cahiers roland dessiner la dansen...6 il faut avoir le pied spirituel mine de plomb sur papier 17,1...

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1 CAHIERS ROLAND BURAUD Rencontre Kòkò Jaspar A l’origine, la danse : 1987-1990 par Etienne Buraud Une peinture Le Printemps, 1990 Perspective Danser sa vie, au centre Pompidou par Alexandra Blaise Regard L’atelier de Roland Buraud par Marie-Laetitia d’Hérouville Une artiste Michèle Tassi N°1 mine de plomb sur papier 17,5 X 25,3 cm 1987 Dessiner la danse Un millier de dessins Entre 1980 et 1986, Roland Buraud cesse de peindre et consacre son énergie à réhabiliter l’ancien appartement de tapissier dans lequel il s’est installé en 1983, afin d’en faire son atelier. La reprise du crayon a lieu fin 1986. Elle aboutit à une série d’un millier de dessins de danse, effectués entre 1987 et 1990, pendant le cours de la chorégraphe Kòkò Jaspar. Cet ensemble est loin de ne constituer qu’un témoignage de la jubilation de l’artiste à se remettre au travail. Il contient en germe le devenir de son oeuvre dessinée et peinte, quand, du corps vertical de la danseuse au gisant en apesanteur, il faut n’y voir qu’une lente et progressive bascule. Ce premier numéro des Cahiers Roland Buraud rend hommage à cette période fondatrice que constituent les années 1987 à 1990. Etienne Buraud Devenirs d’une oeuvre - bisannuel

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CAHIERS ROLAND BURAUD

Rencontre Kòkò Jaspar A l’origine, la danse : 1987-1990par Etienne Buraud

Une peintureLe Printemps, 1990

PerspectiveDanser sa vie, au centre Pompidoupar Alexandra Blaise

RegardL’atelier de Roland Buraudpar Marie-Laetitia d’Hérouville

Une artiste Michèle

Tassi

N°1

mine de plomb sur papier 17,5 X 25,3 cm 1987

Dessiner la danse

Un millier de dessinsEntre 1980 et 1986, Roland Buraud cesse de peindre et consacre son énergie à réhabiliter l’ancien appartement de tapissier dans lequel il s’est installé en 1983, afin d’en faire son atelier. La reprise du crayon a lieu fin 1986. Elle aboutit à une série d’un millier de dessins de danse, effectués entre 1987 et 1990, pendant le cours de la chorégraphe Kòkò Jaspar. Cet ensemble est loin de ne constituer qu’un témoignage de la jubilation de l’artiste à se remettre au travail. Il contient en germe le devenir de son oeuvre dessinée et peinte, quand, du corps vertical de la danseuse au gisant en apesanteur, il faut n’y voir qu’une lente et progressive bascule. Ce premier numéro des Cahiers Roland Buraud rend hommage à cette période fondatrice que constituent les années 1987 à 1990. Etienne Buraud

Devenirs d’une oeuvre - bisannuel

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A l’origine, la danse 1987-1990Rencontre avec Kòkò JasparA l’occasion du déménagement de l’atelier de la Bastille, nous retrouvons un ensemble de rouleaux de dessins soigneusement conservés, scotchés par bande de dix à quinze unités. Certains sont numérotés et datés, certains sont répertoriés. D’autres ne comportent aucune autre mention qu’un simple chiffre signifiant une mise en série. On en dénombre environ huit cents, de quatre formats différents 17,1x21,1 cm, 17,7x25,3 cm, 29,7x42 cm et 30x40 cm, réalisés en 1987 et 1988 sur papier ordinaire, à la mine de plomb. Le papier a jauni sur les plus petits formats. Ils représentent des dessins de danse effectués pendant le cours de Kòkò Jaspar, metteur en scène et chorégraphe. Rencontre.

Comment s’est passée la rencontre avec Roland Buraud ?

