breschand - olivier «y-a t-il une vie après harpo marx?»

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5, rue de Charonne, cour J. Vigues, 75011 Paris - Tél 01 40 21 90 65 / Fax 01 40 21 82 30 - E-mail : « Qu’évoque pour vous un allumé du jazz ? » Les Allumés du Jazz No 3 - 3ème trimestre 2000 Page 1 Les réponses à ma première question* réglaient provisoirement le problème de ce qu'on entend aujourd'hui par jazz. Soit une réunion infor- melle, hétéroclite, de musiques libres qui se caractérisent le plus souvent par de nouvelles traditions d'écriture et d'improvisation héritées tout aussi bien du modèle afro-américain que de la musique contemporaine et de la multitude des terroirs où les musiciens puisent enfin leurs propres racines (on peut tout de même regretter le peu d'attrait qu'exerce la chanson française sur "nos" jazzmen). Personnellement j'ai eu plus de mal à endosser ce dossard jazz que de prendre feu, enflammé par cette jeunese qui allume sans cesse de nouveaux brasiers au milieu des ruines des anciens mondes. L'intitulé de notre association, qui regroupe aujourd'hui 44 labels indépendants, entraîne jeux de mots, romantisme poétique et déplacement critique. Les témoignages recueillis ici expriment tous la folle passion des amateurs, de celles et ceux qui aiment. Aux becs de jazz nos coeurs s'enflamment, et ces baisers attisent la braise et la révolte. Quitte à s'y brûler les ailes, ces drôles d'oiseaux sont bien là pour foutre le feu. * Numéro spécial "Allumés" de Jazz Magazine, septembre 1998 Breschand - Olivier «Y-a t-il une vie après Harpo Marx?» p.5 LES GRANDES MANOEUVRES p.11 Daunik Lazro Zong Book, très attendu, passionnel et expressioniste album solo d’un grand musicien qui ouvre le livre estival des nouveautés p. 2 LUMIERES D’ETE : Sophie Agnel Olivier Benoît Médéric Collignon Pascale Labbé Christophe Monniot Lucia Recio Bernard Santacruz p. 2, 4, 5, 10 de Jean-Jacques Birgé L’USAGE DES POSSIBLES : Sophia Domancich Christine Wodrascka p. 4 photo Christian Ducasse photo Christian Ducasse p. 13 p.8 et 9

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5, rue de Charonne, cour J. Vigues, 75011 Paris - Tél 01 40 21 90 65 / Fax 01 40 21 82 30 - E-mail :

« Qu’évoque pour vous un allumé du jazz ? »

Les Allumés du Jazz No 3 - 3ème trimestre 2000 Page 1

Les réponses à ma première question* réglaient provisoirement le problème de ce qu'on entend aujourd'hui par jazz. Soit une réunion infor-melle, hétéroclite, de musiques libres qui se caractérisent le plus souvent par de nouvelles traditions d'écriture et d'improvisation héritées toutaussi bien du modèle afro-américain que de la musique contemporaine et de la multitude des terroirs où les musiciens puisent enfin leurspropres racines (on peut tout de même regretter le peu d'attrait qu'exerce la chanson française sur "nos" jazzmen). Personnellement j'ai euplus de mal à endosser ce dossard jazz que de prendre feu, enflammé par cette jeunese qui allume sans cesse de nouveaux brasiers au milieudes ruines des anciens mondes. L'intitulé de notre association, qui regroupe aujourd'hui 44 labels indépendants, entraîne jeux de mots,romantisme poétique et déplacement critique. Les témoignages recueillis ici expriment tous la folle passion des amateurs, de celles et ceuxqui aiment. Aux becs de jazz nos coeurs s'enflamment, et ces baisers attisent la braise et la révolte. Quitte à s'y brûler les ailes, ces drôlesd'oiseaux sont bien là pour foutre le feu.* Numéro spécial "Allumés" de Jazz Magazine, septembre 1998

Breschand - Olivier«Y-a t-il une vie après Harpo Marx?»

p.5

LES GRANDES MANOEUVRES p.11

Daunik LazroZong Book, très attendu, passionnel et expressioniste albumsolo d’un grand musicien qui ouvrele livre estival des nouveautés

p. 2

LUMIERES D’ETE :

Sophie Agnel Olivier Benoît Médéric Collignon Pascale Labbé Christophe Monniot Lucia Recio Bernard Santacruz

p. 2, 4, 5, 10

de Jean-Jacques Birgé

L’USAGEDESPOSSIBLES :

Sophia Domancich Christine Wodrascka

p. 4

photo Christian Ducasse

photo Christian Ducasse

p. 13

p.8 et 9

Les Allumés du Jazz No 3 - 3ème trimestre 2000 Page 2

Points de vue, images du Jazz par Hervé Péjaudier«Le torero fou vit maintenant entre ciel et terre, ilattend nuit et jour sur la cime d'un arbre qu'il pleu-ve des taureaux"... Mélopées surgies du sable desarènes sous un soleil de cuivres, il faut lesentendre car "il ne se passe pas d'heure sans queje ne sois obligé de fuir mon ombre.." 4

L'Hercule de foire frappe son poitrail de métal et lemiracle a lieu : il s'ébranle en force, se déhancheet se démembre, c'est une trinidad et tabagie deDieu Pan qui se décarre aux caraïbes et se déchi-re au Sheraton, quel steel! "Si nous ka dansé"! Lacadence et qu'ça danse ! 5

Une fenêtre s'ouvre sur le monde. Dans la cour, onentend des voix d'enfants, qui rient, ou ne rientpas. Et des bouffées de musique, lointaines, ou siproches, comme le sol, miroir immobile où "lessages tissent la trame/d'un ciel où seuls tous lesoiseaux crient". 6

On discerne au hasard d'une pénombre enfuméeles yeux mi-clos des hommes qui jouent, d'oùbrillent comme des lames les lueurs de la mémoi-re, et l'on devine au loin parmi les couples de dan-seurs une femme en fourreau rouge baiser. 7

Lorsque sur un drap fut projeté le premier film, ilstremblèrent, mais ce n'était pas un linceul, c'était leparchemin de la peau des lèvres de l'idole que grif-faient tous ces jeunes gens en jouant à réinventerl'histoire, à la glisser dans les embouchures dutemps. 8

La liberté, cette vieille lune, qui se reflète sur lescordes du piano et de la contrebasse, auxquelleson arrache autant d'éclats dans la nuit qu'il y ad'étoiles à contempler pour le péripatéticien errantla tête en l'air, et qu'il y a de rires et de voies, sousla voûte nocturne. 9

Cage a-t-il dit : "Si l'on a deux sons et deux per-sonnes et que l'un de chaque soit beau, y-a-t-ilentre tous les quatre une communication?" Et s'ilssont quatre, combien sont-ils? L'univers entier serenverse-t-il dans leurs sons, ou bien l'inverse?Une autre question? 10

"Nous voulons vivre comme cet orchestre joue",s'écrie l'inconnu se dressant dans la salle, c'est lespectre de Jerry Lewis au corps gesticulant, littéra-lement hanté par tout un peuple a tempo, et qui vase fondre en voix de femme. 11

Du verre d'absinthe s'évapore une fée verte auxmains de cuivre, et les carrosseries des cadillaclongeant au ralenti les vitrines dépolies de ce barreflètent parmi les tons rougeoyants des néonsune étrange ligne verte qui les zèbre. 12

Les doigts voltigent autour des haubans commetourbillonnent les mouettes autour des voyageursqu'elles apprivoisent au chant des îles qui s'appro-chent, des archipels où trouver un abri, des conti-nents où de belles captives dialoguent avec levent. 13

C'était dans un vieux film de qui déjà? Vous y étiezépinglé à votre fauteuil comme un somptueuxcoléoptère, coeur battant, la mort en face, tant debonheur, c'était comment déjà? Toutes ces voix quivous enveloppaient dans une nuit sans fin? Dansun souffle? 14

Ah! Cette petite ritournelle... Le vent s'engouffredans le coffre, il nous racle les cordes vocales, ilnous tresse les boyaux, nous tisse tendons et liga-ments, nous trame les synapses et nous forge àl'envi les suppôts de lui-même, car "si Dieu estpetit, alors Petit est dieu". 15

Le parquet du ball room est détrempé par lesembruns sans que les pupitres de l'orchestre n'enlaissent rien paraître, infatigables et tendres, ilssourient à la chanteuse qui aime la vie et l'amour,tandis que les solistes déposent autour d'elle leursparures ciselées. 16

Tandis qu'au loin la dernière bobine tourne encoredans le vide et que les spectateurs s'en sont allés,la pianiste poursuit son dialogue avec le projec-tionniste endormi, les familles en chemin, et lemonstre d'ébène lui souriant de tout son ivoire. 17

Dans un vieux delta du Mississipi de lourdesbranches se traînent paresseusement à la surfacedes eaux boueuses que troublent seuls quelquescombats de sauriens ou les mélismes despêcheurs. Et le ciel se retourne nerveusement ence miroir du fleuve. 18

Zong a dit "si la natte est de travers ne t'assiedspas". Il ne bavarde pas en jouant, il ne parle pas enenregistrant. Zong était au bord d'une rivière : "Oh!Aller ainsi de l'avant, jour et nuit". Le Maître dit :" le Zong Book exprime une joie sans lascivité etune mélancolie sans amertume". 19

Les enfants en guenille ont les dents du bonheur,et la poussière que soulèvent leurs pieds nus bat-tant la place au rythme du tango élève autant defaçades baroques qu'il y eut autrefois d'esclavesau travail, à l'ombre de quelques rafraîchisse-ments. 20

"Kaisssentraldaktivitéssocialdézélektricienzégaziers", tel fut un jour l'invincible nom céleste de l'ar-mure cuivrée du Minotaure, lorsque dévorant desenfants indiens acéphales il comprit que les mursdu labyrinthe étaient des miroirs montés en phase.21

Le petit train de plaisir monte et dévale à loisir desprovinces de l'Empire pentes et côtes sans souffriret du zénith au nadir d'un étrange sabir il traverseles ires des isthmes et des sbires de régions ausabir faisant rire et frémir le voyageur qui tire auxtarots l'avenir. 22

Lorsque le fleuve se retire, les poissons qui avaientdéposé leurs oeufs dans le limon se retirent avecles dernières eaux. L'année révolue, lorsque lefleuve vient de nouveau à se déborder, ces oeufscommencent aussitôt à éclore, et à produire despetits. 23

1 Merci à qui de droit pour ce voyage2 Tania Maria, Viva Brazil, New Note / Pee Wee production3 Christophe Marguet Quartet, Les correspondances, Label Bleu4 Torero Loco, Lucia Recio, ARFI5 Pan'A Paname Steel Band, Gimini Music6 Lydia Domancich, regard, Gimini Music7 Donald Brown trio, French Kiss..., Space Time Records8 Caratini Jazz Ensemble, Darling Nellie Gray, variations sur Armstrong, Label Bleu9 Christine Wodrascka, Yves Romain, Le Péripatéticien, la nuit transfigurée10 Quatuor Hélios (oeuvres de Fedhandler, Lê QuanNinh, Globokar, Takemitsu), Vand'Oeuvre11 Orchestre National de Jazz, Didier Levallet (avecJeanne Lee), Deep Feelings, Evidence12 Sarah Morrow, Green light, Cobra bleu13 Isabelle Olivier, Océan, Funny Streams 14 Daniel Mille, Le Funambule, Saravah15 Didier Petit solo, Déviation, la nuit transfigurée16 Barbara Casini, Enrico Rava , <Vento>, Label bleu17 Sophia Domancich solo, Rêves familiers, Gimini Music18 Deschepper Hoevaners Benoit, (Un)written,Émouvance19 Daunik Lazro solo , Zong Book, Émouvance20 Adrien Politi & Alain Politi, Un Secreto, Transes Européennes21 Le Minotaure Jazz Orchestra, J.M. Padovani,avec CCAS, Hopi22 Pablo Cueco 12tet, Sol, suelo, cielo y sombra,Transes Européennes23 Hérodote, Histoires, livre second, XCIII.

* Hervé Péjaudier est écrivain

Entendue avec Guillaume Orti, Phil Minton ouHélène Labarrière, une nouvelle voixlumineuse.

Influencesa) Celles qui vous ont appris par l'écouteThelonius Monk, G Scelsi, Jean Sebastien Bach,Paul Bley, Duke Ellington, John Cage, BelaBartok, Frank Zappa, Morton Feldman etd’autres…b) Celles avec qui vous avez pu jouerAvec Sunny Murray, j’ai appris qu’on peut être consans baguettes et grand musicien avec. AvecThierry Madiot, j’ai appris à écouter la matière.Avec Christine Wodrascka, j’ai appris qu’il n’y apas que des hommes qui font de la musiquesuperbe. Avec Michel Doneda, j’ai appris à êtredans l’instant.

Quelle idée avez-vousa) du jazz ?Ancienne musique vivante enseignée dans lesconservatoires.b) du tempo ?Ca rassurec) du swing ?Money Jungled) de la modernité ?…e) de la moralité ?Avec les mêmes lettres, on peut écrire " toi, lalarme ". C’est plus gai.Réactions aux noms suivants :a) ArmstrongEn 1969, mes parents tournaient devant la téléallumée en essayant de me faire comprendrequ’un moment très important allait se produire : " regarde bien " moment historique ", " tu raconte-ras ça à tes petits enfants ". … J’ai vu un hommesauter sur la lune. Je m’en souviens, j’avais 5 anset ne jouais pas encore detrompette.b) BoulezAucunec) SclavisAucuned) Orson Wellese) François MitterrandSont morts.

Suite p. 4

Lumières d’été 1 :Sophie Agnel

Lorsque le voyageur dut explorer l'Empire aux 21provinces, il fut décidé que sa pérégrination seraitsoumise au hasard des rencontres et la chroniquede son périple aux aléas d'une géographie rêveu-se. 1

Clairière et trône où l'amazone-pianiste entouréede sa tribu chante la chance, et ça roule, tangue etvrombit, entre confession d'exil et louange auxgrands arbres anciens. Il arrive parfois que le tou-riste soit un peu bruyant, mais on devine au lointous les murmures de la forêt. 2

A l'aube, le carillonneur invite à se réjouir, et les vil-lageois tourbillonnent sur la place, ils inventent laforlane des instants abolis, et la grande batteriedes ombres. Ils enfoncent le clou, appellent à chan-ter la souffrance des mines où l'homme est dans lanuit, mais l'horizon tient son tempo. 3

Photo Christian Ducasse

> Solo

Vand’oeuvre2000 - 0019

Les Allumés du Jazz No 3 - 3ème trimestre 2000 Page 3

Nouveautés Patrice Caratini, (contrebasse et direction d’orchestre),André Villéger, Stéphane Guillaume, ChristopheMonniot (anches), Claude Eges, Pierre Drevet (trompet-te), Denis Leloup (trombone), Patrice Petitdidier,Fraçois Bonhomme (cor), François Thullier (tuba),David Chevallier (guitare), Alain Jean-Marie (piano),Thomas Grimmonprez (batterie)

Exploration amoureuse de l’univers d’AmstrongLabel BleuRef : LBLC 6625

> Sophia Domancich Rêves Familiers

GiminiRef : GM 1011

>Cristophe Marguet

Sophia Domancich (piano)

Dans cet album elle revisite sept compositions personnellesdans lesquelles le sens de l’improvisation, de la mélodie etla profonde connaissance pianistique qui la caractérisentsont omniprésents.

Christophe Marguet (batterie), Betrand Denzler (saxo-phone ténor), Sébastien Texier (saxophone alto), OlivierSens (contrebasse).

L’un des plus prisés des batteurs français (et pour cause!)pour son deuxième disque avec son trio transformé en quar-tet par la grâce du très remarquable Bertrand Denzler.

Label BleuRef : LBLC 6610

>ONJ - Levallet

EmouvanceRef : EMV1012

> Daunik Lazro

(un) written

Daunik Lazro (saxophones)

C’est tout autant magnifique qu’important.Important pour l’immense contribution qu’il apporte à l’his-toire du saxophone et de cette musique.Magnifique parce qu’il réalise là l’alliage d’une musique àl’état brut et d’une expression dont la profondeur et l’émotionn’ont d’égales que son engagement.

Philippe Deschepper (guitare), Laurent Hoevenaers(violoncelle), Olivier Benoit (guitare )

Trois parcours, trois générations, un sens aigu de la situa-tion, une musique totalement libre où le souci de la compo-sition est constant. Un magnifique son d’ensemble reflètantune réelle volonté collective : (Un)written ou l’art de jouer cequi ne s’écrit pas.

EmouvanceRef : EMV1013> Youval MicenmacherDoumka Clarinet Ens.

> Lydia Domancich

GiminiRef : GM 1009

> Lowe/Santacruz

Bleu RegardRef : CT 1959

Regard

Short TalesFrank Lowe (saxophones) , Bernard Santacruz (contre-basse)

«C’est de la sensibilité à fleur de cordes et de sax que cescompagnons d’assez longue date offrent sur Short Tales,semblant vouloir dire que le free jazz a encore de beauxjours devant lui, prouvant aussi qu’il sait se faire accessibleà tous ceux qui ne le connaîtraient pas encore et rappelantfinalement que le combat qu’il portait jadis aussi haut quepossible, a lui aussi la peau dure.

Laurent Morat

Lydia Domancich (piano, synthétiseur, compositions),Bertrand Binet (voix, guitare électrique, sanzà), StellaVander (voix, percussions), Pierre Marcault (bougara-bous, dunduns, djembes, percussions)

Couleurs, rythmes, temps suspendu, échos d’autres conti-nents, voix d’enfants, l’écoute est toujours en mouvement..

ONJ avec Jeanne Lee (voix)

Troisième et dernier disque enregistré par l’ONJ - DidierLevallet, l’album «Deep Feelings» se présente comme unesynthèse et un aboutissement de l’aventure vécue par les15 musiciens depuis deux ans et demi. Parvenu à unematurité et une unité de son remarquables, l’orchestre faitpartager ces «impressions profondes» ressenties aucontact des audiences, aussi diverses que chaleureuses.

Deep Feelings

EvidenceRef : EVCD 2030

>Jean-Marc Padovani

HopiRef : HOP 200026

Jazz Minotaure Orchesta

Jean-Marc Padovani (direction, saxophones), RichardFoy (saxophones), Yvan Avice (saxophones), BrunoWilhelm (saxophones), Michel Marre (trompettes),Bruno Nouvion (trompettes), Patrick Fabert (trom-pettes), Geoffroy de Masure (trombone), Daniel Casimir(trombones), Didier Havet (tubas), François Thuillier(tubas)

Padovani nous offre 10 cuivres pour revisiter le paso-dobleet retrouver les accents lumineux des musiques de Ferias.

Guillaume Kervel (direction musicale) Ralph Thamar(chant), Pierre Marcault (percussions) et 20 steel drum-mers.

Le premier album de Pan à Paname, «cet orchestre d’acier»réunit 20 musiciens autour de Guillaume Kervel.

> Pan’ A Paname

GiminiRef : GM 1012

Soka Rakaï

Tania Maria (piano, synthé, voix), Marc Bertaux (basse),Stéphane Huchard (batterie), Luiz Augusto Cavani (bat-terie, percussions), Cacao (saxophone, flûte, clarinette)Mestre Carneiro (percussions)

Un visage decidé pour un Brésil vivant d’où surgissent lesplus délicates des Petites Fleurs (Florzinha).

Marcel Azzola, Marc Berthoumieux, Alain Bruel, MichèleBuirette, Jean-Claude Laudat, Jo Privat Jr, PatrickQuichaud, David Venitucci, Raouf Wahba (accordéon),Patrick Saussois (guitare), Jean-Claude Beneteau(contrebasse), Rudy Bonin (batterie), Stan Laferrière(piano, batterie), Jean-Yves Dubanton (guitare), DanyDoeiz (vibraphone)

Un hommage musical à Jo Privat, poète disparu de l’accor-déon swing-musette. Hommage qui lui est rendu par quinzemusiciens, dont neuf accordéonistes. Avec un enregistre-ment inédit de Jo Privat.

> Tania Maria

> Collectif

Pee WeeRef : CD Y 225093

Djaz RecordsRef : DJ 533-2

Viva Brazil

Histoires de Jo

Didier Petit (violoncelle)

Seul, sur la trajectoire déviée de l’atome, sans soumission àaucun destin ou fatalisme, à la rencontre d’un univers musi-cal infini. Comme si la théorie de Lucrèce trouvait là samatière musicale, sûre de ses fondements. Envers et contrela nécessité, Didier Petit crée sa déviation personnelle dansun mouvement jubilatoire.

la nuit transfiguréeRef : LNT 340103

la nuit transfiguréeRef : LNT 340101

Transes EuropéennesRef : TE 024

Deviation> Didier Petit

Zong Book Les correspondances

HopiRef : HOP 200025

Youval Micenmacher (tof, ben dir, zarb, set de percus-sions), Hervé Bouchardy (petite clarinette, clarinette,cor de basset), Franck René (clarinette, clarinettebasse), Alexis Ciesla (clarinette, clarinette basse)

Devenu maître percussionniste par amour - des musiquestraditionnelles autant que du jazz contemporain -, YouvalMicenmacher, dont on connait l’appétit pour les confins de laMéditerranée, mêle ses tof, zarb et autres bendirs, à troistalentueuses clarinettes qui avalèrent un soir de gaieté lapotion de la Klezmer Music.

«Solo»

Beù Beù

> Isabelle Olivier

Label RDCRef : 40065-2

Océan

Isabelle Olivier (harpe), Sébastien Téxier (clarinette,sax), Nicolas Krassik (violon), Jean-Philippe Viret(contrebasse), Louis Moutin (batterie), Sylvain Beuf(sax), Benoît Dunoyer de Segonzac (contrebasse)

«Refaire le monde aux couleurs de l’imaginaire avec lafraîcheur de la nouvelle vague , ... ce n’est pas si courant.»

Arnaud Merlin

> Pesce/Danna/Sanou

Daniel Mille (accordéon, accordina, piano, voix), Jean-Christophe Maillard (guitares, piano, voix, percussions),Minino Garay (percussions et voix), Daniel Goyone(piano), David Linx (voix), Pierre Barouh (voix), Jean-Louis Trintignant (voix)

Dans son troisième album, fidèle à son esprit des rencontreset des métissages, Daniel Mille intègre parfaitement sesracines latines, orientales, jazz et littéraires, à travers descompositions originales.

Sarah Morrow (trombone), James Hurt (piano), UgonnaOkegwo (basse), Jay Sawyer (batterie), Antoine Roney(sax ténor)

Le rythme prend des allures d’improvisation et de swingdans une ambiance festive. Sarah Morrow y mêle son éner-gie et sa réflexion. Elle fait chanter son trombone avec fines-se et donne du punch à son quintet. Ce disque a été enre-gistré à New York.

Robin Nicaise (saxophone ténor), Larry Schneider(saxophone alto), François Méchali (contrebasse), AlainSoler (batterie), Lionel Aymes (trompette et bugle)

Robin Nicaise renconte et invite Larry Schneider et FrançoisMechali mais aussi Alain Soler et Lionel Aymes dans unbrillant hommage à Art Pepper.

