Bulletin de l’Association « Le Lougre de l’Odet »

Sommaire ♦ Editorial p 2. ♦ Gouélia, le cercle s’élargit p. 3 ♦ La vie de l’association p. 4 à 8 ♦ Les travaux sur le Corentin p.9-11 ♦ Quimper, quelle histoire ! ♦ p. 12-18 : Les colères de l’Odet à Quimper à travers les siècles ♦ Le Conseil d’Administration p.19

N° 15

Janvier 2008

EDITORIAL Chers adhérents et amis, Encore une année bien remplie qui a vu la réalisation de la quasi-totalité des objectifs qui nous étaient fixés, aussi bien, par les impératifs événementiels que calendaires. Encore une fois les bénévoles se sont montrés inconditionnels et ont à chaque fois répondu présents, ce dont je tiens à les remercier vivement. En effet dans notre précédent numéro du bulletin nous évoquions le très important chantier de grosses réparations et révisions auquel s’ajoutait un grand carénage général. Corentin s’en sort ragaillardi, malgré quelques petits ratatouillages de fin de chantier et de respect de mise à disposition de Gouélia. Suivait la Semaine du Patrimoine maritime que nous organisons tous les deux ans et dont c’était déjà la sixième édition ; et là aussi nos partenaires habituels et le corps enseignant ont, encore une fois, bien suivi et je ne peux que saluer leur fidélité. Nos maquettistes, malgré une année difficile pour se consacrer valablement à leurs travaux ont brillé lors d’une exposition européenne de modélisme organisée au Relecq-Kerhuon, en obtenant un trophée pour l’excellence de l’ensemble de leurs réalisations du port de Quimper en 1930. Bravo Messieurs !!! Quant aux Lougriers, encore un sujet de satisfaction. Le groupe s’est trouvé une allure de croisière et une osmose musicale telle, qu’ils se produisent très régulièrement lors d’animations festives sur tout le Sud-Finistère. Enfin, et c’était notre souhait de longue date, Corentin est actuellement amarré sur les allées de Locmaria après avoir été le premier navire à franchir la nouvelle passerelle du Cap Horn et, pour le plaisir des yeux, sous ses illuminations de Noël, témoin de son intégration dans les animations festives de fin d’année de la Ville de Quimper. Cependant, il nous appartient de rester financièrement très vigilants, notamment en raisons des « surprises » mises à jour par les travaux de réparation du bateau et le dépassement de budget occasionné que nous nous nous attachons à solutionner au plus vite avec le concours momentané et fiable de notre banque partenaire. L’année 2008 s’annonce à priori sous de bons auspices, liés à la qualité des événements annoncés tels Brest et Douarnenez 2008, mais elle ne sera encore que meilleure si nous savons et avons tous la volonté de fédérer autour de ce bateau en y adhérant franchement et en faisant y adhérer nos amis. Il n’y a pas de contraintes mais surtout de sympathiques plaisirs à prendre… !!!! Pour dynamiser la venue de nouvelles relations et la réalisation de nouvelles adhésions, un nouveau site internet en cours de gestation sera à votre disposition dans les premières semaines de 2008. Nous vous y attendons…. !!!! A bientôt et Bonne Année à tous et à chacun. Jean-Jacques Le Guern Président

Gouelia, « Le cercle s’élargit »

L’époque héroïque de la reconstitution d’un patrimoine maritime à la fin du siècle dernier fait désormais partie de l’histoire maritime de la Bretagne. Depuis la construction des bateaux du patrimoine au début des années 90, une génération est passée. Le romantisme des jeunes années se voit peu à peu remplacé par l’émerveillement de voir ces bateaux se forger inexorablement leur propre légende.

L’engouement du public pour la navigation à l’ancienne assurait, bon an mal an, un remplissage satisfaisant des navires. Cela est un peu passé. Naviguer sur un « vieux gréement » est aujourd’hui un loisir parmi bien d’autres.

Les concurrents du Corentin, de Belle-Angèle ou du Dalh-Mad ne sont plus Notre-Dame de Rumengol, Belle-Etoile ou La Recouvrance mais aussi bien le Musée des Beaux-Arts de Quimper qu’Océanopolis. Les bateaux du patrimoine(1) du Finistère l’ont bien compris qui depuis trois ans partagent le même stand mis à leur disposition par Nautisme en Finistère au Salon nautique de Paris pour faire la promotion collective de la navigation sur les « vieux gréements ».

