la prière à - assumptio.org · dans saint pierre la confiance en votre parole, l’humilité et...

27
Vienne Ton Règne La prière à

Upload: lythuan

Post on 16-Sep-2018

336 views

Category:

Documents


120 download

TRANSCRIPT

Page 1: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

Vienne Ton Règne

La prièreà

Page 2: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

Emmanuel d’Alzon. Le connaissez-vous?Vous connaissez bien son cri ? « Père,

vienne ton Règne. » Et ses passions : JésusChrist, Marie, sa mère et l’Église, son épouse!Oui, vous les connaissez bien ! Mais connais-sez-vous sa prière, les chemins de sa prière?Les pages qui suivent pourront vous aider àfaire route avec Emmanuel d’Alzon vers cequi fut le cœur de sa prière.Le P. Marie-Bernard Kientz les a écrites pournous à partir d’une longue expérience de vieassomptionniste. Et, comme maître denovices, il a conduit de nombreux jeunesfrères vers ce qui est la source de la prière denotre fondateur : « La contemplation et l’actionsont unies pour nous dans un même but : servirà l’extension du règne de Jésus Christ. »

J’ai souvent entendu un ancien nous dire :« À l’Assomption il faut travailler commequatre ! Oui ! Mais à la condition de priercomme quatre, ne manquait-il jamaisd’ajouter. » La prière assomptionniste veutet doit être un engagement, une mission et

un travail. C’est la prière d’un « ouvrier duRoyaume » (Père Emmanuel d’Alzon). C’estla prière d’un homme apostolique. Ni pares-seux ni agité. C’est la prière d’un hommeengagé dans, pour et avec le Christ.

Cette prière n’est pas facile. Le fut-elle, laprière de Jésus, commencée sur terre lanuit de Noël et accomplie sur la Croix ?Avec, tout au long des jours, la tendresse,la présence, la compassion, la miséricorde.Mais cette prière est un droit de Dieu ; lePère l’attend de nous pour continuer cellede son Fils. Et elle est un droit des hommes.Nos frères humains l’attendent de nous.

Père d’Alzon, souviens-toi de nous, et priepour nous ! Avec toi et tes mots, nousvoulons prier : « Seigneur, faites que je sois unhomme de prière, un homme d’évangélisation.Faites que, dans le travail, je me sanctifie, jeprocure l’avancement de votre Règne et lesalut des âmes. » �

Père Hervé Stéphan

“Père, vienne ton Règne”

Vienne Ton Règne 3

Sommaire

• Orientations fondamentalesNotre vie de prière ................................................................................................p. 5Le Père Emmanuel d’Alzon et la prière ..................................................................p. 8Contemplation et action .......................................................................................p. 11La prière est difficile pour tous .............................................................................p. 13Sous le regard de Dieu, l’oraison ..........................................................................p. 16Membres du peuple de Dieu, ouvriers du Royaume ............................................p. 19Selon les intentions du Christ et pour les besoins de l’Église ...............................p. 22Le trésor de la parole de Dieu .............................................................................p. 25

• Trois priants exceptionnelsJésus prie pour l’unité des disciples ......................................................................p. 30«Être Un dans la Parole et dans la gloire » (Bruno Chenu) ...................................p. 32Sous la protection de Marie ..................................................................................p. 34Saint Augustin : « Ne dis rien sans lui, il ne dira rien sans toi » .............................p. 37Nous prions comme Jésus (Lettre à Proba) ..........................................................p. 39

• Richesses et variétés de la prièreL’heure solennelle des religieux ............................................................................p. 42Un immense peuple pèlerin .................................................................................p. 44Tournés vers Dieu avec confiance, chacun à sa manière ......................................p. 46Les appels du prochain ouvrent notre prière .......................................................p. 48Une prière universelle pour l’Assomption ............................................................p. 49

Page 3: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

Vienne Ton Règne 5

La Règle de vie est notre charte de vie communautaire.Elle balaie le vaste champ de la prière des Augustins

de l’Assomption et en trace les axes incontournablesdans un texte vigoureusement structuré. Elle laissecependant ouvert l’espace des sensibilités personnelles.

44. Comme le P. d’Alzon, homme de foi, nous reconnaissons lanécessité de la prière. Elle nous ouvre à l’action de Dieu. Elle estla source toujours renouvelée de notre action apostolique.

45. Par la fidélité à l’Évangile dans nos choix, dans notre travail quo-tidien, dans notre ouverture aux autres et notre disponibilité devantles événements, notre vie tout entière, sous l’action de l’EspritSaint, devient rencontre de Dieu.

46. Elle s’exprime en louange au Père pour la révélation de sonamour et en action de grâces pour ce qu’il fait en nous et dans leshommes. Elle nous conduit aussi à demander, pour le monde et pournous, son pardon et la force d’accomplir sa volonté. En retour, la

« Seigneur,apprends-nous

à prier ! »Luc 11,1.

Notre vie de prièreLes articles 44 à 54 de notre Règle de vie tracentles grands axes de la prière de la famille de l’Assomption.

4 Vienne Ton Règne

�Orientations fondamentales

� Notre vie de prière

� Le Père Emmanuel d’Alzon et la prière

� Contemplation et action

� La prière est difficile pour tous

� Sous le regard de Dieu, l’oraison

� Membres du peuple de Dieu, ouvriers du Royaume

� Selon les intentions du Christ et pour les besoins de l’Église

� Le trésor de la parole de Dieu

Page 4: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

6 Vienne Ton Règne

prière nous obtient intimité filiale avec Dieu,vigueur dans la foi et générosité dans l’action.

47. Notre vie de prière se nourrit de la parolede Dieu, particulièrement dans la méditationde la Sainte Écriture, la célébration de l’Officedivin et l’action liturgique. L’Eucharistie en estle centre.La communion au Corps du Christ nous pressede vivre dans l’amour fraternel et de servirl’unité entre les hommes.Par la réception fréquente du sacrement depénitence nous nous ouvrons au pardon deDieu et nous participons ainsi plus pleinementau mystère pascal.

48. Après le Christ, notre unique médiateur,la Vierge Marie tient dans notre prière uneplace privilégiée, comme Mère du Seigneur etson humble servante en son desseinrédempteur.Avec elle nous contemplons les mystères duVerbe incarné, particulièrement dans la prièredu Rosaire.

49. Nos grandes intentions sont celles del’Église. Nous portons aussi le souci de nos

frères vivants, puisque le lien de lacommunauté nous unit plus étroitement àeux, et celui de nos frères défunts pourlesquels nous offrons fidèlement les prièresprescrites à leur intention.

50. Notre prière met en question notre vie àla lumière de l’Évangile. Nous avons à nousdemander comment notre vie passe dans notreprière et comment notre prière agit dans notrevie et celle de la communauté.

51. La prière est difficile pour tous. Elleentraîne dans une lutte pour que l’expériencede Dieu éclaire en permanence notre regardsur le monde. Elle exige une discipline de vie,personnelle et communautaire, qui nous gardeattentifs aux appels de l’Esprit.

52. Chaque religieux doit pouvoir compter surses frères pour trouver avec eux des conditionsfavorables à la prière : recueillement, soutienmutuel, lieu adapté, esprit de liberté et decréativité.

53. En chapitre local, les religieux détermi-neront le rythme et les formes de prière

communautaire, concernant particulièrement :la liturgie quotidienne des Heures (depréférence Laudes et Vêpres), l’Eucharistiecommunautaire, les temps de retraite et desilence qui conviennent le mieux. Tous enportent la responsabilité.

54. Chaque religieux est responsabled’organiser selon sa sensibilité spirituelle sonprogramme de prière personnelle.Il déterminera des moments réguliers deressourcement spirituel, et spécialement celuide la retraite annuelle.

Il prévoira pour chaque jour :– la participation à l’Eucharistie,– la célébration de l’Office divin,– au moins trente minutes d’oraison,– et un temps d’adoration du Saint Sacrement.Nous nous souviendrons que « la contempla-tion et l’action sont unies pour nousdans un même but : servir à l’extension durègne de Jésus Christ. » (« Directoire »,in Écrits spirituels, p. 79.) �

Vienne Ton Règne 7

Page 5: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

Vienne Ton Règne 98 Vienne Ton Règne

““

Seigneur, faites que je sois un homme deprière, un homme d’évangélisation, et que,dans le travail, je me sanctifie, je procurel’avancement de votre règne et le salut desâmes. Ainsi soit-il.

« Méditations supplémentaires,1874-1875 », in Écrits spirituels, p. 618.

““ “

“ ”Seigneur, donnez-moi la prière des hommesapostoliques et faites que dans cette prière,si je ne suis pas assez apôtre, je le devienneun peu plus chaque jour.

« Méditations supplémentaires,1874-1875 », in Écrits spirituels, p. 626.

Le Père Emmanueld’Alzon et la prière

«Quant à nous, nous seronstout entiers à la prière et auministère de la Parole. »(Actes 6, 4) et, bien que nousdevions revenir sur la prière etla prédication, examinons d’unpremier coup d’œil ce quedoivent être, pour le religieuxde l’Assomption, la prière etle ministère de la Parole.