> Robin Niçaise Quintet Hommage à Art Pepper

Jean-Luc Danna (batterie), Sidiki Sanou (balafon, tama,voix, dance), Serge Pesce (guitare), Baba Sanou (djem-bé, bara, voix)

Ce disque est le résultat d’une rencontre au Mali en juin1999 de deux musiciens français habitués à pratiquer l’im-provisation, et deux musiciens traditionnels du Mali.

Charles Thomas (piano), Ray Drummond (contrebasse),Alan Dawson (batterie)

Charles Thomas est décédé le 23 novembre dernier. Unerareté discographique : l’absolu stylistique d’un magicien dupiano bop sur de grands standards.

Lucia Récio (voix, textes, compositions), Alain Rellay(sax ténor, compositions), Pierre Philibert (tuba), Jean-Luc Cappozzo (trompette), Jean Bolcato (contrebasse),Philippe Deschepper (guitare), Ramon Lopez (batterie)

«Une sorte de chant profond, un hommage sensible àl’Espagne, dans un registre que n’aurait pas désavouéCharlie Haden»

Jazz Magazine

> Charles Thomas

Space Time Rec.ref : BG 2014

> Torero LocoThe Legend of Charles Thomas Portraits

ArfiRef : AM 026

Bleu RegardRef : CP 1958

SaravahRef : SHL 2096

RDCRef : 40104.2

Label CharlotteRef : CP 190

Donald Brown (piano), Essiet Essiet (contrebasse), BillyKilson (batterie), Jérôme Barde (guitare), Anga Diaz(percussions)Album indispensable du pianiste de MemphisLa critique unanime «Funky, truculent et poétique» Julian Zaviar«C’est grandiose» Vincent BessièresRéférence So What , Disque de la semaine sur Fip,Sélection Jazz Note

> Daniel Mille > Sarah MorrowLe Funambule Greenlight

Vand’oeuvreRef : VDO 019

Sophie Agnel (piano)

Solitaire, comme forcément le sont les pianistes face à leurterrible machine (tant de cordes et de touches…), face àl'histoire tellement chargée de moments essentiels et demonstres sacrés, Sophie Agnel a réussi avec ce solo, unparcours, poétique celui-là, bien au-delà de l'exposition dusavoir faire.

> Sophie Agnel

Christine Wodrascka (piano), Yves Romain (contrebasse)

Christine Wodrascka, pianiste et Yves Romain, contrebas-siste appartiennent à la scène européenne de la musiqueimprovisée. Ce duo, passionné et complice, loin de toutenormalisation, propose un univers sonore intimiste, où lasensibilité, la sincérité et l’audace occupent une place dechoix.

> Christine Wodrascka Le Péripatéticien

Jimmy Giuffre (clarinette, saxophone soprano & alto),André Jaume (clarinette basse)

«...Jimmy Giuffre pour qui, depuis plus d’un siècle, la diver-sité des manières, des formes et des outils est seulementsynonyme d’un chant sans cesse en train de s’inventer.»

2 CD - Livre Philippe Carles

CelpRef : CELP 41.42

> André Jaume Livre-disque sur Jimmy Giuffre

Isabelle Berteletti , Florent Haladjian, Jean-ChristopheFeldhandler, Ninh Lê Quan (percussions)

A partir d'une référence incontournable (l' œuvre de Cage),se construit progressivement une œuvre collective (la leur)qui frappe l'auditeur, car la précision technique rejoint enpermanence (presque naturellement, à ce niveau de maturi-té) l'exigence induite par la pensée.Nous quittons donc définitivement le divertissement pourquelque chose proche de la sérénité.

Un secreto Quatuor Hêlios

Vand’oeuvreRef : VDO 0018

> Politi/Petit > Quatuor Hêlios

> Pablo Cueco

> Caratini Jazz Ense.

> Deschepper.Sol Suelo Sombra y Cielo

darling nellie gray

Richard Axon, (violon), Hélène Breschand, (harpe),Denis Colin (clarinette basse), Pablo Cueco (zarb, per-cussions), Christophe Griveau (cornet), AntoineLazennec (hautbois), Michel Maurer (piano), Didier Petit(violoncelle), Mirtha Pozzi (percussions), PierreRigopoulos (percusssions), Henri Tournier (flûtes),Patricio Villarroel (direction)

Le premier disque de Pablo Cueco en leader. Une musiquefascinante où la pensée rejoint le corps. Une expérience engrande formation très aboutie.

Transes EuropéennesRef : TE 023

Space Time R.Ref : BG 2012

French Kiss

Café Rembrandt

Adrien Politi (guitare), Alain petit (violon), SandraRumolino (voix), Pablo Cueco (zarb, percussions),Juan José Mosalini (bandonéon)

Il arrive parfois que le tango sombre dans un sentimenta-lisme quelque peu spiritueux. C’est loin d’être le cas avecle présent album. Les mélodies et les arrangements de«Un secreto» tiennent de l’épure. La musique atteint ici laclarté du dessin.

>Casini/Rava

> Donald Brown

Label BleuRef : LBLC 6623

(Vento)Enrico Rava (trompette), Barbara Casini (voix, guitare),Paolo Silvestri (arrangements et direction d’orchestre),Mauro Negri (clarinette), Stephano Bollani (piano,chant), Giovanni Tommaso (contrebasse), RobertoGatto (batterie)

Le projet d’un album de chansons «comme on ferait unalbum de jazz», avec la même liberté et le même mépris desmodes et du temps qui passe.

Influencesa) Celles qui vous ont appris par l'écouteTellement de monde...Je pioche dans le tas afin qu'il y ait au moins unnom dans la liste, quelqu'un que j'aime énormément et une de mestoutes premières influences : Fred Van Hove.b) Celles avec qui vous avez pu jouerToute rencontre m'influence, même dans les pires moments !Mais il y a beaucoup de bons moments. Les gens avec qui je joueactuellement par exemple, dont une des dernières personnes que j'aipu rencontrer : Jean-Luc Guionnet.

Quelle idée avez-vous a) du jazz ?Ce que j'aime : un mouvement qui semble-t' il, échappe aux défini-tions universelles. Je n'ai cependant aucune dévotion pour lui.b) du tempo ?Le même genre d'idée que pour la hauteur, ou le timbre.c) du swing ?Notion (réservée au jazz d'influence afro-américaine) à laquelle je nesuis pas insensible, mais qui ne s'applique pas à tout.d) de la modernité ?Je ne sais pas trop ce que signifie "être moderne", il faut plutôt levivre.

En tout cas, la période contemporaine est normalement exempted'hommages et mythifications : un espace de liberté vital.e) de la moralité ?ça fait un curieux mélange avec l'art, souvent même explosif...

Réactions aux noms suivants :a) ArmstrongSemble-t' il quelqu'un d'incontournable, que j'aimerais vraiment étu-dier de près un jour, mais je veux d'abord m'occuper des vivantsavant qu'il ne soit trop tard.b) BoulezNotamment un très grand chefc) SclavisUn des premiers jazzmen non américain que j'ai écouté. Il m'a beau-coup marqué.d) Orson WellesBruno Dumond ("l’humanité"), Jim Jarmush - mais j'aime aussi beau-coup Orson Welles !e) François MitterrandC'est le nom d'une grande bibliothèque.

Suite p .5

Lumières d’été 2 : Olivier Benoît

Emouvance2000 - EMV1012

> P. DeschepperLaurentHoevenaersOlivier Benoît(un) written

Vos derniers disques sont très composés,et dans leur entier racontent une histoire. Sophia Domancich : Oui, le choix de l’ordre,par exemple, me paraît vraiment importantpour l’histoire. C’est comme un tableau, si tumets tel objet à tel endroit, il ne va pas res-sortir de la même façon. Christine Wodrascka : Et justement, tu asd’autres notions que celle de musique aumoment où tu fais de la musique. Moi jepense souvent à des paysages, des couleurs,de la sculpture, de la matière, etc. Et j’aimeque ça ressorte très concrètement.Quel est votre rapport à l’image ?CW : Composer pour le cinéma est un de mesrêves. Je trouve que c’est une fonction de cequ’on fait qui ouvre un tas d’horizons. SD : Je pense qu’il y a différentes façons devoir ça. Moi, j’ai un môme qui a 19 ans, qui faitde la musique, du hardcore ou je sais pasquoi, et je l’entends parler. Tout est pris encompte, le look du groupe, la pochette. C’estune image globale, mais c’est une projectionpar rapport à l’extérieur. Moi, quand j’ai uneidée de pochette, c’est juste qu’une photo etune musique correspondent à la même choseau même moment, donc j’ai envie de lesmettre ensemble, c’est tout. Ce n’est pas une"icône" jazz.Mais dans ce que fait votre fils, ça compteparce que c’est très présent dans lesmusiques dites populaires aujourd’hui . Enmême temps, il y a beaucoup de gens quiont commencé le jazz parce qu’ils avaientenvie de ressembler à Chet Baker ou àJohn Coltrane… Mais finalement, ce quicompte, c’est la transformation, ce qu’onva être capable de faire à partir de ça.SD : Oui, d’ailleurs j’adore demander auxmusiciens comment ils ont commencé, et j’aisouvent plein de réponses comme ça.Et vous, comment avez-vous commencé ? CW : J’ai fait de la musique très tôt et un peumalgré moi. J’étais une petite fille de bonnefamille, qui avait un piano à la maison et à quion a fait donner des leçons, et je me suis lais-sée faire. J’ai été un peu entraînée par monfrère qui me faisait jouer du jazz-rock. Et à unmoment, j’ai découvert le free jazz, l’ArtEnsemble of Chicago, etc. Ca correspondait àma vie, c’était les années 70, j’étais ado, unpeu révoltée aussi… Les années passant, jeme suis mise à improviser de plus en plus. Etun jour, à 20 ans, on m’a demandé de rem-placer un pianiste de free jazz. Ca a été unerévélation : je voyais mes doigts qui faisaientdes trucs tous seuls, une souplesse, unevolonté, un " je veux ça, je le fais"… Bon, etpuis après, la merde a commencé !SD : Moi aussi, j’ai commencé très jeune.Lydia, ma sœur, s’est mise à jouer du piano.Ca m’a plu et j’en ai fait aussi. Mes premierssouvenirs, c’est vraiment des trucs de môme,de voyages, de rêves. J’adorais passer desheures au piano. Puis j’ai fait le conservatoire

national, une période plus pénible parce queje ne venais pas du tout du même milieusocial que les autres, venant de Sarcelles. Lefait de ne pas me sentir à ma place a étéassez déterminant. Et un après-midi, j’ai vuDuke Ellington à la télé, j’avais 9 ou 10 ans, etj’avais trouvé ça génial et je m’en souviensencore. Mais je n’avais pas de disque de jazzet je n’en ai pas réécouté tout de suite. Plustard, j’ai acheté mes premiers disques :Mingus, Ellington, Max Roach, "Kind of blue"de Miles Davis, que j’ai usés pendant desheures…Faire des disques, c’est important pourvous ?CW : Oui, c’est le résultat d’un travail, pourfiger quelque chose.Est-ce que ça a d’abord une valeur docu-mentaire, ou est-ce une autre démarche ?CW : Les deux. Ca fait partie des moyens dediffusion, et c’est aussi un moyen d’avancerdans le travail. "Avancer dans le travail", ce serait commefaire une photographie à un momentdonné ?CW : Oui, quand on aboutit à une directivequ’on s’est fixé, on sent qu’à un moment il fautarrêter, un peu comme un tableau. En fait ils’agit d’arrêter quelque chose qui risquerait dedevenir systématique. En même temps il y atoujours un petit truc qui va être un démarra-ge pour la suite.SD : Pour moi, c’est un moyen de communi-cation, différent, mais au même titre qu’unconcert. Pour vous, Sophia, le trio est une choseassez importante ?SD : Oui, en tous cas je travaille avec lesmêmes musiciens depuis huit ans. Trois, j’ai-me bien : mon oreille arrive à canaliser ce quise passe.

En même temps, vous pourriez vous dire : "Attention, il y a une forte identification àdes choses très puissantes dans l’histoiredu jazz. Je vais me débrouiller pour esqui-ver le coup : à la place d’un batteur, avoirun joueur de guimbarde", par exemple.SD : Oui, mais en fait ça ne change rien auproblème. Pour moi, la référence est au-delàdu fait de prendre des instruments qui neseraient pas ceux que l’on entend traditionnel-lement. Parfois, j’entends des choses qui meparaissent aussi "conventionnelles" qu’un trio,à part qu’on a mis des instruments un peuhétéroclites. Bien sûr, il y a moins de points decomparaison. Et alors ? Je joue ce que j’aimejouer. Maintenant il y a quand même deschoses que je n’irais pas me permettre, parpudeur. Il y a une limite entre accepter lesinfluences et aller directement extrairequelque chose qui appartient à un langageprécis. Moi, je ne passe pas cette porte-là.Parce que je crois que je n’assumerais pastrès bien… Ceci dit, je ne vais pas avoir la pré-tention de refuser absolument une quel-conque ressemblance. Tout ça fait partie demoi, et j’aime des choses relativement tradi-tionnelles…Depuis quelque temps, le terme de "Freejazz" est revenu très en avant, comme unerevendication très forte.CW : Je crois que l’époque veut ça. Quand ona tout épuisé, il reste cette sorte de sécurité.C’est intéressant de faire du free jazz parsécurité ?CW : Oui, et c’est un problème. Le free jazz,c’est quelque chose d’assez précis, c’est uneépoque, une démarche, un engagement, çavient d’un certain milieu, de certains musi-ciens. Enfin, moi, quand j’entends " free jazz ",je pense à une mouvance américaine desannées 70, avec dans la tête le reflet d’uneépoque bien précise.

En voyageant au travers de familles diffé-rentes on voit qu’on s’accroche souvent àdes définitions identitaires strictes. Si onparle avec des gens qui font de la popmusic, du jazz ou de la musique contem-poraine, on n’aura pas les mêmes discoursmais avec quand même quelque chosed’assez proche dans la difficulté de tou-cher immédiatement quelque chose. Est-ce qu’on ne serait pas là dans unedémarche qui serait de se réfugier de plusen plus derrière des formes ? Quelquechose d’assez oppressant pour le musi-cien ?CW : Dans mon cas ce qui est oppressant,c’est quand j’entends : «Christine Wodrascka,c’est intéressant mais pourquoi elle passe pasplus souvent ? Ah mais elle ne remplit pas lessalles, sa musique est comme-ci comme-ça,un peu trop chépaquoi.» Je me bats encorecar j’ai failli craquer plusieurs fois, je suisassez fragile. Tous ces classements ne sontque le signe d’un manque d’information volon-taire. Les formes : je n’y pense jamais. Ellessont des repères dont on a parfois besoin.Mais au bout d’un moment, la créativité enprend un coup. Je veux garder cette liberté dejouer ce que je peux jouer. Je trouve qu’il fau-drait aller vraiment plus loin que tout ça. SD : Moi, j’ai le sentiment qu’ on remplit unefonction. S’il arrive qu’on ait besoin de remplirtelle ou telle case, on fait appel à bidule ou àmachin, et ça remplit cette case-là. Et le jouroù il y a toujours cette case à remplir, çatombe bien, le jour où elle n’y est plus, elle n’yest plus. Alors après, soit on décide d’en rem-plir une autre, et on change éventuellement cequ’on fait, soit on reste à ce qu’on a envie defaire, et on cesse de remplir la case. Mais cecidit, je crois qu’il y a un public pour beaucoupde choses, et c’est là où on peut remettre enquestion tout ce que sont les médias, y com-pris le disque. De toute façon, on n’évolue pasdans une sphère – tant au niveau des musi-ciens qu’au niveau des producteurs dedisques – où on nous demande de fairequelque chose. Après, rentre en ligne decompte ce qu’on représente commerciale-ment, et de toute façon, on ne représente rien.Donc on va quand même pas en plus nousemmerder à nous imposer des choses. Cegenre de problème ne se pose pas pour nous.Et tant mieux !

Propos recueillis parJoach Renard et transcrits par Nicolas Jorio

Lors de la dernière édition du festival «Banlieues Bleues», la pianiste Christine Wodrascka jouait en solo avant l’ONJ de DidierLevallet comprenant la pianiste Sophia Domancich. «Le Péripatéticien» de Christine Wodrascka et «Rêves Familiers» de SophiaDomancich arrivent à point nommé pour offrir les clés de deux univers où les désirs sont concrets et le sursaut, vital.

Sophia Domancich et Christine Wodrascka

L’usage des possibles

> Sophia DomancichFunerals

> Christine WodrasckaLe Péripatéticien

> Sophia DomancichLa part des anges

> Christine WodrasckaTranskei

> Sophia DomancichRêves familiers

Gimini1991 - GM 1001

La nuit transfigurée2000 - LNT 340101

Gimini1997 - GM 1008

AA1994 - 312 605

Gimini2000 - GM 1011

On entend la guitare ! Depuis le quartet de Jacques Mahieux, Olivier Benoît promène son imagination illuminée avec Christophe Marguet, Claude Tchamitchian, Médéric Collignon,Sylvain Kassap, Raymond Boni, Claude Barthélémy ou Philippe Deschepper.

Sophia Domancichparticipe à 2 autresdisques sur lelabel Gimini :

Equip out : Up1990 - GM 1006 Paul Rogers :Time of Brightness1997 - RM027

Les Allumés du Jazz No 3 - 3ème trimestre 2000 Page 4

Photo Philippe Lenglet

Photo Christian Ducasse

Influencesa) Celles qui vous ont appris par l'écoute" Amen " d’Otis Redding et " Electric Ladyland " d’Hendrix ont étémes premiers 33 tours puis il y eut Coltrane, Stravinsky, ArtEnsemble of Chicago, Bartok, Sun Ra, Albert Ayler … Tous cesartistes (et beaucoup d’autres) ont eu et ont toujours sur moi uneinfluence très forte. Plus tard, quand j’ai commencé à étudier lacontrebasse, Charlie Haden, Henry Grimes et Johnny Dyaniétaient mes préférés, aujourd’hui je suis attentivement le travailde William Parker, parce qu’il est un des seuls à pouvoir convo-quer dans son jeu, des éléments d’autres disciplines artistiquescomme la poésie, la danse, les arts plastiques, et à les projeteravec une conviction rare.b) Celles avec qui vous avez pu jouerAndré Jaume, Charles Tyler, Dennis Charles, Frank Lowe,Daunik Lazro, Siegfried Kessler et Barry Atschul sont les musi-ciens dont je connaissais le travail avant de jouer avec eux.Certains, comme Charles Tyler ou Dennis Charles, de par leurpersonnalité, ont bouleversé mon approche musicale et ma vie.

Quelle idée avez-vousa) du jazz ?Si " jazz " est le nom de cette musique qui est née aux Etats-Unis,il y a un peu plus d’un siècle qui a évolué à partir de la Nouvelle-Orléans, qui s’est propagée sur toute la planète, qui possède unemultiplicité d’approche et de forme aujourd’hui et dont l’espritserait rebelle, insoumis, créatif et libre … Je me sens jazzman.b) du tempo ?Régulier, rubato ou explosé, il est un élément indispensable del’expressivité musicale.c) du swing ?

La sensualité de la danse à l’intérieur de la musique.d) de la modernité ?Critère désuet parce qu’il est lié au temps qui passe …e) de la moralité ?? ? ?

Réactions aux noms suivants:a) ArmstrongA la version 69, Neil et son dérisoire drapeau sur la Lune ou" Tintin, domestique du Grand Capital ", je préfère " swing thatmusic " par " Satchmo " pour son éternelle modernité.b) BoulezLes propos méprisants de Boulez sur le " jazz " m’ont fait oublierle compositeur et directeur d’orchestre de talent.c) SclavisAlors lui, je l’aime ! J’ai beaucoup d’admiration pour sa musique,pour son parcours d’autodidacte, sa rigueur, pour son infatigabi-lité dans le travail, sa créativité.d) Orson WellesN’étant pas cinéphile et ne connaissant que trois de ses films :Citizen Kane, La Splendeur des Ambersons et le Procès, je nepeux réagir.e) François MitterrandPour beaucoup de personnes de ma génération, 1981 était char-gé d’espoir, puis vint la déception, la colère enfin, à propos de laparticipation de notre pays à la guerre du Golfe…Pourtant, l’abrogation de la peine de mort et des lois pénalisantles homosexuels, par exemple, laissaient espérer une évolutionpolitique plus digne.

suite p. 7

>F. Lowe -B. SantacruzShort Tales

Bleu Regard2000 - CT 1959

> B. SantacruzAfter the Demon’sLeaving

AA1997 - 312 623

Lumières d’été 3 : Bernard Santacruz

Hélène Breschand : Harpo Marx est l’unedes premières figures de la harpe à qui j’aivoulu ressembler. Mais comme il est unhomme, il fait le muet, il est acteur, ça m’obli-ge donc à ne pas me sentir harpiste et cher-cher au delà de l’image de l’instrument...Isabelle Olivier : Quand on fait de la harpe,et à plus forte raison de l’improvisation, on estconsidérées comme des extra-terrestres oudes marginales. Alors, pour toi, c’est quoi laharpe, comme instrument ?H.B. : En fait, je voudrais être "musicienne".On nous prend parfois pour des gens un peu"exotiques", mais ça passe vite, c’est le pre-mier regard. Avec la musique improvisée, j’aidécouvert plus facilement la musique que lesinstruments. I.O. : Je voulais juste connaître ton sentimentintérieur.H.B. : C’est un petit peu comme si c’était elle

qui m’appelait. C’est l’instrument qui m’a choisie aussi. C’est très intime. Quand j’entends leson de la harpe par hasard, sur un disque oudans la rue, ça crée une émotion particulière,comme une odeur que j’ai depuis l’ enfance…I.O. : Avec les années, je l’aime de plus enplus. Avec beaucoup moins de stéréotypesqu’au départ et un rapport quasi-charnel.Pendant des années, j’avais envie de jouerd’autres instruments, parce que la harpe, jetrouvais ça très limitatif. Je m’aperçois mainte-nant que c’est moi qui me posait ces limites etqu’en fait, elle n’en a pas.H.B. : Je ne dirais pas "limite" non plus, je par-lerais plutôt de "directions". I.O. : Qu’est-ce tu fais en ce moment ? H.B. : J’aime toujours jouer en solo. Le trioavec Sylvain Kassap et Didier Petit me tient àcœur. Je participe aussi avec Thierry Madiotet Sophie Agnel à une sorte de trio pour " ins-

truments préparés ". Jean-Marc Montera ouMichel Doneda sont des compagnons égale-ment très importants. C’est très ouvert. Je faisaussi partie des groupes de Pablo Cueco etDenis Colin. J’aime bien aussi les rencontres.Et il y a la musique écrite aussi qui est vrai-ment pour moi un équilibre. I.O. : Tu écris ?H.B. : Pas vraiment, enfin disons que je necompose pas mais que j’écris tout le tempssur un petit carnet, un sorte de carnet de cro-quis. J’essaie plus ou moins des choses maissans trop forcer. Et toi ?I.O. : Dans «Océan», au départ c’était moitiémoi, moitié Sylvain Beuf. Mais c’est quelquechose que je me suis appropriée au fur et àmesure des années et qui n’était pas là audépart. H.B. : Mais comment tu composes ? I.O. : Pour le dernier disque, je suis partie unesemaine toute seule, dans une maison aubord de la mer, et là, j’ai écrit en vrac. Puis,pendant six mois, un an, j'ai tout construit… H.B. : «Océan» c’est un spectacle ?I.O. : J’ai surtout travaillé sur l’imaginaire de lamer. Ces derniers temps, je travaille aussibeaucoup avec le théâtre. Les premièresannées, on a tourné de manière " traditionnel-le " ; moi, j’avais fait quelques expériences demise en scène dans le cadre de la musiquecontemporaine, ce qui m’avait vraiment plu.Aussi bien en tant qu’interprète que pour lepublic, d’ailleurs : nous avions joué, parexemple, devant des enfants, des gens pasdu tout sensibilisés à ce genre de musique, eton s’était aperçus que le fait d’avoir une miseen scène, une scénographie, des lumières,avait énormément aidé ces gens à rentrerdans la musique. Je me suis donc dit, pour«Océan», qu’on allait raconter une sorte d’his-toire sans parole. Alors on s’est mis à travailleravec un metteur en scène, on a présenté lespectacle à Avignon, puis on l’a repris, et c’estça qui m’a donné envie de faire le disque. Etmême si le disque n’était pas complètement lespectacle, il reste un vécu. C’était une histoireà quatre qui avait été assez exceptionnelledans le rapport avec le public, et tous les soirsles gens venaient nous voir en nous racontantdes histoires différentes. Au final ces schémasvisuels, scénographiques, nous ont vraimentfait évoluer sur le plan musical et on en gardetous un fort souvenir.H.B. : Je me souviens qu’à une certaineépoque, tu aimais beaucoup jouer de la harpeceltique…I.O. : Oui, j’ai commencé par ça, j’en ai faitpendant dix ans. D’ailleurs, on me dit souventqu’il y a quelque chose de celtique dans mamusique.

