café & commerce équitable 2009 · les conditions du marché, en offrant à ces petits...

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Café & commerce équitable 2009

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Café & commerceéquitable 2009

Conception et rédaction : GRAINES D’IDÉE

Partenaire du développement durable des Cafés Malongo

7 rue Boulard | 75014 Paris | www.graines-idee.fr

www.graines-idee.fr

Maquette et exécution : Céline Lenoir pour _www.clinecast.com

Crédits photographiques : Éric Saint-Pierre, Erick Bonnier, Franck Terlin / Realis, Simon Romain / Max Havelaar

En couverture : photos © Éric Saint-Pierre, www.ericstpierre.ca

Ce rapport est un outil de dialogue et de progrès.

Si vous souhaitez disposer d’informations complémentaires sur Malongo et le développement

durable ou nous faire part de vos observations et commentaires, vous pouvez contacter :

Paola Wintenberger I Département Formation & Communication

courriel : [email protected]

COMPAGNIE MÉDITERRANÉENNE DES CAFÉS MALONGO

BP 121 I ZONE INDUSTRIELLE I 9e Rue I 06513 CARROS

TÉL. +33 4 93 29 08 98 I FAX +33 4 93 29 01 05 I www.malongo.com

SA AU CAPITAL DE 2 053 800 euros I CCP MARSEILLE 587 45 T I RC GRASSE 81 B 111 I SIREN 955 802 061 00015

Ce document est imprimé sur papier PEFC ; notre imprimeur est certifi é Imprim’ Vert.

CAFÉ & COMMERCE ÉQUITABLEA - Le café dans le monde 4

B - Contexte du commerce équitable 5

C - Principes et fonctionnement du label Max Havelaar 7

D - Situation actuelle du commerce équitable 9

E - Le soutien et l’engagement des pouvoirs publics 11

F - Malongo et le commerce équitable 12

L’ENTREVUE AVEC JEAN-PIERRE BLANC,DIRECTEUR GÉNÉRAL DES CAFÉSMALONGO 16

A - LE CAFÉ DANSLE MONDEBoisson des plus populaires, le café est

issu des cerises du caféier qui croît en

zone tropicale et subtropicale et dont

la culture, établie dans 70 pays, contri-

bue aux revenus directs de millions de

producteurs. Ses deux espèces botani-

ques cultivées, l’arabica (Coffea arabica)

et le robusta (Coffea canephora), pous-

sent à des altitudes différentes, et leurs

cerises productives, à partir de la qua-

trième année, donnent à la tasse un

goût et une teneur en caféine distincts.

L’arabica représente les deux tiers de la

production mondiale.

Le Brésil et le Vietnam dominent res-

pectivement la production mondiale

d'arabica et de robusta. Avec la Colom-

bie et l’Indonésie, ces quatre pays réali-

sent plus de 60 % de la production

mondiale. 60 %, c’est aussi la produc-

tion mondiale torréfi ée par six grandes

fi rmes seulement. Le commerce inter-

national du café, estimé à 15 milliards

de dollars en 2007, se caractérise donc

par sa très forte concentration.

La récolte mondiale a été particulière-

ment importante en 2008 avec près

135 millions de sacs 1 produits, soit

15 % de hausse par rapport à l’année

précédente. Les pays importateurs

1. Un sac équivaut à 60 kg de café marchand.

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WEEKLY NEW-YORK 2ÈME MOISLINE QKCc2, LAST TRADE (LAST)26/07/2009 123.15

COURS DE L’ARABICA, BOURSE D

En rouge, le prix payé au producteur, avec le minimum garanti du commerce équitable de 135 cents USD/livre incluant la prim

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4

– dont les États-Unis, l'Allemagne, le

Japon, l'Italie et la France sont les cinq

premiers au monde – consomment les

trois quarts du café produit. En Europe,

la consommation par habitant la plus

élevée se situe en Finlande (12,5 kg/an/

habitant, contre 5,5 kg/an/habitant en

France). Elle croît sensiblement dans

les pays producteurs, notamment au

Brésil (+ 20 % en 4 ans), au Mexique

(+ 36 %) et au Vietnam (+ 87%).

Les prix du café sont fi xés à la Bourse

de Londres pour le robusta et à celle de

New York pour l’arabica. La livre, qui

équivaut à 453 grammes, constitue

l’unité de mesure du café marchand.

Son cours est établi sur la base d’une

qualité conventionnelle, auquel des

différentiels de prix sont appliqués

pour des qualités différentes. L’ensem-

ble des échanges se fait en dollars.