« Méditationssupplémentaires, 1874-1875 »,in Écrits spirituels, p.614-615.

Elle doit se pénétrer de la connaissance denotre Seigneur, le vrai modèle de l’hommeapostolique. Eh ! qui donnera à notre âme lezèle de la gloire de Dieu, l’amour des âmes,sinon la méditation du prix auquel Jésus Christles a estimées.« Méditations supplémentaires 1874-1875 »,

in Écrits spirituels, p. 615.

Je me permettrais de vousindiquer deux auteurs : saintJean de la Croix et saint Fran-çois de Sales […]. L’un appar-tient à un ordre contemplatif,l’autre a vécu au milieu detravaux apostoliques et a étéen relation avec des chrétiensde toutes les classes.« Cinquième Circulaire, 1864 »,

in Écrits spirituels, p. 216.

Seigneur Jésus qui avez fait brillerdans saint Pierre la confiance envotre parole, l’humilité et lapromptitude à vous obéir, et quiavez récompensé ces vertus en lemettant à la tête de vos agneaux etde vos brebis, n’oubliez pas l’Égliseque vous lui confiâtes en retour-nant au ciel, d’où vous étiez des-cendu pour l’établir et la racheterau prix de votre sang ; n’oubliezpas cette Église exposée à despérils si grands.

« Neuvaine à saint Pierrepour demander à Dieu

de venir au secours de son Église1838-1839. »

Je crois que pour reprendre un peud’amour et la première fraîcheur del’amour, il faut redevenir un peu enfantavec Notre Seigneur. […] En général, noussommes de trop grands personnages avecle Bon Dieu. Quelques actes d’humilité, desimplicité, de mortification nous dilate-raient le cœur et permettraient à la grâcede le remplir bien plus facilement d’uneamoureuse tendresse.

Lettre aux Adoratrices,21 juin 1857.

” ”

Page 6: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

Vienne Ton Règne 11

Moines-apôtres, curieuse association de concepts.Elle exprime pourtant quelque chose de central de

notre charisme: notre quête absolue de Dieu ne peutjamais être séparée de l’urgence qui nous tientd’annoncer l’Évangile du Seigneur et de mettre enœuvrel’unique commandement de l’amour.

Notre vie chrétienne ou profane, laïque ou religieuse, est tisséede tensions inévitables. Certaines nous écartèlent, d’autres,heureusement, sont d’une étonnante fécondité. L’équilibre estun art difficile à trouver, jamais totalement acquis, sans cesseà réinventer : équilibre entre vie de famille et vie profession-nelle, entre solitude indispensable et commerce avec les autressous des formes multiples et complexes, entre engagementssociaux, politiques et temps de détente, loisirs, entre intérêts,gains, profits et gratuité, entre vie communautaire et tâchesapostoliques, entre vie de prière et apostolat…Certaines interprétations spirituelles excessives nous ontentraînés dans des impasses. Que n’a-t-on dit ou écrit sur les

«La contemplation etl’action sont uniespour nous dans un

même but : servir àl’extension du règnede Jésus Christ.»

E. d’Alzon, Écrits spirituels.

Contemplation et actionUne prière d’apôtres : entièrement tournée vers Dieu,entièrement tournée vers les hommes.

10 Vienne Ton Règne

“ “

“ “

Nous aimerions à nous persua-der qu’il y faut beaucoup detemps, une longue expérience,une science consommée. Ce nesont là que de pauvres défaites.Quelle surcharge en effet qu’unsimple quart d’heure, qu’unedemi-heure au plus, donnés àl’oraison! Et est-il besoin de plusde temps ?

« L’Oraison »,14 janvier 1851.

Si nous voulons avancer dans l’oraison, soyonsrésolus à suivre la voix de Dieu, à l’écouter, àfaire ce que nous aurons entendu dans le recueil-lement et le silence de notre âme […] Il ne suf-fit pas d’aller à la bonne, ne prenant que ce quepeut supporter notre faiblesse. Il faut nous pré-parer à donner davantage. […] Quel dépouille-ment acceptons-nous ? Si nous n’arrivons à aucunrenoncement, nous n’aboutissons à rien. Notreoraison n’est alors qu’une vaine spéculation.

« L’Oraison », 21 janvier 1851.

Le chrétien qui veut arriver àl’oraison ne doit pas secontenter d’un effort passa-ger; il faut une constance quitriomphe de tous lesobstacles… Commencer ets’arrêter, c’est ne rien faire,il faut poursuivre. Nousmarchons encore dans le paysde l’épreuve, dans les lueursde la foi.

«Quinzième Méditation,L’Oraison»,

in Écrits spirituels, p. 431.

Je ne dois donc pas trouver étonnantque l’oraison me cause de la fatigue,de l’ennui, du dégoût, des séche-resses, de la souffrance ; mais ilimporte de surmonter toutes cesdifficultés et d’aller à Dieu comme ilveut que j’aille à lui.Directoire, troisième partie, chap. 5

«L’Oraison», in Écrits spirituels, p. 91.

” ”

Page 7: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

Vienne Ton Règne 13

“La prière est difficile pour tous. » Voici une phrased’un réalisme encourageant au cœur de notre

propre expérience spirituelle. Pour pointer cette diffi-culté, le P. Emmanuel d’Alzon utilisait volontiers l’imagede la lutte, du combat : « L’oraison est une lutte entreDieu et l’âme, jusqu’à ce que l’âme, subjuguée par Dieuet purifiée par toutes les épreuves qu’il plaira à Dieu delui imposer, arrive à l’union parfaite. » (« Directoire », inÉcrits spirituels, p. 91.) « Dans cette prière vous lutterez avecJacob, vous lutterez mieux que les disciples au jardindes Oliviers. » (« Sermon de vêture, 24 mai 1880 », in Écritsspirituels, p. 1219.) La Règle de vie reprend cette mêmeimage : « La prière entraîne dans une lutte pour quel’expérience de Dieu éclaire en permanence notre regardsur le monde. » (Règle de vie, n° 51.)

En 1875, le P. François Picard écrira au P. Emmanuel d’Alzon,parlant de ses religieux : « Vous pouvez compter sur undévouement absolu ! Mais que peu de religieux savent prier ! »

«La prière entraînedans une lutte pour

que l’expériencede Dieu éclaireen permanencenotre regard

sur le monde.»Règle de vie n° 5.

La prière est difficile pour tousÀ longueur de vie, malgré les épreuves, et pour le servicede Dieu, il nous faut apprendre à prier.

12 Vienne Ton Règne

deux figures évangéliques de Marthe et deMarie, le plus souvent pour les opposer demanière factice et stérile !

Pour le P. d’Alzon, contemplation et actionsont en profonde synergie. Il n’y a aucunecontradiction entre ces deux attitudes. Enfondant une congrégation nouvelle qu’il avoulue ordre moderne, Emmanuel d’Alzontrouve cette formule qui nous surprendencore aujourd’hui : « moines-apôtres ».Deux références seront proposées à notrevie de prière : Jean de la Croix, le contem-platif, et saint François de Sales, le pasteur.Une autre figure est constamment sous-jacente. C’est celle de saint Augustin, à la foisvivant en communauté avec ses frères prê-tres : « Vivez unanimes à la maison, ayantune seule âme et un seul cœur tournés versDieu », et tout entier livré à son peuple dontil a la charge pastorale : « évêque pour vous ».

La prière dont le P. d’Alzon nous trace latrame est une prière d’apôtre, entièrementtournée vers Dieu et entièrement tournéevers l’homme et les sociétés à évangéliser.Louange, action de grâce, adoration, ne

neutralisent pas le zèle dévorant pour le« salut des âmes ».Certaines phrases résonnent fortementdans nos cœurs même si nous en avonsparfois oublié la matérialité textuelle :

� « L’apostolat n’est pas simple actionhumaine mais œuvre de Dieu, l’action estdonc inséparable de la prière. » (Chapitregénéral 1987 : « La Prière apostolique », in Actesofficiels, p. 33.)�« Suis-je convaincu que mon premier travailde religieux apôtre c’est la prière pour leRoyaume? » (Id. p. 36.)�« Sans exercices pratiques, la communautéapostolique est plus théorique que réelle.Elle s’édifie à travers la prière apostolique,le chapitre de communauté, le partageapostolique. Ces médiations lui sontindispensables pour exister. » (Chapitre général,Rome, 2-21 mai 1999, in Passionnés de Dieu pour unsiècle nouveau, n° 20.)

Équilibre difficile, mais indispensable pourgarantir la disponibilité du cœur et de l’espritet la fécondité d’une mission qui ne nousappartient pas : transmettre aux autres ceque nous avons contemplé à la source. �

Page 8: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

14 Vienne Ton Règne

En d’autres circonstances, le P. Emmanueld’Alzon fera une observation analogue :« Dans la vie d’oraison, il y a bien des âmesqui n’arrivent pas au but, et de même queles juifs disaient à Notre Seigneur : “Cesparoles sont dures à entendre”, de mêmeon trouve des religieuses pour lesquellesl’oraison est pénible et qui viennent auxheures d’oraison pour se distraire, se reposer,je ne dirai pas pour dormir ! Et c’est ainsiqu’un temps consacré aux communicationsavec Dieu devient un temps perdu, s’il n’estpas un temps coupable. » (« L’Esprit d’oraison,septembre 1871 », in Écrits spirituels, p. 1155.)