H.B. : Moi aussi ça a été mon premier amour.Alan Stivell ça a été un vrai choc.I.O. : Si vous faites un concert en trio avecSylvain Kassap et Didier Petit, vous ne savezpas du tout ce que vous allez faire ?H.B. : Tous les trois, on se voit régulièrement,mais dans différentes formations : suivant lesoccasions. Avec Didier, il y a les«Transeuropéennes Orchestra» de PabloCueco et «Dans les cordes» de Denis Colin.Avec Sylvain, on travaille dans «Laborintus»un ensemble de musique contemporaine…Sylvain et Didier sont aussi en contact de leurcôté. Voilà, j’aime bien le fait de se croiseraussi dans d’autres choses, chacun glane despetites graines, et ensuite, pour le trio, il sepasse ce qui se passe .I.O. : Et tes autres participations ?H.B. : Avec Pablo Cueco et Denis Colin, j’aiappris à chercher une place dans un groupe etun rapport fort au tempo. La harpe est aussiun instrument de percussion. C’est comme çaque la voyait Stravinsky. Avec eux, j’ai aussiretrouvé le sens de la harpe traditionnelle.Quelque chose que j’apprécie grandement quime rapproche de la musique traditionnelledont je ne peux finalement pas me défaire : laharpe africaine, la harpe des Andes. Là jereviens encore à Alan Stivell. L’autre jour jecherchais un disque de Kristen Nogues, j’aitéléphoné à tous les magasins de harpes.Personne ne connaissait et quand j’ai dit quec’était de la harpe celtique, ils m’ont réponduavec condescendence qu’ils ne s’occupaientque des harpes à pédales. J’aime l’aspect trèsjouissif d’Aurora Barbatelli quand elle jouemême des choses très complexes avec ungrand sens ludique. Aux Etats-Unis, il y abeaucoup de harpistes qui travaillent surgrilles ; en France je ne connais que toi etMagali Szigmond. Alors comment en es-tuvenue à travailler comme ça ?I.O. : Au début, c’était quelque chose de com-plètement étranger pour moi, donc comme jen’y comprenais rien, j’ai commencé par del’improvisation libre. Et puis les musiciensavec qui je travaillais m’amenaient des mor-ceaux avec des grilles. Ma démarche a doncété de me dire : "Il n’y a rien d’impossible,c’est une exploration, les musiciens sont desexplorateurs ; donc à ce titre, ça vaut la peinede savoir ce qu’on peut faire de tel ou tel mor-ceau avec une harpe ". C’est une des grandesvertus du jazz, d’apprendre sur le tas, de trou-ver son propre discours. Le plus important, mesemble-t-il, c’est de trouver son chemin soi-même.

Propos transcrits par Nicolas Jorio

La harpe est un instrument magique que l’on trouve dans maintes cultures. Pourtant, le jazz n’a jamais trop su quoi en faire sice n’est les colorations modestes de Casper Readon, Verlye Mills ou Corky Hale. Mais après les pirouettes merveilleuses d’HarpoMarx, les apparitions de la harpe free d’Alice Coltrane dans «Peace on Earth» et les jeux bluesy de l’Italienne Aurora Barbatelli,Hélène Breschand et Isabelle Olivier s’imposent comme les nouvelles héroïnes de l’instrument qu’un vieux sage appelait «l’arbre

Hélène Breschand et Isabelle Olivier «Y-a-t-il une vie après Harpo Marx ?»

>HélèneBreschandHarpiste

> Isabelle OlivierOcéan

> Isabelle OlivierOcéan «au pied la mer !»

RDC2000 - GM 1011

RDC2000 - 40056-2

In Situ2000 - IS 190

Egalementdisponible auxADJ :

> Aurora BarbatelliAvec :

Mike Cooper Island Songs1996nato - 777 707

Rita MarcotulliThe Woman Next Door1998label bleu - LBLC 6601

Christian Ducasse

Puissance de tempo alliée et modernité traditionnelle sont deux des caractéristiques de ce compagnon de Frank Lowe, Dennis Charles, André Jaume ou Archie Shepp.

Les Allumés du Jazz No 3 - 3ème trimestre 2000 Page 5

Clarinettes -Label Bleu LBLC 6626

La critique de la critique

La critique est facile mais la critique de la critique l’est encore plus

Certaines chroniques de CD vous semblent injustes, déplacées, mal motivées, fausses, mauvaises... Vous aimeriez y répondre... Le journaldes ADJ vous en offre la possibilité.Quelques conditions sont nécéssaires : l’auteur doit signer sa chronique et fournir le texte intégral (photocopie) de la critique critiquée. Il nedoit pas être impliqué directement dans le CD chroniqué (producteur, musicien etc.). La critique de la critique ne doit pas être une nouvellecritique du CD mais bien une critique de la critique, elle ne doit pas être injurieuse. Elle doit être argumentée.

mis en doute.

L'arrivée des "intégristes du free"dans cette chronique s'avère êtreaussi malvenue que celle de quelquesbagarreurs dans un paisible et vespé-ral bal de campagne.

Mais tout d'abord, qui sont-ils ? Le lec-teur gagné par l'enthousiasme dujournaliste devient perplexe : la chro-nique ne le dit pas. Elle nous précisesubtilement que tous les joueurs destyle free et même tous les intégristesdu free ne sont pas concernés car ils'agit de "certains intégristes du free"seulement. L'affaire se corse, il yaurait des intégristes du free qui nereprochent rien à Louis Sclavis et desintégristes du free qui lui «reprochentd'ailleurs, aujourd'hui encore, en lequalifiant de "populiste", voire de fai-seur spécialiste, ces "jolis" thèmes unpeu mièvre (mélodies interdites deséjour pour ces partisans de l' "impro"totale pure et dure)».

Tentons tout d'abord de cerner ce petitgroupe. Cecil Taylor, Milford Graves,Derek Bailey ou Peter Brötzmann nejouent que (du) free depuis desannées et l'affirment très fort. Les qua-lifions-nous pour cela d'intégristes ?L'affirmation serait malhonnête, voireréactionnaire. Louis Sclavis a été lui-même un adepte convaincu du stylefree. Il continue de le pratiquer à l'oc-casion. Cherchons alors auprès d'an-ciens partenaires (ceux de l'Arfi sonthors de tous soupçons). Le "Tour deFrance de Louis Sclavis", parexemple, rassemblait des improvisa-teurs de diverses parties de l'hexago-ne : Michel Doneda, Beñat Achiary,Yves Robert, Gérard Siracusa entreautres. Même s'ils ont pris des routesdifférentes, ont-ils pour autant lancéune Fatwa contre leur ancien chefd'orchestre? Ce serait grave et lesgazettes s'en seraient fait l'écho. Non ! Ou alors des musiciens connuspour avoir des positions assez arrê-tées, voire sévères, comme Ninh LêQuan. Mais celui-ci ne peut-être cata-logué d' "intégriste du free " puisqu'iljoue aussi des œuvres écrites (voir ledernier et très recommandable disquedu Quatuor Hélios). Pas d'indices véri-

tables donc pour identifier ces enne-mis des jolis thèmes. Il s'agit peut-êtreseulement de ces calembredaineshasardeuses qui circulent lors desaprès-concerts de jazz (au sens trèslarge, je n'aimerais pas avoir de pro-blèmes ni avec les intégristes du jazz,ni avec les intégristes de l'anti-jazz) etqui deviennent des expressions d'usa-ge aussi fiables que la résurrection deJésus-Christ. Aux arguments suppo-sés des intégristes non identifiables,l'auteur n'oppose qu' "un grand etbeau disque". On imagine mal ces fic-tifs "intégristes du free" se satisfairede cette affirmation. Dommage, elleaurait pris toute sa valeur commeconclusion de la partie sérieusementamoureuse de la critique.

Seul Pierre-Henri Ardonceau introduitle doute en laissant supposer que lesmélodies de Louis Sclavis pourraientêtre "populistes". Comme il le dit lui-même dans une note en bas de cri-tique : "** Se méfier de certains mots".Et il poursuit " Et des apparences …Beau gosse, à l'allure angélique,Sclavis est un artiste-citoyen engagédans de multiples combats, notam-ment contre le Front National. ".L'auteur doit alors estimer que LouisSclavis a besoin de garanties supplé-mentaires (contre les "intégristes dufree" sans doute). Il nous fait non seu-lement le coup de l'artiste antifasciste,de l'artiste-citoyen (l'horrible tiret quitransforme l'idéal en fonction), maisen plus celui du beau-gosse-antifas-ciste. On pense à ces courageusesstars du porno autrichien qui ont refu-sé (même contre salaire) de participerau bal de l'Opéra de Vienne. Ont-ellessoudain un projet de société ?Deviennent-elles automatiquement degrandes actrices ? Elles prouvent seu-lement, ce que Pierre-HenriArdonceau semblait ignorer, qu'onpeut être bien roulé(e) et antifasciste.Bonne nouvelle! L'antifascisme n'estpas réservé aux laids. Deuxièmebonne nouvelle : les beaux-gossespeuvent penser. Sclavis mérite tout demême mieux.

Pierre-Henri Ardonceau, en abordantaussi brièvement un sujet si délicat etcomplexe que l'antifascisme, torpille

l'artiste qu'il aime. Le critique fait pen-ser à ces footballeurs qui, quand toutest pour le mieux, délirant d'enthou-siasme, se mettent à marquer desbuts contre leur camp. On ne s'éten-dra pas sur les nombreux exemplesd'antifascistes qui, par refus deremettre en cause la société danslaquelle ils vivaient, ont favorisé lavenue au pouvoir de Franco,Mussolini ou Hitler. Et aujourd'hui,faute de Front National, ces antifas-cistes français qui crient au scandaleautrichien lorsque leur propre paysexerce une politique de plus en pluspolicière et raciste (voir actualitérécente) ?

Louis Sclavis est un artiste importantqui a fait bouger les choses. Ce quigénère bien des contradictions (hélas,souvent exprimées seulement en cou-lisses – coulisses de ces fameuxaprès concerts sans doute ). Il sou-ligne, avec justesse, l'endroit dudébat, dans le même numéro de JazzMagazine, à la fin de l'interview que luiconsacre Stéphane Ollivier (page 21): "Moi je suis arrivé à une période quia bénéficié de la politique culturelle deLang qui, quoi qu'on dise, a été béné-fique pour l'art et le statut des artistes.Les musiciens de jazz de la généra-tion précédente avaient dû jouer de lavariété toute leur vie pour survivre, ilne faut pas l'oublier. Or fin des années70-début des années 80 le jazz fran-çais entre dans la culture. Ma carrièreprend de l'essor au moment où naîtBanlieues Bleues par exemple…C'est juste un effet de contemporanéi-té, mais la rencontre n'est pas anodi-ne".

"Clarinettes" est le disque d'unauthentique catalyseur, aujourd'hui aucentre de diverses polémiques qui tra-duisent bien des malaises. Il seraitabsurde de le réduire à l'antifascismesimplet (pour en faire un héros) ou aupopulisme (pour en faire un ennemi).Il ouvre lui-même un débat intéres-sant, profitons en !

Jean Rochard

Louis Sclavis : "Clarinettes"Jazz Magazine 501 février 2000.

Pierre-Henri Ardonceau signe làune critique enthousiaste de laréédition d'un disque phare de lavie du jazz français. Il aime LouisSclavis et nous le fait partageravec bonheur. Jusqu'au momentoù il se place sur la défensive, ceque rien ne laissait prévoir, et intro-

duit de mystérieux "intégristes dufree", puis réduit Louis Sclavis, tou-jours en croyant vouloir bien faire,à une sorte de Patrick Bruel.

Un critique pervers aurait pu joueravec ces éléments pour déstabili-ser le sujet mais on imagine mal cecas d'autant que l'intérêt de l'au-teur pour le clarinettiste - prouvémaintes fois - ne saurait être

Suite à la critique de sa critique du disque de Jean-FrançoisCanape parue dans le numéro 2 du journal des ADJ, Alex Dutilh nousécrit :

«Cher Pablo,bravo pour l'initiative.Je persiste et signe mes réserves, à distance de je ne sais pluscombien d'années : je te sais sensible aux arts plastiques : disonsque la liberté née des contraintes que se donne un Paul Klee, mesemble plus courageuse, car plus difficile que celle d'un Beuysqui "lâche" tout. Mon reproche tient à la démarche : trop facilede se mettre en contexte inédit. Tellement plus difficile de seconfronter aux précédents. Pas plus tard que dimanche dernier àCopenhague : In a Sentimental Mood, éculé, tu en conviendras, prisà bras le corps par Chris Potter. Résultat totalement inouï, ausens propre du terme. Ou alors Dave Douglas relisant Wayne Shorterou Brassens… Ou Lucas Niggli et Sylvie Courvoisier en impro tota-le mais "pensant" la structure de leur disque. J'aime ça dansl'art, danse ou cirque ou musique ou cinéma, etc : subvertir. Justeune inexactitude : je ne "rajoute" jamais. Il m'arrive de retran-cher, de préciser par un mot à la place d'un autre. Mais mon écri-ture est 9 fois sur 10 dans le premier jet. Celui de la sensation.Et de la subjectivité la plus vive. C'est la moindre des chosesface à la prise de risque de l'improvisateur… Respectueusement,amicalement, parfois amoureusement… Et si possible sans complai-sance (j'aime bien Canape, humainement, par exemple) ni copinage(justement : qui aime bien…).»Alex Dutilh

Quid d’une critique de la réponse à la critique de la critique ?

Les Allumés du Jazz No 3 - 3ème trimestre 2000 Page 6

En marge de la critique de la critiqueFrancis Marmande est un ardent défenseur des formes libres,il a pourtant laissé échapper deux courtes phrases ayantinquiété Jacques Oger. La première dans Le Monde du 16novembre 1999 à propos de la programmation du festival deNevers «Point fort d’un programme régulièrement orienté versce qui maintient une idée possible des musiques improvi-sées.», la seconde dans celui du 6 avril 2000 à propos de laprestation du Workshop de Lyon au Festival de Nîmes «(...)l’élégance de ne jamais se laisser aller au génie de l’improvi-sation interminable (...)». Il ne s’agit donc pas ici d’une critiquede la critique (le reste des articles n’étant pas en cause), maisd’une sorte d’étude des signes.

L'improvisation occupe dans la représentation sociale de lamusique le rôle (maudit et envié) du refoulé. Un refoulé qui ne selaisse pas faire, évidemment, et ressurgit toujours là où on ne l'at-tend pas. Si bien que pour couper court à tout débat, on traite sou-vent la musique improvisée à la légère.Pendant longtemps (moins semble-t-il depuis quelque temps), on aeu droit au charmant "tut tut pouet pouet", repris en chœur parnombre de musiciens que la libre improvisation effrayait sansdoute. Louis Sclavis déclarait récemment s'être senti obligé demontrer dans un de ses premiers enregistrements publiés sous sonnom qu'en plus d'improviser, "il savait jouer de la clarinette" ! (JazzMagazine, février 2000).On est d'autant plus inquiet lorsque la légèreté avec laquelle estconsidérée la musique improvisée, se trouve relayée par des jour-nalistes écoutés, tel Francis Marmande, qui au détour de leurschroniques, laissent parfois le doute s'installer au sujet d'une pra-tique humaine, celle de l'improvisation qui, faut-il le rappeler, afécondé de nombreux genres musicaux (et pas seulement le jazz).

Ainsi lit-on (dans Le Monde du 16 novembre 1999) que le Festivalde jazz de Nevers "oriente régulièrement son programme vers cequi maintient une idée possible des musiques improvisées". Plusrécemment (Le Monde du 6 avril 2000), Francis Marmande tou-jours, écrit (à propos du Printemps du jazz à Nîmes) que leWorkshop de Lyon possède "l'élégance de ne jamais se laisseraller au génie de l'improvisation interminable". Ce genre d'asser-tions ne peut qu'avoir des effets dévastateurs et accréditer l'idéeque la musique dite sérieuse excluerait une certaine idée de l'im-provisation.Faut-il comprendre le mot "possible" dans le sens de "acceptable"ce qui renvoie au paradoxe d'une conception limitative de l'impro-visation ? Y aurait-il donc des idées inacceptables des musiquesimprovisées ? Pas de panique ! Aujourd'hui, tout concourt à cequ'elles soient a priori inacceptables, et cela reste d'ailleurs une deleurs forces. Il y a sans nul doute des formes de l'improvisation quise sont figées, répétitives, modélisées, mais de là à faire la sourdeoreille et à ne garder que ce qui est le plus communément partagé,justement non !On a envie de savoir ce que seraient des idées "impossibles" desmusiques improvisées et on attend avec impatience que des aven-turiers aillent les défricher. Certains s'y emploient déjà.Marmande, veut-il (involontairement) nous parler d'une perte irré-médiable, donc d'une impossibilité ontologique qu'il ne parvient pasà combler ? Mais alors, serions-nous en plein fantasme d'une pen-sée qui a une vision restrictive de l'ensemble des pratiques musi-cales contemporaines (vision de tant de festivals justement) ?

Des pratiques qui n'ont sans doute pas fini de nous surprendre,mais qui ne doivent pas pour autant alimenter les formules accro-cheuses. Que peut bien signifier, en dehors de l'apparente contra-

diction entre les termes, une expression comme le "génie de l'im-provisation interminable" ? Là encore, on est en présence de l'at-trait du refoulé auquel il faut résister à tout prix. Alors, la gesticula-tion écrite devient un échafaudage bringuebalant. Doit-on com-prendre que l'improvisation à la longue, ça devient insupportable ?Ou bien est-ce tout simplement le fait d'improviser qui le serait toutà coup ?Et puis que vient faire "l'élégance" dans un commentaire sur lamusique ? Faudra-t-il bientôt faire passer aux musiciens des testsde génie improvisationnel et leur attribuer des quotas d'improvisa-tion, condition indispensable pour qu'ils puissent faire partie du clubdes élégants et possibles improvisateurs qui ne se laissent pasaller ? Certains pourront-ils encore briser les codes de l'éléganceacceptable ?Il est justement intéressant de relever au passage que de nom-breux improvisateurs se sont posés la question du temps et de sonécoulement, de la durée musicale, ce bien à la portée de tous maisqui échappe.Ainsi la fascination pour les longues improvisations chez le groupeanglais AMM, l'expérience de jouer une journée entière (projetCircadian rythm paru sur le label Incus). "Nous n'avons rien à nousque le temps, dont jouissent ceux mêmes qui n'ont point de demeu-re", écrivait Balthasar Gracian (cité par Guy Debord dans LaSociété du spectacle).On ne peut que souhaiter que Francis Marmande ait assisté, lorsdu tout dernier Festival Musique Action de Vandœuvre (mai 2000),au concert de 24 heures non stop donné par le groupe Mimeo duguitariste Keith Rowe, quelques artificiers engagés dans l'explosionde l'attendu, du convenu, du possible.

Jacques Oger

Nous avons lu dans la presse indé-pendante, confidentielle et spécialiséedeux petits compte-rendus des der-niers numéros du journal des Allumésdu Jazz. Ces deux journaux, leBulletin du Hot Club de France (jazzmédiéval) et Octopus (mouvementalternatif, techno et culture générale)nous critiquent vertement. Ils nousconsidèrent manifestement commedes ennemis... Nous qui ne pensonsqu'Amour depuis la nomination deWayne et Herbie comme chefs derayon chez les bon pères boud-dhistes(voir communiqué de FrèreFrançois Cotinaud p. 12).Nous ne pouvions les laisser sansréponses...Première réponse :Amis d'Octopus... vous critiquez l'en-semble de notre parution sur une por-tion de phrase... quel talent... quelleattention... surtout que cette phrasecoupée de son contexte change desens... mais bon, si on doit tout lirepour critiquer, on ne s'en sort plus.La phrase que vous utilisez :"Les indépendants produisent desmusiques qu'ils aiment et cherchentensuite comment les vendre massive-ment et en dégager éventuellement

des bénéfices."Cette phrase dans le contexte :"Au delà des aspects financiers assezévidents, le travail d'un label indépen-dant se différencie de celui des Majorspar la finalité qui régit les choix artis-tiques. Les Majors produisent desmusiques dont ils pensent qu'ils pour-ront les vendre massivement et endégager des bénéfices. Les indépen-dants produisent des musiques qu'ilsaiment et cherchent ensuite commentles vendre massivement et en déga-ger éventuellement des bénéfices. Cela n'exclue pas que les respon-sables des Majors aiment la musiquequ'ils produisent, ni qu'à l'occasiondes labels indépendants vendent desquantités importantes, mais changetotalement le rapport à la musique,aux artistes et à l'économie. C'estautour de cette relation différente à laproduction et à la musique que sesont regroupés les Allumés." On comprendra évidemment que lesens change un peu. Et même com-plètement... Le terme "massivement"vous choque, vous pensez que nosproductions sont par nature confiden-tielles... Certes le contexte commer-cial est peu favorable, notamment

depuis le rachat de la FNAC par lePrintemps et surtout depuis la mise enplace de méthodes de vente asso-ciées plus volontiers au prêt à porterou aux pizzas congelées (ce sont desexemples...) qu'à la culture en géné-ral.Vous nous associez au Ministère de laCulture, nous sommes (comme beau-coup d'associations à vocationc u l t u r e l l e s . . . ) s u b v e n t i o n n é s .Subventionnés certes, mais indépen-dants. Ces subventions nous aident àfinancer des projets de promotion dujazz produit en France, ainsi que desopérations en direction du circuit com-mercial français traditionnel, de l'ex-port et d'Internet. Cette aide est baséesur la mise en commun de moyens etde ressources et le montage d'opéra-tions en commun, par et pour des pro-ducteurs indépendants, aujourd'huifragilisés par l'évolution du marché.Vous prolongez en opposant le jazzfrançais et le jazz américain qui lui,vendrait massivement, vous êtes sûrde ce que vous dites? Vous nous pré-sentez comme des défenseurs achar-nés du jazz français contre le jazzaméricain. Nous sommes français parhasard (et pas tous, d'ailleurs...),

chers amis, et en plus on s'en fout!Nous défendons notre travail, celuides artistes autour de nous, ce qui sepasse ici et souvent ailleurs parce qu'ils'agit de nos vies, de nos désirs, denos amours et de ce qui se passe làoù on vit... Cela ne nous empêche pasde produire des CD d'artistes améri-cains, du nord ou du sud, d'Afrique oud'ailleurs....Vous nous comparez à un groupe depression, finissant votre pamphlet parune amusante pirouette sur le lobbydes brouettes françaises... Mais lesaviez vous? Les brouettes françaisessont les meilleures du monde... Tousles jardiniers vous le diront...Deuxième réponse : Qu'avons-nous fait, camarades duHot Club, pour vous fâcher ainsi?Nous sommes heureux que vous puis-siez continuer votre lutte contre leGrand Complot de dénigrément duVrai Jazz... Camarades, votre coura-ge et votre détermination nousenchantent.

