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laterre.ca B01 Charles Prémont Marc-Alain Soucy VOLAILLES Août 2017 BOIRE ET FRÈRES POURSUIT SON ASCENSION Pages 4 et 5 ROUGIÉ Des foies gras québécois parmi les meilleurs au monde Page 3

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VOLAILLES— Août

2017

BOIRE ET FRÈRES POURSUIT SON ASCENSION

—Pages 4 et 5

ROUGIÉDes foies gras québécois parmi les meilleurs au monde

—Page 3

B02 laterre.ca 2 août 2017

laterre.ca B032 août 2017

ROUGIÉ

Des foies gras québécois parmi les meilleurs du mondeCHARLES PRÉMONTCOLLABORATION SPÉCIALE

«  Rougié, c’est de la haute couture, explique Pascal Fleury, fondateur et consultant de Palmex, l’entreprise qui produit les foies gras Rougié en terres américaines. C’est une marque de commerce très forte qui est reconnue par les plus grands chefs du monde. »

Propriété de Euralis, Rougié existe depuis 1875, mais s’est véritablement installée en Amérique du Nord dans la première décennie des années 2000. À l’époque, Rougié investissait beaucoup d’efforts pour développer le marché des États-Unis. « Un des représentants de Rougié s’est mis à remarquer que les foies gras de Palmex étaient servis à Los Angeles, à New York, dans plu-sieurs grands restaurants… Alors, ils ont décidé de m’acheter. »

Les débuts de PalmexC’est en 1983 que Pascal Fleury arrive de France pour s’installer au Québec. Il se lance dans les grandes cultures, mais rapidement, il sent le besoin de se diversi( er. «  Je me suis demandé quelle tradition culinaire de France je pourrais importer ici. C’est là que j’ai commencé à fabriquer des foies gras. »

En 1998, il fonde Palmex, qui connaît un beau succès, ce qui amè-nera Euralis à acheter une partie des parts de l’entreprise en 2005, puis à l’acquérir complètement en 2008.

Les foies gras de la marque fran-çaise Rougié en Amérique pro-viennent donc de l’usine du groupe à Marieville. Depuis la vente, c’est

Benoit Cuchet qui est le directeur général de la boîte, Pascal Fleury demeurant un consultant actif.

Palmex fait affaire avec des fermiers propriétaires qui gèrent l’élevage de ses canards jusqu’à ce que ceux-ci arrivent à son usine de transforma-tion de Marieville. Cette intégration verticale permet de contrôler la quali-té de ses 200 000 à 220 000 volailles élevées et transformées par année. « On est à la recherche de planchers d’élevage, fait valoir Pascal Fleury. On souhaite augmenter notre production à 250 000 canards d’ici trois ans. »

Petite virée dans les fermesSerge Delaunay est propriétaire de sept bâtiments qui totalisent 19 plan-chers d’élevage de canards. Son seul client, c’est Palmex.

Ce qu’il cherche avant tout, c’est que les volailles soient relax. Le moins d’énergie elles dépensent, mieux elles se portent. Ici, on cogne avant d’en-trer dans les salles où se trouvent

les bêtes, question de ne pas les sur-prendre ni les stresser inutilement.

Les canetons arrivent chez lui le jour de leur naissance. Leur habitat est chauffé à 31 °C, température qui décroîtra jusqu’à 16  °C, au fur et à mesure que les bêtes renforcent leur plumage. On les gardera ici jusqu’à ce qu’elles fassent environ 4,5 kg, ce qui prendra de 10 à 11 semaines.

Jeunes, les canards ont de l’eau et de la nourriture à volonté. On les alimente avec une moulée plus proté-inée au départ avant de passer à un régime moins riche.

À huit semaines, on commence à entraîner les volailles à prendre de gros repas pour améliorer l’élasticité de leur jabot, une poche qui se trouve avant l’estomac et qui leur permet de stocker de la nourriture. Elles mangent seulement toutes les 12 heures, puis à des intervalles de 24 heures, parfois même de 36 heures.

On passe alors au gavage. Détour chez Raymond Boucher, qui possède une des trois fermes de gavage tra-vaillant pour Palmex. Là, les volailles tenues en cage sont nourries exclu-sivement au maïs. Réduit en ( ne poudre, le grain est mélangé à de l’eau pour créer une sorte de Pablum. Raymond Boucher les gave deux fois par jour. Il passe les voir juste avant et, grâce à un système d’épingles, indique à ses employés s’ils doivent donner une portion complète ou une demie à l’animal, voire lui faire sauter un repas. Chaque canard étant différent, on prend en compte ses capacités.