Chacun fait cette expérience à longueur devie. Spontanément, nous ne sommes pastournés vers Dieu, même si le désir deDieu habite mystérieusement notreconscience. Et lorsque nous goûtons par-fois ces moments privilégiés, il nous estdifficile de nous y installer, de nous y main-tenir : « Je dois penser sans cesse à ce quia toute l’affection de mon âme. Si j’aimeNotre Seigneur, je dois penser sans cesse àlui. » (« Directoire », in Écrits spirituels, p. 25.)« Dieu est le bien suprême ; c’est à la

posséder dans l’éternité que doit consistermon bonheur. Pourquoi n’en suis-je pas pluspréoccupé ici-bas, pourquoi n’y pensé-je passans cesse ? Pourquoi mes pensées s’égarent-elles ailleurs ? » (Id. p. 27.)

La prière exige silence et solitude. Nossilences et nos solitudes sont pollués,squattés, encombrés et souvent réduits àleur plus simple expression : « Notre prièredoit être solitaire et recueillie, oui, nous avonstous besoin de retraite et de solitude, et ilfaut bien se persuader que si le surcroît detravaux nous ôte le bienfait d’une vie retiréeet silencieuse, nous devons y aspirer au moinspour un certain temps chaque année. Maisque d’occasions où nous pourrions nousrecueillir et où nous nous dissipons. »(« La Perfection du religieux de l’Assomption »,in Écrits spirituels, p. 615-616.)

Nous ne savons pas nous occuper de Dieu,ni dans la prière ni dans nos travaux :« Le religieux qui s’occupe trop des choses dela terre, ne trouve pas le temps de s’occuperdes choses de Dieu. » (« Septième circulaire,Nîmes, 13 juillet 1874 », in Écrits spirituels, p. 243.)

« Que les religieux de notre petite famille sesouviennent de ne jamais rien demander dansleurs prières qui ne tende à la plus grandegloire de Dieu. Dans les épreuves que Dieunous enverra, de ne jamais demander d’enêtre délivrés qu’autant que leur délivranceconcourra à la plus grande extension du règnede Jésus Christ. Tout en cherchantl’affranchissement de leurs épreuvestemporelles, qu’ils se proposent uniquementune plus grande facilité pour le service deDieu auquel ils doivent être entièrement etabsolument consacrés. » (« Directoire », in Écritsspirituels, p. 56.)« Quand je considère l’influence qui estpromise à la prière par Notre Seigneur JésusChrist lui-même : “Demandez et vousobtiendrez, cherchez, vous trouverez,frappez on vous ouvrira”, et que je vois d’unautre côté le peu de résultats que nousobtenons, je suis tout naturellement porté àconclure que nous ne sommes pas deshommes de prière. » (Écrits spirituels, p. 1360.)

La prière est nécessaire : une certitude ; laprière est difficile : une évidence. Il nousfaut donc apprendre à prier. �

Vienne Ton Règne 15

Page 9: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

16 Vienne Ton Règne

L’oraison est le privilège des cœurs simples, entière-ment et gratuitement tournés vers Dieu, Père, Fils

et Saint-Esprit. Elle est le temps et l’espace où l’êtrehumain prend conscience de ce qu’il est sous le regardde Dieu, enfant bien-aimé du Père, et ce que Dieu estpour lui, Père, source d’amour et de vie. Lieu et momentprivilégiés où Dieu existe comme Dieu, et l’hommecomme créature. L’un en présence de l’autre : « Je l’aviseet il m’avise. » « Donc, le terme de l’oraison est que nousparlions à Dieu et que Dieu nous parle. » (« L’Esprit d’oraison,septembre 1871 », in Écrits spirituels, p. 1155.)

Ce n’est pas une question de technique, de performance,encore moins de mérite ou de récompense. C’est un momentde lucidité, un moment d’existence pure. L’homme sait quelleest sa source et sa destinée ; il n’est pas un être de hasard, jetédans l’existence par inadvertance, il est né de l’amour, il estinvité à entrer en communion avec Celui qui l’aime. L’oraison :le lieu où je m’occupe de Dieu, non de mes questions et de

«Dieu est mon biensuprême; je doisdonc chercher

à me rapprocherde lui : mon bonheur

doit êtrede le posséder.»

E. d’Alzon, Écrits spirituels.

Sous le regard de Dieu, l’oraisonDans le sillage des maîtres, saint Jean de la Croixet saint Augustin, une prière de gratuité.

mes problèmes personnels. « La vie dureligieux sera une vie d’oraison et de recueil-lement en présence de Dieu. » (Écrits spirituels,p. 61.)

D’une manière plus pointue, l’oraison est,pour le P. d’Alzon, l’anticipation dans lavie de foi de sa vocation ultime d’homme :voir Dieu et vivre définitivement en saprésence, dans la connaissance et dansl’amour.

On appelait cela jadis la vision béatifique :« Dieu est mon bien suprême, je dois doncchercher à me rapprocher de lui : mon bon-heur doit être de le posséder » (« Directoire »,in Écrits spirituels, p. 26.)

« Le terme est l’union à la Trinité dans le ciel :“La vie contemplative, dit saint Grégoire,après avoir foulé aux pieds tous les appétitsterrestres, s’embrase d’un ardent désir devoir le visage de son Créateur.” Tel est leterme de l’oraison. C’est, en quelque sorte, lenoviciat du ciel. Ici l’effort, là-haut lajouissance. » (« Quinzième Méditation, l’Oraison »,in Écrits spirituels, p. 437.)

« Partons de trois vérités incontestables :1. Le terme de la vie de perfection est l’unionà Dieu, union qui se consomme par la visionbéatifique dans la gloire, mais qui commencesur la terre par la foi.2. Le Saint-Esprit souffle où il veut et, pours’unir les âmes, il prend les moyens qu’il sait,et que personne n’a le droit de lui imposer.3. Toutefois, l’oraison a sa science, et, parconséquent, elle a une méthode basée sur l’en-seignement des Saintes Lettres, la doctrine etl’expérience des saints. » (« Cinquième circulaire,Nîmes 27 juin 1874 », in Écrits spirituels, p. 215-216.)

« Étant donné que notre vie doit être une viede prière, que nous laissons aux âmes la libertéde leurs mouvements vers Dieu, et quel’oraison est pour nous le moyen de nous unirde la manière la plus parfaite à Dieu, notreunique terme, ne pensez-vous pas que notreapplication doit être d’aller à Dieu par laconnaissance du Fils dans l’amour du Saint-Esprit. » (Id. p. 217.)

« Ah! Il sait bien que Dieu est le Bien suprême,celui à qui seul il est bon de s’attacher ; il saitque la foi seule peut le conduire à Dieu ici-bas,

Vienne Ton Règne 17

Page 10: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

Vienne Ton Règne 19

“Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, jesuis au milieu d’eux. » (Mt 18, 20.) Cette certitude

nous vient droit de l’Évangile. Mais le Christ a voulu aussinous apprendre à prier « en esprit et en vérité » (Jn 4, 23),non plus dans un temple fait de main d’homme : désor-mais Dieu accueille la prière de son Fils qui jaillit de soncorps entier qui est l’Église. Depuis ses origines,l’Assomption puise sa prière dans cette double certitude.

�L’Église, patiemment au long des siècles, élabore sa prière delouange, d’action de grâce, de sacrifice, d’adoration, desupplication, unie à l’unique prière du Christ. Elle puise dans letrésor des psaumes. Ils ont façonné la marche du peuple premierchoisi. Ils modèlent sa prière de peuple nouveau-né.Elle recueille les grands récits de l’histoire sainte, elle les méditeà la lumière du Ressuscité ; elle scrute les textes prophétiquesqui, tous, d’une manière ou d’une autre, annoncent le mystèreà venir ; elle met en exergue les faits et gestes des grandspersonnages bibliques qui ont marché dans la foi, figures

« Prier dans la nef,devant

le maître-autelet non dans

les bas-côtés.»E. d’Alzon, Écrits spirituels.

Membres du peuple de Dieu,ouvriers du RoyaumeL’Assomption donne la priorité à la prière de l’Église.

et sa foi s’embrase en quelque sorte par unimmense amour pour celui qu’il ne voit pasencore, mais à qui il veut adhérer par le plusintime de son être. » (« Quinzième Méditation,l’Oraison », in Écrits spirituels, p. 431.)