Mais alors que les moyens deviennent plus difficiles à réunir, les bateaux exigent des remises à niveau parfois importantes. Il en

résulte - et l’expérience le montre impitoyablement - que les propriétaires isolés ne peuvent plus faire face. Seule la mise en commun de moyens et la synergie d’énergies, de capacité de négociation et de coordination des moyens humains permettent dans l’état actuel des choses de faire face. C’est dans ce contexte que 2007 a vu le cercle de famille Gouelia s’élargir avec la venue du Popoff, puis du Belle-Etoile au sein de sa flottille. Ces deux magnifiques unités permettent d’élargir l’offre commerciale avec une capacité d’embarquement portée à 110 personnes et surtout la possibilité de multiplier les zones d’embarquement. Les charges fixes de Gouelia restant pratiquement inchangées et les charges variables étant par définition proportionnelles à l’activité.

Le nouvel ensemble devrait faire basculer du bon côté l’équilibre économique fragile qui faisait jusqu’ici alterner les bonnes et les mauvaises années. La présence de ces bateaux au sein de Gouelia l’année des grands rassemblements de Brest et de Douarnenez est de très bon augure.

Jean-Marc Sochard

(1) En novembre 2007, tous ces bateaux se sont vus décerner le label national BIP : « Bateau d’Intérêt Patrimonial ».

Contact Gouelia : Jean-Marc Sochard-2 bis, rue Haute - 29000 Quimper-Tel : 02 98 65 10 00E.mail : contact@gouelia.comSite Internet :www.gouelia.

Le Popoff, ici de conserve avec le Corentin à l’embouchure de l’Odet, fut construit par le chantier Vernazza de La Rochelle. Ce chalutier, alors appelé Sirocco, fut lancé en juin 1946 et travailla dans le Golfe de Gascogne. Désarmé à la pêche en 1975, il fut par la suite transformé en bateau de croisière gréé en ketch aurique par son propriétaire d’alors, Bob Escoffier, qui lui donna le nom de guerre de son père : « Popoff ». Il le revendit il y a quelques années à Éric Darras son actuel propriétaire.

Construit en 1938 au chantier Gourmelon de Camaret, Belle-Etoile, Dundee Langoustier de 18 mètres est un des voiliers de travail les plus aboutis. Aujourd’hui échoué tout au fond du port et classé mobilier historique, il a servi de modèle et donné son nom à sa réplique réalisée par le chantier C.M.C. de Camaret. Belle-Etoile est le témoin de la grande époque où l’on allait à la voile, pêcher la langouste sur les côtes du Maroc et de la Mauritanie. Il appartient à l’association « Belle-Etoile » de Camaret.

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La vie associative Sorties associatives : Le comité d’animation vous a proposé en 2007 : - une sortie à terre à Paimpol , le 2 juin : Une trentaine d’adhérents se sont donnés rendez-vous à la maison du Lougre pour un départ en car vers Paimpol. Au programme de la matinée :

- visite guidée du musée de la mer avec les commentaires avisés et facétieux d’Henri RANNOU,

- Découverte d’un petit musée des « us et costumes » de la région, - Ballade sur le port.

Après un déjeuner, menu de la mer, au restaurant « le Terre-neuvas », (bonne adresse), dix minutes de bus pour se rendre à l’Abbaye maritime de Beauport. En préalable à la visite de l’édifice, un circuit littoral (de la roselière à l’estran en passant par les vergers) nous a permis de découvrir un site magnifique, et facilité la digestion. Notre guide médiéval, nous a ensuite fait partager, sa passion pour l’ensemble abbatial, en traversant le parloir, les celliers, la cuisine, le cloître planté d’espèces méditerranéennes, l’église, le réfectoire avec sa vue sur l’anse de Beauport, etc…

