blocage de l’il1 dans les cas d’arthrite microcristallines : impact de la durée...

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486 Lettres à la rédaction / Revue du rhumatisme 79 (2012) 478–491 résultats indiquent que comme le polymorphisme de PADI4 [7], SNP rs13031237 n’a pas d’association avec la PR dans la population tunisienne. Le génotype GT semble plutôt être en déséquilibre de liaison avec un autre polymorphisme de susceptibilité, restant à déterminer. Notre étude est la première qui évalue le rôle potentiel du poly- morphisme REL dans une population tunisienne et Nord Africaine. Nos résultats devront être vérifiés sur de plus grandes cohortes et s’ils se confirment, cela démontrera que SNP rs13031237 est en déséquilibre de liaison avec un autre polymorphisme à identifier. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en rela- tion avec cet article. Références [1] Gregersen PK, Amos CI, Lee AT, et al. REL, encoding a member of the NF-B family of transcription factors, is a newly defined risk locus for rheumatoid arthritis. Nat Genet 2009;41:820–3. [2] Arnett FC, Edworthy SM, Bloch DA, et al. The American Rheumatism Associa- tion 1987 revised criteria for the classification of rheumatoid arthritis. Arthritis Rheum 1988;31:315–24. [3] Eyre S, Hinks A, Flynn E, et al. Confirmation of association of the REL locus with rheumatoid arthritis in the UK population. Ann Rheum 2010;69:1572–3. [4] Varadé J, Palomino-Morales R, Ortego-Centeno N, et al. Analysis of the REL poly- morphism rs13031237 in autoimmune disesases. Ann Rheum 2011;70:711–2. [5] Ghosh S, May MJ, Kopp EB. NF-B and Rel proteins: evolutionarily conserved mediators of immune regions. Ann Rev Immunol 1998;16:225–60. [6] Campbell IK, Gerondakis S, O’Donnell K, et al. Distinct roles for the NF-kappaB1 (p50) and c-Rel transcription factors in inflammatory arthritis. J Clin Invest 2000;105:1799–806. [7] Ben Hassine H, Zemni R, Bouagina E, et al. Lack of association between PADI4 polymorphisms and rheumatoid arthritis in the Tunisian population. Joint Bone Spine 2011 [doi: 10.016/j.jbspin.2011.11.005]. Olfa Khalifa a Ramzi Zemni a Hana Ben Hassine a Hala Zaglaoui b Elyes Bouagina b Foued Slama a Hosni ben Fraj b Rim Sghiri a,,c a Laboratoire d’immunologie, unité de recherche UR 807, faculté de médecine de Sousse, rue Ibn-Al-Jazzar, 4000 Sousse, Tunisie b Département de rhumatologie, hôpital Farhat Hached, Sousse, Tunisie c Laboratoire de microbiologie et immunologie, hôpital Farhat Hached, Sousse, Tunisie Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (R. Sghiri) Accepté le 13 f ´ evrier 2012 Disponible sur Internet le 8 mai 2012 doi:10.1016/j.rhum.2012.03.008 Blocage de l’IL1 dans les cas d’arthrite microcristallines : impact de la durée d’évolution et du syndrome inflammatoire. Com- mentaires de l’article de Couderc M, et al. « Efficacy of anakinra in chondrocalcinosis » info article Mots clés : IL1 Anakinra Goutte Chondrocalcinose Nous avons lu avec intérêt la publication de Couderc et al. [1] à propos du traitement de trois cas de chondrocalcinose par anakinra. La prise en charge de la chondrocalcinose et de la goutte, a évolué ces dernières années avec la découverte de l’inflammasome et de son implication dans la synthèse de L’IL1. L’IL1 est une cytokine majeure dans la cascade inflammatoire des arthrites microcristallines, et son blocage est une option intéres- sante, dans les cas réfractaires ou intolérants aux thérapeutiques usuelles [2]. Nous rapportons l’effet de l’anakinra, antagoniste du récepteur de l’IL1, dans cinq cas d’arthrites microcristallines (trois cas de goutte et deux chondrocalcinoses, résumés dans le Tableau 1). Il s’agit de trois cas de goutte évoluant depuis moins de trois semaines et traités par anakinra 100 mg/j pendant trois jours. Nos trois cas ont tous répondu complètement avec résolution de l’arthrite. Un patient a récidivé deux mois plus tard et a répondu de nouveau rapidement au traitement par anakinra. Nos deux cas de CCA, eux, se sont soldés par des résultats néga- tifs. Le premier cas est celui d’une patiente présentant une biarthrite chondrocalcinosique évoluant depuis six mois avec une CRP ini- tiale à 2,9 mg/L. Elle a bénéficié de cinq jours d’anakinra 100 mg/j sans amélioration. Notre deuxième cas est une femme de 84 ans présentant une polyarthrite chondrocalcinosique évoluant depuis deux mois avec une CRP initiale à 2,5 mg/L. Elle a été traitée une pre- mière fois par cinq jours d’anakinra 100 mg/j avec succès. Un mois plus tard elle récidive sa polyarthrite et elle est retraitée avec un résultat intermédiaire. Finalement, deux mois plus tard, elle réci- dive une nouvelle fois sa polyarthrite avec cette fois aucun effet de l’anakinra. La prise en charge des arthropathies microcristallines par le blo- cage de l’IL1 a été testée initialement avec succès dans la goutte par So et al. [3]. Nos trois cas sont cohérents avec la littéra- ture [3,4]. Dans la CCA, le premier cas rapporté est celui de Mc Gonagle et al. [5]. Alors que dans la goutte, la majorité des obser- vations montre une efficacité rapide et complète de l’anakinra, les résultats dans la CCA sont plus mitigés. En effet, Couderc et al. [1] ont eu deux cas d’échec (CCA depuis dix et 15 ans) dans une série de trois patients, alors que dans l’observation d’Announ et al., [6] le traitement par anakinra s’était révélé efficace. Ne pas utiliser, pour citation, la référence franc ¸ aise de cet article, mais la réfé- rence anglaise de Joint Bone Spine avec le DOI ci-dessus.