Cet état d’âme n’est pas circonscrit dansles rares moments que je consacre àl’oraison proprement dite, c’est tout au longde la journée que je dois veiller à ce « sen-timent de la présence de Dieu » et m’y teniréveillé. « Commencer et s’arrêter, c’est nerien faire, il faut poursuivre. » (Id. p. 431.)« Je dois penser sans cesse à ce qui a toutel’affection de mon âme : si j’aime NotreSeigneur, je dois penser sans cesse à lui. »(« Directoire », in Écrits spirituels, p. 24.)

« Dieu est mon bien suprême ; je dois doncchercher à me rapprocher de lui : mon bonheurdoit être de le posséder. » (Id. p. 26.)

L’oraison est cette expérience privilégiée,que je vis dans la foi, d’une présence et del’avant-goût du vrai bonheur. �

Page 11: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

20 Vienne Ton Règne

mystérieuses du Fils de l’homme à venir. Àla lumière de l’Évangile et de sa propre his-toire, conduite par l’Esprit Saint, elle «évan-gélise » la prière des hommes de tous lestemps, pour la purifier et en faire la prièredes enfants de Dieu.

�La liturgie chrétienne, née de la mort et dela résurrection du Seigneur, célèbre d’abordle Christ qui s’est fait obéissant jusqu’à lamort de la croix et que Dieu rétablit danssa gloire première.

L’Eucharistie, qui en est le mémorial etl’actualisation, est au cœur de la prière del’Église. Cette liturgie n’a pas fini d’épuisertoutes les richesses de ce mystère. Elle nousfait ainsi traverser toutes les étapes du salut,de l’Avent jusqu’à la fête du Christ, Roi del’univers qui récapitule en lui toutes chosespour les soumettre à son Père.

�Cette liturgie est aussi annonce du mondeà venir. Elle justifie et stimule notre passionpour l’avènement du règne de Dieu. Ellen’enlève rien au poids des responsabilitésqui nous incombent dans le monde deshommes. C’est une prière qui nous pousseà nous immerger dans la pâte humainepour la transformer, non à nous en extrairecomme des déserteurs. Curieusement,l’annonce de ce monde à venir nous «com-promet » avec le monde présent, carl’humanité tout entière, et l’univers avecelle, « gémit dans le travail d’enfantement »(Rm 8, 22).La prière de l’Église est ainsi célébrationdes gestes de Dieu à travers l’histoire,mémoire vivante de l’agir de Dieu ; elleactualise pour nous la richesse de la grâce

Vienne Ton Règne 21

qui nous appelle à grandir dans l’amour deDieu et des autres ; elle annonce le mondeà venir, non comme une réalité étrangère ànotre monde qu’elle viendrait coiffer del’extérieur, mais comme l’épanouissementde la Bonne Nouvelle, jetée dans nos sillonscomme les graines en pleine terre, commele levain enfoui dans la pâte.

�Ainsi, la prière de l’Église nous protègecontre toute forme de dévotionextravagante. La prière aussi court le risquede l’idolâtrie et de la superstition,faussement mystiques, qui la détournentde ses sources, de son but et de lacommunauté priante. Le P. d’Alzonexprimait cette conviction dans une phrasemoins abrupte en mettant l’accent sur « l’es-time que nous voudrions inspirer pour les

grandes prières de l’Église au-dessus d’unefoule de pratiques que nous ne blâmons pas,mais que nous plaçons après cette prièresolennelle qui est la prière publique parexcellence » (« Directoire », in Écrits spirituels,p. 113). C’est bien ce que nous appelons« prier dans la nef, devant le maître-autel etnon dans les bas-côtés ».

� Si l’Assomption accepte la prière del’Église prioritairement et de préférenceà toutes les autres – dans l’ordre mêmeoù l’Église les choisit et les aime :l’Eucharistie, l’office, la prière mariale –elle en accepte aussi le style : une prière « niélitiste ni cérébrale, attachée à la vérité,humble en vrai peuple de Dieu. Elle a uncœur de pauvre. » (L’Esprit de l’Assomption d’aprèsEmmanuel d’Alzon, p. 71.)Oui, une « tonalité » propre « en équilibrantrites et parole, intelligence et émotion, primatde Dieu et attention aux fidèles présents. Ellese veut créatrice sans brader des ritestraditionnels. » (« La Prière d’un ouvrier du règnede Dieu », de Claude Maréchal.)« Notre prière commune sera celle de l’Église. »(Règle de vie, n° 3.) �

Page 12: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

22 Vienne Ton Règne

“Ils prieront surtout selon les intentions de NotreSeigneur, trouvant leur bonheur à unir leurs prièresà celle que le Pontife éternel offre sans cesse à son Pèrepour les pécheurs. Ils prieront pour tous les besoins del’Église, et c’est dans cette prière de fils dévoués qu’ilss’exciteront à enflammer leur zèle pour l’extension duRègne de Jésus Christ. » (« Directoire », in Écrits spirituel, p. 61.)

Il en va de sa prière comme de sa mission !À plusieurs reprises, le P. d’Alzon revient sur cette attituded’âme et sur les intentions qui doivent habiter le cœur despriants. Souvent il en fait une sorte de liste synthétique :

�« Obtenir la conversion des pécheurs, la ferveur pour les tièdes,la persévérance pour les saints, le triomphe pour l’Église,l’extension du Règne. » (« Méditation sur l’Eucharistie », in Écritsspirituels, p. 950-951.)� « Priez-la pour l’Église, le pape, son chef, pour la France exposéeà tant de dangers. » (« Immaculée Conception », in Écrits spirituels, p. 1001.)� « Prions pour les morts, les personnes connues, pour soulager

«La radicalitéet la visibilité

de nos engagementsreligieux,

la qualité de notrevie fraternelle

et de notre prièresont déterminantes

comme sourced’appel.»

Chapitre général 2005.

Selon les intentions du Christet pour les besoins de l’ÉgliseLes vocations et l’unité habitent notre prière d’apôtres.

les âmes du purgatoire. » (« Commémoraisondes morts », in Écrits spirituels, p. 1057.)

Nous avons hérité de cette prière largementouverte sur le monde et sur l’Église commedans une sorte de prière universellepermanente. Deux soucis majeurs,cependant, doivent habiter notre prièred’apôtres : les vocations et l’unité. Les textesrécents de nos chapitres provincial etgénéral nous le rappellent fermement :

� « Tout chapitre local doit se poser laquestion de l’action de la communauté pourles vocations. Commençons par la prière.Mais ne nous arrêtons pas là. » (Actes duchapitre provincial 1998-1999, p. 12 § 2.)� « Pour les vocations, [chaque province]suscitera des pratiques concrètes, comme letriduum des vocations, qui encouragent àla prière et suscitent les désirs de vocation. »(Actes du chapitre général 2005, n° 97.)�« Les vocations doivent devenir l’affaire dechaque assomptionniste et de chaquecommunauté. La radicalité et la visibilité denos engagements religieux, la qualité de notrevie fraternelle et de notre prière sont déter-minantes comme source d’appel. » (Id. n° 97.)

� « Le chapitre général […] demande quel’Assomption tout entière célèbre untriduum annuel pour les vocationsdu 19 au 21 novembre. » (Id. n° 107.)

Le P. d’Alzon nous a légué cette préoccu-pation en décidant de fonder les « alum-nats », ces petits séminaires assomption-nistes qui ont accueilli durant denombreuses décennies les enfants decondition modeste et qui ont permis ledéveloppement conséquent de notrefamille religieuse et la mise en œuvre denombreux projets apostoliques audacieuxet novateurs.

L’autre préoccupation est tout aussiprégnante. Nous trouvons dans l’énoncédu projet original de l’Assomption cestrilogies célèbres qui nous caractérisent :« Doctrinal, social, œcuménique » ou« Vérité, charité, unité ».

� « Il est nécessaire de sensibiliser à cettemission [l’unité] l’ensemble de la provinceainsi que les laïcs liés à l’Assomption endemandant aux communautés de veiller àl’organisation de la prière de l’unité,

Vienne Ton Règne 23

Page 13: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

Vienne Ton Règne 25

L e P. d’Alzon accorde une place de choix à l’étude del’Écriture. Le travail de l’Écriture, c’est le labeur du

religieux. « Les sources de la théologie mystique sontévidemment les mêmes que celles de la dogmatiquemais employées différemment. La première et la plusimportante est l’Écriture. C’est une grande garantie desécurité pour nous que d’avoir comme base de notrevie la parole de Dieu ; nous devons donc nous appliquerardemment à la connaître à fond. » (« Des sources de lathéologie mystique », in Écrits spirituels, p. 853.) « Jésus Christest donc le livre vivant que nous devons étudier, livreparfait : en lui sont renfermés tous les trésors de lasagesse et de la science. » (Id., p. 856.)

De façon étonnante, nous détectons dans la pensée duP. d’Alzon les intuitions récentes de Benoît XVI : « Dieu lui-même a placé les bornes milliaires, mieux, il a aplani la voie, etleur tâche [aux moines] consistait à la trouver et à la suivre. Cettevoie était sa Parole qui, dans les livres des Saintes Écritures, était

« Seule la parole deDieu peut changerprofondément le

cœur de l’homme. »Synode des évêques 2008.