«  Le gavage a mauvaise presse, avoue Pascal Fleury, mais il faut com-prendre que cette étape ne couvre que les deux dernières semaines. Et l’opération ne dure que quelques secondes à la fois, pour un total d’en-viron trois minutes pendant toute la vie de l’animal. »

Au bout de 12 jours de ce régime, les canards sont envoyés à l’abattoir. C’est 48 heures plus tard qu’ils arri-veront à l’usine de Marieville pour être transformés. En foies gras, mais aussi en une multitude d’autres pro-duits, Palmex utilisant pratiquement tout l’animal. «  Le canard, c’est un peu le cochon de la volaille. On utilise tout. Il n’y a que la langue et les pattes que l’on jette et encore, on reçoit des demandes  », indique Pascal Fleury.

Les canards à l’étape du gavage.

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Pascal Fleury et Raymond Boucher

B04 laterre.ca 2 août 2017

COUVOIR

Boire & Frères gardent le cap sur la croissance

WICKHAM — Après avoir récemment procédé à d’importants investissements pour accroître sa production, entre autres à Acton Vale et à son siège social à Wickham, le plus grand couvoir au Canada, qui compte 500 employés, pro-duit 90 millions de poussins par année et possède 45 % du marché québécois, ne s’assoit pas sur ses lauriers.

Dans les prochains mois, l’entre-prise familiale Boire & Frères, qui fête ses 90 ans cette année, compte inté-grer au sein de son conseil d’adminis-tration des ressources de l’extérieur de la famille. « Nous sommes intéres-sés à nous adjoindre des membres qui connaissent bien l’industrie dans son ensemble. Ça nous permettra d’avoir une vision complémentaire de la nôtre, ce qui pourrait nous aider à trouver d’autres créneaux de croissance, d’autres partenariats, et éventuellement même de procéder à des fusions », espère Claude Boire, le président de l’entreprise.

Ce dernier estime que la meilleure façon d’assurer la pérennité de son entreprise, c’est de miser sur sa crois-sance continue. « Nous désirons rester dans notre secteur d’activité ou dans des secteurs connexes. Ça pourrait être l’abattage, la moulée, ça pourrait être en aval ou en amont de notre secteur, ça pourrait même impliquer de devenir plus intégrés », poursuit-il.

Selon le président, Boire & Frères continueront de viser l’autosuf1 -sance en ce qui concerne les œufs d’incubation, puisque c’est la meil-leure façon de contrôler la qua-lité des poussins vendus. «  C’est notre matière première  », dit-il. Il semble très satisfait du partenariat développé avec Sargent Farms, une autre entreprise familiale ontarienne qui est propriétaire d’un abattoir. Toujours dans l’optique de pour-suivre leur expansion à la suite de ce partenariat, Boire & Frères pro-cèdent actuellement à la construction d’un nouveau couvoir à Woodstock, dans le sud-ouest de cette province. Thames River Hatchery aura une

capacité de production de 20  mil-lions de poussins de chair par année.

« Nous desservons déjà le marché de l’est de l’Ontario. Ce partenariat nous ouvre le marché de l’ouest. Comme nous ne voulions pas concurrencer à partir d’ici, il nous fallait un parte-naire qui connaisse le marché là-bas et qui était impliqué dans l’abattage. Sargent Farms répondaient à nos cri-tères. De plus, ils ont des fournisseurs qui sont parfois malheureux de la qualité de leurs poussins et de leurs dates de livraison », poursuit-il.

GestionL’entreprise compte trois gros cou-voirs au Québec  : celui de Wickham pour les poulets de chair, celui d’Ac-ton Vale pour les pondeuses com-merciales et celui de Drummondville pour les embryons pharmaceutiques, et près de 45 sites pour la production des œufs d’incubation, pour un total de 168 bâtiments.

Malgré la complexité de la gestion d’une telle entité, Boire & Frères

ont été reconnus comme l’une des 50  entreprises de plus de 10 M$ de chiffre d’affaires les mieux gérées au Canada par la 1 rme Deloitte, en 2015.

