la commune - bulletin de l'association des amis de la commune de paris - 1871 - hiver-printemps...

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  • La CommuneLa CommuneBULLETIN DE LASSOCIATION DES AMIS DE LA COMMUNE DE PARIS-1871

    :e:,,,,

    d4

    2006hiver-printempsNUMERO

    27

    DOSSIERLA COMMUNE DE PARIS-1871

    ET LE CINMA

    COUVERTURE N 27 23/01/06 9:26 Page 2

  • H2222

    Grande mobilisation pour la souscription...Il est rare que lditorial de notre bulletinporte sur des questions financires de notre Association.Notre objectif principal demeure la trans-

    mission historique et idologique du souvenir dela Commune de Paris de 1871 et de ses combat-tants et de montrer que son uvre est toujours aucur de lactualit.Pour cela, les adhrents qui militent dans les diff-rentes commissions organisent, avec des moyensfinanciers souvent rduits, un bon nombre de manifestations. Mais pour coller lactualit, nousdevons amliorer quantitativement et qualitative-ment nos interventions.Pour faciliter le travail de nos militants, le Conseildadministration de notre Association a dcidlacquisition dun nouveau local jouxtant notresige au 46, rue des Cinq-Diamants et dabandon-ner la location de notre annexe qui est situe dansla mme rue.Comme vous pouvez limaginer, cet investisse-ment ncessite un financement important.Cest pourquoi nous avons dcid, en Septembre,le lancement dune grande souscription auprsdes membres de notre Association et de llargir tous les sympathisants de la Commune de Paris-1871.

    Les adhrents doivent assurer par une forte mobi-lisation le succs de cette souscription et faire entrer un maximum de fonds pour nous dgagerau plus vite des obligations des remboursementsbancaires.Cette mobilisation a dj commenc et deschques commencent parvenir notre sige.Nous vous en remercions. Vous recevrez une attestation de don concernant votre versement qui vous permettra de soulager partiellement vos impts.Un groupe de travail sest constitu pour animercette opration. Il a dcid de tenter le montagedune grande vente aux enchres au printemps ou lautomne 2006. Ce projet est organis par Claudine Boni.Cest dans ce cadre que nous vous demandons denous aider trouver des objets ayant une certainevaleur marchande (gravures, tableaux, affiches, livres rares, vaisselle, etc.). Vous pouvez dores etdj envoyer notre sige (courrier ou mail Inter-net) un descriptif de vos objets ainsi quune photo.Tous ensemble, nous pouvons russir et nouscomptons sur tous nos Amis qui le peuvent pourassurer un franc succs notre souscription.

    Pierre Korber

    EDITORIAL

    ADHREZ OURADHREZCOTISATIONS 2006CARTE DADHSION

    A partir de 33 euros - Soutien partir de 50 euros

    A partir 5 euros pour les faibles ressources

    A partir de 150 euros pour les collectivits

    2222000000006666LES AMIS

    DE LA

    COMMUNE

    DE PARIS-1871

    Arthur Rimbaud. 1854-18

    91

    Le dormeur du val

    ... Il a deux trous rouges au ct droit.

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  • A COMMUNEDE PARIS-1871

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    H istoire - Dossier cinma

    Au printemps 1871, Paris, les Communards refusent de capituler contre les Prussiens et servoltent contre le gouvernement de Thiers quisige Versailles. Cet affrontement populaire fait

    des milliers de victimes et marque pour longtemps lhistoire de la capitale. Lidologie rvolutionnaire de ces journes sanglantes a inspir les cinastesfranais et trangers.LIMAGERIE DE LA COMMUNEPeu avant sa mort, lauteur de Linternationale, Eug-ne Pottier, crivait dans une de ses dernires chan-sons, en 1866 : Tout a nempche pas Nicolas, qulaCommune nest pas morte....N peine dix ans plus tard, le cinmatographe mettrapourtant plus de trois dcennies pour la faire revivre etloin de Paris. Si lon excepte cette reconstitution, fil-me des fins militantes par lEspagnol Armand Guer-ra en 1913, La Commune, qui se terminait sur desimages de survivants de la Commune, il faudra attend-re la fin des annes vingt, la lisire du muet et du par-lant, pour voir linsurrection parisienne du Printemps1871 mise en scne par des cinastes sovitiques :Mardjanov avec La pipe du Communard (1929), Ko-sintsev et Trauberg avec La nouvelle Babylone(1929). Premire partition pour le cinma dun Chosta-kovitch de vingt-trois ans, et de Rochal avec Les au-bes de Paris (1936). En France, le sujet semble ta-bou. A telle enseigne que le premier projet de longmtrage consacr la Commune, en 1946, ne verrapas le jour. Dans le sillage de la Libration de Paris, legrand cinaste du Six juin laube, Jean Grmillon*,voulait clbrer cette insurrection patriotique, selonses propres termes, dans une confrontation tentanteentre Versailles et Vichy, Thiers et Ptain, FFI et Gardenationale. Limagerie future de la Commune sera frian-de de tels rapprochements, de mme que liconogra-phie antrieure y avait eu largement recours : le Loui-se Michel sur les barricades de Thophile Steinlensinspire directement de La Libert guidant le peu-ple, peinte par Eugne Delacroix au lendemain de laRvolution de 1830.

    Lallgorie apparat ainsi comme lune des constantesde la reprsentation de la Commune, largement utili-se au cinma. Elle avait, lpoque, dautant plusdimportance que la gravure et la lithographie supplan-taient la photographie comme support de diffusion,mme si les photographes au service des Fdrs,comme Braquehais, privilgiaient limage symbolique :groupes de Communards devant la colonne Vendmeabattue, ou juchs sur les barricades... Et par un d-tournement pervers, ces mmes images serviront auxmouchards versaillais pour identifier nombre de me-neurs qui seront pour la plupart fusills. Pour la pre-mire fois dans son histoire, la photographie devenaitinstrument de dnonciation, pice conviction.De leur ct les fusilleurs versaillais prirent - apparem-ment - plaisir photographier abondamment les cada-vres de leurs victimes... Images qui seront rcup-res au bnfice de diverses propagandesractionnaires, la plus ignoble tant la publication dansun journal franquiste, pendant la guerre civile espagno-le, dune photographie de cercueils ouverts de Com-munards fusills, lgende comme le rsultat duneexcution sommaire de prisonniers phalangistes parles Rpublicains. Par un salutaire retour de balancier,ces images de Communards massacrs permettront Jean Baronnet de donner la mesure de la rpressionversaillaise en ouverture de son film Une journe auLuxembourg (1993).Un autre type de dtournement dimage fut inauguraprs la chute de la Commune : la reconstitution men-songre et le photo-montage. Pour les besoins dun re-cueil intitul Les crimes de la Commune, trs prisdans les salons bourgeois, le dnomm Appert enga-gea des figurants pour incarner les fanatiques avi-ns qui allaient procder aux sauvages excutionsdes gnraux Lecomte et Thomas et de larchevquede Paris Monseigneur Darbois, sous le regard compli-ce de dirigeants de la Commune insrs dans limagepar truquage photographique.Paradoxalement, cest partir dun semblable mat-riau - dessin, photo, gravure, reconstitution - que vont

    Les journes de 1871 lcran

    LA COMMUNE N 27 23/01/06 9:29 Page 2

  • histoire - Dossier cinmasdifier les reprsentations cinmatographiques de laCommune, ceci prs quaucun film ne choisira ja-mais le camp des Versaillais. A cela, une raison vi-dente : faire un film sur la Commune est un choix mili-tant, o il est dabord question dhommage et declbration.DE LHTEL-DE-VILLE AU PRE-LACHAISE : UNE GOGRAPHIE ALLGORIQUE

    Vingt ans aprs les trois films sovitiques hautementallgoriques, le premier film franais, Commune deParis (1951), uvre dun cinaste de vingt-six ans,Robert Menegoz, comporte une squence dactuali-ts : le cortge des Communistes pour le quatre-ving-time anniversaire de la Commune au cimetire du Pre-Lachaise, devant le Murdes Fdrs, thtre des der-niers combats contre les sol-dats de Thiers. Un lieu sym-bolique dj reconstitu dansLa nouvelle Babylone, et quisera fortement exploit aumoment de la clbration ducentenaire de la Commune en1971, avec les images de lacrmonie organise par leParti communiste franais, fi-gurant aussi bien dans des films de la tlvision belge,Un solo funbre, la Commune de Paris de JacquesCogniaux, que sovitique, Le voile carlate de Parisde Marlene Khoutiev, chant de louanges la gloire duP.C.F... On verra un autre dpt de gerbe au Mur desFdrs, gauchiste celui-l, dans Mourir trenteans de Romain Goupil - une manire de rponse aufilm sovitique qui passe pudiquement sous silence lesvnements de Mai 1968 Paris...Le Mur des Fdrs est le repre privilgi de la go-graphie cinmatographique de la Commune, quonretrouve dans les films commmoratifs du centenaire,La Commune de 1871 de Ccile Clairval et Olivier Ricard, tlvision franaise, Le temps des cerises, la Commune et les livres, Jaroslaw Dabrowski

    (1975), commandant en chef des armes de la Commune, dans un film polonais de Bohdan Poreba,o les obsques de lofficier rvolutionnaire tu sur labarricade de la rue Myrha (XVIIIe arrondissement) sedroule au son de LInternationale, dont la musiquene sera compose quen 1888... Lanachronisme estici au service de la symbolique.Dans son immense fresque de six heures, La Com-mune (Paris 1871) ralise pour Arte en 1999, PeterWatkins fera de lanachronisme volontaire un vecteursignifiant en introduisant linterview et le commentairetlviss comme jalons de la chronologie de la Commune : le journal tlvis national de Versaillessoppose aux reportages bricols des journalistes de

    la tlvision communale, la-quelle, en bout de course etfaute de moyens, se trouverarduite ltat de radio parabandon de limage. Un princi-pe propice de passionnantssauts de dialectiques du pas-s au prsent et de la ralit la fiction. Cette distanciationva de pair avec un parti-pris fil-mique en longs plans squen-ces o la crdibilit repose

    sur la parole, les visages et les costumes. Le dcorrestant allusif et ne prtendant surtout pas une quel-conque reconstitution (tout a t tourn en banlieueparisienne, Montreuil, dans les locaux de la compa-gnie thtrale dArmand Gatti, La parole errante).Un brechtisme dj illustr, de manire plus radicaleencore, dans Mmoire Commune (1978) de PatrickPoidevin, o les dcors parisiens sont symboliss jus-qu la limite de labstraction (un cylindre de bois mat-rialise par exemple la colonne Vendme), tout autantque laction (un drap teint en rouge rsume la rpres-sion versaillaise), sinon dans une squence ralisteinspire de Brecht prcisment, Le canon de Mada-me Cabet, o dans une vieille rue troite et pave re-prsentant la rue Pigalle, les femmes du quartier em-

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    Les journes de 1871 lcran (suite)