Le trésor de la parole de DieuL’Écriture se trouve à la source de toute contemplation,de toute action de grâces, de toute prière.

24 Vienne Ton Règne

spécialement pensant la semaine del’unité. » (Actes du chapitre provincial 2004-2005,n° 36.)� « Le chapitre général demande que laprière pour l’unité des chrétiens soit intégrée,dans toutes les communautés, à l’interces-sion de l’office du jour. Pour aider lescommunautés, le Conseil général proposeraun choix de prières. » (Id. n° 53-54.)� « Le chapitre général souhaite que soientmises en valeur dans nos chapelles et églises,une icône du Christ, de la Vierge Mère deDieu et de nos bienheureux martyrs. Pour laSemaine de prière pour l’unité, noscommunautés et nos paroisses auront à

cœur de prendre des initiatives significativesen valorisant, là où c’est possible, nos liensavec l’Orient et sa spiritualité. » (Id. n° 54.)

Une fois encore prière et zèle apostoliques’entrecroisent. Le contraire nous choque-rait. « Nous travaillons à l’édification del’Église par l’annonce de Jésus Christ. Nousprivilégions l’éducation de la foi, la formationdes laïcs responsables, l’éveil et le soutiendes vocations, particulièrement des voca-tions religieuses et sacerdotales ; l’annoncede Jésus Christ est inséparable de la promo-tion de tout l’homme dans la justice, l’amouret l’unité. » (Règle de vie n° 16.) �

Page 14: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

offerte aux hommes. La recherche de Dieurequiert donc intrinsèquement une culture dela Parole […] puisque, dans la parole biblique,Dieu est en chemin vers nous et nous vers lui[…] Une limite claire est mise à l’arbitraire età la subjectivité. » (Discours au monde de laculture, 12 septembre 2008, Documentationcatholique, n° 2409, p. 827.)Le Synode des évêques qui s’est tenu dansla suite ne fera que préciser et accentuer

cette urgence. « Seule la parole de Dieupeut changer profondément le cœur del’homme et il est alors important que chaquecroyant et chaque communauté entrent dansune intimité toujours plus grande avec elle. »(Documentation catholique, n° 2411, p. 947.)

Ce ne sont là que quelques trop rarescitations qui nous laissent à penser qu’il enva ainsi de la prière.

Vienne Ton Règne 27

La parole de Dieu en est la sourceet la substance.�Dans l’Écriture, nous contemplons l’ini-tiative d’amour de Dieu pour l’humanitédepuis la Genèse jusqu’à l’Apocalypse.L’histoire du peuple de Dieu retrace lesjalons majeurs de sa réalisation au coursdu temps depuis les origines jusqu’au jouroù tout sera récapitulé dans le Christ, alphaet oméga. Là se trouve la source de toutecontemplation, de toute action de grâce.

�La parole de Dieu est la substance mêmede la prière du Seigneur. La prière duSeigneur est pétrie de l’Écriture. À traverscette prière, le Christ nous apprend à prierle Père en esprit et en vérité, comme lui-même a prié son Père. L’Écriture devientainsi la matrice de toute prière authen-tique, une prière qui permet à Dieu derester Dieu, jamais une idole, et à l’hommede devenir homme, jusqu’à atteindre sastature plénière, comme fils de Dieu. C’estdans la prière que le Christ se reçoitcomme Fils.

� Il en est ainsi parce que cette prière esthabitée par l’Esprit de Dieu lui-même,inspirée par lui. Elle est suscitée par lui. Enlui, nous apprenons à appeler Dieu « notrePère » comme le Christ appelle Dieu « Abba,Père ».

�La parole de Dieu au cœur de la prièrenous préserve ainsi de tout égarementfantaisiste ou par trop subjectif. Elle est,pourrait-on dire, mater et magistra de touteprière vraie. L’Écriture nous ramène sanscesse au centre, évite tout éparpillementet toute superficialité. Elle «évangélise » lemouvement même de la prière : elle la rendconforme au mouvement même de la prièredu Seigneur.

À travers l’Écriture,Dieu nous apprend à prier« Notre vie de prière se nourrit de la parole deDieu, particulièrement dans la méditation dela Sainte Écriture, la célébration de l’Officedivin et l’action liturgique. L’Eucharistie en estle centre. » (Règle de vie, n° 47.) �

Page 15: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

�Trois priants exceptionnels

� Jésus prie pour l’unité des disciples

« Être Un dans la Parole et dans la gloire » (Bruno Chenu)

� Sous la protection deMarie

� Saint Augustin : « Ne dis rien sans lui, il ne dira rien sans toi »

Nous prions comme Jésus (Lettre à Proba)

L’Écriture nous conduit droit au Christ.Il est le maître. Sa prière est au sommet.

Marie, dans son chant de louange,épouse les accents du peuple premier choisi

et notre prière qui s’adresse à ellereste sobre, intense, infiniment respectueuse

des mystères du Christ qui touchent sa vie de servante et de mère.La prière de saint Augustin, parmi tant d’autres disciples,

est pétrie de la parole de Dieu ;elle nous ramène sans cesse au cœur de la prière du Seigneur.

Vienne Ton Règne 29

Page 16: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

30 Vienne Ton Règne

Jésus priepour l’unité des disciplesSelon saint Jean.

‘‘Maintenant je vais à toi et je parle,tant que je suis encore de ce monde,pour que ma joie les remplisse.Je leur ai donné ta Paroleet le monde les a pris en haineparce qu’ils ne lui appartiennent pastout comme je n’appartiens pas au monde.Je ne te prie pas de les ôter du mondemais de les protéger du mal.À ce monde ils n’appartiennent pasde même qu’à ce monde je n’appartiens pas.Imprègne-les de véritéde ta Parole qui est vérité.Comme tu m’as envoyé dans le mondeje les y envoie aussi.Je me suis imprégné de véritépour qu’ils soient aussi imprégnés de vérité.

Je ne prie pas seulement pour euxmais pour ceux qui,à travers leur parole, me croirontet pour que tous soient un.Comme tu es en moi, Père,comme je suis en toi,qu’ils soient un en nouset que le monde croieque tu m’as envoyé.Le glorieux éclat que tu m’as donné,je le leur ai donné,pour qu’ils fassent un comme nous,moi en eux et toi en moi,que leur unité soit parfaite,ainsi le monde connaîtraque tu m’as envoyéet que tu les aimes comme tu m’as aimé.

Père, ceux que tu m’as donnés,je veux qu’ils soient là où je suiset contemplent le glorieux éclatque tu m’as donné par amouravant la création du monde.Père équitable,le monde ne t’a pas connumais moi je te connaiset les miens savent que tu m’as envoyé.Je leur ai révélé ton nomet je continuerai à le révélerpour que l’amour dont tu m’as aimésoit en eux, et moi en eux. »

Jean 17, 13-26(traduction Bayard)

Vienne Ton Règne 31

Page 17: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

32 Vienne Ton Règne

Àl’âge de vingt ans, le futur P. d’Alzon confiait déjà auChrist dans sa méditation sur le discours d’adieu

(Jn 13, 31-17, 26) : « De toutes les pages de votre vie mor-telle, il n’en est pas qui me touche plus que ce dernierdiscours. » (19 février 1831, in Écrits spirituels, p. 741.) Car encette circonstance solennelle Jésus fait sa dernière recom-mandation à ses disciples : « L’unité, voilà le bien suprêmequ’il leur souhaite, le dernier mot des enseignementsde son évangile. » (13 février 1869, in Écrits spirituels, p. 701.)

Et il n’est pas facile d’accueillir aujourd’hui une convocation àl’unité. Tout ce que nous désignons sous le terme de « mon-dialisation » est une forme de réalisation de l’unité du monde :un seul marché (la libre concurrence), un seul modèle (lecapitalisme), une seule monnaie (le dollar), un seul mode decommunications (l’informatique), une seule culture (Holly-wood). Mais ces processus convergents suscitent immédia-tement notre réserve : ils laminent les différences culturelleset assurent la domination des forts sur les faibles. Nos frères

« Qu’ils soient unen nous, et

que le monde croieque tu m’as envoyé. »

Jean 17, 22.

