carl hallaktcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · web viewune nappe, des plats,...

55
ADORABLES (version Jivaros) Drame de CARL HALLAK CHRONOMETRAGE INDICATIF : Acte I : 3 mn Acte II : Victoire : 8 mn Constance : 4 mn Nassima : 6 mn Fabien : 6 mn Claire : 4 mn Acte III : 2 mn Saluts : 40 s

Upload: truongngoc

Post on 16-Sep-2018

217 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

ADORABLES (version Jivaros)

Drame deCARL HALLAK

CHRONOMETRAGE INDICATIF :

Acte I : 3 mn Acte II : Victoire : 8 mn Constance : 4 mn

Nassima : 6 mnFabien : 6 mnClaire : 4 mn

Acte III : 2 mnSaluts : 40 s

Surlignés en jaune : les indications pour la régie lumièreSurlignés en vert : les indications pour la régie son

Page 2: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

Adaptation Thierry Cohard 2006

ACTE I

ENSEMBLE – 3 mn

Texte Lumières Sons Décor - accessoires Indications scéniquesFabien seul en scène. Il prépare un buffet pour ses invités. Court à la cuisine (jardin). Goûte la sauce dans une cuillère en bois, court à la cuisine…

L 1Lumières :

- Faces AB- Latéraux DE

Une table en fond de scène au centre (F centre)Une nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la tableet un lecteur de CD posé à la coulisse (E jardin).+ 1 bouteille de SKY en coulisse au jardin

S 1 Sonnerie de la porte d’entrée

(balancer côté cour si possible)

Les ados entrent en désordre (joie de se retrouver). Effusions.FABIEN. – Eh ! les filles ! ça vous dit un peu de musique ?TOUTES. – Ouiiiii ! / Oh oui ! / Super ! Allez z’y va !Fabien se dirige vers le lecteur CD, le met en marche.

S 2«Flashdance»

Page 3: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

F (debout) ClV Co

N

Musique 20’’(Stroboscope) + baisser au NOIR 10 ‘’

Dans le noir, la musique baisse puis s’éteint, les ados se servent et se disposent, assis à même la scène.

(L 1 ) la lumière se rallume

progressivement en 5 ‘’

CLAIRE. - Bravo Fabien ! Comme d'habitude, c'était délicieux…FABIEN. - Oui, à part la sauce, tout n'était pas trop mal réussi…CLAIRE. – Mais regarde Victoire ! Ils commencent à rire. Victoire se tient le ventre. Tu l'as empoisonnée avec ta sauce… depuis tout à l'heure, elle a des nausées.VICTOIRE. - Ca va Claire, n'en rajoute pas !FABIEN. - Claire, tu ne veux pas nous faire une petite danse ?CONSTANCE, reproche charmeur à Fabien - Tu dragues Claire maintenant ?FABIEN. - Non, Constance, on se calme, je lui propose juste de danser. J'aime bien, elle me fait rire.TOUS. - La danse du ventre ! la danse du ventre !CLAIRE. - Je ne sais pas la faire.NASSIMA. - Quoi ?CLAIRE. (se lève en détachant ses cheveux) - Non, mais ma chère Nassim, c’est pas chez les arabes qu'on danse ça ?

Page 4: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

NASSIMA. - Ah, c'est vrai qu'ici vous ne dansez que le rap et la techno.Ils rient. (Claire au centre en avant scène)

FABIEN, qui met la musique - Vas-y Claire, top magnéto !

S 3« Trop Sexy »

MusiqueClaire commence à danser, les autres lui donnent le rythme… Constance, elle, se met à débarrasser la table.

10’’ puis diminuer le

volume (à 30-40 % sans couper)

CONSTANCE. - Fabien ! T'as des nouvelles de ton école ?FABIEN. - Oui, je suis pris !VICTOIRE. - Bravo !FABIEN. - Vous avez devant vous, le plus talentueux mathématicien de France…TOUS. - Oh… (Claire en dansant se tourne vers Fabien – danse de séduction)FABIEN. – On va fêter ça ! il reste une bouteille de sky dans le placard.CONSTANCE. - Bouge pas, je vais la chercher. (sort au jardin)TOUS. - Du sky ! du sky ! du sky !Ils rient.

CONSTANCE, qui rentre avec la bouteille et arrête la musique - Arrête Claire ! on a compris que tu

Couper brutalement

Page 5: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

savais danser. On y va direct, on n'a pas besoin de verres…

la musique

VICTOIRE. – Pas toi, Nassima, dans ton pays, on n'a pas le droit de boire de l'alcool… ça en fera plus pour nous !Ils rient tous en se passant la bouteille (de Constance à Victoire qui la pose)

FABIEN, en riant - La vie est belle, les amis, je vous jure que la vie est belle !

Les personnages se figent.Depuis la public, côté cour, Quelqu'un monte sur scène.QUELQU'UN. - Regardez-les, vous vous dîtes : "ils sont adorables". Oui... quand on les regarde comme ça, quand on jette un coup d'œil… Jeunes, peut-être ambitieux, un peu fous, avec leurs idées, leurs habitudes, leur joie de vivre : mais adorables ? Regardez-les bien… est-ce que vous les entendez respirer ? est-ce qu'ils ont peur ? est-ce qu'ils ont mal ? Vous n'en savez rien, et pourtant… (il laisse traîner un silence désagréable) Vous vous dites : "ils sont adorables", mais vous ne les connaissez pas, vous n'en connaissez aucun d'ailleurs. Parce qu'ils existent tous. Ils sont là, près de vous. Jetez un œil à celle qui se met loin, seule, là-bas au fond, c'est peut-être elle. Ou c'est peut-être celui qui est assis à côté de vous, au milieu de son groupe d'amis ; ils respirent le même air que vous, ils polluent la même ville que vous. Regardez-les, juste une fois ! Ecoutez-les, juste une minute ! Et vous verrez combien ils ont mal. Le problème, c'est

L 2Lumières :

- Contre-jours AB

V F (debout)Co Cl (debout)