Après une période de crise entre 2001

et 2003, où les prix ont crevé le plan-

cher des 50 cents dollars par livre, les

cours ont repris progressivement de la

vigueur avec un pic de hausse en fé-

vrier 2008 (144 cents la livre pour l’ara-

bica) dans l’incertitude des récoltes

brésiliennes. Si les cours de l’arabica et

du robusta ont respectivement aug-

menté de 21 % et de 13 % en 2008, cette

hausse reste néanmoins relativement

modeste en comparaison de la fl ambée

des prix sur les autres matières premiè-

res. Cette reprise relative, malgré des

volumes historiques en 2008, peut lais-

ser supposer qu’elle intègre par antici-

pation une baisse prévisible de la ré-

colte 2009, les caféiers ne produisant

jamais à plein rendement d’une année

sur l’autre. Le marché du café demeure

cependant l’un des plus volatiles, sou-

mis aux aléas climatiques subis par les

principaux pays producteurs – aléas

aggravés par les dérèglements climati-

ques –, objet de spéculation, avec une

production non régulée et une deman-

de mondiale quasiment stable.

B - CONTEXTEDU COMMERCEÉQUITABLELa libéralisation des marchés des pays

du Sud dans les années 1980, conju-

guée à la dérégulation des échanges

internationaux sur le café, a eu des ef-

fets directs et durables sur la vie de

millions de petits producteurs. Soumis

à la désorganisation des circuits mar-

chands dont l’État avait précédem-

ment la charge, obligés de vendre leur

production à de nouveaux intermé-

diaires souvent peu scrupuleux, ces

petits producteurs se sont retrouvés en

situation de précarité : pauvreté écono-

mique, développement de cultures illi-

cites, abandon des plantations, exode,

restriction de l’accès à la santé et à

PriceUScLbs

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DE NEW YORK, 1980-2009

me de développement.

CAFCAFACAFAFCAAFCACAA É &É &É &É &É &É &É &É &É &É & CO CO COCOC CO COCCCOOCOC MMEMMEMMEMMEMMEMMEMMEMEMMM RCERCERCERCERCERCERCECEER ÉQ ÉQ ÉQÉQÉQ É ÉQÉQÉQQQÉ UITUITUUITUITUITITITTTABLABABLABLABLABLABLABLABLBBA E >E >E >E >E >>E >>>>> ConConConConConConConConCoo textextextextextextexxxetext te tete te tetete tete du du dudu du duddududu comcomcomcomcomcomcomcomccommmmermermermermemermemeremm ce cece cce cececece équéquéqéquququéquéquéqéquitaitaitatataitataitablebleblebleblebleblebleleeblel

5

l’éducation pour leur famille. Au ni-

veau des États eux-mêmes, cela s’est

traduit par une baisse des recettes à

l’exportation sur le café, dont certains

pays comme le Burundi, l’Éthiopie,

l’Ouganda ou le Rwanda sont particu-

lièrement dépendants.

Dans les années 1980, un Hollandais,

le père Francisco Van der Hoff, docteur

en économie politique et en théologie,

missionnaire auprès des Indiens du

Sud mexicain, envisagea de modifi er

les conditions du marché, en offrant à

ces petits producteurs un prix non

seulement plus élevé que celui de la

Bourse mais garanti. Ses moyens ? Un

café un peu plus cher pour le consom-

mateur, une commercialisation via

des circuits modernes de distribution

afi n de l'optimiser, ainsi qu'un label

garantissant la démarche et permet-

tant au café d'être reconnaissable. Ce

sera le héros Max Havelaar, né sous la

plume de l’écrivain néerlandais Dek-

ker et symbole au xixe siècle de la dé-

nonciation du sort réservé aux indigè-

nes dans les colonies, qu’il choisira

pour son label.

En Hollande, terrain d’expérimenta-

tion de la démarche du père Francisco

Van der Hoff en 1988, le succès auprès

des consommateurs est immédiat. Au

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6

cours des années suivantes, le concept

est étendu à de nouvelles fi lières (ca-

cao, thé, banane…) et gagne progressi-

vement les autres pays européens et

anglo-saxons, dont la France en 1992.

En plus de vingt ans, ce sont dix-huit

fi lières labellisées Max Havelaar et dis-

tribuées dans vingt et un pays qui vont

voir le jour. Près de 750 organisations

de petits producteurs dans plus de

soixante pays du Sud bénéfi cient des

conditions de ce commerce équitable.

Aujourd'hui, plus de 290 organisations

de producteurs de café dans 25 pays

sont concernées.

C - PRINCIPES ETFONCTIONNEMENT DU LABEL MAX HAVELAARLe commerce équitable est l'une des

déclinaisons de l’économie solidaire

mises en œuvre entre le Nord et le Sud

depuis une quarantaine d’années, au

même titre que le commerce éthique,

le microcrédit, les fonds éthiques de

développement, etc. Il fi xe entre tous

ses acteurs économiques « un partena-

riat commercial, basé sur le dialogue,

la transparence et le respect qui vise à

plus d’équité dans le commerce inter-

national » (défi nition établie par le re-

groupement des Fédérations interna-

tionales du commerce équitable-Fine,

2001).