Il est venu une fois par semaine, pendant trois ans. Il effectuait au moins quinze dessins par séance. C’est une de ses amies, Françoise Rochelet, qui l’a amené, suite à une désillusion affective. J’ai d’abord refusé. Elle a insisté, il est venu. C’était à la ménagerie de verre. Il a enlevé son chapeau et s’est assis par terre contre le piano, et il a commencé à crayonner. A chaque fin de séance, nous allions au café. Là il nous montrait ses instantanés. La première fois on a tous été complètement scotchés du fait qu’il ait immédiatement saisi ce qui se passait dans le cours, que ce n’était pas un cours de danse lambda. Ce que j’aimais, chez lui, c’est qu’il faisait son truc sans jamais être intrusif. Il y avait une sorte de discrétion très élégante. Il était

dans son ailleurs, en dehors et pourtant tellement présent. Il saisissait la danse et aussi la vie du cours. Il captait les choses pour lui, et il y avait cette restitution de ce qu’il avait fait. Il donnait à voir. Du fait qu’il restituait, nous l’avons accepté au même titre que ceux qui dansaient . Il participait de cette manière là. Il était donc véritablement avec nous.

Qu’est ce qui vous a si soudainement rapprochés sur le plan artistique ?

C’était une rencontre de deux personnes. Lui, c’était la peinture moi, la danse, et on s’est retrouvé sur autre chose. Ce n’était pas tellement la forme qui l’intéressait, mais plutôt ce qui se tramait dans l’énergie. Il saisissait le

graphisme, le trait, c’est à dire la direction et la motivation du mouvement, le flux, ce qui se passe à l’intérieur du mouvement. Ce qui nous rapprochait, c’était cela, ce qu’il y a à l’intérieur, qui fuse ainsi, et toutes ces spirales. On voit bien qu’il cherche la puissance du mouvement à l’interne. Ce qui nous rapprochait, c’était l’écriture dans l’espace. On voit un tracé de l’externe, porté par une forme de souffle qui vient de dedans., avec tout ce qui se trame à l’intérieur et qui resurgit vers l’externe. Au début il trouvait que ce n’était pas bien. Puis il y a eu une alchimie qui s’est produite.

Ce qui me fascinait c’est que quelqu’un dans une autre discipline ait saisi quelque chose de beaucoup plus profond que la forme, la danse comme je l’entends. Et puis ce qui était intéressant, c’est que lui, il essayait, et que tout le monde essayait aussi, pendant le cours. On était tous en recherche, lui les élèves, moi, chacun dans son domaine. C’était le processus qui importait plus que le résultat.

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«Ce qui nous rapprochait, c’était l’écriture dans l’espace»

La chorégraphe Kòkò Jaspar en 1988 mine de plomb sur papier 17,5 X 25,3 cm non daté probablement 1987

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Heures Jaspar IIIacrylique sur toile150X 200 cm Roland Buraud1989Collection Julie Buraud

Voir les peintures de 1989http://www.rolandburaud.fr/2/peintures/1989.html

Roland Buraud dans son atelier en 1989. Au mur de gauche à droite, Heures Jaspar I, Heures Jaspar II

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Qu’est ce qui fait selon toi la force de ces dessins, outre le fait qu’ils contiennent en germe l’ensemble de sa création à venir ?

Les styles me sont égal, c’est ce qui est cachédans le style qui m’intéresse., et cela il l’avait compris, en cherchant à représenter, a tracer l’essence du mouvement. Il avait saisi que je cherchais le « ground zéro » du mouvement. Qui tu es toi, et ce que tu fais avec cela. Qu’as-tu à donner en fait ? Un chorégraphe se pose la question du dessin dans l’espace. Ce qui m’intéresse c’est le trait dans l’espace, que le danseur disparaisse. Si le danseur ne disparaît pas, ce n’est pas la danse. Il avait coutume de dire qu’il nous mettait au défi de reconnaître qui que ce soit dans ses dessins On peut deviner quelquefois mais c’est rare. Le danseur, c’est celui qui fait vibrer l’espace. Dans les dessins de Roland, le danseur disparaît. On ne voit que le mouvement., et ce par quoi il est mu. Par une pensée, une intelligence. Ce n’est pas du dessin pour du dessin ou de la danse pour la danse.