N

Page 6: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

qu'ils ne savent comment vous le dire… (Un temps. Il regarde le public.) Peut-être qu'avant cette scène sympa, bon enfant, où tout se passe bien, peut-être qu'ils ont vécu une une situation, une histoire qui les a rendus moins adorables. Dans la vie, vous n'avez aucun moyen de le savoir. Un de vos amis peut avoir souffert sans pouvoir vous le dire, vous n'en saurez rien. Au théâtre, il suffit de revoir la scène. (claquement de doigts)

(Stroboscope) + NOIR brutal

S 2«Flashdance»Musique 15’’

Mise en place décors et figurants

Page 7: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

ACTE II

SEULSNB : À LA FIN DE CHAQUE SCÈNE LE PERSONNAGE PRINCIPAL DÉPOSE SA LAMPE ALLUMÉE SUR LE DEVANT DE LA

SCÈNE OU LE LONG DES COULISSES, PROJECTION VERS LE HAUT

Victoire () – 7 à 8 mn

Texte Lumières Sons Décor - accessoires Indications scéniquesL 3

Lumières :- Faces AB- Contre-jour

B- Latéraux

CD

2 chaises (E - jardin)

VICTOIRE, seule (entre en scène du jardin –E) – Maman, je dois te parler. / C’est très important ! S’il te plaît, écoute-moi, j’ai un gros problème. // Promets-moi que tu ne vas pas t’énerver, te mettre à crier, comme d’habitude. // J’ai besoin d’aide, c’est ça : j’ai besoin d'aide. / Ecoute, je n’arrive pas à te le dire, ne complique pas les choses en me répétant que tu ne m’as jamais voulue, que tu ne m’aimes pas ; cette fois, s’il te plaît, laisse-moi te parler. /// Arrête de me rabaisser, je t'en supplie, c’est trop grave : / je crois que j’ai fait une connerie. / Maman, je ne sais pas ce que je dois faire, aide-moi, j’en ai besoin. (un silence) /// Pourquoi est-ce si facile de te parler quand tu n’es pas là ? / Non… même pas, c'est aussi difficile. ///

Page 8: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

Maman, j’ai mal, j’ai très mal / mais tu ne m'entends pas… (s’assoit)La mère entre brusquement. (de la Cour – F - portable en main)

LA MÈRE. – Victoire ? Encore dans la cuisine ! Tu ne te trouves pas déjà assez grosse ? Je ne t’ai vraiment pas réussie, toi !VICTOIRE. - Maman, je dois te parler.LA MÈRE. – Ca ne peut pas attendre ?Victoire se met à pleurer… (La mère tourne le dos avant scène cour D ou C – portable). Se retourne :LA MÈRE. – Mais regardez-moi cette idiote, elle pleure ! Arrête imbécile ! Tu vas gaspiller ton maquillage ! Encore fourrée dans la merde… comme d'habitude !VICTOIRE. – Maman, c’est grave ! (la mère tourne à nouveau le dos)LA MÈRE. – Je sais que c’est grave, avec toi c’est toujours grave.VICTOIRE. – Je suis enceinte Maman.LA MÈRE. – Quoi ?La Mère s'arrête, on l'entend respirer de plus en plus doucement. Le silence est long et lourd, la mère se retourne, elle est en larme. Elle regarde sa fille, chancelle et s’assoit.

LA MÈRE. – De... ?VICTOIRE. – De Vincent, Maman.

La mère pleure… la fille s'approche pour lui parler.

LA MÈRE. – Reste où tu es ! Incapable !

Page 9: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

Regardez-moi ça : pendant que je bosse, cette conne va s’envoyer en l’air avec un…VICTOIRE. – Maman, arrête !LA MÈRE. – Arrête quoi ? Tu es irresponsable, débile, et maintenant enceinte ! Qu’est-ce que tu attends de moi ? Que je te prenne dans mes bras ? Que je te dise que tout va bien se passer ?VICTOIRE. – Pourquoi pas ? LA MÈRE. – Et bien ma vieille, tu vas te faire foutre ; cette fois, tu te démerdes toute seule ! J’en ai marre de tes conneries ! VICTOIRE. – Maman, arrête, tu rends les choses plus difficiles !LA MÈRE. – Mais je m’en fous, tu comprends, je m’en fous ! Ce ne sont pas mes affaires ! Tu as 16 ans, tu es assez grande pour te démerder toute seule. Va plutôt voir l'autre obsédé !VICTOIRE, qui craque – Maman, je t’en supplie, arrête ! Pourquoi tu me parles toujours comme ça ? Pourquoi tu fais exprès de me choquer ? de me rabaisser ? Qu'est-ce que je t'ai fait, Maman ?

Long silence.

VICTOIRE. - Je vais garder l’enfant.LA MÈRE. – Et c’est moi qui vais l’élever ? c’est ça ? Et bien, non, je ne veux pas le voir ce monstre !VICTOIRE. – Maman, pourquoi est-ce que tu ne peux pas me prendre dans tes bras et me dire que tu m’aimes ?LA MÈRE. – Parce que je ne t’aime pas !VICTOIRE. – Moi non plus je ne t’aime pas ! Tu

Page 10: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

n'es pas capable de parler ! Obligée de hurler comme une chèvre !LA MÈRE. – Espèce de sale… Tu vas regretter ce que tu viens de dire : tu vas prendre tes affaires et te barrer ! Comment est-ce que j'ai pu te louper à ce point-là ?VICTOIRE. – Je m’en vais ! J’en ai marre !

Elle sort au jardin (C)

LA MÈRE, dans une sorte d'hystérie (Centre-jardin D ou E) – Casse-toi espèce de salope ! Dégage ! Et ce gosse, t’as intérêt à le faire crever, (crescendo) parce que je ne verserai pas un centime pour sa gueule. Allez tous vous faire foutre ! Je ne veux plus entendre parler de ce gosse ! Aller se faire mettre en cloque par un puceau de service qui ne reste avec toi que parce que tu lui fournis un cul gratos ! Comment est-ce que j’ai pu te foirer à ce point ? je veux que personne n’entende parler de ce gamin ! tu entends ? Sinon je l'étrangle ton Vincent ! je l'étrangle ! J'ai jamais pu le supporter ! Et toi c'est pire ! Tu es ma fille, et ça me tue de voir ce que tu es capable de faire ! T'as intérêt à avorter ma grosse ; intelligente comme tu es, tu es capable d’accoucher !

