bolivia en la unesco - llapaku groupe de musique des andes ... · liser un inventaire vivant de...

12
BoLiViA EN LA UNESCo Journal d’Alasitas de la Délégation Permanente de l’État Plurinational de Bolivie Le 24 janvier, à midi pile... www.boliviaenlaunesco.com Selon la tradition, le 24 janvier, à midi pile, il faut ac- quérir, en miniature, tout ce que l’on désire obtenir dans l’année (maison, voiture, diplôme, visa, argent, électroménager, etc.) et le faire immédiatement bénir par un yatiri et un curé. Celui qui accomplit ce rite verra ses désirs réalisés au cours de l’année. page 3 page 4 page 8 La légende de l'Ekeko Dans son livre Leyendas de mi tierra, l’écrivain An- tonio Díaz Villamil (1897- 1948) suggère que c’est pendant le siège de La Paz que l’Ekeko que nous connaissons aujourd’hui est né. L’indigène Paulina Tintaya est envoyée à La Paz par son maître... page 11 Les petits jour- naux d'Alasitas Parmi les différents objets qui sont miniaturisés par les artisans d'Alasitas, on trouve les journaux d'Ala- sitas... page 6 Une tradition de plus de 500 ans Si l’Ekeko et la fabrica- tion de miniatures re- montent à la période précoloniale, la pre- mière Fête des Alasitas à proprement dite a eu lieu le jour de la fonda- tion de la ville de La Paz, le 20 octobre 1548, sous.... page 6 Les petits bil- lets d'Alasitas On peut admirer les fameux « petits billets d'Alasitas », copies en miniature des boli- vianos d'usage cou- rant, sans oublier les petits dollars améri- cains en coupure de 10, 20, 50 et 100. Ces derniers sont... page 12 Les petits mots La fête des Alasitas Nous parlons de la fête des Alasitas, une coutume très populaire en Bolivie tout comme dans d’au- tres pays, principalement dans la région andine. Comme nous l’avons déjà mentionné, la fête com- mence le 24 janvier à midi, moment où, du moins à La Paz... Paris, janvier 2011 Edition spéciale

Upload: others

Post on 13-Jul-2020

1 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: BoLiViA EN LA UNESCo - LLAPAKU groupe de musique des Andes ... · liser un inventaire vivant de l’évolution des techniques et de l’art boli-vien » et, pourquoi pas, des coutumes

BoLiViA EN LA UNESCoJournal d’Alasitas de la Délégation Permanente de l’État Plurinational de Bolivie

Le 24 janvier, à midi pile...

www.boliviaenlaunesco.com

Selon la tradition, le 24 janvier, à midi pile, il faut ac-quérir, en miniature, tout ce que l’on désire obtenirdans l’année (maison, voiture, diplôme, visa, argent,électroménager, etc.) et le faire immédiatementbénir par un yatiri et un curé. Celui qui accomplit cerite verra ses désirs réalisés au cours de l’année.

page 3

page 4

page 8

La légende del'EkekoDans son livre Leyendasde mi tierra, l’écrivain An-tonio Díaz Villamil (1897-1948) suggère que c’estpendant le siège de LaPaz que l’Ekeko que nousconnaissons aujourd’huiest né. L’indigène PaulinaTintaya est envoyée à LaPaz par son maître...

page 11

Les petits jour-naux d'AlasitasParmi les différents objetsqui sont miniaturisés parles artisans d'Alasitas, ontrouve les journaux d'Ala-sitas...

page 6

Une tradition de plus de 500 ansSi l’Ekeko et la fabrica-tion de miniatures re-montent à la périodeprécoloniale, la pre-mière Fête des Alasitasà proprement dite a eulieu le jour de la fonda-tion de la ville de LaPaz, le 20 octobre1548, sous....

page 6

Les petits bil-lets d'AlasitasOn peut admirer les

fameux « petits billets

d'Alasitas », copies

en miniature des boli-

vianos d'usage cou-

rant, sans oublier les

petits dollars améri-

cains en coupure de

10, 20, 50 et 100. Ces

derniers sont...

page 12

Les petits mots

La fête des AlasitasNous parlons de la fête des Alasitas, une coutumetrès populaire en Bolivie tout comme dans d’au-tres pays, principalement dans la région andine.Comme nous l’avons déjà mentionné, la fête com-mence le 24 janvier à midi, moment où, du moinsà La Paz...