Sur la fi lière café labellisée Max Have-

laar, le principe de prix minimum ga-

ranti est de 125 cents/livre pour une

qualité d’arabica lavé. S'ajoute à ce prix

garanti une prime de développement

de 10 cents/livre versée à la coopérative

et destinée à fi nancer des projets écono-

miques et sociaux, votés démocratique-

ment par ses membres. L’agriculture

biologique est incitée économique-

ment par l’existence d’une prime sup-

plémentaire de 20 cents/livre pour les

cafés qui en sont issus. Si l’organisation

de producteurs en fait la demande, sa

campagne caféière peut être préfi nan-

cée à hauteur de 60 %. Enfi n, si le cours

de la Bourse vient à dépasser le prix mi-

nimum garanti, le prix payé au produc-

teur s’aligne sur celui de la bourse

auquel sont ajoutés le différentiel qua-

lité et les autres primes.

Ces règles sont accompagnées d’exi-

gences : fonctionnement transparent

des coopératives, respect des normes

internationales de travail et des modes

de production respectueux de l’envi-

ronnement. L’ensemble de ces règles

est défi ni pour chaque fi lière du com-

merce équitable Max Havelaar, sous la

forme de standards internationaux.

Dans son application, Max Havelaar

met en relation trois types d’acteurs

économiques : les producteurs qui

existent en tant qu’organisations (coo-

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pératives, associations…) ; les déten-teurs de la licence qui sont tous les

utilisateurs du label ; les négociants qui sont les exportateurs et les impor-

tateurs de la matière première.

Le commerce équitable s’organise

autour de deux entités internationales

distinctes :

• FLO-International, association ba-

sée à Bonn, dont le rôle est de défi nir

les standards internationaux du com-

merce équitable et d’appuyer les pro-

ducteurs. L’association est relayée dans

les pays producteurs par des agents de

liaison. Ces agents (trente-cinq aujour-

d'hui) ont un rôle actif et primordial

pour informer et aider les organisa-

tions qui souhaitent intégrer les fi liè-

res du commerce équitable.

• FLO-Cert, SARL de droit allemand

basée à Bonn, s’occupe de la certifi ca-

tion des acteurs de la fi lière, de la déli-

vrance du label et du contrôle annuel

des intervenants. Cette certifi cation

est décidée par un comité multipartite

où les producteurs, les concessionnai-

res, les négociants sont représentés, et

passe par une accréditation des deman-

des et leur renouvellement annuel. Au

niveau des producteurs, l’audit de

contrôle est réalisé annuellement ou

tous les deux ans, fréquence choisie en

Qualité de café Cents US $ / Livre

Arabica lavé 125

Arabica non lavé 120

Robusta lavé 105

Robusta non lavé 101

Prime de développement +10

Prime café biologique +20

STANDARDS DUCOMMERCE ÉQUITABLEMAX HAVELAAR FLO 2008

“L’agriculture biologiqueest incitée économiquement par l’existence d’une prime supplémentaire”

1 livre = 0,453 g

CAFÉ & COMMERCE ÉQUITABLE > Principes et fonctionnement du label Max Havelaar

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LES ACTEURS ÉCONOMIQUES DU LABEL MAX HAVELAARET LEURS OBLIGATIONS, FILIÈRE CAFÉ 2008

COTISATION D’ADHÉSION (payée à Flo-Cert)Producteur De 2 000 à 3 400 €Détenteur de licence 800 €Négociant De 250 à 500 €

COTISATION ANNUELLE Producteur De 962 à 2 712 € (payée à FLO-cert) Détenteur de licence Droit de marque (payé à Max Havelaar France) : 0,210 € par kilo de café torréfi é vendu, avec un minimum de 2 000 € Négociant De 200 à 2 400 € (payée à FLO-cert)

ORGANISME DE CONTRÔLE FLO-cert

TYPES DE CONTRÔLEAccréditation, déclarations trimestrielles, audit

FRÉQUENCE DE RENOUVELLEMENT Producteur Annuelle ou tous les deux ans Détenteur de licence Annuelle ou tous les deux ansNégociant Annuelle

fonction des résultats du contrôle pré-

cédent. Près de 2 000 audits ont été réa-

lisés en 2008. FLO-Cert possède une

accréditation européenne ISO 65.

FLO est relayée dans chaque pays où le

label existe par des associations natio-

nales. En France, ce rôle est assuré par

l’association Max Havelaar France. Elle est responsable de la promotion

du label auprès des consommateurs.

Depuis 2001, elle organise en partena-

riat avec la Plateforme française du

commerce équitable, le rendez-vous

national de la Quinzaine du commerce

équitable qui se déroule chaque année

en mai. Pour qu’un produit puisse être

labellisé, l’ingrédient pour lequel il

existe une fi lière Max Havelaar doit

être acheté à 100 % selon ses standards.

S'il est composé de plusieurs ingré-

dients, , l’ingrédient pour lequel il exis-

te une fi lière Max Havelaar doit repré-

senter au moins 20 % de la matière

sèche totale ; et si le produit contient

plus de deux ingrédients Max Have-

laar, ils doivent représenter plus de

50 % de la matière sèche totale.

D - SITUATIONACTUELLE DUCOMMERCE ÉQUITABLEDans le monde, les produits équitables

labellisés Max Havelaar ont totalisé

2,9 milliards d’euros en 2008, soit plus

20 % par rapport à 2007. Le café, la ba-

nane et le cacao sont les trois premiè-

res fi lières. On compte vingt et un pays

où le label est représenté.