Visite de l’abbaye de Beauport

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- Les sorties en mer sur Corentin : Trois sorties étaient prévues au programme, malheureusement la première, au départ de Lorient vers Groix, n’a pu être assurée pour des raisons techniques (les travaux sur Corentin n’était pas terminés). Aucun regret, la météo n’était pas de la partie. Le 8 juillet, le bateau affichait complet à Camaret pour une navigation vers le cimetière marin de Landévennec. Les nostalgiques ont pu s’approcher du Colbert, dernier pensionnaire du site. Le 2 septembre destination les Glénan pour une agréable journée sous le soleil. Nous souhaitons vous proposer de nouvelles destinations, tout en sachant que ces sorties sont gratuites et que nous devons nous insérer dans le programme des réservations de Gouélia. Merci à Agnès et Luc, qui participent, par leurs compétences et leur bonne humeur, à ce que ces sorties restent des moments privilégiés de la vie de notre association. Programme 2008: Le programme 2008 vous sera communiqué par courrier dès qu’il sera définitivement arrêté. Nous envisageons de renouveler les trois sorties gratuites en mer et une sortie à terre (du côté de Nantes ?). Expos photos à la Maison du Lougre: Michel Prigent expose actuellement une série de photos sur les travaux réalisés l’hiver dernier sur Corentin. Nous vous rappelons que les murs de la Maison du Lougre sont à votre disposition pour exposer vos œuvres (photos, peintures etc…). Nous restons ouverts à toute suggestion concernant la vie associative et notamment toute proposition de sortie à terre. Pour tout contact, s’adresser à la Maison du Lougre ou à Daniel Le Doudic tel: 02 98 94 57 76 courriel : danielledoudic@free.fr Le dimanche matin peut être un moment privilégié pour une rencontre entre adhérents à la maison du Lougre et découvrir les différentes activités de l’association.

le comité d’animation

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Le groupe des maquettistes Régulièrement nos passionnées se retrouvent à la maison du Lougre pour travailler à leurs maquettes, travail de passionnés qui débute généralement par des recherches de plans, de photographies anciennes avant de se lancer dans l’aventure de la construction elle-même. C’est un lieu d’échange, n’hésitez plus à vous lancer dans l’aventure !

Les maquettistes du Lougre de l’Odet à l’honneur au salon du Relecq Kerhuon A l’occasion de la 21 édition du salon de la maquette et de la figurine organisée au Relecq-Kerhuon, les maquettistes de l’association ont présenté leur diorama, reconstitution du port de Quimper dans les années 1930. Ils se sont vu décerner pour ce superbe travail de reconstitution historique le premier prix du concours. Le jury était exigeant et le concours de niveau international, cette victoire n’en a que plus de prix. Une belle occasion de faire connaître l’association, au-delà de nos frontières. La presse locale leur a également rendu hommage à cette occasion. Félicitations !

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Le groupe de chants de marins : LES LOUGRIERS

Pontrieux : Les Lougriers à Paimpol après la fête des lavoirs du 15 août

Le groupe de chant de marin a connu une activité soutenue sur 2007. Elle a débuté le 14 avril par l’animation de l’assemblée générale du CMB de Pleyben. Nous retrouvons les habitués qui apprécient notre groupe : fête des vieux métiers au manoir de Kerhoas (3ème participation), fête de la mer à Poulgoazec (2ème participation) assemblée générale des caisses locales du CMB (3ème participation) et des nouveaux qui semblent nous apprécier : fête de la mer à Camaret (demande renouvelée pour 2008), fête des Marcassins à Tréogat, etc. Les moments forts de cette année ont été la fête des pommiers à Fouesnant et la fête des lavoirs à Pontrieux où nous avons été reçus comme de véritables stars ! Notons également notre participation au téléthon à Ploneis. Ce sont en tout, quatorze sorties que notre groupe a effectuées, la dernière en date étant la fête de la passerelle du Cap Horn le 23 décembre dernier. Ce ne fut sans doute pas la meilleure, mais chanter en plein air, en décembre pendant deux heures, à effectif réduit, n’était pas tâche facile. Les Lougriers ont cependant rempli leur contrat ! Cette fête nous aura permis de chanter sur notre bateau. C’est d’ailleurs un souhait des Lougriers : chantier plus souvent sur le Corentin. L’année 2008 s’annonce déjà comme une année forte en événements : nous sommes retenus pour Brest 2008 sur deux jours, Douarnenez 2008 est en négociation et quatre sorties sont déjà programmées.

