bulletin de sante du vegetal...2018/03/28 · bulletin n 0 - edition du 28/03/ 2018 b s v m a r a i...
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BULLETIN N°0 - EDITION DU 28/03/ 2018
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MARAICHAIGEN°0 EDITION DU 28 MARS 2018
La gestion d’une météorologie délicate
L’année 2017 a été marquée par une grande précocité au printemps. À titre de comparaison les
premières plantations en extérieur ont cette année entre 10 et 15 jours de retard. Cette
précocité a fortement marqué la production de fraise qui a souffert du gel de fin avril suite à un
débourrage précoce et intense.
C’est surtout la sécheresse et la chaleur qui ont marqué la campagne 2017. Le mois de mai au
cours duquel se font beaucoup de semis et de plantations a été très sec et très venteux. De
nombreuses cultures ont donc pâti de mauvaises conditions d’implantation et de levée:
carottes et choux en particulier. En pomme de terre, en parcelle non irriguée, on a observé des
cas de rejumelage : c’est une conséquence directe d’un stress hydrique important et d’une
forte température dans les buttes.
La chaleur et la sécheresse ont surtout entraîné des désordres physiologiques carenciels. La
carence en calcium a été la plus fréquente : « cul noir » sur tomate, tip burn en salade ou en
chou. Des cas de carence en bore ont aussi été observés sur crucifères. Ces carences sont liées
à une mauvaise absorption des éléments par manque d’eau, ainsi qu’aux brusques à-coups de
croissance au retour des pluies automnales. Les températures excessives dans les tunnels
(facilement au-delà de 45° sous les bâches) ont eu des conséquences encore plus directes avec
des brûlures de tête sur concombre, des fleurs qui avortent en tomate, et des défauts de
coloration des fruits.
RETROUVEZ LE BULLETIN DE SANTE DU VEGETAL SUR LE WEB:
Site internet de la CRAGE- http://www.grandest.chambre-agriculture.fr/productions-agricoles/ecophyto/bulletins-de-sante-du-vegetal/
Site de la DRAAF Lorraine- http://draaf.grand-est.agriculture.gouv.fr/Surveillance-des-organismes
Retrouvez le Bulletin de santé du végétal sur le Web
site internet de la CRAL - www.cra-lorraine.fr
site de la DRAAF Lorraine- http://draaf.alsace-champagn,e-ardenne-lorraine.agriculture.gouv.fr/
site internet de la FREDON – www.fredon-lorraine.com
BULLETIN DE SANTE
DU VEGETAL
Edition LORRAINE
Bilan de la campagne 2017
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Ci-contre : cœur « vitreux » d’un rutabaga lié à une
carence en bore. Photo PLANETE Légumes.
D’autres conséquences de ce stress estival se sont exprimées après les pluies automnales et la
reprise brutale de la pousse des cultures : en chou et courges. Les conséquences sont aussi
d’ordre sanitaire : les nécroses liées aux carences ont été infectées par des champignons
(botrytis) ou diverses bactérioses au retour des pluies.
Dans des cas de très fort déficit hydrique, l’irrigation reste évidemment le meilleur levier
pour limiter les stress hydriques ou de température. Lorsqu’il est limitant l’apport d’eau
doit avant tout servir à garantir un bon état qualitatif de la culture : il faut donc irriguer
au moment opportun du cycle de la culture, en général à partir de la formation de
l’organe récolté. Cet apport à minima permet de limiter les carences, d’améliorer l’état
sanitaire, et de garantir de bonnes qualités organoleptiques des récoltes.
Il est important d’utiliser au maximum le « réservoir sol » en condition sèche : apporter
si possible 15-20mm pour faire descendre l’eau (et les racines) dans le sol. La réserve
utile du sol peut dans une certaine mesure être améliorée avec des amendements
organiques et calcaire pour augmenter le complexe argilo-humique.
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Un été marqué par les insectes
Les années sèches sont le plus souvent des années à insectes.
