brèves de « douleurs »

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Douleurs, 2006, 7, 1 49 ACTUALITÉS LES BRÈVES DE « DOULEURS » Brefs échos des congrès et des sociétés savantes, notes de lecture des revues spécialisées à l’usage des cliniciens, cette rubrique est ouverte à tous. La revue Douleurs encourage tous ses lecteurs à lui faire parvenir des informations brèves issues de leurs lectures, de leurs rencontres, de leurs expériences, de leurs travaux, de leurs voyages ou de leurs navi- gations sur le web, à l’adresse suivante : [email protected] Une référence bibliographique pour ceux qui souhaitent en savoir plus, un court commentaire critique seront bienvenus. Randomized, controlled trial of cannabis- based medicine in central pain in multiple sclerosis Rog DJ, Nurmikko TJ, Friede T and Young CA. Neurology 2005;65:812-9. Les douleurs d’origine centrale dans la sclérose en plaque sont fréquentes et souvent réfractaires aux traitements. La forme la plus répandue est la douleur non paroxystique des extrémités qui se manifeste typiquement comme des dyses- thésies à type de brûlure, endolorissement, picotements, élancements, compression. Les spasmes douloureux des extrémités ont également été classés dans les douleurs d’ori- gine centrale. Les auteurs ont réalisés une étude contrôlée randomisée, en double aveugle, comparant les effets sur la douleur et son retentissement sur le sommeil d’un spray trans-muqueux buccal contenant l’association de delta 9 tétrahydrocannabinol (THC) et de cannabinol (CBD) contre placebo chez 66 patients (groupe actif : 34 ; groupe placebo : 32) présentant des douleurs d’origine centrale de sclérose en plaque (dysesthésies : 59 ; spasmes douloureux : 7). Cha- que bouffée délivrait 2,7 mg de THC et 2,5 de CBD. Les patients pouvaient titrer progressivement leur traitement eux-même jusqu’à un maximum de 48 bouffées par jour. Ils gardaient leur traitement antérieur sans possibilité de modi- fication de dose. L’étude se déroulait sur 5 semaines, une semaine de contrôle et 4 semaines de traitement. La dou- leur et son retentissement sur le sommeil étaient évalués quotidiennement avec des échelles numériques en 11 points. Une échelle de douleur neuropathique ainsi que des ques- tionnaires des fonctions cognitives, d’anxiété-dépression et d’invalidité en rapport avec la sclérose en plaque ont été remplis la semaine de contrôle et à la fin du traitement avec un questionnaire en 7 points sur l’impression globale de changement par le patient. Les résultats ont montré que le traitement actif avait un effet supérieur à celui du placebo sur l’intensité moyenne de la douleur et son retentissement sur le sommeil avec une diminution supérieure à 2 points sur les échelles numériques (P = 0,005 pour la douleur ; P = 0,003 pour le sommeil). La comparaison des résultats en fonction du type de douleur n’a pas montré de diffé- rence : les patients présentant des spasmes douloureux répondaient aussi bien au traitement actif que ceux pré- sentant des douleurs à type de dysesthésies. Les résultats concernant l’échelle de douleur neuropathique allaient dans le même sens (P = 0,044). Le nombre de bouffées dans le groupe actif à la 4 e semaine était en moyenne de 9,6 contre 19,1 dans le groupe placebo. Les effets secondaires les plus fréquents avec le traitement actif comparativement au pla- cebo ont été les vertiges, la bouche sèche et la somnolence. Il n’y a pas eu de modification des scores des échelles d’anxiété-dépression et d’invalidité. Les effets secondaires cognitifs se sont limités au stockage de la mémoire à long terme. Mai Luu Cognitive behaviour therapy in addition to antispasmodic treatment for irritable bowel syndrome in primary care: randomised controlled trial Kennedy T, Jones R, Darnley S, Seed P, Wessely S, Chalder T. BMJ 2005;331:435-7. Les auteurs ont étudié dans un essai contrôlé randomisé l’efficacité d’une thérapie cognitive-comportementale réa- lisée en ville par des infirmières entrainées chez 149 patients présentant un syndrome du colon irritable (SCI) modéré ou sévère résistant à un antispasmodique (mébévérine). 72 patients ont été randomisés pour le trai- tement cognitif-comportemental associé au mébévérine 270 mg trois fois par jour et 77 pour le mébévérine seul. L’aveugle de la randomisation n’a pu être maintenu à plu- sieurs reprises. La thérapie consistaient en au moins 6 séances à raison d’une séance hebdomadaire de 50 minutes en face à face. Elle incluait les explications sur la nature du SCI, des techniques comportementales pour

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Page 1: Brèves de « douleurs »

Douleurs, 2006, 7, 1

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A C T U A L I T É S L E S B R È V E S D E « D O U L E U R S »

Brefs échos des congrès et des sociétés savantes, notes de lecture des revues spécialisées à l’usage des cliniciens, cetterubrique est ouverte à tous. La revue Douleurs encourage tous ses lecteurs à lui faire parvenir des informations brèvesissues de leurs lectures, de leurs rencontres, de leurs expériences, de leurs travaux, de leurs voyages ou de leurs navi-gations sur le web, à l’adresse suivante : [email protected]

Une référence bibliographique pour ceux qui souhaitent en savoir plus, un court commentaire critique seront bienvenus.

Randomized, controlled trial of cannabis-based medicine in central pain in multiplesclerosis

Rog DJ, Nurmikko TJ, Friede T and Young CA. Neurology2005;65:812-9.