VICTOIRE. Qui rentre (jardin C) – Je fais ce que je veux ! Je l’aurai juste pouvoir me barrer une bonne fois pour toute !LA MÈRE, dans une sorte d'hystérie – Non, tu n'accoucheras pas !

La mère gifle sa fille…(centre E ou D)

Page 11: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

VICTOIRE. – Salope !

La mère la re-gifle.Victoire va pleurer au fond de la scène (F jardin) puis s’accroupit

LA MÈRE. – C’est pour cela que je t’ai eue. Pour pouvoir me barrer, et je me suis barrée : regarde-moi ça ! Au fond, tu me ressembles : je suis tombée enceinte de toi, et mes parents m’ont foutu à la porte ! Seulement je voulais accoucher, faire la grande : et je t’ai mise au monde ! Je ne t’ai jamais aimée, je t’en ai toujours voulu : c’est à cause de toi que je n’ai pas fait d’études, que je n’ai pas pu m’amuser ! Je suis devenue mère à 17 ans ! Tu entends ? à 17 ans ! Et ce bébé m’a tellement prise ! J’ai tout foiré à cause lui : je pouvais avorter maisje voulais montrer que j'étais assez grande pour accoucher et élever un enfant… Et j'ai bien vu que je n'avais rien pigé, vraiment rien : cet enfant, je ne pouvais pas le voir, mais c'était trop tard, j'avais un bébé dans les bras, qu'est-ce que tu veux faire avec un bébé dans les bras à 17 ans ? S’il y a un truc dont je suis sûre : c’est que tu m’as pourri l’existence !

VICTOIRE, en larmes – Maman, tu es… tu es tellement… je te déteste. Je te déteste, Maman !LA MÈRE. – Avorte, avorte ! Parce que sinon c'est ma vie que tu vivras, et je peux te dire qu'elle est vraiment dégueulasse ! Je t'aie eue sans amour, juste comme ça, comme quand on achète une machine à laver, sans sentiment, sans…

Page 12: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

VICTOIRE, (se lève et s’avance vers sa mère – jardin de F à C) radicalement en larmes – Le pire, c’est que tu ne regretteras jamais ce que tu viens de me dire ! Va te faire foutre Maman !

La fille (va en F cour) ouvre la porte pour sortir, le père entre. (pose son attaché-case)La mère va s’asseoir (chaise la + au jardin)

attaché-case en coulisse à la cour

(F)

LE PÈRE. - Qu'est-ce qui se passe ici ? on vous entend crier dans tout l'immeuble !VICTOIRE. - Je me barre !

Elle essaie de sortir, son père la retient.(de dos l’attraper avec la main gauche par le bras droit)

LE PÈRE. - Et tu vas où comme ça ?VICTOIRE. - Chez Vincent !LE PÈRE, en regardant la mère - Et on peut savoir pourquoi ?LA MÈRE. - Ta fille est enceinte !LE PÈRE. - Quoi ?

Victoire soupire. Son père a le regard baissé comme pour penser à quelque chose. Au bout d'un certain temps, il regarde sa fille.(Le père et la fille en D à C centre à cour jusqu’à la fin de la scène)

LE PÈRE. - Je ne comprends pas : comment tu fais ? ce n'est pas possible ! Ce n'est franchement pas possible ! Tu es… d'un égoïsme !VICTOIRE. - Quoi ?LE PÈRE. - Tu es égoïste ! Tu le fais exprès ou

Page 13: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

quoi ? Tu penses un peu à ce qui va se passer ? T'en aller ? et après, hein ? et après ?VICTOIRE. - Je vais le garder.LE PÈRE. - Victoire, on peut savoir une seconde ce que tu as dans la tête ? Le garder et faire quoi ? Tu n'as que seize ans, tu n’es qu’une enfant et tu veux être mère ? Tu es folle ou quoi ?VICTOIRE. - Je m'en vais !

Elle se retourne.

LA MÈRE. - C'est ça : dégage !

Un regard du père vers la mère. Il rattrape sa fille.

LE PÈRE. - Tu ne sortiras pas de cette maison avant de m'avoir juré que tu vas avorter !VICTOIRE. - Papa, je vais le garder !LE PÈRE, dans un élan de colère - Non !! Tu ne vas rien garder du tout. On a déjà suffisamment de problèmes pour éviter ceux-ci !Pense un peu aux autres avant de penser à toi !VICTOIRE. - Je le garderai parce que je sais que le garder me permettra de me barrer une bonne fois pour toutes ! Tu vois, Maman m'a raconté pourquoi elle m'a eue : un instrument, voilà ce que j'ai été : un instrument. Sans amour, sans joie, sans fierté, juste pour se barrer ! Merci la vie !LE PÈRE. - Calme-toi, on t'a aimée ; on t'a tout de suite aimée !VICTOIRE. - C'est facile de se rattraper aux branches, Papa. Ca fait seize ans que vous me

M P

V

Page 14: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

dites n'importe quoi ! Comment oses-tu me dire que vous m'avez aimée ? comment oses-tu ? Hein ? LE PÈRE. - Calme-toi ! On se fout de savoir si on t'a aimé ou pas. Enfin non… ce n'est pas ce que je voulais dire… Mais ta mère a beaucoup souffert : elle devait partir ! Et tu es arrivée au bon moment ! Ce gosse il a fallu l'élever. Ca n'a pas été facile, pas du tout même ; mais il y a des choses, dans la vie, qu'on ne choisit pas, ou qu'on choisit mal.VICTOIRE. - Espèce d'enfoiré! Comment est-ce qu'on peut être un aussi grand salaud ?LE PÈRE. - Pour qui tu te prends ? Tu sais à qui tu parles ? Je suis ton père !VICTOIRE. - Je garderai ce gosse. (Elle crie, comme si elle s'adressait à sa mère) A 16 ans, on peut aimer un gosse !LE PÈRE. - Tu dis n'importe quoi ! Tais-toi, par pitié, tais-toi ! Ce gosse tu ne l'auras pas ! Partir, vivre avec l'autre, tu fais ce que tu veux, mais tu ne sortiras pas d'ici avant de m'avoir juré que tu vas avorter ! C'est moi qui décide ici, et je sais ce que c'est que d'élever un enfant imposé.VICTOIRE. - Merci pour moi, j'apprécie ! Moi je l'ai voulu ce gosse… Au fond, je l'aimerai beaucoup parce qu'il m'aura servi de moyen pour partir !LE PÈRE. - Tu as servi de moyen à ta mère… elle est partie et regarde où ça nous mène ! Essaie juste une fois de réfléchir avant d'agir : avoir un enfant, ce n'est pas comme acheter un paquet de clopes !