Ces dessins pensent et bougent en même temps, selon une dynamique. C’est extrêmement cohérent, il n’y a jamais rien de farfelu. Je pense qu’il saisissait aussi pour lui, dans ses instantanés, les liens qui prenaient sens avec les gens, et entre les gens. Comment les danseurs interprétaient, cherchaient, se déstabilisaient, recommençaient, sans pour autant être certains d’avoir jamais trouvé.

Et dans la représentation du corps en mouvement ?

Il avait bien compris que tout est spiralé. Tu vois beaucoup de spirales dans les instantanés qu’il a dessiné dans les cours. La spirale c’est le cœur du mouvement; c’est elle qui contient la puissance. Quelque chose de droit n’a pas de puissance. Il a percuté là-dessus. Un corps est une démocratie, en fait.

Dans les dessins, on peut voir, comment il a saisi les transferts de poids, toutes les informations qui s’enroulent et se déroulent, d’un muscles à l’autre, le souci de l’exactitude, pour ne rien casser. Si tu sais ce que tu fais exactement, tu peux faire ce que tu veux. Si tu ne le sais pas, tu te brises. C’est un art. L’idée dans les cours, c’est d’explorer et de comprendre comment ça marche, c’est la partie technique, au même titre que de savoir comment dessiner la perspective pour un peintre, je suppose. Une fois que tu le sais, que tu as emmagasiné des sensations, tu peux commencer à extérioriser, voir à découvrir, ce que tu veux dire, sinon c’est du charabia. Lui savait cela de part son état d’artiste.Ce qui me frappe toujours en regardant les dessins, c’est le lien entre le caractère graphique du trait et le poids, la puissance du bassin, des reins, du pied, les points de retournements des spirales qui donnent l’élan.

On retrouve cela dans les grands traits d’appui . www.rolandburaud.fr/2/videos/

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«On ne voit que du mouvement et ce par quoi il est mu. Par une pensée, une intelligence. Ce n’est pas du dessin pour du dessin ou de la danse pour la danse»

VOIR

Kòkò Jaspar et Roland Buraud en 1989

Le cours en 1989

Captations du documentaire Jaspar des Mémoires, de Roland Buraud, 1989

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mine de plomb sur papier 17,1 X 21,1 cmRoland Buraud 24.11.1988

mine de plomb sur papier 17,5 X 25,3 cm Roland Buraudnon daté probablement 1987

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Il faut avoir le pied spirituelmine de plomb sur papier 17,1 X 21,1 cm Roland Buraud1988

Voir 200 dessins danse de Roland Buraud

www.rolandburaud.fr

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012 Par exemple, on peut voir, sur certains carnets l’importance

du pied au sol. Toute la puissance de l’ancrage est là. Sans ancrage, pas de mouvement possible. Nous parlions souvent de cela, au contraire de l’idée reçu qu’un danseur cherche à s’éloigner du sol. Les dessins d’adage sont moins fréquents. Il privilégiait, me semble t-il un certain silence , ce qui pour moi apparaitra plus tard dans la période des corps flottants. C’est vraiment une trace parfaite de ces instants que nous avons partagés avec lui dans les cours à cette période

Dans certains dessins, on voit des flèches. A quoi correspondent-elles ?Il écoutait ce que je disais et il regardait ce que cela provoquait comme réaction. Certaines flèches correspondent à ce qu’il voulait retenir, à des indications de directions, d’interprétations, d’autres à des choses qui lui appartenaient, et dont je n’ai pas la moindre idée d’ailleurs. Et, il y avait aussi ces traits d’humour par rapport à ce que je disais, et dont je n’avais pas le moindre souvenir. Ça fuse souvent sans que l’on s’en rende compte dans le feu de l’action, lui notait les plus drôles. Dans un des dessins, les flèches deviennent des lances africaines, et le cours de danse une cérémonie cannibale, c’est très drôle. Il était aussi fasciné par les pieds. Il me disait toujours que j’avais des pieds d’africaine. Tu vois il écrit « Il faut avoir le pied spirituel ».

