blanchot_ tablets de torrah

8
7/23/2019 Blanchot_ Tablets de Torrah http://slidepdf.com/reader/full/blanchot-tablets-de-torrah 1/8  Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Philosophique de la France et de l'Étranger. http://www.jstor.org GRACE (SOIT RENDUE) A JACQUES DERRIDA Author(s): Maurice Blanchot Source: Revue Philosophique de la France et de l'Étranger, T. 180, No. 2, DERRIDA (AVRIL-JUIN  1990), pp. 167-173 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41096277 Accessed: 07-04-2015 00:14 UTC Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. This content downloaded from 83.137.211.198 on Tue, 07 Apr 2015 00:14:12 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Upload: huisdoorn

Post on 17-Feb-2018

215 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Blanchot_ Tablets de Torrah

7/23/2019 Blanchot_ Tablets de Torrah

http://slidepdf.com/reader/full/blanchot-tablets-de-torrah 1/8

 Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Philosophique de la France et de l'Étranger.

http://www.jstor.org

GRACE (SOIT RENDUE) A JACQUES DERRIDAAuthor(s): Maurice BlanchotSource: Revue Philosophique de la France et de l'Étranger, T. 180, No. 2, DERRIDA (AVRIL-JUIN

 1990), pp. 167-173Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41096277Accessed: 07-04-2015 00:14 UTC

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available athttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of contentin a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship.For more information about JSTOR, please contact [email protected].

This content downloaded from 83.137.211.198 on Tue, 07 Apr 2015 00:14:12 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 2: Blanchot_ Tablets de Torrah

7/23/2019 Blanchot_ Tablets de Torrah

http://slidepdf.com/reader/full/blanchot-tablets-de-torrah 2/8

GRACE

(SOIT

RENDUE)

A

JACQUES

DERRIDA

Après

un si

long

silence

des

siècles

t

des siècles

peut-être)

je recommenceraiécrire,onpassurDerridaquelleprétention),

mais avec

son

aide,

et

persuadé ue

je

le

trahis

ussitôt.

Voici

une

question

y

a-t-ilune

Thora

ou deux Thoras

Réponse

il

y

en a

deux,

parce ue

nécessairement

l

n'y

en

a

qu'une.

Celle-ci,

unique

t toutefois

ouble

il y

a

deuxTables

qui

se

font

is-à-vis)

est écrite

t écrite

ar

le

doigt

de

«

Dieu

»

(nous

e

nommons

el

par

mpuissance

le

nommer).

oïse

urait

pu

rédiger

omme

n

scribe

idèle ous

a

dictée,

n

transcrivanta

Voix.

La

Voix,

ertes,

il

l'entend

oujours

il

a

le

«

droit

d'entendre,

ais non

de voir

(sauf

une

fois

par

derrière,

oyant

une

non-présence,

n

outre

dissimulée).

Mais

il

en

va

autrement.a Thora est

écrite,

on

seulement

pour

tre onservée

gardée

n

mémoire),

ais

parce

que

«

Dieu

»

privilégie eut-être

'écriture,

e

révélant omme

e

premier

t

le

dernier

crivain.

Personne

'autre

que

lui n'a

pouvoir

'écrire.)

«

Et

de

quel

droit cris-tumaintenant

ci

-

«

Mais

e

n'écris

pas.

»

Ce

qui

arrive nsuite

st

connu

tout en

restant

méconnu

(connu

ous

a

forme 'une

histoire).

Moïse

ne

revenant

as

(qua-

rante

ours,

quarante

nuits

d'absence le

temps

n

années

de

la

traversée

u

désert),

e

peuple

outa

t

réclama

'autres

eigneurs

ou un autreguide. ci, j'introduisne interprétationans doute

fautive.