“Être Un dans la Paroleet dans la gloire”Une méditation de la prière de Jésus (Jean 17, 20-23).

et sœurs du tiers-monde parlent immé-diatement d’une nouvelle forme d’impé-rialisme. Nous avons envie d’entendre :« Qu’ils soient divers ! » plutôt que : « Qu’ilssoient un ! » Nous préférons la pluralité àl’uniformité.Et pourtant, au centre de cette prière deJésus, il y a non seulement l’unité, maisl’un. C’est encore plus abrupt et pluspercutant. Et cet « un » concerne les deuxcercles de personnes évoquées : lesdisciples de la première heure et lesdisciples à travers l’histoire, les chrétiensd’hier et les chrétiens d’aujourd’hui. Cet« un » sera signe pour le monde et pourraainsi découvrir la parole de l’Envoyé duPère et le poids de l’amour de Dieu.Un. Quelle qualité de communion estimmédiatement requise entre tous ceuxqui suivent la trace de Jésus ! Alors quel’histoire nous raconte les cent actes diversde la division des chrétiens, nous sommesappelés à être un, un seul être, un seulcorps, un seul cœur, une seule âme.Au cas où nous n’aurions pas bien saisi, Jésusajoute un « comme ». « Qu’ils soient uncomme nous sommes un. » Le « nous » dési-

gne le Père et le Fils. L’unité que Jésusdemande à ses disciples est mise en rapportavec l’unité qui existe entre le Père et le Fils.Mais comprenons bien ce rapport : il n’est pasd’imitation mais de fondation. Nous necomparons pas deux relations, celle deshommes entre eux et celle du Père et duFils, mais nous confessons que « l’un » desdisciples est toujours un don de Dieu. Lacommunion humaine n’est possible que parl’impulsion divine. C’est l’amour de Dieu quinous soulève jusqu’à devenir un seul Christ.La remise en perspective de l’un de Dieu etde l’un de la communauté a de quoi nousrassurer un peu. Ce n’est pas à la force dupoignet que nous réalisons l’unité, c’est à laforce de la prière, quand les relations entreles humains s’ouvrent au courant de la vietrinitaire. Jésus ne commande pas, il implorele Père. L’Esprit, non nommé, est l’acteurprincipal de l’opération. �

P. Bruno Chenu,assomptionniste

Extrait de Héritiers de l’Évangile. Prier 30 jours avec lesreligieux de l’Assomption, Bayard Éditions/Centurion,1999, p. 81-83.

Vienne Ton Règne 33

Page 18: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

34 Vienne Ton Règne

Onentend dire parfois que les congrégations fondéespar le P. d’Alzon ne sont pas des « congrégations

mariales ». Il faudrait sans doute s’expliquer sur les sous-entendus de cette affirmation et les justifier.

Le P. Emmanuel d’Alzon a recueilli dans une formule assezpercutante l’esprit qu’il entendait imprimer à sa congrégation.On pourrait l’énoncer de la façon suivante : travailler àl’avènement du Règne, en aimant le Christ et ce qu’il a aimé leplus, Marie, sa mère et l’Église, son épouse. « L’esprit del’Assomption se résume dans ces quelques mots : l’amour deNotre-Seigneur, de la Vierge, sa mère et de l’Église, son épouse. »(« Directoire », in Écrits spirituels, p. 20.)Dans nos familles religieuses, nous avons été fortement marquésdu sceau de ce « triple amour».

Le P. Emmanuel d’Alzon a voulu explicitement placer sacongrégation sous la tutelle de Notre-Dame de l’Assomption, ennous donnant « Les Constitutions des Augustins de l’Assomption ».

Sous la protection de MarieLe Père Emmanuel d’Alzon a voulu explicitement placerses congrégations sous la tutelle de Notre-Dame.

« L’espritde l’Assomption

se résumedans ces quelques

mots : l’amourde Notre-Seigneur,

de la Vierge, sa mèreet de l’Église,son épouse. »

E. d’Alzon, Écrits spirituels.

Beaucoup de ses œuvres naissantess’épanouissent sous la protection de Marie :le collège de l’Assomption à Nîmes, berceaude la congrégation, l’association Notre-Dame-de-Salut, le premier noviciat desOblates de l’Assomption au Vigan, Notre-Dame de Bulgarie, le premieralumnat Notre-Dame desChâteaux, source de nom-breuses vocations.Le P. Emmanuel d’Alzon s’estréjoui de la proclamationdu dogme de l’ImmaculéeConception, par le pape Pie IX,en 1854. Il espérait secrètement,mais sans impatience intem-pestive, celle du mystère del’Assomption.Lui-même fréquentait assidû-ment, avec les élèves, les pro-fesseurs, les confrères, les lieux depèlerinage de son diocèse et des environs :Notre-Dame de Rochefort, Notre-Dame-de-Grâce, Notre-Dame de Bonheur àl’Espérou. Il aimait s’arrêter à Notre-Damedes Victoires, à Paris, Notre-Dame deFourvière, Notre-Dame de la Garde.

Ne se rendra-t-il pas, sans précipiter lesévénements, à La Salette, puis à Lourdes, dixans après les apparitions ?Dans tous ces lieux et dans lacontemplation des divers mystères deMarie, le P. Emmanuel d’Alzon retrouve la

Vierge des évangiles, docile àla Parole, disponible au projetde Dieu sur l’humanité, pré-sente, discrète, aux tournantscruciaux de la vie de son Fils,debout au pied de la Croix,assidue à la prière, au milieudes disciples, dans l’attente del’Esprit. « Pour connaître laSainte Vierge, l’évangile suffit. »Ceci nous convient parfaite-ment.Les rares échos qui nous sontparvenus de la prière de Marie

dans les évangiles sont humble acquiesce-ment, louange émerveillée, confiance abso-lue. Le P. d’Alzon s’en est largement impré-gné. Ils pourraient féconder, sans lamoindre réticence de notre part, notrepropre élan de la prière des serviteurs duRoyaume. �

Vienne Ton Règne 35

Page 19: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

36 Vienne Ton Règne Vienne Ton Règne 37

Dire que le P. Emmanuel d’Alzon est un familier de saintAugustin, c’est peu dire. Sans doute a-t-il été sensi-

ble à l’une ou l’autre de ses directions fortes, qui peuventnous orienter aujourd’hui encore sur le chemin de la prière.

Tout d’abord, saint Augustin est à l’écoute du Maître intérieur.Il nous entraîne sur ce chemin d’intériorité. Dieu nous est plusprofond à nous que nous-mêmes. Et pourquoi donc chercherhors de nous celui qui nous est plus intime que nous-mêmes ?La prière nous permet de ramener notre cœur à notre cœur,notre conscience à notre conscience, « ab exterioribus adinteriora » (« de toutes choses extérieures au centre de notrecœur »). Nous sommes faits « désir » de Dieu. Lui seul peutdonc combler notre désir : « Tu nous as faits tournés vers toi, etnotre cœur est sans repos [insatisfait] tant qu’il ne repose en toi .»

« Toute la vie du chrétien est un saint désir […] c’est ainsi queDieu, en faisant attendre, élargit le désir ; en faisant désirer, ilélargit l’âme, en l’élargissant, il augmente sa capacité de rece-

«Que Notre-SeigneurJésus Christ

et prie pour nous,et prie en nous

et soit prié par nous. »Saint Augustin

“Ne dis rien sans lui,il ne dira rien sans toi”Sur le chemin de la prière, saint Augustin est notre guide.

« Reine des anges,reine de ceux qui sont récompensésdans le ciel des vertus

qu’ils ont pratiquées à votre exemple,abaissez au jour de votre triomphe un regard maternel

sur ceux de vos enfants qui combattent encore.Soyez-leur favorable en protégeant l’Église

dont ils sont les membres et dont vous êtes la Mère,et faites que ces paroles,

en excitant une vive confiance en votre pouvoir,réveillent en même temps dans leur esprit

le sentiment de la nécessité d’aimer l’Église de votre Fils,pour avoir part à ses bienfaits. »

(Textes déposés du P. d’Alzon – Corpus Causae – 42, 10.)

Page 20: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

38 Vienne Ton Règne

voir. » (« Sermon sur la première épître de saintJean ».) La prière me révèle mon désir etaccueille la réponse de Dieu.

Dans la prière communautaire, saintAugustin expérimente avec ses frères laforce et le bonheur du « cor unum et animauna », un seul cœur et une seule âme ten-dus vers Dieu. Dans la prière, Dieu réalisel’unité des cœurs et des consciences, ilpermet à la communauté rassemblée dechanter d’une seule voix, comme les cordesd’une cithare merveilleusement accordée.Mais l’unité des voix et des cœurs ainsiréalisée dans la prière permet aussi à chacunet à tous ensemble d’accueillir cetteprésence de Dieu tant désirée.

Saint Augustin, enfin, en bon pasteur, faitde la prière des psaumes sa prière préférée,parce qu’elle est à la fois la prière del’individu dans sa situation concrète et laprière de tout un peuple en marche, laprière du peuple de la Première Alliance ;mais elle est aussi la prière du Christ et,aujourd’hui encore, la prière de l’Église. Sesnombreux commentaires des psaumes nous

montrent comment la prière des psaumesest à la fois prière du Christ et prière del’Église. Tantôt c’est le Christ qui prie seul,comme tête de l’Église, tantôt l’Église prie,en tant que Corps du Christ. Mais en toutevérité, c’est toujours le Christ total quis’adresse au Père.