Selon Claude Boire, c’est la crois-sance de l’entreprise qui a per-mis d’engager graduellement des employés plus spécialisés, de mettre en place plus de structures et d’ins-taurer de meilleures dé1 nitions des responsabilités des directeurs. « C’est évident qu’il est plus simple de gérer 500  employés quand ils sont tous dans la même bâtisse, mais ce n’est pas notre cas », ajoute Claude Boire.

De plus, l’amélioration de la ges-tion est passée par de gros inves-tissements en informatique. «  Il y a 10 ans, nous étions peut-être un peu en retard, mais aujourd’hui, nos sites sont tous reliés et nous partageons nos données en temps réel, ce qui permet de prendre des décisions rapi-dement. Nous avons fait de grands progrès », se réjouit-il.

QualitéBoire & Frères mettent beaucoup l’ac-cent sur la qualité de leurs pous-sins. «  Nous sommes une entreprise non intégrée, donc il faut vendre nos poussins et pour y arriver, la qualité, ça demeure l’argument numéro un  », explique le président. Les progrès des gros sélectionneurs Aviagen et Cobb, qui font la recherche en génétique, n’ont pas donné de résultats qu’au niveau de l’amélioration de la conver-sion alimentaire des poussins. Boire & Frères se préoccupent aussi de choisir les lignées de ces entreprises de géné-

MARC-ALAIN SOUCYCOLLABORATION SPÉCIALE

Claude Boire

Trace de l’aiguille sur l’œuf vacciné.

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laterre.ca B052 août 2017

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tique qui résistent le mieux à la mala-die. L’entreprise travaille également à assurer aux poussins une bonne immu-nité maternelle au moyen des vaccins aux mères dans les élevages et à l’œuf au couvoir. Il faut également prévoir les changements à venir dans le secteur.

La demande pour des poussins non traités aux antibiotiques atteint déjà 10  %, rapporte le président. Ce der-

nier prévoit même que d’ici quelques années, il ne serait pas surprenant qu’ils ne soient plus du tout utilisés dans les couvoirs. Actuellement, un antibiotique est ajouté lors du vaccin contre la mala-die de Marek. « Au cours de l’élevage sans antibiotique, le management du troupeau devra être amélioré, prévient le président. Si on enlève les béquilles, il faudra apprendre à marcher. »

Pour lui, la qualité et la santé des poussins sont inséparables des mesures de biosécurité qui sont prises pour éloigner les oiseaux sauvages et la vermine, établir des restrictions d’accès aux visiteurs, etc. Tous les égards apportés aux œufs et aux poussins sont également essentiels.

Claude Boire dit s’inspirer des mesures de biosécurité mises en place

par les éleveurs de porcs pour faire face à la diarrhée épidémique porcine (DEP). « Nous ne faisons pas face aux mêmes maladies, mais les méthodes de protection sont comparables. Il y a deux ans, nous nous sommes dotés d’un centre de lavage pour nos camions et nos équipements en nous inspirant de ce qui avait été fait dans le porc », a-t-il conclu.

La machine détecte et retire les œufs d’incubation qui présentent des défauts et procède aux vaccins dans l’œuf avant l’éclosion, ce qui évite de devoir vacciner les poussins. Elle traite jusqu’à 168 œufs à la fois pour un total de 45 000 à l’heure. Un jet de chlore sur chaque aiguille prévient la contamination entre chaque vaccin.

B06 laterre.ca 2 août 2017

CANARDS

Mario Côté veut doubler la production du Lac BromeMARC-ALAIN SOUCYCOLLABORATION SPÉCIALE

ASBESTOS — Il y a 12  ans, Mario Côté, homme d’affaires prospère et bien connu dans le secteur du porc, a fait l’acquisition de l’entreprise Canards du Lac Brome, fondée en 1912. Celle-ci produisait de 500  000 à 700  000  canards par année, mais traversait tout de même des dif( cul-tés ( nancières. Bien qu’il ait réussi à remettre l’entreprise sur les rails quelques années plus tard, cette der-nière a récemment connu sa part de drames. Après deux feux majeurs dans des fermes, l’abattoir de Lac-Brome a été rasé par les ) ammes en juillet 2016.

