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Brèves réflexions

Sur quelques Règles de l'histoire

Mabillon

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Mabillon

Brèves réflexionssur quelques Règles de l'histoire

Préface et notes de

Blandine Barret-Kriegel

P.O.L

8, villa d'Alésia, Paris 14e

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© Bibliothèque Nationale, ms. fr. 17696© P.O.L Éditeur, 1990ISBN 2-86744-169-2

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Jean Mabillon et la science de l'histoire

Blandine Barret-Kriegel

Pour Elisabeth, en sa longue patience.

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I. Mabillon en son temps

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Depuis longtemps l'encre a séché qui demeurerouillée, lueur d'une bougie mouchée sur un velin gris.Toute pièce d'archive a son armure de sentimentspressés et de larmes laquées qui, davantage que lechaos de sa calligraphie singulière ou les mystères dela paléographie, la conserve emmurée et indéchiffrable.Et pourtant, comme au printemps, les branches noiresde l'aubépine, il y a des pages qui refleurissent et, sousla bandelette de leurs signes enroulés, sous les brindil-les de leur chiffre séché, on voit la pensée, comme unevégétation, reprendre vie. Le texte que nous présen-tons ici, Brièves Réflections sur quelques règles del'histoire, du bénédictin Jean Mabillon, ne fait pasexception. Voici l'œuvre improbable et souverained'un jeune historien, un écrit tricentenaire qui n'a pasd'âge et qui, tel un fulgurant météore, atterrit à nospieds. Cadenassé et éblouissant, verni de précautionset dévoré de courage, voici l'écrit de circonstance dufondateur de l'histoire savante.

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Les Brièves Réflections. se trouvent dans lesPapiers Mabillon conservés dans les Manuscrits fran-çais de la Bibliothèque nationale (ancien fonds Saint-Germain) au n° 17696. Le texte commence au fo-

lio 294. Il n'a jamais été publié. Il s'agit d'une défense,d'un plaidoyer, de l'« ébauchement », comme il estinscrit en marge du texte, de l'une des nombreusesrépliques que Mabillon fut amené à rédiger pourrépondre aux attaques dont il était l'objet depuis lapublication, en 1668, du premier tome des ActaSanctorum O.S.B.1. Le bénédictin était en pleinequerelle et les Brièves Réflections. sont un plaidoyer.Leur intérêt est que, parti d'une question particulière,l'histoire de l'ordre bénédictin et la défense personnellede l'activité érudite, Mabillon va s'élever jusqu'à lahauteur d'une défense et apologie de la science histori-que.

Où, quand, quoi, qui, sur quel objet, avec quelsprotagonistes, avec quels procureurs, quels avocats,quels juges, c'est ce qu'il s'agit d'abord d'éclaircir.

OÙ?Î

« Tout est affaire de décor. » La pièce se donne,le procès sera jugé dans la Congrégation de Saint-Maur, le haut lieu des études bénédictines et desrecherches érudites à l'âge classique. La réforme deSaint-Maur, voulue par Dom Laurent Benard, effec-tuée par Dom Grégoire Tarrisse avec l'appui deRichelieu date du premier XVIIe siècle. Fondée en 1618,la Réforme se mit en place lentement avec une série delettres circulaires publiées en 1647 et en 1648quiorganisèrent l'essor des études, dans les domaines de

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l'Ecriture sainte, de la patrologie, de la théologiedogmatique, de la morale et du droit canonique, del'histoire ecclésiastique liturgique et de la vie des saints.Il fallut une première génération de moines pouraccumuler, par les voyages et les copies, la collecte desdocuments nécessaires aux grands travaux d'érudition,dont la locution, « un travail de bénédictin », devenueproverbiale, désigne une œuvre colossale et minu-tieuse. L'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, à Paris,était la métropole des études bénédictines. JeanMabillon, jeune moine champenois, entré dans laCongrégation depuis 1654, venait de passer une annéeà l'abbaye de Saint-Denis où on l'avait employé àmontrer le trésor et les tombeaux des Rois de France,

à faire des instructions et des catéchismes, mais aussi

déjà à revoir les ouvrages de saint Bernard sur lesmanuscrits pour rendre service à Dom Claude Chante-lou qui, à Saint-Germain-des-Prés, avait entrepris unenouvelle édition des Pères de l'Eglise. Dom Lucd'Achery, le bibliothécaire de Saint-Germain-des-Prés,engagé dans la publication de son grand recueil deSpicilèges, mais en proie à des problèmes de santé,demanda, à son tour, une aide pour rédiger la publica-tion des Actes de l'Ordre de saint Benoît et l'on fit venir

Mabillon dans le saint des saints, dans le cœur duchœur des études bénédictines.

Quand ?