    LE MUR DES FDRS

    EST LE REPRE PRIVILGI

    DE LA GOGRAPHIE

    CINMATOGRAPHIQUE

    DE LA COMMUNE

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  • A COMMUNEDE PARIS-1871

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    pchent la reprise de leur canon par les soldats versaillais.La suppose rnovation de Paris des annes soixante-dix, assortie dune limination massive dimmeublesvtustes des quartiers populaires, offrit paradoxale-ment une opportunit de reconstitution peu de fraisdes barricades du mois de Mai 1871. Jol Farges enprofita pour la mise en scne de sa Semaine Sanglan-te (1976), o faades ruines et murs en dmolitioncompltent les barricades et hpitaux de fortune cla-bousss par les obus des artilleurs versaillais, les-quels sont flicits depuis son bureau par AdolpheThiers, labri sous les moulures du chteau de Ver-sailles, et prenant en toute bonne conscience un bainde pieds. Mais Farges ne ddaigne pas pour autant limagerie symbolique, et plante des drapeaux rougesautour du gnie de la Bastille, comme il sattarde sur lafaade de lHtel-de-Ville, bientt incendi.La gographie allgorique de la Commune telle que reflte par le cinma se trouve ainsi banalise, rivedroite, entre les deux colonnes, Juillet et Vendme, quidistance de lHtel-de-Ville avec au Nord-Est la cou-ronne des barricades de Montmartre, Belleville et Mnilmontant qui sachve plus lEst parmi les tombes du Pre-Lachaise. Comme sil ne stait rienpass rive gauche.LES ENTAILLES DE LHISTOIRECe nest pas le moindre mrite du film de Jean Baron-net Une journe au Luxembourg de montrer que larpression fut aussi sanglante de lautre ct de la Sei-ne, notamment dans le plus triste des grands jardinsde Paris, comme lcrivait Jules Valls. Par un belaprs-midi du printemps 1993, autour du bassin, desenfants jouent, font naviguer des voiliers, devant desadultes prenant le soleil, lisant ou somnolant sur leurschaises. Mais derrire eux on dcouvre un mur cribldimpacts de balles. Ici, en Mai 1871, nombre de Com-munards furent fusills. Cette ouverture trompeuse,qui nest pas sans rappeler celle de Nuit et brouillarddAlain Resnais (Mme un paysage tranquille...), per-met au ralisateur de relater, dans les dcors rels

    dune annexe du palais du Luxembourg, laventure dumdecin Maxime Vuillaume, rdacteur au Pre Du-chne, arrt le 21 mai, qui fut sauv du pelotondexcution grce lintervention dun tudiant en m-decine, Laffont, enrl dans larme versaillaise.Dcor anodin en apparence, qui recle lempreinte dune mmoire tragique : cest aussi sur ce principequest bti le film sovitique Le voile carlate de Pa-ris (1971), o le rcitant constate que les vieux pa-vs gardent les traces de lHistoire que la plupart despassants qui les arpentent ignorent. Combien de tou-ristes en effet, qui gravissent les degrs de la butteMontmartre (tymologiquement colline des mar-tyrs), savent que la basilique du Sacr-Cur fut ri-ge en expiation des crimes de la Commune ? Etqu la place du Moulin-Rouge se droulrent de san-glants combats ? Si soudain les pierres se mettaient parler ?, sinterroge le rcitant sur des images de badauds dambulant place du Tertre, rpondant encreux Arthur Rimbaud : Quand tes pieds ont danssi fort dans les colres de Paris !....Sur cette sdimentation du temps, les entailles de lHistoire se brouillent, se rpondent et se confondent,et la ralisatrice Marlene Khoutsiev fait ricocher lesimpacts des balles versaillaises avec ceux de la Lib-ration de Paris, rapproche les fusills de Mai 1871 etdAot 1944, tablit un parallle entre un dfil detroupes hitlriennes sur les Champs-Elyses et les armes prussiennes assigeant Paris, dcrit en couleurs les rues commerantes qui furent le thtredes derniers combats, rue Lepic et rue de la Fontaine-au-Roi, dont les dfenseurs de la barricade furent ravi-taills le dernier jour par lambulancire Louise, qui llu de la Commune Jean-Baptiste Clment ddiasa chanson Le temps des cerises, sur laquelle prcisment se clt le film, en images du Montmartrede 1971.Vingt ans auparavant, dans le premier film franaisconsacr la Commune, Robert Menegoz faisait par-ler diffremment les vieilles pierres parisiennes. Il dra-matisait liconographie dpoque, mettant contribu-

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  • histoire -Dossier cinmation, ple-mle, gravures et photographies, pour ra-conter lpope des deux mois que dura la Communede Paris. Par truquage, les obus pleuvaient sur les fa-ades et par montage rapide revivaient les visagesdes dfenseurs des barrica-des, au rythme des chantscomposs par Joseph Kos-ma sur des paroles de Henri Bassis, A lassaut duciel.Ctait aussi le titre dun autrecourt-mtrage, ralis en1962 par Jean Per partirde gravures, qui montraientlabolition de la peine de mortpar la crmation de la guilloti-ne au pied de la statue de Vol-taire, avant de se terminersur cette citation de Victor Hugo : Paris nous deman-de la fermeture des plaies. Menegoz lui, achevait sonfilm sur une note plus prospective : Paris livre batailleau nom de lavenir.Paris en effet gardera plus volontiers le souvenir deses dfenseurs communards que des assaillants :

    Louise Michel a sa station de mtro, Eugne Pottier sacit, Jean-Baptiste Clment sa place, Eugne Varlin sarue. Comme ses acolytes, le gnral fusilleur Gallifetpassera la trappe de lHistoire.

    Franois PorcileRalisateur et conseiller musical

    de diffrents cinastes.Scnariste et crivain de musique

    et de cinma. Auteur denombreux ouvrages

    sur la musique et le cinma. Prixde la critique musicale et Prix de

    lAcadmie Charles Cros pour son ouvrage

    Les conflits de la musique franaise, Fayard, 2001.

    * Comme beaucoup dautresmetteurs en scne, Jean Grmilon travailla durantloccupation avec lautorisation

    du gouvernement de Vichy et des Allemands. Ce qui ne lempcha pas dtre une figure de proue de la Rsistance dans le milieu cinmatographique.

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    Les journes de 1871 lcran (suite)

    PARIS EN EFFET GARDERA

    PLUS VOLONTIERS

    LE SOUVENIR

    DE SES DFENSEURS

    COMMUNARDS QUE

    DES ASSAILLANTS

    Lorsque jtais enfant, chaque jeudi, jallaischez mes grands-parents qui habitaientdans le faubourg Saint-Antoine. Mon

    grand-pre, bniste, achetait ses fourni-tures dans le quartier, et je laccompagnais jusquson atelier. L, dans les odeurs de colle peau et detoutes les essences de bois, sactivaient les ouvriers-marqueteurs, mticuleux, vritables artistes de la res-tauration de meubles anciens.Javais une dizaine dannes, lorsque, de retour late-lier, mon grand-pre me tint un langage peu habituel :Tu as lge de raison, tu es presque un homme. Cestdans cet atelier, avec mon pre, ton arrire-grand-p-

    re, que, ds lge de douze ans, je suis entr en ap-prentissage. A sa mort, je lui est succd. Aujourdhuiencore, jutilise ses outils.... Puis, sortant de son bu-reau deux vieilles gravures cornes et jaunies : Tuvois, cest le seul souvenir qui me reste de mon pre.Ces images reprsentaient les moments les plus im-portants de sa vie. Sur la premire gravure, une gran-de btisse, une foule immense et agite... Fusils,piques, btons... Toute cette foule est enthousiaste...Hommes et femmes juchs sur les rverbres... Jerestais muet et interrogatif. Cest la proclamation dela Commune de Paris devant lHtel-de-Ville. As-tu djentendu parler de la Commune? Regarde, l, cet hom-

    Paris au temps des cerises-1871*

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  • A COMMUNEDE PARIS-1871

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    me, cest peut-tre ton grand-pre. Ces femmes, ceshommes se sont soulevs contre la Rpublique bour-geoise, pour amliorer leur condition sociale, leur li-bert individuelle, obtenir le droit linstruction pourtous.... Sur lautre gravure, des hommes et des fem-mes autour dune barricade, difie de bric et de broc.Ils vont lutter contre larme des Versaillais. Beau-coup y trouveront la mort. La Commune sera crase.La rpression sera terrible.Les Communards seront fu-sills, dports, exils. Maisils avaient sem la rvolutionsociale... Ne les oublie ja-mais. Sois fier de ton arriregrand-pre....Les annes ont pass...Mon grand-pre malade, surson lit de souffrance, medonna les deux gravures :Je les avais gardes pourtoi. Conserves-les toute tavie. Si tu as des enfants, tuleur raconteras notre famille.... Ce fut la dernirefois que je vis mon grand-pre...Les gravures..., suite mesdiffrents dmnagementsje ne les ai jamais retro-uves...Mes tudes termines, je devins... cinaste. Mai1968. Rvolution, meutes au Quartier Latin... Lestudiants dchaussent les rues, empilent les pavs,coupent des arbres, ... rigent des barricades. Subite-ment, dans ma pense, ces images se superposentaux gravures de mon grand-pre... Je ralisais quen1971, il y a cent ans, la Commune de Paris... Jentre-pris alors de raliser un film sur cet vnement. Ainsigerma Paris au temps des cerises-1871*. Je priscontact avec un ami historien, Jacques Darribehaude.Il se charget de la documentation historique. Jassu-rais, quant moi, la ralisation du film. Bien vide-ment, mon projet ne reut aucune aide de quelque sor-

    te que ce soit et je pris en charge la production de cet-te ralisation. Documents dpoque, gravure, jour-naux, affiches mincitrent construire mon scnarioen utilisant exclusivement ces archives. Le film seraralis comme un reportage objectif, avec bruitages,ambiance de rues et de batailles, bruits et rumeurs defoule. La musique de la chanson Le temps des ceri-ses en deviendra le thme rcurrent...

    Les principaux protagonistesseront reprsents par desvoix distinctes et un com-mentaire sera le lien objectifde la narration.Ce film ralis, il a t pr-sent, avec succs, avant lacommmoration. Le minist-re de lEducation nationale, leministre des Affaires tran-gres et dautres institutionsen ont acquis les droits. Lefilm a t prim par le Centrenational de la Cinmatogra-phie. En Mars 2004, lors dela grande exposition sur laCommune Paris lHtel-de-Ville, organiss par la Mairiede Paris et lAssociation desAmis de la Commune de Pa-ris, il a t prsent en conti-

    nu durant tout cet vnement. Il est devenu, au fil dutemps, un support audiovisuel pour toutes les manifes-tations et commmorations ayant trait la Commune

    de Paris-1871. Lesgravures mon tri-saeul ont essai-m...

    Jean Desvilles* En vente

    lAssociation. (DVD ou VHS).

    LA COMMUNE SERA

    CRASE.

    LA RPRESSION SERA

    TERRIBLE.

    LES COMMUNARDS

    SERONT FUSILLS,

    DPORTS, EXILS.

    MAIS ILS AVAIENT SEM

    LA RVOLUTION SOCIALE...

    NE LES OUBLIE JAMAIS.