En France, le chiffre d’affaires du com-

merce équitable Max Havelaar s’élève

à 256 millions d’euros en 2008 (+22 %

par rapport à 2007), soit le double d’il y

a trois ans. La grande distribution re-

présente près de 65 % des ventes en

2008 mais la progression est aujour-

d’hui principalement tirée par les sec-

teurs hors grande distribution (+57 %

en valeur en un an). 93 % de nos conci-

toyens connaissent le commerce équi-

table en 2008, ils étaient 9 % en 2001.

Toujours en France, un foyer sur trois a

acheté au moins un produit labellisé

Max Havelaar. En moyenne, ces foyers

font quatre achats de produits équita-

bles par an et dépensent 16,40 euros

dans l’année (TNS Worldpanel 2009).

Avec 86 millions d’euros de chiffre

d’affaires, le café est la première fi lière

Max Havelaar dans notre pays (33 %

des parts de marché), suivi du coton

(16 %), de la banane (11 %), du cacao

(10 %) et du thé (9 %). On compte près

de 440 références de café labellisées

Max Havelaar, dont près de la moitié

(46 %) ont aussi la certifi cation agri-

culture biologique.

Dans les pays producteurs, 630 orga-

nisations de producteurs sont certi-

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QUELQUES INDICATEURS MAX HAVELAAR (MH)MONDE ET FILIÈRE CAFÉ 2008 2007 2006

Chiffre d’affaires mondial des produits MH toutes fi lières (en millions d’euros) 2 895 2 381 1 623

Nombre de pays où le label est présent 21 21 21

Nombre de fi lières 18 18 18

Nombre d’organisations de producteurs certifi ées toutes fi lières 747 632 569

Agents de liaison producteurs 35** 40* 25*

Volume de café mondial MH (en milliers de tonnes) 65 808 62 200 52 077

Nombre d’organisations de producteurs de café certifi ées MH 290 263 241

Chiffre d’affaires MH en France toutes fi lières (en millions d’euros) 256 210 166

Notoriété du commerce équitable en France (sondage Ipsos) 84 % 81 % 74 %

Notoriété du label MH (sondage Ipsos) 48 % Ipsos assistée (logo) 42 % IPSOS assistée (nom) 42 % IPSOS assistée (nom)

Taux de pénétration MH dans les ménages français toutes fi lières (Ipsos) 26,5 % (TNS) 24 % (TNS) 22 %

Moyenne d'achat annuel MH par Français (en euros) 3.96 3.29 2.76

Chiffre d’affaires café en France (en millions d’euros) 85 75 73,3

Volume café MH France (en tonnes) 7 110 6 700 6 200

Volume des cafés MH vendus dans la grande distribution (en tonnes) 5 917 5 644 5 126

Nombre de références café France 439 357 320

Dont marques de distributeurs (MDD) 45 38 15

Part de marché du café MH en grande distribution (en valeur) ~5 % ~5 % ~5 %

Nombre de coopératives certifi ées MH, fi lière café France ~60 58 51

*Temps partiel. **Équivalent temps plein.

CAFÉ & COMMERCE ÉQUITABLE > Situation actuelle du commerce équitable

10

fi ées Max Havelaar, ce qui représente

1,5 million de producteurs ou de tra-

vailleurs bénéfi ciant directement des

effets du commerce équitable Max Ha-

velaar, soit près de 8 millions de per-

sonnes avec leur famille.

Les récentes études d’impacts condui-

tes par Max Havelaar France auprès

des organisations de producteurs ont

montré que les conditions du commer-

ce équitable permettaient aujourd’hui

de couvrir les coûts de production ain-

si que les besoins courants familiaux.

En revanche, le revenu des produc-

teurs reste encore insuffi sant pour

couvrir leurs investissements ou ré-

pondre aux aléas. Le commerce équita-

ble a également permis de créer des

emplois stables et qualifi és au niveau

des coopératives. Ces dernières tra-

vaillent aujourd’hui au développe-

ment de leur capacité commerciale, à

l’amélioration de la qualité, ainsi qu’à

la diversifi cation économique. Enfi n et

surtout, ces mêmes coopératives sont

devenues des interlocuteurs privilé-

giés, représentatifs et consultés par les

politiques locales.

E - LE SOUTIEN ETL’ENGAGEMENT DES POUVOIRS PUBLICSL’ouverture de la 9e Quinzaine natio-

nale du commerce équitable à la Bour-

se du commerce de Paris, le 6 mai 2009,

a constitué un événement particuliè-

rement fort. L’histoire de cette place,

qui abrita au xxe siècle les marchés à

terme, et son dynamisme actuel, porté

par la Chambre de commerce de Paris,

constituent en effet une reconnaissan-

ce solennelle du commerce équitable.

