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Les nouveaux pirates des Caraïbes L es yeux fixés sur le butin, les investisseurs étrangers en Haïti vivent des moments grisants : les affaires prospèrent et sont on ne peut plus prometteuses. Au lendemain du séisme, exploitation minière, Zones Franches, ateliers de sous-traitance et monoculture ont été promus comme la solution miracle pour dynamiser une économie chancelante. En 2014, Haïti a ainsi reçu plus de 250 millions de dollars d’investissements directs étrangers – soit plus de soi- xante fois plus qu’il y a quinze ans. Les chantres de l’investissement du secteur privé se targuent d’apporter ainsi au pays ce dont il a le plus be- soin : de l’argent. La Fondation Clinton mène la danse : dans les dernières années, elle a facilité la visite de plus de 100 investisseurs ou donateurs potentiels. En 2011, afin de répondre à l’intérêt croissant que suscitait l’économie du pays, le gouvernement haïtien a lancé le Conseil Consultatif Présidentiel pour le Développement Economique et l’Investissement. Le co-président ? Bill Clinton, bien sûr ! S’inspirant de modèles de développement similaires dans la ré- gion, les autorités haïtiennes ont misé sur le tourisme pour sortir Haïti de la stagnation économique. Pour la première fois, elles soutiennent sans retenue les initiatives touris- tiques caribéennes, s’empressant de souligner combien celles-ci peuvent stimuler croissance et prospérité. La priorité majeure des investisseurs étrangers, du gouvernement et de la Fondation Clinton est le tourisme (nord-américain, européen et est-asi- atique) haut de gamme. En ce sens, la proximité entre Haïti et les Etats- Unis est un précieux atout. Pour citer un tour-opérateur américain : « Haïti, c’est comme les Seychelles, mais sans le décalage horaire. » La perle des Antilles Dans les années 50, Haïti était une destination des plus prisées parmi les jet-setteurs de l’époque. Et si pen- dant les années sombres de la dic- tature de François Duvalier, le tourisme a quasiment disparu, il a connu une fugace mais fulgurante résurgence dans les années 70, sous Jean-Claude Duvalier, au point même de devenir, à un moment donné, la deuxième plus grande source de revenus. Haïti attirait des foules en quête du cocktail mer- soleil-sexe, foules qui étaient sage- ment parquées dans des stations balnéaires, loin de la monstrueuse réalité de la dictature de Baby Doc. Dans les années 80, en revanche, certains groupes gouvernementaux et groupes de santé américains ont irrémédiablement terni la réputation d’Haïti en l’accusant d’avoir propagé le virus du SIDA. Les touristes potentiels, effrayés, sont allés chercher le paradis sur d’autres îles des Caraïbes. Et quand des recherches ultérieures ont prouvé que c’était en fait des touristes américains qui avaient introduit le virus en Haïti, et non l’inverse, il était trop tard : l’industrie touristique haïtienne ne s’en est jamais remise. Elément clé du « plan meriken » (le Plan Américain), projet phare qui a utilisé Haïti comme terrain d’essai pour la politique économique néo-libérale américaine dans les an- nées 80, le tourisme est depuis resté la solution « évidente » pour relancer l’économie. Comme le libre échange, la privatisation et la dérégulation des marchés, le modèle de tourisme suggéré pour Haïti est contrôlé par des intérêts de marchés plus larges. Par le passé, peu de Haïtiens ont vu la couleur de l’argent dépensé par les touristes dans le pays, et les profits générés par l’augmentation actuelle des investissements privés risquent de ne pas profiter à beau- coup plus d’entre eux. Ce renouveau d’intérêt suscite néanmoins un for- midable enthousiasme : le tourisme haïtien serait-il en pleine reprise ? Le Président Martelly a toujours exprimé énergiquement son ambition d’attirer les gens (comprenez « de l’argent ») en Haïti. Actuellement, la plupart des visiteurs restent peu longtemps et sont hébergés par leurs familles, « travaillent » comme touristes humanitaires ou sont des routards aventureux. Malgré la dévastation écologique, Haïti est un pays magnifique, doté d’un riche patrimoine culturel. L’écrasante majorité de ces visiteurs BRIEFING Le tourisme en Haïti www.haitisupportgroup.org numéro 79 juin 2015 suite page 2 Photo : amchamhaiti.com Chers touristes, on vous attend ! Martelly, Lamothe, Villedrouin et leurs acolytes inaugurent leur nouveau terminal à l’aéroport Toussaint Louverture en 2012.