Paris, janvier 2011Edition spéciale

Page 2: BoLiViA EN LA UNESCo - LLAPAKU groupe de musique des Andes ... · liser un inventaire vivant de l’évolution des techniques et de l’art boli-vien » et, pourquoi pas, des coutumes
Page 3: BoLiViA EN LA UNESCo - LLAPAKU groupe de musique des Andes ... · liser un inventaire vivant de l’évolution des techniques et de l’art boli-vien » et, pourquoi pas, des coutumes

elon la tradition, le 24 jan-vier, à midi pile, il faut ac-

quérir, en miniature, tout ce quel’on désire obtenir dans l’année(maison, voiture, diplôme, visa,argent, électroménager, etc.) et lefaire immédiatement bénir par unyatiri et un curé. Celui qui ac-complit ce rite verra ses désirsréalisés au cours de l’année.

Il est également impératif d’ache-ter un Ekeko, mais attention,acheter un Ekeko n’est pas ache-ter un jouet ou une décoration.L’Ekeko est une divinité, la divi-nité de l’abondance et elle garan-tit le bienêtre de toute personnequi la possède. Néanmoins, pourcela, il faut lui donner à fumerune cigarette tous les mardis etles vendredis. S’il semble quel’Astoria sans filtre soit meil-leure, l’Ekeko apprécie néan-moins toutes les variétés de tabac.

Le 24 janvier, à midi pile...

S

Page 4: BoLiViA EN LA UNESCo - LLAPAKU groupe de musique des Andes ... · liser un inventaire vivant de l’évolution des techniques et de l’art boli-vien » et, pourquoi pas, des coutumes

Nous parlons de la fête des Alasitas,une coutume très populaire en Boli-vie tout comme dans d’autres pays,principalement dans la région andine.

Comme nous l’avons déjà men-tionné, la fête commence le 24 jan-vier à midi, moment où, du moins àLa Paz, toutes les activités sont para-lysées surtout le trafic des véhiculesdans la mesure où la plupart des ha-bitants se retrouvent dans les ruespour acquérir leur Ekeko et leurs mi-niatures.

C’est ainsi que débute l’une des fêtesartisanales les plus fascinantes dumonde où l’ingéniosité populaire semanifeste et s’exerce pour réduire enminiature tous les objets que nouspouvons rencontrer dans la vie quo-tidienne. Pour cette raison, c’est unefête en constante rénovation et inno-vation.

La fête des Alasitas

Page 5: BoLiViA EN LA UNESCo - LLAPAKU groupe de musique des Andes ... · liser un inventaire vivant de l’évolution des techniques et de l’art boli-vien » et, pourquoi pas, des coutumes

Le personnage central de cette fêteest l’Ekeko, une petite statue faitemajoritairement en platre, qui repré-sente un homme gros et petit, avecune expression débonnaire et festiveet surchargé d’objets les plus divers.Ses origines remontent à l’époquepréincaïque et il a subi des transfor-mations diverses jusqu’à parvenir àla version connue actuellement.

De nombreux spécialistes s’accor-dent sur l’origine aymara du mot«  Alasitas  »  : ce terme signifieraitalors « achète moi ça » avec une ré-férence sous-entendue aux minia-tures. «  Achète moi ces petiteschoses » constituerait peut-être unetraduction plus adéquate. Version monumentale de l’Ekeko,

sculpture de Victor Zapana

Page 6: BoLiViA EN LA UNESCo - LLAPAKU groupe de musique des Andes ... · liser un inventaire vivant de l’évolution des techniques et de l’art boli-vien » et, pourquoi pas, des coutumes

Si l’Ekeko et la fabrication de miniatures remon-tent à la période précoloniale, la première Fêtedes Alasitas à proprement dite a eu lieu le jourde la fondation de la ville de La Paz, le 20 octo-bre 1548, sous la colonie espagnole. Il s’agissaitd’une fête où «  les Blancs et les Indiens fes-toyaient chacun à leur manière et à leur place »comme nous le rappelle Ernesto Cavour dans sonlivre sur les Alasitas.

Les Européens et les criollos célébraient cettefête en se déguisant tandis que les indigènes s’yrendaient en apportant des sculptures en minia-ture qu’on leur échangeait contre des petitespierres planes qui, selon Cavour, constituaient lamonnaie de l’époque. La fête a ensuite été inter-dite par l’église catholique qui considérait qu’elleavait un caractère licencieux.

