« Que notre joie soit parfaite ».

Le Supérieur Général a donné sa conclusion, en notant combien ce CGP fut une rencontre caractérisée par la douceur : la

température sans doute, mais aussi le climat fraternel. Il a rappelé qu’à ses yeux notre fragilité s’est révélée à l’occasion de sa visite à l’Amérique du Sud. Mais cela ne doit pas nous faire craindre l’avenir. Nos fragilités ne doivent pas nous faire peur de vivre notre consécration religieuse avec plus d’intensité et d’intériorité. Nous ne serons efficaces que dans la mesure où nous sommes pleinement des hommes de Dieu : travailler à plus d’intériorité dans la congrégation, lutter contre les tendances séculières et individualistes, ne pas nous laisser contaminer par l’esprit du monde, tel est un devoir de vigilance qui devrait nous servir de remparts et nous empêcher de basculer dans des comportements anti-communautaires.

A l’Assomption l’internationalité progresse, et l’accueil d’un nouveau supérieur majeur malgache est un signe de la vitalité

pour notre congrégation. Nous sommes à un tournant de notre histoire en Colombie et aux Philippines où nous devons nous rendre attentifs à nos faiblesses. Un peu partout, la générosité des frères africains ne doit pas être oubliée. Là-bas, on reste sans nouvelle de nos frères capturés et on ne peut se résigner à réduire le nombre des novices pour des raisons économiques !

Nous voulons marcher sur la route des apôtres. Les premières nominations apostoliques veulent mobiliser en ce sens et faire

progresser notre coresponsabilité. Elles devraient nous permettre de mieux accueillir l’Esprit qui pénètre dans ce corps que l’on appelle l’Assomption. Dans la congrégation, la mutation se poursuit et les changements ne sont pas à craindre car ils sont signes de vitalité.

Les questions économiques très présentes au cours de ce CGP révèlent l’important travail du Frère Didier, l’économe général.

Comment mieux partager notre potentiel économique? Un plan Marshall pour l’Assomption en Afrique est nécessaire pour permettre à nos frères de ce continent d’avoir des moyens de leur mission. Cette mission de l’Assomption a donné lieu à une réflexion sur nos futures ambitions. Comment accueillir les nombreux appels qui nous parviennent ? Comment y répondre ?

H ardi, généreux et désintéressé, comme à l’accoutumée certains se présenteront en disant « Me voici, envoie-moi ». Nous ferons

tomber les frontières et nous redoublions d’efforts pour répondre à l’appel. Et pour remplir notre vocation assomptionniste, le P. Benoît ne nous donne qu’un mot d’ordre : « Que notre joie soit parfaite ».

Et de quatre...

Vous connaissez sans doute le proverbe chinois qui veut qu’« avec du temps et de la patience, les feuilles de murier se trans-forment en robe de soie ». Le temps fait son œuvre, la patience aussi et la parure de soie prend peu à peu ses formes et son allure. Le quatrième Conseil Général Plénier (CGP) donne déjà à la congréga-tion sa nouvelle tenue. Une tenue qui est d’abord celle du service et de la mission. L’adoption des statuts, tant dans certains zones de redéploiement en Afrique, dans la vaste province d’Amérique du Nord – Philippines et dans les deux futures pro-vinces : celle d’Europe et de Madagascar, va permettre une meilleure adaptation et une plus grande souplesse face aux enjeux multiples de la mission et de la solidarité.On avance petit à petit et l’on apprend à mieux marcher dans la même direction, avec détermination et énergie. C’est à ce prix sans doute que l’on obtiendra ce que l’on désire.L’un des résultats de ce CGP aura été incontestablement l’instauration des premières nominations apostoliques au nombre de dix, touchant quatre pro-vinces de la Congrégation. A travers elles, c’est la conscience de corps qui grandit, c’est l’appartenance commune et la com-munion apostolique qui vient de faire un pas en avant significatif.Au-delà d’un conseil ou d’un simple organe de gouvernement, cette 4ème session a été également une instance de réflexion sur notre ambition missionnaire. Le point a été fait sur certaines fonda-tions récentes ou à venir qui requièrent de l’Assomption toute son attention. Nous nous voulons être présents à l’homme d’aujourd’hui et c’est ce qui dicte nos choix,« en solidarité aux côtés des pauvres et des petits ». Aux côtés de laïcs, il s’agit de maintenir un esprit de coresponsabi-lité dans les étapes de développement de notre mission, que ce soit à Goma, en Ou-ganda ou encore dans notre désir de nous porter auprès des migrants aux frontières USA-Mexique. Comment avancer « plus au large » aussi en Asie ou en Amérique du Sud ? Projets, initiatives et ambitions ne manquent pas. Il ne faudrait pas que nous les étouffions dans l’œuf de notre défaitisme ! BLL