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Page 1: BRIEFING - haitisupportgroup.org · Les nouveaux pirates des Caraïbes L es yeux fixés sur le butin, les investisseurs étrangers en Haïti vivent des moments grisants : les affaires

Les nouveaux pirates des CaraïbesLes yeux fixés sur le butin, les

investisseurs étrangers enHaïti vivent des moments

grisants : les affaires prospèrent etsont on ne peut plus prometteuses.Au lendemain du séisme, exploitationminière, Zones Franches, ateliersde sous-traitance et monocultureont été promus comme la solutionmiracle pour dynamiser uneéconomie chancelante. En 2014,Haïti a ainsi reçu plus de 250millions de dollars d’investissementsdirects étrangers – soit plus de soi -xante fois plus qu’il y a quinze ans.

Les chantres de l’investissementdu secteur privé se targuent d’apporterainsi au pays ce dont il a le plus be-soin : de l’argent. La FondationClinton mène la danse : dans lesdernières années, elle a facilité lavisite de plus de 100 investisseursou donateurs potentiels. En 2011,afin de répondre à l’intérêt croissantque suscitait l’économie du pays, legouvernement haïtien a lancé leConseil Consultatif Présidentiel pourle Développement Economique etl’Investissement. Le co-président ?Bill Clinton, bien sûr !

S’inspirant de modèles dedéveloppement similaires dans la ré-gion, les autorités haïtiennes ontmisé sur le tourisme pour sortirHaïti de la stagnation économique.Pour la première fois, elles soutiennentsans retenue les initiatives touris-tiques caribéennes, s’empressant desouligner combien celles-ci peuventstimuler croissance et prospérité.

La priorité majeure des investisseursétrangers, du gouvernement et de laFondation Clinton est le tourisme(nord-américain, européen et est-asi-atique) haut de gamme. En ce sens,la proximité entre Haïti et les Etats-Unis est un précieux atout. Pourciter un tour-opérateur américain :« Haïti, c’est comme les Seychelles,mais sans le décalage horaire. »

La perle des AntillesDans les années 50, Haïti était unedestination des plus prisées parmi lesjet-setteurs de l’époque. Et si pen-dant les années sombres de la dic-tature de François Duvalier, letourisme a quasiment disparu, il aconnu une fugace mais fulguranterésurgence dans les années 70, sous

Jean-Claude Duvalier, au pointmême de devenir, à un momentdonné, la deuxième plus grandesource de revenus. Haïti attirait desfoules en quête du cocktail mer-soleil-sexe, foules qui étaient sage-ment parquées dans des stations balnéaires, loin de la monstrueuseréalité de la dictature de Baby Doc.

Dans les années 80, en revanche,certains groupes gouvernementauxet groupes de santé américains ontirrémédiablement terni la réputationd’Haïti en l’accusant d’avoir propagéle virus du SIDA. Les touristes potentiels, effrayés, sont allés chercherle paradis sur d’autres îles desCaraïbes. Et quand des recherchesultérieures ont prouvé que c’étaiten fait des touristes américains quiavaient introduit le virus en Haïti,et non l’inverse, il était trop tard :l’industrie touristique haïtienne nes’en est jamais remise.

Elément clé du « plan meriken »(le Plan Américain), projet pharequi a utilisé Haïti comme terraind’essai pour la politique économiquenéo-libérale américaine dans les an-nées 80, le tourisme est depuis resté

la solution « évidente » pour relancerl’économie. Comme le libre échange,la privatisation et la dérégulationdes marchés, le modèle de tourismesuggéré pour Haïti est contrôlé pardes intérêts de marchés plus larges.

Par le passé, peu de Haïtiens ontvu la couleur de l’argent dépensépar les touristes dans le pays, et lesprofits générés par l’augmentationactuelle des investissements privésrisquent de ne pas profiter à beau-coup plus d’entre eux. Ce renouveaud’intérêt suscite néanmoins un for-midable enthousiasme : le tourismehaïtien serait-il en pleine reprise ?

Le Président Martelly a toujoursexprimé énergiquement son ambitiond’attirer les gens (comprenez « del’argent ») en Haïti. Actuellement,la plupart des visiteurs restent peulongtemps et sont hébergés par leursfamilles, « travaillent » commetouristes humanitaires ou sont desroutards aventureux. Malgré la dévastation écologique, Haïti estun pays magnifique, doté d’un richepatrimoine culturel.

L’écrasante majorité de ces visiteurs

BRIEFING

Le tourisme en Haïti

www.haitisupportgroup.orgnuméro 79 ● juin 2015

suite page 2 ➤

Photo : amcham

haiti.com

Chers touristes, on vous attend ! Martelly, Lamothe, Villedrouin et leurs acolytes inaugurent leur nouveau terminal à l’aéroport Toussaint Louverture en 2012.

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ne ressemble toutefois en rien auxtouristes aisés et assoiffés de luxe,que le gouvernement convoite.