Page 15: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

Un temps. Prend une chaise et la pose devant la porte (en F cour)LE PÈRE. - Tu ne sortiras pas d'ici avant de m'avoir promis que tu vas avorter !VICTOIRE. - Je n'avorterai pas !

Le père s'assied sur la chaise, avec un calme absolu.

LE PÈRE - Moi, je m'en fous, j'ai tout mon temps.

Un long silence : Victoire réfléchit, le père attend ; ni regard, ni mot ne sont échangés, ils sont chacun dans leur coin… le père assis, la fille debout. Silence de sourds

(Stroboscope) + baisser au

NOIR : latéraux puis

faces puis contre-jours

S 3« trop sexy »

MusiqueBaisser la

musique au bout de 20 ‘’ : ne pas couper

Masques prêts dans les coulisses

Mise en place décors et figurants

Page 16: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

Constance – 4 mn

Texte Lumières Sons Décor - accessoires Indications scéniquesL 4

Lumières :Faces A

Latéraux CDDouche K

1 chaise (B - cour) Claire debout dessus provocante. Les figurants répartis : 4 au jardin (C à F) , 2 à cour (C D). Constance allongée au centre (douche K)

CONSTANCE. – Je lui avais dit d'arrêter, mais elle voulait pas, elle continuait à danser sur cette musique.

CONSTANCE. - Elle bougeait son bassin, (caresser la scène de la main) c'était délicieux, mais il fallait qu'elle arrête. XElle était belle, elle était magnifique… Je n'en pouvais plus… J'avais envie de lui sauter dessus, de lui arracher son tee-shirt blanc et de l'embrasser, mais son cœur est pris, je le sais. A la fin, elle finit parterre, à genoux, c'est là que j'ai pleuré, comme à chaque fois… (se lever) je n'en pouvais plus, vous savez, je n'en pouvais plus. Elle m'excite, elle m'excite énormément et elle le sait, cette salope ! (regard en coin vers Claire) Elle me lance des regards, elle a ce sourire sadique aux lèvres, des lèvres merveilleuses d'ailleurs. Elle m'a toujours excitée et je n'ai jamais craqué. Je me suis toujours dit que si je ne craquais pas, ça me passerait. C'est évident, je ne suis pas arrivée au point de me jeter dessus. Et puis de toutes façons, (1-2) je ne suis quand même pas lesbienne ! (//)

Couper la musique

Page 17: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

Même si j'en ai envie, ça me passera !

Un temps.

CONSTANCE. - Mais quand ? Parce que je commence à en avoir marre, je n'en peux plus, je suis devenue dépendante de ses regards, j'en ai besoin ! Elle m'obsède, j'ai peur de la croiser, de croiser ses yeux, ses lèvres, ses seins. Vous savez, c'est une très belle fille, mais elle ne m'aime pas, en tout cas pas autant que moi je l'aime. Elle m'apprécie comme une amie, moi je l'aime amoureusement, amoureusement… (1-2-3-4) tout le monde croit que je m'intéresse à Fabien … c'est pratique ; en plus, il ne me plaît pas mal Fabien mais comme un ami, comme un compagnon.

Un temps.

CONSTANCE. (Violence sadisme)- Mais avec elle, ce n'est pas pareil : c'est sexuel, si je l'ai, je la garde, je la fous dans une chambre et je la caresse nuit et jour ! J'ai peur de me retrouver quelque part seule avec elle, je craquerai, je le sais ; n'importe où mais seule avec elle, ce sera bestial, ce sera sauvage : la dominer quelques minutes, j'ai tellement imaginé la scène ! C'est elle que je veux, je la veux pour moi, pour jouer avec, juste lui faire l'amour, juste la caresser, elle sera choquée mais forcée. Je la veux soumise, livrée à moi, à mon corps, à mes fantasmes, elle sera obligée et je sais qu'elle aimera, elle en voudra plus et plus encore, je la caresserai, et quand elle jouira, quand elle hurlera de plaisir, j'arrêterai tout, comme ça, sans raison, je lui demanderai de se lever, de s'habiller et de partir,

Page 18: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

elle me réclamera encore. Elle ne comprendra pas mais je ne craquerai pas, je veux la voir souffrir, vous comprenez ça : la voir souffrir ! (Elle tombe à genoux)

Un silence.

CONSTANCE. - Je l'aime, vous savez, je l'aime… mais je ne craquerai pas, je ne la toucherai pas, sinon ils se foutront de moi. Ils ne doivent rien savoir !

Un silence, elle se met à pleurer.

Quelqu’un monte sur scène pour relever Constance.

(Stroboscope) + NOIR

progressifS 4

«Flashdance2 »(la fin)

Musique 20’’Monter puis descendre

progressivemt

Masques enlevés sauf Nassima

(fond de scène – jardin-centre)

Mise en place décors et figurants + Lampes (sous les masques façon feu de camp)

Page 19: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

Nassima – 8 mn

Texte Lumières Sons Décor - accessoires Indications scéniquesL 5

Lumières :- Faces A- Latéraux

CD- Douche L (la

chaise de Nassima)

1 chaise (DE - centre)

Les figurants dans un cercle au jardin (C à D) , 2 à cour (C D). Quelqu’un assis à la cour C

Nassima entre, seule par le fond du jardin (elle s’assoit sur la chaise et enlève son masque). Après un long silence, elle se met à pleurer.

