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N°1 | Semaine du 29 novembre 2010 RÉVOLUTION ROUTIÈRE Bilan deux mois après la mise en place du permis à points S S U U B B M M E E R R G G É É S S PETIS MÉTIERS, GRANDS SERVICES Livreurs, cireurs de chaussures, voituriers : qui sont les petits travailleurs de Casa ? FOOTBALL : LA FOLE SEMAINE Barça-Real et Wydad- Raja, deux rencontres au sommet qui pasionnent les Casaouis En trois jours, il est tombé l’équivalent de six mois de pluies à Casablanca, plongeant la ville dans le chaos. TOUS CONTRE LA LYDEC ? LES RAISONS DE LA NOYADE LES CASABLANCAIS S’ORGANISENT FACE AU DESASTRE

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Casa HebdoN°1 | Semaine du 29 novembre 2010

RÉVOLUTION ROUTIÈRE Bilan deux mois après la mise en place du permis à points

SSSSUUUUBBBBMMMMEEEERRRRGGGGÉÉÉÉSSSS

PETIS MÉTIERS,GRANDS SERVICESLivreurs, cireurs dechaussures, voituriers :qui sont les petitstravailleurs de Casa ?

FOOTBALL :LA FOLE SEMAINEBarça-Real et Wydad-Raja, deux rencontres ausommet qui pasionnentles Casaouis

En trois jours, il est tombé l’équivalent de six mois de pluiesà Casablanca, plongeant la ville dans le chaos.

TOUS CONTRELA LYDEC ?

LES RAISONSDE LA NOYADE

LESCASABLANCAISS’ORGANISENTFACE AUDESASTRE

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2 Casa Hebdo / Lundi 13 décembre 2010

Par Baptiste Crochet

Il aura suffi d’une nuit. En quelquesheures, les fortes pluies ont sub-mergé Casablanca. La Lydec (Lyon-naise des eaux de Casablanca), res-ponsable de la distribution de

l’électricité et de l’eau, a enregistré « deshauteurs de pluie dépassant les 200 mm ».Un niveau qui correspond à la moitié desprécipitations totales d’une année au Maroc.Le bilan humain est lourd. Sur l’autoroutemenant à Casablanca, 25 personnes onttrouvé la mort dans un autocar emporté parles flots. Des inondations ont provoqué l’ef-fondrement de maisons vétustes. Les quar-tiers pauvres ont été les plus touchés. Bidon-villes et faubourgs comptent une dizaine demorts et des milliers de sans abris. Coupuresd’électricité, paralysie des transports, fer-metures d’écoles, accidents de la route[ lesinfrastructures de la plus grande métropoledu Royaume ont montré leur vulnérabilité.Les Casaouis se sont retrouvés livrés à eux-mêmes. « Les autorités sont débordées »,déplore un docker contraint de gérer la cir-culation à un carrefour. Aux abords du port,les dommages sont considérables. Une rou-te entière s’est effondrée, rendant impos-sible l’accès à tout un quartier. Une grandepartie des axes routiers sont restés imprati-cables. Malgré le nombre limité de véhiculescirculant sur les artères principales, de nom-

breux accidents sont à déplorer. Une partiede la chaussée a cédé sous le poids d’un semi-remorque, boulevard Abdelmoumen, enplein coeur de la ville.

Le chaos n’épargne personneMercredi, la Lydec enregistrait 800 pannesde postes de distribution publiques (DP) surles 4 600 en fonctionnement. Signes avant-

coureurs de la paralysie, de nombreux feuxde circulation ont été coupés, entraînant desembouteillages sans précédent. Quelque 710cadres et agents de maîtrise et 275 véhiculeset motopompes ont été mobilisés. Une partiede la ville devait retrouver la lumière « dansla journée de jeudi ». Faute d’électricité, plu-sieurs agences bancaires de Casablanca ontdû fermer, délocalisant certaines opérationsvers d’autres antennes. Les inondations n’ontpas épargné le milieu hospitalier. Les troisgrandes cliniques privées de la ville ont subide lourdes pertes matérielles. La plupart deleurs appareils, souvent les plus coûteux, etdes blocs opératoires situés en sous sol ontété noyés. L’attention était également tournéevers le quartier de Sidi Benoussi-Zenata, leplus grand parc industriel situé au nord duGrand Casablanca. Les infrastructures rou-tières étant coupées, des milliers d’ouvriersn’ont pas pu se rendre au travail. Plusieursusines sont restées fermées dans la journée

Mark, howeverone pawnbrokerauctioned off thedwarves, thenumpteen dogssacrificed twoslightlyschizophrenicpoisons,however

Pourquoi Casablanca a été noyéeLa capitale économique,submergée par les eaux, a étécoupée du reste du paysdurant la journée de mardi.

25 personnes ont trouvéla mort dans un autocaremporté par les flots.

Le fait de la semaine

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3Lundi 13 dØcembre 2010 / Casa Hebdo

Le fait de la semaine

de mardi. Le manque à gagner est certainpour un secteur industriel déjà à la peine.Pour les autorités, l’urgence est donc au réta-blissement des circulations routière et fer-roviaire. Aucun train n’a circulé en direc-tion de Casablanca. Le trafic a été totalementstoppé mardi, à partir de 5 heures du matin,une première pour l’ONCF (Office nationaldes chemins de fer). L’autoroute et la voieferrée reliant Casablanca à l’aéroport Moha-med V ont été temporairement coupées.L’acheminement tardif des équipages et despassagers a causé de nombreux retards. Lesvols de Royal Air Maroc ont ainsi connu defortes perturbations. Malgré le manque d’or-ganisation flagrant, l’heure est aux répara-tions pour les services de voirie. Le bilan desdommages sur les routes risque d’être lourd.Un relatif optimisme semblait néanmoinsse profiler en fin de semaine, la direction dela météorologie nationale ayant annoncé unestabilisation des précipitations.

Le déluge qui s’est abattu dansla nuit de lundi sur la métropolecasablancaise fait remonter à lasurface les impérities de lagestion de la ville. « L’ondée dechoc » a révélé les défautscriants des infrastructurescasaouites.

Par Pierre Gastineau et Thibaut Chaurand

Chaussées défoncées, électricitécoupée, rues submergées,

maison effondrées : Au milieu duchaos, la Lydec est en première ligne.Cette entreprise s’occupe desconduites d’eau, de l’assainissement,de l’électricité et de l’éclairage publicdu Grand Casablanca et de ses 4,5millions d’habitants. De toute évidence,cette filiale du consortium françaisSuez Environnement a été prise decourt. Elle n’était pourtant pasignorante des risques d’inondation quiplanaient sur la capitale économiquedu pays.En effet, année après année, denombreuses études ont mis enexergue les lacunes structurelles duréseau d’évacuation des eaux. Que cesoit du point de vue de sondimensionnement ou de son entretien.Le 22 juin 2010, la Banque mondialeenfonçait le clou en publiant un rapportqui concluait au faible niveau deprotection de Casablanca quant aurisque climatique.

Seulement 50% deseffectifs sur le terrainEn réaction, la Lydec et la direction dela Météorologie marocaine ont signé le1er juillet 2010 une convention departenariat. Convention qui prévoyait «la mise en place d’un dispositif deveille permanente et la constitutiond’une cellule chargée d’anticiper desévénements similaires et ledéploiement des moyensd’intervention».Pourtant, les prévisions météo n’étaienttoujours pas au point cinq mois aprèsla signature de cet accord. Ainsi, ellesn’annonçaient que 60mm de pluie pourmardi, quand ce sont 178mm qui sonttombées en moins de 24 heures.Aucune mesure de prévention n’a puêtre prise. Résultat : mardi, un cadre

de la Lydec confiait que seulement «50% des effectifs mobilisables » étaientsur le terrain. Les agents chargés desinterventions ayant été cantonnés chezeux en raison – c’est un comble– dublocage des voies d’accès à la ville. Ledispositif entériné le 1er juillet, s’il avaitété correctement appliqué, aurait dûpermettre dès lundi soir d’éviter cettedéconfiture. Au-delà de l’impréparation, c’est lesous investissement chronique de laLydec dans les canalisations qui estmis au grand jour. SuezEnvironnement s’était pourtant vuattribuer la concession de Casablancaen 1997 suite aux inondationsdévastatrices de 1996 qui avaientaccéléré la prise de décision. C’était unretour aux sources : du temps duProtectorat, c’était déjà la Lyonnaisedes eaux, par sa filiale SMD, qui avaitconstruit et s’occupait du systèmed’évacuation. Le nouveau marché aété attribué par décision royale sansappel d’offres. Jérôme Monod, intimede Jacques Chirac, dirigeait à l’époquela Lyonnaise des eaux, future Suez.