c g p onseil énéral lénierRome, 10-18 juin 2013 Numéro 4

L’Assomption à Madagascar fête à l’automne ses 60 ans, que représente-t-elle ? En effet, nous fêtons le 60ème anniversaire de l’arrivée des Assomptionnistes. Cela eut lieu le 25 octobre 1953. Mais l’Assomption y reste jeune. La moyenne d’âge des religieux est de 42 ans. Les 55 religieux de la Grande Île sont de trois nationalités : les autochtones, les français et les congolais. Nous sommes présents surtout dans le diocèse de Tuléar au Sud du pays. Notre scolasticat se trouve à Fianarantsoa et la maison d’études à Antananarivo. Les religieux sont engagés dans l’enseignement, s’occupent de trois paroisses et de deux aumôneries. Ils desservent huit districts de brousse où ils animent plusieurs écoles et un collège. Actuellement, nous avons aussi neuf religieux malgaches en mission à l’extérieur.

Quel est le contexte économique et politique de la Grande Ile aujourd’hui, quels sont les défis auxquels elle doit faire face ?Le pays riche en ressources naturelles

est fragilisé par des crises politiques successives. La dernière en date a commencé en 2009 et a entamé une longue transition de quatre années. Les protagonistes de cette crise ne parviennent pas à un accord pour organiser des élections libres et transparentes. Les problèmes politiques et l’instabilité favorisent la corruption, l’insécurité et la misère du peuple, même si, curieusement la vie quotidienne des gens semble normale.

L’Église catholique malgache ? Quelles sont les caractéristiques de la présence catholique dans le pays ?Les catholiques représentent la moitié de la population chrétienne. A Madagascar l’on compte 23 millions d’habitants (dont 41% sont chrétiens, 52% ont la croyance ancestrale et 07% sont musulmans). Ils constituent une communauté vivante et pratiquante. L’Eglise est très engagée dans le domaine de la scolarisation et celui de la santé. A Madagascar, les églises sont pleines le dimanche, mais il reste encore beaucoup à faire pour pénétrer la culture de l’Évangile et de permettre aux chrétiens de vivre une vie chrétienne plus cohérente.

Trois questions au Père Etienne Ratalata

L’Assomption à Madagascar a 60 ans

ACCOMPAGNERLe P. Guy LEROY avec MM. Roger VANDENBRUL, Gérard PIRENNE et Dominique VANDERLINDEN, membres du Comité de direction, ont présenté devant le CGP cette œuvre mobilisatrice de la Congrégation. Un diaporama a rappelé le but de l’association auprès des personnes parmi les plus démunis de Bruxelles et de ses environs. Face à la crise économique les demandes se multiplient. Le logement est l’un des premiers problèmes à résoudre, les revenus modestes ne suffisent plus et les vulnérabilités s’accentuent. Le bénévolat de l’association cherche avant tout la qualité de l’aide à apporter à la personne. A Bruxelles 30% de la population vit en-dessous de seuil de pauvreté.Le Supérieur Général a remercié l’association pour tout ce qu’elle signifiait pour l’Assomption, l’invitant à poursuivre

un travail qui correspondait à une des grandes orientations prises par le chapitre général 2011 : être des hommes de communion, des témoins de la foi ouverts au respect des autres religions, dans une société multiculturelle, solidaires des petits et des pauvres. « Grâce à vous amis laïcs, cette intégration aux réalités du vieux continent de l’Assomption est manifestée ».