Les pucerons en plein champ n’ont pas posé de problème majeur car ils ont très vite été régulés
par des auxiliaires qui eux aussi ont profité des températures chaudes pour se développer. On
notera tout de même une pression moyenne, voire élevée sur aubergine durant les mois de juin
et juillet. Le puceron cendré du chou contrairement au puceron vert apprécie la chaleur et la
sécheresse. Il s’est rapidement développé début juillet mais était déjà maîtrisé par les
auxiliaires début août.
Ci-contre : larve de
syrphe dans une
colonie de pucerons
cendrés du chou.
Photo PLANETE
Légumes.
L’année a surtout été marquée par les acariens, très présents sous les abris de début juin à
début août. Pour lutter contre ce ravageur, la gestion climatique reste un excellent levier. Le
principe est de doucher brièvement les plantes (pas plus de quelques minutes) pour abaisser la
température et augmenter l’hygrométrie de la serre. À noter que cela soulage aussi les cultures
qui sont en stress au-delà de 28°C. La PBI (lâché d’acariens prédateurs) doit être utilisée avec
précaution si les conditions climatiques ne sont pas bien maîtrisées (trop chaud !!). La détection
précoce des acariens est capitale pour leur bonne maîtrise. Les cultures les plus sensibles sont
le concombre, le haricot, l’aubergine et le fraisier.
Les doryphores ont présenté un risque important cette année. Les premiers adultes ont été
observés au 01/06 et les premières pontes une semaine après. La gestion des doryphores a
deux objectifs. Le premier est de limiter l’impact de la première génération sur la culture.
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Comme l’année a été chaude et sèche, l’émergence des adultes et les premières pontes sont
arrivées de manière assez groupées. Cela a rendu la lutte plus simple, en particulier pour
l’utilisation des produits de biocontrôle qui ne sont efficaces que sur des (jeunes) stades
larvaires. Le second objectif est de limiter l’inoculum pour l’année suivante (gestion des foyers
et des adultes courant juillet et août).
Les altises ont été très présentes cet été dès le 15/05, mais le risque a réellement augmenté au
15/06 avant de diminuer début août avec le retour de la pluie et de températures plus fraîches.
Les altises représentent avant tout un risque pour les jeunes semis et plantation de crucifères
via les dégâts directs qu’elles causent. Si l’impact direct sur un chou développé est faible, les
morsures peuvent en revanche permettre des surinfections à l’automne par des bactéries ou
du botrytis. Rappelons enfin que les pyréthrinoïdes de synthèses n’ont quasiment aucune
efficacité par forte température (35°C) et que la protection physique par des filets, si elle est
possible et efficace doit répondre à certaines conditions : http://www.planete-legumes.fr/wp-
content/uploads/2016/12/Guide-technique-filets-anti-insectes.pdf
Les chenilles n’ont pas représenté un fort risque, en dépit d’une année a priori propice. Les
premiers adultes ont été observés au 15/05, et les premières larves au 15/06. Le risque a été
moyen courant juillet et en septembre avec le second vol des noctuelles. Les chenilles ne
présentent pas toutes le même risque selon l’espèce, leur identification est donc importante.
Au-delà des dégâts directs les chenilles facilitent l’entrée des maladies via leurs morsures ou
leurs déjections.
La mouche mineuse du poireau a été peu présente cette année : son vol s’est étalé du 15/09 au
01/11, soit une quinzaine de jours en moins que ce qui est « classiquement » observé. Bien que
peu présente cette année le BSV a fait état d’une pression élevée car son incidence sur la
culture est forte, même avec des bas de niveau de population. En outre on observe pas mal
d’hétérogénéité d’un site à l’autre. La protection avec des voiles reste une excellente mesure
sur des surfaces restreintes :
http://www.planete-legumes.fr/wp-content/uploads/2016/12/Guide-technique-filets-anti-
insectes.pdf
L’année a été marquée par une forte présence de punaises du genre Lygus. L’incidence de ce
ravageur reste cependant limitée.