Des investissementspromis non réalisésCertes, depuis 1997, un peu moins de200 millions ont été investis dans lescircuits d’eau et 300 millions d’eurosdans l’assainissement. Les éluscasablancais remettaient en questionces chiffres lors d’une séance duConseil de la ville de juillet 2006. Ilsvoulaient de plus réviser le contrat degestion de la Lydec, au motif qu’ellen’avait pas réalisé les investissementsqu’elle avait promis. Investissements hautementnécessaires, notamment dans les 52zones inondables que l’entreprise avaitidentifiées et officiellement traitées. Lesdégâts qu’ont subi la zone portuaire etla médina, endroits sensibles connus,prouvent pourtant qu’une nuit de pluiesuffit amplement à saturer lesinfrastructures. Un architecte casaoui dresse le constatsuivant: « Le trop important débit desprécipitations a engorgé le peu decanalisations restées efficaces. » De lagouttière de la médina à la douve ducentre- ville, les systèmes d’évacuationsont régulièrement bouchés par des

Chronique d’une catastrophe annoncéeSuez en première ligne

Pourquoi Casablanca a été noyée

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4 Casa Hebdo / Lundi 13 décembre 2010

Portfolio

Lesimagesdudéluge

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5Lundi 13 décembre 2010 / Casa Hebdo

Portfolio

Lesimagesdudéluge

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Mark, howeverone pawnbrokerauctioned off thedwarves, thenumpteen dogssacrificed twoslightlyschizophrenicpoisons,however

34 morts dans la régionde Casablanca

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Par Hortense de Blacas

Un jour et unenuit sous lapluie. Desroutesinondées, des

éboulements de terrain, desmontées d’eau dans les caveset des victimes dans l’effon-drement de maisons. LesCasablancais n’étaient paspréparés à de telles condi-tions météorologiques etpourtant, dans la galère tousrament avec calme et séré-nité. Sous le tunnel de la mosquéeHassan II, on passerait à pei-ne une barque tant l’eau estmontée. Trois pompent pui-sent inlassablement afin derouvrir au plus vite la circu-lation mais surtout pour éva-

cuer une voiture submergée.Personne ne sait si ses occu-pants ont eu le temps dequitter l’habitacle. Voitures,camions et bicyclettes pas-sent au ralenti devant cettemasse d’eau qui prend desairs de petit lac. Quelquescurieux n’hésitent pas à des-cendre de leur voiture pourregarder et prendre des pho-tos tandis que d’autress’amusent à accélérer pourprovoquer des gerbes d’eau,aspergeant au passage lesbadauds. Plus loin sur le boulevard,des gamins, de l’eau jus-qu’aux mollets, indiquentaux conducteurs le cheminà prendre pour éviter lestrous formés par la pluie. Cerôle devrait incomber aux

policiers, mais ils ne sont paslà. La moitié des petits taxisrouges aussi ne sont plus là.Lassés de ne pouvoir passerà cause des routes bloquées,ils se sont arrêtés. Ceux quicontinuent de circuler res-tent vigilants : « Il faut seméfier il y a beaucoup d’ac-cidents dans les quartierssans électricité car les feuxrouges ne marchent plus »,explique un chauffeur auxaguets. Un autre plus déten-du profite du paysage : « Lamer est toujours calme lors-qu’il y a de la pluie », consta-te-t-il. Les plus enthousiastesn’y voient que des avantages,pour l’agriculture du pays.Dans le centre-ville, il y a lesquartiers épargnés et seshabitants à peine conscientsdu drame qui se joue. Et lesquartiers inondés où chacunse démène pour limiter lesdégâts. Il y a ceux qui vontfaire leurs courses tran-quillement et ceux qui s’af-fairent autour des bouchesd’égouts, s’acharnant à enle-ver les sédiments qui gênentl’évacuation. Devant les boutiques desquartiers sinistrés, les tuyauxsortant des caves attendentd’être raccordés à despompes. Les chanceux pos-sesseurs sont déjà affairésautour de la machine quironronne en continu. Lesautres patientent en expul-sant l’eau à coups de ballet :« J’ai une pompe électriquemais il n’y a pas d’électricité», déplore un commerçant. Devant un magasin de sport,le gérant avoue volontiersavoir payé deux fois le prixpour se procurer une pompe: « Avec la demande, les prixont flambé. Une machine quivalait hier 2 500 dirhams envaut aujourd’hui 4 000 ou 4500 », explique-t-il sansamertume. Lorsqu’il auraséché sa cave, il prêtera lapompe à son ami, dont lerestaurant aussi, a été victi-me de la montée des eaux. Délaissés par les autorités,

6 Casa Hebdo / Lundi 13 décembre 2010

Le fait de la semaine

Les Casaouisfont faceLa capitale économique marocaine a pris desairs d’îlot. Les citadins s’unissent pour éviterencore plus de dégâts.

Ils témoignentANIL, commerçant,35 ans« Toute la cave est inondée. Lesaffaires sont mouillées etbonnes à jeter. On avait unepompe mais impossible de

l’utiliser parceque la Lydec* acoupél’électricité. Ona appelél’assurance ;elle devait nousenvoyer

quelqu’un, mais commed’habitude personne n’est venu.En théorie, elle devrait nousrembourser les dégâts mais enpratique on sait qu’elle ne le ferapas. Maintenant, on attend quel’électricité revienne pourpouvoir rouvrir le magasin. Peut-être jeudi ».*Lyonnaise des eaux deCasablanca

OMAR, responsablemagasin, 40 ans« Hier, on est allés acheter unepompe qui fonctionne àl’essence. Elle nous a coûtée 3500 dirhams au lieu de 2 000 :c’est normal tout le monde envoulait une ! Depuis, on pompe.

Il reste encoreà peu près dixcentimètresdans la cave.Les baskets,les habits, toutce qui étaitdedans estfichu, et on sait

qu’on ne sera pasdédommagés. Les pompiers etla police s’occupent des grandesentreprises et des banques :elles aussi ont été touchées. Lepays a beaucoup perdu».

ABDELOUAHID,gardien d’hôtel, 29 ans« Dans l’hôtel, on donne desbougies aux clients maispersonne ne se plaint, c’estcomme ça. On attend que lalumière revienne. Mais ce n’est

pas normal quedans une villecommeCasablanca,vingt-quatreheures de pluiecausent autantde dégâts. Ils

vont encore nous faire despromesses, mais rien ne vachanger ».

Les habitantss’unissent pourévacuer l’eau

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7Lundi 13 décembre 2010 / Casa Hebdo

Le fait de la semaine

Xxx

xx

Par Alyssa Makni

«On se fout de notre g***** ! », s’exclameavec vigueur Mourad Chkili, radiologueréputé à Casablanca, la cinquantaine, physiquede jeune premier. Il est sept heures du matin etil n’imagine pas le parcours du combattant quil’attend. Pendu au téléphone depuis plus d’uneheure, il essaye de trouver un moyen pourrejoindre le centre-ville. Dehors, Casablanca apris des allures de fin du monde. Ciel noir,pluies dignes de moussons, routes inondées[ Après trois tentatives vaines en 4x4, il n’arrivepas à sortir du quartier Polo, excentré au nord-est de la ville. Au croisement de la route duchemin de fer, près du pont Mars, l’un des pluslongs, les voies sont entièrement inondées. Mourad, excédé s’en prend violemment à laLydec, la société d’assainissement des eaux auMaroc à laquelle il verse près de 200 dirhamspar mois.

Entre crevasses et trottoirssubmergésUne demi-heure plus tard, appel d’urgence del’une de ses assistantes. Yacine, un petit garçonde neuf ans, est arrivé au cabinet avec unviolent mal de ventre, sans doute une péritoniteaiguë. Le temps presse et Mourad trouve enfinla solution. Direction la cave. Il en ressortentièrement équipé de sa tenue de pêche kaki: bottes en caoutchouc hautes, bob, veste etpantalon imperméables, prêt à braver lesintempéries. « J’ai pataugé comme un canardentre les crevasses et les trottoirs submergés,déserts. J’ai failli basculé dans le courant àplusieurs reprises mais j’ai tenu bon », raconte-t-il avec un léger sourire. Ce n’est qu’après une heure et demie demarche que Mourad est enfin arrivé rueMustapha al Mani. La moitié de ses rendez-vous ont été annulés mais « Yacine a pu êtretransféré à l’hôpital et ça a suffi à me rendre fier» se réjouit-il. Seul inconvénient : A cause de sonaccoutrement, aucun taxi n’a voulu se risquer àramener Mourad chez lui. Il a dû repartir à piedet s’est couché à huit heures pétantes en priantque demain soit un autre jour.

Lestribulationsaquatiquesde MonsieurChkili

Relance du papier sur lebidonville, que nousn’avons pas encore.

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Recuielli par Eric Gillaux

D’un point de vue météorologique,que s’est il passé ?

Le Maroc a connu des intempériesd’intensité inattendue. On a atteint un niveaurecord de 178mm de précipitations en unenuit à Casablanca. Cela représente 6 moisde pluies ! C’est une perturbation venue del’Europe, conjuguée à des vents violents audessus de l’Espagne qui a provoqué ces pluiestrès denses.

Inattendue ? Pourtant, la saison estréputée pluvieuse, non ?

Du côté de la Météorologie natio-nale, on avait bien prévu de la pluie, mais pasde cette ampleur. Normalement, ennovembre, nous avons un temps variable,entre éclaircies et pluies éparses. Les tempé-ratures sont stables, il ne neige pas encoresur les reliefs. Les informations que nousavons reçues n’étaient pas très claires, et neprévoyaient pas de telles précipitations. Nousn’étions simplement pas au courant de cequ’il allait réellement se passer.

Comment expliquer les bulletins plutôtoptimistes publiés durant le week-end,alors ?

Techniquement, la Météorologienationale ne s’est pas trompée. Le problème,c’est qu’elle a communiqué une informationpeu claire. Tous les médias ont reçu unmême bulletin, totalement standard : pluieséparses, neige sur les reliefs, baisse destempératures. On ne nous a communiquéaucune alerte, aucun signal.

Comment avez-vous réagi ? A cause des intempéries, je n’ai pas dormidurant la nuit de lundi à mardi. Je suisarrivée à la rédaction à 6 heures du matin, etj’ai tout de suite réenregistré le bulletin quej’avais préparé la veille. Je devais tirer lasonnette d’alarme pour les auditeurs, lesappeler à la plus grande prudence. C’est maresponsabilité qui était en jeu.