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et al. [1] ont eu deux cas d’échec (CCA depuis dix et 15 ans)dans une série de trois patients, alors que dans l’observation

86 Lettres à la rédaction / Revue

ésultats indiquent que comme le polymorphisme de PADI4 [7],NP rs13031237 n’a pas d’association avec la PR dans la populationunisienne. Le génotype GT semble plutôt être en déséquilibre deiaison avec un autre polymorphisme de susceptibilité, restant àéterminer.

Notre étude est la première qui évalue le rôle potentiel du poly-orphisme REL dans une population tunisienne et Nord Africaine.os résultats devront être vérifiés sur de plus grandes cohortest s’ils se confirment, cela démontrera que SNP rs13031237 est enéséquilibre de liaison avec un autre polymorphisme à identifier.

éclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en rela-ion avec cet article.

éférences

1] Gregersen PK, Amos CI, Lee AT, et al. REL, encoding a member of the NF-�B familyof transcription factors, is a newly defined risk locus for rheumatoid arthritis. NatGenet 2009;41:820–3.

2] Arnett FC, Edworthy SM, Bloch DA, et al. The American Rheumatism Associa-tion 1987 revised criteria for the classification of rheumatoid arthritis. ArthritisRheum 1988;31:315–24.

3] Eyre S, Hinks A, Flynn E, et al. Confirmation of association of the REL locus withrheumatoid arthritis in the UK population. Ann Rheum 2010;69:1572–3.

4] Varadé J, Palomino-Morales R, Ortego-Centeno N, et al. Analysis of the REL poly-morphism rs13031237 in autoimmune disesases. Ann Rheum 2011;70:711–2.

5] Ghosh S, May MJ, Kopp EB. NF-�B and Rel proteins: evolutionarily conservedmediators of immune regions. Ann Rev Immunol 1998;16:225–60.

6] Campbell IK, Gerondakis S, O’Donnell K, et al. Distinct roles for the NF-kappaB1(p50) and c-Rel transcription factors in inflammatory arthritis. J Clin Invest2000;105:1799–806.

7] Ben Hassine H, Zemni R, Bouagina E, et al. Lack of association betweenPADI4 polymorphisms and rheumatoid arthritis in the Tunisian population. JointBone Spine 2011 [doi: 10.016/j.jbspin.2011.11.005].