Comment s’est terminé ce cycle ?Il a fait une exposition en 1989 pour le Génie de la Bastille. Le thème était « quel artiste vous a inspiré ? ». Il m’a choisie, j’étais vraiment très honorée. Il a fait cette fameuse exposition où il a fabriqué des murs avec tous les feuillets des carnets de dessins. Il en avait fait des rouleaux qui descendaient du plafond jusqu’au sol.

On déambulait dans une sorte de labyrinthe et on arrivait dans un endroit où le film que nous avions fait

passait en boucle.Et puis les cours ont pris fin parce que je suis partie en Amérique en 1990. Il a continué son chemin. Quand je suis rentrée des Etats- Unis en 1991, il m’a appelé et il voulait me montrer où il en était. Je n’ai pas compris tout de suite. Je me suis dit qu’il était en train d’explorer une nouvelle voie. Aujourd’hui, je comprends mieux son cheminement.

Propos recueillis par Etienne Buraud

Koko Jaspar, metteur en scène et chorégraphe

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Une peintureLe Printemps, 1990Le Printemps est le premier triptyque réalisé dans l’atelier de la Bastille. Il est composé de trois panneaux de 200X130 cm chacun. La technique est de l’acrylique sur toile, dans la continuité des peintures de danse de 1989. Cette peinture constitue l’aboutissement pictural de quatre années de recherche sur le mouvement de danse, et clot en apothéose la période de passage à la toile entamée dès 1989. Le Printemps a été démonté et roulé par Roland Buraud en 1991, date à partir de laquelle il entamera la série des Gynéphores. Elle appartient à la collection Etienne Buraud.

Le Printempsacrylique sur toile200X390 cmRoland Buraud1990

Sant titreacrylique sur toile195X300 cmRoland Buraud1989

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Entre 1987 et 1990, Roland Buraud réalise trois séries de dessins sur la danse qui sont accompagnées de quelques grands formats peints sur toile. La première série, datée de 1987-1988, comporte essentiellement des croquis. Les deux autres séries – 1987 et 1990 – sont plus travaillées.Les croquis de la première série sont pris sur le vif, durant des cours de danse auxquels son amie Kòkò Jaspar l’a invité. Ces dessins qui semblent plutôt être des études ne sont pas systématiquement signés. Ils serviront plus tard à la réalisation de deux autres séries plus composées et plus narratives. Pourquoi Roland Buraud s’intéresse-t-il à la danse ou plutôt que cherche-t-il dans ces mouvements chorégraphiques  ? S’agit-il de dessins de travail  ? Est-ce le hasard d’une rencontre ou l’occasion de faire une étude du corps au travail, du mouvement ?

L’exposition Danser Sa Vie qui se tient en ce moment et jusqu’au 2 avril 2012 au Centre Georges Pompidou évoque plusieurs thématiques de la danse auxquelles se sont intéressés les artistes tout au long du XXe siècle. On y trouve des sources d’inspirations différentes. Certains sont fascinés par la variété des corps, d'autres par la personnalité du danseur mais presque tous se retrouvent

sur les mouvements du corps et ce qu’ils traduisent.

A partir du début du XXe siècle, les artistes ne s’intéressent plus comme Degas - grand peintre de la danse «  classique  » au XIXe siècle - à la vie quotidienne des danseuses : poses et attitudes, séances de travail, ambiance des salles de répétition. Sonia Delaunay évoque ainsi cette rupture  : « on avait l'habitude de voir représentée une danseuse dans une pose photographique, dans un arrêt du mouvement privilégié. J'ai rompu avec cette convention en superposant les attitudes. Lumière et mouvement sont confondus, les plans brouillés. » (Ma vie, 1928)La danse est désormais « l’expression de la vie » comme le dit Isadora Duncan, danseuse célébrée par les plus grands artistes au début du XXe siècle : « Mon art est précisément un effort pour exprimer en gestes et en mouvements la vérité de mon être. Il m'a fallu de longues années pour trouver le moindre mouvement absolument vrai. Les mots ont un sens différent. Devant le public qui venait en foule à mes représentations, je n'ai jamais hésité. Je lui ai donné les impulsions les plus secrètes de mon âme. Dès le début, je n'ai fait que danser ma vie. » (Nous irons jusqu’au soleil,, 1978)

PERSPECTIVESDANSER SA VIEAU CENTRE POMPIDOU, 23 NOVEMBRE AU 2 AVRIL 2012

Par Alexandra Blaise, docteur en Histoire de l’Art, conférencière.