    LA COMMUNE N 27 23/01/06 9:29 Page 6

  • histoire - Dossier cinmaDe nombreux films ont trait de lvne-

    ment avec plus ou moins de rigueur his-torique. Mais un film sur cet vne-ment... na jamais t ralis. Les

    quelques cinq cents pages tmoignant de limportan-ce du projet conu par Jean Grmillon, dorment dansles archives de la Bibliothque de lArsenal transfres la Bibliothque de lUniversit de Censier. Gres parla Bibliothque nationale, rue de Richelieu, leur consul-tation est difficile voire impossible. Jean Grmillon, quiest aujourdhui considr comme lun des plus grands ralisateurs franais, a travaill ce projet au lende-main de la Libration. Ds le 11 dcembre 1944 etjusquau 31 janvier 1945, Jean Grmillon entreprendle travail de recherche, en collaboration avec GeorgesDuveau, historien de cette priode. Il en rsulte un certain nombre dentretiens dactylographis qui au-raient pu, comme le pense Andr Weber, avoir tradiodiffuss. Dans un texte indit sur le style du film crit en 1945,Jean Grmillon prcise bien sa problmatique : Cemontage est la cristallisation, une poque dtermi-ne qui est celle de 1871, de ce qui sest pass ant-rieurement et une sorte de prface de tout ce qui arri-vera dans le futur. Pour lui, le mot Commune a desracines profondes dans la fodalit ds le XIIe siclesous Louis VI et jusquau XVe, sicle sous Louis XI,avec un moment privilgi quand Etienne Marcel in-staure, de Fvrier Aot 1358, la premire Communede Paris. Les revendications parisiennes, du pain et dutravail, sont synchrones des jacqueries paysannes :les unes et les autres ont t rprimes dans le sang.La seconde Commune de Paris va de 1789 1795bien que son activit ne soit rellement rvolutionnaireque du 10 aot 1792 au 27 juillet 1795, en articulantla revendication de justice sur lexpression des besoins.Durant les annes qui ont suivi la Libration, Jean Gr-millon a eu pour objectif de rendre au peuple, afin quilrsolve les contradictions et transforme le systme,une histoire colonise par la bourgeoisie. Nous savons

    aujourdhui que ce premier projet sur la Commune de1871 sinscrit dans le vaste programme dune fresquehistorique qui devait se dvelopper partir de 1572jusquen 1945. Lobjectif clairement exprim est deproposer au public populaire une vision de lHistoire deFrance qui lui permette de sapproprier sa vritablehistoire. Le projet est donc prioritairement et fonda-mentalement didactique, on devrait mme dire poli-tique puisquil nest pas denseignement sans ladop-tion, consciente ou inconsciente, dune prise deposition.Mais lobjectif prioritaire de Jean Grmillon est dinter-venir sur le moment prsent : 1944-1945. Dans un en-tretien du 22 janvier, il affirme trs nettement : Lesproccupations de la Commune sont bien celles quenous avons ; il dplore le freinage des organismespr-existants qui justifient la lenteur de la mise en traindu monde nouveau. Dans Le massacre des inno-cents, un projet sur la priode de 1936 1945, quine verra pas davantage le jour, il accuse les capitalis-tes de freiner la marche du monde. Dans un entretiendu 26 dcembre, il va plus loin. Quand il est questionde Thiers qui rcupre les gnraux de la dfaite de1870, il ajoutera : On en connat un qui fait a en cemoment. Le cinaste tablit un certain nombre de pa-rallles entre les Comits de vigilance (1871) et laconstitution des Soviets (1917) ; mais cest surtout lergime de Vichy (1940-1944) qui est mis sur le mmeplan que le gouvernement de Versailles. Loccupationpar les Prussiens est assimile videmment loccu-pation des Allemands et les gardes nationaux sontidentifis aux Forces Franaises de lIntrieur et sur-tout aux Francs-Tireurs et Partisans.Jean Grmillon analyse aussi les dernires annes delEmpire, mais le thme principal, en accord avec lac-tion de la Commune, est de montrer la lutte des clas-ses qui oppose les deux camps ennemis. Pour autantil ne renonce pas montrer la tragdie de la derniresemaine : On va patauger dans le sang. Et, si aucu-ne intrigue romanesque comme dans la Nouvelle Ba-bylone ne vient se substituer la vie quotidienne des

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    Le film sur la Commune de Jean Grmillon...

    LA COMMUNE N 27 23/01/06 9:29 Page 7

  • A COMMUNEDE PARIS-1871

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    Communards, le cinaste porte son attention sur Eu-gne Varlin. Dans un entretien du 4 janvier, Jean Gr-millon prcise ses intentions : il veut tout savoir sur cemembre de lInternationale, quil oppose AdolpheThiers. O couchait-il, quelle heure se levait-il, omangeait-il, quel bistrot frquentait-il, est-ce quil cri-vait, est-ce quil fumait, jouait-il aux cartes, aux domi-nos, o a-t-il t inhum ? Il veut pouvoir en parler com-me dun copain quil aurait connu. Et nous retrouvonsbien ici lattention, la sollicitude et pourquoi pas la ten-dresse que Jean Grmillon a toujours port, dans sonuvre comme dans sa vie, ltre humain.Cependant lambition proclame est de faire un film defoule ; aucun personnage ne peut prtendre incarnerla Commune. Oeuvre col-lective, la Commune ap-partient au peuple. Lossa-ture du rcit doit tresolidement construite afinde pouvoir prendre encompte les mouvementsrvolutionnaires du pass :1358, 1792, 1848 et dufutur, 1917, 1944. Pour leralisateur, elle sera cons-titue en articulant, sur lesfaits essentiels, par les t-moignages des particu-liers et les dlibrations duComit central. Le cinas-te y insiste. Pas plus quedun film thse, il ne sau-rait tre question de faireuvre de propagande.Pour autant, il ne sen re-met pas une simple chro-nique des faits qui se tra-duirait par une linarit durcit. Il dclare quil privil-giera l'avancement de lide.

    Tout en ne refusant pas les accents humains, il prati-quera videmment par raccourcis. Le 4 janvier, il sin-quite de la longueur du film en fonction des docu-ments tudis. Il avance le chiffre de 25 000 mtresalors que le projet est dj prvu pour trois grands

    films. Mais il se prononce contre la petite dimensionqui rduirait lambition du projet et surtout limpor-tance de lvnement. Jean Grmillon veut, au servi-ce dun grand moment de lHistoire nationale et mon-diale, privilgier le ralisme du quotidien comme lelyrisme de lpope.La foule sera le personnage central, dont merge-ront des visages, des personnages qui ont t re-censs partir des entretiens. Ceux-ci retourneront la multitude ds que leur rle dans les vnementssera termin. En raison de cette problmatique, lesdlibrations du gouvernement de Versailles commecelles de celui de la Commune seront filmes dansle style des actualits, quil avait dj demand, lan-ne prcdente, son oprateur Louis Page pourLe ciel est vous. Et la forme prvue, qui sera cel-le de lpope privilgiant la foule douvriers, de pay-sans et non celle de la fiction donnant la part belle lintrigue deux ou trois personnages, pouse bien,comme le contenu, une tendance rvolutionnaire enaffirmant lopposition entre le rcit classique du filmdominant et le montage du film documentaire.Jean Grmillon souhaite, dans son film, susciter lenthousiasme, forger lnergie et stimuler lengage-ment. Si, dans son travail de recherche, il sappuie

    sur les uvres de Lepelletier et de Lissagaray,

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  • Lhistoire est quelque chose qui na paseu lieu, raconte par quelquun quintait pas l. Boris Souvarine.La quinzaine du cinma sur la Commune

    que nous avions annonce na malheureusement paspu avoir lieu. Il faut croire que, dune manire ou duneautre, si par ailleurs ce sujet nen a pas fini de dran-ger, il semble aussi souffrir de difficults dexpres-sion, mme quand il sagit de circuit commercial.Un certain nombre de ralisateurs nous avaient donnleur accord pour participer cette quinzaine, notam-ment Ren Lombaerts : Le temps des cerises, laCommune et les livres, 1971; Jean-Claude Tertrais :La Commune de Paris de 1871 : luvre lgislative etlinfluence doctrinale, 1986 ; Peter Watkins et lAsso-ciation Rebond : La Commune , Paris 1871, 1999 ;Medhi Lallaoui : La Commune de Paris, 2004.Ce non-vnement nous rappelle que la Commune asouvent t un sujet difficile porter lcran, dans lepass comme dans le prsent. Souvenons-nous quedu premier long mtrage ralis sur cet pisode rvo-lutionnaire dans lHistoire de France - en 1913, et pro-duit par Le cinma du peuple - par Armando Guerra,Commune, il ne reste que quelques fragments retro-

    uvs il y a une dizaine dannes seulement. Que JeanGrmillon, en 1944-1945, Armand Gatti et Marcel Blu-wal, en 1986, nont jamais pu raliser leurs projets defilms - ils nont pas t les seuls -. Et que le Forum desImages - qui possde lun des fonds les plus riches surla question -... est ferm pour travaux jusquen 2007.Ceci tant, il vous est toujours possible daller (re)voirquelques autres films, o vous trouverez des tracesmusicales de la Commune de Paris. Citons en particu-lier les squences finales de Casque dOr (JacquesBecker, 1952) et Le juge et lassassin (Bertrand Ta-vernier, 1975) ; dans le premier film, cest Le tempsdes cerises de Jean-Baptiste Clment qui accompa-gne le regard de Casque dor assistant lexcution deManda. Dans le second, La Commune en lutte deJean-Roger Caussimon est reprise en chur par lesouvriers dune fabrique de lArdche.Que cela ne vous empche pas de vous procurer, pour10 euros seulement (voire moins chez certains dis-counters), chez les meilleurs disquaires, le DVD sortichez Bach Films en Octobre 2005, de ltonnant filmsovitique ralis en 1929 par Grigori Kozintsev etLeonid Trauberg, et qui voque la Commune : La nou-velle Babylone. Maryse Bzagu

    histoire - Dossier cinma

    il noublie pas de consulter luvre de Marx La guerre civile en France. Durant cette priode,

    Jean Grmillon se rapproche du parti communistedont il filmera le dixime Congrs en 1945. Lessentielpour lui est de montrer que les ralisations politiquesde la Commune, mises sous le boisseau, peuvent ser-vir dexemple au lendemain de la Libration. Il est denotre rle, voire de notre devoir, de montrer que les le-ons de 1871 sont encore dactualit en 2006. Leprogramme et laction des Communards est toujourset plus que jamais lordre du jour.

    Armand Paillet

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    Le film sur la Commune de Jean Grmillon... (suite)

    Des souvenirs et des regrets aussi...

    Madeleine Renaud, L.-E. Galey, Jean Grmillon, Raoul Ploquinet laviateur Codos la premire du Ciel est vous Paris.

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  • A COMMUNEDE PARIS-1871

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    DE LA COLLECTION DU FORUM DES IMAGES*La Commune de Paris-1871, ses morts et ses mar-tyrs, ses ambitions et son bilan, ne furent gure dessujets dtudes dans les coles et les collges du si-cle prcdent. Pass les oublis volontaires et les tatsdme rcurrents concernant lassassinat de plus de25 000 Communards par nos propres militaires, lacomplexit des vnements de 1871 doit cder le pas une vritable comprhension des faits. Et les histo-riens contemporains nous doivent, encore aujourdhui,bien des relectures et des explications pour, suivant lemot dAndr Malraux, trans-former la confusion en intel-ligibilit.Le mme Malraux, admira-teur dun cinma sovitiqueayant consacr plusieursfilms sur la Commune, vou-lait dans les annes soixan-te produire sur ce sujet ungrand film franais bas surune analyse historique,cest--dire ralis dans desconditions dobjectivit opti-male et dgag des idolo-gies. Faute davoir t misen chantier, nous sommestoujours dans cet espoirmais vous pouvez, en atten-dant, visionner les films etles courts mtragesconcernant ces vne-ments au Forum des Ima-ges de la Ville de Paris. Ou plutt, vous le pourrez dsque les travaux de modernisation en cours seront ter-mins. Voil ci-aprs, les vingt-quatre titres disponi-bles et le nom de leurs auteurs : La Commune deParis ( 1re et 2e parties) de Peter Watkins La liber-t sans rivage de Sophie Labonne Mmoire Com-mune de Patrick Poidevin Jaroslaw Dabrowski**de Bohdan Poreba Une journe au Luxembourg de

    Jean Baronnet A lassaut du ciel de Jean Pere Un solo funbre de Jacques Cogniaux Le tempsdes cerises de Robert Lombaerts Louis Rossel etle Commune de Serge Moati Les Aubes de Parisde Grigori Rochal Si on avait su de Stanislas Choko Le voile carlate de Paris de Marlen Khoutsiev La nouvelle Babylone de Kozintsev et Trauberg Commune de Paris de Robert Menegoz Le festinde Babette de Gabriel Axel Lnine Paris de Serguei Youtkevitch La pipe du Communard de C. Mardjanov Le destin de Rossel de Jean Prat

    La Troisime Rpubliquede Daniel Lander La Se-maine Sanglante de Jol Farges La Commune de1871 de Olivier Ricard La Semaine Sanglante deJean-Pierre Gallo Paris autemps des cerises de Des-villes et Darribehaude La Commune, Louise Mi-chel et nous de MichleGard La Commune de Paris 1871 de Jean-ClaudeTertrais.Pour obtenir des renseigne-ments sur ces films et la date de rouverture des sal-les de visionnage vous pou-vez vous adresser au Forumdes Images la Porte Saint-Eustache du Forum des Halles, 75001 Paris.