Le Maroc est-il habitué à subir de tellesprécipitations ? Cela fait au moins 6 ans que le Royaume n’apas été touché par des intempéries de cettedimension. Même durant la saison des pluies

(de décembre àfévrier), c’est excep-tionnel. Lors desprécédentes inonda-tions (avril 2010 etseptembre 2009), leschutes de pluies s’é-taient réparties surune période de deux,voire trois jours. Autant de pluie en 24heures, c’est inouï !

Quels sont les dangers pour le Royaume?

Notre principal problème résidedans la précarité de nos infrastructures. Il n’y

a qu’à voir les dégâts occasionnés sur lesroutes, les habitations et les réseaux d’élec-tricité pour s’en rendre compte. Malheureu-sement, le Maroc a tendance à toujours seréveiller après les catastrophes.

C'est-à-dire ?Le pays est traversé par de très

nombreuses rivières, nous sommes terrible-ment vulnérables en cas de fortes pluies.Mais rien n’a encore été fait pour sécuriserces zones. Et puis, les barrages mis en placeaccumulent un niveau d’eau dangereux, afinde garantir un chiffre d’affaires conséquent.Le Maroc est vraiment un terrain propiceaux inondations. Nous aurions dû nous res-ponsabiliser depuis longtemps.

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Le fait de la semaine

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WAFAA MOUADDAA, PRÉSENTATRICE MÉTÉO SUR ATLANTIC RADIO

“Le Maroc doit seresponsabiliser”

“Notre principal problèmeréside dans la précarité denos infrastructures”

Selon nos sources, de nouvelles intempériespourraient toucher le Maroc dès la semaineprochaine. Les régions nord et est du paysrisqueraient d’être à nouveau inondées.Majoritairement rurales, ces zones sontfortement exposées aux risques de crues.Malgré nos nombreuses sollicitations, lamétéorologie nationale n’a pourtant passouhaité confirmer ou commenter cetteinformation.

REPÈRE

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9Lundi 13 décembre 2010 / Casa Hebdo

Le fait de la semaine

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Par Alyssa Makni et Hortensede Blacas

Dans le marché deDerb Ghallef, AbdelHakim et Ahmedvendent desmachines indus-

trielles d’occasion. Pour eux, lajournée du lundi fut une aubaine.Avec la demande, les prix ont flambé.Les deux commerçants n’ont pashésité à demander jusqu’à deux foisle prix habituel d’une pompe à eauaux habitants désemparés. Et ce n’estpas la rareté qui a entraîné cette plusvalue. Deux jours après la fin dudéluge, il reste encore des stocks.Mais avec le retour du soleil, les tarifssont retombés : 1 500 dirhams pourune pompe électrique et 2 000 pourune à essence : « Les prix sont négo-ciables », annonce d’emblée Ahmed,copropriétaire du magasin.

Pour les cimentiers, lesbénéfices à tirer de cettecatastrophe naturelle s’ins-criront dans le temps. Lesroutes ravagées, les cre-vasses, les glissements deterrains, et les maisonseffondrées : autant de dom-mages à réparer. Coupés du monde à causedes routes impraticables, lesCasaouis, inquiets à l’idéed’une pénurie, se précipitentchez les pompistes. « Jepréfère prendre mes précau-tions, ma voiture c’est le seulmoyen que j’ai pour aller autravail », déclare Leïla, infir-mière à l’hôpital Hay Has-sani.

Le prix du pain multipliépar trois

Les inondations dans les caves n’ontpas épargné les boulangeries.Contraint d’importer son pain, déjàcuit, de régions éloignées, Karim,boulanger dans l’ancienne Médina,n’a pas eu d’autre choix que d’aug-menter ses prix : « Depuis lundi, jevends le pain trois dirhams au lieud’un ». Le marché de gros de la rue Musta-pha-al-Mani connaît lui aussi uneflambée des prix. Sous-approvi-sionné depuis lundi à cause desrécoltes endommagées et de la diffi-culté d’accès aux fermes, les fruitset légumes s’y négocient à prix d’or.Entre cinq à six dirhams le kilo decarottes, oignons et poivrons, et jus-qu’à six dirhams le kilo de pomme deterre. Soit près de trois fois les prix

Vingt-quatre heures après lesinondations, les Casaouis ont dûfaire face à la spéculation. Lesbesoins immédiats et les difficultésd’approvisionnements favorisent lemarché noir et entraînent unehausse des prix.

Aprèsle déluge,la flambéedes prix

habituels. Sur les étalages,passé huit heures du matin,il est désormais quasimentimpossible de trouver desartichauts. Les aubergines etles courgettes se font de plusen plus rares, et se payenthuit dirhams le kilo au lieude deux. Si pour certainescultures, l’arrivée du soleilpourrait être une aubaine,pour d’autres les dégâts sontirréparables. Les maraî-chères (pommes de terre,tomates…) sont les grandesvictimes des inondations. Cette hausse prématurée desprix risque de durer trois àquatre semaines : « Commeen février quand la neigetombe », constate sansamertume un commerçant.Rien d’inquiétant donc ! Saufpour les petits porte-mon-naies qui risquent de voirpasser l’hiver sans un fruitou légume à l’horizon.

Mark,howeveronepawnbrokerauctionedoff thedwarves.

Assurances : deux fois victimesPar Lamia Berrada-Berca

Voilà presque cinq mois qu’un textedéposé au Parlement venant

compléter la loi n°17-99 portant sur leCode des assurances doit venir comblerun vide qui persiste depuis longtemps. Ilattend encore aujourd’hui d’être discutédevant les deux chambres. La nature,elle, n’attend pas. Compte tenu decatastrophes comme le séisme de AlHoceima ou les crues de l’Ourika qui sesont récemment abattues au Maroc, etsuite aux antécédents des pluiestorrentielles de 2008 il semblait urgentd’instituer un régime de couverture pourindemniser les victimes, et notammentcelles ne disposant d’aucune couverture.

L’hypothèse d’un aléa naturel devrasystématiquement être portée au contratpour le rendre légal et l’obligation desouscrire à une police d’assurance seragénéralisée à l’égard de toutes lespersonnes n’en ayant jamais conclu. Letexte prévoit également la mise en placed’un Fonds de solidarité géré par la caissede dépôt et de gestion (CDG) pourgarantir justement l’indemnisation desvictimes sans contrat d’assurance.

Une mise en applicationdélicate…

Concernant la mise en application de cesmesures, il s’agit, pour autant, de définir

ce que les termes juridiques définissentcomme la force surnaturelle d’unévénement naturel car il ne sera pris encompte que s’il s’avère que cetévénement est inattendu et que ses effetsdestructeurs représentent un dangergrave pour le public. Or, que dire d’unévénement que la météo nationaleattendait et n’a cependant pas vouludivulguer pour éviter les mouvements depanique ? Comment savoir si la situationjugée catastrophique du point de vue desvictimes sera bien jugée telle par leComité de Suivi des événementscatastrophiques, puis ensuite par lesautorités qui ont le devoir d’en faire ladéclaration dans une décision

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Le fait de la semaine

Par Alyssa Makni

Mercredi 1er décembre“Le désastre”

« Casablanca dévastée et balayée », « Le désastre »,« la ville submergée par les eaux » : Les unes desjournaux sont unanimes. « En une nuit et unejournée, la hauteur des pluies a atteint la moitié desprécipitations totales d’une année », affirme l’Eco-nomiste tandis qu’Aujourd’hui le Maroc invoque unecatastrophe naturelle par « une dame naturedéchaînée ».Mais tous s’accordent sur un point : aucun plan d’ur-gence n’a été planifié. Libération et Aujourd’hui leMaroc pointent du doigt la Lydec (l’équivalent dela Lyonnaise des eaux) qui a opté, selon eux pour «une journée chômée et payée » après avoir reçu prèsde 1800 appels d’urgence. Les infrastructures ont également été très touchées.Selon le Matin « la dégradation du réseau est si gra-ve que la pluie l’a révélée en une nuit. » L’aéroportMohammed V, en partie inondé a annulé la moitiédes vols de la compagnie Royal Air Maroc, les écolespubliques sont restées fermées, l’axe routier de Casa-blanca/Rabat est impraticable, les dépôts du stockpétrolier Samir ont été menacés,… « Les citoyenssont livrés à eux-mêmes », résume l’Economiste.Les accidents de circulation et les effondrementssont aussi conséquents. On dénombre près d’unequarantaine de morts dans Casablanca et ses alen-tours. Notamment avec le retournement d’un busayant causé la mort de 24 personnes sans compter lesdisparus. Près de 500 familles privées d’électricitésont relogées dans des hangars de la ville.L’événement le plus attendu de la semaine, à savoirle derby de football entre le Raja et le Wac, a mêmedu être reporté.Selon Libération, seuls « les agriculteurs voient dansce déluge un don du ciel » pour leur productioncéréalière.

Jeudi 2 décembre“On fait le bilan”

Deux jours après les pluies torrentielles du mardi 30novembre, l’heure est au bilan. « L’heure des comptes », « Casa à pied d’œuvre pour

réparer les dégâts », «après la pluie, les dégâts», autant de unes choc quiannoncent la couleur.Pour l’Economiste, « lesexperts ont commencé les

estimations et ça n’est pas brillant ».Les dégâts deseaux représentent environ 50% des sinistres dans leshabitations, la plupart des sous-sols étant totale-ment inondés. « Les commerçants vivent une pério-de très difficile», explique Au fait Maroc. Parmi lessites les plus dévastés, Mohammedia, Aïn Harrouda,Zenata, Oukacha et la mosquée Hassan II.