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ricstp

ierr

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a

“En France, le chiffre d’affaires du commerce équitable Max Havelaar s’élève à 256 millions d’euros en 2008, soit le double d’il y a trois ans”

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11

Cette reconnaissance a aussi été témoi-

gnée par les représentants d’institu-

tions nationales et internationales qui

ont souligné à cette occasion leur sou-

tien et leur détermination à faire avan-

cer la cause du commerce équitable : le

vice-président de la Chambre de com-

merce de Paris, le président des Cham-

bres d’agriculture, M. Jacques Diouf,

directeur de la FAO, Mme Chantal

Jouanno, secrétaire d’État à l’Écologie,

M. Christian Jacob, député et président

de la Commission développement du-

rable de l’Assemblée nationale…

Cette inauguration, précédée d’un col-

loque à l’Assemblée nationale où minis-

tres, députés, producteurs, ONG et ac-

teurs économiques ont souligné la

pertinence du modèle économique du

commerce équitable et ses résultats de

terrain, a aussi été l’occasion de réaffi r-

mer l’engagement du gouvernement

comme l’implication des collectivités

locales. Engagement du gouvernement

pour que la Commission nationale du

commerce équitable (CNCE), instance

publique créée en 2007, établisse le ca-

dre national de reconnaissance des ac-

teurs du commerce équitable avant la

fi n de l’année 2009. Implication des col-

lectivités locales et affi rmation de leurs

engagements avec le lancement de la

campagne « Territoires de commerce

équitable ». Cette campagne nationale

en phase d’expérimentation est conjoin-

tement portée par Max Havelaar Fran-

ce, Artisans du monde et la Plate-forme

française du commerce équitable. Elle

décernera la mention « Territoire du

commerce équitable » aux collectivités

locales les plus engagées, pour les pre-

mières avant la fi n de l’année.

Lentement mais sûrement, le commer-

ce équitable a réussi un triple pari :

pari théorique en ce qu’il représente

aujourd’hui une réponse économique

structurée face aux défenseurs d’une

économie de marché sans règle ; pari

environnemental et social en ce qu’il

permet aujourd’hui à plus de 1,5 mil-

lion de producteurs à travers le monde

de s’organiser et d’envisager le futur

selon leurs propres choix de dévelop-

pement ; pari sur l’avenir enfi n en ce

que l’actuelle reconnaissance du com-

merce équitable concourt à appuyer

les changements nécessaires en matiè-

re d’économie et de développement

dont notre monde a besoin.

F - MALONGO ETLE COMMERCEÉQUITABLEMalongo est une entreprise de torré-

faction niçoise, familiale et dynami-

que. Créée en 1934, elle emploie 376

salariés et son chiffre d’affaires est de

80,2 millions d’euros en 2008. Sa politi-

≥ ≥ Ouverture de la 9e Quinzaine nationale du commerce équitable

à la Bourse du commerce de Paris le 6 mai dernier

≥ ≥ Malongo était bien sûr présent à ce rendez-vous

≥ ≥ Le journaliste Philippe Taddéï, animateur de cette soirée,

aux côtés de Joaquin Munoz, directeur de Max Havelaar France

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12

que qualité la spécialise sur le segment

des cafés gourmets dont elle est le lea-

der en France. Elle est aussi le premier

intervenant français des cafés issus du

commerce équitable et de l’agriculture

biologique.

Malongo torréfi e annuellement près

de 70 origines de café vert en prove-

nance des meilleures plantations. Tou-

tes les qualités de café vert recherchées

par Malongo justifi ent un différentiel

de prix par rapport aux qualités

conventionnelles cotées en Bourse. Les

plantations sous ombrage, situées en

altitude (1 500 mètres) et dont les ré-

coltes sont effectuées à la main, en plu-

sieurs passages, répondent à la deman-

de de l’entreprise. Les plantations des

petits producteurs labellisés Max Ha-

velaar s’inscrivent donc pleinement

dans cette demande.

Le tiers des qualités de café vert impor-

tées par Malongo sont issues des coopé-

ratives labellisées Max Havelaar. En

2008, ces cafés représentaient 40 % du

volume global importé par l’entreprise

et 43 % en valeur, chiffre en progression

constante depuis l’adhésion de Malon-

go au label Max Havelaar. Parmi les dix

premières qualités importées, cinq sont

labellisées Max Havelaar. Malongo tra-

vaille sur les bases du commerce équi-

table avec les coopératives de petits

planteurs depuis 1992 et adhère à la dé-

marche Max Havelaar depuis 1997.

Malongo a développé des liens privilé-

giés avec de nombreuses plantations et

coopératives (Mexique, Haïti, Congo,

Guadeloupe, Laos, Nouvelle-Calédo-

nie, Zimbabwe). Ces liens sont contrac-

tuels, basés sur une relation à long

terme , et intègrent de nombreux parte-

nariats dans différents domaines (for-

mation, santé, art, tourisme…). Avec

les coopératives de petits producteurs,

les efforts de Malongo sont prioritaire-

ment tournés sur la formation en vue

d’améliorer la productivité et la quali-

té ainsi que sur la diversifi cation éco-

nomique.