Le tourisme haut de gamme n’enreste pas moins une priorité pour legouvernement, et, pour ceux quiont de l’argent à dépenser, les tempssont indéniablement en train dechanger. Des investissements deplusieurs millions de dollars assurentmaintenant un confort grandissantau visiteur étranger : on a construitou rénové des aéroports, goudronnéles routes susceptibles d’être empruntées par les étrangers, et onest en train de bâtir des hébergementsconformes aux « normes interna-tionales » des employés des ONG,des voyageurs d’affaires ou des investisseurs potentiels.

La crise menace, les soldesbancaires explosent Dans les jours et mois qui ont suivi leséisme, alors que des milliers d’Haï-tiens étaient encore dans des campsde fortune, l’administrationMartelly s’est empressée de recons -truire en priorité les hôtels éboulés.

La moitié des chambres d’hôtel ontété détruites en 2010. Dans les annéessuivantes, les fonds étrangers ontservi à les reconstruire et on a trouvéde l’espace pour de nouveauxdéveloppements.

Le séisme a ainsi permis aux com-pagnies étrangères de capitaliser surle malheur d’Haïti. La « reconstruc-tion » a promu les intérêts néo-libéraux sous couvert d’aide huma -nitaire, n’a tenu aucun compte desinquiétudes soulevées par les orga -nisations populaires, et a servi à promouvoir des « opportunités »pour les investisseurs potentiels.

Celles-ci sont d’ailleurs maintenantvisibles à Port-au-Prince. Fin 2012,financé par un investissement de 2 millions de dollars du Fonds Clin-ton Bush (qui a aussi payé 275 000 dollars à la FondationOasis pour financer la formationhôtelière du personnel haïtien), l’hôtel Royal Oasis a ouvert sesportes ; en 2013, on a inauguré unBest Western et un hôtel NH ElRancho à Pétionville.

En février cette année, l’inaugurationen grande pompe d’un hôtel Marriott

de luxe de 175 chambres à Turgeaua été saluée comme une étape crucialedans la reconstruction post-séismeet le plan « reconstruire en mieux ».Aux côtés des chefs d’entreprise,Sean Penn, Martelly et Bill Clintonétaient aussi de la fête.

Ce projet de 45 millions de dollarsrésulte d’un accord entre MarriottInternational et Digicel, le plus grandemployeur d’Haïti. A noter que lesClinton ont amplement facilité lesnégociations. Outre la création deplus de 200 emplois, le projet estcensé promouvoir les petits com-merces haïtiens, qui fourniront bienset services.

Pour les officiels gouvernementauxzélés, tout disposés à brader leurpays aux plus offrants, l’hôtel sym-bolise le progrès. La plupart desHaïtiens habitent un tout autremonde, cependant. Le Marriott n’estpas à la portée de tous : les chambresvont de 178 à 409 dollars la nuit.Un Haïtien moyen serait obligé,pour pouvoir s’offrir une nuit, detrimer pendant 143 jours…

Les Haïtiens se battent pour avoirde l’eau potable et un meilleur as-

sainissement. L’électricité est limitée.L’épidémie de choléra sévit toujours.Le coût de la vie n’a jamais été siélevé. Les loyers augmentent sanscesse. Les emplois sont rares et lessalaires permettent à peine de manger.

Pendant ce temps, l’administrationMartelly, qui dirige par décret depuisjanvier 2015, devient de plus enplus impénétrable et mandarinale.Depuis la dissolution du parlementcette année, la situation politiqueen Haïti est désespérée, et ne feraqu’empirer avec l’arrivée des élections.

Denis O’Brien, président et fon-dateur de Digicel, reste toutefoisd’un optimisme inébranlable : « EnEurope, actuellement, il y a de l’instabilité en Grèce…il y a eu desmanifestations ici dans les deuxdernières semaines, mais ça ne vapas décourager les gens de venir enHaïti parce qu’ils savent que c’estjuste des manifestations contre legouvernement. »

Ainsi, malgré les fréquentes mani-festations, le mécontentement généralà l’égard de Martelly et l’incertitudegénéralisée face au futur, pour les

➤suite de la page 1

Plages de sable blanc immaculées, merturquoise, palmiers qu’agite doucementla brise…C’est l’image du paradis tropical

promue par les tours opérateurs haut de gamme.C’est l’Île-à-Vache.

Jusqu’à récemment, cette île d’une cinquantainede kilomètres carrés située au large de la côtesud-ouest n’intéressait aucunement les autoritéshaïtiennes. Il n’y a ni véritable route, ni électricité,ni eau courante, mais ses 20 000 habitants ysubsistent depuis plus de cent ans en cultivantses terres fertiles et en pêchant le long des côtes.