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Danseuses bleuesEdouard Degasaux alentours de 1880

Bal BullierSonia Delaunay1912

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Dans l’exposition, la comparaison de la sculpture de Nijinski avec un film du célèbre danseur est très parlante. La statue restitue parfaitement l'engagement total du danseur dans ses mouvements, sa tension, son énergie solaire, son élan vital. Dans les ballets, Nijinski fut l’un des premiers à interpréter ses rôles, puisant dans le registre de ses émotions pour composer ses personnages. Il dira ainsi : Ils veulent que je danse des choses gaies. Je n'aime pas la gaieté. J'aime la vie.

La danse est la thématique exclusive à laquelle Roland Buraud consacrera son travail durant la période allant de 1987 à 1990 mais il s’agit moins de la danse que du ballet de la vie, moins du danseur que du corps de l’homme, moins de la chorégraphie que de l’énergie animale qui s’échappe de l’homme malgré lui.

Le corps est bien sûr l’unique sujet de l’œuvre de Roland Buraud : des Femmes de sable des années 70, aux dessins érotiques de la fin des années 90 jusque dans ses ultimes toiles. Ce n’est cependant pas l’étude du corps seul qui retient son attention. C’est certainement plus le rapport du corps à son contexte et la tension qui s’en dégage. Car dans les dessins de danse comme dans presque toutes les œuvres de Roland Buraud - que le corps soit en mouvement ou qu’il semble immobile - il est toujours dans l’énergie de la lutte. En lutte contre l’espace qui l’entoure et avec lequel il se débat. En lutte contre l’autre corps, dans les dessins de danse tout comme dans les dessins érotiques . En lutte contre lui-même dans les huiles sur toile peintes à partir des années 90 où le corps presque immobile vibre de la même tension que dans les dessins de danse, où ils y ont la même gravité. On assiste alors à la même tragédie. Celle de l’homme pris dans son corps, se débattant avec la vie (Sans titre 1990-7-).

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feutre fin sur papier 21 X 29,7 cmRoland Buraud / 1987

Isadora Duncan

NijinskyAuguste Rodin1912

mine de plomb sur papier 21 X 21 cmRoland Buraud1993

10Voir 200 dessins danse de Roland Buraud

www.rolandburaud.fr

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technique mixte21 X 29,7 cm Roland Buraud1990

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technique mixte21 X 29,7 cm Roland Buraud1990

DanserSaVieJusqu’au2avril2012

InformationspratiquesOù?CentreGeorgesPompidouQuand?Touslesjours(sauflemardi)

De11hà21h Tarifs Pleintarif/12€‐10€(selonpériode) Tarifréduit/9€‐8€(selonpériode)

Alexandra Blaise, fondatrice de Parcours, est Docteur en Histoire de l'Art médiéval.Elle a enseigné à la Sorbonne. Parallèlement à son activité de conférencière, elle est également agent d'artiste

www.parcours-art.blogspot.com

[email protected]

06 81 59 38 9480, rue Quincampoix

75003 Paris

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Collection Julie Buraud

35 rue de Metz17000

La Rochelle

05463550740683070789

[email protected]

Collection Etienne Buraud

34 rue de la Métallurgie93210

La Plaine Saint-Denis

0609382134

[email protected]