Au niveau des ventes, le chiffre d’affai-

res Malongo 2008 sur les cafés Max Ha-

velaar a été de 25 millions d’euros, soit

37 % du chiffre d’affaires café. C’est en

grande distribution que Malongo com-

mercialise 95 % de ses cafés Max Have-

laar. Le Café des Petits Producteurs est la

première de ses références Max Have-

laar. Une quinzaine de références exis-

tent au jour d’hui, dont Le Cachet d’Or

(mélange Haïti/Guatemala), Le Dessert

(mélange Congo/Éthiopie), La Tierra

issue des fi ncas du Guatemala et certi-

fi ée agriculture biologique, ou le Deca

Aqua, premier décaféiné à l’eau issu du

commerce équitable et de l’agriculture

biologique.

Malongo est particulièrement actif ≥ ≥ Serge Fraichard,

président Max Havelaar France

≥ ≥ Logo de la campagne « Territoires du commerce équitable »

offi cialisée le même jour à l’Assemblée nationale

≥ ≥ Jacques Diouf,

directeur de la FAO

≥ ≥ Philippe Solignac, vice-président

de la Chambre de commerce de Paris

≥ ≥ Christian Jacob, député et président de la Commission

développement durable de l’Assemblée nationale aux côtés

de Chantal Jouanno, secrétaire d’État à l’Écologie

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13

auprès du grand public pour une

reconnaissance du commerce équita-

ble : à travers son département forma-

tion, ses boutiques de dégustation (les

Malongo Cafés), par son implication

dans la Quinzaine du Commerce équi-

table et par l’organisation annuelle de

débats.

Récompensée en 2008 par le label En-

treprise du Patrimoine vivant du minis-

tère de l’Économie et lauréate du

concours national 2008 Entreprises et

Environnement organisé par le ministè-

re du Développement durable dans la

catégorie Initiatives et Management du

développement durable, Malongo est une

entreprise engagée (à travers l’ensem-

ble de ses collaborateurs). Engagement

en faveur de l’excellence et de la quali-

té, à travers de son histoire et son sa-

voir-faire. Engagement en matière de

responsabilité environnementale, éco-

nomique et sociale, grâce à une politi-

que développement durable cohérente

et ambitieuse. Le développement de

liens privilégiés avec les pays produc-

teurs et le soutien aux coopératives de

petits producteurs constituent (en ef-

fet) l’un des douze axes de sa politique

développement durable.

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SITESINTERNETMAX HAVELAAR FRANCEwww.maxhavelaarfrance.org

FLOwww.fairtrade.net

PLATE-FORME NATIONALE DU COMMERCE ÉQUITABLEwww.commercequitable.org

TERRITOIRES DU COMMERCE ÉQUITABLEwww.territoires-ce.fr

MALONGOwww.malongo.com

POUR ALLER PLUS LOINCYCLOPE – LES MARCHÉSMONDIAUXSous la direction de PhilippeChalmin, édition Economica, 2009

COMMERCE ÉQUITABLE– 20 RÉPONSES POUR AGIR Joaquin Munoz, édition Michalon, 2008

EFFETS DU COMMERCE ÉQUITA-BLE AUPRÈS DES COMMUNAUTÉS DU SUD. RÉSULTATS DE 3 ÉTUDES DE CAS AU PÉROU ET ENRÉPUBLIQUE DOMINICAINECabinet Oréade-Brèche, restitution de l’étude consultable sur le siteInternet de Max Havelaar, 2008

LE COMMERCE ÉQUITABLE. QUAND LES HOMMES DÉFIENTLE MARCHÉPhotographies : Éric Saint-Pierre, éditions Aubanel, 2008

REGARDS CROISÉS SUR LE COMMERCE ÉQUITABLE : VERS UN LIBÉRALISME RESPONSABLE ?Actes du colloque organisé parle Cercle de l’art du café, sous la direction de Jean-Pierre Blanc, Ondine Bréaud et Pierre Massia, L’Harmattan, Paris, 2006

NOUS FERONS UN MONDE ÉQUITABLEFrancisco Van der Hoff, Flammarion, 2005

COMMERCE ÉQUITABLE ET CAFÉ : RÉBELLION OU NÉCESSAIRE ÉVOLUTIONActes du colloque organisé par leCercle de l’art du café en 2001, L’Harmattan, 2003

L’AVENTURE DU COMMERCE ÉQUITABLE, PAR LES FONDATEURS DU COMMERCE ÉQUITABLENico Roozen, Francisco Van der Hoff, Jean-Claude Lattès, 2001

CAFÉ & COMMERCE ÉQUITABLE > Malongo et le commerce équitable

15

De quelle manière a débuté votre engagement dans le commerce équitable ?C’était en 1992. J’étais au Mexique en

prospection de plantations nouvelles,

quand des amis m’ont parlé d’une coo-

pérative située dans la région de Oaxa-

ca, la coopérative UCIRI. Je m’y suis

donc rendu, et c’est là que j’ai rencontré

son fondateur, le padre Francisco Van

der Hoff. Le courant est immédiate-

ment passé ! Avec les petits producteurs

de la région, ils avaient créé UCIRI

quelques années auparavant afi n de

réorganiser la fi lière café et se battaient

en même temps sur le front de la com-

mercialisation avec un objectif : trou-

ver des acheteurs qui acceptent de

payer le café à un prix minimum ga-

ranti hors des fl uctuations du marché.

