risation, d'expliquer convenablement aux troupeauxde consommateurs et de consommatrices lesbienfaits à venir, ceci de façon à éviter un rejetforcément « irrationnel » – et économiquementdésastreux.

Aujourd'hui, les laboratoires de physique, debiotechnologies, de neurosciences, d'informatiquebruissent de cette révolution en cours. Pourquois'opposer à ces recherches, comme cela se fait enFrance dans les milieux écologiques et certainsmouvements politiques radicaux ? Les écolospourraient répondre qu'au­delà des applicationsgrand public dont la plupart sont bêtes à pleurer, ilexiste un réel risque sanitaire et environnemental.Le comportement de ces nouvelles substances estinsuffisamment étudié et leur dissémination unemenace pour les écosystèmes. Certains et certainesinsisteront sans doute sur la protection des travail­leurs et travailleuses, car les normes actuelles sontnettement inadaptées. Quelques humanistes pour­raient trouver à redire au projet transhumanistevisant à améliorer les performances humaines àl'aide de l'ingénierie nano et biotechnologique, auprétexte qu'il s'agit d'un nouvel eugénisme. Il estvrai que certains gourous de ce mouvement peuventtrouver une oreille complaisante dans les milieux dupouvoir, voire dans une fraction de nos propresmouvements. C'est le cas de Kevin Warwick, dontles expériences de greffes de composantsélectroniques qu'il pratique sur lui­même peuventfasciner les plus technophiles d'entre nous. Unhumaniste, soit dit en passant : « Ceux qui décide­ront de rester humains et refuseront de s'améliorerauront un sérieux handicap. Ils constitueront unesous­espèce et formeront les chimpanzés du futur. »(Libération, 11/05/02). Il y a aussi ceux et cellesattaché­e­s à l'idée de liberté, et à juste titreinquiété­e­s par les applications sécuritaires desrecherches.D'autres, enfin, répondront par une autre question :les nanotechnologies, pour quoi faire, et quidécide ? Cette révolution, nous ne l'avons paschoisie. Elle nous est imposée par des choixpolitiques et nous y sommes éduqué­e­s d'autantplus facilement qu'elle nous promet de ne paschanger notre mode de vie à l'occidentale, mais aucontraire de le conforter. Il est temps de demanderdes comptes et de voir enfin la technologie commece qu'elle n'a jamais cessé d'être : une affairepolitique.

Librairiesocialeautogérée265 Dorchester, Québec

Ouvert du mardi au jeudi de 14h à 19h,le vendredi de 12h à 21h

et le dimanche de 12h à 17h

Les nanotechnologies ou« chérie, j'ai rétréci la politique ! »

Projection d'un film sur les nanotechnologiesLa bibliothèque DIRA (Montréal) organisera uneprojection gratuite du « Silence des nanos », undocumentaire sur les nanotechnologies lemercredi 23 mars. Elle sera suivie d'un débatavec un membre de l'ETC Group, un organismequi travaille sur les technologies et les inégalités.

Histoire de biscuits...Un syndiqué, un patron et un sympathisant duRéseau Liberté Québec sont assis à une table.Au milieu de la table, il y a une assiette avec

une douzaine de biscuits. Lepatron tend la main,

ramasse onze biscuits,puis se tourne vers lesympathisant du RLQet lui dit : « Si j'étaistoi, je ferais attentionau syndiqué, je pensequ'il veut t'enleverton biscuit... »