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A toute vapeur ! Châteaulin: Les boucles de l'Aulne.

Malgré quelques remous, l’ambiance sympa est maintenue dans le groupe. S’il est vrai que quelques éléments perturbateurs sont venus troubler la quiétude nécessaire au bon fonctionnement, les partants ont aussitôt été remplacées par de nouvelles recrues. Actuellement le groupe se compose comme suit : Accordéon diatonique : Jean Pochic Flute, compositeur de musique : Jean-Michel Guillemot Guitares : Catherine Fournier, François Martin, Ronan Breton Les vingt chanteurs et chanteuses sont menées par Jean Maillard (compositeur de paroles également) et Pascal Salaün qui s’occupe formidablement bien de la programmation et des relations publiques. Il ne nous reste qu’à souhaiter bon vent pour 2008 à notre groupe « Les Lougriers »

Tréogat : 2 lougriers fatigués par une saison de festivités bien chargée se soutiennent fraternellement

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Les travaux sur le bateau Travaux réalisés au cours de l’hiver 2006-2007 Après quinze ans d’existence et de navigation le Corentin méritait bien une cure de jeunesse. A la suite d’une opération de grutage le lougre de l’Odet est entré pour réparation aux chantiers aux chantiers Canévet de Saint-Guénolé le 8 novembre 2006. Voilà près de quinze années que le Corentin naviguait dans les eaux parfois difficiles de l’Atlantique. Grâce à l’appui indéfectible et aux subventions votées par la ville de Quimper, le Conseil général du Finistère et la Région Bretagne, le lougre de l’Odet va continuer de naviguer, vivant témoin de la richesse du patrimoine maritime breton.

Le Corentin aux chantiers Canevet Les travaux Réalisés I. Sur le bateau lui-même : - Signalons tout d’abord le remplacement des cuves à gasoil en acier par de nouvelles cuves en inox. Le changement des cuves a nécessité le démontage complet du toit du roof, du plancher, et des meubles de l’abri de navigation (table à cartes) mais aussi la sortie du moteur principal, du groupe électrogène, des tableaux électriques et une refonte du câblage. Ces travaux ont permis de réaliser une visite complète du moteur. Les anciens tableaux électriques en acier ont été

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remplacés par de nouveaux tableaux électriques en plastique. Le circuit électrique du navire a été également revu et simplifié (suppression des câbles inutiles).- Le chargeur des batteries a été remplacé. Une séparation des batteries de démarrage et des batteries bord a été réalisée afin de faciliter à l’avenir, l’accès autour du moteur. Le pont connaissant des problèmes d’étanchéités cette opération fut également l’occasion de le calfater et d’étanchéifier les prises. A la suite du démontage de la ligne d’arbre et au vu de son état critique, il a été décidé de remplacer cet élément essentiel à la propulsion du navire. La mise sur ses chantiers du bateau fut également l’occasion de réaliser un carénage complet, comprenant la mise à nu de la coque suivie immédiatement de travaux de peinture. Les peintures de la machines ont également été refaites. Après décapage de la peinture de la coque par le chantier Canevet toutes les peintures et les lasures des mats ont été réalisées par un petit nombre de bénévoles de l’association Qu’ils en soient ici chaleureusement remerciés. II. Sur le gréement du navire Le gréement du bout dehors du mat de misaine a été remplacé ainsi que les bastaques du grand mat par l’atelier EVT (Embarquement voile traditionnelle) de Douarnenez.

Récapitulatif des montants des différents travaux (par fournisseur) Chantier St Gué 39 261,95 . Forges nav 18 500.00 Forges nav ( supplém ) 9 837.67 Diougoan 28 751.76 Diougoan (suppl) 8 676.25 St Gué élec 20 000.00 St Gué élec (supp) 4 214.54 Voiles tradit 6 019.84

135 262.01 euros Subventions accordées Ville de Quimper 20 000. Département du Finistère 40 578.03 Région Bretagne 33 815.50 Totaux 94 393.53 euros Pour régler les 35 990,41 restants, l’association du Lougre de l’Odet a souscrit un prêt de 20 000 euros auprès de la CRCA et versé un apport associatif. Aussi penser à proposer à vos amis les produits de la boutique du Lougre ! A la suite de ces importants travaux le Corentin le navire a été remis à l’eau le 10 mai. Après une nouvelle saison réussie le navire a rejoint le 25 octobre 2007, son port d’attache près des allées de Locmaria. Le bateau sera donc disponible pour débuter la nouvelle saison et permettre d’embarquer pour les sorties associatives de 2008. Le carénage du bateau devrait normalement avoir lieu, probablement à Sainte Marine. Les volontaires sont les bienvenus.