J’avais en face de moi le fondateur de

Max Havelaar, démarche totalement

inconnue à l’époque. J’ai accepté tout

de suite pour deux raisons : son café

correspondait aux qualités que nous

recherchions. Par ailleurs, et surtout,

j’ai été sensible à l’engagement de ce

père franciscain, docteur en théologie

et en économie politique, et au courage

de ces producteurs dans un contexte

régional diffi cile et dangereux. Cela fait

maintenant dix-sept ans que Malongo

travaille avec UCIRI.

Pourtant, votre adhésion à la démar-che Max Havelaar a été ultérieure.En effet. Notre adhésion remonte à

1997, date à laquelle nous avons lancé

le Café des Petits Producteurs labellisé

Max Havelaar, qui a offi cialisé l’enga-

gement de Malongo. Cela a pris du

temps. Il fallait avoir l'assurance que le

label présentait les garanties suffi san-

tes en matière de fonctionnement,

d’organisation et de sérieux. Nous en-

gagions notre image de marque, ces

décisions importantes doivent donc

être réfl échies. Depuis, nous avons

ENTREVUE avecJEAN-PIERRE BLANC,Directeur généraldes Cafés Malongo

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16

déployé une quinzaine de références

Max Havelaar avec le succès que vous

connaissez et nous avons fortement

développé nos liens avec ces coopérati-

ves de petits producteurs. Aujourd’hui,

les cafés issus du commerce équitable

certifi és Max Havelaar représentent

43 % de nos achats en valeur, chiffre en

progression constante depuis notre ad-

hésion au label. Nous sommes les pre-

miers intervenants du commerce équi-

table en France.

Certains reprochent à Malongo de se servir de l’image du commerce équitable dans la mesure où tous ses cafés ne sont pas labellisés Max Havelaar…Ce genre de réfl exions émane de per-

sonnes qui ne nous connaissent pas.

D’une part, nous sommes en France le

premier contributeur de Max Havelaar

par les volumes que nous réalisons et

la redevance annuelle que nous rever-

sons à l’association en tant qu’adhé-

rent. D’autre part, au niveau de la pro-

duction de café, le label Max Havelaar

concerne les coopératives de petits

producteurs seulement. Or nous tra-

vaillons avec ces coopératives mais

aussi avec des plantations, sur les

soixante-dix origines de café que nous

importons annuellement. Enfi n et sur-

tout, nous ne torréfi ons que des cafés

haut de gamme : donc tous nos achats,

qu’ils soient labellisés ou non, justi-

fi ent des prix supérieurs aux qualités

conventionnelles cotées en Bourse.

Nous payons 125 cents US $ minimum

la livre de café aux coopératives labelli-

sées Max Havelaar, auxquels s'ajoutent

10 cents US $ pour la prime de dévelop-

pement, plus 20 cents US $ pour les

qualités issues de l’agriculture biologi-

que. À côté de nos achats auprès de ces

coopératives, nous travaillons par

exemple avec la plantation Farfell, au

Zimbabwe, sur les mêmes bases, ou

nous achetons l’excellente qualité Blue

Mountain de Jamaïque vingt fois plus

chère que le prix Max Havelaar. Ces ré-

fl exions n'ont donc aucun sens. En re-

vanche, je souhaite par engagement et

conviction renforcer nos liens avec les

coopératives labellisées Max Havelaar,

ce que nous faisons déjà, sachant que la

principale contrainte réside dans les

volumes disponibles sur le marché aux

qualités que nous recherchons. C’est la

raison pour laquelle j’ai recruté un col-

laborateur chargé de m’appuyer dans

la prospection et que Malongo lance

d’importants programmes de forma-

tion auprès des coopératives afi n de

développer les volumes et la qualité.

Malongo a été lauréat du prix Entre-prises & Environnement en 2008, dans la catégorie Initiatives & Manage-ment du développement durable.Selon vous, commerce équitableet développement durable sont-ilssynonymes ?Non. Le développement durable con-

cerne la responsabilité environne-

mentale, économique et sociale de

mon entreprise au quotidien, c'est-à-

dire l’ensemble de nos activités. Nous

avons développé une politique ambi-

tieuse qui engage la responsabilité de

mon comité de direction et celle de

tous mes collaborateurs. En ce qui

concerne spécifi quement nos liens

avec les pays producteurs (l’un des

douze axes de notre politique), notam-

ment nos partenariats avec les coopé-

ratives de petits producteurs, le com-

merce équitable est la base même du

développement durable. Et j’insiste

sur ce point. Car le problème de ces

petits producteurs est d’abord d'ordre

économique. Leurs modes de produc-

tion traditionnels respectent l’envi-

ronnement. Leurs plantations sont

d’ailleurs les premiers centres de bio-

diversité après les forêts primaires.