Pablo Cueco

Anne Ramade in Octopus - Mai 2000Jacques Pécheux in Bulletin du Hot Club - Mai 2000

Lumières d’été 4 : Lucia Recio

Influencesa) par l’écoute b) avec quiErase una vez …Une oreille espagnoleEn forme d'aubergeQui faisait ventre de tout

Quelle idée avez-vous a) du jazz ? b) du tempo ?c) du swing ?"Comment vous voulez dire là dedans ?" : Jacky BernardChantent populaireDe Neuville s/Saône (69)

d) de la modernité ?L'immobilité active : l'oisiveté !e) la moralité… Tant qu'elle ne prend pas toute la placedans le lit …

Réaction aux noms suivants :Marions-les à : a) Yvonne de Gaulle (Armstrong)b) La Passionaria (Boulez)c) Madona (Sclavis)d) Ste Thérèse d'Avila (Orson Welles)e) Rosa Luxemburg (François Mitterrand)

… attendons la suite desévénements …

> Torero LocoPortraits

Arfi2000 - AM 026

Les Allumés du Jazz No 3 - 3ème trimestre 2000 Page 7

Remarquée par sa très juste et très sensible interprétation de «A Las Barricadas» (in «Buenaventura Durruti»), Lucia Recio s’est, deChiens Andalous en Emiliano Z., imposée sans gymnastique comme une réelle expression de la profondeur.

C. Delvoye

Sergent Pieuvre et son club chaud

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Charles/Charmasson

A Scream for Ch. Tyler

Un DMI avec Borhinger

Le K

Michel DonedaL’ anatomie des clés

Labbé / Morières

Ping - Pong

Lope

z / C

otin

aud

Opé

ra

Jean-Marc PadovaniTakiya ! Tokaya !

E guijecriFestin d’Oreille

Sonia Cat-BerroA Singing Affair

South African Friends

Sangena

La Campagnie des Musiques

à ouïr

Swing G

adjé

Kriss R

oman

i

La Femme du Bouc Emissaire

(Q. de N. Doc)

Francis BebeyDibiyé

J.M. V

iguier

Sage

Henri Texier

Mosaïc Man

Sea, sex, sun, voyages, îles et ba

d-

mington, voilà les vacances. Les A

DJ

vous proposent une sélection de 27

disques à 69F *. 27 disques qui su

r-

fent, slident, randonnent et turlu

tutu-

tent à tue tête.¨

Les Allumés du Jazz No 3 - 3ème trimestre 2000 Page 9

Listing des disques p. 15

Un DMI Jeune fille qui

tombe tombe

Mike Cooper

Island Songs

Boni / Tchamitchian

Ké Gats

René UrtregerDidi’s Bounce

Marion BrownBack to Paris

MascaraLes Chansons Françaises

Bill Mobley Jazz Orch.Live at Small’s

Alma Rosa

Chocolate

TabatoLuz Bin !

Mirtha Pozzi

Acadacoual

Lydia Domancich

Chambre 13

Bertrand Renaudin

L’arbre voyage

guijecristin d’Oreille

Lumières d’été 5 : Christophe Monniot

Lumières d’été 6 : Médéric Collignon

Lumières d’été 7 : Pascale Labbé

Pascale LabbéInfluencesa) Celles qui vous ont appris par l’écouteL’art est pour moi un moyen d’échapper au social, unchamp d’aventure intime. J’ai commencé à pratiquerla musique pour retrouver un lieu de silence, de liber-té, de contestation, pour me remettre de ce flot de dis-cours, de cette accumulation de connaissances, decette passivité anti-créatrice imposée par des annéesd’études (bac littéraire, maîtrise de psycho, année delicence de philo). Je retrouvais en pratiquant lamusique, un lieu sauvage archaïque où j’ai longtempsbanni le discours, les références, l’histoire. Je me suispar contre souvent auto - censurée dans cette explo-ration. J’en revenais inquiète, angoissée. J’ai doncété bouleversée chaque fois que j’ai pu entendre ourencontrer des artistes qui osaient aller très loincomme Annick Nozati, Phil Minton, SainkhoNamtchylak.b) Celles avec qui vous avez pu jouerMa rencontre avec Jean Morières a été déterminante.Nous jouons ensemble depuis 20 ans. Je l’ai rencon-tré à l’occasion d’un concert de son groupe«Bambou». Il jouait de la flûte. C’était une musiquetrès douce, très personnelle, porteuse d’utopie, fabri-quée avec des instruments, des gammes, desrythmes du monde entier, avec des temps impairs etde longues plages d’improvisations complètementlibres. Jean Morières avait (et a toujours) une collec-tion incroyable de disques de musiques du monde etde free jazz dans laquelle je me suis plongée avecdélectation. En ce qui concerne la voix, j’ai pu décou-

vrir à cette époque (fin des années 70) les chantsfunèbres des femmes de Guadalcanal, la musiquedes pygmée Bibayac, la musique du Burundi,Lakshmi Shankar, Kinshi Tsuruta, Jeanne Lee avecArchie Shepp (blasé), Joni Mitchell chantant Mingus.Voilà pour les grands déclics chez une jeune adulte(20 ans). L’humour, la contestation et le détourne-ment ont été aussi fondateurs ; Les Situ, Dada, l’anti-art, la méta-ironie, l’anti psychiatrie, le théâtre musi-cal......Plus récemment, la rencontre avec Guillaume Ortiaussi a été importante. Jouer sa musique m’a permisd’explorer d’autres territoires et de rencontrer desmusiciens passionnants. J’aime beaucoup Kartet, lejeu de Guillaume Orti et de Benoît Delbecq. J’yentends la synthèse de plein de courants que j’ai évo-qués et en même temps une grande créativité et unegrande maîtrise.

Quelle idée avez-vousa) du jazz ?Côté lumière : Coltrane : une musique à la fois virtuo-se et spirituelleCôté ombre : une histoire d’étiquettes, de reconnais-sance, de subventions, pas très stimulante pour lacréation musicale.b) du tempo ?La notion de tempo a pour moi un rapport évidentavec le corps et la danse. Mais je dois avouer quecela ne fait pas partie de mes préoccupationsactuelles. Justesse et tempo sont les mailles d’un filetun peu large. et il me reste plein de choses à décou-

vrir entre les mailles (la liberté est chez moi une véri-table obsession).c) du swing ?Une époque dansante du jazz. Une façon de fairetourner, sonner la musique qui aurait à voir avec lalangue parlée et donc chantée.d) de la modernité ?Il faut être absolument moderne. Point de cantiques.Tenir le pas Gagné...Rimbaud. Une saison en enfer.e) de la moralité ? : C’est l’adéquation d’une action àune morale. J’apprécie les gens qui sont en accordavec leurs actes. je crois à la confiance comme forceréparatrice et créatrice.

Réactions aux noms suivantsArmstrong, Boulez, Orson Welles, FrançoisMitterand. Des hommes reconnus, célèbres....Pourquoi avoir choisi ceux-là ? Je ne connais aucund’eux assez intimement pour en parler de façon satis-faisante. Quand je parle d’intimité, j’évoque le temps(forcément long) nécessaire pour connaître quelqu’unréellement ou à travers son oeuvre, son histoire.Le nom de Sclavis est associé pour moi à l’Arfi, aufolklore imaginaire puis au jazz institutionnel français.Je suis très attachée à cette notion de folklore imagi-naire; J’ai souvent écouté avec beaucoup de plaisirLouis Sclavis en concert. J’aime son côté éclectiqueen même temps que sa fidèlité à quelques musicienscomme Bruno Chevillon. Je trouve par contre sesdisques trop «cleans» (les mailles du filets).

Propos recueillis par Nicolas Oppenot

Influencesa) par l'écoute ?Pour les trompettistes : Don Cherry (pour sa poésie, le mys-tique), Miles Davis (pour le lyrisme, le goût du risque). Ceshommes se faisaient eux-mêmes musique. Booker Little,Clifford Brown, Louis Armstrong, Lester Bowie, Ruby Braff,Freddie Hubbard, Woody Shaw, Chet Baker et tant d'autres.Beaucoup de musiques (populaires, ethniques, baroques,classiques, contemporaines …) écrites ou basées sur l'ora-lité m'ont appris une chose simple : elles viennent de la têteet du cœur des hommes. Une bonne équation entre cesdeux choses "musculaires" peut provoquer des émotionsformidables.b) avec qui ?Je n'ai pas d'influences physiques autres que les vibrations

qui s'établissent entre les musiciens que je rencontre etmoi-même. Donc pas de noms à donner, sinon au contrai-re, autant de noms que de rencontres (Barthélémy,Jeanneau, Emler, Badault, A. Vincent, Ch. Monniot, Ph.Gleizes …). La plupart de mes expériences demeurent enri-chissantes, je suis malléable en quelque sorte mais diffici-lement influençable.

Quelle idée avez-vous a) du jazz ?Si cette musique est un moyen de confondre l'instinct, lerespect, l'échange, la poésie et tous les autres sentimentshumains, j'en jouerai encore. C'est difficile d'être généreuxavec ceux qui vivent cela comme une compétition, ou ceuxqui sont mus par la jalousie. Le jazz est né dans la douleur,apprenons-nous l'amour de la cohabitation et de ladifférence.b) du tempo ?Il est un des outils qui exorcisent les sentiments du moment.Quand on compose, il est bon de vérifier les tempi que l'onemprunte souvent. Lorsqu'on improvise également. Oualors on se fige. c) du swing ?C'est peut-être des gens qui se sont laissés être (J.Cage)pendant un moment, ce qui engendre le plaisir ou l'extase.a) de la modernité ?La modernité est dans la tête, quelque soit la musique. Estmoderne ce qui "est" avant tout.Des gens imitent en "étant", d'autres veulent "sur-être" maisne respirent plus. Le jazz est résolument moderne enmélangeant écriture et improvisation.

b) la moralitéRespecter la pensée commune est une bonne chose pourl'équilibre d'un groupe. A l'inverse, il faut savoir se jouer des"moralisateurs" : "Ca se joue comme ça, ça se fait commeci". "Ça" est mort, moi je suis vivant !

Réaction aux noms suivants :Marions les à : a) ArmstrongJ'ai joué du New-Orleans pendant quelques années. C'estde lui que me vient l'esprit de fête dans toutes musiques.b) BoulezUn excellent chef d'orchestre mais qui dit beaucoup deconneries (comme Lully sous Louis XIV - cf Mitterrand).Quand à l'écriture, je préfère Stockhausen ou Varèse,Duthilleux, Heiner Goebbels.c) SclavisC'est quelqu'un qui apparaît comme en eternel mouvement.Je l'ai rencontré quelques fois et toujours avec plaisir. Laseule chose qui me gêne chez lui, c'est sa façon de mangerla "truffade" avec la clope au bec ! Non, sérieux, c'est ungrand musicien.d) Orson WellesUn virtuose qui a su mettre en images la condition humaine(Citizen Kane, Le Procès, Vérités et Mensonges…)e) François MitterrandUn autre virtuose mais dans le style "démocratie monar-chique". Au début "résistant"*, à la fin, beaucoup moins (cf :le mythe errant). Et je n'ai pas le même sens de la cohabi-tation.* lu dans Mickey Parade

photo Patrick Eoche

Influencesb) par la rencontreQuestion vaste ! C’est tellement par la rencontre etl’échange que l’on apprend quotidiennement sur le posi-tionnement et l’évolution d’être musicien et d’êtrehumain.On m’a beaucoup apporté. Quand, par exemple,Bernard Lubat te dit : "continue de ne pas savoir" et t’in-vite par ailleurs à monter sur scène au sein du FreedomScatrap Jazzcogne sans préparation - répétions – par-tition, tu te retrouves au milieu d’un fleuve, sans leroman, et tu apprends à nager en temps réel, seul, maisavec de sérieuses branches humaines autour de toi.Comme Dédé Minvielle, avec son chant, sa poésie, sachaleur, le son du cozeur au fond des bois. CommePatrick Auzier, le faiseur de vœux par rafales d’étoilesfilantes – sifflantes, interposées, le faiseur d’orages parcommande, de foudre et tonnerre à retardement. Alors,pas de choix, et effectivement sans trop savoir com-ment, tu souffles, tu souffles et tu souffles. Quand, à lafaveur d’une rencontre au CNSM, jouant les yeux fer-més "The Blessing" d’Ornette Coleman, tu les ouvres ettu vois le concepteur lui-même, cela provoque déjà unchoc violent, puis tout de suite un deuxième, carOrnette se met à te parler, à toi, avec de la paix et desmots. D’abord de culture et d’histoire, puis de vie et dechemin, te disant que tu es sur le tien, donc de le suivrejusqu’au bout, en oubliant le reste, en oubliant l’histoire,simplement. Tu sors, après ça, très ému, en pensant : "Ah oui c’est bien ça, oublier pour mieux se construire "et puis paf ! Mais oublier quoi d’abord ? Peut-être pourpouvoir oublier quoi que ce soit, ça vaudrait le coup dese cultiver un peu plus, et voilà qu’apparaissent en toiun flot de carences musicales, historiques, humaines.Merci Monsieur Ornette Coleman. Et puis, si par de

magiques et inattendus méandres, ton chemin te faitcroiser sur scène des postures telles que Jean-FrançoisJenny-Clark (à la fin de sa vie avec une urgence dedon), Daniel Humair, Marc Ducret ou Bruno Chevillon,tu découvres une telle richesse et une telle diversité delangages musicaux que tu travailles à élargir progressi-vement le tien. Je cite et j’en oublie dans ce sens :Patrick Moutal (musique indienne), François Jeanneau,André Villégier, Laurent Dehors, Claude Egéa, RoyHaynes, Eric Lareine (chanteur), Denis Charolles,Martial Solal, Guillaume Orti, le duo Raulin Oliva, DaveLiebman, Vincent David et Rémy Scinto (saxes)…C’est là l’enrichissement par la proximité, la confronta-tion, le débat, l’échange de cultures, la transmission desanciens, une sorte d’essence du développement, la tra-dition orale.

a) Celles qui vous ont appris par l'écouteEt de façon non exhaustives, beaucoup des musiciensdéjà cités, beaucoup de musique du 20ème siècle :Bird, Eric Dolphy, Olivier Messiaen, Steel Pulse, FrankZappa, Weather Report, Tino Rossi, Miles Davis,Django (Reinhardt et Bates), Giorgi Lygeti, HermetoPascoal, Captain Beefheart, Pierre Perret, etc.

Quelle idée avez-vousa) Du jazz ?Derrière un mot, toute l’histoire de la réaction vitale d’unpeuple sous le joug et le fachisme d’un autre peuple. Unchant, une expression brute, un langage commun deliberté. Peut-être une forme de chant grégaire ou rien.En tout cas pour moi plutôt décalage oreille que lardlyrique.b) du tempo ?La danse, la communion sensitive, le contact entre les

êtres, à la terre. Personnellement, le tempo peutdevenir une réalité délicate, voire cruelle, en cas d’infla-tion frénétique.c) du swing ?Kenny Clarke, Duke Ellington, Charlie Parker, SonnyRollins, Oscar Peterson.

d) de la modernité ?Pas vraiment un mot clé, plutôt flou, subjectif, théorique,conceptuel. Je préfère la sensation, le mouvement, legoût, le risque, l’alliage osé……e) de la moralité ?J’espère plus vers le spirituel que vers le moral. Plutôtun kilo d’ailes d’enfance qu’un kilo de dogmes enplomb.

Réactions aux noms suivants:a) ArmstrongD’abord le son, large, puissant, généreux et à la foisanimal et candide. Et pour une autre raison le ciel, lalune, les étoiles, le rêve.b) Boulez" Le Sacre du Printemps " en concert, à la Cité de laMusique il y a trois ans, de la bombe.c) SclavisUn duo rare sous les arbres avec Bernard Lubat àUzeste 99 ; Duguesclin ; un opus dans " Clarinettes "autour de Charlie Parkerd) Orson Welles" La Soif du Mal "e) François Mitterrand" Le Dernier Empereur "

Photo : Christian Ducasse

Photo : Christian Ducasse

Fantasmagories telluriques, sens aigu du grand large, le saxophoniste Christophe Monniot est sur tous les coups.

Fraîchement débarqué, Médéric Collignon multiplie avec poésie les expériences musicales les plus diverses avec l’idée première qu’un musicien doit être avant tout chanteur .

La voix de Pascale Labbé cherche (et trouve) le chant premier où la chaleur, la mélancolie et l’expressivité acide esquissent la naissance du langage du Monde.

La Lichère1999 - LLL287

QND1999 - DOC 053

Pee Wee1999 - Pee Wee PW 023

> La Campagnie des Musiquesà ouïr

> Edouard FerletZazimut

> La Theory du Reptil

Les Allumés du Jazz No 3 - 3ème trimestre 2000 Page 10

> Si loin Si ProchePascale Labbé

> Wakan’Labbé et Morières

nuba1993 - NU 1629

nuba1997 - NU 1097

D'abord, ça commence à combiende musiciens, un big band ? Laquestion peut paraître trop simple.Car les grandes formations d'au-jourdhui n'échappent pas aux cou-rants contraires qui traversent cequ'on appelle encore le jazz. Il y adéjà un moment que les formatsstandards en ont pris un vieux coup.Les effectifs des big bands de l'âged'or du swing se sont constitués àpartir d'une instrumentation déter-minée autant par l'état de la lutherieque par les conditions acoustiquesde leurs conditions d'exercice(grandes salles de bal, sonorisationpeu ou pas disponible). Donc pasde flûtes, de cordes frottées, et fina-lement assez peu de clarinette(sauf en solo avec Goodman, ouchez le Duke), tous instrumentsqu'on trouvait en nombre dans lesformations originelles de ragtime.L'équilibre s'est établi autour de latrinité trompette-trombone-saxes,avec la rythmique pour tous.Evidemment, depuis, la généralisa-tion de l'utilisation des micros,amplificateurs, consoles demixages et l'évolution de la factureinstrumentale ont, entre autreschoses, changé la donne. Le vieuxmodèle a la peau dure, parce qu'il afixé une esthétique qui, dans lapuissance de son classicisme, faitoffice de référence. Mais les musi-ciens d'aujourdhui disposentd'autres outils, et ils s'en servent.

Alors combien ? Un petit tour dansles archives du jazz nous apprendqu'au tournant 1926-27, Ellingtonenregistre ses premières oeuvressignificatives à la tête d'unensemble de seulement dix musi-ciens. Un peu avant lui (1924),Fletcher Henderson avait posé lesbases du langage orchestral aveconze instruments. Il n'ira d'ailleursguère au delà de treize. Tenons lenombre à deux chiffres comme lajauge nécessaire : à moins de dixun compositeur-arrangeur à certesencore de quoi s'occuper mais, saufexception qui tiendrait compte plu-tôt de l'esprit d'une écriture (commechez André Hodeir, par exemple,qui a beaucoup travaillé avec lesneuf membres de son "Jazz Groupde Paris"), on ne peut plus parler degrande formation. Du sextette aunonette, ces ensembles de dimen-sion intermédiaire ont d'ailleurs leurchemin propre, comme en témoi-gnent certains disques de Mulligan:la liberté de mouvements d'un petitgroupe, avec tout de même unemise en forme orchestrale. Cetaparté apparament hors sujet n'estpas innocent, car il donne peut êtreune clef pour comprendre ce quianime certaines grandes formationsd'aujourdhui, qui tournent le dos àla tradition.

Stabilisé dans son équilibre fonc-tionnel, le big band des années 30-40 se fixe autour d'une quinzained'instruments (Ellington 1940,Lunceford 1939). Avec un répertoire composé dethème-riffs, la plupart du temps fon-dés sur le blues et l'anatole etarrangés oralement, Basie débuteen 1936 avec une équipe relative-ment légère de treize musiciens. En1957, ils seront seize pour l'enregis-trement du fameux "Atomic", et dix-huit en 1983, dans le dernier disque

du Count. C'est un maximum, entous cas pour son style : cinq trom-pettes, quatre trombones, cinqsaxes plus le quatuor rythmique, onpeut penser qu'aller au delà n'ajou-terait rien. Avec une variation d'uneou deux unités près (la guitare ouune trompette en moins), on tient làle nombre d'or de l'archétype du bigband de jazz. Ce qui ne veut pas du tout dire quetout le monde s'en tient là. Bien aucontraire. Dans les années 50 et 60,les sections de cuivres ont été ren-forcées, le cap de la vingtained'éxécutants est approché (WoodyHerman 1949), puis dépassé(Quincy Jones, Buddy Rich, DonEllis, Pete Rugolo, Gerald Wilson,Francy Boland, Shorty Rogers - quin'emploie pas moins de sept trom-pettes...). On peut même compterquelques vingt-huit unités dans lesentreprises pharaoniques deMaynard Ferguson ou Stan Kenton.Celà dit la fuite en avant a deslimites, financières sans doute,mais aussi strictement musicales,tant qu'on reste dans le droit fil de latradition jazziste. En effet, un tropgrand nombre d'exécutant pro-voque une inertie mortifère pour lagrâce du swing.