Une tradition de

plus de 500 ansLes petits billetsd'Alasitas i

On peut admirer lesfameux «  petits bil-lets d'Alasitas », co-pies en miniature desbolivianos d'usagecourant, sans oublierles petits dollars amé-ricains en coupure de10, 20, 50 et 100. Cesderniers sont les bil-lets les plus appréciéset les plus sollicitésdu fait que le dollarest le chef monétaireinternational. La plu-part du temps, on lesvend enveloppésavec de petits cra-pauds, des graines dehuayruru et de petitsfers à cheval.

Dans les imprimeries«  Marquev  » et«  Contemporánea  »,les deux situées dansla rue Linares de LaPaz, on imprime cesdollars et aussi despetits billets qui ap-partiennent aux paysvoisins (...). Nouspouvons ajouter aussiles petits euroscomme monnaieétrangère favorite. .

E. Cavour, Alasitas. 2010

Page 7: BoLiViA EN LA UNESCo - LLAPAKU groupe de musique des Andes ... · liser un inventaire vivant de l’évolution des techniques et de l’art boli-vien » et, pourquoi pas, des coutumes

Le siège et les AlasitasC’est le Gouverneur Intendant de La Paz qui, en1781, a rétabli la fête. Il a néanmoins déplacé ladate la fixant au 24 janvier, jour consacré àNotre Dame de La Paz, une manière de la remer-cier pour avoir survécu au siège indigène menépar Tupak Katarí et Bartolina Sisa.

Ce siège est une des premières rébellions anti-coloniales d’Amérique. Il a duré plus de six moisdurant lesquels les habitants de la ville ont souf-fert, entre autres, de pénuries à cause des blo-cages.

Les petits billetsd'Alasitas ii

Au sujet des dol-lars dont la confec-tion est impeccableau niveau des des-sins et des cou-leurs, nous pensonsà une anecdote :

« Après s’être ren-due à la Fête, à sonretour aux Etats-Unis, une femmeavait emporté unepetite collection deces petits dollarsd'Alasitas.

En découvrant cespetits billets, lesdouaniers du pays,alarmés, ont appeléla police de l'aéro-port qui arrêta im-médiatement ladame afin de rece-voir sa déclara-tion ».

L'information futamplement diffu-sée par la presse in-ternationale.

E. Cavour, Alasitas.

2010

Page 8: BoLiViA EN LA UNESCo - LLAPAKU groupe de musique des Andes ... · liser un inventaire vivant de l’évolution des techniques et de l’art boli-vien » et, pourquoi pas, des coutumes

Dans son livre Leyendas de mi tierra,l’écrivain Antonio Díaz Villamil(1897-1948) suggère que c’est pen-dant le siège de La Paz que l’Ekekoque nous connaissons aujourd’hui estné.

L’indigène Paulina Tintaya est en-voyée à La Paz par son maître, l’Es-pagnol Francisco de Rojas (c’étaitl’époque de l’esclavage) ce quioblige la jeune fille à abandonner sonamoureux, Isidro Choquehanca.Celui-ci fabrique une petite statue

pour lui offrir comme cadeau et amu-lette. Lorsqu’il fabrique la statue, lejeune amant fait le portrait du maîtrede l’indigène, Francisco de Rojas carpour lui, le destin de chacun d’euxdépendait de cette personne.

Selon la légende de Villamil, le ca-ractère débonnaire a été attribué à lastatue dans l’espoir que Rojas se ra-doucisse et n’éloigne pas son aiméeen l’exilant à La Paz. Isidro a égale-ment doté sa statue de représenta-tions en miniature de vivres et

La légende de l'Ekeko

On dit à une personne qui est surchargée : « on dirait un Ekeko ».  Ernesto Cavour, Alasitas, 2010

Page 9: BoLiViA EN LA UNESCo - LLAPAKU groupe de musique des Andes ... · liser un inventaire vivant de l’évolution des techniques et de l’art boli-vien » et, pourquoi pas, des coutumes

d’objets qui auraient pu manquer à sacompagne.

La statue a finalement voyagé avecl’indigène et selon Díaz Villamil,dans les moments d’importante pénu-rie alimentaire, les provisions de Pau-

lina étaient toujours abondantes et lesvivres se reproduisaient de manièremagique, chaque nuit. Ce miracle aété attribué à la statue et, selon Villa-mil, c’est à partir de ce fait que seraitné le culte à l’Ekeko comme Dieu del’abondance.