www.rolandburaud.fr

www.parcours-art.com

REGARDL’atelier de Roland BuraudPar Marie-Laetitia d’Hérouville, Photographe

Début de l’hiver 2010. Le temps est neigeux. Assise à la terrasse chauffée du « Pause Café », je regarde les fenêtres éclairées du troisième étage du passage Josset. Je vois l’ombre d’Etienne se profiler et me faire signe de monter. La place est libre. Les derniers visiteurs viennent de partir. Je me sens à la fois excitée, anxieuse, timide et impatiente … je monte lentement les marches et m’arrête nette devant cette porte noire vernie qui s’entrouvre d’un coup sec, me laissant à peine le temps de reprendre mes esprits … Le fils de Roland parait très affairé et me laisse libre de visiter seule cet espace. Me voilà au centre de cette grande pièce, chargée de vie, de créations, d’énergies, d’émotions palpables … Mon regard balaie l’horizon, puis mes yeux s’accrochent à tous les coins : chaque objet me parle, chaque toile m’appelle, chaque « bric à brac » veut me raconter son histoire … Je me décide à faire un pas en avant, puis deux … et d’aller à la rencontre de cet univers… il faut que j’immortalise ces instants … je saisis alors irrésistiblement mon appareil photo et pars à la découverte minutieuse de ce lieu à travers mon objectif.

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Tout d’abord, rencontre avec ces immenses tryptiques sur fond sombre où les corps blancs se décharnent … je suis impressionnée … ils me glacent presque le sang … mais je ne peux m’empêcher de frôler la texture en relief de la toile. Je recule de quelques pas pour en apprécier l’immensité … Juste à côté, d’autres grandes toiles bien alignées les unes contres les autres ne laissent apparaitre que leurs bords colorés et une petite pastille portant un numéro … J’aime le graphisme de cette composition même si je ne peux pas apprécier le contenu.

Mon attention est détournée par une quarantaine de tous petits formats sur le mur, accrochés en quinconce puis par cette magnifique collection de pinceaux suspendus. Mon regard reste rivé sur ce chapeau couleur paille, bordé d’une bande noire, qui surplombe des pots de peintures, des crayons, une équerre en bois, des bombes en tout genre, pot de térébenthine, des brosses, … Une forte émotion m’envahit … Je fonds en larmes, en pensant à mon père, François-Xavier, artiste sculpteur, parti quelques années auparavant.Tous ces petits fouillis me rappellent son atelier et me renvoient à l’idée que le temps s’est arrêté un jour, de manière inattendue, que nous ne sommes que de passage sur cette terre et que seul demeure ce que nous avons crée, comme une trace du plaisir que nous avons pu prendre et donner.

Je me ressaisis et baisse la tête vers de plus petits formats, posés devant la table à dessin, à même le sol recouvert d’un tapis vert façon fausse pelouse. Sur cette table, des dessins sous verre dans lesquels se reflètent la fenêtre et la lampe. J’y discerne un nouveau tableau car les personnages aux contours crayonnés, semblent être attirés par cette fenêtre et vouloir s’évader.Etienne est occupé à emballer quelques toiles … le sol est jonché de gros rouleaux de papiers bulles, papiers krafts, rouleaux de scotchs … Je me faufile le plus discrètement possible et continue ma visite. Je veux lui faire la surprise du reportage photos de l’atelier de son père, dans lequel ce dernier a passé des milliers d’heures à créer, à rêver, à s’évader …Me voilà dans la pièce du fond, à droite … quelques grandes toiles posées sur le mur … dont un couple sur fond bleu qui m’interpelle. Le sol est recouvert de toiles plutôt colorées … une large main peinte, dépasse, je souris.

«Seul demeure ce que nous avons crée comme une trace du plaisir que nous avons pu prendre et donner»

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Sur la table devant la fenêtre, des dizaines d’encres magnifiques, formant des rouleaux, s’entremêlent et se reflètent dans la lampe en aluminium … j’aime ces reflets déformants dans l’arrondi de la lampe.

Je quitte cette pièce, les yeux remplis de belles couleurs et me dirige vers la cuisine … seuls l’évier, le frigo, le petit four et la vaisselle me donnent l’indication du lieu parce que tout le reste n’a rien à y faire en théorie ! je vois que l’espace libre est quasi nul, je claque quelques photos pour garder en mémoire l’atmosphère de cette pièce. Je jette un œil à travers la fenêtre pour apercevoir des grandes fresques tagués sur les murs gris des immeubles alentours … Je visite enfin la petite pièce contigüe qui sert désormais d’entrepôt … un matelas usé à même le sol, des cartons remplis de bibelots, souvenirs divers et variés (coquillages, petites voitures, bougie, pierres, livres, courriers, … ) un petit bonze avec un air coquin me surveille … il pose !