    Mtro : Les Halles. Tlphone 01 44 76 62 00.

    Claude Chanaud

    * Le premier film consacr la Commune de Paris,Commune, fut ralis en 1913 par Armand Guerra.le plus rcent, La Commune de Paris a t ralis par Mehdi Lalloui en 2004.

    ** Il sagit du gnral Dombrowski.

    Les films sur la Commune de Paris...,

    LE MME MALRAUX,

    ADMIRATEUR

    DUN CINMA SOVITIQUE

    AYANT CONSACR

    PLUSIEURS FILMS

    SUR LA COMMUNE,

    VOULAIT DANS LES ANNES

    SOIXANTE PRODUIRE

    SUR CE SUJET

    UN GRAND FILM FRANAIS

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  • histoireSi la premire partie de lexistence de Napo-

    lon La Ccilia est riche en prouessesguerrires, partir de son mariage avecMarie David, il est impossible de traiter

    sparment la vie de ces deux tres puisquils ont particip aux mmes vnements tragiques et parta-g le mme idal.Napolon La Ccilia est un homme de la trempe deces hros chevaleresques qui, au cours du XIXe sicle,ne craignirent pas daffronter tous les prils pour d-fendre la libert partout o elle tait menace. Parmices combattants pour la bonnecause, on peut citer Flourens,Garibaldi, Dombrovski, Wro-blewski, Cipriani, La Calle, etc.La Ccilia Napolon, Franois,Paul, Thomas est n Tours, le13 septembre 1835. Il est denationalit franaise. Le pre,Giovanni, historien, est dorigineitalienne, sa mre est Corse. Il fait ses tudes au collge dAjaccio puis Paris. Mathma-ticien et philologue, ses connais-sances en langues anciennes et modernes sont remarqua-bles. Franc-maon il aurait ap-partenu lInternationale daprs Lepelletier.Il refuse de servir le Second Em-pire, et participe en 1860 lex-pdition des mille sous les or-dres de Garibaldi. Il se distingue Marsala et Palerme. Ardent rpublicain, il naccep-te pas dtre maintenu dans son grade de colonel delarme royale italienne. Il enseignera pendant quelquetemps, les mathmatiques Ulm, en Allemagne.Il dcie de se rendre Paris la fin du Second Empire.Il collabore au journal rpublicain Le Rappel. Il y faitla connaissance du journaliste Edgar Monteil qui de-viendra son ami et quil retrouvera lpoque de la

    Commune. Aprs le 4 septembre 1870, il sengagedans le premier bataillon des Francs-tireurs de Paris. Ilest nomm sous-lieutenant puis lieutenant et capitaineaprs le combat de Milly-sur-Oise (Milly-sur-Thrain).Son bataillon sillustre Barneville, Chteaudin, Varizeet Alenon.La Ccilia est nomm commandant aprs la bataille deNogent-le-Rotrou et lieutenant-colonel pour son h-roque contribution la victoire de Coulmiers (Loiret).En Janvier 1871, il accde au grade de colonel.Malgr cette activit dbordante, Napolon La Ccilia

    a d prendre le temps de semarier avec Marie David.Cette jeune institutrice avaitt remarque par Louise Mi-chel qui avait not sa prsen-ce lcole professionnelledu bon M. Francolin, rue The-venot, la fin du rgne deNapolon III. Louise Michelexplique les raisons de la par-ticipation de la jeune fille :Les cours avaient lieu lesoir. Celles dentre nous quien faisaient partie pouvaientainsi se rendre rue Thevenotaprs la classe, nous tionspresque toutes institutrices Marie David assistait aux runions du cercle de la rueNollet, prsid par Andr Loo lon discutait de la libra-tion de la femme et du sou-

    tien lcole laque. Andr Lo voulait crer une colelaque de filles qui devait ouvrir Paris le 1er octobre1870. Marie David figurait parmi les enseignants s-lectionns pour cette cole. La dclaration de la guer-re la Prusse mit fin ce projet.Marie David fut aussi secrtaire de la Socit pour larevendication du droit des femmes, dont Elie Reclusrdigea une partie du programme. Cette association

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    Napolon et Marie La Ccilia

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  • A COMMUNEDE PARIS-1871

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    avait t cre par Lon Richer et Maria Deraisme.Simultanment fut fond le 18 avril 1869 le journal Le Droit des Femmes avec la mme direction.Le 15 mars 1871, La Ccilia adhre au Comit centralde la Garde nationale fdre, et la Commune lue, il devient colonel, chef dtat-major du gnral Eudes.Le 24 avril 1871, il est nomm gnral commandantla place de Paris. Son tat-major est situ place Ven-dme, puis lEcole militaire. Il prend pour officierdordonnance son ami du Rappel, Edgar Monteil. Cedernier, dans son livre de souvenirs, nous fait le por-trait du gnral : Ctait un homme de petite taille,maigre, la marche rapide, nerveux, son visage taitcreux, marqu de petite vrole, la lvre fine et serre,pas de barbe, une petite moustache, trs myope, por-tant des lunettes aux verres pais.Edgar Monteil, sans raisons valables, attribue la fem-me de La Ccilia les changements de caractre deson mari qui autrefois nergique serait devenu indciset mou. Ce ne sont que pures divagations, Rossel, quisait apprcier les officiers comptents, confie La Ccilia le commandement de larme du centre dela Commune (entre la Seine et la rive gauche de la Bivre). Ds le 1er mai 1871, il dirige fermement lesoprations destines dgager les abords du fort dIssy. Il lutte jusqu la dernire heure avec uncourage remarquable comme le constate mme unrapport de police.Pendant la Semaine Sanglante, Marie La Ccilia accou-che prmaturment dune petite fille qui meurt deuxjours aprs sa naissance. Cette perte cruelle sajoute lhorreur de la situation. Aprs la dfaite, le gnralLa Ccilia est en fuite. Comme il la cont Victor Hugo, il a t sauv par une femme qui le connaissait peine. Une femme qui la cach chez elle ; lors duneperquisition vers quatre heures du matin, elle la couvert ddredons et de vtements ; les hommes dela patrouille fouillent la pice et ngligent le lit o La Ccilia est dissimul sous les couvertures*.Marie La Ccilia peut gagner la Belgique. Son mari lyrejoint et ils parviennent se diriger vers le Luxem-

    bourg. Le 20 juillet 1871, ils arrivent Vianden o sjournent Victor Hugo et sa famille expulss de Belgique. Le grand pote relate son entretien avec lecouple : Le bourgmestre (de Vianden) entre dans lejardin o est notre table et me dit : Je vous prsentedeux compatriotes. Il me les nomme. Ils arrivent de Paris. Ils y taient il y a cinq jours. Lun sappelleMonsieur Lacombe. Monsieur et Madame Meuricesemblent le connatre. Je les ai fait asseoir. Le bourg-mestre sen va. Alors, M. Lacombe me dit : Je suis le gnral La Ccilia.La Ccilia est venu exprs Vianden pour justifier saconduite lors de lexcution dun espion versaillais quintait pas un enfant comme la presse ractionnaire lesoutenait. Victor Hugo, dans Lanne terrible, avaitcrit Johannard est cruel et Srizier infme.Il faut rtablir les faits dans leur stricte ralit. Le 18mai 1871, aux Hautes Bruyres, un jeune homme, par-faitement conscient de ses actes, fut arrt par les F-drs pour avoir fourni aux Versaillais le plan des posi-tions des Communards et avoir reu 20 francs enrcompense de sa trahison. Il fut condamn mortpar un Conseil de guerre constitu du gnral La Cci-lia, commandant de corps darme, de Johannard, d-lgu de la Commune et de tous les chefs de bataillondu secteur.Lissagaray commente ainsi lvnement : Ce faitodieusement travesti a fourni Victor Hugo, trs malrenseign sur toute cette guerre civile, un vers deLanne terrible aussi injuste pour La Ccilia et Jo-hannard que pour lun des fusills de Satory, Srizier.Victor Hugo, convaincu par largumentation de La Cci-lia donne son apprciation sur son visiteur : Cest unhomme distingu, de figure trs douce. Il est brave.La Ccilia et sa femme russirent passer en Allema-gne ou lex-gnral sera un des fondateurs de lcolefranaise destine aux enfants de rfugis. Il seracharg de cours et membre du Conseil dadministra-tion. Il enseigne galement la Royal Navy Schoolde New Cross. Son rudition et sa connaissance denombreuses langues anciennes et modernes justifient

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  • histoiresa qualit de membre de la Philosogical So-

    ciety of England. Il nappartient aucuneformation politique mais a des affinitsavec les Blanquistes.

    Il collabore aux journaux de Vermesch et quand il apprend lexcution de Rossel et de Ferr, il crit dansle Qui vive - Londres, 29 novembre 1871, un articlelgiaque intitul Les Martyrs : (...) Ils ont os ! Rossel et Ferr ne sont plus.Rossel, lardent patriote,le fier soldat, le plus intelligent, le plus capable. Ferr,lhomme la volont indomptable, l'incarnation desides rvolutionnaires de la Commune ! (...).Les soucis occasionns par ladministration de lcoledes enfants de rfugis, les conflits personnels et leshoraires puisants de sa vie professionnelle ruinent sasant. Il doit, en effet, quitter son foyer six heures dumatin pour enseigner au collge naval, et il rentre sixheures du soir pour donner encore des cours aux en-fants de rfugis. Ses forces spuisent, ses poumonssont fragiles et le climat de lAngleterre ne lui convientpas. Le 23 octobre 1872, Napolon La Ccilia a tcondamn par contumace par le 17e Conseil de guerre la dportation en enceinte fortifie.Un garon nat en 1876 (selon le dictionnaire biogra-phique du mouvement ouvrier). On retiendra plutt ladate du 7 juillet 1872 (daprs lhistorien anglais Stan-ley Hutchins). Lenfant a pour prnoms, Vindex, Chteaudin, en hommage son pre qui fut un hrosde la rsistance aux Prussiens Chteaudin.Au dbut de 1877, Napolon La Ccilia, trs malade,a d abandonner ladministration de lcole des en-fants de proscrits et il dcide de quitter lAngleterrepour lEgypte o il espre trouver un climat plus favo-rable sa sant. Mais il est dj trop tard et le postedenseignement prvu est trs mal rtribu, ne lui per-mettant pas de se soigner convenablement. Il meurtde phtisie pulmonaire Ramleh prs dAlexandrie, le25 novembre 1878. Il avait seulement 43 ans. Sonpre, lhistorien, steindra Naples en Janvier 1880.Sa femme accable par sa disparition est dans uneprofonde misre. Elle a les plus grandes difficults

    pour payer son retour en France et celui de son fils. Arrive Paris, Marie se souvient du bon accueil reu Vianden et elle fait part de sa triste situation VictorHugo. Juliette Drouet, qui classe le courrier du pote,crit son Totor une note de rappel : Paris, 10dcembre 78, mardi matin (...). Je te fais souvenir aus-si que tu as cent francs destins venir en aide Ma-dame La Ccilia. Ce mmento se rencontre aujourdhuimme avec une lettre de Madame La Ccilia trs cir-constancie et trs touchante toi adresse. Tu ferasbien daviser le plus tt possible du meilleur parti prendre dans lintrt de cette pauvre femme et don-ner un accus de rception. (...). Juliette insiste surlurgence de lintervention de son pote vnr. Ellesadresse lhomme gnreux qui, a lintention den-voyer cette malheureuse veuve, en mme tempsquun secours, une marque de sympathie politique.Vacquerie et Meurice pourront sentendre demain avectoi sur ce sujet (...).. (...).Marie La Ccilia fera lobjet dune constante surveillan-ce policire. Un rapport numre ses diffrentesadresses ; elle en change souvent pour brouiller lespistes. Elle est prsente comme une femme trsconvenable, efface, ne portant pas dinsigne, mmependant la Commune. Marie la discrte accomplit son travail de propagande sans tapage, mais avec effi-cacit. Le 5 mars 1879, Lockroy organise une sous-cription en sa faveur sous la prsidence de Clemen-ceau. Dans le dossier de police la concernant, il existeune curieuse copie dune lettre date du 18 novembre1879 envoye par Marie une certaine Louise (est-ceLouise Michel ?) : elle sindigne dune humiliation quellevient de subir. Elle refuse un poste denseignante au-quel elle a droit mais octroy condition de renier sonpass. Des amis socialistes, scandaliss par une telleproposition rdigent une lettre de protestation qui serapublie dans le Proltaire, journal de Paul Brousse.Dans la mme lettre, elle donne des nouvelles de sonfils. Il a grandi et cest le portait de son pre dont il alintelligence, la droiture et le courage. Cet enfant esttoute sa raison de vivre. Sans lui, elle souhaiterait