Aaron,

rère e

Moïse,

Aaron

qui

avait le

don

de

parole

qui

manquait

son frère

nous

reviendrons

à-dessus)

ut

recours

à

une

ruse

la

ruse

oue

un

grand

rôle dans

l'histoire

ébraïque,

Revue

philosophique,

°

2/1990

This content downloaded from 83.137.211.198 on Tue, 07 Apr 2015 00:14:12 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 3: Blanchot_ Tablets de Torrah

7/23/2019 Blanchot_ Tablets de Torrah

http://slidepdf.com/reader/full/blanchot-tablets-de-torrah 3/8

168

Maurice

Blanchoi

comme

ans

'histoire

recque

les

voies

ne sont

as

droites

c'est

un

malheur,

malheur

ui

nous

enjoint

chercher

ibrementa

rectitude).

aron

demande

chacune t à

chacun

de renoncer

ses

ornements

récieux

personnels

boucles

d'oreille,

olliers,

bagues,

tc.

en

un

mot,

l

les

dépouille,

t

avec

ce

qui

leur

ppar-

tenait,

l

confectionne

uelque

chose,

un

objet,

une

figure,

ui

ne

leur

appartenait

as.

Quelle

fut

a

faute

d'Aarondans

cette

ruse

adroite

ù

il

se

perdit

Il

devint

rtiste,

l

s'arrogea

e

pouvoir

créateur,

même i

l'image

qu'il

forma ut

telle

qu'elle

aurait

éveillera méfiancee ses admirateursunveauetunveaud'or).

Autrement

it,

les

Hébreux

revenaient

ux

dieux de

l'Egypte

où ils

avaient

esclaves

le

veau

évoque

peut-être

nubis,

ête

de chacal

ou

le

taureau

Apis).

Malheureux

à-bas,

suprêmement

malheureux,

ls en

avaient

gardé

une

nostalgie.

ibres

présent,

maisne se sentant

as

aptes

à

supporter

e

poids

de

la

liberté,

a

charge

t sa

responsabilité.

Il semble

ue

Moïse,

erdu

dans es

hauteurs,

vec

ses

Tables

il

y

avait

a

souverainet

toute

première

criture,

e

pressentit

rien.

l fallut

que

«

Dieu

»

l'avertisse

redescends,

edescends,

en bas c'est la catastrophe.Moïseredescendvec les Tables et

voit

e

désastre.

ureur lors

de

destruction

le

veau

égyptien

st

réduit

n

poudre,

'image

disparaît,

t

la matière

récieusel'or)

rejetée,

néantie.

Mais

a

destruction

a

plus

oin,

puisque

Moïse

détruit,

rise

es

Tables.

Nous

nous demandons

comment

st-ce

possible

comment

Moïse

peut-il

étruire

'indestructible

l'écri-

ture

crite

on

par

lui,

mais

par

le Plus-Haut

Cela

veut-il

ire

tout

s'efface,

out

doit

s'effacer

Il

ne

semble

pas que

«

Dieu

»

lui

tienne

igueur

e cet acte

qu'on peut

qualifier

tort

d'icono-

claste.

Au

contraire,

a

fureur

asse

toute

mesure.

e

peuple,

i

souventauvé, stmenacé, tmenacé 'être néanti. l n'ya rien

à faire

vec

ce

peuple,

éjà

célèbre

et

célébré) our

a

nuque

dure

(une nuque

que

le

travailde

servage

durcie).

Dieu

»

a

une

ou

deux

fois

peut-être

avantage)

ette

tentation

tentation

ui

est destinée

éprouver

oïse abolir out e

passé

et

recommencer

avec

e

seul

Moïse

ui

perpétuera

a Loi et

engendrera

n

nouveau

peuple

ce

qui

ne

veut

pas

dire,

ertes,

u'il

serait

d'une

autre

origine

égyptienne

ar exemple

mais

autre

ependant

arce

que

se

sachant

esponsable

e

tous

es utres

ah,

ourde

harge).

Mais

Moïse,

et

homme

trange

t

rendu

trangerar

sa

tâche

et le choixqui a été faitde lui pour 'accomplirpourquoi -t-il

pris

femme

u

loin,

dans

une famille

on

hébraïque,

riginaire

e

Kouch,

éthiopienne

robablement

t

noire,

mal

accueillie

pour

This content downloaded from 83.137.211.198 on Tue, 07 Apr 2015 00:14:12 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 4: Blanchot_ Tablets de Torrah

7/23/2019 Blanchot_ Tablets de Torrah

http://slidepdf.com/reader/full/blanchot-tablets-de-torrah 4/8

Grâce

soit

rendue)