Pour voir encore plus grand, il fautaller chercher du côté de projetshybrides : d'une part, chez lesgrands arrangeurs de studio quiintègrent à leurs orchestrations deséléments venus du classique oudes variétés - et là, évidemment,dès qu'on emploie des sections de

cordes et de choeurs, ça fait trèsvite beaucoup de monde - et d'autrepart dans des manifestations ouexpériences récentes, dont le swingn'est pas forcément la motivationprincipale, et empruntent ou fontcoexister différentes traditionsmusicales avec la musique improvi-sée issue du free-jazz. Dans ce der-nier domaine, deux records méri-tent d'être cités. Outre le côté anec-dotique de leur démesure, ils illus-trent assez bien l'étendue de lanotion de grande formation, qui vade pair avec l'ouverture esthétiqueà 360 degrés des musiciens de jazzd'aujourdhui. Le premier est unenregistrement d'une oeuvred'Anthony Braxton intitulée "For fourorchestras" (1978) et qui doncemploie simultanément quatreorchestres (classiques), mobilisantcent soixante éxécutants. Ledeuxième, d'un tout autre genre, estun évènement produit et enregistrépar le Centre Culturel de

Nanterre en Octobre 1980, quiréunissait les membres du collectifLô (quatre), le big bandBekummernis (vingt-huit)+la chora-le du troisième âge de Nanterre,l'Orchestre du Conservatoire muni-cipal, l'Harmonie municipale, +deux groupes dont le personneln'est pas détaillé (on ne peut pastout demander aux disco-graphes...). (et "Urban Sax" : com-bien de divisions?).

Ces cas limite ayant dégagé le ter-rain, on peut se demander à quoiressemblent, à quelles nécessitésrépondent les big bands aujourdhui. Laissons de côté ceux qui perpé-tuent la grande tradition : ils le fontpour la plupart fort bien, partant desnormes définies par le répertoirehistorique. Les autres répondent àdes critères très diversifiés, mais onpeut légitimement penser qu'au-jourdhui se donner la peine de mon-ter une formation importante ennombre répond d'abord - àquelques rares exceptions près - aubesoin d'écrire d'un ou plusieursindividus. Le jazz a tellement valori-sé le discours soliste, voire la per-formance individuelle, qu'il a bienmal traité ses compositeurs, etencore plus ses arrangeurs.La musique se joue. Elle se penseaussi : elle a besoin de forme, destructurer sa dramaturgie. Le jazzse revendique comme un art noble,les musiciens qui le font vivre ontdes aspirations légitimes d'auteursde formes, créateurs d'univers. Cedésir de produire des oeuvres peut

abriter autant d'humilité que d'ambi-tion, le problème n'est pas là : lamusique, simplement, l'exige, ellel'attend.L'écriture peut se partager, dans lecarde d'un collectif comme le POMde François Jeanneau, Andy Emleret Philippe Macé, ou plus encoredans la Marmite Infernale, big bandsans chef de l'ARFI où chacunapporte sa contribution au répertoi-re. Remarquons que, dans ce der-nier cas, l'instrumentation n'est pasdéfinie a priori, mais découle sim-plement des personnalités qui com-posent l'association lyonnaise :voici donc un ensemble qui fonc-tionne d'abord à partir de l'histoirecommune d'un groupe de musi-ciens. Dans des formations au lea-dership beaucoup plus personnali-sé, cette volonté de réunir destalents particuliers est tout aussiprésente : le jazz n'est pas unemusique d'interprètes anonymes.Un compositeur-arrangeur

aussi précis que Patrice Caratini lesait bien qui, pour son JazzEnsemble a choisi dans une instru-mentation assez classique pourdouze pupitres (encore que naguè-re son Onztet incluait le bandonéonde Mosalini) des solistes dont ilattend que leurs interventions, cha-cune avec des qualités propres ettrès différentes des autres, prolon-gent son écriture. En fait l'éventailest assez large, entre les forma-tions où la plume du chef est l'élé-ment dominant, comme dans leLumière de Laurent Cugny ou Quoide Neuf Docteur dirigé par SergeAdam (on y trouve aussi desnoyaux durs de fidèles depuis unequinzaine d'années), et celles oùl'on voit bien que c'est d'abordl'identité des musiciens qui le com-posent qui définissent le projet del'orchestre (ce qui ne veut évidem-ment pas dire que l'écriture soitabsente). Rassemblements d'unefamille esthétique, comme dans leGrand Lousadzak de ClaudeTchamitchian, d'une génération vir-tuose, ludique et déjantée chezTous Dehors emmené par LaurentDehors, aussi différents soient-ils,tous témoignent d'un besoin de dis-poser d'une large palette de sons,de voix complémentaires ou oppo-sées que seules des formationsétoffées peuvent fournir. C'est évi-demment aussi à ce besoin querépondent les partitions faisantappel à des instrumentistes issusde la tradition classique, comme leDétachement d'Orchestre deFrançois Méchali.

Une variante originale est proposéepar le Zoom Top Orchestra deBertrand Renaudin, où celui-ciconfie systématiquement l'orches-tration de ses compositions àd'autres, membres ou non de songroupe : astucieuse façon d'assurerla diversité dans l'unité... Mais le bigband d'aujourdhui peut aussiprendre la forme d'un orchestre(presque ou totalement) mono-ins-trumental: le Pan à Paname, steel-band dirigé par Guillaume Kervel, laConfrèrie des Caisses deRenaudin, ou le Big Band deGuitares de Gérard Marais ontrejoint l'aimable société des fouspersévérants qui pensent que lamusique, c'est pluschic à deuxchiffres.

Les grandes manoeuvres par Didier LevalletUn grand orchestre, c’est un peu comme une manif : avoir chaud ensemble. Avec des formes de leadership (du chef suprême autocrate au collectif autogéré en passant par l’orchestre de radio ou d’état)et d’instrumentation (du big band classiquement jazz aux formes les plus fantasques), faire de la musique en nombre a titillé un siècle d’histoire du jazz. Au moment où sortent les nouvelles expériencesen grande forme de Pablo Cueco, Patrice caratini et Didier Levallet, ce dernier (inlassable entrepreneur d’orchestres et dernier chef de l’ONJ) fait le point sur ces drôles de machines.

Label Bleu2000 - LBLC 6625

Gimini2000 - GM 1012

Pee Wee1998 - PW 024

Emouvance1998 - EMV 1007

Evidence1998 - EVCD 827

Transes européennes2000 - TE 023

> Darling nellie grayCaratini Jazz ensemble

> Soka RakaïPan’a Paname Steel Band

> EstramadureLe Pom

> Le Grand LousadzakClaude Tchamitchian

> Tous DehorsDentiste

> Sol, suelo, sombra y cieloTranses européennesorchestra

> 51° BelowQuoi de Neuf Docteur

> Détachement d’or-chestre François Méchali

Quoi de Neuf Docteur1996 - DOC 033

Charlotte1992 - ADDA 590140

> Bill Mobley JazzOrchestra

Space Time Records1997 - BG 9805

> Gérard Marais Big Band de guitares

Hopi1996 - HOP 200012

> Special PasseportMichel Delage Big Band

> PassagesManu Pekar Big Band

Cristal1998 - D719801

Gorgone1998 - GP 0395-1

> Zoomtop OrchestraBertrand Renaudin

CC Production1998- CC 987626

> Eight Day JournalRivers - Hymas

nato1998 - 777 726

Les Allumés du Jazz No 3 - 3ème trimestre 2000 Page 11

Evidence - EVCD2030

> ONJ Didier Levallet - Deep Feelings

Les grands magasins de disques, c'est bien connu et ça se voit facile-ment, engagent de moins en moins de vendeurs et a fortiori de ven-deurs compétents, mais de plus en plus de vigiles (dont le nombre peutêtre supérieur à certains moments de la journée à celui des clients).Le 27 avril dernier, Patrick Aoun, un jeune homme de 21 ans a été tué(étouffé) parce qu'il avait volé un disque. Les deux auteurs de cet homi-cide, qualifié d’involontaire sont un vigile et un chef de rayon, laisséslibres après leur mise en examen. «Comment les deux hommes qui letenaient ont-ils pu ne pas réaliser une seule seconde qu’il était en trainde mourir ?» (le père de la victime à La Provence du 2 mai). (...)D'un côté, les productions de musique non régimentée ont de moins enmoins de chance d' être entendues et étouffent lentement.De l'autre, un amateur meurt pour un disque.Devons nous attendre de voir toute la musique "protégée" par lesmolosses sécuritaires pour être étouffés collectivement ?Jean Rochard

Post Scriptum : De nombreux musiciens, producteurs ou journalistesavouent volontiers avoir dérobé des disques dans leur jeunesse. Noussommes aujourd'hui heureux qu'ils soient vivants.

Quelle place pour un journaliste moderne et somme toute joyeux?Aujourd’hui, peu de journaux vivent sur leurs ventes et les «annon-ceurs» sont devenus une source de financement qui augmente propor-tionnellement à la baisse du prix du numéro. Si l’on suit cette logique,pour pouvoir exister un journal doit avoir au moins un lecteur qui justi-fiera l’argent qu’il demande à ses annonceurs permettant ainsi de réglerles quelques factures liées à la conception, l’iconographie, l’imprimerieainsi que les nombreux pigistes sévissants dans l’ouvrage. Ce pigiste,par le truchement de ses articles atteindra le lecteur indispensable quipar la même occasion justifie le fait que les annonceurs choisissent cejournal (on suit derrière?) Mais voilà, ce pigiste que l’on nommera icijournaliste par militantisme, outre qu’il ressent un besoin pressant deparler de son voisin de palier qui vient de sortir un disque formidabledoit également payer son loyer ! Or, son loyer passe nécessairementpar son voisin d’en face qui vend plus de disques que son voisin depalier qui vient de sortir un disque formid(haï!!) et de ce fait représenteun lectorat potentiel plus important. Accessoirement, il se trouve que lacompagnie qui le produit est un annonceur régulier du journal dont nousparlons ci-dessus. On remarque donc, qu’il n’y a aucun lien entre lapublicité et le rédactionnel d’un journal si ce n’est le loyer à payer denotre ami journaliste.Comment notre journaliste peut-il s’y prendre pour payer son loyer, par-ler de son voisin de palier qui vient de sortir un disque formidable etcontenter les annonceurs qui investissent dans le journal auquel ilappartient ?Vous le saurez dans notre prochain numéro!Didier Petit

Emu aux larmes, le présentateur météo de TV12 n’en finit pas de saluersous les applaudissements d’une salle comble où parmi des milliers depersonnes on peut reconnaître ça et là quelques têtes “ connues ”. Il estvrai que l’instant est d’importance puisqu’il vient de recevoir le trophéele plus convoité de la profession à savoir “la Grenouille d’Or ” de” BANAL +” magazine autorisé s’il en est, en matière d’audiovisuel.Que d’années d’efforts pour en arriver là !Aujourd’hui, son directeur de chaîne peut légitimement dire de lui “ c’estune star ”.Il faut reconnaître que la manière de moduler sa voix pour nous faireprendre conscience que les “ valeurs saisonnières ” sont en baisse, estd’un phrasé irrésistible. Chaque jour pourtant, il craint de ne pas retrou-ver ce public à qui il donne rendez-vous pour le lendemain. Il n’oubliejamais qu’ils sont des millions à le regarder, les demandes d’auto-graphe dans la rue sont là pour en témoigner.Emu, mais avec un air un peu étonné, le musicien salue les cent per-sonnes qui ont bravé le froid pour venir l’écouter dans cette lointaineMJC d’une banlieue ingrate. La trentaine atteinte, il est vrai qu’il lui aura fallu travailler durement pouren arriver là. Depuis l’âge de cinq ans pour être précis. Aujourd’hui, ilestime ne pas encore avoir fait le tour de l’instrument.Dans la salle des visages heureux et anonymes. Pas un flash n’a cré-pité au quatrième rappel. Ce parallèle n’a rien d’utopique. Le champ de la météo peut paraîtrehautement improbable. N’en croyez rien, nous sommes au bord de cegenre d’imposture. D’ailleurs, l’épithète de “ star ” a bien été prononcépar le personnage évoqué.Pour être connu il faut être vu, c’est un principe vieux comme la publi-cité. Dans un film remarquable qui s’intitulait “Une femme qui s’affiche”,Cukor nous raconte l’histoire d’une petite employée qui devient une

vedette pour avoir eu l’idée de s’offrir son nom pendant une semainesur le journal lumineux de Times Square. Elle s’appelait Daisy Glover (vous voyez bien que ça marche !).A partir de cette “ notoriété ” toutes les impostures sont permises àcommencer par le phénomène aujourd’hui surréaliste d’un “ détourne-ment de notoriété ” appliqué à une notoriété déjà elle-même imposture(par comparaison avec le quasi anonymat d’authentiques créateurs).

Honnêtement, si leur “ image ” ne garantissait pas un minimum deventes, qui peut penser sérieusement qu’un grand éditeur publierait la“ littérature ” de présentateurs(trices) du JT ou les états d’âmes de telanimateur congédié ? Doit-on rappeler que Proust a dû publier “ àcompte d’auteur ” ?Et puis les choses peuvent difficilement changer puisque, pour restersur le média TV, nous nous orientons inéluctablement vers des chaînesthématiques confortant les ghettos culturels. Il est vrai que les “ géné-ralistes ” ont bien d’autres chats à fouetter, à commencer par la satis-faction de leurs annonceurs. Alors le jazz (par exemple) c’est commeFritz Lang, c’est à 0 h 45. La culture aux insomniaques.Il est difficile dans ces conditions de bénéficier de ce formidable outil depromotion qu’est devenue la télévision (qui elle, fait sans cesse de l’au-to-promotion tant pour ses émissions que pour les films de “ cinéma ”qu’elle produit). Et pourtant, que d’injustices pourrait-elle réparer !François Tusques raconte être passé un jour de l’anonymat le plus totalchez les commerçants de son quartier au statut “ d’homme reconnu etconsidéré ” pour avoir été aperçu cinq minutes accompagnant la regret-tée Colette Magny dans une émission de variétés !Bref, pour toutes ces raisons et pour bien d’autres, voilà pourquoi cesoir là à Blanc Mesnil (car c’était Blanc Mesnil !) un pianiste nommé BillCarrothers pouvait difficilement prétendre jouer devant plus de centpersonnes. Peu d’écho avant, peu depuis, à charge sans doute pour lesspectateurs de diffuser la bonne parole à l’instar des hommes-livres deRay Bradbury.Alors qu’il me suffise de dire ce moment magique où, au delà de beau-tés et virtuosités confondantes, a retenti un vieil air de la guerre deSécession.Véritablement “ chanté ” au clavier, on pouvait autour de soi presquepalper un silence qu’aucune toux n’est venue troubler.Mission accomplie donc, après quelques considérations qui expliquentsa difficulté...Jean-Louis Wiart

Résumé des épisodes précédents :Nos deux amis Jasse et Nioumuzek, poursuivis par les hommes ducolonel, se sont réfugiés dans la cabane d’entretien du fond du parc.Combien de temps pourront-ils tenir ?Ted Hingue

Jazz : " Se dit des genres et styles musicaux issus de la musique pro-fane des Noirs des Etats Unis ". On notera d’ailleurs que le Petit Robertmet un N majuscule à Noirs et n’emploie pas encore ces nouvellesexpressions " politiquement correctes " comme " gens de couleurs " (ilfaut dire que mon dictionnaire date un peu).Les Noirs américains ont inventé le jazz, personne ne le contestera.Puis ce style a traversé les océans et les musiciens européens se lesont approprié à leur manière. Le jazz de nos parents restait quandmême élitiste et notre actuel " village global " a permis de sortir cettemusique des quelques lieux et réseaux de diffusion jusqu’alors réser-vés à un nombre restreint d’avertis.C’est également grâce aux métissages que le jazz s’est démocratiséavec, entre autres, le jazz-rock, le jazz fusion ou le jazz hip hop (ErikTruffaz par exemple).Mais le jazz s’adresse, encore aujourd ‘hui, à des personnes possédantune assez bonne culture musicale, une oreille attentive et, d’une maniè-re générale, ayant acquis une certaine passion pour la musique.Vous qui lisez ces lignes et qui écoutez du jazz, comptez vos albums,vous devez au moins en posséder plus d’une vingtaine. Voyons aujour-d’hui ce qu’il reste du jazz : une palette extraordinaire de variétés, desons, de richesses et de textures que personne n’aurait imaginées il ya encore 20 ou 30 ans. Nous qui contribuons à faire naître des nouveaux albums, nous serionsen droit de nous dire : A quoi bon, tout a déjà été fait !Mais, notre motivation reste, en dépit de l’incroyable héritage du jazz,un véritable plaisir à faire partager des émotions et un ressenti que per-sonne ne nous enlèvera…Philippe Chausson

Les Allumés du Jazz rassemblent des labels, 40 labels, rassemblentdes énergies, de formidables volontés. Jamais il ne fut question d’y associer un contenu politique, une espècede position commune de principe, etc. Car naturellement, chacun a sonhistoire, et chacun comprend l’Histoire de manière différente. De nombreux labels aspirent à une profonde démocratie, certainspoussent même jusqu’à l’ Anarchie, qui serait selon mon humble inter-prétation une version sublime de la démocratie et, de toute façon, uncombat permanent contre toute forme de pouvoir, autoritaire ou non.Peut-être y a-t-il parmi nous quelques adeptes du communisme,quelques socialistes ? Rares doivent être les labels soucieux unique-ment de mercantilisme, mais qui sait ? Ce qui ne veut pas dire que lesouci d’une certaine rentabilité et d’une bonne gestion soit contraire ànos préoccupations; car même dans l’infinitésimal, l’économie s’impo-se. Beaucoup de musiciens associeraient leur travail aux luttes anti-fas-cistes ou joueraient volontiers dans le cadre de manifestations

d’Amnesty. Difficile de savoir au juste ce qui nous réunirait, quel seraitle tronc commun de nos positions philosophiques et politiques, mais ilest probable tout de même qu’en souhaitant livrer au public des pro-ductions artistiques d’une esthétique s’inscrivant en marge des grandscanons mercantiles, nous apportons nos pierres à l’édifice d’une cultu-re, et nous faisons preuve ainsi de préoccupations sociales.J’ai pour ma part la joie de vous annoncer une nouvelle que je jugeimportante dans l’évolution de la perception du jazz dans les culturesphilosophiques les plus variées. En effet, en avril 2000, Herbie Hancocket Wayne Shorter viennent d’être nommés responsable du départementdes artistes de la Soka Gakkaï Internationale, l’un des mouvementsbouddhistes les plus importants au monde. Depuis près de 40 ans, ilsmènent en tant que bouddhistes ce combat de construire des valeursprofondément humaines tant dans leur propre vie quotidienne, quedans ce qu’ils impulsent artistiquement. Je partage ce combat. Leurnomination est à la fois une reconnaissance et une responsabilité, qu’ilsprennent, j’en suis sûr, très au sérieux. Le respect des droits des artistes - comme celui d’être correctementpayé pour une séance d’enregistrement -, le droit des interprètes, sou-vent bafoué, le désir légitime d’être bien distribué, tandis que les grandsmagasins cèdent à la pression financière des grosses productions, lesouci d’être accompagné dans la presse par des journalistes indépen-dants, l’envie de faire savoir au public le coeur que nous mettons à fairenotre travail, sont autant de préoccupations hautement culturelles, etfinalement politiques, que, je crois, nous partageons au sein desAllumés, dans notre diversité assumée. François Cotinaud

Nous ne doutons pas que le boudhisme permette aussi d’accéder à demeilleurs cachets de séances, Herbie Hancock et Wayne Shorter ensont la preuve. Néanmoins nous sommes plusieurs aux Allumés duJazz , dont les vertiges nous empêchent de goûter la lévitation et enco-re moins le prosélytisme réligieux, considérant moultes églises commeautant d’aliénation (quand bien même elles embrasseraient l’anti-fas-cisme d’opérette).Jean-Jacques Birgé - Pablo Cueco - Sylvain Kassap - JacquesOger - Didier Petit - Jean Rochard

Quatre personnes à une table de bistrot. L'une d'elle : "La bonne techno, j'en ai souvent entendu parler, maispersonnellement je n'en ai jamais écoutée".Une autre : "Moi non plus..."Une troisième : " Moi j'en ai entendue, une fois, c'était au Liban... On apassé une soirée géniale avec un producteur qui vit là-bas. Il faut queje vous raconte. On a d'abord mangé dans un super restau, un repasde trois heures avec un vin libanais super bon, et plein de plats danstous les sens ... ensuite le producteur nous a invités chez lui... une mai-son immense... Il a d'abord sorti un bout de libanais noir grand commeça (geste) et on a fumé un pétard monstrueux (geste à nouveau), etaprès il nous a mis un CD de techno anglaise formidable, très musical,avec des sons incroyables..."Le quatrième (moi-même) : "????..."Quelques jours plus tard, je raconte cette petite anecdote a un ami pro-ducteur. Elle ne le fait pas du tout rire. Il me dit que lui il écoute régu-lièrement de la bonne techno, et que chez lui il a plein de CD qu'il peutme faire écouter quand je veux et que je vais être étonné et que...Je pense que je vais y aller, il parait que son herbe est trop costaud,mais que son armagnac est excellent.Pablo Cueco

De l’imposture

De l’héritage du jazz

(aux bons soins de la commission " Ethique et politique" )

L’édicule recule, comment veux-tu

Les Illuminés d’usage

Techno beat génération

Trois brunes libresEasy listening (Arbeit macht frei)

Le monde est petit

Les Allumés du Jazz No 3 - 3ème trimestre 2000 Page 12

Rectificatif :

Dans l’encadré signé Jef Sicard (in numéro 2du journal des ADJ) de l’article «le soprano,ou comment (ré) écouter le jazz ?», il fallaitlire : «Barney me parlait de remplacer lepavillon par une forme en boule comme le coranglais et d’incurver légèrement l’instrumentcomme le manzuelo pour une écoute plusdirecte. Puis il y eut Coltrane qui m’emmenadans son immense vague...»

Qu’évoque pour vous un allumé du jazz ?suite de la P 1

Noël Akchoté, musicienEt bien, pour rendre un peu de féminin à cet énon-cé : «Où s’est perdue l’allumette ?»Autre question : Est-ce que ça se consume, l’allumé,que de l’être «du» jazz (par, en, d’en, aussi bien)?Pour s’avancer un peu, je regarde dans monLarousse à Allumoir où j’y trouve ceci : «ensembleconstitué par un détonateur et un dispositif d’amor-çage et destiné à provoquer la déflagration d’unecharge explosive». Ca s’entend ou ne s’entend pas,c’est selon. Et puisque c’est à moi que l’on pose laquestion, ici, j’ai envie de dire que c’est surtout «SoLong» (on ne discute plus tellement du «selon», any-way.)Voici pour finir : «- Vous n’avez donc pas été terro-riste? - non - Et vous n’êtes pas devenu dévot? - nonplus.» (In Passion fixe, Philippe Sollers, Gallimard)

Pascal Bussy, responsable Jazz Warner FranceQualificatif forcément pluriel : il peut tout aussi biendéfinir un banquier RPR collectionneur de vieillescires des années trente, un musicien remplaçantdans un big band de série B, les programmateurs deFIP à la veille d’un chômage technique savammentorganisé, la tribu des bons organisateurs deconcerts (subventionnés ou pas), un esthète anar-chiste qui passerait sa vie entre la Knitting Factory etles Instants Chavirés, son compère journaliste entrain d’écrire la saga de la black music du gospel auhip-hop, ou ces vendeurs de Fnac ou d’ailleurs quisavent vous faire découvrir avec la même passion ledernier Matthew Shipp ou telle réédition de TommyFlanagan.Marque de fabrique adaptée à l’industrie du disque,le terme d’ " allumé du jazz " est tout aussi abstrait,car nulle confrérie (hum hum !) ne peut prétendre enavoir le monopole. Tel pianiste qui s’escrime à enre-gistrer un quinzième disque à compte d’auteur, telchef de produit d’une major qui va s’escrimer àbatailler pour vendre le dernier Marc Ribot ou un cof-fret de Duke Ellington, tel directeur de petit label quisort en solitaire ses cinq disques-objets par an, telcompilateur qui a pour devise de faire connaître lejazz au grand public : tous sont des " allumés ", àégalité devant le grand Dieu de la musique.Puisqu’il me reste cinq lignes, voici mon " top ten "de mes allumés à moi. Tous ex-aequo : Jac Berrocalpoète d’une marginalité sans cesse transcendée,Pierre-Jean Crittin rédacteur en chef de "Vibrations "l’une des rares revues qui n’arrête pas de marier lejazz et les autres musiques, Philippe Carles chroni-queur éclairé de la geste libertaire, Monsieur Dupontamateur de musique qui ose prendre des risques enachetant 400 Francs de CDs chaque mois (lesdisques, c’est tellement cher !), Charlie Wattscogneur des Rolling Stones fasciné par le swing,Jacques, Alain, Vlad, Olivier, Dany (ils se reconnaî-tront) grands maîtres des plus beaux rayons jazz deFrance, enfin Claude Nobs fondateur du Festival deMontreux, ami des stars et grand fan du catalogueAtlantic. Tous des " allumés du jazz ", et bien plusque ça en fait : des " allumés de la musique ", quedis-je, des " allumés de la vie " !