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Quelques-uns uns des enfants ayant embarqué à bord du Corentin. (Cliché Philippe Ronsin) ◊ L’année 2007 a aussi vu Le Corentin participer, du 4 au 8 juin, à la Semaine du Patrimoine

maritime. 700 enfants des écoles de Quimper et du sud Finistère, accompagnés de leurs enseignants ont pu embarquer à bord d’un bateau du patrimoine maritime et découvrir la navigation à bord d’un navire traditionnel avec le soutien de nos partenaires fidèles : la Ville de Quimper- le Conseil Général du Finistère - le Crédit Agricole- l’Inspection académique du Finistère

La Direction Diocésaine de l’Enseignement Catholique

(Cliché Philippe Ronsin)

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Quimper : quelle histoire !

Les colères de l’Odet et du Steir à travers les siècles I. Le contexte quimpérois

L’Odet baignant librement les remparts de l’évêché vers 1850.

Le nom Kemper, en breton : le confluent, signale bien la spécificité d’une ville bercée

par trois cours d’eau, d’importance certes inégale, l’Odet, le Steir et le Frout.

Pendant longtemps ce mariage de l’homme et de la rivière se déroula sans réelle concurrence. La cité médiévale était protégée et bornée par de solides murailles qui ne craignaient guère l’assaut des marées. La rive gauche de l’Odet en amont du pont Sainte Catherine n’était pas urbanisée et la rivière trouvait dans ces prairies et vergers une zone d’expansion naturelle lors des crues hivernales. Le secteur de la Providence n’était pas non plus bâti et le lit du Steir était bien plus large qu’aujourd’hui à l’approche de la ville. Face à Locmaria les digues du hallage n’existaient pas encore et les hautes eaux pouvaient ainsi envahir tranquillement les prairies entourant le secteur du Moulin aux Couleurs. Néanmoins, de façon ponctuelle, l’eau du Steir venait baigner les maisons de la place Terre au Duc et l’Odet envahissait régulièrement les pièces basses de l’ancien hôpital Sainte-Catherine (actuelle préfecture). Avant la Révolution la Ville, en accomplissement d’un vœu solennel fait en période d’épidémie, entretenait annuellement une bougie de cire enroulée sur corde, longue de 1600 mètres dans la chapelle de Notre Dame du Guéodet qui devait y brûler à perpétuité. Une légende populaire affirmait que si jamais la bougie venait à s’éteindre la ville serait aussitôt inondée par la mer. La Révolution éteignit cette flamme et la ville ne disparue pas sous les

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flots. L’âge industriel changea les données du problème en offrant à l’Homme les outils lui permettant de bouleverser l’état naturel des lieux. A partir de 1858, le projet d’ouverture de la gare de chemin de fer amena à d’importants travaux de canalisation de l’Odet dont le lit naturel fut considérablement réduit rive droite. A l’urbanisation de la rive gauche à la fin du 19ème siècle il faudrait ajouter les travaux de comblements d’une partie du Steir, pour ouvrir le boulevard du moulin du duc au débouché du pont Médard. L’Odet pendant la Seconde guerre mondiale subit aussi un rétrécissement dans le secteur de l’hippodrome pour permettre à l’armée allemande et à l’organisation Todt de créer de nouvelles voies utiles à la construction du mur de l’Atlantique. Enfin, l’absence de travaux de curage régulier des rivières pendant tout le 19ème siècle et jusqu’aux années 1920 modifièrent peu à peu la situation en relevant les fonds des rivières. La cohabitation entre une ville fluviale en développement constant, dévoreuse d’espaces et un réseau hydrographique que l’on tendait à canaliser fortement n’attendait que des aléas météorologiques simplement exceptionnels mais encore amplifiée par le phénomène des marées et du vent, pour aboutir à des inondations sans commune mesure avec celles des temps anciens. Ces événements n’ont cependant jamais suspendu durablement la vie économique de Quimper, ni représenté un obstacle sérieux à l’installation de populations ou d’industries nouvelles. Si les crues historiques de 1990, 1995 et surtout celle de 2000 sont évidemment encore très présentes dans la mémoire collective, les archives de la ville de Quimper conservent le souvenir d’anciennes colères des rivières quimpéroises. La période la plus ancienne ne porte pas témoignage de crues importantes. Le fait ne doit pas nous surprendre. Les terres régulièrement inondées ne portaient pas ou si peu, d’habitants ni d’édifice publics. Les dégâts étaient donc l’exception et non la règle. Les crues de la rivière étaient certainement vues comme un simple phénomène naturel à une époque ou la guerre, la famine et la peste, qui avaient frappé la cité du roi Gradlon, représentaient quant à elles, les véritables malédictions de ces temps anciens.