MARIE, en entrant (du fond du jardin) - Nassima ?NASSIMA. - Va-t-en !MARIE. (se penche derrière Nassima) - Nassima, s'il te plaît, ce n'est pas facile pour moi non plus, tu sais !NASSIMA, sans bouger - Va-t-en !MARIE. - Nassima, s'il te plaît…NASSIMA. - Sors !MARIE. - Laisse-moi te parler.

Un silence.

MARIE. - Ce n'est pas à cause de toi, Nassim…

NASSIMA, qui se lève brusquement (se lever par l’épaule gauche vers la cour – 1-2 – puis tourner

Page 20: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

par la droite vers Marie) - Ce n'est pas à cause de moi ? Tu te fous de moi ? Et alors qui c'était "l'Arabe" dont il parlait, hein ? Et la "putain d'immigrée" ? C'était toi peut-être !MARIE. (derrière la chaise) - Tu sais que je souffre, pourquoi tu en rajoutes ?NASSIMA. - Mais Marie, je n'en rajoute pas ! Ne me dis pas que tu vas te morfondre pour un garçon avec qui tu ne sortais que depuis deux jours ! C'est ça, souffrir, pour toi ?MARIE. - Je tenais à Henri…NASSIMA. - Arrête de me prendre pour une conne, Marie ! (marche vers la droite – avant-scène jardin) Récapitulons la situation : tu sors avec Henri, il me voit, ça vire au drame parce qu'il ne savait pas que vous, je cite, "encouragez les islamistes à reconquérir la France" ; à ce moment-là, je me défends en rappelant que je suis Chrétienne, et je me fais traiter de tous les noms par un pauvre con : "immigrée", "arabe", "islamiste", "étrangère", "beur", "délinquante", "noire", "racaille", "libanaise", "salope", "terroriste" et pour couronner le tout, "fils de pute", alors que je suis justement la fille de personne. Après il te largue, et toi, tu veux me faire croire qu'il ne m'en veut pas ! Je savais que tu es innocente et naïve, mais quand même !MARIE. - Nassima, ce n'est pas de l'innocence !

Un silence, dos à Marie, tournée vers le jardin Nassima se met à pleurer.

MARIE. (s’approche de Nassima, lui touche l’épaule gauche en se penchant) - Pourquoi tu

Page 21: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

pleures ?NASSIMA. - Marie, j'en ai marre, je n'y arrive pas !MARIE. - Qu'est-ce qu'il y a ?NASSIMA. - Tu te rappelles la discussion qu'on a eue avec ta mère, il y a trois mois, quand vous m'avez adoptée !MARIE. - La "Grande Discussion" !NASSIMA. - Ta mère m'a dit de rester moi-même en adaptant mes habitudes aux autres pour mieux m'intégrer. (elle marche vers la gauche, avant-scène cour et se retourne) Marie, ça fait trois mois que ce mot résonne dans ma tête et ça fait mal ! S'intégrer, s'intégrer, s'intégrer ! Comment faire ? Je me suis fixé un personnage, une espèce de clown spécialisé dans les blagues d'arabes. "de l'humour noir par les noirs" comme ils disent. Ils adorent ça, les blagues racistes … ça les fait rire, ces bouffons ! (elle baisse la tête)MARIE. - Mais je croyais que ça te faisait plaisir.NASSIMA. - Au contraire ! Ca m'écœure. Mais il faut s'intégrer, alors on s'intègre.MARIE. - Pourtant tu rigoles aussi, non ?NASSIMA. - Je souris, je rigole, j'essaie de le prendre bien, j'évite de leur sauter dessus pour leur casser la gueule !MARIE. (un temps) - Ce n'est pas du racisme …NASSIMA. - Je sais bien que ce n'est pas du racisme. Mais Marie, mets-toi à ma place : comment tu réagirais ? Ils rient quand j'espère qu'ils ne trouveront pas ça drôle. Hein ? Comment tu réagirais, toi ?MARIE. (un temps) - Je ne sais pas, Nassim.

Page 22: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

Un silence. Marie marche pensivement vers le bord de la scène et s’assoit sur le bord de la scène jambes pendantes face au public (légèrement côté jardin)

MARIE. - Tout à l'heure, avec Henri, il y a un moment où je suis sortie, tu étais seul avec lui, qu'est-ce qui s'est passé ?

NASSIMA. (s’assoit sur la chaise derrière Marie)- Il m'a juste demandé : "et dis-moi, tu n’as pas de questions sur la France ? C’est nouveau pour toi, ça doit te changer de voir plus de Blancs que de Noirs", je lui ai répondu qu'au Liban, les gens n'étaient pas noirs. Et il m'a dit "les gens ne sont pas noirs ? Ils ne sont pas blancs en tout cas."MARIE, un peu rêveuse - Oui, dommage… en plus Maman l'aimait bien, pour une fois. "Une bonne famille" comme elle dit…NASSIMA. - Ca pour sûr c'est "une bonne famille" ! Comment il s'appelle cet imbécile (mimique) ? MARIE. - Henri de Kermontac de Villefroide de Bleulavotte de Carmignan…NASSIMA. - Enchanté, moi c'est Nassim (révérence grotesque) !

Un silence…

MARIE. - Henri a ce côté un peu "french catho", tu trouves pas ?NASSIMA. - Pas très orthodoxe ton "french catho" ! MARIE. - Comment est-ce qu'un catholique peut

Page 23: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

réagir comme ça ? Enfin, je veux dire, les catholiques sont tolérants, pas comme les musulmans, c'est dingue qu'il ait fait ça !

NASSIMA. (se lève – deux pas vers Marie légèrement sur la droite - jardin) - Marie, tu as le don de relever le détail con quand tout va mal ! Catholique, Juif, Musulman ou Protestant ! Quelle importance ? MARIE, maladroite - Nassima, toi, tu es Chrétienne… C'est normal : tu réagis comme ça !NASSIMA. (passant de droite à gauche, du jardin à la cour) –Mais tu m'emmerdes : quelle religion, quel pays, quel nom ? C'est important à ce point-là ? français ou libanais ? De Montignac ou Kalam ? Catholique ou Musulman ? Quelle importance ? Nassima : ça devrait suffire, bordel !MARIE. - Calme-toi… comment j'aurai pu savoir qu'il était con à ce point-là ?NASSIM, de mauvaise foi (vers le public) - Va savoir…

Un temps.