Au Maroc, il n’existe aucune loi d’assurance- rem-boursement en cas de catastrophe naturelle. « Ilsont tout perdu et la spéculation fait rage» annoncel’Economiste. Côté alimentaire, certains prix ontmême été multipliés par trois, le pain et les légumesoccupant la première place au hit parade du marchénoir.Selon le Matin « l’addition est salée pour les cli-niques et les banques », les machines les plus coû-teuses étant situées au sous-sol. 153 postes élec-triques restent encore hors service à Casablanca.« Une psychose vient de s’installer chez les habi-tants» relève l’Economiste. La majorité d’entre euxcraignent les pénuries et se ruent dans les stations-service et les supermarchés.Cependant, comme le précise Libération, des amé-liorations sont notables. L’autoroute de Casa/Rabata rouvert, l’aéroport Mohammed V a été dégagé,l’ONCF a mis des bus à disposition de la popula-tion. Enfin, le roi Mohammed VI s’est exprimé enaffirmant avoir donné des hautes directives pourque de tels évènements ne se reproduisent plus àl’avenir.

Vendredi 3 décembre“L’heure des comptes”

Trois jours après le désastre, les inondations dispa-raissent petit à petit de la une des journaux maro-cains. Mais l’heure est aux règlements de comptes.Selon l’Opinion, les stations météorologiques savaientprécisément depuis dimanche quelles quantitésd’eaux devaient tomber mais « c’était sans compterla frilosité administrative par crainte de provoquerdes mouvements de panique ». Le gouvernementest vivement critiqué. Libération a quant à lui consacré son article au bidon-ville de la région de Mohammedia, le plus dévasté parles eaux (les eaux ont atteint les 1,5mètre). « Là-bas, en attendant Godot est toujours aux abonnesabsents », ironise le journal, sachant qu’aucune aideofficielle n’a été envoyée alors que 350 personnesont perdu leur foyer. Hier, 12 000 habitants onteffectué une marche contre la marginalisation pourdéfendre « leur aquarium ».L’Economiste, lui, a préféré s’attarder sur l’OuedBouskoura, un quartier où « des chaussées ont étéinondés à cause des travaux du tramway de Casa-blanca ». Et Assabah a choisi de traiter les inonda-tions des chaussées et les moyens requis pour luttercontre l’engorgement : « Les pompes électriques ontenvahies le centre ville ».Du côté de la production, le Matin s’est voulu rassu-rant sur la production des agrumes dans la région duGharb, mais « il faut espérer que les pluies ne recom-mencent pas puisque la saison des Navel s’arrêtent le20 décembre ». Aucun risque puisque l’Opinion rap-pelle que « les rumeurs persistantes annonçant lespluies de lundi 6 décembre véhiculées sont un mau-vais canular ».

Les inondations au coeur de la presseDurant trois jours, les intempéries ont fait la une des journaux marocains. Tour d’horizon des titres.

“L’addition est salée”Quotidien Le Matin

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11Lundi 13 décembre 2010 / Casa Hebdo

OpinionsLa LYDECresponsable ?Brebis galeuse

Par Thibaut Chaurand

Il serait injuste d’imputer à la LYDEC toutes les res-ponsabilités dans les inondations actuelles de la capi-tale économique du pays. Les problèmes structurelsne sont pas nés de la dernière pluie. Cependant, treizeans après l’octroi de la gestion des eaux à Suez, la

situation peine à s’améliorer. La Lydec, filiale de Suez, ne sau-rait échapper à une remise en question. En 1999, Guy Canavy, président de la Lyonnaise des eaux deCasablanca de l’époque, rappelait qu’ « il ne faut pas oublierque nous avons hérité d’un réseau d’assainissement vieux de50 ans. » Certes. Mais en 2010, rien n’a changé. La LYDECconnaît pourtant bien ce réseau vétuste, qu’elle a elle-mêmeconstruit à l’époque du protectorat. L’Oued Bouskoura étaitd’ailleurs déjà là.En 1999, ce fleuve souterrain constituait pour Guy Canavy le« vrai problème ». « Les arrivées d’eau provenant du bassin

de l’Oued ne sont pas encore maîtrisées. » 11 ans après, il esttoujours pointé du doigt par la LYDEC, dans une tentativedésespérée de contre-feu. Si le problème était si clairementidentifié, pourquoi rien n’a été fait ? Le collecteur des crues de l’Oued Bouskoura devait être lasolution miracle. Sillonnant la ville d’est en ouest, le fleuvefinit aujourd’hui sa course dans le port. Le projet de collec-teur vise à terme à détourner les eaux dans une zone ruraleen cas de crue. Il est en projet depuis treize ans. Aucunchantier n’a encore commencé. La Lyonnaise incriminel’Agence Urbaine, coupable selon elle de laisser faire l’urba-nisation sauvage. En dernier ressort, la LYDEC, avec une philosophie qui lui esttoute personnelle, renvoyait la balle aux casaouis : « Ce sontdes choses qui arrivent à tout le monde, dans toutes lesvilles. » Il faudrait selon Guy Canavy « quadrupler la rede-vance aux Casablancais pour en finir […] avec ces histoiresdes inondations » ou « être réaliste » et « s’attaquer à d’autrespriorités ». 11 ans plus tard, les casablancais, les pieds dansl’eau, apprécieront.

Bouc émissaire

Par Adil Joundy

Achaque inondation dans la ville de Casablanca,la LYDEC apparaît comme le responsable idéal.Comme si les drames avaient tendance à occul-ter la mémoire collective. Il suffit pour cela de serappeler la situation d’avant 1997, date de l’at-

tribution de la distribution en eaux et électricité de la métro-pole marocaine à la Lyonnaise des eaux. La LYDEC ne peutêtre accusée de tous les maux. Tout lui imputer seraitd’ailleurs d’une grande ingratitude compte tenu de la situa-tion héritée à son arrivée : un réseau d’assainissement vieuxde cinquante ans.Tout le monde savait que l’oued Bouskoura -cette rivièrenaturelle qui traverse Casablanca par son sous-sol- risquaitde sortir de son lit. Mais la priorité a toujours été avant toutà la sécurisation de la ville en eau potable. Les responsablesde l’agence urbaine de Casablanca le savent d’ailleurs trèsbien. Une ville de cinq Millions d’habitants privée d’eau enplein été est difficilement imaginable. En 1997, les deux tiersde l’eau arrivant sur la ville était perdue dans les fuites descanalisations vétustes. Taux qui s’est depuis considérable-ment amélioré. Le Maroc, pays en stress hydrique structurel,a grand intérêt à préserver ses ressources en eau, ce qui estautrement plus stratégique que d’investir dans de coûteusesinfrastructures destinées à prévenir d’hypothétiques pluiestorrentielles, de plus en plus fréquentes, il est vrai. À qui incombe alors la responsabilité de la trentaine de mort? D’abord à la Météorologie nationale qui a vu arriver la catas-trophe sans prévenir la population. Personne ne pourra nousfaire croire qu’autant de pluies n’étaient pas prévisible. Le bon

sens voudrait qu’il faille complètement restructurer cet orga-nisme public qui ne sert strictement à rien.Arrive ensuite la problématique gestion déléguée de ser-vices publics, à double tranchant. D’un côté l’efficacité, letransfert de compétences, l’identification des points noirsinfrastructurels. De l’autre, l’impact de la mondialisationsur la gestion urbaine. Pour bien le comprendre, il fautsavoir que la LYDEC appartient à GDF Suez. Ce leaderfrançais en matière d’énergie et d’assainissement a été lour-dement touché par la dernière crise financière. Ce qui apour conséquence directe le retardement de certains projetsd’investissements de ses filiales comme la LYDEC. Parmices projets : le super collecteur de la ville de Casablanca quia justement pour objectif de canaliser ce fameux oued Bous-koura en cas de crue. Le montage financier de ce mégapro-jet, en partie financé par l’agence urbaine, devra encoreattendre le temps que la maison-mère se redresse économi-quement...Au chapitre des dédommagements des victimes par les assu-rances, le temps n’a encore une fois pas été en faveur dessinistrés. Le conseil de gouvernement vient d’adopter unprojet de loi instituant l’introduction des catastrophes natu-relles -dont les inondations- dans les contrats d’assurances,ce qui n’était pas le cas jusque-là…Tout cela démontre la prise de conscience de l’état marocainsur la nécessité de se prémunir contre ce type de catastropheet sa volonté de réagir face aux dangers des inondations quisont amenées à se reproduire de plus en plus souvent, chan-gement climatique oblige. Seulement son temps de réactivitéface à des désordres climatiques de ce type ne fait malheu-reusement pas partie de ses priorités immédiate. Les victimesattendront. N’est-ce pas cela le fatalisme à la Marocaine ?

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12 Casa Hebdo / Lundi 13 décembre 2010

Société

Par Anthony Guidoux

ACasa, le trafic est très dense.Ici, il n’y a plus d’heure pourles embouteillages. Perdu entredes voies de circulation inexis-tantes, des feux dont tout le

monde se fiche et les taxis qui règnent enmaîtres, l'automobiliste n'a d'autre choix quede s'imposer. Les coups de klaxons pleuvent,les cyclomoteurs déboulent et tout le mondese gare en double file. Ici règne la loi du plusfort. Depuis deux mois cependant, les accidentsliés au trafic sont moins fréquents. Depuis le1er octobre, la mise en place d'un nouveauCode de la route et l'introduction du permisà points ont fait évoluer un peu les menta-lités. Ali est commerçant dans la Médina.En tant que motard, depuis deux mois, il leconstate : « Les règles ont changé les habi-tants. Avec le nouveau code, on fait plusattention à la vitesse, au port de la ceinture,aux feux rouges et au téléphone au volant. Legouvernement a réussi à toucher les Maro-cains là où il fallait : le porte-monnaie. »

Une question de civismeL'instauration du nouveau Code est une révo-lution. Il a fallu cinq ans au ministère desTransports pour faire valider le projet au

Parlement. Des grèves importantes ont para-lysé le pays à plusieurs reprises. Le combatest loin d'être gagné, deux problèmes per-sistent. D'une part, les infrastructures ne permet-tent pas encore aux usagers de circuler dansles meilleures conditions. A Casa, il y a peuou pas de parkings, aucune voie n'estréservée aux bus...