« Quand donc nous présentons à Dieu nossupplications, ne nous séparons pas du Fils etquand prie le Corps du Fils, qu’il ne se séparepas de la tête. Que lui-même, l’unique Sauveurde son corps, Notre Seigneur Jésus Christ, leFils de Dieu, en même temps, et prie pournous, et prie en nous et soit prié par nous. Ilprie pour nous comme notre Prêtre, il prie ennous comme notre tête, il est prié par nous,comme notre Dieu. Reconnaissons donc, etnos paroles en lui, et ses paroles en nous. […]Nos prières donc sont vers lui, et par lui, et enlui. Nous les disons avec lui et il les dit avecnous, nous disons en lui, et il dit en nous laprière des psaumes. »

Ce ne sont là que quelques indices maisl’Assomption les reconnaît volontierscomme balisant son itinéraire spirituel. �

“C’est à nous que les mots sont nécessaires, pourappeler notre attention sur ce que nous deman-

dons mais non pour en instruire le Seigneur et le fléchir.

Lors donc que nous disons : “Que ton Nom soit sanctifié”, nousnous avertissons nous-mêmes d’avoir à désirer que son Nom,qui toujours est saint, le soit aussi devant les hommes et qu’iln’en soit jamais méprisé – ce qui est utile non à Dieu mais auxhommes.

Lorsque nous prions : “Que ton Règne vienne” – et il viendra quenous le voulions ou non –, nous tournons notre désir vers cerègne, afin qu’il arrive pour nous et que nous méritions d’yavoir part.

Quand nous disons : “Que ta volonté soit faite sur la terre commeau ciel”, nous lui demandons pour nous une obéissance telle quesa volonté soit accomplie par nous comme elle l’est par sesanges dans le ciel.

« Nous avionsdonc besoin

des paroles de cetteprière pour

rappeler à notremémoire les biens

eux-mêmesqu’il nous fautdemander. »

Saint Augustin

Nous prions comme JésusSaint Augustin nous rappelle le mouvement fondamentaldu Notre Père, la prière de Notre Seigneur.

Vienne Ton Règne 39

Page 21: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

Lorsque nous lui demandons : “Donne-nousaujourd’hui notre pain de ce jour”, ce motaujourd’hui signifie le temps présent. Nousy implorons, soit les biens nécessaires à lavie, les désignant touspar le nom du plusimportant, le pain, soitle sacrement desfidèles, qui nous estnécessaire en cemonde pour obtenirnon point le bonheurdu temps présent maisla félicité éternelle.Quand nous disons :“Pardonne-nous nosoffenses, comme nouspardonnons aussi àceux qui nous ont offen-sés”, nous nous rappelons à nous-mêmes ceque nous demandons et ce que nous avonsà faire pour le mériter.Lorsque nous disons : “Ne nous soumets pasà la tentation”, nous nous avertissons nous-mêmes de présenter cette demande à Dieu,de peur que, privés de son secours, nousnous laissions séduire par quelque tentation

ou que l’affliction nous y fasse succomber.Quand enfin nous disons : “Délivre-nous duMal”, nous rappelons à notre esprit quenous ne sommes pas encore établis dans

ce Bien où nous n’au-rons plus aucun mal àendurer. Ces dernièresparoles de la prière duSeigneur s’étendent siloin que, dans quelquestribulations que setrouve un chrétien,c’est par elles qu’il doitexprimer ses gémisse-ments, tempérer seslarmes, commencer,prolonger et finir saprière.Nous avions donc

besoin des paroles de cette prière pourrappeler à notre mémoire les biens eux-mêmes qu’il nous faut demander. » �

Saint Augustin,Lettre à Proba, n° 21

40 Vienne Ton Règne

�Richesses et variétés de la prière

� L’heure solennelle des religieux

� Un immense peuple pèlerin

� Tournés vers Dieu avec confiance, chacun à sa manière

� Les appels du prochain ouvrent notre prière

� Une prière universelle pour l’Assomption

Vienne Ton Règne 41

Page 22: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

42 Vienne Ton Règne

Onpourrait dire que la congrégation des Augustinsde l’Assomption naît de l’adoration, en cette nuit

de Noël 1845. Tout au long de sa vie, le P. Emmanueld’Alzon nous y ramène. Toujours tournée vers la mission.C’est pour cela que nous sommes sensibles à la prièrebigarrée du peuple de Dieu dans les lieux de pèlerinage,attentifs et accueillants à la supplication des hommesde notre temps, soucieux de prier non seulement avecle P. Emmanuel d’Alzon et pour lui, mais aussi comme lui.

« Adorer », voilà bien un verbe galvaudé et de longue date : ona adoré le veau d’or, aujourd’hui on adore tout et son contraire.L’attitude d’adoration est pourtant la posture qui convient lemieux à l’homme devant son Dieu. Dans l’adoration, l’hommereconnaît ce que le P. d’Alzon a revendiqué tout au long desa vie : « redonner à Dieu tous ses droits » ; « rapporter à Dieutout ce qui lui revient ». Dans cette attitude, aucune dialectiquedu maître et de l’esclave. Dieu est Dieu et l’homme est l’œu-vre de ses mains, faite à son image et à sa ressemblance,

« Que faitle religieux

quand il adore?Il représentel’Église, il prie

avec une autorité quin’est point la sienne ;

il transmet, parles lèvres divines

du Médiateurcéleste, sa prièrepour les âmes. »

E. d’Alzon, Écrits spirituels.

L’heure solennelle des religieuxEn adorant le Saint Sacrement, nous affirmonsla présence constante du Christ dans le monde.

« créé avec sagesse et par amour ». (Prièreeucharistique IV.)

Dans l’adoration, l’homme offre à Dieu sonlibre hommage, au nom de ceux qui n’ado-rent pas. C’est « l’heure solennelle desreligieux » (« Quatorzième méditation, La Prière »,in Écrits spirituels, p. 425.) « Quelle idée me suis-je faite de l’hommage, du culte, de la béné-diction, de la gloire que je lui dois, en union avecl’adoration et la gloire que lui rend son Fils. »(« Directoire », in Écrits spirituels, p. 23.)

Une particularité de taille : l’adoration duSaint Sacrement. L’Église catholique romaineest sans doute la seule à avoir développé àce point le culte du Saint Sacrement :processions, bénédictions, saluts du SaintSacrement, congrès eucharistiques, visites auSaint Sacrement, expositions perpétuelles…C’est l’affirmation de la présence constantedu Christ à notre monde au cœur de sonÉglise, le signe de son amour inconditionnel.Ne séparons jamais l’adoration de cet uniquesacrifice du Christ, mort et ressuscité, enqui tout est achevé. Et n’oublions jamais quel’amour du prochain, quel qu’il soit, est l’au-

tre « sacrement » de la présence du Seigneurdans notre monde et dans notre société.

La « visite au Saint Sacrement ». Et si c’étaitlà le moment privilégié du retour auprèsdu Seigneur, comme les disciples s’enrevenaient auprès de Jésus pour fairedevant lui la relecture d’une journéemissionnaire, pour lui dire les joies, lespeines, les difficultés rencontrées, lesobstacles vaincus, les barrières infranchis-sables, trouver le repos après la peine etpuiser auprès de lui la force nécessaire pourpoursuivre la tâche ?

« Le religieux, à l’adoration, peut participer àcette puissance d’intercession de Jésus. LeChrist ressuscité ne meurt plus, mais il continueson œuvre d’intercession dans son corpsmystique, qui est l’Église. Que fait le religieuxquand il adore ? Il représente l’Église, il prieavec une autorité qui n’est point la sienne,mais avec une autorité toute-puissante ; iltransmet, par les lèvres divines du Médiateurcéleste, sa prière pour les âmes. » (« Médita-tion sur l’Eucharistie », in Écrits spirituels, p. 950.) �

Vienne Ton Règne 43

Page 23: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

44 Vienne Ton Règne

Le Pèlerinage national est né avec l’Assomption, quiy tient, non seulement parce qu’il est un trésor de

famille mais aussi parce qu’il est un lieu privilégié de lavenue du règne de Dieu.Les Augustins de l’Assomption portent la responsabilité duPèlerinage national – appelé aussi « le National » – depuis 1873.Responsabilité largement partagée avec les Petites Sœurs, lesOblates, les Religieuses, les Orantes de l’Assomption commeavec l’Hospitalité Notre-Dame de Salut. Pèlerinage largementgoûté et apprécié par de très nombreux malades et autrespèlerins valides (voir www.pelerinage-national.org).

Une prière éduquéeIl n’est pas facile de conduire la prière simple et spontanée d’unpeuple immense. Les sensibilités religieuses, les traditions et lesgestes de la pratique sont tellement divers que les unifier, leslier comme dans une immense gerbe, exige respect, éducation,accompagnement. De nombreuses conférences et catéchèsesaident à faire naître et structurer une conscience commune.

« Où que l’on en soitde sa vie et

de sa rencontrede Dieu,

un pèlerinageà Lourdes

est un moment fort,un moment fondateur

dans une vie ! »P. Jacques Nieuviarts

Un immense peuple pèlerinLe Pèlerinage national, à Lourdes le 15 août, représentela prière simple et immense d’un peuple en marche.