MARIE. (songeuse) - Tu te rappelles l'histoire que tu m'as racontée ? Le petit enfant qui cherchait une poire dans le désert et qui ne la trouvait pas… elle était belle cette histoire. (les deux, visage haut, regard dans le rêve) Moi, je rêve toujours que je suis sur un arc-en-ciel, tout se passe bien, je glisse pour redescendre en zappant de couleur… ça t'arrive de faire des rêves comme ça ?

Elle réfléchit.

Page 24: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

NASSIMA. - Oui… une île où sur tous les passeports et les cartes d’identité, il y aurait marqué le mot “Terre” à la case “Nationalité”.

(Stroboscope) + amener

progressivemtau NOIR

S 2«Flashdance» Musique 20 ‘’

Prendre les livres, les lampes et accrocher les

masques sur la couverture des

livres

Mise en place figurants en carré autour de Fabien

Page 25: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

Fabien – 6 mn

Texte Lumières Sons Décor - accessoires Indications scéniquesL 6

Lumières :- Faces A

(faibles 20 à 30%)

- Douche K

Les figurants en carré autour de Fabien centré (D E).

Fabien prend le téléphone et compose un numéro.

FABIEN. - Allô ? Bonjour Madame, c'est Fabien… comment allez-vous ? Ca va, ça va… (inspiration-soupir) on fait avec … bon, c'est sûr qu'on est là pour travailler, alors je bosse, 16h/24 je bosse… Non, c'est des chambres individuelles… oui, c'est très sympa. Pierre est là ? Non ? Il rentrera à quelle heure ? Tard… non, ce n'est pas grave, je le rappellerai demain. Non, rien d'urgent, merci… au revoir.

Il raccroche.FABIEN. - Pierre n'est pas là… Nassima non plus. Victoire doit être avec Vincent, Claire doit bosser et Constance avec un mec. Ils sont tous occupés. Ils s'amusent tous. Moi, je suis là, seul, dans cette chambre. La prépa, comme ils disent… un internat glauque, où se cachent des milliers de petites fourmis bosseuses, des centaines et des centaines de têtes chercheuses. Certains le vivent très bien, moi je le vis très mal. On ne peut rien faire ici… sauf bosser comme des tarés, comme des fous. Moi, je n'y arrive pas. Je n'aime pas les Maths, je déteste la Physique, et la Chimie me donne des nausées. Alors je passe mon temps à rien faire…

(prévoir S 5 )Sonnerie du téléphone de

Fabien à la fin de la réplique

Page 26: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

je mange, je dors, je fais des mots croisés. Pendant des heures, je réfléchis, je pense, je me remets en questions… (soupire, bras ouverts et qui tombent) je me fais chier ! Parfois, je m'invente des livres entiers dans la tête, tellement je m'ennuie. Je me suis acheté un Rubicube, il y a quelques jours ; mais il m'emmerde, maintenant je sais le résoudre dans tous les sens… c'est comme ça, quand on s'emmerde : on se spécialise dans des conneries, en quatre jours je suis devenu spécialiste de Rubicube ! Mes amis, eux, ils n'ont pas de problèmes, ils font ce qu'ils veulent, ils ne sont pas enfermés.

Un temps.

FABIEN. - C'est mon père qui voulait que je devienne ingénieur. J'ai suivi la filière scientifique… je serai donc ingénieur. Moi, j'aurai voulu être cuisinier : préparer des p'tits plats, régaler des amis, inventer des sauces, décorer les assiettes, travailler dans un petit restaurant, tranquillement… mais bien sûr, mes parents ne l'ont jamais su… J'ai choisi ce que mon père m'a obligé de choisir. Je serai un brillant ingénieur ; (derrière Lara, la regardant) j'aurai une famille, deux garçons, une femme blonde, je me marierai à 25 ans, je serai heureux, (quittant Lara) enfin c'est ce qu'ils croiront ! Je suis perdu : perdu dans ma vie, perdu dans mes idées… le Temps me laissera le temps d'y voir plus clair. Je souffre de paralysie temporelle ; c'est une maladie que je me suis inventée : le temps s'arrête, (______ regard vide, figé) se paralyse, et moi, je souffre. (cligne des yeux, revient à lui) C'est une maladie très répandue … d'autres l'appellent

Page 27: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

différemment : ennui, déprime, dépression, paranoïa… pour moi, c‘est ma…(bras levés = encéphalogramme plat ___________ bloquer) "paralysie temporelle".Son téléphone sonne. S 5

Sonnerie Téléphone

FABIEN. - Tiens, ça doit être Nassim, ou Pierre, ou les autres.

Il répond.

FABIEN, déçu - Merde, ça a coupé. Je n'ai vraiment pas de chance, j'aurai tellement voulu dire quelque chose à quelqu'un… je sais pas moi, savoir comment ils vont, qu'on me raconte des potins, entendre la voix de Constance.

Il se calme, et prend son livre. Il lit.

FABIEN. - Franchement, je n'y comprends rien. C'est pas la peine que je me prenne la tête, j'irai voir le professeur demain, (tourné vers Louis qui ne le voit pas) et je lui dirai : "Monsieur, je n'ai rien compris à l'exercice", il me répondra comme d'habitude : "ce n'est pas grave Fabien, ce n'est plus grave…" Le plus triste est de penser que tout l'internat a compris cette charade et cherche la réponse à l'aide de graphes, de calculs, de démonstration… moi, c'est la déconnexion totale : la paralysie temporelle. Le temps s'est arrêté, et m'a oublié. C'est comme ça, souvent on oublie que j'existe ; ça aussi, ça devient une maladie obscure qui peut entraîner la mort…

Un temps.

Page 28: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

FABIEN. - Un jour, je serai avec mon père. Je lui dirai : "Papa, je laisse tomber la prépa : je veux être cuisinier !" Il refusera. Ma mère, elle aime bien quand je fais la cuisine. Un silence.