D'autre part, la question de l'éducation sepose. Une certaine culture de la sécurité rou-tière qui n'existe pas ou trop peu. En termesde civisme, il y a du chemin à parcourir. Lacirculation autour des ronds-points en estle meilleur exemple. La plupart des auto-mobilistes laissent la priorité à ceux qui ren-trent sur le rond-point. « Comment voulez-vous que l'on utilise les rond-pointscorrectement quand on a aucune informationsur la manière de les prendre ? », s'indigneMohammed, client régulier d'un café dans lecentre-ville. En définitive, l'adoption du nouveau Codeouvre la voie au changement. Mieux enca-drés, les usagers semblent faire attention.Les autorités ont lancé quelques chantierspour fluidifier le trafic. L'inauguration del'autoroute entre Marrakech en Agadir l'étédernier en est le meilleur exemple. Au Maroc,le combat contre l'insécurité routière est belet bien lancé. Il était temps.

Mark, howeverone pawnbrokerauctioned off thedwarves, thenumpteen dogssacrificed twoslightlyschizophrenicpoisons,however

La sécurité routière : une priorité10 morts par jour. C'est le triste constatde l'insécurité routière qui règne dans lepays. Pour lutter contre ce fléau, legouvernement a mis en place le permisà point il y a deux mois. Une nécessitépour des villes comme Casablanca, oùle centre-ville est un bazar routierpermanent.

Depuis deux mois, lesaccidents liés au traficsont moins fréquents.

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Le petit taxi : un incontournablequand on sait que Casa manquede bus et que la ville n’aura sontramway qu’en 2012[Uneinstitution, même, avec à la clefune technique simple : lecovoiturage. Et un système horsnorme : le triple compteur ! Petittour en taxi rouge dans la villeblanche[

Par Lamia Berrada-Berca

Ils sont dix mille, tous lesjours, à charger ainsi une,puis deux, puis trois per-sonnes tout au long du che-min. L’itinéraire convient ou

non au taxi qui d’un signe de têtedonne au nouveau client le permis des’installer à côté des autres. Maxi-mum autorisé : trois passagers. Latechnique est imparable : le taxi pra-tique naturellement le covoituragepour pallier l’insuffisance des trans-ports urbains à Casa. Multiplier lescourses. Rentabiliser le moindredéplacement. Au taxi de calculerensuite les petits détours qui per-mettent d’arranger tout le mondequand c’est possible. En somme, nitaxi ni bus mais un peu des deux, età chacun son bout de route à payer.

Un systèmeingénieux…Alors comment ça sepasse, concrètement? Un triple comp-teur à la mécaniquebien réglée tranchesur le prix de lacourse à payer. L’en-trée dans le taxi estmarquée par le cla-quement sec du clicqu’on entend aucompteur : manièrepour le chauffeur desaluer l’arrivée duclient. Le trajet secalcule pour lui laplupart du temps detête. Question d’ha-bitude ! A titre indi-catif une course coû-te sept dirhams

minimum lorsqu’on est seul à bord etquinze dirhams,- soit un euro seule-ment-, pour l’équivalent d’un trajetentre Porte Maillot et Porte de Vin-cennes !

Et nécessaire !Avec des tarifs aussi modiques lecovoiturage permet d’arrondir sen-siblement les revenus. « Je gagneautour de six cent dirhams par jour,quelque chose comme ça, mais jedois reverser deux mille dirhams parmois pour payer mon agrément, et ily aussi l’essence, l’assurance…»,explique Hassan sans s’étendre plussur les chiffres. Son taxi, lui, il le par-tage avec deux autres chauffeurs. Ilsfont ce qu’on appelle les trois-huit. «Le métier est fatiguant, mais ça rap-porte, quand même… » Bref sourireesquissé. Hassan n’a pas le choix.Avant il travaillait dans une bijou-terie où il taillait des pierres pré-cieuses mais son acuité visuelle n’estplus ce qu’elle était. Etre taxi est unmoindre mal, même s’il gagne bienmoins qu’avant. Il n’en dira pas plus.A cinquante-trois ans, c’est du coupun jeunot dans le métier…Le systèmedu triple compteur ? « Oui, c’estbien…Je ne vais pas finir million-naire…mais heureusement qu’on aça ! »

Mieux qu’à New-York…Pour le moment c’est le permis àpoint qui alimente les motifs de râler.«Vaudrait mieux faire des parkings,hein, pour laisser la route à ceux quidoivent rouler !..» vitupère Hassanqui a décidément vite attrapé lepli…En France le taxi est considérécomme un mode de transport deluxe. C’est en période de grève que lecovoiturage fait des émules…A Casala réalité est bien différente, on vit àl’heure new-yorkaise : façon de direqu’on a pris l’habitude d’attraper auvol un taxi ! Et c’est clair que lecovoiturage y est pour beaucoup.Avec un avantage certain : des tarifssingulièrement attractifs ici…De quoijouer sur tous les tableaux !

13Lundi 13 décembre 2010 / Casa Hebdo

Société

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La sécurité routière : une prioritéCompte moi ton chemin

Marocain, vos papiers s'ilvous plaît ! Le nouveaupermis de conduire marocaina fait son aparition auroyaume le 1er octobredernier. Sa validité est de 10ans. Son obtention est sujetteà une période probatoire de 2ans pour laquelle est délivréun permis provisoire, dont lecrédit maximal est de 20points. Le permis définitif estquant à lui d’une valeur de 30points. Le retrait des points se faitselon la gravité de l’infraction.Du côté des contraventions,la nouvelle loi prévoit deretirer 4 points en cas d’excèsde vitesse de plus de 50km/h. Perdent 4 pointségalement les conducteursqui ne respectent pas un

STOP ou un feu rouge. Pourles délits, 6 points serontretirés dans le cas d'unhomicide sans circonstancesaggravantes. Le conducteurpeut perdre jusqu’à 14 pointsen cas d’homicide aveccirconstances aggravantes sil'annulation du permis deconduire n'est pasprononcée)...Au rythme où pleuvent lesinfractions au Maroc, les 30points ne seront pas de trop !Dans tous les cas, il estpossible de reconstituer soncapital si on réussit à passer3 ans sans commettred’infraction. Grandenouveauté dans le pays, unebonne conduite seradésormais récompensée !

REPÈRES 30 POINTS AU COMPTEUR !

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14 Casa Hebdo / Lundi 13 décembre 2010

Société

Par Calum Prieur

Ils sont cireurs dechaussures, ven-deurs au détail, vouslivrent de la nourri-ture ou vous aident

à vous garer. Ils sont trèspauvres, souvent âgés, tra-vaillent pour gagner un peud’argent et nourrir la famille.Des métiers que l’on croyaitdisparus et qui font partiedu paysage quotidien deCasa.Les cireurs de chaussuressont très nombreux sous lesporches des grands boule-vards. Accroupis, derrièreleur petit piédestal en bois,ils scrutent les milliers depaires de chaussures quidéambulent devant eux, à larecherche du prochain client.D’autres font des terrassesde bar leur terrain de chasse.Plusieurs pots de crème,deux ou trois brosses et unchiffon. Munis de leur atti-rail, sommaire mais ample-ment suffisant, ils lustrent

les chaussures des cadressupérieurs. En allant aubureau, Yassine, costume etlunettes noires, s’arrête chezle cireur une fois par semai-ne. « C’est sympathique, onpeut discuter, c’est rapide eten même temps, je l’aide »,raconte-t-il.Abdelkrim, cireur sur le bou-levard d’Anfa, assure qu’ilbichonne des souliers detous types : cuir, daim, toi-le… En 38 ans de carrière, ilen a vu passer. Après toutesces années il s’est constituéune petite clientèle, maisrien de bien extraordinaire.Quand on lui demande si lesaffaires marchent, il répondque « ça dépend ». C’est aus-si ça, les petits métiers : l’in-certitude. La coutume veutque le client paye ce qu’ilveut, ce qu’il peut. Alors çadépasse rarement les 10dirhams (environ 1 euro). Cadevient vite difficile, « sur-tout avec cinq enfants »,ajoute Abdelkrim.

Dans la ville, oncroise aussi devieux chariots àbascule tirés pardes hommes. Ils

sont ramasseurs de cartons,livreurs de lait ou d’œufs.Vous avez envie d’une pom-me ? Un signe de la mainsuffit pour qu’un vendeuritinérant rapplique.Encore plus étonnant, desgardiens de voitures. Leursmissions : gérer le va-et-vient des véhicules, aider lesautomobilistes à se garer etsurveiller les autos. Un sem-blant d’ordre dans la jungledu trafic casablancais. Unsemblant car si certainsd’entre eux sont titulairesd’une autorisation, beaucoupsont indépendants. Ils pren-nent une portion de rue àleur compte et récoltent lespourboires.Dans une ville où les diffé-rentes classes se mêlent, lesplus pauvres s’organisent. Auservice de leurs semblablescomme des plus riches, leursactivités ne sont pas futiles.Au contraire, Casablanca dis-pose de vrais services deproximité, appréciés de tous.

Petits métiers,grands servicesA chaque coin de rue, sur chaque trottoir, des hommes et desfemmes pratiquent encore des petits métiers. Des services quicoûtent quelques dirhams et qui simplifient la vie de tant deCasablancais.