«  Perdre des fermes par le feu, ce n’est pas drôle, mais l’abattoir, ça nous a fait vraiment mal et pas seu-lement sur le plan ( nancier, sur le plan moral aussi », avoue-t-il. Comme ce site abritait un entrepôt et les bureaux de l’entreprise, les archives, les listes de clients, les comptes client, etc., ont disparu dans l’incendie. « Ç’a été toute une épreuve  », poursuit-il. Ajoutons à cela que pour conserver des clients, il a fallu transporter les

canards par camion jusqu’en Indiana, à 24  heures de route, pour les faire abattre. Il n’y avait pas d’autres ins-tallations d’abattage de canards adé-quates au Québec.

Aujourd’hui, l’entreprise Canards du Lac Brome sort grandie de ces épreuves. La construction du

nouvel abattoir ultramoderne de 85  000  pieds carrés, qui a démarré ses activités à Asbestos, en janvier dernier, ouvre des horizons nou-veaux. La compagnie, qui a un chiffre d’affaires annuel de 50 M$ et compte 250  employés, veut faire passer sa production actuelle de deux millions de canards de Pékin à quatre millions en 2020. «  Le marché est là et nous jouissons d’une excellente réputation ici et à travers le monde  », estime Mario Côté.

Un abattoir ultramoderneRencontré dans les bureaux du nou-vel abattoir en juillet dernier, Mario Côté n’hésite pas à quali( er son bébé « d’abattoir le plus moderne au monde  », qui pourra répondre sans problème à la croissance de produc-tion prévue. Deux de ses employés

ont sillonné le monde pour appliquer à Asbestos ce qui se fait de mieux ail-leurs dans l’abattage du canard.

Les oiseaux arrivent dans des camions adaptés. Ils sont dorénavant transportés dans des casiers, ce qui évite le stress et les secousses durant le transport. Le jour de notre visite, une remorque remplie de canards attendait aux abords de l’usine. Un abri protégeait les animaux des rayons du soleil et sept puissants ventilateurs les rafraîchissaient durant

l’attente. « Ici, la cruauté animale, c’est zéro », martèle Mario Côté. Il en va de même avant l’abattage, puisque les canards sont insensibilisés au moyen d’un léger choc électrique qui les rend inconscients.

Après l’abattage, les oiseaux passent à la plumeuse, une étape complète-ment automatisée. À l’aide de cire chauffée et refroidie dans des bas-sins d’eau, les plumes sont enlevées mécaniquement. La cire est traitée et réutilisée. C’est une étape importante, puisque Mario Côté estime à 0,75  $ par canard le revenu que lui procure la vente des plumes et du duvet, qui sont très convoités dans l’industrie pour la confection de vêtements, de literie, etc. «  La plume est lavée, séchée et empochée et se vend 6 $ la livre; c’est majeur », explique-t-il, tout en précisant que les équipements uti-lisés sont des plus modernes.

Les 175  employés de l’abattoir ne se préoccupent pas du classement des canards. Cette étape se fait grâce à un système informatisé qui gère des senseurs à infrarouge qui analysent la grosseur et la forme des oiseaux et les acheminent vers les catégories et les sections appropriées. Les Chinois

« Perdre des fermes par le feu, ce n’est pas drôle, mais l’abattoir, ça nous a fait vraiment mal et pas seulement sur le plan fi nancier, sur le plan moral aussi. » – Mario Côté

Mario Côté devant le système de traitement des plumes.

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laterre.ca B072 août 2017

CANARDS

veulent des canards entiers de la meilleure qualité, avec les pattes et la tête. Les Japonais, eux, souhaitent qu’on enlève la tête de leurs volailles. D’autres oiseaux sont orientés vers la découpe, où les cuisses et les poi-trines seront soigneusement prépa-rées, réfrigérées ou congelées. Quant aux produits cuits de Canards du Lac Brome, ils sont transformés dans une autre usine.

Un des grands dé% s que s’im-pose l’entreprise consiste à allonger la durée de vie de ses produits. Mario Côté rapporte que beaucoup de travail se fait actuellement sur ce plan. « Nos techniciens ont voyagé à l’étranger pour faire de la recherche sur ce sujet. Nous élaborons une méthode pour expédier des canards empaquetés jusqu’au Japon en ne les congelant qu’en surface, soit à trois huitièmes de pouce. Le produit sera ainsi prêt à consommer dès son arri-vée à destination. »