Le moulin de l’évêque adossé au pont Sainte-Catherine représentait un obstacle sérieux sur la rivière. (coll. Archives municipales de Quimper)

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A partir du 17ème siècle on retrouve dans les archives les premiers témoignages des colères de la rivière.

- 1651. Le pont tournant de Locmaria doit être reconstruit à neuf car ruiné à la suite de fréquentes inondations. - 1664. En décembre, la ville connaît à nouveau d’importantes inondations qui emportent une partie des murailles de la ville peu entretenues depuis la fin des guerres de la Ligue. Le tablier du pont de Locmaria est lui aussi mis à mal. Les débris de pierre et les bancs de sable qui encombrent la rivière rendent alors la navigation maritime quasiment impossible jusqu’au port de Quimper. - 1765. Les ouragans de la 1ère semaine de janvier occasionnent de nombreux dégâts et causent l’enlèvement par inondation du radeau de la communauté attaché à la cale Saint-Jean (en fait un bac qui succède au pont de Locmaria finalement démoli après 1749) - 1769. En août, on signale dans les registres des délibérations de la communauté de ville une inondation des maisons bordant la rue du Frout. - 1788. La rivière est à nouveau encombrée de sable et de graviers. Une inondation détruit en janvier la chaussée du moulin de l’évêque (secteur de l’actuel pont Sainte Catherine). A partir du 19ème siècle l’administration municipale se développe et les sources plus nombreuses permettent de mieux connaître les crues. - Les inondations des 25-26-27 février 1838. Une nouvelle fois, l’Odet quitte son lit et envahit de ses eaux les maisons des riverains domiciliés sur les quai de Quimper. Les inondations occasionnent d’importants dégâts, notamment chez plusieurs des plus importants négociants, commerçants et banquier de Quimper. Parmi eux, nous relevons les noms de Darnajoux, Alavoine, Veisseyre et la banque de La Hubaudière.

- Les inondations de mars 1846. Durant le mois de mars, les eaux de l’Odet, freinées dans leur fuite vers la mer par l’obstacle du moulin de l’évêché déborde au niveau du pont Firmin sur les propriétés adjacentes.

- Les inondations de juin 1856 Ces inondations font à nouveaux de nombreux sinistrés parmi les classes pauvres. Par décision du Conseil municipal du 14 juin 1856, une partie des sommes initialement destinées au paiement des fêtes données à l’occasion du baptême du prince impérial est utilisée pour secourir les indigents sinistrés par les inondations.

- Les inondations du 6 décembre 1865. Pendant la nuit du 3 au 4 décembre 1865 le littoral sud du Finistère est frappé par une série d’inondations qui portent sur une grande partie du territoire la désolation et la ruine. Une marée forte et imprévue favorisée par une très grosse tempête submerge les quais et différentes rues de la ville causant des dégâts considérables aux marchandises et objets mobiliers de toutes natures. Les habitants des rues de Pont-l’Abbé, du quai et de la rue du

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quai, de Locmaria, de la place Terre au Duc, de la rue Saint Mathieu et du halage sont principalement sinistrés. Parmi les services administratifs les plus frappés figure le bureau de l’administration du Cadastre alors situé sur les quais. Une souscription exceptionnelle est par la suite réalisée pour collecter des fonds destinés aux victimes.