GARDIEN DE VOITURES

L’art dejongler avecles autosPar Calum Prieur

Adossé au mur, une jamberepliée, Abdellatif scrute le

trafic. Petit et frêle dans songilet jaune, il gère pourtantd’une main de fer ses quelque100 mètres de parking. Tel unchef d’orchestre, il tented’établir l’ordre dans le balletdes autos. « Les gens segarent où je leur dis et commeje leur dis. C’est moi quidécide ! », s’impose-t-il. Soudain, un coup de klaxon.Abdellatif réagit au quart detour. Il fonce vers la voiture etl’assiste dans son créneau.Petit sourire. Trois dirhams deplus. De l’autre côté, uncamion manque d’emboutirune voiture garée sur lemétrage du gardien. Il s’yattarde aussi vite. Ca n’a pasl’air comme ça, mais c’est dusport de garder les voiturescasablancaises. Une sorte dechorégraphie propre aumétier. « Il ne faut pas faireattendre les gens. Sinon ilsme donnent un ou deuxdirhams en moins ! Et puis, çafait beaucoupd’embouteillages », précise letrentenaire. Il est devenu le roidu moulinet et arrive à caserune voiture en quelques mots :« braque ! gauche ! droite !stop ! » En arabe évidemment,et toujours en braillant. Debout à 6 heures tous lesmatins, il laisse sa femme etses trois enfants à la Médina,passe la journée debout, àcourir à droite à gauche. Nulne sait combien de tempsencore Abdellatif passera surson trottoir. Même lui n’en aaucune idée. Quand on luipose la question, il sourit,balance son bras dans les airset[ klaxon, le voilà reparti.

Les cireursdonnent unesecondejeunesse àvoschaussurespour troisfois rien

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15Lundi 13 décembre 2010 / Casa Hebdo

Société

Par Charlotte Paitel

Perché sur unrocher, le village deSidi Abderrahama-ne essuie lescaprices de l'océan.

Juste à côté de Ma Bretagne, restau-rant étoilé fréquenté par Jacques Chi-rac, le contraste est frappant. Depetites cases blanchies à la chauxdominent la Corniche. Son air hau-tain, en décourage plus d'un. Pourtant à marée bas-se, le village se laisse approcher. Ne jamais se fier auxapparences. Sous des airs tranquilles, le lieu est hanté.Puanteur, insalubrité, malades mentaux, voyantes: ledécor est digne d'une fiction hollywoodienne . "Il y aplein de fous là-bas, on raconte qu'il s'y passe deschoses horribles" murmure Medhi, un jeune pêcher. Un cadavre de coq noir git sur les rochers. "On estvenu chercher la barraka (chance)", clament deuxhommes venus de Marrakech. Ils ont parcouru 220km pour offrir l'animal au défunt marabout. "Nouscroyons en tous les fils de Dieu", s'écrient-ils. Desfils de ministres aux vendeurs à la sauvette, toutes lescouches de la société se croisent sur la petite île deSidi Abdrrahamane. Une quinzaine de marches mènent à la premièrecase. Les deux fous de l'île guettent les pèlerins.Quelques pièces suffiront à calmer leur ardeur. L'heu-re est à la prière. Le tombeau du marabout SidiAbderrahamane Ibn Jiali repose dans une salle bienà l'abri des regards. Selon la légende, il guérissait lesfemmes "en mal d'amour ou de fécondité", les per-sonnes victimes de mauvais sorts et les malades men-taux. La pièce est plongée dans l'obscurité. A la lueur

des bougies, on devine une tombe recouverte d'un tis-su vert et or. Latifa, quadragénaire et chef d'entre-prise ,est assise, la paume de la main ouverte pourrecevoir une touche de henné. L'âme purifiée, ellese dirige, ensuite, vers la case d'une voyante. "Monentreprise a de très mauvais résultats depuis quatremois, je voudrais comprendre", explique-t-elle.

La cour des miracles

Pas de magie noire ni de tirages de cartes, la répon-

se se trouve dans le plomb. La chouwafa (voyante)emmène sa cliente dans son antre. Une pièce exiguëou trônent deux lits, un réchaud et une grande mar-mite d'eau. La chouwafa récite un verset du coran,touche le corps de Latifa avec des plombs et les jettentdans l'eau bouillante. Les vapeurs atteignent l'entre-jambe de Latifa. Quelques minutes plus tard, le ver-dict tombe: sa secrétaire est jalouse d'elle et nuit àl'entreprise. En une heure, cette chef d'entreprises'est séparée de 100 DH et, peut-être, d'une employée.Elle esquisse un sourire maintenant, elle sait…Un camp de fortune accueille les visiteurs sur la pla-ge. Thé, pâtisserie, soupe : cet aparté gourmand estaccompagné de chants et de danse pour exorciser lediable. Certains entrent en transe et s'effondrent surle sable sous le regard amusé des joggeurs dudimanche. Du haut des falaises, la vue est encore plus belle quedes villas voisines. A une différence près: 40 famillesvivent dans le dénuement le plus extrême. Ni eau, niélectricité: il faut improviser. "Nous nous éclaironsavec des bougies et nous avons un peu d'électricitégrâce à des batteries de voitures" explique Saana, ladoyenne de la communauté. Pour trouver de l'eaupotable, il faut compter une heure de marche. Leshabitants n'ont pas le choix. Ici personnes n'a dequoi payer une case dans un bidonville. "Nousn'avons pas de carte d'identité, les pouvoirs publicsrefusent que l'îlot soit habité" ajoute-t-elle. La survies'organise avec les moyens du bord: les hommespêchent, les femmes préparent la soupe et les plusmalins tirent profit du marabout. Chaque déplace-ment est rythmé par l'océan. Au moindre caprice,ces familles restent cloitrées chez elles. Les chambresà air utilisées pour relier le village les heures demarée haute ne suffisent plus. Les chouwafates de l'î-le avaient surement prédit les fortes pluies tombéesces derniers jours…Barraka ou pas, les habitants deSidi Abderrahamane sont prisonniers des flots.

Officiellem-ent, il estinterditd'habiter surl'îlot de SidiAbderraha-mane

L’île où l’on vient chercherla barakaSur la côte atlantique au Sud deCasablanca, la petite communautéde Sidi Abderrahamane intrigue sesriches voisins. ici, voyantes, femmesen mal d’enfant et malades mentauxvouent un culte bien obscur à unmarabout.

Juste à côté de Ma Bretagne, restaurantétoilé fréquenté par Jacques Chirac,le contraste est frappant.

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16 Casa Hebdo / Lundi 13 décembre 2010

Conso

Au royaume dela Vache qui ritElle s’affiche partout et tout le monde en mange.Au Maroc, La vache qui rit s’impose comme unvéritable produit culturel. Par Martin des Brest

«Pour faire la soupe,c’est le meilleur fro-mage ! ». HoddamiSouad est restauratricedans le centre de Casa-

blanca et lorsqu’elle évoque le sujet,un sourire apparait sur son visage. «Les enfants adorent la vache. Enplus, c’est un bon produit pour cui-siner ». Il faut dire que les Marocains ontgrandi avec elle. « Pour eux, c’estune marque nationale. Demandezleur à quelle nationalité ils attribuentla vache qui rit. Vous serez surprispar les réponses ! », s’amuse SoriHaidi, assistante du chef de produitvache qui rit à Casablanca. Un pro-duit miracle ? Peut-être. Ce qui estcertain, c’est que la célèbre marquede fromage se porte bien. Avec huitmillions de portions consomméeschaque année au Maroc, la vache auteint rouge est bien ancrée dans leshabitudes alimentaires.

Entre un et deux dirhamsla portion Cette présence forte trouve uneexplication historique. C’est en 1974que le groupe Bel – les fromageries

Bel sont crées en France en 1921 –ouvre sa première filiale au Maroc.Un pari osé quand on sait que lapopulation locale ne consommepresque pas de fromage. La vachequi rit est l’une des premièresmarques Françaises alimentaire às’ouvrir aux pays du Maghreb. Les habitants sont vite séduits parle produit. Les ouvriers achètent uneportion – entre un et deux dirhams –pour agrémenter leur sandwich etpour la première fois, des plats tra-ditionnels se cuisinent à partir d’unfromage industriel. L’emballage enaluminium et de forme triangulairefacilite l’ouverture et devient une icô-ne pour la population. Les restaura-teurs ne restent pas insensibles etquelque uns font de la vache qui rit -Al-Baqarah Ad-Dahila en arabe- unecompo-santeessentiel-le de leursprépara-tions.

Un fromage haut encouleurLa perception d’un produit diffèred’une région à une autre. En France,

la vache qui rit est vue com-me un produit moyennegamme. « Au Maroc, lavache qui rit jouit d’une ima-ge haut de gamme. La forcede ce produit, c’est qu’il estapprécié par tout le mondeet qu’il est accessible »,explique Sori. Il faut compterdix dirhams pour une boitede huit portions. A cela, il faut ajouter un cir-cuit de distribution bien rodéet une communication omni-présente. « Nous communi-quons sur tous les supportset très régulièrement. Nousfaisons des campagnes à latélévision, à la radio ainsique dans la rue ». Les Marocains achètent dela vache qui rit dans les épi-ceries, les Intermarchés etles stations-service. Toutesles secondes, cent vingt-cinqportions de vache qui rit sontconsommées dans le mon-de. « Moi j’en mange le soiren rentrant de l’école. C’estdu beurre en mieux » sedélecte Mohamed, entredeux actions d’un match defootball improvisé. Si la vache qui rit est fabri-quée à partir de fromagestels que le cheddar, l’em-mental et le comté, la sociétéBel comprend vite les possi-bilités qu’offre le marchémarocain. Le dernier né estla vache qui rit au fromagerouge. Sorti en 2007, lesuccès est immédiat. Au fildes années, la vache a suconserver son sourire. Et nuldoute qu’avec le temps, elleprendra quelques couleurs.