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Marie-Laetitia d’Hérouville, photographehttp://www.flickr.com/people/mldherouville/0614324700

A voir : Exposition «Sur la via podiensis»du lundi 19 mars au 4 mai 2012Scala/Vecchia, 5 rue Paul Louis Courier, 75007

Je retourne voir Etienne, partager un petit café, assis sur des chaises pliantes blanches, en plein milieu de ce grand espace … le poële électrique tente de nous réchauffer … Nous échangeons quelques mots … mais je ne suis pas très bavarde … j’ai presque envie de chuchoter … ce lieu est si intime …

Roland, je ne vous aurai jamais rencontré mais je suis entrée en communion avec ce qu’il y a de plus précieux en vous : vos créations et votre atelier, lieu de naissance de vos œuvres éternelles …J’ai vécu un moment extraordinaire …J’ai figé votre atelier en ce début de l’hiver 2010 …

Marie-Laetitia d’Hérouville

Partager l’atelier du peintre Roland Buraud durant quelques mois fut très enrichissant pour ma recherche artistique. Je travaille sur une série de tableaux sur la ville de New-York lorsque en juillet 2008 quand Roland me propose de venir peindre dans son atelier durant son absence. Je m’y rends quasiment tous les jours.A son retour, cinq semaines plus tard, en observant ce à quoi j’avais abouti -une toile sur le point d’être terminée-, il me propose de continuer à travailler dans l’atelier que nous réaménageons à cet effet.Connaissant son besoin de solitude pour créer, je fus étonnée, et, ravie, j’acceptai.

Ma rencontre avec Roland Buraud avait eu lieu quatre ans auparavant, en 2004, lors d’une exposition collective à Paris à laquelle il participait. Je fus frappée par sa peinture, ces corps fusionnels entremêlés, entrelacés, abîmés, en lévitation dans un espace indéfini, dont certaines figures « sans figures » me firent penser à des animaux vidés de leurs entrailles, en lambeaux, suspendus dans l’espace, se donnant « aux regards » comme une fin. Nous avons longuement échangé sur son travail.

Suite à nos échanges, il me proposa de venir voir l’ensemble de son oeuvre. Je me rendis à son atelier au cœur de Bastille un dimanche après-midi.La « rencontre » avec sa peinture - le peintre- se fit ce jour là, devant l’immensité de ses tableaux, dans ce qu’ils donnent à voir, portent à ressentir, la réflexion qu’ils suscitent, sombres, puissants, comme un appel au silence. Et puis l’homme dans son infinie pudeur, son élégance dans les mots et … les maux.Dès lors, une amitié naquit. Nos échanges, notre complicité, perdurèrent jusqu'à «son envol ».Ma peinture était différente de la sienne. Eclectique, sa curiosité artistique l’a toujours poussé à s’intéresser à diverses formes picturales. Durant les quelques mois dans l’atelier, nous avons travaillé dans deux pièces attenantes dans le respect de nos silences, de nos travaux. Nous avions un regard mutuel, constant sur le travail de l’autre. Il nous arrivait de peindre au son de  Schubert, Schuman, Mahler …Dans nos instants de pauses autour d’un café, nous regardions l’avancée du travail de chacun. Nous échangions nos impressions. Très ouvert, il aimait recevoir les sensations que suscitait son travail. Il m’arrivait de lui faire part de mes doutes lorsque je remarquais une erreur sur ma toile.

Une artisteMichèle Tassi

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http://micheletassi.blogspot.com/

voir les dernières séries de Michèle Tassi surhttp://gallery.me.com/eburaud

Sans titreAcrylique sur toile 100X81 cmnon daté

Sans titreAcrylique sur toile 130X97 cm2008

Michèle Tassi vit et travaille à [email protected]

Jamais complaisant, il me conseillait alors ou m’encourageait : « tu vas trouver ! », me disait-il.Nous avons parcouru ensemble de nombreux musées, expositions et galeries. Parfois nous étions en total désaccord sur l’œuvre de certains peintres contemporains. Agacé, il disait, «ouvre ton œil ». Il aimait partager son savoir, comprendre, transmettre.Il me revient cette anecdote : lors de notre dernière exposition au

Louvre, nous sommes allés voir la peinture italienne, je fus surprise de m’arrêter sur des détails dans certains tableaux, je lui fis part de mes observations, en souriant, il me dit alors : « tu grandis » !