Jacques

errida

169

cela

par

Aaron,

éjà

un

peu

raciste,

Myriam,

femme

ui,

il est

vrai,

lus

ard

e

convertira

le

père

ussi)

? et

ainsinous

pprenons

que

la

conversion,

elon ertains

ites,

st

uste,

même

i

elle n'est

pas

recommandable).

ui,

Moïse

st essentiellement

umble

c'est

sa

kénose),

l ne

veut

pas

faire ouche au-dessus

de

ce

peuple

malheureux

t d'autant

plus

malheureux

u'il

est

fautif,

oupable

d'être

mpatient,

t

cette

mpatience,

ertu

t faute

de

ceux

qui

ne

savent

as

attendre,

our

ui

le

salut

le Messie)

oitvenir out

de

suite,

ntraîneran

châtiment,

ais

non

pas

l'anéantissement.

Après uoi,toutrecommencela remontée e Moïse,'absence,a

frustration

t

l'expiation

es

quarante

ours

et

quarante

nuits,

l'obéissance

la

tâche de

rechercher

t de

sculpter

n'est-ce as

un

art brut

)

les

deux

Tables

ymétriques

e

pierre,

ur

esquelles

le

doigt

e

«

Dieu

»

écrit

nouveau,

ne

econde

ois,

a Loi

(ce

que

la

languegrecque

ommera

e

Décalogue).

à

est aussi

'humilité

de

Dieu,

e

mystère

ependant

e l'écriture.

i l'humilité

e

Dieu

accorde

e

recommencement,

l

reste

ue, par

a faute e

l'homme,

c'est

comme

'il

n'y

avait

pas

de

première

crituretoute

criture

première

st

déjà

seconde,

st sa

propre

econdante.

'où

le

débat

sansfin u sujetdes deux Thoras nonpas la Thora brisée t la

Thora ntacte

ce

sera,

cette

recherche,

a

tentation,

e

danger

mystique),

mais la Thora

écrite t

la

Thora

orale l'une

est-elle

supérieure

l'autre,

a

première

lanche,

a

seconde

oire

blanche,

c'est-à-dire

ierge la

page blanche)

t

comme on

écrite u

plutôt

non soumise

la

lecture,

chappant

celle-ci,

onstituée

ar

une

trace

ntemporelle,

ans

âge,

une

marque

antérieure

tous

les

temps,

ntérieure la

créationmême Mais cette

marque,

ette

trace

et ces

blancsne sont

cryptiques,

ifficilesu

impossibles

déchiffrer

ue

pour

e

non-étudiant,

'élève ans

maître,

e connais-

seur émérairece que e suis ci).La Thora rale st lors upérieure,

dans la

mesure ù elle rend

isible

'illisible,

écouvre

e

caché,

répond

son

nom

qui

est

enseignement,

ecture

nfinie

u'on

ne

peut

onduire

eul,

mais ous

a

direction'un

Maître,

e toute

ne

lignée

e

Maîtres,

ccupés

«

arracher

toujours

e nouveaux

ens,

sans oublier

outefois

a

règle

remière

tu

n'ajouteras

ien,

u

ne

retrancheras

ien.

Sommes-nous,

ès

lors,

retombés

ans

le débat

que

Jacques

Derrida

nous a

rendunon

pas

présent,

mais mis en

garde

de ne

pas négliger

outen

le

maintenant l'écart

Avant e mystère e l'écriture es Tables, Moïse,on le sait,

s'est

nterrogé

ur a

Voix.Pour

ui,

parler

e va

pas

de soi.

Quand

«

Dieu

»

lui

commande e

parler

Pharaon,

our

ue

celui-ciibère

This content downloaded from 83.137.211.198 on Tue, 07 Apr 2015 00:14:12 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 5: Blanchot_ Tablets de Torrah

7/23/2019 Blanchot_ Tablets de Torrah

http://slidepdf.com/reader/full/blanchot-tablets-de-torrah 5/8

170

Maurice Blanchot

les

esclaves

hébreux

abolisse 'esclavage),

Moïse

est trèsmalheureux

car

(selon

la traductionde

Chouraqui)

il

sait

et

il

rappelle

qu'il

est

«

lourd

de

bouche,

lourd

de

langue,

impur

de

lèvres

»,

donc

incapable

d'utiliser

e

langage

d'éloquence

et

de

rhétorique

qui

convient

aux

grands

de

ce

monde.