Le pôlefinance etmarketingde lafromagerieBel est situéàCasablanca

125 portions de Vache qui ritsont consommées chaqueseconde dans le monde.

REPÈRESQUELQUES PRIX

Un kilogramme de tomates : 8,5 dirhams*

Une baguette de pain :1,20 dirhams

Un paquet de cigarettes :30 dirhams

Une boite de six œufs :6,70 dirhams

Un litre de lait :8,80 dirahms

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17Lundi 13 décembre 2010 / Casa Hebdo

CultureCiné, caféet convivialité

Par Lamia Berrada-Berca

Ce soir c’est leSea Men’s quiest investi.Près du Port.Et pour cause,

c’était le QG des Marinesdurant la seconde guerremondiale, un endroit « àsouvenirs » qui cultive lesens de la nostalgie avec sesphotos d’époque noir etblanc accrochées au mur etde vieux billards américainstrônant dans un coin de lasalle. Dans quelques instantsce sera le cinoche de quar-tier, ambiance bon enfant,sauf qu’il n’y a pas de quar-tier : le lieu se crée et se réin-vente à chaque fois. Lepublic n’est jamais tout à faitle même. Il y a ceux quiconnaissent et ceux qui ne

connaissaient pas encore. Latribu au fur et à mesures’agrandit, -dans un café tout

le monde se tient chaud-, etdans une ville de 7 millionsd’habitants il fait bon croirequ’il existe encore des oasisde culture au milieu de nullepart…Accoudé au bar en lai-ton un homme d’une tren-taine d’années, blouson decuir noir, sourire en coin,discute. Dans les vapeurs defumée, une bière à la main ilaccueille chaleureusementceux qui arrivent, un à un ouen bande. Des visages pourla plupart inconnus maisdans le tas, oui, il reconnaîtle styliste Amine Bendrioui-ch et la plasticienne MonatCherrat. Un bref salut duregard, de la voix…il est déjà20 heures, l’heure d’entreren scène. Quelques motsbredouillés à la va-vite : «…Balcon Atlantico, un petitbijou à voir ce soir ! Et sur-tout, profitez-en bien ! » Lecri de Jamal Abdenassar estsa marque de fabrique. Uncri du cœur en guise derideau de scène. La projec-tion commence alors sur undes murs de la salle. Aussitôtles têtes bougent car deuxpiliers gênent au milieu. Achaque lieu il faut s’adapter.

Ici, le cinémaitinérant vitencore…« C’est quoi, ce film ? »demande une femme en

sirotant son verre. « Ca par-le des relations amoureuses,c’est filmé à Tanger mais moije l’ai vu en France il y a sixans dans un ciné en bas dubd Saint-Michel… Ah oui ?» Certains regards interro-gent les images avec uneinsistance déroutante,d’autres virevoltent dans lasalle en cherchant à voir quiest là, on se cherche une pla-ce en jouant des coudes,assis ou debout, cigarette aubec. La fumée couvre la salled’une ambiance un peuirréelle. Ca discute ferme aubar. Clope, alcool et ham-burgers maison y font bonménage dans un bruit d’am-biance que le dialogue despersonnages couvre à peine.Alors il faut tendre l’oreille.Augmenter le son. « C’estqui ? Un réalisateur maro-cain ? » Personne ne répond,il faut en déduire que oui.Pour apprendre ensuitequ’ils sont même deux :Hicham Fallah et MohamedChrif Tribak. A l’écran, leschoses se corsent : on assis-te à de véritables tangosamoureux de couple qui sedonnent rendez-vous sur lacorniche de Tanger pourrégler leurs comptes. C’estuniversel. Intemporel. Etc’est aussi le Maroc d’au-jourd’hui. Une réflexion surla place des femmes, leursattentes, leurs rêves. Der-nière image, hors écran : desbières qui s’agglutinent sur lebar et le brouhaha des gensqui se disent au-revoir. Undernier échange sur ce qu’ilsont vu. Le sentiment diffusd’avoir compris deschoses…Dernière tape surl’épaule. « Merci d’être venus! » lance Jamal. En France,dans les villages, les généra-tions d’avant ont bien connule cinéma itinérant. Qu’onmonte et qu’on remonte. Quiva de village en village mon-trer la vie en images. Et fairerêver, aussi. A Casa, c’est decafé en café. Et ce n’est pasprès de s’arrêter…

Ca se passe dans un café. A Casa. Onvient y voir des films, des courts, de lavidéo, des bouts d’essais[Tous les moisun nom de lieu est lancé sur internetpour le grand rendez-vous deCasaprojecta dont c’est la 26ème édition.

Casaprojecta :quand lecinéma va à larencontre dupublic

Aussitôt les têtes bougentcar deux piliers gênent aumilieu. A chaque lieu il fauts’adapter.

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18 Casa Hebdo / Lundi 13 décembre 2010

Sport

Par Benjamin Viard

Casablanca. Boulevard Zerk-touni. Une terrasse de café. Leministre des Finances, desjournalistes et une anciennegloire de l’équipe nationale

s’attablent. Le serveur s’approche. Et sollicitel’attaquant marocain retraité. Le patron, pré-venu, félicite à son tour le joueur. Les pas-sants les imitent. Pas un regard pour leministre. L’anecdote est signée Hicham ElKhlifi, fondateur et directeur de Radio Mars,l’unique radio 100% sport du Maghreb.Au Maroc, le footballeur est star. Depuis lesannées 50 et la création d’un championnatnational, le pays vit, vibre pour le ballonrond. Et en cette dernière semaine denovembre, les Casablancais sont aux anges.Les deux clubs de la ville, le Raja et le Widad,s’affrontent en groupement national d’élite 1,l’équivalent de notre Ligue 1. Dans la capitaleéconomique du pays, on naît Rajawi ouWidadi (lire Le match de l’année). Ancré aubeau milieu de la ville, le monumental stadeMohamed V accueille depuis des décennies lematch le plus important de l’année. Pour

cette rencontre, 90 000 spectateurs sur-chauffés s’y retrouvent.

Rajaoui, Wydadi… et BarçaouiSeul le classico espagnol rivalise avec le der-by local. Il est vingt-et-une heures, en celundi 29 novembre. Le club catalan reçoitson rival madrilène. Casablanca se ras-semble. Les bars et les cafés sont bondés.Les kiosques à journaux endossent le rôlede salle de projection. L’amour pour le footespagnol est historique. Depuis le début desannées 70, par sa proximité géographiqueavec la péninsule ibérique, le Maroc a tou-jours retransmis les rencontres de Liga.

Alors, quand Lionel Messi et Cristiano Ronal-do s’affrontent, le pays frémit. Le coup de sif-flet est donné. Le réalisateur s’attarde surl’international portugais. Un homme, Hei-nekhen à la main, élève la voix : « Retournechez l’esthéticienne ! ». Casablanca a choisison camp. La rencontre tourne à la démons-tration barcelonaise. L’avalanche de butss’accompagne d’un déluge de cris. Les Cata-lans s’imposent 5-0. Les Casablancais exul-tent. Le serveur est porté en triomphe.

Des allures de CopacabanaLa ville respire le football. Une traversée suf-fit pour s‘en apercevoir. Dans une ruelle de lamédina, des enfants s’adonnent à une partieimprovisée. Sur une petite place, un jeunehomme, short et torse nu, multiplie lespasses avec un ami pourtant élégammenthabillé. Et quand la mer se retire, la plageprend des allures de Copacabana. Desdizaines, des centaines de jeunes footbal-leurs s’approprient un bout de rivage. Le

Le plus beauterrain dumonde ! Chaquejour, desdizaines deCasablancaisparticipent, lespieds dansl’eau, à desparties defootballinterminables.

Le football : une deuxième religionLe ballon rond passionne lesfoules. Les Européens s’enivrentpour le sport qu’ils ont créé. LesAméricains s’étonnent (de moinsen moins) d’apprécier une bonnepartie de soccer. Au Maroc,comme en Amérique du Sud, seulle football compte.

Ici, l’amour pour le footespagnol est historique.

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19Lundi 13 décembre 2010 / Casa Hebdo

Sport

Xxx

xxsable, délaissé par la marée basse, s’endurcit.Un bâton pour tracer le terrain de fortune,des pulls en guise de poteaux de buts et lapartie peut commencer. Les passes s’en-chaînent. Les dribbles sont réussis. L’aisan-ce technique des participants impressionne.Un tacle un peu appuyé fait monter la ten-sion. Echange d’amabilités. Quelques «Khouilla » permettent au match de reprendreses droits. Un détail saute aux yeux. Aumilieu des différentes tuniques marocainesou européennes, un club voit ses couleurssurreprésentées. Le Barça, bien sur.

Par Geoffroy Lejeune

C’est l’arlésienne! Le match del’année, le derby entre le WAC et

le Raja, a été repoussé deux fois enl’espace d’une semaine. Dimanchedernier, la manifestation a contraint lesautorités à repousser le match à mardipour éviter des débordements. Maismardi, les pluies torrentielles qui sesont abattu sur Casablanca ont rendule terrain impraticable et conduit lesdirigeants des clubs à repousser larencontre à samedi prochain.Pour les supporters des deux clubs,l’attente est dure à digérer. Le matchentre les deux rivaux Casablancais estla plus importante des rencontres del’année. Plus que le classement final,plus que l’équipe nationale ou autantque le clasico espagnol, le derby WAC-Raja attise les passions. ChaqueCasoui a déjà choisi son camp. Ici, onest rouge ou vert, Wydadi ou Rajaoui.Les deux clubs se partagent lescouleurs du drapeau marocain autantque le cœur des Casablancais.