Les douleurs d’origine centrale dans la sclérose en plaquesont fréquentes et souvent réfractaires aux traitements. Laforme la plus répandue est la douleur non paroxystique desextrémités qui se manifeste typiquement comme des dyses-thésies à type de brûlure, endolorissement, picotements,élancements, compression. Les spasmes douloureux desextrémités ont également été classés dans les douleurs d’ori-gine centrale. Les auteurs ont réalisés une étude contrôléerandomisée, en double aveugle, comparant les effets sur ladouleur et son retentissement sur le sommeil d’un spraytrans-muqueux buccal contenant l’association de delta 9tétrahydrocannabinol (THC) et de cannabinol (CBD) contreplacebo chez 66 patients (groupe actif : 34 ; groupe placebo :32) présentant des douleurs d’origine centrale de scléroseen plaque (dysesthésies : 59 ; spasmes douloureux : 7). Cha-que bouffée délivrait 2,7 mg de THC et 2,5 de CBD. Lespatients pouvaient titrer progressivement leur traitementeux-même jusqu’à un maximum de 48 bouffées par jour. Ilsgardaient leur traitement antérieur sans possibilité de modi-fication de dose. L’étude se déroulait sur 5 semaines, unesemaine de contrôle et 4 semaines de traitement. La dou-leur et son retentissement sur le sommeil étaient évaluésquotidiennement avec des échelles numériques en 11 points.Une échelle de douleur neuropathique ainsi que des ques-tionnaires des fonctions cognitives, d’anxiété-dépression etd’invalidité en rapport avec la sclérose en plaque ont étéremplis la semaine de contrôle et à la fin du traitement avecun questionnaire en 7 points sur l’impression globale dechangement par le patient. Les résultats ont montré que letraitement actif avait un effet supérieur à celui du placebosur l’intensité moyenne de la douleur et son retentissementsur le sommeil avec une diminution supérieure à 2 pointssur les échelles numériques (P = 0,005 pour la douleur ;

P = 0,003 pour le sommeil). La comparaison des résultatsen fonction du type de douleur n’a pas montré de diffé-rence : les patients présentant des spasmes douloureuxrépondaient aussi bien au traitement actif que ceux pré-sentant des douleurs à type de dysesthésies. Les résultatsconcernant l’échelle de douleur neuropathique allaient dansle même sens (P = 0,044). Le nombre de bouffées dans legroupe actif à la 4

e

semaine était en moyenne de 9,6 contre19,1 dans le groupe placebo. Les effets secondaires les plusfréquents avec le traitement actif comparativement au pla-cebo ont été les vertiges, la bouche sèche et la somnolence.Il n’y a pas eu de modification des scores des échellesd’anxiété-dépression et d’invalidité. Les effets secondairescognitifs se sont limités au stockage de la mémoire à longterme.

Mai Luu

Cognitive behaviour therapy in addition toantispasmodic treatment for irritable bowelsyndrome in primary care: randomisedcontrolled trial

Kennedy T, Jones R, Darnley S, Seed P, Wessely S, Chalder T. BMJ2005;331:435-7.

Les auteurs ont étudié dans un essai contrôlé randomisél’efficacité d’une thérapie cognitive-comportementale réa-lisée en ville par des infirmières entrainées chez149 patients présentant un syndrome du colon irritable(SCI) modéré ou sévère résistant à un antispasmodique(mébévérine). 72 patients ont été randomisés pour le trai-tement cognitif-comportemental associé au mébévérine270 mg trois fois par jour et 77 pour le mébévérine seul.L’aveugle de la randomisation n’a pu être maintenu à plu-sieurs reprises. La thérapie consistaient en au moins6 séances à raison d’une séance hebdomadaire de50 minutes en face à face. Elle incluait les explications surla nature du SCI, des techniques comportementales pour

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améliorer les habitudes d’exonération, des techniques

cognitives sur les pensées en rapport avec le SCI, des tech-

niques visant à réduire la focalisation sur le symptôme, la

gestion du stress et la prévention de la rechute. Les mesu-

res principales étaient les scores sur l’échelle de sévérité

des symptômes du SCI avec une évaluation sur l’impact

des symptômes sur la sensation de bien-être. Avec un

score maximum de 500, les symptômes des patients peu-

vent être scorés en faible (score 75-174), modéré (175-299),

sévère (300-500), la normale étant un score < 75. Les

mesures subsidiaires étaient les scores sur une échelle de

travail et d’ajustement social et sur une échelle d’anxiété

et de dépression. La thérapie cognitive-comportemental a

eu un effet bénéfique important comparativement au mébé-vérine seul avec une réduction moyenne des scores de68 points, cet effet persistant mais régressif à trois et sixmois après la thérapie mais pas au delà. La thérapie amontré également un bénéfice significatif sur l’échelle dutravail et d’ajustement social encore présent à 12 moismais a eu des effets contradictoires sur l’échelle d’anxiété-dépression. Les auteurs soulignent la nécessité de recher-ches complémentaires afin de déterminer quels sont lespatients qui pourraient bénéficier de sessions de thérapiede rappel afin de maintenir leur amélioration initiale.

Mai Luu

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Docteur Alain SerrieFédération d’Évaluation et de Traitement de la Douleur, Médecine Palliative

Hôpital Lariboisière2, rue Ambroise Paré – 75475 Cedex 10