D'où

l'irritation

ivine.

Moïse

a

précisément

choisi,

parce

qu'il

n'est

pas

un

beau

parleur,

parce qu'il

a

des

difficultés

e

langage

:

sans

maîtrise

de

Voix,

bègue

sans

doute. Moïse

se

fera donc doubler

par

son frère

Aaron,

plus

doué

que

lui

pour

les mondanités

toujours

des

problèmes

u

des secrets avec les frères),mais aussi (et j'avance cela en trem-

blant)

ne

pouvant

parler

qu'en

doublant,

répétant

les

mots,

fussent-ils

uprêmes,

cause de

son

bégaiement,

on

pas

physique,

mais

«

métaphysique

.

De là une

proposition

i

hardie

que

je

suis

persuadé

qu'elle

est

une

tentation.

Lorsque

Moïse

interroge

Dieu

»,

il

se

garde

de

lui

demander

son

nom,

terrible

ndiscrétion,

uisque

s'il

avait

eu

ce

nom,

l

aurait

eu en

quelque

sorte

autorité

ur le

Dénommé.

Non,

ce

qu'il

demande,

l le demande

non

pas

pour

lui,

ni

pour

savoir

l'innommable,

mais

pour

pouvoir

dire

quelque

chose

à

ses

compa-

gnons

qui ne manquerontpas de lui demander d'où tiens-tu a

révélation,

u nom

de

qui parles-tu

Les

Hébreux,

tout

esclaves

qu'ils

sont,

n'obéissent

pas

sans être

éclairés,

ils

veulent

savoir

à

qui

ils

ont

affaire.

t

la

réponse

qui

fut

donnée

à

Moïse,

mais

que

nous ne

connaissons

que

déjà

transmise

par

Moïse,

exprimée

par

la

vertu du nécessaire

bégaiement,

ppellera

commentaires

t

commentaires.

e cite

recite)

antôt

«

Je suis

celui

qui

est

»

(inter-

prétation

ntologique, rimauté

t

glorification

e

l'Etre

sans

étant

Eckhart,

e

cher

maître

ou

le

vieux

maître)

rhénan,

n'y

consentira

pas).

Tantôt

:

«

Je suis celui

que je

suis.

»

Cette

réponse

peut

passer

non

pour

une

réponse,

mais un refusde

réponse.

Sublimeou déce-

vante

répétition,

mais

intervient

a

pensée

téméraire,

t

si ce

qui

nous est

donné

à entendre

ou

à

lire)

était

le redoublement

cause d'une

Voix

bégayante,

iche

par

le

bégaiement,

e

sorte

que

si

Moïse

s'exprimait

n

latin

(pourquoi

pas

?

il

dispose

de

tant

de

langues),

l

dirait

Sum,

Sum.

Dans

le

Talmud,

et sans

qu'il

soit

fait

référence

la

singularité

e

Moïse,

l est

énoncé

Une

parole

a

été

prononcée ar

Dieu,

mais

j'en

ai

entendu

eux.

Mais

revenons

l'interrogationhors

question,

hors

réponse)

de

Moïse

qui

n'a

nulle-

ment a

prétention

e savoir

e nom

de

Dieu

(je répète

mon

tour),

maisle nomdont l se réclame

pour

e

peuple

rétif 'Israël. Et voici

une

autre

réponse

(celle

traduite

par

Meschonnic

et

par

Chou-

raqui)

:

a

Serai

(ici

un

grand

blanc

comme

pour

marquer

non

seule-

This content downloaded from 83.137.211.198 on Tue, 07 Apr 2015 00:14:12 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 6: Blanchot_ Tablets de Torrah

7/23/2019 Blanchot_ Tablets de Torrah

http://slidepdf.com/reader/full/blanchot-tablets-de-torrah 6/8

Grâce

soit

rendue)

Jacques

errida 171

ment 'attente u

l'incertitude,

ais

a

référence

un futur

on

temporel,xempt

e tout

présent)

ui

serai

»

(Edmond

Fleg

nous

donne a même

raduction).

ieu

ne se donne

pas

immédiatement

comme

ujet,

omme

n

«

Je

»

flamboyant,

ais comme

gissant

pour

e

peuple

hébreu t

dépendant

e l'actionde

celui-ci,

ction

vis-à-vis

e

Dieu et vis-à-vis

'autrui.C'est

ce

qu'on

appellera,

utilisant

ette fois

et

peut-être

busivement

n nom

grec,

a

Kénose

l'humilité ouveraine.