Olfa Khalifa a

Ramzi Zemni a

Hana Ben Hassine a

Hala Zaglaoui b

Elyes Bouagina b

Foued Slama a

Hosni ben Fraj b

Rim Sghiri a,∗,c

a Laboratoire d’immunologie, unité de recherche UR807, faculté de médecine de Sousse, rue Ibn-Al-Jazzar,

4000 Sousse, Tunisieb Département de rhumatologie, hôpital Farhat

Hached, Sousse, Tunisiec Laboratoire de microbiologie et immunologie,

hôpital Farhat Hached, Sousse, Tunisie

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (R. Sghiri)

Accepté le 13 fevrier 2012Disponible sur Internet le 8 mai 2012

oi:10.1016/j.rhum.2012.03.008

matisme 79 (2012) 478–491

Blocage de l’IL1 dans les cas d’arthrite microcristallines : impactde la durée d’évolution et du syndrome inflammatoire. Com-mentaires de l’article de Couderc M, et al. « Efficacy of anakinrain chondrocalcinosis »�

i n f o a r t i c l e

Mots clés :IL1AnakinraGoutteChondrocalcinose

Nous avons lu avec intérêt la publication de Couderc et al.[1] à propos du traitement de trois cas de chondrocalcinosepar anakinra. La prise en charge de la chondrocalcinose et dela goutte, a évolué ces dernières années avec la découverte del’inflammasome et de son implication dans la synthèse de L’IL1.L’IL1 est une cytokine majeure dans la cascade inflammatoire desarthrites microcristallines, et son blocage est une option intéres-sante, dans les cas réfractaires ou intolérants aux thérapeutiquesusuelles [2]. Nous rapportons l’effet de l’anakinra, antagonistedu récepteur de l’IL1, dans cinq cas d’arthrites microcristallines(trois cas de goutte et deux chondrocalcinoses, résumés dans leTableau 1).

Il s’agit de trois cas de goutte évoluant depuis moins de troissemaines et traités par anakinra 100 mg/j pendant trois jours.Nos trois cas ont tous répondu complètement avec résolution del’arthrite. Un patient a récidivé deux mois plus tard et a répondu denouveau rapidement au traitement par anakinra.

Nos deux cas de CCA, eux, se sont soldés par des résultats néga-tifs. Le premier cas est celui d’une patiente présentant une biarthritechondrocalcinosique évoluant depuis six mois avec une CRP ini-tiale à 2,9 mg/L. Elle a bénéficié de cinq jours d’anakinra 100 mg/jsans amélioration. Notre deuxième cas est une femme de 84 ansprésentant une polyarthrite chondrocalcinosique évoluant depuisdeux mois avec une CRP initiale à 2,5 mg/L. Elle a été traitée une pre-mière fois par cinq jours d’anakinra 100 mg/j avec succès. Un moisplus tard elle récidive sa polyarthrite et elle est retraitée avec unrésultat intermédiaire. Finalement, deux mois plus tard, elle réci-dive une nouvelle fois sa polyarthrite avec cette fois aucun effet del’anakinra.

La prise en charge des arthropathies microcristallines par le blo-cage de l’IL1 a été testée initialement avec succès dans la gouttepar So et al. [3]. Nos trois cas sont cohérents avec la littéra-ture [3,4]. Dans la CCA, le premier cas rapporté est celui de McGonagle et al. [5]. Alors que dans la goutte, la majorité des obser-vations montre une efficacité rapide et complète de l’anakinra,les résultats dans la CCA sont plus mitigés. En effet, Couderc

d’Announ et al., [6] le traitement par anakinra s’était révéléefficace.

� Ne pas utiliser, pour citation, la référence francaise de cet article, mais la réfé-rence anglaise de Joint Bone Spine avec le DOI ci-dessus.

Lettres à la rédaction / Revue du rhumatisme 79 (2012) 478–491 487

Tableau 1Résumé des cinq cas d’arthrite microcristalline traitée par anakinra.

Diagnostic Sexe (âge) Durée d’évolution Traitement antérieur NAD j0–j5 NAG j0–j5 EVA j0–j5 CRP j0–j5

Patiente 1 CCA F (72) 6 mois C 2–2 2–2 6,5–8 2,9–1,45Patiente 2 CCA F (84) 2 mois C 19–1 16–0 8–4 2,5–1,35Patiente 2′ CCA F (84) 4 mois C/Anakinra 23–14 23–14 8–6 3,8–1,6Patiente 2′ ′ CCA F (84) 6 mois C/Anakinra 4–4 6–6 5–6 2,41–1,4Patient 3 Goutte H (78) 14 jours C 1–0 1–0 81–10,5Patient 4 Goutte H (82) 4 jours C 1–0 1–0 8–0 202–8,7Patient 5 Goutte H (57) 20 jours C/AINS 7–1 7–1 7–1 64–16Patient 5′ Goutte H (57) 20 jours C/Anakinra 3–0 3–1 8–1 75,2–7

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: sexe féminin ; M : sexe masculin ; NAD : nombre d’articulations douloureuses ; Nrotein en mg/L ; C : colchicine ; CCA : chondrocalcinose ; AINS : anti-inflammatoire