Henri Cueco, peintreL’allumé déguste le jazz, comme un alcool, seraît-il àbrûler, réctifié ou synthétique. L’allumé parle de per-formances jazziques comme s’il s’agissait decourses cyclistes. Mais l’allumé qui se soigne sedétourne des saxophones écholaliques. Il se sou-vient alors du jazz des origines empreint des souf-frances de l’exil et de l’esclavage, chargé desmythes fondateurs d’Afrique. Il sait que sa moderni-té peut naître de l’archaïsme. L’allumé peut devenirun allumeur.P.S. J’avais d’abord compris la question :«Qu’évoque pour vous un allumé du gaz ?» commes’il s’agissait d’une enquête du gaz de France et jen’envisageais pas d’y répondre ce qui explique mapremière réaction lorsque vous m’avez téléphoné laquestion.

Violeta Ferrer, comédienne(en écoutant Camaron de la Isla)Celui qui dépasse la compréhension pour deveniramoureux.

Gala Fur, écrivainJe suis une allumée du jazz parce qu'une vraie épi-curienne aime le présent, existentiel et vivant, toutce qui fait vibrer et donne des émotions. Le jazz m'adonné très tôt tout ça "live", puisque j'ai eu la chan-ce de voir en concert des personnes comme RolandKirk, et m'a permis de me sentir toujours libre malgréles contraintes extérieures. Je me suis laisséeemporter et distraire du réel fade ou pesant par sesémanations entraînantes, j'ai enrichi ma solitudegrâce à des morceaux magiques qui s'écoutentmieux seule qu'à plusieurs, Ornette par exemple. Je

suis riche aujourd'hui de les savoir là, pour les écou-ter tout à l'heure, bientôt, ce soir, riche de savoir queje peux les retrouver comme s'il s'agissait d'unefamille. La famille jazz."

Frédéric Goaty, rédacteur en chef adjoint de JazzMagazineQuelqu’un qui n’éteint pas l’allume hier - je veuxdire : quelqu’un qui continue d’aller de l’avant sansperdre la mémoire. Et pas forcément : d’innover (quia vraiment innové dans l’histoire de la musique?), dechercher (de trouver), de «swinguer» ou de jouer«free», toutes ces choses qu’on voudrait imposeraux musiciens comme des passages obligés - musi-ciens qui (s’agissant des meilleurs évidemment...)ne sont justement pas sages (les vrais créateurs nesont jamais «sages») et qui ne se sentent jamais«obligés». Aller de l’avant, donc, tout simplement, nepas s’arrêter, écouter un peu ceux qui écoutent (quiaiment) avant de trop s’écouter soi-même (tout à faitd’accord, cher Didier P. : «mais où sont les produc-teurs?», on se le demande, on en redemande, on lesimplore, où sont-ils?!), bouger, marcher, (sans tropdémarcher, si possible, quoique, je m’en doute, diffi-cile d’éviter ça....), vivre, filer, voler plus haut que lesautres. Rêver. Pour de vrai. Et puis enfin, les«Allumés du Jazz», on vous connaît, on vous aimebeaucoup, mais cet intitulé, quand on y pense....Remember : «La belle indépendance», labels, indé-pendance, c’était plus joli, non?

Thierry Jousse, critique de cinéma, critiquemusical, réalisateurUn allumé du jazz c’est un peu comme un cinglé dumusic-hall ou mieux encore un philatéliste. C’est-à-dire un collectionneur maniaque qui vit retranchédans un monde idéalisé où ne s’échangent que desobjets sans valeur aux yeux du reste de la planète. Ily a à la fois une certaine grandeur névrotique et unridicule tantôt aigre, tantôt sympathique dans cetteattitude. Vivre comme un allumé du jazz supposesoit une nostalgie inguérissable, soit un positivismeimbécile quant à cette musique dans son existencecontemporaine. C’est une posture fantomatique,funèbre, frelatée. Le jazz ne nourrit plus son allumé,sauf au passé. Il vaut mieux le savoir sous peine devivre figé, fatigué, falsifié. Ou mourir de ne pas mou-rir… Comme le jazz lui-même…

Olivier Koechlin, musicien Un allumé du jazz devrait choisir ses feuilles, mélan-ger avec soin les variétés, rouler lentement, colleravec précision, tasser légèrement, puis se glisserdans sa peau, et enfin faire passer ...

Jacques Mahieux, musicien A question floue, réponse nette :Un allumé du jazz, c’est pour moi un vétérinaire decampagne qui fonde une association dévolue à lapropagation de cette musique dans un bled perdu dela Thiérache profonde (900 habitants, 3000 vaches),qui fait venir 150 personnes au premier concert enpayant le cachet des musiciens sur ses fondspropres (les débuts d’une association, c’est un peucomme la recherche d’un premier emploi, on vousdemande d’avoir fait vos preuves d’abord...) , qui sefarcit des himalayas de dossiers divers z’et variésdestinés tant à l’éventuelle obtention d’hypothé-tiques subsides qu’à la mise en conformité vis-à-visdes douze mille organismes qui confondent parfoisprotection sociale et dissuasion d’initiative, qui, entredeux mammites et trois vêlages, prend rendez-vousavec tout ce que la région Nord-Pas-de Calais peutcompter d’alliés potentiels, qui crée de ses rustiquesmimines un site internet* consacré à la dite associa-tion, qui n’en revient toujours pas de pouvoirentendre «live» et côtoyer quelques uns des musi-ciens qui ensoleillent ses longues soirées d’hivernon perturbées par des appels d’herbagers endétresse, et dont le plaisir irradiant qu’il prend àchaque concert suffirait à me rassurer quant à la vali-dité de mon choix de carrière...Cet allumé-là existe, je l’ai rencontré, il s’appellePierre Normand et réside à Prisches (59550). entreautres mérites, il a eu ceux de m’avoir rendu plusindulgent vis-à-vis des organisateurs para-institu-tionnels,et de m’avoir rassuré quant au pouvoird’ignition de cette musique, lorsqu’elle ne vend passon âme aux éteignoirs multinationaux...

*http..//www.multimania.com/Bleuetvert

Yazid Manou, attaché de presse, enfant vaudouA ne pas confondre avec illuminé (quoique l'expres-sion pouvant aisément s'appliquer à certains...) ; êtreallumé selon mon Larousse (édition d'avril 1994)c'est être congestionné par la colère ! J'avoue quej' étais très loin de penser à toute idée de colèredans cette expression mais dans un sens général, jeme rapporterais plutôt au terme originel : le feu, doncà la passion dévastatrice. Prenez au hasard le cascélèbre d'un défunt guitariste gaucher et noir, quasi

inconnu au moment des faits, qui démontra devant30000 freaks jusqu'où un parfait allumé de la guitarepouvait aller. On déconseille d'ailleurs aux enfantsde faire la même chose à la maison (ou ailleurs).Bref, je digresse, excusez-moi ! Donc le feu disais-je, oui. En latin, allumer se disait illuminare (d'où illu-miné..., tiens, tiens) et être allumé, ardere (d' oùardent, vous voyez, tout concorde). De là à traiter lespompiers d'allumés, il est un pas que je n' oseraisfranchir. Quelle était la question ? Ah oui, l' allumé dujazz est donc un dangereux personnage qu'il fautéloigner des zones inflammables (New Morning,Sunset, Blue Note, Ronnie Scott et consorts sansparler des pochettes en carton etc). C'est tout sim-plement un fou pour qui la camisole correspond ausax d'un Parker, au piano d'un Monk (autre allumé),aux visions d'un Sun Ra (encore un)... Bref, lesexemples choisis n'ont pas été pris au hasard, bienau contraire.

François Marthouret, comédienCela donne envie d’improviser bien sûr déjà sur cemot «allumé», ce qu’il a de rayonnant et inventant salumière justement du jazz. Est-ce le jazz qui enflam-me l’allumé ou l’allumé qui met le feu au jazz ?Comme dans toute histoire d’amour et dans cet«intercourse», il y a sans doute libre échange.En acceptant les fous, les singes savants, les dro-gués du jazz, en intégrant toutes sortes de touristes,tendres, snobs ou à boutons, j’imagine la vie, l’en-fance, la générosité, la révolte, le risque, la folie, lajubilation, l’obsession artisanale, le vertige de soietc. etc. qui habitent l’allumé du jazz, un peu commel’histoire du papillon qui veut connaître le secret dela flamme, de sa vérité, en se jetant dedans, plus lagrâce ...

François Méchali, musicienA cette question , deux types de réponses s’impo-sent. En tout premier lieu (et avant de vous définirprofessionnellement) un allumé du jazz est un ama-teur de jazz. Mélomane averti, il doit connaître cettemusique, l’aimer, l’apprécier et bien en connaître sescomposantes historiques. Même si cette musique aévolué, elle est empreinte de ses racines même sielle a puisé, grâce à son développement, dansd’autres cultures et s’est donc ouverte à d’autresformes. En second lieu vous êtes, à mon sens, desmilitants. Il est impossible, quelque soit notre rôled’acteur, de ne pas avoir un sens politique dansnotre démarche. Cela n’implique pas obligatoire-ment une marginalité (et je ne la souhaite pas)même si dans certains cas cela se confirme dans laréalité. En tant que musicien mon investissementprofessionnel correspond à des choix esthétiques.C’est à mon sens, un acte politique. Vous avez, vousaussi, en tant que labels indépendants, forcément lamême démarche.Votre association représente unpanel de la production qui se fait dans l’hexagone.Elle est heureusement très large et permet de repré-senter un certain nombres de courants différents.Vous êtes regroupés et votre action est bénéfique.Cependant pourquoi ne pas regrouper vos forcesdans un problème majeur : la distribution. Puisquedans votre vie interne de label vous contrôlez toutesles étapes, la dernière (et pas la moindre!) vouséchappe! Vous défendez bien cette musique et l’onsait que bien diffusée elle reçoit un accueil chaleu-reux. Ces musiques ont besoin d’une attention touteparticulière et le dernier maillon de la chaîne doitaussi être controlé. Pourquoi s’investir autant pouren perdre le bénéfice au bout?

Yves Miara, musicienPrônant depuis toujours le simple et élémentaireclassement alphabétique pour ranger les diversesoeuvres discographiques disponibles sur le Marché (et en dehors de ce dernier, quoique beaucoupmoins disponibles), je n'ai jamais vraiment pu merésoudre à prendre en compte les différentes étiquettes et genres musicaux. Peut-être que cesderniers ne répondent simplement qu'à une volontémarchande de cibler des publics (allumé du jazz, fou de tekno, fan de Céline Dion ou encore mordu dedeath-metal...). Cette mode actuelle de "métissage"de genres participe peut-être même de cette volontéde fusionner les publics et d'accroître ainsi leMarché. Sans doute est-ce aussi plus simple de limi-ter ses champs d'exploration à des genres bien défi-nis, clos et sans surprises... Ou alors je meméprend: Certains pensent que le jazz est plusqu'un genre musical limité par des codes incontour-nables; que le jazz, par son recours fréquent à l'im-provisation et son caractère revendicatif, représenteplus un état d'esprit qu'un véritable genre. Maisn'est-ce pas le cas de beaucoup d'autres musiquesoù des individus passionnés et ludiques innovent,expriment et suscitent de nouvelles choses, de nou-velles sensations, de nouvelles façons d'appréhen-der et de réagir au monde qui nous entoure...Etpourquoi toujours cette nécessité de générer desfamilles, des écoles, voire des églises ? Cequ'évoque pour moi allumé du jazz, fou de tekno, fande Céline Dion ou mordu de death-metal... Enfin, J'ouvre ici une parenthèse syntaxique, proba-blement inintéressante et anecdotique, mais qui tou-tefois me plonge avec délectation dans cette per-plexité sans cesse renouvelée qui me saisit face aumonde moderne. Deux majuscules (le A de "Allumé"et le J de "jazz") s'étaient glissées dans la premièreformulation de la question et un rectificatif est parve-nu plus tard en remettant deux minuscules (le a de"allumé" et le j de "jazz"). Majuscule et minuscule

sont des codes linguistiques formels (mais nondénués de sens puisque nécessitant un rectificatif).Et alors je m'interroge: n'y aurait-il pas d' "alluméesdu jazz ". Et dans ce cas pourquoi ne pas ajouter le"e" manquant qui ouvrirait le jazz (et la musique) à lagent féminine bien minoritaire jusqu'à présent ?

Xavier Prevost, journalisteUn allumé du jazz évoque pour moi une figure fami-lière, mi-concrète, mi-rêvée : celui qui cultive uneidée de constance dans le provisoire ; celui quiéprouve un désir têtu pour l’éphémère; celui quiguette l’émoi furtif, en se défiant de l’émotion défini-tive, pétrifiée ou embaumée. Bref un être vivant, enéquilibre instable sur le fil du devenir, et qui préfèrel’effervescence de la tension au douillet confort de larésolution.

Sylvain Siclier, journaliste au Monde, critique àJazzman et l’AfficheDans son sens familier et communément admis leterme d' "allumé" est synonyme de fou, d'illuminé.Un allumé du jazz serait donc un fou de jazz, un pas-sionné donc. Mais pourquoi se limiter au jazz ? Il mesemble que pour les quadragénaires de ma généra-tion (grosso modo qui ont découvert la musiquedans les années 70), il était naturel de s'intéresser ade nombreux genres musicaux. Les artistes nous yencourageaient en établissant des ponts qui mesemblaient assez naturels. En découvrant lamusique par le biais essentiellement anglo-améri-cain (déjà !) des Rolling Stones, de Frank Zappa, deGong ou de Soft Machine on allait écouter sans apriori Muddy Waters, Eric Dolphy ou Charles Ives, lamusique indienne ou John Coltrane. Quitte à ne pas toujours s'y retrouver. De temps àautres un musicien francais semblait rendre possibleces croisements (Léo Ferré, Serge Gainsbourg). Cequi permettait de rester allumé à toutes les proposi-tions tenait en grande partie au fait que chaque-disque, chaque concert, chaque livre faisait figured'événement. L'offre ne semblait pas aussi impor-tante quantitativement et ma jeunesse me laissaitpenser qu'elle était systématiquement de haute qua-lité.Aujourd'hui cette offre est reputée pléthorique. Pour qu'un post adolescent devienne un allumé de lamusique il lui faut un soutien financier important, sur-tout d'autres propositions lui sont faites (jeux vidéos, vêtements, téléphone portable, Internet ?). La socié-té de consommation oblige donc, probablement plusqu'avant, à choisir, d'autant que tout est théorique-ment accessible en temps presque réel. Lesmélanges surprennent probablement moins, ils sontentrés dans toutes les musiques (de divertissement,de reflexion). Dans tout cela où est mon propreenthousiasme ? Je ne sais pas. Variable, plus dis-persé, plus sollicité aussi. Il faut y prendre garde. Ondevient vite un nostalgique blasé.Accessoirement un allumé du jazz est aussi l'un desmembres de l'association du même nom. Là aussi ily a un afflux de propositions. C'est autant sa forceque sa faiblesse.

Benoit Thiebergien, directeur de festivalApparu dans les années 70, l'allumé du jazz est unpersonnage atypique de la scène musicale, un peuilluminé, disons-le, qui irradie de son énergie bruteles méandres subtils de l'improvisation.Provocateur par vocation, il met le feu aux poudresqui fardent les conventions du musicalement correct:l'antiphrase dans le phrasé, la démesure dans lamesure, le frisson dans le son...A tel point qu'il arrive parfois à l'allumé de fondre lesplombs dans un court-circuit neuronal et de seconsumer dans un processus de désintégrationmusicale. C'est le risque!A force de se brûler les ailes aux portes de l'institu-tion, il lui arrive de devenir acariâtre, chauffant lesesprits par une intransigeance parfois déplacée,symptôme fréquent d'une générosité refoulée.On a cru l'allumé en voie d'extinction. Pourtant, onen distingue de nouveau, quelques spécimens dansla fumée de clubs et festivals pour initiés et amateurséclairés...Pas de fumée sans feu, pas de renouvellementmusical sans lui. Pas de retour aux sources del'énergie pure sans étincelles de folie.A condition que le jazz accepte encore de se faireallumer...T'as pas du feu?

Les Allumés du Jazz No 3 - 3ème trimestre 2000 Page 13

Et aussi...Vous pouvez commander toutes les références présentées dans ce numéro au prix indiqué dans le bon de commande (dans la limite des stocksdisponibles).Artiste Titre Réf. LabelCollectif 10ème Anniversaire CC987627 CC Prod.Achiary/Carter/Holmes VD09611 Vand’oeuvreAdam/Delbecq/Foch DOC005 Q. de NeufAkchoté.N Soundpage(s) ZZ84115 Deux ZAleph Ensemble Arrêts fréquents VD09813 Vand’oeuvreAlibo. M Kintetik 591462/5 PygmalionAlvim. C Ninga 3004267 IrisAlvim. C Mister Jones AXO102 AxolotlAlvim. C Threefold LLL57 La LichèreAmants de Juliette (Les) DOC050 Q.de NeufAmsallem/Ries quartet .. Regards FRL-CD020 F. LanceAperghis. G Triptyque TE014 Transes E.Apollo Cap Inédit AM024 ArfiArc en Ciel Orchestra .. Salée 9510 CristalArchimusic Salée DOC049 Q. de NeufArgüelles. S Busy Listening ZZ84120 Deux ZArvanitas. G Three of us 591043 SaravahAuzet. R/Humair. D Solo Print 3001951 IrisAwado. A Bonjour la terre PMC1122 Pan MusicAZUL HOP200021 HopiAzymuth Live at the Copacana Palace 3001823 IrisB/Free/Bifteck SHP7 SaravahBacan.P et le Clan..En public à Bobigny PW011 Pee WeeBailey & Léandre .. No Waiting P198 PotlatchBailey. D/Lacy. S Outcome P299 PotlatchBaker.R Qtet .. Eyes on the tradition 9607 CristalBaker.R Live CP.BAK02 CristalBarboza.R LLL167 La LichèreBarboza.R La Tierra sin Mal LLL257 La LichèreBarboza.R & Dominguez.J LLL277 La LichèreBardet/Georgel/Kpade .. A la suite 312624 AABaron Samedi .. Marabout Cadillac AM023 ArfiBarouh. P Noël SHL1056 SaravahBarre's trio No Pieces EMV1003 Emouv.Barret Eric New Shapes CP189 CharlotteBarthélémy Monsieur Claude ZZ84124 Deux ZBarthélémy Solide EVCD316 EvidenceBeckett/Levallet/.. .. Images of Clarity EVCD315 Evidence4tet Belghoul .. Harmolodies CT1948 Bleu Reg.Won Bere Gpe .. Tanalaton Conakry CC987624 CC Prod.Beresford.S Eleven Songs for D. Day 777750 natoBeresford.S Avril Brisé 777764 natoBeresford.S Pentimento 777765 natoBeresford.S...Directly to Pyjamas 777727 natoBeresford.S...Deadly Weapons 777747 natoBergonzi/Kühn...Signed by ZZ84104 Deux ZBernard.P Racines TE016 Transes E.Berrocal.J La nuit est au courant IS040 In SituBerrocal.J Hotel Hotel 777715 natoBerthet - Le Junter VDO9407 Vand’OeuvreBerthoumieux.M .. Les couleurs d'ici 591402/1 PygmalionBête a bon dos ..Doucement les basses AM021 ArfiBeuf. S La danse des inter-Notes 400632 RDCBeuf. S Impro Primo 400672 RDCBex.E Steel Bex PW009 Pee WeeBex.E "3" PW022 Pee WeeBex'tet Rouge et Or PW004 Pee WeeBig Joe Turner Blues in Chedigny BJT1299 CristalBinot Loris Objet de jazz CP186 CharlotteBirgé/Vitet Carton GRRR2021 GRRRBlesing/Tortiller/...Ecume LLL127 La LichèreBlesing/Rousseau .. Elif CC987625 CC Prod.Blue Boy.B...Plus tard dans la soirée LLL187 La LichèreBlue Boy.B... Parlez vous Français ? LLL87 La LichèreBoisseau/Piromalli/..Triade 312622 AABolognesi Paris sur valse 3001907 IrisBoni's family .. After The Rap EMV1005 Emouv.Boni/Echampard. Two angels for Cecil EMV1009 Emouv.Bonnardel inv. Padovani .courant acide...CR175 Charlotte Bottlang.R Exilés PMC1110 Pan MusicBourde /d'Andrea .. Paris - Milano IS106 In SituBourde/d'Andrea .. E la storia va 312612 AABournet.P Story Board PMC1113 Pan MusicBrazier.C Pérégrinations CT1953 Bleu Reg.Bréchet 5tet Autour de Monk 312614 AABreschand.H joue Berio, Breschant,... IS190 In SituBriegel Band Voyage en eaux troubles EMD9401 EMDBriegel Band Détours EMD9901 EMDBrown.D Piano Short Stories BG9601 Space T.Brown.D Wurd on the Skreet BG9806 Space T.Brown.D Enchanté ! BG9910 Space T. Brown.D French Kiss BG2012 Space T.Brown/Thomas/...A Season of Ballads BG9703 Space T.Brun.C In Brooklyn PW007 Pee WeeBrunet-Zig Zag Orch..Légende rock’n’R SHP1 SaravahCache Cache .. L'Océane 312600 AACache Cache .. Tandems 312609 AACache Cache .. Typo 312627 AACanape.J-F K.O.N.P.S. HOP200004 HopiCapon Original 4tet .. Capophonie CC987621 CC PROD.Casimir.D Sound Suggestions CR172 Charlotte Casula.V This is Always PMC1120 Pan MusicCaumont.E Mieux qu'un baiser 175532 PygmalionCaumont.E Ciao mon cœur 591582/0 PygmalionCavalière.A 40061 2 RDCCDL Suite pour le vin CP183 Charlotte Celea/Couturier .. Passaggio LBLC6567 Label BleuChalet.J-P Autoportrait CR174 CharlotteCharmasson .. Résistances C32 CelpCharmasson trio .. Nemo C22 CelpCharmasson/Tchamitchian ..CaminandoC16 CelpChassagnite Chazzéologie IPFC1017 LazerChassagnite 4tet .. Samya Cynthia LLL07 La LichèreChevallier.D Noisy Business ZZ84128 Deux ZCholet/Ruegg .. Suite Alpestre PW013 Pee WeeCholet/Michel .. Benji PW018 Pee WeeCoe.T Les voix d'Itxassou 777704 natoCoe.T Tournée du Chat 777709 natoCoe.T Mer de Chine 777767 natoCohen/Cotinaud .. Yo m’enamori MJB008 MusiviColin.D Trio IS138 In SituColin.D Trio Fluide IS180 In SituColin.D Trio In situ à Banlieues Bleues TE001 Transes E.Colin & Arpenteurs..Etude de Terrain 777770 natoCollectif Vol pour Sidney 777706 natoCollectif BO du Journal de Spirou 777716/7 nato **Collectif Les Films de ma ville 777718 natoCollectif Buenaventura Durruti 777733 nato **Collectif Joyeux Noël 777742 natoCollectif 6 séquences pour A.Hitchcock 777763 natoCollectif Arfi Potemkine AM018 ArfiCollectif Arfi Tragédie au Cirque AM019 ArfiColley.S Portable Universe FRL-CD027 Free L.Como.J-P Express Paris-Roma 272700 PygmalionComo.J-P Solea 591442/7 PygmalionComo.J-P Padre 591452/6 PygmalionComo.J-P Trio .. Bleu Citron 595062 PygmalionComposit Let me guess ? Pan MusicCorneloup.F Jardins ouvriers EVCD824 EvidenceCorneloup.F 4tet .. Fregoli EVCD519 EvidenceCorneloup.F Cadran Lunaire EVCD2029 EvidenceCoronado.G Urban Mood TE019 Transes E.Cotinaud.F Princesse MJB002CD MusiviCotinaud.F Pyramides MJB003CD MusiviCotinaud.F Loco Solo MJB006CD MusiviCoulon-Cerisier.P .. Lazuli 312616 AACouturier/Larché .. Acte IV CR166 Charlotte Couturier/Chalet .. Pianisphères CR167 Charlotte Cueco/Villarroel (Duo) En public aux... TE005 Transes E.Cueco/Villarroel (Duo) Vol 2 TE020 Transes E.Data Error Le Retour LLL97 La Lichère