Page 10: BoLiViA EN LA UNESCo - LLAPAKU groupe de musique des Andes ... · liser un inventaire vivant de l’évolution des techniques et de l’art boli-vien » et, pourquoi pas, des coutumes

D’autres historiens pensent que le culte àl’Ekeko remonte à la culture Tiwanaku, cul-ture préincaïque établie dans l’Altiplano bo-livien au bord du lac Titikaka. LesTiwanacotas idolâtraient une statue de pierreen miniature qui, à la différence de l’Ekekoactuel, représentait une divinité nue. Aprèsl’invasion incaïque, l’Ekeko a été adopté parles Incas comme une représentation de la fer-tilité et de l’abondance.

Selon l’historien Rigoberto Paredes, une ver-sion de la fête des Alasitas avait lieu durantl’empire inca durant le solstice d’été, momentoù les habitants offraient à l’Ekeko des minia-tures qui symbolisaient leurs espoirs. Cesdonnées coïncident avec celles de l’archéo-logue autrichien Arturo Ponsnasky.

Une origine préincaïque

Statue tiwanacota, un possibleancêtre de l’Ekeko

Page 11: BoLiViA EN LA UNESCo - LLAPAKU groupe de musique des Andes ... · liser un inventaire vivant de l’évolution des techniques et de l’art boli-vien » et, pourquoi pas, des coutumes

Les petits journauxd'Alasitas

Parmi les différents objetsqui sont miniaturisés parles artisans d'Alasitas, ontrouve les journaux. Cettecoutume remonte au moinsà 1846, année qui marquela date de l'exemplaire leplus ancien du journald'Alasitas conservé en Bo-livie.

Dans le passé et durant unegrande partie du 20ème siè-cle, des écrivains, des jour-nalistes et des imprimeursréalisaient des journauxspécialement pour cettefête. Il s'agissait de publica-tions au ton satyrique etmalin et les gouvernementsqui ont interdit la publica-tion de ces journaux d'Ala-sitas parce qu'ils lesconsidéraient politique-ment impertinents, n'ontpas manqué.

Aujourd'hui, ce sont lesquotidiens habituels quiconfectionnent des ver-sions en miniature de leurspublications sur un ton hu-moristique pour les Alasi-tas. Ernesto Cavourregrette que l'ancienne tra-dition des « Petits journauxd'Alasitas » se soit perdue.

Si nous nous référons aux historiens, la fêtedes Alasitas provient de cultures antérieuresaux Incas. Plusieurs siècles, voire millé-naires, se sont passés depuis les petitessculptures en pierre idolâtrées par les Tiwa-nacotas à la statue de l’Ekeko que nous ren-controns aujourd’hui sur les marchés de LaPaz, bien habillé et chargé d’aliments, d’or-dinateurs et d’autres choses les plus diverses.

Page 12: BoLiViA EN LA UNESCo - LLAPAKU groupe de musique des Andes ... · liser un inventaire vivant de l’évolution des techniques et de l’art boli-vien » et, pourquoi pas, des coutumes

La fête et son Ekeko ont fait l’objet de plusieurs syn-crétismes et métissages. Néanmoins, malgré cela etle temps passé, leur essence n’a pas changé. Chaque24 janvier à midi, ceux qui participent au rite desAlasitas entrent en contact avec une coutume mil-lénaire, un véritable patrimoine de l’humanité vivantet changeant.

La fête des miniatures, comme nous l’indique Ernesto Cavour, est unmusée où l’on peut admirer « toute l’ampleur du savoir, c’est comme réa-liser un inventaire vivant de l’évolution des techniques et de l’art boli-vien  » et, pourquoi pas, des coutumes et du quotidien de la sociétébolivienne.

Les petits mots sont :aurita, ahicitos, aquici-tos (por ahicito), un ra-tito, pancito, salteñita,empanaditas, quesito,besito, mamacita, pa-pacito, choricito, lindu-rita, florcita. Et aussi :ch’iticito, t’ilicito,k’olito, wawita, kholi-lita, jiskhita, peladingo,chiquitingo, etc., c'est-à-dire tous les mots ter-minés par ito, cito, ita,inga, ingo, diminutifsutilisés pour marquer latendresse, la douceur,l'amitié, l'amour, descomportements quenous avons nous lesBoliviens dans notrefaçon d'être.

E. Cavour, Alasitas. 2010

Un musée de la vie quotidienne

Les petits mots