Marketing Quand Mario Côté a acheté Canards du Lac Brome, environ 60 % de ses ventes allaient vers les États-Unis et 40 % au Canada. C’est alors qu’il s’est associé avec un concurrent américain qui possède 50 % des actions. « Des actions qui prennent de la valeur. C’est un silent partner, explique-t-il, c’est-à-dire qu’il ne se mêle pas du tout des opérations de Canards du Lac Brome. De plus, il ne vient plus sur le marché canadien avec ses canards. Pour ma part, je ne vais plus le gosser sur ses marchés américains, dont celui de Long Island, un grand bassin de Chinois et d’asiatiques, grands consommateurs de canards. »

L’homme d’affaires compte cette entente parmi ses « bons coups », puisque son entreprise vend main-tenant 75  % de sa production au Canada, 10  % aux États-Unis et le reste partout dans le monde. Ses principaux marchés au Canada sont

Vancouver, Toronto, et dans une moindre mesure, Montréal, c’est-à-dire là où les Chinois sont le plus nombreux.

Le marketing est dirigé par une équipe dynamique, ce qu’illustre bien le site Internet de l’entreprise. En plus des produits crus, celle-ci vend 30 produits transformés.

Mario Côté se % xe comme objectif de démocratiser la consommation du canard. «  C’est un produit de qualité, mais dont la consommation ne devrait pas être limitée à la bour-geoisie, comme c’était le cas aupa-ravant  », dit-il. Selon lui, c’est une viande rouge abordable qui coûte un peu plus cher que le poulet, mais qui est nutritive. En bon éleveur, il compare le taux de conversion alimentaire du poulet, qui se situe autour de 1,4, à celui du canard, qui est de 2,5, pour expliquer la qualité de son produit.

ÉlevageL’entreprise Canards du Lac Brome est complètement intégrée. C’est donc dire que pour doubler le nombre de canards de Pékin produits d’ici 2020, il faudra prévoir toutes les étapes, de la génétique jusqu’à l’assiette du consommateur.

Mario Côté est parfaitement à l’aise dans cette production qu’il considère comme très semblable à celle du porc, qu’il connaît d’ailleurs comme le fond de sa poche. « Comme dans le porc, il n’y a pas de quota et on peut grossir. Nous faisons notre génétique et nous la complétons avec celles de Cherry Valley Farms, une entreprise anglaise, et ORVIA, une compagnie française. Nos canards de Pékin sont des canards à chair et non à gras. Ils sont abattus plus jeunes, entre 38 et 42 jours selon la demande des clients. Nous ne faisons pas de foie gras ici  », précise-t-il. Selon lui, les

mesures de biosécurité appliquées dans le porc sont tout à fait adé-quates pour le canard. Par exemple, on applique le tout plein, tout vide et la désinfection entre chaque élevage, même si les canards résistent bien à la maladie. L’éleveur dit ne pas uti-liser d’antibiotiques, à moins qu’un désastre ne l’y oblige.

L’entreprise possède un site qui compte 14  bâtiments pour 28  lots de cannes de reproduction dont les œufs sont ramassés tous les jours. Ils sont acheminés à un couvoir construit l’an dernier qui possède une capacité de 100  000 à 120  000 canetons par semaine. Les canetons sont ensuite transférés dans 18  fermes d’élevage en Estrie, en Montérégie et même en Ontario. Rendus à maturité, les canards sont transférés à l’abattoir. «  Dans cinq ans, elle pourra abattre 100 000 canards par semaine  », pro-jette Mario Côté.

L’intérieur de l’abattoir.

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Un camion rempli de canards attend aux abords de l’usine. Un abri protège les oiseaux et sept puissants ventilateurs les rafraîchissent durant l’attente pour l’abattage.

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B08 laterre.ca 2 août 2017

MISE EN MARCHÉ

Plus de 30 jours à la Régie pour fi xer les conditions de vente du pouletTHIERRY LARIVIÈRELA TERRE DE CHEZ NOUS

Malgré une vingtaine de jours d’au-dience, la Régie des marchés agricoles et alimentaires prévoyait encore plus d’une quinzaine de séances, jusqu’en novembre, avant de conclure les tra-vaux qui permettront aux régisseurs de " xer la prochaine convention de mise en marché du poulet québécois.

La Terre a voulu faire un bilan avec les principaux intéressés pour savoir quels sont les points de discorde qui expliquent ce délai hors de l’ordi-naire. Il n’est d’ailleurs pas certain que la prochaine convention soit déterminée par la Régie en 2017 si la période de délibération s’étend sur plusieurs semaines.