- Les inondations des 9 et 10 février 1883.

Lors de cette nouvelle inondation les quartiers de la Providence, de Pen Ar Steir, de la venelle du Moulin au Duc, de la route de Pont-l’Abbé, de la rue Froide à Locmaria sont principalement inondés. L’abattoir municipal bordant le Steir reste sous les eaux pendant huit jours. Les victimes les plus démunies reçoivent également à cette occasion des secours exceptionnels de la part des autorités locales.

- Les Inondations du 15 novembre 1892.

Dans la matinée du 15 novembre, à la suite d’une pluie torrentielle, le ruisseau de Créach Euzen qui longe la rue de Brest sort de son lit et inonde la rue et le rez-de-chaussée de plusieurs maisons. La hauteur d’eau sur la chaussée atteint 0,45m à 0,50 m entre le bureau du général de brigade et la ligne de chemin de fer. Le service hydraulique des Ponts et Chaussées préconise l à la suite de ce nouvel envahissement le curage du ruisseau depuis la venelle de l’Hospice jusqu’à la place de Brest.

- Les inondations du 3 janvier 1925.

A cette date, le quartier de la gare de Quimper et de l’impasse de l’Odet subit une première inondation importante.

- Les inondations du 29 janvier 1928. (cliché Villard)

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Le dimanche 29 janvier, au levé du jour, les trois rivières bordant la ville, L’Odet, le Steir et le Frout débordent et inondent la ville à la suite de mois de pluies et en particulier de trois derniers jours de pluies continuelles. La rue de Brest est la première à être inondée. L’eau monte avec une rapidité incroyable et atteint pour la première fois un niveau de plus de 50 cm au dessus de la chaussée. Le même jour, dans la matinée, le Steir sort de son lit depuis

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la veille en amont de Quimper envahissait le quartier de la Providence. L’après-midi, à trois heures et demie, l’alarme est cette fois donnée dans le quartier de la gare. Trois quarts d’heure plus tard la circulation est devenue impossible. Ce fut, de mémoire de Quimpérois, la première fois que l’inondation gagnait la ville par les trois côtés à la fois et que les trois rivières déversaient dans les rues une pareille quantité d’eau. On rechercha les origines de ce débordement exceptionnel. Les principales causes à être identifiées furent le déboisement des bassins alimentant la rivière, particulièrement importants du côté de l’Odet supérieur et la construction dans les faubourgs de la ville de nombreux édifices dont les toitures, les cours et les chemins d’accès déversaient brusquement des quantités importantes d’eau de ruissellement qui auparavant s’infiltraient lentement dans les sols. Pour tenter de limiter dans l’avenir le retour de pareilles catastrophes l’administration municipale sollicita l’administration des Ponts et Chaussées dont les rivières étaient alors un champ de compétence réservé et exclusif, afin de démolir le barrage du moulin Merret accusé de relever de façon importante le fonds du lit de la rivière et qui apparaissait clairement comme un obstacle à l’écoulement rapide de l’eau. Le curage du Frout fut également demandé. Le curage du Steir et de l’Odet jusqu’au pont du théâtre sera réalisé à la suite de cette importante catastrophe.

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(Cliché Villard, coll. Archives municipales de Quimper)

- Les inondations du 27 février 1935.

Le soir du 27 février, le Steir sort à nouveau de son lit et de nouvelles inondations frappent le quartier de la Providence. Le territoire de la commune de Kerfeunteun est lui aussi en partie sinistré par les inondations. Le débat sur l’utilité de la destruction du barrage Merret est relancé mais oppose à nouveau l’administration municipale qui y est favorable à l’ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées qui émet alors un avis contraire à celui de l’architecte de la ville.

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- Les inondations du 6 avril 1939

Le 6 avril 1939, les immeubles bordant la route de Brest sont à nouveau frappés par un débordement des eaux. Par arrêté préfectoral du 28 juillet 1939, le préfet Angéli prescrit un curage du ruisseau de Créach-Euzen à l’origine de cette nouvelle inondation heureusement plus circonscrite.

- Les inondations de février 1957

Plusieurs rues du centre ville subissent les débordements de l’Odet, notamment la rue Saint François, la rue René Madec et le secteur des halles.

