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BRESIL EN FETE Du 8 au 19 mars 2011 GALERIE BANSARD Cee exposion, dont la proposion est de rendre compte de la vitalité de la scène arsque au Brésil, se décline en un diptyque consacré d’une part à l’art sacré afro-brésilien et d’autre part à l’art naïf populaire. En perçant l’écran opaque de la scène internaonale, occupée par quelques personnalités déjà amplement médiasées, il s’agit ici d’interroger l’identé collecve brésilienne qui s’origine de la rencontre fondatrice entre Indiens, Blancs et Noirs. De ce pétrissage culturel naît une dynamique riche et féconde dont l’originalité traduit la « digeson anthropophagique » (Oswald de Andrade) des divers héritages culturels qui ont ponctué l’histoire de ce pays. Art naïf et populaire La ville illégale se loge dans les intersces laissés vacants par la ville légale. Emblème de la vision duale de l’habitat urbain et de la ségrégaon socio- spaale entre pauvres et nans, la favela est, depuis son origine, source de conflits avérés entre les insgateurs de son éradicaon et les favelados, dont la pulsion de vie se nourrit du manque pour faire de ce territoire de la violence, de la pauvreté et de l’illégalité, un lieu de vie collecve où l’esthéque de la faim, pour reprendre le terme du cinéaste Glauber Rocha, est réhabilitée. EDUARDO LOPES Originaire de l’état de Paraiba, Eduardo commence à peindre à son arrivée à Rio de Janeiro en 1977. Résidant dans l’une des plus grandes favelas de Rio, Rocinha, l’arste parcipe de ce courant arsque, en marge de l’académisme et du modernisme, dont le propos est de rendre dignité et beauté à son environnement. Son travail arbore une favela dont les lignes de fuite à géométrie variable sont en prise directe avec l’urbanisme carioca. ROGERIO DESENHO Le travail de Rogerio est de facture beaucoup plus naïve, proche de l’art haïen. Ce jeune arste qui réside dans la favela de Copacabana s’efforce également de redonner à ces lieux si souvent sgmasés, un aperçu plus humain, en peignant des scènes de genre, illustrant des moments typiques de la vie brésilienne, comme la « Sambinhia » ou la « Roda de capoeira». Bénédicte Auvard, commissaire d’exposion Vernissage le mardi 8 mars 2011, à parr de 19h Exposion du 9 au 19 mars 2011 Décrochage le samedi 19 mars 2011 Ouvert tous les jours de 13h à 19h et sur rendez-vous GALERIE BANSARD 26, avenue de la Bourdonnais, Paris 7 Métro : Ecole Militaire – RER C Pont de l’Alma Bus 42, 69, 82, 87, 92 Pour toute informaon, [email protected] ou Bénédicte Auvard 06 61 51 99 73

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BRESIL EN FETE Du 8 au 19 mars 2011

GaLERIE BaNSaRD

Cette exposition, dont la proposition est de rendre compte de la vitalité de la scène artistique au Brésil, se décline en un diptyque consacré d’une part à l’art sacré afro-brésilien et d’autre part à l’art naïf populaire. En perçant l’écran opaque de la scène internationale, occupée par quelques personnalités déjà amplement médiatisées, il s’agit ici d’interroger l’identité collective brésilienne qui s’origine de la rencontre fondatrice entre Indiens, Blancs et Noirs. De ce pétrissage culturel naît une dynamique riche et féconde dont l’originalité traduit la « digestion anthropophagique » (Oswald de Andrade) des divers héritages culturels qui ont ponctué l’histoire de ce pays.

art naïf et populaire

La ville illégale se loge dans les interstices laissés vacants par la ville légale. Emblème de la vision duale de l’habitat urbain et de la ségrégation socio-spatiale entre pauvres et nantis, la favela est, depuis son origine, source de conflits avérés entre les instigateurs de son éradication et les favelados, dont la pulsion de vie se nourrit du manque pour faire de ce territoire de la violence, de la pauvreté et de l’illégalité, un lieu de vie collective où l’esthétique de la faim, pour reprendre le terme du cinéaste Glauber Rocha, est réhabilitée.