Les choses ont commencé à se gâter en 2011quand le Président Martelly et l’ancien PremierMinistre Laurent Lamothe ont débarqué surl’île à l’improviste. Au départ, ils visaient l’unedes rares stations balnéaires de l’île, Abaka Bay,un petit complexe privé, géré, pour l’essentiel,par le propriétaire vivant sur place, mais appar-tenant en partie à Robert Dietrich, businessmanaméricain. Selon ce dernier, Martelly auraitproposé d’acheter une part de 51% du complexe.Dietrich a décliné, mais ce refus n’a pas calméles ambitions de développement du régime.

Le projet a été confié à la jeune et ambitieuseStéphanie Balmir Villedrouin, Ministre duTourisme depuis 2011, qui a non seulementsurvécu à l’hécatombe ministérielle d’avril 2014mais a en outre récupéré le portefeuille des In-dustries Créatives. Début 2013, elle a lancé unappel à manifestations d’intérêts pour l’Île-à-Vache.

Les plans étaient alléchants : parmi les projetsfiguraient 1000 chambres d’hôtel, 2500 villas,un terrain de golf, un nouvel aéroport coûtant13 millions de dollars, le dragage du port…Sansoublier, bien sûr, des hôtels de luxe, un villagepour touristes avec restaurants, cafés et magasins,ainsi qu’un musée sous-marin.

Les habitants de l’Île-à-Vache se sont opposés

à ces projets, mais les plans donnaient aux per-sonnes de l’extérieur, peu au fait des tensionsqui régnaient sur l’île, l’impression que toutallait bien : ils incluaient en effet des initiativesdurables promouvant la biodiversité et le patri-moine culturel de même qu’un café Internet,une radio communautaire, une bibliothèque, unmarché public et des formations pour la populationlocale. Or tout a été décidé sans consulter leshabitants, dont les demandes d’informations ontété ignorées.

Les autorités ont mis leurs plans en œuvresans perdre de temps : le 10 mai 2013, le gou-

vernement a promulgué un décret déclarant latotalité du territoire de l’Île-à-Vache « zoned’utilité publique », à savoir zone réservée au « développement touristique ». Dans les faits, legouvernement a annulé, unilatéralement, toutepossession légale des terres (par acquisition, bailou héritage). Cette annonce a provoqué crainteet ressentiment parmi la population.

Ces craintes se sont vite avérées fondées. Lorsdu lancement des travaux par la compagnie do-minicaine Estrella, en août 2013, aucun membrede la communauté n’a été invité à la cérémonie,et tout ce qui gênait la construction de la route a

été détruit par les promoteurs : cultures, planta-tions, maisons…

En mai 2014, les bulldozers ont détruit levillage côtier de Madame Bernard et ses habitantsont été expulsés. Les gens du village voisin, KayKòk, ont été prévenus : les suivants, c’était eux.« On nous menace d’expulsion. Cela confirmebien nos craintes comme quoi le projet « Destinationtouristique » va être imposé par la force, » déclareJenest Jérôme, résident du village.

Les habitants de l’île ont commencé à se mo-biliser activement dès fin 2013. L’organisationpaysanne Konbit Peyizan Ilavach (KOPI) a vitepris fait et cause dans le conflit : Villedrouinayant refusé tout dialogue constructif, éludé lesdemandes d’abrogation du décret, lancé de trèsvagues promesses de compensation, KOPI aappelé à manifester.

En mars 2014, Villedrouin a annoncé que laconstruction des hôtels sur l’Île-à-Vache nécessitaitl’éviction d’au moins 100 familles. Selon lesrésidents, ces menaces d’expulsion et d’expro-priation concernent entre 2000 et 3000 per-sonnes.

La résistance tenace des résidents (essentiellementavec des manifestations pacifiques) a mené à desarrestations et des accusations de violences poli-cières. En 2014, une délégation des Organisationsde la Société Civile (OSC), parmi lesquellesDéfenseurs des Opprimés (DOP), la Plateformedes Organisations Haïtiennes des Droits del’Homme (POHDH), le Réseau National deDéfense des Droits de l’Homme (RNDDH) et leCollectif pour le Droit au Logement, est venuesur l’Île-à-Vache pour enquêter sur les violationsprésumées des droits de l’homme, et a rencontrédes groupes représentant les habitants, dontAction Citoyenne pour l’Île-à-Vache (ACI), KOPI,Oganizasyon Fanm Ilavach (OFAIV), ainsi quedes membres de la Police Nationale d’Haïti et

Confiscation de terres, expulsions forcées et ma

Photo : new

sjunkiepost.com

La lutte pour le Paradis

« Il n’y a pas de prisonniers politiques en Haïti » ?Jean Matulnes Lamy, détenu 10 mois sansinculpation.