«  C’est très long, mais l’enjeu est très grand sur les garanties d’appro-visionnement », a expliqué Pierre-Luc Leblanc, président des Éleveurs de volailles du Québec (EVQ), le 26 juin dernier. Ce dernier réitère la posi-tion des EVQ selon laquelle les deux plus gros acheteurs disposent d’un

«  pouvoir tellement grand  ». C’est ce contrôle qui incite les Éleveurs à demander un changement important de la convention.

Des experts se succèdent donc devant la Régie pour argumenter sur chaque point. Les EVQ soutiennent notamment que le grain est plus cher au Québec qu’en Ontario, ce qui devrait se re+ éter par un écart de plus de 3 ¢/kg.

Quelque 95  % des débats portent cependant sur les garanties d’appro-visionnement. « Les abattoirs en place veulent garder le système actuel; ils sont assurés qu’il n’y aura pas de nouveaux joueurs  », croit Pierre-Luc Leblanc, qui estime que plus de 99 % de la croissance va aux abattoirs en place, ce qui « ne peut pas générer de compétition et d’innovation ».

«  C’est vraiment un enjeu fonda-mental. On veut de la transparence jusqu’au consommateur  », résume Pierre-Luc Leblanc, qui évalue que les baisses de prix reçus par les pro-ducteurs ne sont habituellement pas transmises aux consommateurs.

Les abattoirs répliquentLa vision des abattoirs avicoles est très différente. Ceux-ci s’opposent à la " n des garanties d’approvisionnement et estiment qu’il faut éviter la reprise du commerce interprovincial de poulet

de même que le paiement de primes associé à un marché plus ouvert.

«  Sans protocole Québec-Ontario, il pourrait y avoir reprise du com-merce interprovincial  », soutient Yvan Brodeur, vice-président à l’approvi-

Pierre-Luc Leblanc, porte-parole des Éleveurs de volailles du Québec à la Régie.

Yvan Brodeur, porte-parole de l’As-sociation des abattoirs avicoles du Québec, qui représente tous les ache-teurs à la Régie.

laterre.ca B092 août 2017

sionnement en volailles d’Olymel et, surtout, président de l’Association des abattoirs avicoles du Québec (AAAQ). Ce dernier veut donc éviter que «  les camions se croisent sur la 401  », en augmentant les frais de transport et les primes qui seraient nécessaires pour se garantir des volumes suf# sants.

« Ça pourrait mettre à risque certaines entreprises », ajoute Yvan Brodeur, qui rappelle que d’importants investisse-ments devront être consentis bientôt pour équiper les abattoirs de systèmes d’anesthésie des poulets au gaz carbo-nique. Le président de l’AAAQ estime, par ailleurs, que le système actuel n’empêche aucunement les innova-tions.

« C’est un marché fermé. La produc-tion de poulet est limitée  », af# rme Yvan Brodeur, qui propose tout de même de doubler à 50  000  kg par période le volume disponible pour un nouveau joueur.

Sur la question du prix, ce dernier fait valoir qu’il existe déjà un montant supplémentaire de 2 ¢/kg au Québec pour une majorité des poulets.

Toujours en ce qui concerne le prix, le représentant des abattoirs estime qu’il faut se baser sur les coûts de production. «  Si les éleveurs veulent un prix différent, il faut faire une étude de coût de production au Québec  », avance Yvan Brodeur, qui ajoute qu’on pourrait alors comparer avec l’Ontario.

MISE EN MARCHÉ

Projet d’abattoir d’au moins 125 M$ retardé

Exceldor, un des deux plus grands transformateurs de poulets au Québec, a le projet de construire un nouvel abattoir d’au moins 125 M$ à Saint-Hyacinthe. « Le chiffre de 125 M$ n’est pas con# rmé; c’est un minimum », estime René Proulx, président-directeur général d’Exceldor, qui évoque le chiffre de 140 M$ et l’usine « la plus moderne au Canada ».

« Notre projet de nouvelle usine dépend de conditions essentielles, et le maintien des volumes d’approvisionne-ment est l’une de ces conditions », ajoute cependant René Proulx pour expliquer le fait que la décision de construire n’est pas encore prise. Une autre condition est le soutien des gouvernements au projet. Exceldor tient mordicus aux volumes garantis. « Sans ces garanties, on ne saurait pas combien de poulets on aurait et on ne connaîtrait pas le prix à cause des primes », explique René Proulx, qui ajoute qu’il faut demeurer concurrentiel avec l’Ontario et être en mesure de négocier des contrats à long terme avec ses clients. T.L.