Nos deux cas de CCA suggèrent que l’anakinra est efficaceans la CCA quand celle-ci revêt un caractère aigu (moins derois mois). Notre deuxième cas suggère que plus la CCA estncienne, moins celle-ci répond au blocage de l’IL1. Cela est cor-oboré par la bonne réponse dans les cas de goutte, qui sontans la grande majorité des arthrites aiguës de moins de troisemaines. De plus, nos deux cas de CCA n’ont pas de syndromenflammatoire. Ainsi, la présence d’un syndrome inflammatoireinsi que la durée d’évolution de l’arthrite microcristalline pour-aient être des facteurs prédictifs de bonne réponse au ciblage de’IL1.

éclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en rela-ion avec cet article.

éférences

1] Couderc M, Mathieu S, Glace B, et al. Efficacy of anakinra in articular chondro-calcinosis: report of three cases. Joint Bone Spine 2012;79:330–1.

2] Molto A, Olivé A. Anti IL-1 molecules: new comers and new indications. JointBone Spine 2010;77:102–7.

3] So A, De Smedt T, Revaz S, et al. A pilot study of IL-1 inhibition by anakinra inacute gout. Arthritis Res Ther 2007;9:R28.

4] Chen K, Fields T, Mancuso CA, et al. Anakinra’s efficacy is variable in refractorygout: report of ten cases. Semin Arthritis Rheum 2010;40:210–4.

5] McGonagle D, Tan AL, Madden J, et al. Successful treatment of resistant pseudo-gout with anakinra. Arthritis Rheum 2008;58:631–3.

6] Announ N, Palmer G, Guerne PA, et al. Anakinra is a possible alternative in thetreatment and prevention of acute attacks of pseudogout in end-stage renalfailure. Joint Bone Spine 2009;76:424–6.

Frank VerhoevenClément Prati

Marie Godfrin-ValnetXavier Guillot

Daniel Wendling ∗

Service de rhumatologie, CHU de Besancon,université de Franche-Comté, boulevard Fleming,

25030 Besancon, France

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected]

(D. Wendling)

Accepté le 14 aout 2012

Disponible sur Internet le 28 septembre 2012

oi:10.1016/j.rhum.2012.08.008

ombre d’articulations gonflées ; EVA : échelle visuelle analogique ; CRP : C-reactivetéroÏdien.

Réponse au commentaire de Verhoeven et al. sur l’article« Efficacy of anakinra in articular chondrocalcinosis: report ofthree cases ». Joint Bone Spine 2012;79:330–1�

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Mots clés :AnakinraChondrocalcinoseAnti-IL-1Biothérapie

Nous avons lu avec intérêt la réponse de Verhoeven et al. [1]à propos du traitement par anakinra de cinq patients atteintsd’arthrite microcristalline.

En effet, la durée d’évolution de la maladie microcristalline aprobablement un impact important sur l’efficacité du traitementpar anti-IL1. Dans leur étude, la durée d’évolution était de deuxet six mois. Dans les cas que nous avions rapportés, les patientsavaient une chondrocalcinose articulaire (CCA) chronique (dix et15 ans).

La présence d’un syndrome inflammatoire initial a aussi proba-blement un impact sur la réponse à l’anakinra. Dans deux de nostrois observations comme dans les deux de Verhoeven et al., lespatients n’avaient effectivement pas de syndrome inflammatoire.Seule une de nos patientes qui avait un très léger syndrome inflam-matoire avant la mise sous anakinra s’est effectivement améliorée.

Déclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en rela-tion avec cet article.

Références

1] Verhoeven F, Prati C, Godfrin-Valnet M, et al. Blocage de l’IL1 dans les casd’arthrite microcristallines : impact de la durée d’évolution et du syndromeinflammatoire. [Commentaires de l’article de Couderc M, et al. « Efficacy of ana-kinra in chondrocalcinosis » Joint Bone Spine 2012;79:330-1].

Marion Couderc ∗

Martin SoubrierService de rhumatologie, CHU Clermont-Ferrand,

place Henri-Dunant, 63000 Clermont-Ferrand, France

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected]

(M. Couderc)

Accepté le 31 juillet 2012Disponible sur Internet le 29 septembre 2012

doi:10.1016/j.rhum.2012.08.007

� Ne pas utiliser, pour citation, la référence francaise de cet article, mais la réfé-rence anglaise de Joint Bone Spine avec le DOI ci-dessus.