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    Napolon et Marie La Ccilia (suite)

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  • A COMMUNEDE PARIS-1871

    rejoindre ceux qui sont morts pour la libert. La presseractionnaire ne peut admettre quune Communardepuisse retrouver son emploi dinstitutrice ; dans leGaulois du 25 aot 1880, lchotier estime quellenest pas plaindre : Elle va prendre la direction dunecole de filles rue du Perche (IIIe arrondissement).Mais pourra-t-elle sy maintenir ?. Elle poursuit son ac-tivit militante. En Aot 1880, une runion des anciensproscrits de Londres se tient son domicile, 37, ruedes Noyers dans le cinquime arrondissement de Pa-ris. Le 19 mars 1881, dans la salle de La Fraternit,156, rue Saint-Denis, au cours dun banquet de lanni-versaire de la Commune, Marie La Ccilia prend la pa-role pour rappeler luvre de la Rvolution du 18 mars

    en faveur de lmancipation des femmes. En 1882, elle obtient un poste denseignante grce aux bons of-fices de Lefvre Ronner, ancien sous-chef dtat-majorau Ministre de la Guerre et juge supplant la Courmartiale de la Commune. Pendant des annes, MarieLa Ccilia vivra modestement de son traitement dinsti-tutrice tout en assurant lducation de son fils. Elleconserve, aussi ardente, sa foi en la dfense de lcolelaque et la revendication des droits de la femme.

    Marcel Cerf

    * Hugo Victor. Choses vues, tome III, p. 297. Edit.Rencontre. 1968.

    Lorsque lon recherche dans divers livres les traces dupass, on trouve souvent des typos, des ouvriers duLivre dans les combats qui ont maill la vie de la clas-se ouvrire pour obtenirdes rponses satisfai-santes des revendica-tions, mais aussi pour lalibert de sassocier, decrer des syndicatspour lamlioration duniveau de vie, contre lesbrimades de toutes sor-tes qui avaient cours et pour une certaine ide de ladmocratie. Sous la Commune, le bureau de la Cham-bre syndicale typographique parisienne se cantonnadans des tches essentiellement mutualistes, cela jus-quen 1876 puisque les vainqueurs avaient proclamltat de sige. Mais, ds la proclamation de la Rpu-blique, un typographe nomm Brun, qui avait dj tcondamn en Juin 1848, prit linitiative de former uncorps de volontaires et, en peu de jours, mille deuxcents engagements furent reus dont cinq cents typos, dautres senrlrent dans les francs-tireurs de

    la Presse mais, en Juillet 1871, on constata que bienpeu taient encore en vie. Quelle hcatombe !Jean Allemane, qui jouat un rle important durant la

    Commune, fit partie desmille trois cent cinquantequatre ouvriers des Indus-tries graphiques qui furentarrts. Il fut dport enNouvelle-Caldonie, tantcondamn perptuit.Aprs lamnistie de 1880, ilrevint et milita dans le mou-

    vement socialiste de lpoque et fonda, en 1890, leParti socialiste ouvrier rvolutionnaire. Dput de Pa-ris de 1906 1910, il fit partie de la majorit commu-niste au Congrs de Tours. N en 1843, il mourut en1935. Cet exemple confirme que les gens de la profession furent souvent lavant-garde dans les lut-tes pour le progrs social et la libert.

    Roger BodinAncien secrtaire de la Chambre syndicale

    typographique parisienne

    Les typos en 1871...

    11115555MILLE TROIS CENT

    CINQUANTE QUATRE

    OUVRIERS DES INDUSTRIES

    GRAPHIQUES FURENT ARRTS.

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  • histoireAu Panthon des inconnus, Eugne Pottier

    devrait figurer en bonne place. Une tombemodeste rige en 1905 grce unesouscription nationale rappelle les mrites

    de lauteur de Linsurg, Jean Misre, La toile daraigne, Ce que dit le pain, La mort dun globe,LInternationale, avec trois dates : 1816, 1870,1887. Dabord ouvrier emballeur, il taquine la muse et fr-quente les goguettes o, le soir en quittant ltabli,jallais roucouler mes essais, il place ses premiresbluettes sous le patronage de Branger, clbre chan-sonnier, on dirait de nos jours, auteur-compositeur-interprte de lpoque. Il versifie en dilettante, por-tant un regard critique sur ses pices : il dit dune deses premires chansons quelle est assez correcte,poncive, au demeurant mauvaise (...) suivie ,dune ribambelle dautres, aussi mauvaises.Sa vie professionnelle est une russite: il devient des-sinateur sur tissus, sinstalle son propre compteavec un succs certain, liminant la concurrence dunemanire peu banale : Je mtais attir la maldictionde tous mes confrres en poussant leurs employs,exploits, former une chambre syndicale. Conviction politique ou opportunisme commercial ?A la veille de la Commune, on le retrouve install, mari avec deux enfants, bedonnant, notable fire-ment portraitur par Nadar, affichant, selon le motdun contemporain des ides sociales, dun rouge deplus en plus ple. 1871. A cinquante-cinq ans, il aban-donne tout, mtier, famille, tranquillit de bon aloi, etdevient maire du IIe arrondissement : Le peuple sentquil est trahi/Cest trop aboyer la lune/LHtel-de-Ville est envahi/Paris, proclame ta Commune !Il chappe la Semaine Sanglante, pendant laquelle ilaurait crit LInternationale, cach Paris, fuit enBelgique, puis en Angleterre, enfin aux Etats-Unis, o ilentre en Franc-Maonnerie. Il revient en France, aprslamnistie de 1880, malade, ruin. Il se consacre uni-quement la posie ; il publie avec laide de ses amiscommunards les Chants rvolutionnaires en 1887,

    quelques mois avant sadisparition. Ses ob-sques, suivies par desmilliers de personnes fu-rent loccasion dchauf-foures, la police ayantmaladroitement tent de saisir les drapeaux rougesports par les participants. Pour Pottier, et cest l sagrande originalit, le discours politique sexprime enposie : il crit presque uniquement en priode de cri-se politique, 1842, 1852 (il garde une dent acrecontre le coup dEtat de Louis-Napolon), et bien sr1870. A son retour dexil, il crit abondamment pourdnoncer la misre du proltariat : On ne connat bienla misre/Quen la combattant corps--corps/Ceux quinont pas le ncessaire/Souffrent mille morts.Il critique, toujours en vers, les scrupules de la Com-mune qui, trop vertueuse, se refusa prendre dansles coffres de la Banque de France : Ton erreur futgrande/Tu ne pris pas la Banque. Son arme favoriteest lironie, elle est froce comme en tmoigne cettePtition des piciers la Constituante de 1848 :Complotant de grands entrepts/Les masses ga-res/Se cotisent pour faire en gros/Achat de leursdenres/Si lon doit nous ruiner/Autant nous guillotiner(refrain) Protger la boutique/Comme lont fait tousvos devanciers/Et que la Rpublique/Profite aux piciers. Et ce petit bijou : Crois-tu, quand la Commune a troula masure,/Reboucher la crevasse avec un septen-nat ?. LInternationale sera mise en musique parPierre Degeyter en 1888. Pottier nentendra donc jamais chanter cet hymne du proltariat. Son nom seffacera mme de la mmoire collective, sa chansonsera souvent attribue Degeyter ou Jean-BaptisteClment. Cest peut-tre en cela que Pottier est un au-thentique crivain populaire : on se souvient dune u-vre dont lauteur est oubli. ...Tout a nempche pas,Nicolas/Qula Commune nest pas morte....

    Claude Chaix

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    HEugne Pottier, au panthon des inconnus...

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  • A COMMUNEDE PARIS-1871

    Il est des livres lendroit desquels on ne sait pastrop quelle attitude adopter : doit-on - marque de

    mpris souverain - jeter sur leur existence un voilepudique ou doit-on en parler au risque de leur faire unepublicit aussi gratuite quimmrite ? La question nese pose quun bref instant concernant louvrage quacommis Franois-Christian Semur(1). Car lorsquonverse dans le rvisionnisme comme ce monsieur secomplat le faire, le devoir - celui de vrit et de justi-ce - est de rpliquer.Les procds quusent ces gens pour dshonorer laCommune sont immuables et mdiocres, mais poursimplistes et culs quils soient, ils nen demeurentpas moins immondes. Comme laccoutume, il sagitde prsenter les Communards comme dodieux crimi-nels et de vils incendiaires. Ce Mac-Mahon ou la gloireconfisque nchappe pas la rgle. Aprs avoirdress la liste des difies publics auxquels les Com-munards ont mis le feu, F.-C. Semur nous narre avecminutie lexcution des otages dtenus la prison dela Roquette. Et il conclut (p.323) : Toutes ces person-nes avaient t incarcres et maintenues en otages,comme monnaie dchange parce quelles ne parta-geaient pas les mmes ides que les Communards,leurs geliers. Est-il besoin de rappeler MonsieurSemur le sort qui fut rserv aux hommes et aux fem-mes qui ne partageaient pas les mmes ides queThiers et sa camarilla ? gageons que cest desseinquil passe sous silence les massacres perptrs parles troupes versaillaises et poursuivons le rquisitoirecar limpudence de ce monsieur ne se limite pas cette phase inique. Je suis littralement tomb desnues la lecture des deux pages suivantes ; une nou-velle section consacre la relation de la SemaineSanglante dbute, en effet, par lintertitre : Une victoi-re la Pyrrhus... et se clt sur cette obscnit : Lor-dre tait enfin rtabli dans Paris. Certes le sang avaittrop coul de part et dautre. Je dois avouer que je negote que trs modrment une certaine faon de fai-re lhistoire qui consiste se lancer des chiffres au vi-sage. Les morts et les outrances ne sont pas rducti-

    bles une simple numration de donnes statis-tiques. Mais lorsque les faits sont travestis et la ralithistorique dnature - comme cest ici le cas - il ne doitpas y avoir la moindre hsitation y recourir. Ainsi,dans la mesure o le nombre de tus slve 877 duct versaillais(2) et quelques 20 000 dans le campparisien(3), comment F.-C. Semur ose-t-il crire que lesang avait trop coul de part et dautre ? Et puisqueles combats nont jamais t quilibrs, tant la sup-riorit numrique et organisationnelle de larme deVersailles tait crasante, comment peut-il parler devictoire la Pyrrhus ? Cest pour moi un mystre qui,loin de slucider, spaissit quelques lignes plus loin.Car Monsieur Semur a dcid de porter le coup degrce au lecteur en intitulant la dernire section de sonchapitre : Lhumanisme du marchal de Mac-Mahon(p. 326). Le duc de Magenta y et dpeint comme unhomme profondment clment, loyal et magnanime,qualits quil aurait particulirement manifestes pen-dant la Guerre civile. Que, dans lexercice de la rpression, Mac-Mahon aitt moins inhumain que Vinoy, moins barbare que Cissey et moins sanguinaire que Gallifet est un fait pa-tent et irrfragable. Mais de l faire du marchal unparengon dhumanisme, il y a un pas - un abme, mesyeux - quil faut se garder de franchir. A moins que Fran-ois-Christian Semur et moi nentendions pas lhumanis-me de la mme manire. Je crains malheureusementque ce ne soit pas la seule chose qui nous oppose...