Un pas significatif

Les premières nominations apostoliques

Le Père Général en CGP a procédé à la première nomination apostolique de :• Fr. Danca Mihail Iulian, (Province

de France) • Fr Reyes Delgadillo Roberto

(Province d’Amérique du Nord-Philippines)

• Fr. Mabou Simo Serge Patrick (Province de France)

• Fr. Nguyen Khuong Duy (Province de France)

• Fr. Francisco Javier Sepúlveda Contreras (Province de Chili-Argentine)

• Fr. Jesús Tlecuile Mixteco (Province d’Amérique du Nord-Philippines)

• Fr. Joseph Mumbere Mahamba (Province d’Amérique du Nord-Philippines)

• Fr. Barbosa Diaz Wellington (Province du Brésil)

• Père Pham van Duong (Province de France)

• Père Nicolas Potteau (Province de France)

IntérioritéDans la langue philosophique l’intériorité est la qualité ou le caractère de ce qui est intérieur, du tout dedans de nous-mêmes. Nous vivons dans un monde qui perd de plus en plus le sens de l’intériorité, cette valeur essentielle qui est la capacité à devenir des chercheurs de Dieu jusqu’à notre dernier souffle. No-tre petite famille a besoin de cultiver cette capacité et de retrouver sa fidélité première. « Voici venu le temps d’une refondation intérieure audacieuse », a lancé le P. Benoît au CGP. Nous sommes dispersés dans le monde, où nous vivons en diaspora, nous avons besoin de créer des liens, sans multiplier les voyages. Cela se crée par l’intériorité. En cette année de la foi, comment ne pas se rappeler que, pour devenir hommes de foi, le chapitre général de 2011 insiste sur la prière personnelle : « La prière, qui nous rend intimes avec Lui (Le Christ), nous porte à être attentifs aux autres, aux plus humbles, et soli-daires de ceux qui souffrent et qui luttent pour la justice et la paix. La prière unifie notre vie. Elle rend cohérents nos actes et nos paroles. Elle nous rend ainsi capables de nous engager et de devenir des signes d’espérance, malgré la difficulté de la tâche. » ( n° 39) La foi est un don de Dieu, qu’il importe de demander dans la prière (n° 119). L’intériorité est notre manière de persévérer dans la prière, elle en est le moyen.

Les StatutsLe CGP est aussi une instance législative. Ses membres se sont saisis des statuts des provinces d’Amériques du Nord-Philippines, mais aussi ceux de futures provinces d’Europe et de Madagascar, et ont approuvés ceux de la Région Est de la province d’Afrique.

Des ouvertures, des fermetures

En Europe deux communautés sont officiellement fermées : la communauté d’Agen en France et la communauté d’Awenne en Belgi-que. C’est une page qui se tourne. La communauté d’Agen était l’héri-tier de la prestigieuse présence des assomptionnistes au Collège Saint Caprais depuis 1927 (l’Assomption en reste propriétaire). Parmi les anciens élèves des pères se trouve l’historien des sciences et philosophe français Michel Serres. La communauté d’Awenne (Belgique) avait été fondée en 1989 avec des pères qui continua-ient leur enseignement au collège de Bure.

En Afrique notre déploiement continue: bientôt s’ouvrira la commu-nauté de Kisoria - diocèse de Bunda en Tanzanie.

L’Amérique du Sud demeure l’objet de toutes les attentions. Au lendemain de la visite du Père Benoît dans les quatre pays de la province de Chili-Argentine, visite qui a coïncidé avec l’élection du premier pape issu de ce continent, le CGP a manifesté une sollicitation spéciale pour tout ce qui concerne l’Assomption dans cette partie du monde. Du large débat qui a été entamé il est ressorti certaines décisions importantes. Si le noviciat latino-américain en langue portugaise devrait ouvrir ses portes à Pinhal au Brésil, en janvier 2015, le « théologat » du sous-continent sera inauguré dé-but 2016 à Santos Lugares (Argentine) dans l’archidiocèse de Buenos Aires dont le Pape François fut le pasteur.Insécurité en RDC : le drame du

pays continueNos frères captifs ont été présents à notre réflexion et à notre prière. Le Père Protais, provincial d’Afrique, a largement informé le CGP de la situation d’insécurité qui règne au Nord-Kivu, les différentes factions armées s’y livrant à des luttes permanentes. Les conflits de village font appel à des milices qui règlent leurs différends dans le sang. Nos frères sur place veulent être des agents de réconciliation et aider au dialogue entre les personnes. Le provincial nous a précisé avec détermination : « Nous voulons être présents dans nos po-stes ». La situation demeure insaisissable et dramatique pour les populations. Comment pouvons-nous être les relais de l’information, pour que nos frères ne soient pas oubliés ? Nous restons proches d’eux et nous voulons être leurs porte-voix.