La rue René Madec sous les eaux en 1957 (coll. Archives municipales)

- Les inondations des 11 et 15 février 1974.

Après plusieurs semaines de tempêtes les villes de Morlaix, Quimperlé et de Châteaulin, et Quimper sont tour à tour noyées sous les eaux. Quimper subit coup sur coup deux très fortes inondations. La première vague frappe des quartiers importants de la zone industrielle de l’hippodrome implantée d’usines et la zone du Moulin Vert. Une hauteur d’eau de plus de 50 cm recouvre ces quartiers. La seconde inondation, celle du vendredi 15, nettement plus importante, transforme les quartiers de l’hippodrome, du Moulin Vert et les rues du centre de Quimper en un torrent d’eau qui dévaste usines, commerces et maisons particulières. La hauteur d’eau atteint deux mètres dans certaines constructions. Le triste bilan à l’issue de ces deux journées est de 200 hectares noyés, 900 maisons plus ou moins dégradées, de nombreuses usines de l’hippodrome dévastées, des dégâts importants à la centrale EDF, aux PTT, la voirie urbaine dégradée et le téléphone et les lignes électriques coupés. La cité d’hébergement de la CITRAC, proche de la cité industrielle due être évacuée dans l’urgence. Le montant des dégâts chez les industriels et les commerçants était estimé à plus de 12 millions de francs de l’époque. Dans la mémoire

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collective des Quimpérois, la ville n’avait pas connu de telles inondations depuis 1924. A la suite de cette catastrophe, la préfecture mettait sur place un premier système d’alertes aux crues. Grâce à la forte mobilisation du corps des sapeurs pompiers de Quimper, aucune victime humaine n’était cette fois encore à déplorer.

Le pont Firmin sous les eaux, en 1974. (coll. Archives municipales de Quimper) Depuis ces temps déjà anciens, les eaux ont débordé à trois reprises à Quimper : Les 15 février 1990, 22 janvier 1995 et 12 décembre 2000. Les dégâts furent comme en 1974 considérables. De très importants travaux pour lutter contre ce phénomène ont été engagés par la municipalité depuis la dernière crue de 2000. Sources utilisées : fonds des archives de la ville de Quimper, TDR pour les illustrations.

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Un conseil d’administration à votre

service Les élections organisées lors de la dernière assemblée générale du 14 septembre 2007 ont partiellement renouvelé les membres du Conseil d’Administration de l’association.

Noms Fonction élective Jean-Jacques Le Guern Président

Sylviane Benoit Administrateur Alexis Berrou Administrateur Pierre Billant Trésorier Philippe Caro Administrateur Pierre Carriou Administrateur Roland Clodoré Administrateur Bernard Daniel Secrétaire adjoint Pierre Donnars Administrateur

Peter Dörig Administrateur Gilbert Dornic Secrétaire

Eric Dorval Administrateur Bernard Duloutre Administrateur

Chantal Ebrel Administrateur Catherine Fournier Administrateur Jean-Jacques Grall Administrateur Philippe Guillopé Administrateur Annick Jaouen Administrateur Henry Kerisit Administrateur

Daniel Le Doudic Administrateur Bruno Le Gall Administrateur

Jean-Noël Le Roux Administrateur Francis Noël Administrateur

Michel Prigent Administrateur Philippe Ronsin Administrateur Pascal Salaün Vice-président Daniel Sarthou Administrateur Michel Semence Administrateur André Sénéchal Trésorier adjoint

Ce bulletin est le vôtre. Vous avez un projet, une idée d’article ? une réaction au contenu des bulletins ? n’hésitez pas à nous les faire connaître !

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Un nouveau site internet à visiter !

A compter du 31 janvier 2008, l’Association du Lougre de l’Odet

disposera d’un nouveau site internet

Le site a été totalement reconstruit. Il sera très régulièrement tenu à jour afin que nos adhérents puissent y trouver un maximum d’informations en

temps réel.

L’adresse : www.lougredelodet.com

APPEL A COTISATION ! Adhérez, faites adhérer vos amis !

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Association » Le lougre de l’Odet » 42, allée de Locmaria 29000 Quimper

tel : 02.98.53.20.00.