    Maxime Joudan

    (1) Franois-Christian Semur, Mac-Mahon ou la gloireconfisque. Paris. Jean-Claude Gawsewitch Editeur. 490p. Cest le chapitre XIX du livre, La Commune de Paris,pp 316-330, qui est ici incrimin. Je dois reconnatre queje nai pas trouv le courage de lire le reste de louvrage.

    (2) Les autorits versaillaises ont dclar 877 tus et 6 454blesss pour toute la dure des oprations militaires (2 avril-28 mai 1871).

    (3) :Chiffre communment admis par les historiens pourestimer le nombre des victimes parisienne de la Semainesanglante (21 mai-28 mai 1871).

    umeurHLes Mac-Mahonneries de Monsieur Semur...

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    LA COMMUNE N 27 23/01/06 9:30 Page 16

  • h4

    A

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    Racaille. nf.Ensemble dindividus mprisables.

    Les habitants des cits populaires viventdans linscurit. Les services publics sont absents ousupprims. Lhabitat se dgrade. La police de proximi-t nexiste quasiment plus. La vie associative ?Les jeunes gens, au sein deces villes ghettos sont les pre-mires victimes de la prcaritsubie par le peuple avec untaux de chmage lev. Ils sonten plus, en butte aux harcle-ments des policiers : contrles,fouilles, plusieurs fois de suite,tutoiement voire coups de tata-nes (vu la tl)...La mort tragique de deux ado-lescents Clichy-sous-Bois, le27 octobre, et les dclarations de Nicolas Sarkozy Argenteuil ont dclench de violentes meutes.Dabord la priphrie de Paris, puis dans plusieursvilles de province.Un climat de peur a t distill par les mdias au fur et mesure des vnements. La presse de cette fin dan-ne 2005 nous a gratifi du florilge des propos du Ministre de lIntrieur, omniprsent sur le petit cran :Les voyous vont disparatre... On va nettoyer au kar-cher... On va envoyer des quipes spcialises etventuellement, sil le faut, des C.R.S. (20 juin 2004,La Courneuve). On va vous dbarrasser de cette racaille, a lanc Nicolas Sarkozy le 25 octobre

    dernier, aux habitants du quartier de la Grande-Dalle(Argenteuil). Dsormais, ce sera pour les violencesurbaines, comme pour la dlinquance gnrale, la tol-rance zro (30 octobre, J.T. de 20 heures sur TF1).A ladresse de Nicolas Sarkosy, en visite sur lesChamps-Elyses, crant quelques bousculades, le 12

    novembre, des jeunes ontscand Libert, Egalit, Fraternit, mais pas dans lescits.Durant linsurrection de laCommune en 1871, les Versaillais et Adolphe Thiersdnonaient la lie de la terreque reprsentaient les rebel-les, qualifis de canaille. Enrponse, les Communards reprenaient une clbre chan-

    son de 1865, crite par Alexis Bouviers et mise en musique par Joseph Darcier :

    Cest lhomme la face terreuseAu corps maigre, lil de hibou,Au bras de fer, main nerveuse,Qui sort don ne sait o,Toujours avec lesprit vous railleSe riant de votre mpris.Cest la canaille, eh bien jen suis !*

    Jacqueline Hog* Extraits de louvrage dAlain Gresh LIslam, la Rpublique

    et le monde. Ed. Fayard.

    umeurHRacaille !

    UN CLIMAT DE PEUR

    A T DISTILL

    PAR LES MDIAS

    AU FUR ET MESURE

    DES VNEMENTS.

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  • A COMMUNEDE PARIS-1871hctualit

    Dans La Raison numro 506 de Dcembre2005, un article intitul La sparation est duplus grand intrt puisquil concerne les extraits

    des dbats parlementaires passionns qui ont pr-cd le vote de la Loi du 9 dcembre 1905(1).Le 11 juin 1903, avait t constitue une commissionparlementaire pour ltude des projets de loi sur la s-paration des Eglises et de lEtat. Cette commissiontait prside par Ferdinand Buisson, radical-socialis-te, inspecteur gnral de lInstruction publique et ardent dfenseur de la Lacit.Le 4 mars 1905, Aristide Briand, rapporteur des travaux de la commission, dposa sur le bureau de laChambre des Dputs un pais rapport et, le 21 mars1905, commencrent les dbats.Au cours des mois de dlibrations, Aristide Briand vase rvler comme un des plus brillants orateurs dela Troisime Rpublique, mais les autres leaders de laGauche, Jaurs, Millerand, Viviani, Vaillant sont aussidloquents pourfendeurs des arguments de la Droiteclricale.Mais, au sein mme de la mouvance socialiste, il exis-te des divergences. Cest ainsi que le contre-projet deMaurice Allard, socialiste de tendance blanquiste, vatre dmoli par Aristide Briand, socialiste indpendant(il na pas encore tourn casaque...).La riposte est vive et pertinente. M. Allard a le dsirtrs vif que lEglise, que la religion elle-mme dispa-raisse. Seulement, au lieu de compter pour atteindrece but sur le seul effort de la propagande, sur la seulepuissance de la raison et de la vrit, M. Allard danssa hte den finir avec la religion, se tourne vers lEtatet lappelle au secours de la Libre Pense... (...). Cela,ce nest pas la conception de la Libre Pense, dumoins telle que je la comprends. (10 avril 1905).Le contre-projet Allard est repouss par 494 voix con-tre 68 ; ont vot pour, les Guesdistes, les Blanquistes,treize membres du Parti socialiste franais de Jaurs,une trentaine de radicaux-socialistes. Cette rpartitiondes voix est intressante du fait quelle intervientquelques jours avant lunification du Parti socialiste les

    23 et 25 avril 1905 dans la salle du Globe Paris.Lors de la discussion de larticle 4 du projet de loi le21 avril 1905, Jaurs, dans une de ses magnifiquesenvoles qui le caractrisent, exalte le gnie de lHis-toire de notre pays : La France est rvolutionnaire.Le Catharisme, la Rforme sont voqus comme lestapes du rveil des consciences individuelles. Il glori-fie Rabelais qui, devanant le plein ciel de Hugo, annonait lHumanit ira loger un jour lenseigne destoiles.Il termine ainsi son discours : Voil pourquoi luvreque la commission nous soumet, uvre de libert,uvre de loyaut, uvre hardie dans son fond, maisqui ne cache aucun pige, qui ne dissimule aucune arrire-pense, est conforme au vritable gnie de laFrance rpublicaine.Ces joutes oratoires ont pris une dimension humainedans lexcellent documentaire La sparation prsen-t par Arte dans la soire du 4 dcembre 2005. Cetteralisation tourne dans lhmicycle du Palais Bourbonest signaler par son interprtation remarquable.Pour la dfense et la promotion de la Loi de 1905, lamanifestation organise par la Fdration nationale dela Libre Pense, le 10 dcembre 2005, place de la Rpublique, a t une russite incontestable.

    M.C.

    (1) De nombreux extraits sont prsents et comments parNicolas Perron dans Dbats parlementaires relatifs laLoi de sparation in/1905. La Loi de sparation desEglises et de lEtat, sous la direction de Jean-MarcSchiappa, Institut de Recherches et dEtudes de la LibrePense. Editions Syllepse. Paris. 2005.

    ALa sparation des Eglises et de lEtat

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  • ASSEMBLE GNRALELassemble gnrale de notre Association sest d-roule le 19 novembre 2005 en prsence de cinquan-te-neuf adhrents.Les principales dcisions adoptes sont : Laugmentation pour lanne 2006 de la cotisation 33 euros (49 pour, 5 contre, 5 abstentions), en raisonsurtout dune baisse de nos principales activits an-nexes (expositions, confrences, etc.) et la fin de no-tre subvention emploi-jeune. Bien entendu, la cotisa-tion faibles ressources reste fixe 5 euros. Parailleurs, une souscription est lance pour financer

    lachat de notre nouveau local. Le toilettage de nos statuts qui, depuis 1962,avaient pris un coup de vieux. Prsents par FrancisVitel, les nouveaux statuts, collectivement prparspar un groupe de travail, sont adopts par 57 voix (2 abstentions). Sont mis en chantier des projets destatuts pour les Comits rgionaux. Nos thmes centraux sur lactualit de la Communepour 2006 seront La Commune et les trangers etLuvre sociale de la Commune, en liaison notam-ment avec les centenaires de la Charte dAmiens et dela cration du Ministre du Travail, et soixante-dixime

    Hie de lassociationIl nest pas rare dentendre parmi nos adh-

    rents, Je naime pas les chiffres !. Jedois vous lavouer, moi non plus ! Les finances, ce nest pas toujours drle, pas

    trs valorisant pour un militant, cest complexe. Mais,malgr cela, nous devons nous donner les moyens derpondre notre objectif principal : faire connatre lesidaux des combattants de la Commune et les mettreen vidence avec lactualit. Notre Association se ren-force et nos activits sont en progression, tant quanti-tativement que qualitativement.En 2004, nous avons assur le succs de lexposition lHtel-de-Ville de Paris. Pour la mener bien et obte-nir des subventions de la Mairie de Paris, nous devionsprouver notre crdibilit et la ncessit de prsenterdes comptes financiers quilibrs. Il en tait de mmelorsque nous avons dcid de nous agrandir en acqu-rant notre nouveau local, il a fallu prsenter des bilanscorrects sur trois ans pour obtenir un prt financierauprs de notre banque.Nous sommes tenus davoir, aujourdhui plus que jamais, une bonne image de gestionnaire pour mener bien nos diffrentes actions.OBJECTIFS DE LA COMMISSION FINANCESRflexion et mise en place des conomies possibles faire sur le fonctionnement de notre Association. Assu-

    rer le suivi des rentres de cotisation et relancer nosadhrents en retard. Tenter progressivement la miseen place de compte dexploitation trimestriel. Prparerlanalyse financire des comptes de fin danne pourllaboration du rapport financier donn lassemblegnrale de notre Association ainsi que le budget prvisionnel de lanne suivante. faire le bilan de findanne.Nos amies Rosa Raffort et Michle Mdard, trsori-res de notre Association en assurent la trsorerie etnotre ami Andr Lairis (aid de Sofia) la comptabilit etle bilan de fin danne.Il est vident que nous avons des difficults pour me-ner bien lensemble de ces objectifs. Mais, malgrun nombre de miltants malheureusement trop faible,nous y tendons et les finances sont saines.Nous formulons cependant un double appel. Venezrenforcer notre Commission pour que nous puissionsassurer le bon fonctionnement de notre Association.Pour ceux qui nont pas encore acquitt leur cotisa-tion, envoyez-la le plus rapidement possible !

    Pour la Commission financesPierre Korber

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    La Commission finances

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  • A COMMUNEDE PARIS-1871

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    anniversaire du Front Populaire. Llection du Conseil dadministration par 58 voix(1 abstention) de cinq nouveaux membres : Alice Be-

    lem, Thrse Gourmaud, Patrick Cavan, Jean-ClaudeLiebermann et Serge Portejoie.