Nous avons partagé son espace, nos univers, des rires et des silences, des tablées entre amis, des discussions parfois très animées. Son observation du monde, ses points de vue, nos échanges, m’ont permis d’enrichir ma réflexion sur mon

travail artistique et de porter un oeil nouveau sur l’art.

Temps suspendu. Equilibre incertain. Entre deux, lieux de départ ou de tractations, d’attente ou d’abandon.Sommes-nous avant ou après l’évènement? Avant ou après le drame? Est-ce la prémonition d’un bouleversement ou bien son constat ?La peinture de Michèle Tassi dépasse les archétypes urbains sur lesquels elle s’appuie. Ces parkings, ces rues désertes, ces buildings hermétiques sont une invitation à dépasser l’intangible de toute perception ; le mystère apparent des façades et des directions qui ne s’offre que comme propositions, nous emmènent par leur étrangeté, à ce que l’on voit de nous, à ce que l’on perçoit des autres, autant qu’a nos origines et à notre éventuel futur.

ARNAUD BEDOUET Auteur Dramatique

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Sans titreHuile sur toile 116X89 cmnon daté

Sans titreHuile sur toile 130X97 cm2008

Sans titreAcrylique sur toile 100X81 cmnon daté

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RECHERCHEJe recherche pour stocker la collection Roland Buraud une pièce sûre et isolée d’une quinzaine de mètres carrés minimum... faites passer [email protected]

EXPOSITIONGalerie Annette HusterAlain Prillard du 9 février au 8 marsGuillaume Lecasble du 15 mars 26 marsValérie Ogé en maiGalerie Annette [email protected] ter passage Josset 75011

BON DE COMMANDE Les dessins de danse originaux ou leur reproduction digigraphique sur papier vélin numérotée de 1 à 10 avec tampon original de l’artiste peuvent être acquis. Pour cela rendez vous sur www.rolandburaud.fr, cliquez sur l’onglet correspondant à la série désirée, choisissez le dessin et notez-en la référence, remplissez le bon de commande ci-dessous, et postez le à l’adresse suivante.

Je souhaite acquérir le dessin original n° .................. de l’année .............................. au prix de .................

Je souhaite acquérir la reproduction digigraphique numérotée sur papier vélin du dessin n° ................. de l’année ........... au prix de .................

Je joins un chèque d’un montant de ................... (+10 euros de frais de port quel que soit le nombre de dessins commandé) à l’ordre de Etienne Buraud

Etienne BuraudCollection Roland Buraud

Cahiers Roland Buraud N°134, rue de la Métallurgie

93210 la Plaine Saint Denis

Prix par dessin dans chaque série

1. Série 1, Danse 1987 - 17,1X21,1 cm : Original : 250e Reproduction : 65e

2. Série 2, Danse 1987-1988 - 17,7X25,3 cm Original : 350e Repr : 85e

3. Série 3, Danse 1988 - 24X31,5 cm Original : 350e Repr : 85e

4. Série 4, Danse 1990 - 21X29,7 cm Reproduction : 100e

CONTRIBUERVous souhaîteriez écrire un article dans Les Cahiers Roland Buraud ? N’hésitez pas, cette revue est ouverte aux propositions et a besoin de vous !

REDACTEUR EN CHEF ETIENNE BURAUD SIEGE SOCIAL 34 RUEDE LA MÉTALLURGIE 93210 LA PLAINE SAINT DENIS REDACTEURS ALEXANDRA BLAISE - MARIE-LAETITIA D’HEROUVILLE - MICHELE TASSI MAIL [email protected] TEL 0609382134 SITE WEB www.rolandburaud.fr

merci aux rédactrices bénévoles de ce numéro pour leur investissement

merci de l’intérêt que vous portez à l’oeuvre de Roland Buraud ... prochain numéro dans six à huit mois...

N°1 Février 2012