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investisseurs étrangers ou les voyageursavec de l’agent à dépenser, Haïti demeure « ouvert aux affaires ».

Haïti fait peau neuve : à vosmarques !Attirer le tourisme de masse en Haïtireste un énorme défi. Il y a deux ans,quand le pays a accueilli son premiervoyage organisé depuis 25 ans,Stéphanie Villedrouin, Ministre duTourisme et des Industries Créatives,a exigé musique et animation pourl’occasion et est allée accueillir lesvisiteurs en personne à l’aéroport.

La Ministre, qui se démène pourredorer le blason d’Haïti auprès desétrangers, a pris ses fonctions enoctobre 2011 et elle fait sensation.Jeune, ambitieuse, elle a grandi auVénézuela, où son père était ambassadeur sous Duvalier, et aobtenu son diplôme de tourisme enRépublique Dominicaine.

Villedrouin a bien retenu la leçonde ses mentors dominicains qui ontréussi à faire de la République Do-minicaine une destination touristiqueprisée malgré les graves et persistantesviolations des droits de l’homme.

Son objectif principal est de changerl’image d’Haïti et de renouer avecles beaux jours du tourisme.

Cela coûtera la jolie somme de350 dollars, estime-t-elle, car elleprojette de construire des complexeshôteliers avec des milliers de cham-bres. Multilingue et fine oratrice,elle a réussi à s’attirer le soutien,pour ces initiatives, du gouvernementhaïtien et de voyagistes européenset nord-américains ; elle est aussien train de négocier des forfaitsavec le Canada.

« Nous avons Jacmel pour letourisme culturel, et l’Ile-à-Vache(voir encadré), qui attirera le tourismehaut de gamme. Et comme la natureest généreuse, entre les deux, il y a26 km de plages à aménager pourle tourisme de masse et qui cons -tituera la source principale derevenus, » a-t-elle expliqué il y aquelques mois dans un entretien.

Souhaitant promouvoir l’héritageculturel d’Haïti, Villedrouin asoutenu les tours opérateurs dansleurs efforts pour organiser desvisites de la Citadelle Laferrière etdu Palais Sans-Souci. Pour y accéder,

le gouvernement recommande toute-fois d’arriver à Cap-Haïtien, où setrouve le deuxième aéroport aprèsPort-au-Prince.

Situé à côté du Parc Industriel deCaracol, projet raté soutenu parClinton et qui a coûté 170 millionsde dollars initialement destinés àl’aide d’urgence, cet aéroport a étéconstruit par l’entreprise dominicaineEstrella. Proposant des liaisons di-rectes quotidiennes avec Miami, ila été rénové grâce à plus de 30 mil-lions de dollars provenant du pro-gramme Petro-Caribe, et rebaptisé« Aéroport International HugoChávez » en 2013. Martelly, sespotes et des politiciens dominicainstels Bautista ont certes tiré profitdes ventes de pétrole vénézuéliennes,mais ils ont aussi collé à Haïti unedette qu’il mettra plus de 20 ans àrembourser.

En octobre, l’année dernière,Martelly, l’ancien Premier MinistreLamothe et Villedrouin ont inauguréla liaison Miami-Cap-Haïtien avecAmerican Airlines. Ce vol a étépromu comme un moment his-torique.

Haïti sans Ayiti ?Aux complexes touristiques haut degamme viennent s’ajouter lescroisières, autre priorité du gouverne-ment. Haïti a gardé, depuis les années80, d’excellentes relations avec RoyalCaribbean. Cette compagnie est l’undes principaux investisseurs dans lepays et paie notamment près de 200millions de dollars par an pour garderLabadee, qu’elle décrit comme « sonparadis privé ».

Royal Caribbean loue le terrain(entièrement clôturé et protégé parune force de sécurité privée) augouvernement, qui reçoit 10 dollarspour chaque visiteur étranger débar-quant sur cette portion de littoral.Parc aquatique, montagnes russeset cabines de plage de luxe : lestouristes sont aux anges. Jusqu’àrécemment, la majorité des touristesne savaient même pas être sur l’île d’Hispaniola et beaucoup n’avaientabsolument pas conscience de setrouver en Haïti. De toute évidence,dire aux visiteurs où ils se trouvaientaurait pu les inciter à aller ailleurs.

Il s’avère que la pauvreté tend

suite dernière page ➤

d’autres groupes impliqués dans les protestations. Ayant conclu que le principal grief des résidents

de l’Île-à-Vache provenait du manque de com-munication avec les autorités haïtiennes, la délé-gation a sommé l’état de collaborer davantageavec avec les habitants pour les impliquer dansles projets de développement. Car ces derniersne sont généralement pas contre ces initiatives,mais ils se méfient profondément du gouvernementMartelly et soupçonnent qu’on leur cache certainsdétails du projet.