FABIEN. - Je cache mon visage sous un masque… je parle de choses absurdes comme la famine en Inde… Officiellement, tout fa-bien (bras écartés et sourire forcé) ; et pourtant, tout fa-pas-bien / du tout ! (sourire disparaît, bras qui tombent – à la fin les yeux baissés puis la tête basse)

Eteindre progressivement les faces A puis

la douche K

(Stroboscope) + NOIR

S 4Musique :

«Flashdance2 »(la fin)

Remettre les livres en coulisse

1 chaise au centre en D

Mise en place figurants en face à face 2 à 2 le long des coulisses à la cour et au jardin + masques

Page 29: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

Claire – 3 mn 45

Texte Lumières Sons Décor - accessoires Indications scéniquesL 7

Lumières :- Faces AB- Latéraux

CD

Les figurants en face à face 2 à 2 le long des coulisses à la cour et au jardin

Claire entre par la cour, joyeuse. Son père est assis, les yeux rouges au centre de la scène de profil tourné vers la cour (une chaise)

CLAIRE. - Salut Papa.

Pas de réponse. Elle remarque que son père ne va pas bien, elle ne dit rien, elle sort au jardin

LA VOIX DE CLAIRE. - Salut Maman.

Pas de réponse. Claire revient.

CLAIRE. - Ca va, Papa ?LE PÈRE. - Ta mère est une prostituée.CLAIRE. - Quoi ?LE PÈRE. - Ta mère est une salope !La mère entre, en peignoir par le jardin F.

LA MÈRE, au Père - Regarde comment tu es : toujours à vouloir compliquer les choses !CLAIRE. - Qu'est-ce qui se passe ici ?LA MÈRE. - Ton père demande le divorce !CLAIRE. - Quoi ? (à son père :) Mais qu'est-ce qui te prend ? Tu déglingues ou quoi ?LE PÈRE, à sa femme - Espèce d'enfoirée !

C P M

Page 30: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

C M P

Il se lève, la mère s’enfuit vers la cour (F) se met à hurler.

LA MÈRE. - Aïe !!! Au secours ! Aïe !!!CLAIRE. - Papa, assieds-toi ! C'est quoi cette histoire ?LE PÈRE. - Je rentre aujourd'hui, tranquillement. Et je trouve ta mère avec Jean-Paul.CLAIRE. - Quoi ?LA MÈRE. - Ouh la la la. Quelqu'un veut du café ? elle sort au Jardin (la cuisine)CLAIRE. - Tais-toi un peu Maman ! LE PÈRE. - Ta Mère dans le lit, nue, en train de faire l'amour avec cet enfoiré de Jean-Paul.LA MÈRE, (sortant la tête de la coulisse) au public - Attention, amis philosophes, ils vont déballer leurs grandes théories !CLAIRE. - Maman, dis-moi que ce n'est pas vrai.LA MÈRE. qui réapparaît au jardin - Oh ma petite Claire, attends, tu as entendu la version de ton père, écoute la mienne avant de prendre partie.CLAIRE. - Dis-moi que ce n'est pas vrai…LA MÈRE. - Est-ce que tu sais que ton père et moi, nous n'avons pas fait l'amour depuis 4 mois ? tu te rends compte : Monsieur est toujours fatigué, Monsieur a mal au dos, toujours une excuse ! alors moi, je suis allée voir ailleurs, de façon tout à fait légitime. CLAIRE. - Non !LA MÈRE, qui continue - Si, si, ma petite chérie, tu verras quand tu seras grande. Moi, je n'éprouve

Page 31: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

plus aucun remords, et je peux vous dire que depuis quelques mois…CLAIRE. - Non !LA MÈRE, qui continue toujours - Si, ma petite Claire : tu me regardes, tu me juges. Je suis peut-être ta mère, mais je suis aussi une femme ! une femme, qui a des envies, des désirs, que ton père ne partage plus alors moi…CLAIRE, en reculant - Non, non, non…La mère s'approche.LA MÈRE. - Claire, ça va ?

CLAIRE. - Bouge pas toi !

Elle sort en courant au jardin.LE PÈRE. – Salope !LA MÈRE. - Oh ta gueule l'impuissant.LE PÈRE. - Enfoirée…

LA MÈRE. - Connard !

Un long silence.

LA MÈRE. - Tu es fier de toi : elle m'en veut à mort maintenant.LE PÈRE. - S'il te plaît, Laurence, tais-toi !Un silence.

LA MÈRE, en sortant au jardin - Je vais la voir.

Elle sort, on entend crier :LA VOIX DE CLAIRE. - Va-t-en ! LA VOIX DE MÈRE. - Calme-toi, ça ne sert à rien de crier.

Page 32: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

LA VOIX DE CLAIRE, en hurlant - Ne me touche pas ! Va-t-en !

La mère revient.

LA MÈRE. - Il faut qu'on règle ça tranquillement…CLAIRE, qui revient brusquement - Je dois sortir prendre l'air.LE PÈRE. qui la rattrape - Claire, si tu veux parler…CLAIRE, qui recommence à pleurer - Je ne peux pas parler, Papa ! Je ne peux pas… (elle va le prendre dans ses bras)La mère sort…LE PÈRE. - Ne t'inquiète pas, ma petite… ne t'inquiète pas…CLAIRE. - S'il te plaît, ne me lâche pas…LE PÈRE. - Ma petite Claire, mon bébé, calme-toi… on va s'en sortir tous les deux, tu vas voir… Claire, aide-moi : arrête de pleurer, tu te rends compte, c'est moi qu'elle trompe, alors si toi, tu pleures, qu'est-ce que je dois faire, moi ? (Claire continue de pleurer…) Ma petite Claire, ma petite fille… dans les bras l’un de l’autre proche – il lui caresse les cheveuxCLAIRE. - Qu'est-ce que tu vas faire ?LE PÈRE. - On va se calmer et on va réfléchir. Je vais trouver une chambre à l’hôtel…CLAIRE. - Tu es obligé de partir ?LE PÈRE. - Ma chérie, ça va être très difficile de rester ici avec ta mère…

P C M

Page 33: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

CLAIRE. - Mais si tu pars, moi je fais quoi ?LE PÈRE. - Tu viens avec moi …CLAIRE. - Et Maman, elle va aller où ?LE PÈRE, en portant la voix pour que la mère entende - Où elle voudra : sur le trottoir si elle veut !LA VOIX DE LA MÈRE. - Si tu crois que je ne t'entends pas…LE PÈRE. - Tais-toi !La mère entre.