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Comme chaque année en
période de moisson de
nombreux thrips de l’avoine
sont observés sur les parcelles
mitoyennes de céréales. Des
dégâts ont surtout été
observés sur salade durant le
mois de juillet.
Ci-contre : dégâts de thrips sur
feuille de chêne. Photo PLANETE
Légumes.
Des maladies peu présentes, et surtout en automne
Les maladies comme les mildious qui apprécient des conditions douces et humides ont été
absentes une très grande partie de la campagne. En pomme de terre les arrachages ont eu lieu
avant que la maladie ne représente un risque élevé. En salade la pression a été moyenne du
15/08 à début octobre. Sous abri les premiers cas de mildiou sur tomate sont apparus au 07/08.
Globalement c’est le retour de la pluie, couplé à la fraîcheur nocturne qui déclenché les
premières contaminations. À noter que sur tomate, une attaque de mildiou qui se déclare
courant septembre a un impact amoindri dans la mesure où la culture est en fin de cycle.
Les bactérioses étaient les plus problématiques cette année. Ce sont des maladies de fin d’été
qui ont besoin de douceur voire de chaleur, et qui sont fortement propagées par les pluies, en
particulier les orages. Toutes les blessures sont des points de contamination préférentiels :
morsure d’altises ou de chenilles, piqûres de pucerons ou de punaises, nécroses locales dues à
des carences ou éclatement. Ces maladies surviennent en fin de cycle et évoluent au stockage.
Les choux et les courges sont classiquement les cultures les plus touchées. Le risque a été élevé
du 01/09 jusqu’à la fin des récoltes.
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Ci-dessus à gauche : bactériose à un stade avancé sur chou. Ces pourritures molles et humides sont très
malodorantes. Photo PLANETE Légumes
Ci-dessus à droite : développement de botrytis sur chou. L’infection primaire suit les zones broutées par une
chenille (zones concaves sur la feuille). Photo PLANETE Légumes.
Le botrytis s’est développé en même temps que les bactérioses. Cette maladie apparaît le plus
souvent sur des parties nécrosées de la plante ou des déjections, avant de contaminer des
parties vivantes. Le risque a été élevé du 01/09 jusqu’à la fin des récoltes.
Ci-contre : carence apicale « tip
burn » sur chou. Avec la rosée
les conditions sont
typiquement favorables au
botrytis. Photo PLANETE
légumes.
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Le rhizoctone a été très marqué sur la salade, mais sur un très nombre restreint de séries :
surtout celles qui avaient poussé durant le mois de juillet et qui ont reçu les orages d’août.
Cette maladie apprécie la chaleur, l’humidité, et une (trop) bonne fertilisation azotée. Hors ces
conditionsont été permise en août/septembre grâce à la minéralisation des sols suite au retour
des pluies. Le risque est plus élevé
à l’approche de la récolte car le
cœur de la salade maintient une
forte humidité en permanence.
Ci-contre : rhizoctone sur batavia de plein
champ début septembre. Photo PLANETE
Légumes.
Bulletin édité sous la responsabilité de la Chambre Régionale d’Agriculture du Grand Est Rédaction : PLANETE Légumes Avec la participation des producteurs. Ce bulletin est produit à partir d’observations ponctuelles d’un réseau de parcelles suivies par ces partenaires : i l donne une tendance de la situation sanitaire dans la région, mais celle -ci ne peut être transposée telle quelle à la parcelle. La Chambre Régionale d’Agriculture Grand Est dégage donc toute responsabilité quant aux décisions prises par les agriculteurs pour la protection de leurs cultures. Pour tous renseignements, contacter : Henri BEYER– Animateur Fil ière Maraîchage – PLANETE Légumes – 06.65.73.59.94 Claire COLLOT – Animatrice Inter-Filières – CRA GE - 03.83.96.85.02