Notre ambition missionnaire

« La mission sans frontière » le slogan était lancé par le chapitre Général de 1993. Vingt ans se sont déjà écoulés et il s’agit toujours de nous ouvrir davantage à la mission universelle. L’Assomption veut faire croître sa foi, son audace et sa capacité d’accueil au service de l’évangélisation. Ce CGP fut un moment de profonde réflexion sur nos ambitions missionnaires. Il nous faut encore avancer davantage en terre inconnue et encore recommencer sur place même et ailleurs...

Nous avons pris le temps de passer en revue nos projets : ceux de Riobamba, de Goma, de Kampala, de l’Afrique de l’Ouest, des Philippines, et du Vietnam. Nombre de ces endroits sont aux avant-postes de l’évangélisation aujourd’hui où nous avançons en éclaireurs de l’Evangile.

En Equateur, c’est au milieu des jeunes de milieu pauvre que nous avons choisi de planter l’Evangile, dans cette population à 80% indigène.

A Goma (RDC), a déclaré le P. Protais, « notre ambition apostolique est d’être présent dans cette zone frontière pluriethnique où nous pouvons avoir des contacts avec des jeunes de partout».

Sur cette frontière entre Congo et Rwanda, la ville est située sur un volcan, et nos frères sont à la merci de tous les troubles qui peuvent éclater d’un instant à l’autre, mais aussi des irruptions de lave qui grondent sous leurs pieds. Plus au nord, en Ouganda, nos frères se sont insérés dans la pastorale du diocèse de Lugazi où une paroisse leur a été confiée, mais tout reste à faire.

Grâce à leur persévérance, le toit de leur église est désormais posé (à tout Seigneur tout honneur !), même s’ils n’ont pas encore où reposer la tête. Ils sont pleins d’ambition dans leur travail auprès des jeunes. Nos postulants du pays des martyrs sont encore au Kenya, en attendant que le terrain déjà acheté pour leur future maison puisse sortir de terre et que s’ouvre le postulat ougandais. En Afrique de l’Ouest où nous avons repris pied dans deux pays : le Togo et le Burkina Faso, la fondation prend un essor rapide.

L’Asie n’est pas absente de ce redéploiement. Le Vietnam compte déjà trois maisons et une cinquantaine de frères à travers la Congrégation.

Etre présent aux besoins des plus pauvres, en particulier ceux des migrants : on rêve de devenir passeurs sur les bords du Rio Grande aux

confins du Mexique et des USA pour venir en aide à cette population en Exode.

Faut-il que la vieille Europe soit exclue de ces ambitions ? Un frère africain rêve de voir de jeunes flamands accueillis dans la congrégation! On rappelle alors que dans son discours de clôture du chapitre de 2011, le Supérieur Général avait parlé de fondation dans un pays lusophone d’Afrique. Tout cela semble aujourd’hui en route : deux frères africains s’en vont étudier le portugais au Brésil dans quelques mois et y resteront quelques années.

Nous sommes en refondation, comme le souligne le général, avec 340 jeunes en formation dans toute la congrégation. Il faut nous tenir prêt, « Tous appelés à la mission », s’intitulait notre texte capitulaire d’il y a vingt ans. Il nous invite encore aujourd’hui à faire dans un esprit surnaturel de notre fraternité le « premier critère de fondation », tout comme ce fut le cas des premiers chrétiens. Nous aussi nous avons à écrire une page des Actes des Apôtres.

Campagne de Carême 2014La Campagne de Carême change de continent. Si en 2013, nous avions soutenu La Palmba, au Nord Kivu, cette année 2014, nos yeux et notre générosité se tournent vers le Brésil. Non! Ce choix n’est pas dicté par la coupe du monde de Football, ni par les Olympiades, mais par l’aide que nous voulons donner au financement de la réfection de notre centre d’Eugenopolis Minas Gerais. Ce centre est le seul grand espace d’un diocèse parmi les plus pauvres du Brésil. Nous devons tous nous mobiliser !