    Claude Willard

    HOMMAGE GASTON CRMIEUXLe 26 novembre 2005, le Comit de Marseille desAmis de la Commune de Paris a organis un aprs-mi-di commmoratif en hommage Gaston Crmieux.Une confrence, sous la prsidence de M. ChristianPellicani, Conseiller communautaire, a t assure parM. Michel Barbe, de la Fdration des Libres Penseurs. Notre Ami Gilbert Bertolini a retrac dans un bref historique le droulement de la Commune de Marseille, rappelant son aspect politique et conomique.Lassistance nombreuse participa ensuite au dbat aucours duquel proposition fut faite de dbaptiser le

    lyce Thiers pour lui donner le nom de lyce GastonCrmieux.Une reprsentation concernant la vie et les activits rvolutionnaires de Louise Michel fut ensuite proposepar Mme Gisle Martinez dans les salons dhonneur duConseil rgional. Une manifestation est prvue le 18 mars 2006, boulevard Gaston Crmieux, avec inauguration dune plaque commmorative sa mmoire. Nos remerciements sadressent tous leslus, particulirement M. Michel Vauzelle, Prsidentde la Rgion, dont la collaboration assura cette manifestation un indniable succs.

    Le Comit de Marseille des Amis de la Commune

    SOIRE EN HOMMAGE LOUISE MICHELLe 27 octobre dernier, une centaine dauditeurs ont as-sist, salle des ftes de la mairie du XIe arrondisse-ment de Paris, une confrence donne par ClaudeWillard sur la vie de Louise Michel. Un rcit passion-nant qui, visiblement, captiva lauditoire.Un remarquable travail de coordination, effectu avecle comdien Bernard Mtraux qui lisait des pomes deLouise Michel, illustrait parfaitement les propos deClaude Willard. Ainsi, la posie se mlait au texte comme limage au livre dhistoire.La table de littrature rencontra une belle affluence,avec des brochures dites par lAssociation, le livre

    Mmoires de Louise Michel* et le rcit des condi-tions de dtention des Communardes dans les prisonsde Versailles**.Le maire, Georges Sarre, prsenta chaleureusementla confrence. Dans une lettre ultrieure, il transmis lAssociation les flicitations de spectateurs qui luiavaient fait part de leur enthousiasme.

    Claudine Rey

    * Les mmoires de Louise Michel. Editions Tribord.13 euros.

    ** La dtenue de Versailles de Madame Hardouin.12 euros. En vente lAssociation.

    SUR VOTRE NOUVEL AGENDA !Le dimanche 26 mars 2006, venez nombreux notretraditionnel banquet. Ensemble, partir de 11 heures,dans une ambiance communarde, nous voqueronsnos anciens et chanterons lavenir.

    Maison des Syndicats C.G.T. 263, rue de Paris,Montreuil. Mtro : Porte de Montreuil.Prix 30 euros.

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  • hie de lassociation

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    VIVE LA FTE DE LA COMMUNE !La fte de la lacit sur la place de Com-mune de Paris-1871, le 8 octobre 2005,a rassembl plusieurs centaines de per-

    sonnes dont beaucoup ont fait part de leur satisfac-tion. Pour les Amis de la Commune, organiser une tellefte tait une gageure car nous navions aucune exp-rience. Pour une premire, nous considrons que cefut un essai prometteur et transformer...La fte avait t bien prpare par le groupe de travailsur la Lacit et la Commission Ftes et Initiatives.Nous ne saurions trop remercier la municipalit du XIIIe

    arrondissement pourlaide matrielle quellenous a apporte.Soulignons dabord cequi a bien fonctionn :le placement de 500bons de soutien r-compenss par deslots fournis par des ad-hrents et des com-merants du quartierde la Butte-aux-Cailles ; la vente de nombreux livres etbrochures ; le succs de lapritif commmunard. Re-mercions les Amis qui ont chant et dit des pomes.Lintervention sur le rle de la Commune dans la spa-ration de lEglise et de lEtat et la cration dune colelaque, gratuite et obligatoire a t coute avec atten-tion et suivie dun dbat intressant. Cependant, nous

    ne sous-estimons pas les insuffisances : nous navonspas su animer la fte pendant toute laprs-midi ; il nyavait pas suffisamment de stands de jeux, en particu-lier pour les enfants.Ce rsultat nous a incit renouveler cette premireexprience et la dcision a t prise dorganiser dsormais chaque anne une Fte de la Commune deParis-1871, sur la place du mme nom, au cur duXIIIe arrondissement. La prochaine dition aura lieu enMai 2006. Nous voulons quelle soit parfaitement rus-sie. Et pour cela, nous sollicitons les avis, les aides etles expriences de tous nos adhrents. Nous avons

    besoin de conseilspour animer la fte, etde la prsence denombreux Amis pourprparer et tenir desstands. Nous sommespersuads quil y a deprcieuses compten-ces parmi nos adh-rents. Nous les invi-tons se manifester.

    Merci de nous crire, de nous tlphoner ou de nousenvoyer un courrier lectronique pour faire part de vossuggestions. Merci de nous aider moralement et ma-triellement russir la prochaine Fte de la Commu-ne de Paris-1871.

    Yves Lenoir

    LA LACIT : UN COMBAT TOUJOURS DACTUALITPour clbrer le centenaire de la Loi de sparation desEglises et de lEtat, notre Association a organis, le 15novembre dernier, la Bourse du Travail de Paris, undbat sur le thme : Mouvement ouvrier et lacit, r-unissant des syndicalistes et des chercheurs de lUnsaducation, de lInstitut de recherches de la FSU et delInstitut dhistoire sociale de la CGT.

    LEglise est spare de lEtat, le budget des cultesest supprim, proclamait dj la Commune de Parisdans son premier dcret, le 2 avril 1871. La lacit,cette ide philosophique, trouvait ainsi sa premireconcrtisation, devenant une valeur vocation univer-selle, a rappel Yves Pras, membre du Conseil dad-ministration des Amis de la Commune de Paris. La R-volution de 1871 est la fille des philosophes

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  • A COMMUNEDE PARIS-1871

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    europens du Sicle des Lumires, de Rousseau Kant, sans oublier Condorcet, qui souhaitait fonder lamorale sur les principes de la raison, a rappel notreAmi. Si les Versaillais ont fait preuve dune telle froci-t pendant la Semaine Sanglante, explique-t-il, ctaitpour radiquer jusquau dernier ceux qui avait os pro-clamer la libert absolue de conscience !. Le mouve-ment ouvrier na pas toujours t laque, a lanc RenMouriaux, chercheur lInstitut dHistoire sociale de laCGT, avant de retracer les grandes tapes de cette re-lation. En 1905, la CGT, concentre sur la journe dehuit heures et les risques de guerre, la CGT ne prtaitpas gure attention la sparation des Eglises et delEtat. Elle approuvait le principe, mais la Charte dAmiens cartait les dbats sur les opinions poli-tiques ou philosophiques que les travailleurs taientinvits professer au dehors du syndicat, afin dvi-ter les divisions.Depuis 1989, le dbat sur le foulard islamique divise lagauche, mme sil a abouti la loi du 15 mars 2004sur le port de signes religieux lcole, note RenMouriaux, ajoutant que la loi de 1905 est remise encause par le ministre de lIntrieur. Des inquitudes

    partages par Patrick Gonthier, secrtaire gnral delUnsa ducation, qui dnonce les atteintes rptes la lacit : proposition de Nicolas Sarkozy de financerles lieux de culte, publication dune Fatwa (loi religieu-se) par certains imams appelant larrt des violencesdans les banlieues. Pour Patrick Gonthier, lapparen-ce culturelle ou religieuse ne saurait tenir lieu de projetsocial. La lacit franaise est exigeante, mais sa va-leur reste universelle, comme le montrent les nomb-reux pays qui nous lenvient, estime le dirigeant delUnsa ducation. Evelyne Rognon (1), de lInstitut derecherches de la FSU, souligne galement que toutetentative de rviser la loi de 1905 prsenterait lerisque majeur daffaiblir la porte de la lacit de la R-publique, comme espace commun du vivre ensem-ble. La professeure de philosophie rappelle que cetexte fut la fois une loi de rupture et de conciliation.

    John Sutton

    (1) Co-auteur avec Louis Weber de louvrage La lacit, unsicle aprs. Editions Syllepse. 205.

    MANIFESTATIONSDeux initiatives, en partenariat avec le Muse dArt etdHistoire de Saint-Denis, se sont ralises en Octobre2005. Le 6 octobre 2005, la lecture de La dtenuede Versailles de Cleste Hardouin a runi un auditoirede vingt personnes et occasionn la vente dune dizai-ne douvrages.Le 16 octobre, la confrence Laction des femmespendant la Commune, anime par Claudine Rey et

    Claude Willard, a rassembl un public essentiellementfminin dune quarantaine dauditeurs.Cette dernire manifestation a suscit un dbat dactualit parfois passionn sur la condition fminine.Nous remercions Madame Sylvie Gonzalez, Conserva-teur du Muse de Saint-Denis, pour lexcellence de sonaccueil.

    Patrick Cavan

    COMMMORATION DU 18 MARS 1871Le samedi 18 mars 2006, parcours communard dansle XIIe arrondissement de Paris.

    Rendez-vous 14 heures devant lOpra Bastille,place de la Bastille, mtro Bastille.

    LA COMMUNE N 27 23/01/06 9:30 Page 22

  • hie de lassociationSALON DU LIVRE AUTREMENT

    LA MAISON DE VICTOR HUGO... CUBATroisime Salon du Livre Autrement. Dimanche 4 dcembre, une personne sar-

    rte devant notre stand, regarde les livres et choisit finalement Le canon Fraternit. Cette visiteuse nousdit : Cest pour la collecte de livres faite au Salon pouralimenter la bibliothque Victor Hugo Cuba.Les quatre amies prsentes sur le stand prennentalors la dcision dimiter le geste de cette dame...Conciliabule... Aprs rflexion, le titre est choisi, ce sera Julien de Belleville de notre regrett CamaradeRaoul Dubois. Toutes les quatre nous ddicaons cevolume la Maison de Victor Hugo et, ainsi, alors quenous prparons un hommage Raoul, son souvenirrestera prsent, mme de lautre ct de locan...

    BERNARD LAVILLIERS SUR NOTRE STANDDimanche 4 dcembre 2005, au troisime Salon Inter-national du Livre Autrement, Bernard Lavilliers qui en

    tait le Prsident sest longuement arrt devant notrestand. Il a abord le problme de la dportation desCommunards Nouma. Trs mu, il a dplor lab-sence de vestiges marquant cet vnement drama-

    tique. Puis il a parl du cimetire de lIle des Pins o reposent 139 dports de la Commune.Un exemplaire de Chantons la Commune lui a t offert. Il a remerci lAssociation.

    Micheline Pottiez4

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    22224444ACCOMPAGNEZ LAFFRANCHISSEMENT DE VOTRE COURRIERDU THME DE LA COMMUNE DE PARIS-1871

    PREMIRE SRIE: LAFFICHE ROUGE DU 5 JANVIER 1871Ds la fin de lEmpire, de runions publiques en mani-festations et en tentatives dinsurrections, la mise enplace de la Commune est revendique.Cest dans ce contexte dagitation que le Comit cen-tral rpublicain des vingt arrondissements de Paris signe le 5 janvier 1871 un placard rvolutionnaire quiest un vritable appel linsurrection contre le gouver-nement capitulard, document que lon a dsign comme LAffiche rouge qui se termine par ces mots:Place au peuple ! Place la Commune !.Nous avons ralis un timbre* qui rappelle cet vne-ment capital prcdant de deux mois et demi linsur-rection du 18 mars, date de naissance de la Commu-ne de Paris 1871.

    * Planche de 15 timbres (affranchissement lettre 20g) / 21 Euros port compris / Commande adresser lAssociation des Amis de la Commune de Paris-1871,46 rue des Cinq-Diamants, 75013 Paris) lattention de Maryse Bzagu, accompagne dun chque lordre de lAssociation.