Davies Riot.P Trio .. Voices Off 312608 AADawson.A Waltzin' with flo BG9808 Space T.Day.T Look at me 777749 natoDebiossat.A Dan Mandingue 591422/9 PygmalionDebiossat.A L'or du temps 591432/8 PygmalionDebriano.S 5tet .. Obeah FRL-CD008 Free L.Dehors.L En attendant Marcel EVCD723 EvidenceDelage.M Big Band .. Special Passeport9801 CristalDelbecq.B Paintings ZZ84109 Deux ZDérives Jazz .. simple 9707 CristalDeschepper.P .. Attention Escalier EMV1004 Emouv.Deschepper/Hoevenaers/Benoit-(un)written-EMV1012Emouv.Diseurs de musique VDO 9814 Vand'œuvreDomancich Lydia Mémoires GM1002 GiminiDomancich Lydia Regard GM1009 GiminiDomancich Lydia Au delà des limites 3TMR302 GiminiDomancich Sophia La part des anges GM1008 GiminiDomancich Sophia Rêves Familiers GM1011 GiminiDomancich Sophia trio Funerals GM1001 GiminiDoneda.M L'élémentaire sonore IS107 In SituDoneda.M Ogooue-Ogoway TE003 Transes E.Doneda/Achiary .. Ce n'est pourtant ED13056 Deux ZDoneda/Lazro .. General Gramofon 777741 natoDoneda/Lazro.... Live in Vandoeuvre IS037 In SituDrouet.J-P Solo TE004 Transes E.Drouet.J-P Les variations d'Ulysse TE006 Transes E.Drouet.J-P Parcours TE008 Transes E.Drouet/Frith En public aux Labo... TE012 Transes E.DSOT Big Band 312625 AADucourtioux Un ciel de traîne CC987613 CC Prod.Ducret.M Gris LBLC6531 Label BleuDupont.H Altissimo PW003 Pee WeeDupont.H Dans le décor PW016 Pee WeeDyade En bonne et due forme PMC1123 Pan MusicEdelin 4tet Déblocage d'émergence 312611 AAEffet Vapeur (L') AM016 ArfiElectric RDV Michel Marthaler Quartet CP185 Charlotte Emler/SellamDuo PW019 Pee WeeEquip’Out Up ! GM1006 GiminiETNA Puzzle GM1005 GiminiEuroquartet Convergences CR148 Charlotte Fabre.G Traversées PMC1124 Pan MusicFavarel.F GpThe Search 312615 AAFavre.P Mouvement CT1952 Bleu Reg.Feldhandler J.C. Obscurités VDO9916 Vand’OeuvreFernandez M. Euphoria 400642 RDCFerrer.V Poemas de F.G.L 777736 nato **Festou inv. A.Jaume / Do it CR179 Charlotte Firmin.F Batteriste IS165 In SituFontaine Brigitte Comme à la radio SHL1018 SaravahFortuna.X Balbuceos PMC1201 Pan MusicFour in One TM IS120 In SituFournier.D La voix des tambours ED13116 Deux ZFournier.D Maë LLL197 La LichèreFrançois.C Healing Force PMC1115 Pan MusicFresu Paolo Berchidda 3001819 Iris **Friedman.D Ternaire ZZ84107 Deux ZZGalliano.R Qtet .. New Musette LBLC6547 Label BleuGalliano/Capon .. Blues sur Seine LLL177 La LichèreOpossum Gang .. Kitchouka 312617 AAGaillot Philippe Between you and me 400402 Transes E.Garcia.B Isn't it romantic ? ZZ84130 Deux ZGarcia-Fons/Marais Acoustic Songs HOP200024 HopiGardner.J Noches habaneras AXO107 AxolotlGareil.P Lato Sensu C17 CelpGertz Bruce 5tet Blueprint FRL-CD017 Free LanceGinape.V Café CP187 Charlotte Giuffre/Jaume .. Eiffel C6 CelpGiuffre Talks and play C41.42 Celp **Godard.M Aborigène HOP200002 HopiGodard.M Le Chant du Serpent LLL37 La LichèreGodard.M 4tet .. Una mora HOP200013 HopiGodard/Sharrock/... .. Dream Weavers HOP200017 HopiGorgé.F & Meens.D IS121 In SituGospel Train is living 3001939 IrisGoualch Tryo .. Voici ma Main EMD9701 EMDGouirand.D Passages ZZ84131 Deux ZGoyone.D Lueurs Blues LBLC6550 Label BleuGrand Lousadzak / Basma Suite EMV1007 Emouv.Grapelli St. Aquarius 3001915 IrisGrapelli St. To Django 3001906 IrisGrillo.A Vibraphone Alone C24 CelpGrillo.A Couples C35 CelpGrimaud.D Slide VDO 9915 Vand'OeuvreGritz.P Thank you to be CR170 Charlotte Gubitsch.T Contra vientos y mareas PMC1105 Pan MusicGubitsch.T Sans cesse, suite PMC1128 Pan MusicGuillard A&Y Pazapa Jcc014CD GiminiGuillaume.S Miage 591392 PygmalionGürültü Le Halva qui rend fou 312626 AAHaynes.R True or False FRL-CD007 Free L.Hêlios Quatuor VDO0018 Vand’OeuvreHelmus.J Un Avec 590212 LazerHervé.A Paris Zagreb ZZ84102 Deux ZHohki.K chante Brigitte Bardot 777755 natoHohki.K Love in Rainy Days 777756 natoHoist Allen Just before spring 3001829 IrisHopkins Lightnin’ Brand new car 3001303 IrisHot Gammes Ouverture 3001944 IrisHuby.R Le sentiment des brutes TE017 Transes E.Hurt John «Mississippi» Coffee Blues 3001309 IrisHymas.T Oyaté 777702/703 nato **Hymas.T Flying Fortress 777739 natoHymas/Bush A sense of Journey 112010 natoHymas/Bush Remake of the American... 777721 nato **Hymas/Bush Left for Dead 77723 nato **Hymas/Jenny Clark/Thollot Winter's Tale777725 natoHymas/Rivers .. Winter Garden 777769 natoICIS (Coffret) IS167/9 In Situ ***Imbert.D Ametys EMD9302 EMDJafet J-M Live au Parc Floral 400502 RDCJames Etta Respect yourself 3001304 IrisJaume.A Cinoche C7 CelpJaume.A Merapi C34 CelpJaume.A Bissau C36 CelpJaume.A 3 Windows/Portrait Giuffre C39 CelpJaume.A Clarinet Sessions C40 CelpJaume Five Something C15 CelpJaume 5tet/Tavagna .. Piazza di Luna C10 CelpJaume/Alschul/Phillips .. Giacobazzi C25 CelpJaume/Haden/Clerc .. Peace / Pace ... C19 CelpJaume/Medeski .. Team Games C31 CelpJaume/Raharjo .. Borobudur suite C30 CelpJeanneau/Celea/Renaudin .. Rencontre CC987604 CC Prod.Jet All Star 4tet .. Live at Jazz en Tête BG9704 Space T.J’oZZ Quartet Suite Carnavalesque MJB007CD MusiviJullian J-P Aghia Triada EMV1010 EmouvanceKartet Pression ZZ84118 Deux ZKartet Jellyfishing PW025 Pee WeeKassap Octet Saxifrages ! EVCD02 EvidenceKassap 4tet Quixote EVCD417 EvidenceKassap 4tet Strophes EVCD826 EvidenceKassap/Corneloup .. Pointe Noire EVCD518 EvidenceKassap/Corneloup .. Deux EVCD721 EvidenceKer Ourio.O Central Park Nord PW021 Pee WeeKer Ourio.O Oté l'Ancêtre ! PW026 Pee WeeKikoski.D Presage FRL-CD011 Free L.Kilimandjaro I on Blues EMD9801 EMDKing Freddie This is the Blues 3001701 IrisKochoyan.S Hong Kong Express 44140001 AbaloneKonitz/Alvim Guarana AXO106 AxolotlKrief.H La dolce vita HOP200005 Hopi

Kristoff K.Roll/Charles.X La Pièce P199 PotlatchKühn/Humair/Jenny Clark .. Usual... LBLC6560 Label BleuLabarrière.H Machination ZZ84119 Deux ZLabarrière.H&J Stations avant l’oubli DOC046 Q. de N.Labbé.P Si loin si proche Nuba1097 NubaLacy.S Solo IS051 In SituLacy.S Scratching the seventies SHL2082 Saravah***Lacy.S trio Bye-Ya FRL-CD025 Free L.Lacy/Watson Spirit of Mingus FRL-CD016 Free L.Lazarévitch/Aerts/Renaudin / Songs CC987606 CC Prod.Lazro.D Outlaws in Jazz CT1947 Bleu Reg.Lazro.D and his orchestra CT1955 Bleu Reg.Lazro.D Zong Book EMV1013 EmouvanceLazro.D 5tet Dourou CT1954 Bleu Reg.Lazro/Zingaro .. Hauts Plateaux P498 PotlatchLazro/Doneda/Lê Quan Ninh IS037 In SituLazro/J.McPhee .. Elan Impulse IS075 In SituLe Berre.V My One And Only Love PW006 Pee WeeLedbetter Huddie Leadbelly 3001310 IrisLemoine.P Kassalit ZZ84126 Deux ZLevallet Swing Strings Sy. .. Eurydice EVCD06 EvidenceLevallet Swing Strings Sy...Original Ses.EVCD203 EvidenceLevallet.D Tentetette .. Générations EVCD212 EvidenceLeviev/Holland .. The Oracle PMC1112 Pan MusicLiebman.D NY Nites PMC1101 Pan MusicLivia.A Plurabelle LBLC6563 Label BleuLlabador.J-P Birds Can Fly C29 CelpLonely Bears (The) 777705 natoLonely Bears (The) .. Injustice 777720 natoLongnon.J-L Bop Dreamer 591612 PygmalionLorenzini/Ballester/... Le diable bleu CC987612 CC Prod.Loriers Nathalie Silent Spring 595182 PygmalionLowe / Santacruz Short Tales CT1959 Bleu Reg.Luc Sylvain & Bros Nahia 595272 PygmalionMachado.J-M .. Chants de la mémoire HOP200016 HopiMachado.J-M .. Blanches et Noires LBLC6572 Label BleuMadiot.T Bakamutz ZZ84122 Deux ZMahieux.J Chantage(S) EVCD110 EvidenceMahieux.J Mahieux EVCD314 EvidenceMahieux.J Franche Musique HOP200023 HopiMailhes René Gitrane 3001810 IrisMailhes René Gopaliné 3001922 IrisMaillard Thierry New Septet 400662 RDCMansour.A Tumbleweed GP0595 GorgoneMansour.A Créatures GP1295 GorgoneMarais.G Est HOP200001 HopiMarais.G Mister Cendron HOP200006 Hopi **Marais.G Quartet Opéra HOP200010 HopiMarais.G Big Band de Guitares HOP200012 HopiMarais.G 7tet .. Sous le vent HOP200018 HopiMarais/Garcia-Fons .. Free Songs HOP200009 HopiMaria.T Europe PW014 Pee WeeMarvelous Band (Le) AM020 ArfiMas Trio Waiting for the moon SHL2092 SaravahMaté.P Emotions CR180 Charlotte Mattei/Chassagnite/... .. Kamala LLL147 La LichèreMauci/Oliva/Zagaria .. Souen C11 CelpMcPhee/Parker/lazro VDO9610 SaravahMéchali.F Détachement D'orchestre CR140 Charlotte Méchali.F Orly And Bass CR169 Charlotte Méchali.F L'Archipel CR171 Charlotte Melody Four Hello we Must be Going 777760 natoMeunier Maurice For you, for ever 400202 RDCMevel.G trio La Lucarne incertaine 312618 AAMicenmacher.Y Fera Feza HOP200008 HopiMille Daniel Sur les quais SHL2064 SaravahMille Daniel Les heures tranquilles SHL2075 SaravahMobley.B Mean what you say BG9911 Space T.Mobley.B Jazz Orch.Live at Small's Vol 2BG9809 Space T.Mr le Baron D'ici là PMC1126 Pan MusicMontanaro.MTenson CT1945 Bleu Reg.Morières.J L'Ut de classe Nuba5614 NubaMorières 5tetWakan' Nuba1629 NubaMorris/Tyler/Charles .. Collective Impro. CT1946 Bleu Reg.Mosalini/Beytelmann/Caratini .. BordonaLBLC6548 Label BleuMouradian.G Solo de kamantcha EMV1006 Emouv.Murray.D Flowers Around Cleveland CT1951 Bleu Reg.Musique’s Action Vandoeuvre 88-92 VDO9304 Vand’OeuvreMusique’s Action 2 VDO9509 Vand’OeuvreMusseau.M Sapiens, Sapiens … TE007 Transes E.Musseau.M Mandragore, Mandragore !TE021 Transes E.Nantes Open Jazz/Miscellaneous SongsCC987605 CC Prod.New Quintet Hot Club de France 3001811 IrisNick trio/Liebman .. Dis Tanz TE009 Transes E.Niemack.J Long as you're living FRL-CD014 Free L.Niemack.J Straight up FRL-CD018 Free L.Niemack.J Night and the Music FRL-CD026 Free L.Niemack.J & Walton.C trio .. Blue Bop FRL-CD009 Free L.Nissim.M Solo CR177 Charlotte Nissim 7tet Décaphonie 312613 AANOHC IS181 In SituNomad Ciguri VDO9305 Vand’OeuvreNotenstock Live in Vienne 590952 LazerNotenstock A côté du soleil LZ105 LazerNotenstock Pour une étoile LZ110 LazerNozati.A VDO 9712 Vand'OeuvreO'Neil/Wolfaardt / Rubato Brothers 312610 AAOcéan au Pied, La Mer 40056 2 RDCOctuor de violoncelles (L') TE013 Transes E.Oliva.S Clair - Obscur PMC1117 Pan MusicOlivier Isabelle Funny Streams 400652 RDCOlympic Gramofon PW010 Pee WeeO’Neil Michael Evensong 3002011 IrisONJ Denis Badault .. Bouquet Final LBLC6571 Label BleuONJ direction D.Levallet ONJ Express EVCD825 EvidenceONJ direction D.Levallet .. Séquences EVCD928 EvidenceONJ direction D.Levallet..Deep FeelingsEVCD2030 EvidenceOpéra-jazz pr les enfants ..Ze blue note CR104 Charlotte Orient Express Moving Shnorers TE010 Transes E.Original Blues Do your duty 3001940 IrisOriginal Blues Keep your arms ... 3001941 IrisOriginal Blues Trains on the Highway 3001942 IrisOrtega.A On Evidence EVCD213 EvidenceOrtega 9net Neuf EVCD620 EvidencePadovani Quatuor 312607 AAPadovani Qtet .. Nocturne LBLC6566 Label BleuPadovani/Cormann .. Mingus Cuernav.. LBLC6549 Label BleuPadovani One for Pablo HOP200011 HopiPadovani Jazz Angkor HOP200019 HopiPadovani Chants du monde HOP200022 HopiPaga Gnosis 591542/4 PygmalionPaga Haunted 591552/3 PygmalionPan’A Paname Soka Rakaï GM1012 GiminiPansanel.G Navigators ZZ84129 Deux ZPansanel/Gouirand .. Nino Rota Fellini ZZ84121 Deux ZPapadimitriou.S .. Piano cellules IS010 In SituPapous dans la tête (Des) PAP01 ** Transes E.Papys du swing (Les) ..Bourgueil Berton312621 AAParant J-Luc Partir ALOOMATTA1Vand’OeuvreParis Musette vol. 1Swing et manouche LLL137 La LichèreParis Musette vol. 2Swing et manouche LLL207 La LichèreParis Musette vol. 3Vent d'automne LLL217 La LichèrePauvros.J-F Le Grand Amour 777710 natoPekar.M & Big Band P... .. New Songs GP0395 GorgonePekar.Mr & Liebman.D & friends GP0695 GorgonePepper/François Trio .. Camargue PMC1106 Pan MusicPerez/Bertaux .. Orange 590202 LazerPesce.S Jazzdaïa CT1956 Bleu Reg.Pesce/Danna/Sanou/Sanou Beù Beù CT1958 Bleu Reg.Phillips.B Naxos C14 CelpPied de Poule .. Indiscrétion GRRR2013 GRRRPilz.M 4tet Melusina drops016 Charlotte

Politi A. & Petit A. Un Secreto TE024 Transes E.Polysons (Collectif) DOC010 Q. de N.POM (Le) PW015 Pee WeePOM (Le) Estramadure PW024 Pee WeePonthieux.J-L .. Double Basse HOP200007 HopiPortal.M Dockings LBLC 6604 Label BleuPortal.M Any Way LBLC6544 Label BleuPotts.S 4tet Pearl CC987602 CC Prod.Primitifs du Futur/Trop de routes, trop... LLL247 La LichèrePujol.F PMC1119 Pan MusicPy.C Onze Têtes Live PW001 Pee WeeQuartet Elan Live SHL2086 SaravahQuatuor vocal .. Nomad TE011 Transes E.Qques Instants Chavirés .. L'Amour ZZ84117 Deux ZQ. de N. Doc. Big Band .. Le retour DOC002 Q. de N.Q. de N. Doc. Big ..En attendant la pluieDOC003 Q. de N.Q. de N. Doc. Big Band .. A l'envers DOC004 Q. de N.Q. de N. Doc. Big Band .. 51° Below DOC033 Q. de N.Rangell.B The Blood Donation HOP200003 HopiRaulin.F First Flush ZZ84114 Deux ZRaulin/Oliva duo .. Tristano EMV1008 Emouv.Raux.R Under the Magnolias LLL27 La LichèreRava.E Rava l’Opéra va LBLC6559 Label BleuRDC Jazz Sampler 40058 2 RDCRecedents Zombie Bloodbath on... 777762 natoRecyclers Rhymes ZZ84111 Deux ZRecyclers Visit ZZ84127 Deux ZRegef D. Tourneries VDO9306 Vand’OeuvreReinhardt.B All Love 400012 RDCReinhardt.B Nuances 400182 RDCReinhardt.B Live 400032 RDCReinhardt.B Vibration 400452 RDCReinhardt.B Baccara-Best of 401022 RDCReinhardt.D Swing de Paris 3001139 RDCReinhardt.D Imagine 400322 RDCReinhardt.D Un géant ... (1) 400052 RDCReinhardt.D Un géant ... (2) 400072 RDCReinhardt.D Un géant ... (3) 400252 RDCReinhardt/Vola A night in Conover 400602 RDCReinhardt/Grappelli & Hot Club 3001903 IrisRenaudin.B Paris Concert CC987607 CC Prod.Renaudin.B La confrérie des Caisses CC987611 CC Prod.Renaudin.B La traversée du jour CC987622 CC Prod.Renaudin.B Gpe .. Mémoire CC987610 CC Prod.Renaudin.B quartet .. Spring of Peace CC987601 CC Prod.Renaudin.B quartet .. Interplay CC987603 CC Prod.Renaudin.B trio .. Special CC987614 CC Prod.Renaudin.B trio .. Acoustic Mop CC987620 CC Prod.Rivers/Hymas .. Eight Day Journal 777726 natoRivers/Hymas .. Winter Garden 777769 natoRobert.Y Tout court ZZ84103 Deux ZRobert.Y Tout de suite ZZ84113 Deux ZRobert.Y Eté ZZ84133 Deux ZRobert.Y Des Satellites avec des... EVCD08 EvidenceRogers Paul 4tet Time of brightness RM027 GiminiRomane Samois-sur-Seine 3001809 IrisRomane Impair & Valse 3001821 IrisRomane Ombre 3001943 IrisRomane Swing in Nashville 3001949 IrisRomane Quintet 3002023 IrisRomane Swing for Ninine 3004974 IrisRomano.A Palatino LBLC 6605 Label BleuRosa.A Latin Soul 189832 PygmalionRosa.A Sarada 272002 PygmalionRoubach/Gastaldin/... .. Esquisse CR178 Charlotte Rousseau/Tortiller/.... ..Les jours de fête CC987619 CC Prod.Rousseau/Tortiller/Vignon .. Spectacles HOP200020 HopiRovere/Garcia .. Bi-Bob C27 CelpRueff.D Cosmophonic TE018 Transes E.SAEP Comme c'est bizarre LLL77 La LichèreSage Hélène Les araignées GRRR2022 GRRRSamoun.M Sur la route CP181 Charlotte Santacruz.B Latitude CT1949 Bleu Reg.Santacruz/Lowe/...After the Demon's... 312623 AASchneider/Soler/HauenensEtre HeureuxCP184 Charlotte Sclavis.L Ad Augusta per Angustia 777740 natoSeffer.Y Mestari CR131 CharlotteSeffer.D Mantsika 400552 RDCSeffer.D Silky LLL157 La LichèreSeffer.D Bluesons rouge LLL237 La LichèreSeffer.D Standards 40062 2 RDCSellam.P Sérénade PW012 Pee WeeShimizu Yasuaki Bach Cello Suites SHL2098 SaravahShipp Matthew trio Magnetism CT1957 Bleu Reg.SIC VDO9508 Vand’OeuvreSicard.J Isthme CR176 CharlotteSicard.J trio Le rêve de Claude CP188 CharlotteSilva.A Take some risks IS011 In SituSlide Guitar You can’t get that stuff 3001938 IrisSmall.M Waiting CR182 Charlotte Soler.A Plays the red bridge C38 CelpSoler.A: Réunion .. J'irai valser sur vos.. C33 CelpSourisse.B Nain de Jardin PW002 Pee WeeStéphane M-P. Composit PMC1121 Pan MusicStrazzullo.N PMC1125 Pan MusicString Trio of N-York .. An Outside Job 312604 AASwallow/Taylor .. Parlance IPST1019 LazerSykes Roosevelt Big Time Woman 3001311 IrisTemiz.O Fis Fis Tziganes LLL107 La LichèreTemiz/Kassap .. Istambul da Eylül LLL67 La LichèreTexier.H Mad Nomad(s) LBLC6568 Label BleuTexier.H trio The scene is clean LBLC6540 Label BleuTexier.H 4tet La Companera LBLC6525 Label BleuTexier.H 5tet An indian’s week LBLC6558 Label BleuTexier.H 4tet Paris Batignolles LBLC6506 Label BleuThéberge.F Asteur 591352 LazerThémines.O trio .. Fresques et sketches 312619 AATheory du Reptil (la) PW023 Pee WeeThibault-Carminati.M .. Brume CR168 Charlotte Thollot.J Tenga Niña 777701 natoThomas.C All Star The Finishing Touch BG9602 Space T.Thomas.C All Star .. Live in Europe BG9807 Space T.Thomas.P 4tet .. Portraits CR173 Charlotte Me Thomas 7tet .. Entre chiens et loups 312620 AAThôt DOC059 Q. de N.Thuillier.F Brass Trio .. Quand tu veux DOC026 Q. de N.Ti Jaz Rythm’n Breizh GM1010 GiminiTierra del Fuego .. Calcuttango MJB005CD MusiviTiso Wagner Brazilian Scenes 3004079 IrisToca-Toca Toubab ou pas CC987615 CC Prod.Togashi Masahiko Bura-Bura PMC1103 Pan MusicTorero Loco Portraits AM025 ArfiTortiller.F Vitis Vinifera HOP200015 HopiTouch Luna IPJH1018 LazerTouré-Touré Laddé 188602 PygmalionTous Dehors Dentiste EVCD827 EvidenceTrio à Boum A ciel ouvert EVCD111 EvidenceTsuxma Hayashi Music of Nô PMC1108 Pan MusicTusques.F Octaèdre AXO101 AxolotlTusques.F Blue Phèdre AXO103 AxolotlTusques.F 1965 - Free Jazz IS039 In SituTusques.F 1992, le jardin des délices IS139 In SituTyler.C Folly Fun Music Magic CT1941 Bleu Reg.Tyler.C Mid Western Drifter CT1942 Bleu Reg.Tyler.C Voyage from Jericho CT1944 Bleu Reg.Un DMI L'hallali GRRR2011 GRRRUn DMI Sous les mers GRRR2012 GRRRUn DMI Qui Vive ? GRRR2015 GRRRUn DMI Kind Lieder GRRR2017 GRRRUn DMI Urgent Meeting : vol 1 GRRR2018 GRRRUn DMI Opération Blow Up : vol 2 GRRR2020 GRRRUn DMI Machiavel GRRR2023 GRRR