Rivalité ancestraleSelon Rachid Azmy, ancien vice-président de la Fédération royale defootball marocain (FRFM), « la rivalitépuise sa source dans les quartierspopulaires de Casablanca. La Medina,vieille ville en Arabe, a vu naître sonclub, le WAC, en 1937. Quelquesannées plus tard, le quartier Derbsultane créait le Raja pourconcurrencer la vieille ville.Contrairement aux affrontements lesplus connus dans le football, lescritères de distinction ne sont passociaux, les deux clubs étant descréations populaires. » Aujourd’huiplus que jamais, ce sont toujours lessupporters qui font vivre le derby. Etcette rivalité prend parfois des toursviolents. « Les supporters ne se

fréquentent pas. Impossible pour unWydadi de pactiser avec un Rajaoui.Les affrontements passés ont donnélieu à des scènes de casse ». Cematch perd son caractère sportif quandtout l’orgueil des supporters l’investit.La manière importe aussi peu que leclassement, pourvu qu’on écrasel’adversaire.Les Casouis se préparentreligieusement à cette rencontre.Aussi, quand elle est repoussée, latension augmente. Ce qui devait êtreun derby musclé devient, l’attenteaidant, le match de l’année. Les clubsde supporters s’organisent en armée,travaillent leurs bannières et aiguisentleur tactique de « combat ». La plupartdes Casablancais sont dispensés detravail pour assister à la rencontre, quise joue à guichet fermé. Ceux qui nesont pas libérés jouent au travailbuissonnier et vont malgré tout grossirles rangs des 90 000 spectateurs dustade Mohammed V. Issam, supporterdu WAC, sera présent au stade : « Jevais au stade pour voir le WAC gagner,chaque année, on est les plus forts ! Jene peux pas rater ce match. » Cetterivalité semble ne pas s’étendre au-delà des tribunes. Les joueurs sontmoins touchés par le phénomène. Ilarrive même que certains d’entre euxchangent de club pour le rival,devenant des traîtres pour leurssupporters. Les dirigeants, eux nonplus, ne soufflent pas sur les braises.Privilégiant les principes de précautionet de sécurité, ils n’entretiennentaucune animosité. Le WAC-Raja est unvrai derby populaire. Samedi, jour dumatch, les supporters se livreront à leurexercice préféré et feront vibrer lescouleurs de leur club. Ce jour là, il n’yaura plus de différences, plus decritères sociaux. Seulement desRouges et des Verts.

Le football : une deuxième religionWAC-RAJALe match de l’année

C’est historique : le Qatar sera le premier pays arabe organisateur d’une Coupe dumonde en 2022. Jeudi dernier, la candidature qatarie a battu celle des États-Unis,pourtant favorite, par 14 voix contre 8. Le soutien de Zinedine Zidane a été plus fortque celui de Barack Obama, Bill Clinton et Morgan Freeman, et la Coupe du mondefilera donc vers un pays arabe et musulman pour la première fois.La nouvelle a été accueillie avec euphorie, au Maroc notamment. Le soir même, leschroniqueurs de la plus célèbre émission de talk marocain sur Radio Mars, «culture foot », se félicitaient de cette « décision historique » tout en insistant sur lesenjeux essentiels pour le football arabe. « Le monde arabe est attendu au tournant,

COUPE DU MONDE 22 V’LÀ LE QUATAR !

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20 Casa Hebdo / Lundi 13 décembre 2010

Ambiances

Par Roch Serpagli«Vous voulez une veste en cuir? Non? Du hash alors?» Des propositions com-me celle-ci, on en reçoit souvent dans la vieille Medina. Il faut savoir qu’un

Occidental se distingue facilement dans ce quartier traditionnel de Casablan-ca. Ici la proportion de femmes voilées devance de loin celle du pays. Que cesoit en raison de la tenue vestimentaire, de la coiffure ou du simple fait qu’ici

tout le monde se connaît, il est impossible de se fondre dans la masse. Comme dans n’importe quel souk du Moyen-Orient, tout s’achète entre cesremparts à l’allure de labyrinthe. Les jours ensolleillés, des lunettes «bien

imitées » sont vendues par les mêmes qui proposent des parapluies quand leciel s’assombrit. Pris entre les murs omniprésents de la Médina, ces vendeursopportunistes s’adaptent et peuvent endosser le rôle de dealer de drogue. Lediscret « haschisch, haschisch » glissé à notre passage devient le refrain d’une

promenade sur le parvis cabossé de cette ville dans la ville. D’un simple «bienvenue » à la proposition de nous abriter sous son parapluie, rien n’arrête

ces VRP du cannabis.Un résident du quartier, qui a grandi dans ces rues étroites aux pavés

rouges, explique que « ce sont rarement des fumeurs. Ils font cela pour se fai-re un peu d’argent sur le dos des étrangers en revendant des produits de mau-

vaise qualité. Le kif – la poudre de cannabis à l’état pure –est réservé auxlocaux.». Et les prix ? Les mêmes qu’en France a priori. La répression, elle, yest assez sévère envers les Marocains. Alors si l’odeur des joints vous attireplus que celle du cuir des maroquineries, méfiez vous des attrapes touristes.

Au coeur de la MédinaProfession : VRP du

cannabis

Par Thibaut Vergez-PascalDire de Casablanca que c’est un affrontement permanent entre nanti et misé-reux serait un peu réducteur. Je n’en ferai rien. Elle est un joyau méconnu,

qui, avec le temps dévoile des secrets enfouis quand on prend le temps de s’ypencher avec intérêt. Si l'expression « terre de contrastes » n'avait été tantgalvaudée, elle conviendrait mieux que tout autre pour qualifier la ville

blanche. Une opposition entre Afrique et Europe, entre Atlantique et Médi-terranée, entre tradition et modernité.

Pour dévoiler les attraits de la ville, je vous invite à faire un tour dans lecentre historique où nulle personne ne peut demeurer indifférent à la beautéde l'Art-déco caractérisant ses avenues ombragées. Son charme réside ainsi

dans ce mélange subtil entre l’héritage architectural du protectorat et lamodernisation de certains quartiers. L'esprit de la ville, se trouve dans son

ancienne médina et ses ruelles en pierre avec comme meilleur point de départson horloge imposante. Un parcours enivrant qui conduit le visiteur vers l'an-cienne forteresse construite au XVIIIe siècle avec ses grands canons pointantvers l'Océan. Le bastion connu sous le nom de la "Sqala" a été converti en unrestaurant proposant une cuisine exceptionnelle de tous les coins du Maroc

Laissant derrière moi la panoplie de restaurants, brasseries ainsi que lesmultiples night clubs sur la route du littoral. Passer outre les sollicitationstouristiques, faite un bout de chemin avec un Casaoui pour vous attabler à

une terrasse afin de siroter un thé à la menthe en regardant passer desfemmes voilées ou en minijupes, toute une famille chevauchant une mobylet-te, un vieux conduisant son âne, un groupe d'étudiants sages. Ad-dar al-baïdaen arabe, reste pour moi une énigme, elle s’apprivoise et c’est pour cela qu’el-

le fascine…

Art-décoCasa la belle

Par Martin des BrestIl faut s’enfoncer dans les entrailles de labâtisse pour en découvrir les charmes.La salle est immense. Le marbre blanc,habillé d’une mosaïque bleue, projetteson histoire sur des dizaines de mètres.Comptez sur la fumée pour tamiserl’horizon. Une flamme apparaît puis une autre.L’atmosphère, piquante et authentique,alerte votre iris du danger. Mais peuimporte. Le raï sonne juste et le décorrougeâtre finit de vous convaincre. «Vous désirez boire quelque chose ? »Etonné mais déjà attablé. Le guerrouanerouge est un vin aux saveurs épicées.Son mariage avec la nicotine semble êtreune évidence. Les sens ont rarement étéautant sollicités. Du français, de l’arabe, de l’espagnol[Les langues se côtoient dans unbrouhaha géant. Quelquestoussotements viennent rappeler lapassion invisible qui anime le pays. LesMarocains s’enivrent de fumée et lestouristes renouent avec des habitudesoubliées. Entre chaque plat, un cliquetismétallique. Un couscous pour dîner, dugoudron en dessert. Si les yeux pleurent, les mains netremblent pas. Dans une gestuellecommune et parfaitement maîtrisée, lescigarettes se succèdent dans un balaiincessant. La bouche, la main, l’odeur, ilfaut croire qu’un geste suffit pourrassembler une famille. Les boiseriessont tachées par le temps. Ellessuffoquent à la lumière des briquets. Lavieille estrade trône fièrement. Ce soir, iln’y a pas de musiciens. Epargnée par lesmégots brûlants, elle se repose. Lapauvre doit ses cicatrices à l’amour dutabac. Pourquoi fumer lorsque les autresle font à votre place ? Le Maroc estcoutumier du fait et le prix du tabac inviteà la dépense. Et si les autoritéssouhaitaient l’interdire dans les lieuxpublics ? « Vous plaisantez. Personne nerespecterait la loi ! Les Marocains aimenttrop la cigarette » jubile Sarah entre deuxbouffées.

Une passionqui se consume

OURS

OURSOURS

Casa HebdoMagazine réalisé par les élèves d’ESJ 3 PE12010/2011

Rédacteur en chefJean-Luc LerayMaquetteThierry VerretRemerciementsVincent Hardy, ESJC Casablanca,L’Economiste