    PLACE AU PEUPLE !PLACE LA COMMUNELinitiative de la Com-mission Cultureconcernant la planchedu timbre rappelant

    LAffiche rouge de Janvier 1871* a, ds sa prsen-tation, connu un franc succs auprs de nos adhrents. Cette action entreprise se poursuit uneplus grande chelle avec une confrence dAlain Dalo-tel, le 1er fvrier 17 heures 30 sur Albert Theisz,

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  • A COMMUNEDE PARIS-1871

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    directeur des Postes sous la Commune**, et uneexposition, du 30 janvier (8 19 heures) au 1er

    fvrier (8 17 heures 30) au Centre de Philatlie lHtel des Postes, 52 rue du Louvre Paris. Il y

    sera aussi question, propos de notre premire sriede timbres, des diffrentes affiches rouges dans lhis-toire du mouvement ouvrier en France.

    * En vente lAssociation, 2 euros.** On peut se reporter lincontournable biographie de

    notre Ami Georges Frischmann, Albert Theisz, pionnierde lAssociation parisienne de lInternationale et de lapremire Chambre fdrale ouvrire, directeur desPostes de la Commune de Paris (1871). Editions de la Fdration C.G.T. desP.T.T. 1994.

    M.B.

    LE LANGAGE DES FLEURSChaque anne, le dernier samedi du mois de Mai, nousnous retrouvons devant le Mur des Fdrs, les Amisde la Commune, les Amis dautres associations, et denombreux sympathisants afin de commmorer la finde la Semaine Sanglante. Il fait doux, cest le prin-temps, les drapeaux, les fleurs, la ferveur dun auditoi-re recueilli regroup en demi-cercle, pour couter lin-tervention de celui ou de celle dentre nous qui rendhommage aux hros et aux martyrs de la Commune.Le 19 novembre dernier, dans la grisaille dun samedifroid, runis devant ce Mur, nous avions tous en m-moire limage de Robert Goupil*, l-mme o il prit

    tant de fois la parole. La famille tait venue entourerJeannine, son pouse. Chacun a observ en silence un temps de recueillement avant de dposer une fleur rouge.Jeannine Goupil, la gorge serre par lmotion, a remerci tous celles et ceux venus lui tmoigner leursympathie et rendre un hommage communard sobreet solennel leur Ami... Ce samedi de Novembre, le Mur se teinta de rouge,couleur de lamiti indfectible...

    Jacqueline Hog* Un hommage sera rendu Robert Goupil lissue de notre

    manifestation du 18 mars 2006.

    HOMMAGE BORIS TASLITZKYEn Dcembre dernier, un hommage a t rendu aupeintre Boris Taslitzky au cimetire du Montparnasse.

    Par la plume de notre Amie Eugnie Dubreuil, artistepeintre, un article dans le prochain bulletin paratreen Mai voquera lhomme, lartiste et son uvre.

    LA COMMUNE N 27 23/01/06 9:30 Page 24

  • hie de lassociationSous limpulsion de notre Ami Robert Goupil,

    notre bulletin sest transform au cours deces dernires annes. Il est devenu unevritable publication, tant par son contenu

    que par sa prsentation et sa maquette. Mais avantdarriver dans la bote aux lettres de nos adhrents, samise en forme comporte plusieurs tapes.Tout dabord le choix des thmes et des orientationssusceptibles den constituer les grandes rubriques :ditorial, histoire, vie de lassociation et notes de lectu-re. Celles-ci forment lpinedorsale du bulletin, mais sescolonnes sont bien videm-ment ouvertes dautres su-jets, actualits, hommage nos Amis disparus, annoncesde manifestations et de spec-tacles divers ayant trait laCommune de Paris-1871, etles potins que nous intitulonsBrves. Cest le Comit deRdaction qui dtermine lesommaire de chaque bulletin,sollicitant les plumes chez nosadhrents, mais nexcluantpas de publier des articles issus de sympathisants non adhrents mais dont lint-rt et/ou loriginalit enrichissent nos connaissancessur lHistoire de ces soixante douze jours de cet v-nement trop souvent occulte...Ensuite, il sagit de saisir toutes ces copies, puisden assurer la relecture et les corrections. Cest leComit de Lecture (les membres du Comit de Rdac-tion changent, pour la circonstance, de costume...) qui prend en charge cette opration. Malgr toute la vigilance de ses membres, quelques coquilles sub-sistent dans le bulletin La Commune..., errare humanum est.Reste la mise en forme dfinitive, la mise en page dubulletin, coordination des textes et de liconographiedans les 32 pages imparties. Cette opration seffec-

    tue chez limprimeur, Saint-Denis. Il met notredisposition le matriel informatique ncessaire ; ilnous faut faire uvre de patience... Car bien videm-ment, limprimeur traite en priorit ses travaux ; ce quien ralit demanderait peine plus dune journe detravail, stire sur pratiquement une semaine... Cest laranon (pnible, trs pnible!) dtre dpendant... A quand une grande souscription pour un matriel informatique qui nous rendrait autonome ?... Au termede la mise en page, les premires preuves couleur

    sont imprimes. Il sagit, cemoment, doprer une dernirevrification. Un Comit de lec-ture restreint sen charge. Le Bon tirer est sign. Le fichier informatique part limprimerie pour y tre trait.La livraison seffectue, au sige du 46 quelques joursplus tard. Il reste nos Amisvolontaires dassurer la misesous enveloppe. Coup de tam-pon la poste, le bulletin esten route...Malheureusement, nous avonsperdu en quelques mois trois

    plumes et non des moindres. Pierre Ysmal, Raoul Dubois et Robert Goupil sen sont alls. Nul nest irremplaable, mais leur collaboration rgulire notre bulletin va sans aucun doute lui faire dfaut. Alors, nhsitez pas nous envoyer vos articles, il fautassurer la relve pour que vivent notre Bulletin et notre Association. Merci.

    Jacqueline Hog-Jean-Marc Lefbure

    4

    V

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    Le bulletin, vitrine de notre Association...

    NHSITEZ PAS

    NOUS ENVOYER

    VOS ARTICLES,

    IL FAUT ASSURER

    LA RELVE POUR QUE

    VIVENT NOTRE BULLETIN

    ET NOTRE ASSOCIATION.

    LA COMMUNE N 27 23/01/06 9:30 Page 25

  • A COMMUNEDE PARIS-1871

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    Spectacle

    Au thtre de la Belle Etoile la Plaine Saint-Denis,la Compagnie Jolie-Mme joue Barricade.Cest un spectacle pas comme les autres en

    ce sens quil se veut dabord lvocation vibrantedune raction populaire porteuse de progrs. Maiscest aussi une pice de thtre russie. Voil deuxraisons pour aller vibrer avec ses auteurs dans un ra-re climat de fraternit.

    Nous sommes en 1871. A la suite dun de ces nom-breux conflits imbciles qui ont ensanglant lhistoiredes nations, Paris est assigpar larme prussienne. Tandisque les habitants les plus riches ont fuit la capitale, lesprivations commencent. Et lamisre au cul verdtre va frap-per la population reste surplace : cest celle des ouvrierset des artisans dont les idolo-gues bourgeois disaient avecH.A. Frgier ** classe labo-rieuse..., classe dangereuse.Barricade nous rappelle cesfaits mal connus, lorganisationde la rsistance et sa fin tragique. En effet, de cette priode, mlant lirritationdes assigs un dsir rcurrent de justice sociale,est ne une rvolution pas comme les autres, car nonseulement le peuple de Paris veut rsister lenvahis-seur mais - en mme temps - il soppose un pouvoirtotalement coup des citoyens den bas. Pendant cestemps, peureusement rfugi Versailles, AdolpheThiers poursuit sans pudeur un processus de collabo-ration avec les Prussiens.Le premier mrite de Jolie Mme est davoir montce spectacle en respectant lhistoire telle que lon oseenfin en parler dans nos annes 2000, cest--diresans exhibitionnisme suspect mais aussi trs loin delostracisme du sicle pass. En effet, sur laction dela Commune de Paris et la riposte sanglante du gou-

    vernement, il faudra bien quun jour nos professeurs et nos manuels scolaires nous disent pourquoi ils nousont si longtemps nimb ou simplement cach la vrit.Question ouverte lEducation nationale et aux histo-riens : la vengeance impitoyable que larme franaiseexera sur la population parisienne serait-elle la mauvaise conscience de la Rpublique ?Les autres mrites de la Compagnie Jolie Mme quichante , danse et lie un irrespect potique un dca-page ncessaire relvent videmment du thtre lui-

    mme. Inspire par Louise Michel, Raoul Dubois, Valls,Brecht, Vautrin, Chabrol etAdamov, elle revendique lestextes et les dialogues, elle assume mise en scne, clai-rage et dcor et elle interprtegalement la pice. Avec brio.

    Claude Chanaud

    * Barricade par la CompagnieJolie Mme au Thtre de la Belle Etoile,14, alle Saint-Just, 93210-La Plaine Saint-Denis.Tlphone 01 49 98 39 20.

    ** Honor-Antoine Frgier a publi chez J.-B. Baillire en1840 Des classes dangereuses de la population dans les grandes villes et de moyens de les rendre meilleures.

    Barricade*...

    LE PREMIER MRITE

    DE JOLIE MME

    EST DAVOIR MONT

    CE SPECTACLE

    EN RESPECTANT

    LHISTOIRE...

    LA COMMUNE N 27 23/01/06 9:30 Page 26

  • N otes de lecture

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    Bertrand Tillier constate que les rapports de la Com-mune de 1871 avec les images ont peu intresss-les historiens dart en raison de lobstacle de linter-disciplinarit. Lidologie vis--vis de Lanneterrible na pas permis de dfinir un corpus partirdes uvres et des opinions inspires par la Commu-ne ( l'exception de la photographie parfois manipu-le par ses opposants). Lhistoire de la Commune asuscit trop de falsification voire de dilution des ima-ges pour comprendre une transition de celle-ci avecla peinture impressionniste.

    Lauteur rassemble les diffrents objets de reprsen-tation et tudie en dtail lengagement des artistes,leur rpression, les institutions artistiques de la Commune et esquisse un mmorial malgr la pro-scription, la censure et le dplacement de sens parlamnistie dcide pour leur disculpation par lestenants de la rpression.

    Philippe Lpaulard

    * La Commune de Paris. Une rvolution sans images.Bertrand Tillier. Ed. Champ Vallon (P.U.F.). 32 euros.

    LA COMMUNE DE PARIS. UNE RVOLUTION SANS IMAGES*

    Les potes de la Commune, en restituant la physiolo-gie du peuple, tmoignent des pathologies qui lacca-blent. Journalistes de lvnement, veilleurs de cons-cience, ils forment une chane transportant jusqunous les chants de lhumanit. Cette posie, lire ou chanter, est une faon de voir les choses ; elle ap-porte sa contribution au patrimoine de lhistoire, notrebien commun. Jean-Pierre Chabrol crit : Quand ilsagit de la Commune, je nai pas envie de couper lesrimes en quatre. Faire dans la critique me parait

    indigne du sujet, lobjectivit sonne faux : les Commu-nards nont que ceux quils mritent, des partisans oudes ennemis. Ami(e)s accompagns de notre brochure, chantons laCommune la mmoire de ses protagonistes, vecteurs de nos idaux, nos espoirs.

    Patrick Cavan

    * Chantons la Commune. Edite et venduepar lAssociation des Amis de la Commune de Paris.

    CHANTONS LA COMMUNE*

    A lheure du souvenir, quand la mmoire est au ren-dez-vous avec le temps, cest souvent lopportunitde voir fleurir des productions consacres au sujet clbrer.Louise Michel et son odysse nchappent pas, l, quatre vingt dix pages dune vision dauteur commis-rative que je ne partage pas.Louise, femme-citoyenne et saine desprit, est cons-

    ciente du monde dans lequel elle vit, celui rgit par lepouvoir organis dune classe pour loppression duneautre. Non rsigne ce postulat, elle mne une viede combat revendiquant autre chose que la charit,principalement