Une prière célébréeChaque année, nous élaborons des liturgiesbelles, ferventes, animées et largementappréciées. Célébration d’ouverture,célébrations eucharistiques, célébrationspénitentielles, célébrations de l’onction desmalades, processions du Saint Sacrement,processions mariales, particulièrementintenses la nuit à la lumière des flambeaux,prières du chapelet, prières du chemin decroix, prières à la grotte, prières auxpiscines… Toutes sont particulièrementsoignées. Elles sont, chacune à sa manière,des points culminants de la journée. Gesteset symboles déployés, chants et musiqueschoisis, particularités propres à chaquegroupe – enfants, jeunes, malades, pèlerinsvalides, religieux et religieuses, hospita-lité… – mettent en valeur et déclinent lethème général choisi chaque année.

Une prière aux mille couleursDe plus en plus, le National tend às’internationaliser. Les différentes régionsde France se conjuguent harmonieusementavec les couleurs et les tenues des Îles,d’Afrique et d’Asie. Les intentions et textessont proclamés dans toutes les langues dumonde : une véritable «prière mosaïque»,comme une large prière de Pentecôte,lorsque chacun comprend dans sa proprelangue la foi, l’espérance, la charité de tousles autres.

La prière d’un peuple en marcheCette prière diverse d’un peuple rassemblépar l’Esprit ne dissout pas la prière per-sonnelle mais, tout au contraire, la ravive,la nourrit, l’enrichit, la raffermit et l’élargitaux dimensions du peuple de Dieu toutentier. �

Page 24: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

Vienne Ton Règne 4746 Vienne Ton Règne

Pour moi, prier, c’est prendre le temps, souvent tropcourt, de méditer les textes du jour […] Chaque jourau calme […] C’est aussi penser, avec le saint du jour,aux amis, camarades, frères et sœurs, relations, etleur faire signe en leur envoyant un mot, une image,avec les textes du jour, si possible. C’est aussi remer-cier Dieu de la journée qui se termine. Quel est lesigne positif reçu aujourd’hui ? Le regard d’un enfantdans celui de sa maman ou de son papa, un signed’amitié, le spectacle offert par la nature, la réussited’une personne qui dépasse ses difficultés […] l’écouted’un passage musical ou d’une parole […] si à chaquejour suffit sa peine, à chaque jour nous est donné unsigne de vraie vie.

Jacques

Ma prière, c’est d’abord ma participation à lagrande prière de l’Église, Corps du Christ, animépar l’Esprit de Jésus. Ma prière personnelle,c’est l’union de mon humble travail au travailobscur de Jésus à Nazareth : Jésus me fait com-prendre que toute tâche vécue dans la foi est unréel engagement pour l’Adveniat Regnum tuum.Ma prière, c’est aussi la “pause midi” (heureuseformule du P. André Sève) : quelques instantspour reprendre souffle auprès du Seigneur. Etpuis, à l’heure où Jésus se retirait sur la mon-tagne, je me retourne avec lui vers son Père,notre Père, sans grands discours. L’importantn’est-ce pas la présence et le regard intérieur ?“Je l’avise et Il m’avise.”

Émile

“”

La prière est un acte d’amour entre le créateur et sa créature. En cet instant, nul mot,nulle pensée ne peut exprimer ce qui s’y vit. Seule l’offrande de ce que l’on est peutrévéler pleinement la force de cette union. Je m’offre à lui, parce que je l’aime. Etparce que je l’aime, je m’offre au monde.La prière m’apprend à le connaître et à lui faire confiance. Elle me fait découvrir sonamour qui me transforme et me fait grandir à son image. La prière est rédemptrice,elle est don de vie.

Michelle

Tournés vers Dieu avec confiance,chacun à sa manièrePrier, c’est remercier, participer, reprendre souffle…

Page 25: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

Vienne Ton Règne 49

Les appels du prochainouvrent notre prièreNous portons des demandes variées et pressantes.

Une prière universellepour l’AssomptionPour que l’Assomption cherche avant tout le royaume de Dieu,

et que lui soit donné par surcroît tout le reste :des frères, l’unité, la joie et le courage de servir…

R/ Fais venir ton règne, Seigneur.

Pour que l’Assomption soit fidèle à l’esprit de son fondateurdans son amour pour le Christ, le Vierge et l’Église… R/

Pour que l’Assomption, fidèle à la mission du Christ,soit comme lui, présente à ce mondeet qu’elle soit gardée du mal… R/

Pour que l’Assomption aime et serve l’Égliseà la suite du Christ qui l’a aimée et s’est livré pour elle… R/

Pour que l’Assomption, dans l’espérance et la prière,attende le jour où l’Église reconnaîtra

la sainteté du P. d’Alzon… R/

48 Vienne Ton Règne

“ ““

“”

”””

Je vous adresse ce colis desouvenirs de ma famille. Enretour je souhaiterais que lavaleur estimée soit affectée àdes offrandes de messes àl’intention des défunts de mafamille et aussi de moi-même.Je suis dans ma 94e année et jevais prochainement être opé-rée: une opération très longueet risquée, je le sais. Mais j’aioffert mes souffrances et mavie, unies à la Passion et à lamort du Christ. « Je remetsmon esprit » et ma vie à lamiséricorde divine. Priez pourmoi le 3 décembre jour déci-sif pour ma « Pâque ».

Je vous demande de prierpour mon frère et ma belle-sœur malades.

Priez pour ma fille S. et son fils G., qui lui mèneune vie très dure. Il ne travaille pas, il boit etsouffre de grande dépression. Enfin pour nous-mêmes, qui sommes en grande difficulté.

Puis-je vous demander de por-ter dans vos prières notre petitV. qui a 10 ans et est atteintd’une sorte de handicap quil’empêche d’évoluer aussi viteque tous les enfants de son âge.

Page 26: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

50 Vienne Ton Règne

� Collectif : Héritiers de l’Évangile. Prier 30 jours avec les religieux de l’Assomption,Bayard Éditions/Centurion, Paris 1999.

� Jean-Paul Perier-Muzet, Prier 15 jours avec Emmanuel d’Alzon, Nouvelle Cité,75, 2003.

� Les Prières de la Bible, Bayard Éditions, 2003.� Itinéraires augustiniens : n° 6, La Prière ; n° 21, La Prière des psaumes ;

n° 24, La Louange.� Les Hors-séries de Prions en Église :

– Les Plus Belles Prières des Pères de l’Église ;– Les Plus Belles Prières de nos frères protestants, catholiques, orthodoxes ;– Prier avec Marie : rosaire biblique ;– Psaumes et prières pour le temps du deuil ;– Psaumes et prières pour le temps des vacances ;– Psaumes et prières pour l’éveil des vocations ;– Les Plus Belles Prières des papes, de saint Pierre à Benoît XVI ;– Les Plus Belles Prières à Marie ;– Prier avec Bernadette de Lourdes ;– 30 prières pour tous les temps ;– Les Plus Belles Prières pour bénir la table ;– Chemin de croix.

Pour aller plus loin ensemblewww. a s s omp t i o n . o r g

Numéros déjà parus

� Découvrir la spiritualité des Augustins de l’Assomption� Emmanuel d’Alzon, fondateur des Augustins de l’Assomptionet des Oblates de l’Assomption.

� Pèlerinages en Terre sainte� À la suite du Christ avec Emmanuel d’Alzon� Avec saint Augustin, chercheurs de Dieu et passionnés de l’Église� Étienne Pernet et Marie-Antoinette Fage,fondateurs des Petites Sœurs de l’Assomption

� Isabelle de Clermont-Tonnerre et François Picard,fondateurs des Orantes de l’Assomption

� La prière à l’Assomption� Les plus beaux textes de saint Augustin.

La prière à l’Assomption fait partie de la collection « Vienne ton règne ».Comité de rédaction : Noël Le Bousse, Marie-Bernard Kientz, Claude Maréchal, Hervé Stéphan,Benoît Gschwind, assomptionnistes. Texte : Père Marie-Bernard Kientz, assomptionniste.Photos : © D.R. Maquette : Benoît Gschwind, Nicolas Crouzier. Secrétariat de rédaction : Cécile Toussaint.Livret réalisé en collaboration avec Prions en Église - Novembre 2009.

Page 27: La prière à - assumptio.org · dans saint Pierre la confiance en votre parole, l’humilité et la promptitude à vous obéir, et qui avez récompensé ces vertus en le

«Seigneur Jésus Christ, tu as appelé Emmanuel d’Alzonpour être avec Toi, au milieu des hommes, au service du Père

et de son Royaume. Ce service et son amour pour Toi,la Vierge et l’Église, tu l’as poussé à les partager avec des frères

et des sœurs à l’Assomption. Aujourd’hui, dans l’espéranceet la prière, nous attendons que l’Église reconnaisse la sainteté

du Père d’Alzon. C’est pourquoi, par son intercession,nous Te supplions, avec les pauvres et les disciples de l’Évangile,

de nous accorder la grâce que nous demandons pour…

Prends pitié ! Partage avec nous ta passion pour le Pèreet pour l’homme. Fais de nous, par ton Esprit,

des ouvriers de ton Royaume.

Toi qui vis et règnes avec le Père et le Saint-Espritmaintenant et pour les siècles des siècles.

Amen. »

Prière pour demander la béatification

du Père Emmanuel d’Alzon