Dans un entretien réalisé en mars 2014 par lejournaliste radio, depuis décédé, Sony Esteus,Jean Matulnes Lamy (KOPI) déclare : « Nousne voulons pas que le gens croient que KOPImanifeste sur l’Île-à-Vache parce que nousrefusons le développement. Ce développement,nous le voulons, mais nous disons qu’il doit êtredéfini. Nous devrions en faire partie. »

Lamy était l’un des deux policiers permanentssur l’Île-à-Vache ; il était aussi fermier. Son im-plication avec KOPI lui a valu presque dix moisd’emprisonnement sans inculpation à Port-au-Prince.

En avril 2014, la délégation des OSC a publiéun « Rapport d’enquête sur la situation de tensionà Ile-à-Vache » signalant que, Lamy ayant étéécarté, quarante policiers avaient été déployéssur l’île pour y renforcer la présence de la PoliceNationale d’Haïti, parmi lesquels des membresde l’Unité Départementale pour le Maintien del’Ordre (sorte de brigade anti-émeute) et de laBrigade d’Intervention Motorisée (BMI).

Les manifestations pour la libération de Lamyont été violemment réprimées par la BIM. Deuxhommes ont accusé la police de les avoir bru-talement battus et on a relevé d’autres cas detabassage, menaces et intimidations. Les militantsont également reporté coups de fil anonymes etmenaces de mort. Lamy lui-même affirme que

certains des membres de KOMI figurent surune liste noire du gouvernement.

Laurent Lamothe a tenté de discréditer lesmanifestants en les accusant de faire de la con-trebande de marijuana et en prétendant queleurs objections n’étaient qu’un subterfuge pourdétourner l’attention de leurs activités illégales.Pour essayer d’isoler les protestataires et étoufferleurs revendications, les conducteurs de bateaureliant Les Cayes à l’Île-à-Vache auraient même,apparemment, été soudoyés afin qu’ils n’acceptentque les passagers étrangers, privant ainsi la po -pulation locale d’un moyen de transport et decommunication vital.

Dans une pétition dénonçant les mesures dugouvernement, les OSC ont comparé la con-frontation entre les habitants de l’île et le régimede Martelly à un « combat entre David etGoliath ». La forte présence militaire envoyaitaux résidents un message sans équivoque : 1) legouvernement commençait ses incursions surl’Île-à-Vache 2) absolument rien ne l’arrêterait.Plus de 100 gardes armés ont maintenant été af-fectés là-bas, payés par le gouvernement pourintimider et menacer.

Tandis que Lamy était en prison, Marc DonaldLainé, Président de KOPI, a continué la lutte.On peut le lire sur les réseaux sociaux : « Dansce pays, quand vous essayez de bien faire, ilsvous tuent ou vous mettent en prison tandisque les criminels et les kidnappeurs sont ré-compensés. » Lainé a voulu « bien faire » etsemble en avoir fait les frais : en octobre 2014,il est mort de blessures à la tête, prétendumentcausées par un accident de moto.

Les transactions concernant l’Île-à-Vache sesont révélées opaques, naturellement. Ce manquede transparence n’est pas unique aux projetstouristiques. Plus tôt cette année, la plateformed’OSC KJM (Kolektif Jistis Min) et l’Observatoire

Méga-Projet, rétrospectivement inquiets au sujetdes mines et du tourisme, ont dénoncé l’absencede transparence dans l’attribution des contratset des concessions aux sociétés minières étrangèrescomme aux promoteurs et aux tours opérateurs.

Dans le cas des contrats miniers, cette opacitéest même entérinée dans la loi : le Projet de loiMinier du tout dernier gouvernement comprendun embargo de dix ans sur les informationsjugées « commercialement sensibles » (voir leHaiti Briefing No 77). Quel est le point commundes projets miniers et touristiques ? Expropriations,évictions forcées et des contrats aussi lucratifspour les corporations étrangères que pour lesofficiels haïtiens qui en facilitent discrètementl’établissement.

L’Île-à-Vache aurait dû constituer une joliesource de revenus pour les officiels haïtiens.C’était l’occasion parfaite de contenter la com-munauté internationale, qui voit dans le tourismele modèle de développement idéal le pays, et desurcroît d’agir en toute tranquillité, à l’abri desregards.

Et de fait, convaincu d’être peu surveillé, le gou-vernement a déroulé ses plans, lancé ses bulldozers,faisant fi des droits des résidents, et détruisantleurs moyens de subsistance, pensant ainsi muselerl’opposition. Il n’avait plus à dénicher des baiesisolées pour accueillir les groupes de touristes surses côtes : il pouvait leur proposer une île entière !Après tout, voler les terres de paysans qui ont desrapports limités avec les OSC et peu de ressourcespour se mobiliser contre l’état aurait dû s’avérerbien plus aisé ici qu’ailleurs en Haïti.