EDuaRDo LopES

Originaire de l’état de Paraiba, Eduardo commence à peindre à son arrivée à Rio de Janeiro en 1977. Résidant dans l’une des plus grandes favelas de Rio, Rocinha, l’artiste participe de ce courant artistique, en marge de l’académisme et du modernisme, dont le propos est de rendre dignité et beauté à son environnement.

Son travail arbore une favela dont les lignes de fuite à géométrie

variable sont en prise directe avec l’urbanisme carioca.

RoGERIo DESENho

Le travail de Rogerio est de facture beaucoup plus naïve, proche de l’art haïtien. Ce jeune artiste qui réside dans la favela de Copacabana s’efforce également de redonner à ces lieux si souvent stigmatisés, un aperçu plus humain, en peignant des scènes de genre, illustrant des moments typiques de la vie brésilienne, comme la « Sambinhia » ou la « Roda de capoeira».

Bénédicte Auvard, commissaire d’exposition

Vernissage le mardi 8 mars 2011, à partir de 19hExposition du 9 au 19 mars 2011Décrochage le samedi 19 mars 2011

Ouvert tous les jours de 13h à 19h et sur rendez-vous

GALERIE BANSARD26, avenue de la Bourdonnais, Paris 7Métro : Ecole Militaire – RER C Pont de l’Alma Bus 42, 69, 82, 87, 92

Pour toute information, [email protected] ou Bénédicte Auvard 06 61 51 99 73

art sacré afro-brésilien : de la figuration au concept

Figurative ou conceptuelle, l’esthétique prend toute sa fulgurance lorsqu’elle touche au sacré. Et, si l’art en est une survivance mythique, c’est bien ce thème que la proposition entend revisiter en présentant les œuvres de Lu Nabuco et de Nabuccodonosor. La peinture de Lu et les sculptures de Nabucco donnent à voir quelques unes des Orixas féminines du panthéon du Candomblé, l’une des religions d’origine yoruba, importée d’Afrique de l’Ouest par la traite négrière au Brésil. Ces divinités sont les déclinaisons modernes d’une entité mythique dont l’énergie vitale, l’Axé, se love au plus profond du corps maternel.

Lu NaBuco

La peinture de Lu Nabuco est un mélange explosif d’allégresse et d’amour. Ses tableaux sidèrent par leurs couleurs éclatantes, dont le traitement plastique avive à merveille l’ambivalence des qualités archétypales de chaque divinité : l’impétuosité de Yansan, déesse de la tempête, la sensualité étrange d’Oxum, déesse des eaux douces, la douceur étrange de Yemanja, expression brésilienne de Mammi Wata…

Ses portraits de femmes noires et indiennes témoignent de sa volonté de renouer avec les enseignements de la « Semaine 22 » : le tracé simple et stylisé, l’absence de

perspective, la disparition du clair-obscur dans le traitement de la couleur mais surtout « l’ingestion de l’Autre » ne sont pas sans rappeler la puissance de « A Negra », (1923), le fameux tableau de Tarsila do Amaral qui fut la muse du mouvement anthropophagique. Emblème du Modernisme, c’est à la « Semaine 22 », ce mouvement artistique des années vingt que l’identité brésilienne doit la réhabilitation de sa pluralité originelle.

Lu Nabuco vit et travaille à Santa Teresa, quartier mythique de Rio de Janeiro, où elle expose régulièrement.

NaBuccoDoNoSoR

Artiste déterritorialisé, Nabucco subvertit la forme par le mouvement. Ses Orixas sont aussi peu débitrices de l’art figuratif que des poncifs culturels. En déjouant la domination de la représentation, elles nous invitent à entrer de plein pied dans un monde où la polysémie se joue de l’ordre de l’Un.

Ses statues, composées de résine et de carton, inaugurent un nouveau paradigme où la mise en torsion des corps induit leur jouissance. Si, par son exubérance de plis et de replis, le costume emprunte au baroque, les colliers, si riches de sens dans

le Candomblé, deviennent ici des lignes de fuite qui plongent le visiteur dans l’espace sacré de l’interconnexion. Nourri d’un entrelacement des legs anthropophagiques et deleuziens, Nabucco imprime à son travail une quête de sens qui va parfois jusqu’à convoquer le non-sens… Il vit et travaille à Paris.