Les Allumés du Jazz No 3 - 3ème trimestre 2000 Page 14

BON DE COMMANDE N°3Les Allumés du Jazz vous proposent d’acheter les disques référencés dans ce bulletin au prix de : 99 Frs (album simple), 149 Frs (album double), 190 Frs (album triple), 99 Frs (album LP), 69 Frs (69 à la plage) - frais de port inclus pour toute commande en Francemétropolitaine. Vous pouvez également commander Le Livre des Indépendants (regroupant l’ensemble des références de chaque label) pour 35 Frs de port. Pour les commandes hors France métropolitaine, veuillez rajouter 30 Frs (Europe) 60 Frs (autres) (participation aux frais de port) à votre commande (payable par chèqueou mandat). Bon de commande n° 3

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Vallois.M Danse les arbres PMC1109 Pan MusicVallois.M Compli X cités PMC1129 Pan MusicVan Hove.F Flux P2398 Potlatch **Vasconcellos Nana Africadeaus SHL38 SaravahViguier.J-M Hot Sand EMD001 EMDVillaroel M. Trio TE022 Transes E.Villarroel/Deschepper/Merville..Improv.. TE015 Transes E.Waldron.M 3 Le Matin d'un fauve 312606 AAWaldron/Brown .. Much More ! FRL-CD010 Free L.Wallenstein.B .. Taking Off CT1950 Bleu Reg.Waters Muddy Baby please don’t go 3001305 IrisWatson/Lindberg .. The memory of.. LBLC6535 Label BleuWatson/Lacy/Lindberg .. The Amiens ... LBLC6512 Label BleuWatson trio.E .. The Fool School 312602 AAWatson.E trio .. Punk Circus FRL-CD023 Free L.Wilen.B Dream Time ZZ84108 Deux ZWilen.B Le Grand Cirque 777768 natoWilen.B Moshi SHL35 SaravahWinsberg.L Appasionata 595222 PygmalionWinsberg.L La danse du vent 595252 PygmalionWinsberg.L Camino 591492/2 PygmalionWinsberg/Luc .. Petits déjà … 591482/3 PygmalionWodrascka.C .. Transkei 312605 AAWodrascka / Romain Le Péripatéticien LNT340101 la nuit transf.Wolf Howlin Red Rooster 3001302 IrisWorkshop de Lyon .. Côté rue AM022 ArfiZekri Camel Le Festival de l’eau VDO9917 Vand’OeuvreYoron Israël Connection ..A Gift For You FRL-CD024 Free L.Zig Rag Orch.. Postcommunism ... ZZ84116 Deux ZZigmund.E trio .. Dark Street FRL-CD022 Free L.Zingaro.C Solo IS076 In SituZoomtop Orch. .. Enregistrement public CC987616 CC Prod.

Zoomtop Orchestra .. 10 Years CC987626 CC Prod.Z Bojan Koreni LBLC6614 Label Bleu

LP

Amati Ensemble (The) .. Lawes Purcell 745 natoBeresford.S Avril Brisé ZOG1 natoBeresford.S Pentimento ZOG3 natoBoni/Eastley/day .. Les mistrals 865 natoBuirette.M La mise en plis GRRR1009 GRRRClark.C Dedications FRL-003 Free L.Coe.T Mer de Chine ZOG2 natoCollectif BO du Journal de Spirou 1715/1774 nato **Coxhill.L Café de la Place 1085 natoCoxhill/Boni/Horsthuis .. Chantenay 80 10 natoCoxhill/Deshays .. "10 : 02" 439 natoDay.T Look at me 1229 natoDebriano.S 5tet .. Obeah FRL-008 Free L.Ferrer.V Poemas de F.G.L 2 124 natoHacker.A Hacker Ilk (vol 1) 214 natoHacker.A Mozart - Music for friends 670 natoHacker.A Mozart - Gran Partita 1132 natoHacker.A Hacker Ilk (vol 2) 1180 natoHymas.T Flying Fortress 1435 natoKassap 8tet Saxifrages ! EVCD102 EvidenceKassap.S Foehn EVCD103 EvidenceLavaillant.D Direct 140 natoLevaillant.D Barium Circus 382 natoLevallet.D Quiet Days in Cluny EVCD101 EvidenceLevallet Swing .... Original Session EVCD203 EvidenceLindberg.J Haunt of the Unresolved 40 nato

Malfatti.R & Quatuor a vant Formu 175 natoMarcial.E Canto Aberto FLVM3003 Free L.McCraven.S 4tet .. Intertwining Spirits FRL-005 Free L.Méchali.F Le Grenadier Voltigeur 70 natoNozati/Van Hove .. UIT 994 natoPauvros.J-F Hamster Attack 1544 natoRaux.R 4tet .. Feel good at last FRL-004 Free L.Sage/Vitet Supposons le problème .. GRRR1008 GRRRSommer.G Seven Hit Pieces EV105 EvidenceTohban Djan .. Poison Petal 1657 natoVan Hove.F KKWTT 355 natoUn DMI Rideau ! GRRR1004 GRRRUn DMI A travail égal salaire égal GRRR1005 GRRRUn DMI Les bons contes font ... GRRR1006 GRRRUn DMI L'homme à la caméra GRRR1007 GRRR

45ToursMelody Four La Paloma 0H5 nato K 7Beresford.S Pentimento ZOG3 nato

C o f f r e t s p é c i a lHymas / Bush Laissé pour mort nato/ Stardomavec illustrations originales de Moebius, Boucq et Cabannesà un prix spécial : 700 Frs

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Alma Rosa Chocolate 272702 PygmalionBebey.F Dibiye PW017 Pee WeeBrown.M 4tet .. Back to Paris FRL-CD002 F. LanceCat-Berro S. A singing affair CAT98 CharlotteCharles/Charmasson..A scream for C.T CT1943 Bleu Reg.Compagnie des musiques à ouïr (La) LLL287 La LichèreCooper.M Island Songs 777707 natoDomancich Lydia Chambre 13 GM1007 GiminiDoneda.M L'anatomie des clefs P598 PotlatchE Guijecri Festin d’oreille AM026 ArfiLabbé/Morières .. Ping Pong Nuba270890 NubaLopez/Cotinaud .. Opéra MJB004CD MusiviMascara Les chansons françaises 400472 RDC Mobley.B Jazz Orch.Live at Small's Vol 1BG9805 Space T.Padovani Takiya ! Tokaya ! HOP200014 HopiPozzi.M Acadacoual TE002 Transes E.Q. de N. Doc. Big..Femme du bouc .. DOC017 Q. de N.Renaudin.B trio .. L’Arbre Voyage CC987628 CC ProdSouth African Friends Sangena 312603 AASwing Gadjé Kriss Romani GP115-1 GorgoneTabato Luz Bin ! EVCD722 EvidenceTchamitchian/Boni Ké Gats EMV1002 Emouv.Texier.H 5tet Mosaïc Man LBLC 6608 Label BleuUrtreger René Didi’s bounce 591044 SaravahUn DMI Jeune fille qui tombe, ... IS074 In SituUn DMI avec R. Bohringer .. Le K GRRR2016 GRRRViguier.J-M Sage EMD9601 EMD

Alerte aux bibliothèquesOn entend assez souvent ces derniers temps des éditeurs tenir un discours enapparence raisonnable sur la gratuité des bibliothèques. En résumé, ils se sen-tent lésés, conjointement aux auteurs, par le fait que, le prêt de livres étant gra-tuit et les gens qui lisent les livres prêtés ne les achetant pas, les livres qu'ilséditent peuvent être lus plusieurs fois et par plusieurs personnes différentes,sans qu'ils perçoivent de contrepartie ; le problème est sans doute réel, bienque difficile à évaluer. Les livres circulent, se prêtent, se vendent d'occasion,se donnent, se volent (parfois à des amis), sont lus par plusieurs générationsà l'intérieur d'une famille etc. sans que cela choque les éditeurs. Il est vrai qu'ily a une différence quand il s'agit d'institutions dont l'objet même est de prêterdes livres. Il est vrai d'autre part que certain livres ou CD ont une vie non négli-geable dans le cadre des bibliothèques de prêt, tout en ayant été des échecscommerciaux retentissants. On comprend dans ce cas-là qu'il puisse y avoir unpeu d'amertume. Mais serait-il meilleur que personne ne lise ces livres? Et lefait que certains livres ou CD soient demandés dans les bibliothèques sansqu'ils se vendent en magasins ne prouve-t-il a contrario qu'il n'y a pas de rela-tion directe entre les deux phénomènes? Voilà donc une histoire difficilementsoluble. Ce qui m'a amusé dans ces débats ou ces articles, c'est qu'au delà de l'appa-rence raisonnable du discours tenu et de son caractère revendiqué commepragmatique, se dessine en fait un aveuglement idéologique assez caricatural.En effet au problème posé, qui si complexe soit-il n'en existe pas moins, ontrouve une réponse : faire payer les lecteurs pour chaque sortie de livre. C'està dire qu'en fait, ce qui gène profondément c'est que la culture existe dans unespace non-marchand... En faisant payer pour les sorties de livres on tueraittout simplement le principe des bibliothèques de prêt, on les viderait de leursubstance, on les priverait de leur rôle de démocratisation de la culture. Si le problème soulevé existe, n'y a-t-il pas d'autres solutions? Comme parexemple un droit d'information pour les éditeurs et les auteurs sur les prêts deslivres ou CD qu'ils éditent? Et peut-être, pour aller plus loin, qu'un droit de suiteleur soit alloué par les bibliothèques ou par leurs financeurs, sur les fondspublics donc et pas sur le paiement d'un droit de sortie par l'usager... Cela exis-te pour les radios, pourquoi pas pour les bibliothèques? On risque cependantle fameux effet "usine à gaz", bien connu... On pourrait imaginer une prime oul'achat d'un "droit de diffusion" versé au producteur au moment de l'achat...Il pourrait être d'autre part plus urgent de chercher comment mieux diffuser laculture dans les milieux qui n'y ont pas facilement accès... Cela ferait peut-êtreà terme des"clients" pour les éditeurs...

Pour conclure, si le problème mérite probablement une étude un peu appro-fondie, on voit bien, par la solution proposée, qu'il s'agit d'une attaque directe,orchestrée par les partisans de la marchandisation totale de la culture, contreun espace collectif qui leur échape encore.

Pablo Cueco

Les Allumés du Jazz5 rue de Charonne - 75011 ParisTél : 01 40 21 90 65 Fax : 01 40 21 82 30email : [email protected]

Les Allumés du jazz : AA, Abalone, Arfi, Axolotl jazz,Birdology, Black & Blue, Bleu Regard, CC production, Celp,Charlotte Records, Cristal, Deux Z, Djaz, LesEtonnants Messieurs Durand, Emouvance, Evidence,Free Lance, Frémeaux et Associés, Gimini, GorgoneJazz, Grrr, Hopi, in Situ, Iris, JMS, Label Bleu, La Lichère,la nuit transfigurée, Lazer production, Musivi, nato,Nûba, Pan Music, Pee Wee, Pygmalion, Potlatch, Q u o id e n e u f d o c t e u r ? , RDC Records, SeventhRecords, Space Time Records, Transes Européennes,Vand’oeuvre

La réalisation du journal: Valérie CrinièreLes dessins sont de Cattaneo, les photos,sauf mention autre, sont de ChristianDucasse. Merci à Joëlle Dechanet.

Les Allumés du Jazz No 3 - 3ème trimestre 2000 Page 16

Le coin des médailles Sites sur Internet de certains ADJ :

Emouvance www.labuissonne.com/emouvanceGimini Music www.gimini.com

Grrr www.hyptique.com/drame/Label Hopi www.labelhopi.com

Potlatch www.potlatch.digiweb.frSeventh Records www.seventhrecords.com

Space Time Records www.bluegeo.com

UNE TOURNEE POUR LA ROUTEOn nous signale un magnifique menu à 100 francs et une bellecave (vins de Loire des frères Lorieux…) à des prix abordables, ensortant de Poitiers, sur la route de Niort / La RochelleÇa s’appelle Le Centre-PoitouEt c’est : 39 rue nationale86600 Coulombiers05.49.60.90.15

Rendez-vous en septembre avec 32 janvier, ledernier né des groupes de l’Arfi, pour leurpremier CD (avec rien moins que Fred Frith etPaul Rogers comme invités) avant leur tournéeau Japon. *** Jeff Gardner/David Friesenenregistré Live et la sortie d’un journalAxojazz liée à la création de son siteInternet sont deux des informations du futurproche d’Axolotl. *** Bleu Regard prépareactivement la parution de sa 20ème référence.Nous ne connaissons que la référence (CT1960) mais pas les artistes (nos agents sonttrop spéciaux et pas assez à la hauteur).Tournée d’Automne de Matthew Shipp (du 12 au30 octobre avec William Parker et Rob Brown).*** Art Pepper, légende de la West Coast feral’objet d’un hommage par Robin Nicaise avecLarry Schneider et François Méchali, AlainSoler et Lionel Aymes à paraître surCharlotte. Le 11 juin Arlette ne sera pas àMalibu car elle écoutera Jef Sicard à la Fêtede Lutte Ouvrière. Le 14 juin présentation dela Transméditerrannéenne de François Méchalià la Fenêtre à Paris. En préparation duoMichel Edelin et Christian Bon en trio avecFrançois Méchali et Youval Micenmacher. ***Ronald Baker (Cristal) à Périgueux le 25juin, Andernos le 29 juin, Haut Verdon le 4août, Gouvy (Belgique) le 5 août, Pleneuf ValAndré le 8 août, Ile de Ré le 27 août, Châteaudu Loir le 24 septembre, Montlouis sur Loirele 25 septembre et la Rochelle le 7 octobre.*** EMD nous annonce deux albums en projet,l’un en trio, l’autre en duo. Nous n’ensavons pas plus, nos meilleurs agents (pour-tant surentraînés, peut-être trop) ayant étéincapables d’obtenir plus de renseignements.En attendant on retrouvera le Briegel BrosBand en Europe Centrale (Moldavie, Roumanie,Slovaquie et ce pays dont on parle tant :l’Autriche). *** A Orléans, il y a d’Evidenceautre chose que des pucelles. On se souvientqu’Albert Ayler y jouait la Marseillaise. Cane vous suffit pas ? Okay! Voilà d’autrespreuves solides et irréfutables (là, ils ontbien travaillé les gars) : le 2 juillet, pre-mière du Hot Spicy Spicers de Sylvain Kassapavec Paul Rutherford (quelle bonne nouvellede pouvoir entendre ce géant précurseur del’instrument sur une scène française), DaunikLazro, Jean-François Canape, Michel Massot,Olivier Benoît, Jacques Mahieux et ChristopheMarguet. Autres chaleurs en perspective :Sylvain Kassap et Evan Parker à Parthenay le13 juillet. *** Dans Jazz Magazine numéro 504(mai 1999), Christian Gauffre, The connais-seur d’Internet Jazz, nous invite (page 49)à visiter " Un nouveau territoire pour unemusique sans réserve " soit le site Hopiwww.labelhopi.com. Cet été, larguez lesbouées et les pelles à sables et surfez Hopiavec jeu concours et pleins de disques paschers. Pas besoin d’attendre que les genssoient morts pour publier des bandes histo-riques, le même Hopi va publier un CD enre-gistré dans le Sud il y a 18 ans par GérardMarais et Raymond Boni (on se souvient tous

de leur superbe live au Totem – à propos quirééditera le duo Gérard Marais avec le mer-veilleux et regretté guitariste Joseph Déjean?). L’Automne c’est la saison des nuitsn’est-ce pas ? Alors cet automne : Nuits Hopià Paris... Menace ! in situ dépose une bombele 2 décembre (ceux-là chef, impossible deles arrêter !). *** A Tarbes, grâce à la nuittransfigurée, les parachutistes perdent duterrain. Le Quatuor Archet Type sous ladirection artistique de Dominique Pifarély ya enregistré son premier disque en avril etl’ensemble Laborintus (dont le nom est unhommage à un certain Luciano – si vous devi-nez lequel vous avez gagné une carte postaledédicacée) avec entre autres Sylvain Kassapet Hélène Breschand, y enregistrera en sep-tembre prochain. *** Enfin, le film dePascale Ferran "Quatre jours à Occoe " - lesséances de Sam Rivers et Tony Hymas pourWinter Garden (nato) - passera en novembre àla télévision sur Arte. Los Incontrolados(disques prévus en octobre) joueront au fes-tival de Luz St Sauveur. *** Si vous pensiezêtre un danseur averti redoublant d’aisancesur le Kazatchock (orthographe non vérifiée)ou le Mashed Potatoes, mauvaise nouvelle ! Ilva falloir affûter vos gambettes à nouveau etapprendre de nouveaux pas. Jean Morières créele Bum, bal ultra-moderne avec les dansesnouvelles : le stax (hommage à OtisRedding ?), le bango-slango, le runk. Lestextes sont onomatépiques, érotiques, journa-listiques, statistiques, poètiques, glossola-liques. Alors pour les prochaines surprisesparties, tout naturellement le Bum (de Nûba).Jean Morières proposera sur Nûba un disquesolo en septembre et créera en novembre leCirque de Chambre (nos agents enquêtent : desrenseignements dans le prochain numéro). ***Un chien qui court sur une plage ça vous ditquelque chose ? «Mais quelque soit le senti-ment qu’elle exprime, elle est riche de verset de rimes (...) Vinicius de Moraes, BadenPowell...Saravah.». Daniel Mille sera avec lemême Jean-Louis Trintignant (vous suivez ?)pour le spectacle "La valse des adieux" auQuebec et en Italie et en solo aux côtésd’Helen Merrill à "La Villette Jazz Festival"et à Bologne. 45 tours pas morts : les maxisde Louise Vertigo "Blue Lagoon" avec remixesde DJ Grégoire (Kojack) et Harry MorseProject (latin house) sur la collection élec-tronique de Saravah, Kings of Slow Bizz sor-tent ce mois-ci (distribution discograph). Lechanteur Eric Guilleton a enregistré l’album"Et s’il était deux", sortie prévue octobre.*** Vous avez manqué les concerts du TransesEuropéennes Orchestra au Théâtre du Lierreles 17, 18, 19 et 20 mai ? Un moyen pour vousd’éviter les hontes de début de siècle enpaliant à ce grave manque. Rendez-vous sansattendre au même endroit pour le mêmeorchestre les 28, 29, 30 juin et 1er juillet.Trois projets de rentrée : François Tusquesen trio (avec Denis Colin et Noël Mc Ghie),Oriental Fusion et Mirtha Pozzi (SerpienteInmortal). ***

Et pour finir à Luz St Sauveur au milieu desmontagnes se tiendra le 9 juillet un débatintitulé " L’avenir des labels indépendants "animé par Stéphane Ollivier desInrockuptibles avec Pascale Labbé, Jean-Jacques Birgé, Jean Rochard et ThierryMathias. Toutes les idées sont les bienve-nues.

Arriverdeci los kidos (James va te coucher!)

Tigrenoune

Les médailles (aïe! aïe!) touchent aussi l’avant garde :Joëlle Léandre a été promue Chevalier des Arts et desLettres sur proposition du premier Ministre.Jean-Jacques Birgé, Frédéric Durieu et MurielleLefèvre, créateurs du CD-Rom «Alphabet» ont reçu legrand prix Möbius International, le prix multimédia de laSacd et celui de la meilleure adaptation à Bologne.

PS : Nous sommes toujours sans nouvellesdes projets secrets mentionnés dans lenuméro 2. L’enquête reprend.