Or c’était compter sans la résistance de lapopulation locale. Certains investisseurs étrangerscommencent apparemment à se montrer hésitantsdu fait de l’incapacité du gouvernement à résoudreles « petits antagonismes locaux ». Les habitantsde l’Île-à-Vache remporteront peut-être la partie,mais il faut espérer que la victoire sera moinstragique que ne le craint cet habitant de KayKòk : « S’ils veulent s’emparer de ces terres, ilsdevront d’abord tuer tout le monde sur l’île. »

anifestations sur l’Île-à-Vache

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Publié par le HaitiSupport Group, 49 Stanger Road,London SE25 5LDContactez-nous :[email protected]

Traduit de l’anglaispar Marie Fournier

Contributeur : Eve Hayes de Kalaf

Rédaction : AndyLeak et PhillipWearne

Design : Smith+Bell(www.smithplusbell.com)

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malheureusement parfois à rebuter les in-vestisseurs et les touristes – particulièrementles plus nantis.

L’Opération Changement d’Imaged’Haïti a néanmoins porté ses fruits et ilfaut reconnaître à Villedrouin le mérited’avoir encouragé les touristes à découvrirl’arrière-pays d’Haïti et essayé de redorerl’image du pays auprès des touristesétrangers. Mais son travail ne va êtrefacile : les relations américano-cubainess’améliorant et les restrictions de voyagess’assouplissant, Haïti risque de peiner àattirer les investissements souhaités. Ellese montre toutefois optimiste quant à unerelation triangulaire, avec La RépubliqueDominicaine et Cuba, permettant auxtouristes de visiter trois pays très distinctsen un seul voyage.

L’un des projets récemment annoncépar Villedrouin vise à développer le tourismesur l’île de la Tortue, au large des côtesnord du pays. L’un des premiers pointsd’arrivée pour Colomb et ses hommes, en1492, l’île a une importance historiquecapitale. Ancienne plaque tournante pourles pirates des Caraïbes, elle est devenue,dans les dernières années, l’un des pointsde départ principaux pour les migrantshaïtiens entamant la périlleuse traverséepour essayer de rejoindre les Etats-Unis.

L’an dernier, l’ancien Premier MinistreLamothe a signé, avec les Croisières-Car-naval, un accord modelé sur Labadee pourconstruire un port de 70 millions de dollarssur l’île de la Tortue. Le deal comprend laconstruction d’un marché haïtien « au-thentique » dans un environnement contrôlé– et ce sera là l’unique opportunité qu’aurontles Haïtiens de vendre leurs produits oude tirer un bénéfice quelconque de laprésence des touristes.

Comme à Labadee, les touristes aurontdes contacts essentiellement avec les em-ployés de Carnaval, et non pas avec lapopulation locale. Dans un article récentpour le magazine Tourism Concern, NicolaHill explique qu’ « Hormis ces ‘artisans’,seuls Haïtiens à travailler sur place, lepeuple haïtien ne profite aucunement desretombées économiques de ce complexetouristique si lucratif. Royal Caribbeanpaie, pour exploiter honteusement lespaysages haïtiens, un gouvernement inef-ficace et corrompu, qui ne partage nullementles gains économiques avec la population ;Carnival suit la même voie. »

Tout inclus, tous exclus Le tourisme tout inclus est loin d’être lemodèle de progrès qu’il prétend être. ACuba, en Jamaïque, en République Domini-caine et ailleurs, ce choix s’est révélé fondésur l’exclusion et néfaste pour l’industrie lo-cale. Comme avec d’autres modèles présentsdans les Caraïbes, tout est conçu pour queles visiteurs restent cantonnés dans certainsendroits, afin de contrôler leurs dépenses etleurs habitudes de consommation.

Compagnies étrangères, gouvernementet municipalités récoltent allègrement lesbénéfices de cette industrie de plusieursmillions de dollars ; les populations locales,en revanche, restent totalement coupéesde toute forme d’échange social ouéconomique avec les étrangers.

On a aussi reproché au modèle toutinclus son impact dommageable pour lesentreprises locales. Les rares Haïtiens àtravailler dans les hôtels sont obligés detravailler de longues heures, pour dessalaires de misère, et voient leurs droitsfondamentaux bafoués. Le droit à la terreest sans doute l’aspect le plus controverséde ce modèle. La privatisation des terrainsnie à la population locale la liberté d’accéderà leur propre littoral pour subvenir à leurspropres besoins.