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B10 laterre.ca 2 août 2017

ŒUFS

Nouveau poulailler pour la famille Lapierre

Du démarrage à la croissance

Les Œufs Lapierre inc. ont inauguré leur nouveau poulailler les 14 et 15  juillet à Saint-Gervais. Ces installations ont nécessité un investissement de 2 M$. Elles permettront aux trois propriétaires, Donald Lapierre, son $ ls Sylvain, ainsi que la conjointe de ce dernier, Myriam Goulet, d’augmenter leur capacité de production tout en se conformant aux nouvelles normes en matière de bien-être animal. Il s’agit d’une deuxième entreprise pour la famille Lapierre, déjà propriétaire de la Ferme Donald Lapierre inc. Au maximum de sa capacité, la nouvelle entité pour-ra abriter 32 256 poules pondeuses, pour un total de 65 000 incluant la Ferme Donald Lapierre inc.

Les premiers gagnants du Programme de démarrage de nouveaux producteurs d’œufs, en 2006, Joanne LaBranche et Patrick Côté, ont procédé à l’inauguration de leur nouveau pondoir de poules en liberté, le 15 juillet. La nouvelle entreprise de Kinnear’s Mills, Les Œufs Rudbeckie SENC, comprend également un poulailler d’élevage d’une capacité de 14 000 poulettes en liberté. Elle a été mise sur pied a$ n de permettre l’intégration des $ ls du couple dans un futur rapproché, ces derniers démontrant un intérêt marqué pour les entreprises de la famille.

laterre.ca B112 août 2017

RACE PATRIMONIALE

La volaille Chantecler

La volaille Chantecler a été nommée race patrimoniale du Québec à la suite de l’adoption de la loi 199. On la reconnaît, entre autres, par son plumage blanc neige et par l’absence de crête chez la poule, qui permet d’éviter les risques d’engelure. En effet, la génétique de la Chanteclerc, développée au début du 20e  siècle par les Pères trappistes d’Oka, se veut adaptée au rude climat québécois.

Volaille à deux ( ns, elle n’excelle ni dans la chair ni dans la ponte, mais performe tout de même bien des deux côtés. Elle n’a pas été un sujet prisé lors de la commercialisation de masse des produits aviaires. Après avoir été considérée comme presque disparue en 1988 par Rare Breeds Canada, elle connaît une renaissance remarquée. L’intérêt de ce poulet rustique croît chez les éleveurs, qui sont de plus en plus nombreux à l’apprécier.

L’élevage d’une race patrimoniale amène le désir de respecter son inté-

grité. C’est à cela que s’affaire l’As-sociation québécoise de la volaille Chanteclerc (AQVC). L’AQVC, qui pré-serve et promeut cette race patri-moniale, s’est d’ailleurs de nouveau regroupée ce printemps lors de l’as-semblée générale annuelle. Quelques projets sont à venir. Entre autres, l’AQVC a collaboré avec le Club des petits animaux de Québec a( n qu’ait lieu, lors de son exposition annuelle qui se tiendra le 21  octobre 2017 à

Saint-Lambert-de-Lauzon, la première Classique des futurités pour la volaille Chantecler. À cette occasion, tous sont invités à venir présenter leurs sujets Chantecler nés en 2017. Des récom-penses seront attribuées aux meil-leures classi( cations et des prix de participation seront tirés. Ce sera une occasion pour les classi( cateurs de transmettre aux éleveurs leur connais-sance des caractéristiques conformes à la race et de les inviter à se préparer

pour l’année 2018, qui sera elle aussi chargée d’événements pour souligner le 100e  anniversaire de la création de la race. D’ailleurs, un appel à tous est lancé  : si vous possédez un quelconque souvenir ou artefact, une histoire, une photo ou un trophée au sujet de la Chantecler, veuillez contac-ter l’AQVC à [email protected]. Un espace muséal itinérant sera consacré à la race dans différentes expositions pour fêter ses cent ans.

ASSOCIATION QUÉBÉCOISE DE LA VOLAILLE CHANTECLER

Mâle idéal

Femelle idéale

190894

B12 laterre.ca 2 août 2017