Mais, isolés et soumis à un contexte

de marché particulièrement violent,

ils sont fragilisés et précarisés. Tous

les grands consortiums vous diront

faire du développement durable à tra-

vers des programmes environnemen-

taux et sociaux dans les pays produc-

teurs : des grenouilles, des oiseaux et

des épouvantails… Mais question prix,

pour eux, c’est l’affaire du marché : il

faut laisser faire la « main invisible » !

Je précise que dans la pratique il

n’existe aucune « main invisible »

mais une « petite poignée d’acteurs »,

“Le problème des petits producteurs est d’abordd'ordre économique. Leurs modes de production traditionnels respectent l’environnement”

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puissants fi nancièrement, dont le seul

objectif est de rafl er la mise. Là, le dé-

veloppement durable, c’est soit du

maquillage, soit de la façade.

Vous êtes bien catégorique… !L'idée de ces grandes fi rmes est relative-

ment simple et séduisante. Leur logique

s’inscrit dans la continuité même de la

société du spectacle mise en lumière

par Guy Debord. Le désastre écologique,

social et sanitaire auquel nous sommes

arrivés, et qui ne va qu’empirant, résul-

te en partie des modes d’appropriation

du vivant de ces consortiums dont l’ob-

jectif n’est que fi nancier : écraser les

coûts de production et maximiser la

consommation, peu importe ce qu’elles

produisent. Je pense qu’elles sont tota-

lement conscientes de leurs responsabi-

lités mais qu’elles sont dans l’incapacité

de réagir de par leur fonctionnement.

Or, les consommateurs ont aujourd’hui

besoin d’être rassurés : donc, ce qu’elles

font, c’est divertir, divertir le regard, du

latin divertire, distraire, faire diversion.

La maison brûle ? On repeint ses meu-

bles en vert…

Êtes-vous quand même optimiste ?Nous sommes beaucoup de PME en-

gagées dans le commerce équitable,

pour une agriculture respectueuse

des hommes et de l’environnement,

qui se battent pour l’emploi, avec une

éthique véritable des affaires. Je pen-

se à Léa Nature, à Soléou dans ma ré-

gion… Mais nous toutes PME sommes

une goutte d’eau dans un environne-

ment de plus en plus aride.

Aujourd’hui, ce n’est plus une ques-

tion de labels ni de prise de conscien-

ce : il faut agir. Et pour cela, il faut des

objectifs politiques, une refonte des

règles de la fi nance et une vision à

long terme. Car le développement

durable, ce n’est ni après-demain, ni

demain, mais aujourd’hui. Or, fi xer

par exemple des objectifs de réduc-

tion de gaz à effet de serre à l’horizon

2050, avec comme ambition de quali-

té de vie de +2 °C pour nos petits en-

fants, ce n’est pas acceptable. De la

même façon, considérer la fonte des

glaces aux pôles comme une oppor-

tunité économique me paraît édi-

fi ant. Nous restons dans une vision à

court terme, sans réelle capacité de

prise en charge des problèmes, et re-

portons nos erreurs sur les généra-

tions futures. Quant au présent, les

bénéfi ces engendrés par les grands

consortiums de l’industrie et de la fi -

nance génèrent un coût économique

supporté par le collectif qui, à mon

sens, est bien supérieur au bénéfi ce.

Donc, d’un point de vue fi nancier, ces

grands consortiums ne sont parado-

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18

xalement pas rentables. Ils sont

même défi citaires… Il nous appar-

tient de faire entendre notre voix.

C’est en ce sens que je suis optimiste.

Quid du commerce équitable ?Le commerce équitable devrait être la

base des échanges commerciaux avec

l’ensemble des petits producteurs.

Mais, très concrètement, cela reste in-

suffi sant. Je constate les progrès envi-

ronnementaux, économiques et so-

ciaux réalisés localement grâce à ces

organisations de petits producteurs,

mais tous se serrent la ceinture : 2 dol-

lars par jour, c’est peu… Je rappelle que

nous subissons une crise en Europe,

mais que cette crise est permanente et

plus grave encore pour la moitié de

l’humanité. Les défenseurs de l’ultrali-

béralisme jugent depuis leur bureau

climatisé que le commerce équitable

est une entrave au marché. Sur le ter-

rain, je rencontre également des

hordes d’experts payés une fortune

pour nous montrer de beaux Power

Point avec des tableaux dynamiques.

Moi, je dis que tout ça est scandaleux.

Il faut d’abord changer les règles de

l’économie et de la fi nance, et redon-

ner à chacun la possibilité de son auto-

nomie et de son développement. Le

commerce équitable est un point de

départ. Il faut lutter contre la corrup-

tion, réfl échir à la répartition des mar-

ges sur l’ensemble de la fi lière, réguler

les marchés, restreindre les pratiques

abusives comme les ventes à découvert

et les ventes à perte. Et taxer les tran-

sactions monétaires internationales

dans l’objectif d’une meilleure réparti-

tion ! Il est quand même paradoxal que

cette question reste taboue en France.

Vraiment, je ne comprends pas.

“Il faut d’abord changer lesrègles de l’économie et de lafi nance et redonner à chacunla possibilité de son autonomie et de son développement”

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C o m p a g n i e M é d i t e r r a n é e n n e d e s C a f é s

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