Ces complexes n’apportent rien auxvilles locales : ils produisent souvent leurélectricité et ont leur propre système d’as-sainissement ; pour la nourriture, ilss’adressent à des fournisseurs internationauxau lieu de faire travailler des producteurslocaux, et les stricts contrôles d’hygièneobligent à en jeter d’énormes quantités ;au bar, on sert plutôt du Bacardi que durhum haïtien. Enfin, dans le droit fil dessiècles de domination et d’impérialisme

étrangers auxquels ont été soumis Haïtienset ressources locales, les responsables dela gestion sont presque systématiquementenvoyés d’outre-mer. La seule « culture »à laquelle ces touristes étrangers sont ex-posés est une version bien propre, com-merciale et racialisée de ce qu’ils imaginent,croit-on, être typiquement haïtien.

Durablement non durable Les ONG veulent, elles aussi, leur part dugâteau. Leurs caisses post-séisme étantpresque vides, elles tendent à s’engager,pour stimuler le développement haïtien,dans la promotion d’un tourisme durable,essentiellement avec des initiatives sou-tenant, par exemple, un tourisme géré par lacommunauté, visant à rapprocher Haïtienset touristes dans une appréciation partagéede l’éblouissante beauté naturelle du pays.

Ce tourisme communautaire, géré pardes Haïtiens dans l’intérêt des Haïtiens,est à l’opposé du tourisme balnéaire hautde gamme prôné par Villedrouin et sesassociés, et qui repose sur un modèle rap-pelant singulièrement cette autre ‘réussite’dont le gouvernement est si fier – lesZones Franches.

Dans les deux cas, il y a expropriationfoncière et anéantissement des entrepriseslocales (de pêche comme d’agriculture), etaucun des deux modèles ne génère le moindreprofit, ni en amont ni en aval, pour lespopu lations locales. Les ateliers importentleurs matières premières et réexportent100% de leurs profits. L’unique apport pourl’économie haïtienne consiste des salairesde misère que reçoivent les ouvriers.

Haïti : prêt pour le tourisme ?Villedrouin est toutefois en excellente posi-tion pour atteindre ses objectifs. En février,cette année, la Ministre du Tourisme haïti-enne a lancé sa toute première campagnepublicitaire ciblant les Etats-Unis, cam-pagne facilitée par une communicationsoutenue avec la Banque Interaméricaine deDéveloppement, et, le même mois, la com-pagnie G Adventure Tours, basée au Ro -yaume-Uni, a également organisé ses pre-miers voyages en Haïti.

Haïti est actuellement Vice-Président de la Commission pour l’Amérique del’Organisation Mondiale du Tourisme del’ONU (OMT) et en mai 2015, le pays aaccueilli, à Port-au-Prince, l’assemblée an-nuelle des autorités touristiques de l’OMT.Soucieux de prouver au monde entier qu’ilétait « prêt pour le tourisme », Haïti a ex-posé aux délégués des projets d’infrastruc-ture (aéroports, routes) dans lesquels ilavait investi.

Pour l’ONU, le tourisme représente lastratégie clé qui pourra consolider, dansla continuation des objectifs de développe-ment du Millénaire, croissance économiqueet cohésion sociale. Pour Taleb Rifai, Secrétaire Général de l’OMT, le fait quela rencontre régionale ait eu lieu en Haïtiprouve que le pays est prêt à saisir les op-portunités croissantes que le tourismeoffre dans la région.

Il serait surprenant que le tourisme deluxe en Haïti attire une clientèle étrangèreconséquente. Attirer davantage des dizainesde millions de touristes visitant les Caraïbesdans le pays serait indéniablement avan-tageux. Parvenir à le faire de façon efficaceet inclusive générerait des gains et des op-portunités pouvant, potentiellement, révo-lutionner le pays. L’idée (qui arrange bien)est que développement économique etcréation d’emplois vont de pair et, parconséquent, qu’un maximum d’argent nepeut qu’être souhaitable. Autrement dit,plus les touristes ont d’argent à dépenser,mieux c’est pour la population locale : demeilleurs revenus et une meilleure qualitéde vie augmenteraient le pouvoir d’achatdes familles qui pourraient alors investirdans leur futur et pour leurs enfants.

Or tout le problème est là…Pareilscénario transformerait la majorité pauvrede la population : ce serait un désastrepour les élites haïtiennes, le début de la finde leur domination sur le pays et sesressources…Elles s’accrochent donc dé -sespérément au status quo.

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Les habitants de l’Île-à-vache, dépouillés deleurs terres, manifestent pacifiquement. P

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Le Haiti Support Group (Groupe de Soutien à Haïti) a pour but de faire entendrela voix des organisations progressives de la société civile haïtienne auprès despoliticiens, de la presse et du public en Europe et en Amérique du Nord.