Dans quel contexte, avec quelle escalade ? C'esten 1664 que Mabillon arriva à l'abbaye parisienne. Ilavait 32 ans. Trois ans plus tard, en 1667, il publiaitles Œuvres de saint Bernard (2 vol. in-fol.) qui établi-

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rent sa notoriété et suscitèrent peut-être déjà desrancœurs. « Il fit paroître. tant d'exactitude, depénétration, de jugement et d'érudition dans cet ou-vrage que les connoisseurs jugèrent facilement qu'iltiendroit un rang considérable parmi les savants de sonsiècle3 », écrit Dom Tassin, l'historien attitré de laCongrégation au xvmr siècle. La même année, unprospectus signé de Dom Luc d'Achéry et de JeanMabillon annonçait la publication des Acta SanctorumO.S.B. 4, dont le premier tome paraissait l'année sui-vante. C'est à cette date que commence la longuepolémique qu'engagèrent, contre le travail de Mabillon,les Pères Bastide et Mège, des mauristes comme lui.Elle va durer dix ans, alimentée par la publicationrégulière de chacun des tomes des Acta Sanctorumjusqu'à la réunion et les décisions du Chapitre généralde saint Benoît en 1678. Devant le Chapitre général, lesadversaires de l'érudit iront jusqu'à demander qu'il luisoit interdit de continuer ses études.

La décennie 1668-1678 qui voit s'embraser ladispute des bénédictins s'inscrit dans cette partie dusiècle que les chronologistes appellent « l'ordre classi-que »et que, du point de vue de la production dulivre, on a désigné comme « l'époque de la réactionroyale 6 ». Dans cette période de transition et d'in-flexion, dans ce point d'aboutissement et de recom-mencement, le changement s'insinue sans se faire voir.1668-1678, ou la fin de la première partie du règne deLouis XIV. La guerre de Hollande a commencé et, avecelle, la politique d'expansion du monarque que le traitéd'Aix-la-Chapelle (1668) a laissé déçu de sa conquêtedes Pays-Bas espagnols et dont l'annexion de la Fran-che-Comté n'a pas apaisé l'avidité. Le rythme del'année 1677 est scandé par les prises de Saint-Omer,

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Cambrai et Valenciennes, accomplies par les arméesfrançaises, et l'année 1678 se conclut par la victorieusepaix de Nimègue. Huit ans auparavant, en 1679,Spinoza a publié anonymement Le Traité théologico-politique dont l'influence va irradier lentement maisirrémédiablement et mettre en péril l'érudition reli-gieuse. Mais, au moment même où elle bascule, glissantinsensiblement vers l'époque plus tourmentée desannées 1680, qui ouvriront la « crise de la conscienceeuropéenne », la décennie est aussi le temps de lamagnifique et prodigue floraison des études érudites,religieuses et laïques. Les treize volumes des Spicile-gium de Luc d'Achéry vont voir le jouret la publica-tion du Saint Bernard de Mabillon est accompagnéed'une intense activité de ses confrères dans le domaine

de la patrologie 8. Etienne Baluze publie de son côté lesCapitularia regum Francorum9tandis que la grandeœuvre de Du Cange, le Glossarium ad scriptores infi-mae et mediae latinitatis 10, est éditée en 1678. En 1677,

Jean-Baptiste Cotelier a commencé les Ecclesiae grae-cae monumenta l' et le Père Le Cointe, oratorien,termine en 1679 les huit volumes in-folio de ses Anna-

les Ecclesiastici francorumn. A cette date la parutiondes Acta Sanctorum est le produit retardé mais avérédu programme structurel de la congrégation mauristetel qu'il a été conçu pendant la première moitié duXVIIe siècle, mais elle obéit aussi à des raisons plusconjoncturelles. Dans la seconde moitié du siècle, le

retour à l'Eglise des origines, à l'étude des docteurs,des pères, des conciles, la recherche de l'ancienne foichrétienne procèdent d'une démarche commune àl'ensemble des controversistes religieux, qu'ils soientcatholiques ou protestants, en raison des menaces quefait peser, chez les uns, l'exégèse critique, chez lesautres, le rosicrucianisme De là, un mouvement

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d'étude qui, à la recherche de l'Eglise invisible ouvisible, se développe chez les Anglais avec Jewel,Usher 14, chez les calvinistes français Aubertin et Blon-del 15 avant même qu'il n'intéresse les catholiquesfrançais. Comme l'a pertinemment observé A. Rebel-liau « Si l'on recueille alors avec plus de curiosité etd'exactitude que jamais les délibérations et les décretsdes conciles, les lettres et les bulles de papes, les écritsdes Pères, les rituels et missels primitifs, les raresmanuscrits des anciennes hérésies, c'est que l'Antiquitéest devenue une raison pour la croyance et que la foides chrétiens de ce temps a besoin de se sentir soute-nue par la foi des aïeux. » Et d'ajouter que parmid'autres savants, Luc d'Achéry et Mabillon « furent lesauxiliaires, les pourvoyeurs des théologiens mili-tants 16 ».