LA MÈRE. - Vous n’ pouvez pas imaginer ce que je peux ressentir, moi.CLAIRE, exaspérée - Il faut que j'y aille.Elle sort.

Baisser progressivement

la lumière :

- faces A puis

- Latéraux C

- puis D - et enfin

Faces B

LA MÈRE. - Je n'ai même pas eu le temps de lui dire que je l'aimais…

Le père sort en soupirant (avant scène cour) . La mère reste seule sur scène. Elle se met à pleurer.LA MÈRE, en pleurant. - Mon Dieu, qu'est-ce que j'ai fait ? pourquoi j'ai fait ça ?

On entend quelque chose sonner.

LA MÈRE, en s'essuyant les yeux. - Merde, le café… (sort en criant au jardin) Chéri, tu veux du café ?

(Stroboscope) + NOIR

S 6« Parlez-moi d’Amour… »Musique 30 ‘’

Décor acte I :Une table en fond de scène au centre (F)Une nappe, des

Les ados assis.

M P C

Page 34: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

plats, assiettes, couverts, sodas

sur la tableet un lecteur de CD posé à la coulisse (E jardin).+ 1

bouteille de SKY en coulisse au

jardin

Page 35: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

ACTE III

ENSEMBLE

L 8 la lumière s’allume

progressivement- contre-jours

A- faces B- latéraux DE

-CLAIRE. - Bravo Fabien ! Comme d'habitude, c'était délicieux…FABIEN. - Oui, à part la sauce, tout n'était pas trop mal réussi…CLAIRE. – Mais regarde Victoire ! Ils commencent à rire. Victoire se tient le ventre. Tu l'as empoisonnée avec ta sauce… depuis tout à l'heure, elle a des nausées.VICTOIRE. - Ca va Claire, n'en rajoute pas !FABIEN. - Claire, tu ne veux pas nous faire une petite danse ?CONSTANCE, reproche charmeur à Fabien - Tu dragues Claire maintenant ?FABIEN. - Non, Constance, on se calme, je lui propose juste de danser. J'aime bien, elle me fait rire.TOUS. - La danse du ventre ! la danse du ventre !CLAIRE. - Je ne sais pas la faire.

S 7 “alarme”

S 7 “alarme”

Page 36: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

NASSIMA. - Quoi ?CLAIRE. (se lève en détachant ses cheveux) - Non, mais ma chère Nassim, c’est pas chez les arabes qu'on danse ça ?NASSIMA. - Ah, c'est vrai qu'ici vous ne dansez que le rap et la techno.Ils rient. (Claire au centre en avant scène)

FABIEN, qui met la musique - Vas-y Claire, top magnéto !

S 7 “alarme”

S 3 « Trop Sexy »

MusiqueClaire commence à danser, les autres lui donnent le rythme… Constance, elle, se met à débarrasser la table.

10’’ puis diminuer le

volume (à 30-40 % sans couper)

CONSTANCE. - Fabien ! T'as des nouvelles de ton école ?FABIEN. - Oui, je suis pris !VICTOIRE. - Bravo !FABIEN. - Vous avez devant vous, le plus talentueux mathématicien de France…TOUS. - Oh… (Claire en dansant se tourne vers Fabien – danse de séduction)FABIEN. – On va fêter ça ! il reste une bouteille de sky dans le placard.CONSTANCE. - Bouge pas, je vais la chercher. (sort au jardin)TOUS. - Du sky ! du sky ! du sky !

Page 37: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

Ils rient.

CONSTANCE, qui rentre avec la bouteille et arrête la musique - Arrête Claire ! on a compris que tu savais danser. On y va direct, on n'a pas besoin de verres…

Couper S 3- mettre S 7 « alarme »

VICTOIRE. – Pas toi, Nassima, dans ton pays, on n'a pas le droit de boire de l'alcool… ça en fera plus pour nous !Ils rient tous en se passant la bouteille (de Constance à Victoire qui la pose)

FABIEN, en riant - La vie est belle, les amis, je vous jure que la vie est belle !

S 7 “alarme”

S 8 “sirène”

Les personnages se figent un instant puis ils dansent sur la musique pendant que Quelqu’un monte du public, va au centre de la scène et se fige (avec un grand sourire)

(Stroboscope) + NOIR

progressif

S 2“Flashdance”jusqu’à la fin

des saluts

SALUTSL 9

Lumières :PLEINS FEUX

V F (debout)Co Cl (debout)

N

Page 38: CARL HALLAKtcohard.free.fr/fichiers/adorables20-30mn dossier... · Web viewUne nappe, des plats, assiettes, couverts, sodas sur la table et un lecteur de CD posé à la coulisse (E

AdorablesDE CARL HALLAK

Pourquoi les jeunes ne peuvent-ils pas parler à leurs amis de certaines choses, au point de finir par essayer de les cacher ? Pourquoi n'osent-ils pas poser certaines questions trop délicates ?

Claire, Constance, Victoire, Fabien, Nassim… réunis, entre amis, autour d'un dîner. Leurs problèmes, où sont-ils ? Ils ont la sensation de tout savoir sur l'autre et pourtant ils savent si peu !

L'auteur interroge : prend-on réellement le temps de savoir si un ami a besoin de nous ? Il laisse pourtant traîner tellement d'indices !Il est difficile de voir si des yeux pleurent quand ils sont fermés… difficile oui, mais pas impossible.

Jeune auteur - comédien, CARL Hallak a déjà écrit et joué ADO en 1998. Il a publié PETITE MÈRE VEILLE en Février 2000, tout en écrivant un Opéra Gospel, JUBILATE, joué à Rome à l'occasion des Journées Mondiales de la Jeunesse 2000. Avec ADORABLES, il signe son premier drame. Aujourd’hui il travaille avec JEAN-DANIEL LAVAL au THÉÂTRE MONTANSIER et s’occupe en particulier de la mise en place et de la programmation du CHAPITEAU DE PORCHE-FONTAINE.