brèves de « douleurs »
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A C T U A L I T É S L E S B R È V E S D E « D O U L E U R S »
Brefs échos des congrès et des sociétés savantes, notes de lecture des revues spécialisées à l’usage des cliniciens, cetterubrique est ouverte à tous. La revue Douleurs encourage tous ses lecteurs à lui faire parvenir des informations brèvesissues de leurs lectures, de leurs rencontres, de leurs expériences, de leurs travaux, de leurs voyages ou de leurs navi-gations sur le web, à l’adresse suivante : [email protected]
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Randomized, controlled trial of cannabis-based medicine in central pain in multiplesclerosis
Rog DJ, Nurmikko TJ, Friede T and Young CA. Neurology2005;65:812-9.
Les douleurs d’origine centrale dans la sclérose en plaquesont fréquentes et souvent réfractaires aux traitements. Laforme la plus répandue est la douleur non paroxystique desextrémités qui se manifeste typiquement comme des dyses-thésies à type de brûlure, endolorissement, picotements,élancements, compression. Les spasmes douloureux desextrémités ont également été classés dans les douleurs d’ori-gine centrale. Les auteurs ont réalisés une étude contrôléerandomisée, en double aveugle, comparant les effets sur ladouleur et son retentissement sur le sommeil d’un spraytrans-muqueux buccal contenant l’association de delta 9tétrahydrocannabinol (THC) et de cannabinol (CBD) contreplacebo chez 66 patients (groupe actif : 34 ; groupe placebo :32) présentant des douleurs d’origine centrale de scléroseen plaque (dysesthésies : 59 ; spasmes douloureux : 7). Cha-que bouffée délivrait 2,7 mg de THC et 2,5 de CBD. Lespatients pouvaient titrer progressivement leur traitementeux-même jusqu’à un maximum de 48 bouffées par jour. Ilsgardaient leur traitement antérieur sans possibilité de modi-fication de dose. L’étude se déroulait sur 5 semaines, unesemaine de contrôle et 4 semaines de traitement. La dou-leur et son retentissement sur le sommeil étaient évaluésquotidiennement avec des échelles numériques en 11 points.Une échelle de douleur neuropathique ainsi que des ques-tionnaires des fonctions cognitives, d’anxiété-dépression etd’invalidité en rapport avec la sclérose en plaque ont étéremplis la semaine de contrôle et à la fin du traitement avecun questionnaire en 7 points sur l’impression globale dechangement par le patient. Les résultats ont montré que letraitement actif avait un effet supérieur à celui du placebosur l’intensité moyenne de la douleur et son retentissementsur le sommeil avec une diminution supérieure à 2 pointssur les échelles numériques (P = 0,005 pour la douleur ;
P = 0,003 pour le sommeil). La comparaison des résultatsen fonction du type de douleur n’a pas montré de diffé-rence : les patients présentant des spasmes douloureuxrépondaient aussi bien au traitement actif que ceux pré-sentant des douleurs à type de dysesthésies. Les résultatsconcernant l’échelle de douleur neuropathique allaient dansle même sens (P = 0,044). Le nombre de bouffées dans legroupe actif à la 4
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semaine était en moyenne de 9,6 contre19,1 dans le groupe placebo. Les effets secondaires les plusfréquents avec le traitement actif comparativement au pla-cebo ont été les vertiges, la bouche sèche et la somnolence.Il n’y a pas eu de modification des scores des échellesd’anxiété-dépression et d’invalidité. Les effets secondairescognitifs se sont limités au stockage de la mémoire à longterme.
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Mai Luu
Cognitive behaviour therapy in addition toantispasmodic treatment for irritable bowelsyndrome in primary care: randomisedcontrolled trial
Kennedy T, Jones R, Darnley S, Seed P, Wessely S, Chalder T. BMJ2005;331:435-7.
Les auteurs ont étudié dans un essai contrôlé randomisél’efficacité d’une thérapie cognitive-comportementale réa-lisée en ville par des infirmières entrainées chez149 patients présentant un syndrome du colon irritable(SCI) modéré ou sévère résistant à un antispasmodique(mébévérine). 72 patients ont été randomisés pour le trai-tement cognitif-comportemental associé au mébévérine270 mg trois fois par jour et 77 pour le mébévérine seul.L’aveugle de la randomisation n’a pu être maintenu à plu-sieurs reprises. La thérapie consistaient en au moins6 séances à raison d’une séance hebdomadaire de50 minutes en face à face. Elle incluait les explications surla nature du SCI, des techniques comportementales pour
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améliorer les habitudes d’exonération, des techniques
cognitives sur les pensées en rapport avec le SCI, des tech-
niques visant à réduire la focalisation sur le symptôme, la
gestion du stress et la prévention de la rechute. Les mesu-
res principales étaient les scores sur l’échelle de sévérité
des symptômes du SCI avec une évaluation sur l’impact
des symptômes sur la sensation de bien-être. Avec un
score maximum de 500, les symptômes des patients peu-
vent être scorés en faible (score 75-174), modéré (175-299),
sévère (300-500), la normale étant un score < 75. Les
mesures subsidiaires étaient les scores sur une échelle de
travail et d’ajustement social et sur une échelle d’anxiété
et de dépression. La thérapie cognitive-comportemental a
eu un effet bénéfique important comparativement au mébé-vérine seul avec une réduction moyenne des scores de68 points, cet effet persistant mais régressif à trois et sixmois après la thérapie mais pas au delà. La thérapie amontré également un bénéfice significatif sur l’échelle dutravail et d’ajustement social encore présent à 12 moismais a eu des effets contradictoires sur l’échelle d’anxiété-dépression. Les auteurs soulignent la nécessité de recher-ches complémentaires afin de déterminer quels sont lespatients qui pourraient bénéficier de sessions de thérapiede rappel afin de maintenir leur amélioration initiale.
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Mai Luu
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Docteur Alain SerrieFédération d’Évaluation et de Traitement de la Douleur, Médecine Palliative
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