C'est donc au moment culminant où s'épanouitl'érudition religieuse qu'intervient la querelle entreMabillon et ses contradicteurs.

Les divers écrits auxquels elle a donné lieu, et quipermettent de recomposer en partie sa chronologie, setrouvent au Cabinet des manuscrits de la Bibliothèquenationale et aux Archives nationales, respectivementdans les Papiers Mabillon du fol. n° 17696 et essentiel-lement dans le carton L 810. La dispute a déjà faitl'objet de l'attention de Léopold Delisle" et de DomPaul Denis 18 qui, chacun, ont publié un texte de cedébat. Léopold Delisle a édité la requête du Père Mègeadressée au Chapitre général de la Congrégation en1678 19 Dom Paul Denis a publié l'une des principalesrépliques de Mabillon, Mémoire pour justifier le pro-cédé que j'ay tenu dans l'édition des vies de nossaints20'21. A partir des sources dont nous disposons 22,

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on peut essayer de suivre les différentes étapes de cettedispute.

A peine le premier tome des Actes de la vie dessaints avait-il été publié que Dom Philippe Bastide, unconfrère de Mabillon, se mit en guerre contre l'ou-vrage. Le Champenois crut d'abord à un malentenduet, afin de le dissiper, il lui écrivit, le 26 décembre1668 une lettre fort bienveillante. Celle-ci ne décou-ragea nullement son contradicteur. En 1677, à l'occa-sion du volume consacré aux Actes du IV' siècle

bénédictin 24les hostilités redoublèrent. A la fin desActes du III'siècle parus en 1672, Mabillon, toujourspar courtoisie, avait imprimé la dissertation de DomPhilippe Bastide, De Antiqua Ordinis Sancti Benedictiintra gallias propagatione dissertatio, avec un monitumlectori des plus aimables Cela n'empêcha pas le PèreBastide de continuer à se déchaîner. Cette fois, passa-blement irrité, Mabillon répliqua « II ne reste plusqu'à répondre aux plaintes que le R.P. fait d'avoirpublié sa pièce à la fin de notre quatrième volumecomme dans un lieu indécent. Je ne m'attendais pas àcette civilité et à ses remerciements, après avoir pris lapeine de corriger et d'imprimer la dissertation du R.P.et obtenu la permission des supérieurs, car il n'[est]pas vray que l'on m'ait obligé de l'imprimer. maisenfin puisqu'il se plaint de ma conduite, de cela il yaura moyen de le contenter à l'avenir et je déclare queje ne tomberai plus dans une semblable faute.26 ».

Dom Philippe Bastide et Dom Joseph Mègerivalisèrent pour écrire une suite impressionnante deMémoires destinés à critiquer les publications deMabillon. Si certains se voulaient brefs comme la Dis-

sertation de l'Institut qu'ont pratiqué la plupart des

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moines d'Occident (30 pages)22, ou la Lettre de DomMègeà Dom Bastide (27 pages) u, d'autres étaient plusdiserts et constituaient, à eux seuls, de véritables livresainsi La Preste Défense de l'Ordre de saint Benoît contreles attentats du Père Mabillon22 ne représentait pasmoins de 200 folios rédigés par Dom Joseph Mège,tandis que Dom Philippe Bastide consacrait 191 pagesà l'édition critique de La Vie et les miracles de saintGrégoire le Grand11. En réponse à ses contradicteurs,Mabillon échelonnait à son tour des textes de défense

et notamment Mémoires pour justifier le procédé quej'ay tenu dans l'édition des vies de nos saints Réponsesaux remarques que le R.P. Bastide a faites sur la préfacedu IVe siècle bénédictin. Quant aux Brièves Réflec-tions. elles doivent probablement prendre place« entre 1673 et 1677 », estime Henri Leclerq Noussuggérons de resserrer cette fourchette à la seule année1677. Le dépouillement des archives du carton L 810fait apparaître en effet que, lors de cette année oùMabillon fut dénoncé au Chapitre général par sesconfrères, le supérieur général Dom Vincent Marsollecommuniqua à l'érudit les pièces où il était incriminéafin qu'il préparât sa défense. Mabillon rédigea alorsun Abrégé de la réponse au Père Bastide 28, les Mémoi-res pour justifier le procédé que j'ay tenu dans l'éditiondes vie de nos saints 29. Dom Joseph Mège présenta dere-chef aux définiteurs du Chapitre général, dont laréunion était prévue en juin 1678 au monastère de Saint-

Benoît-sur-Loire, une dénonciation en règle d'un tonexcessivement violent. Les supérieurs en communi-quèrent le texte à Mabillon en l'incitant à y répondreet, en l'espace de quelques mois, celui-ci composala Réponse aux remarques que le R.P. Bastide

Organisateurs désignés du Chapitre général.

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