Mais,

comme

nous

e savons

par

Rachi,

n même

emps

ue

Moïse

ntend

«

C'est

mon

nom

pour

toujours, lnousdonne entendrearunchangementevoyelle

«

Mon

nom

doit demeureraché

»

ce

qui

confirme

a bienséance

-

ou

la

convenance de

la

discrétion

e

Moïse. Dieu

»

dit

aussi,

si

je

me

souviens

ien,

Même ux

patriarches,

e

ne

me

suis

pas

fait

onnaître

. Il

n'empêcheue

le

nom ivré Moïse

our

veiller

Israël

st un

nom i

important

si

prompt

s'effacer)

u'il

ne

faut

pas

le

prononcer

n

vain :

non-présent

êmedit

et

interpellé

n

tant

u'Inconnu

aphonique

it

David

Banon,

mais

non

sémique,

Dieu

promis,

ieu de la

promesse,

ais ussi

Dieu du

retrait e

la

promesse.

Dieu,ditLevinas,n'estpas connaissance,i une non-connais-

sance

pure

t

simple,

l

est

obligation

e l'homme

is-à-vis e

tous

les

autres ommes.

uant

u

nom

qui

n'est

que

le nomde

Yaveh,

et

dont

Chouraqui

récise

u'aujourd'hui

dans

la

dispersion

personne

e sait

comment

l

était

prononcé,

ar,

ajoute

Levinas,

le

Tétragramme

e

pouvait

'être

que

par

le

seul

Grand-prêtre

entrant

ans e

Saintdes

Saints,

e

jour

du

Grand

ardon,

'est-à-

dire

pour

e

judaïsme

postexilique,

amais

(Au-delà

du

Verset).

Jacques

Derrida,

xplicitant

es

exigences

u doublement

e

la

Thora,

doublement

ui

est

déjà

inscrit

ans

a

manière ont

a

Thora 'écrit par e doigtde Dieu » : « La Thora st écrite vec

du feu

blanc ur du

feunoir.

«

Le

feu

blanc,

exte

crit

n lettres

invisibles

faites our

échapper

la

vue)

se

donne

lire

dans le

feu

noir de

la

Thora

orale

qui

vient

après

coup

y

dessiner

es

consonnes t

y

ponctuer

es

voyelles

Loi

ou Verbe de

feu,

dira

Moïse.

Mais

si la

Thorade

pierre

st

'inscriptionar

Dieu,

nscription

qui

comme elle

déploie

es

commandements,

criture

ui

ne

peut

se

lire

ue

comme

rescription,

l

est dit

aussi

dans

V

xode

24,

4),

et

cela avant

es

Tables

(à supposer,

t il

y

a

lieu d'en

douter,qu'ilyaitdansuntelmoment

uquel

manque

a

présence,

navant

et un

après

soit un

ordre

arratif),

ue

«

Moïse

crit outes

es

paroles

e

Dieu ».

Moïse

donc

e

don

d'écriture,

'il

n'a

pas

e don

This content downloaded from 83.137.211.198 on Tue, 07 Apr 2015 00:14:12 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 7: Blanchot_ Tablets de Torrah

7/23/2019 Blanchot_ Tablets de Torrah

http://slidepdf.com/reader/full/blanchot-tablets-de-torrah 7/8

172

Maurice

Blanchot

de

parole

et

il

écrit

parce que

les

Anciens

'Israël,

es

Sages,

ont

préalablement

éclaré

«

Toutes es

paroles

ont

Dieu"

parle,

nous

es ferons.

Peut-être e

les

comprennent-ilsas,

ou,

dans

la

traductione

Chouraqui,

e

les

pénètrent-ils

as

dans

eur

droi-

ture,

omme

ans

leurs ours t

détours,

mais

'important

st

le

faire,

t

cette

promesse

e

l'accomplissement

celle 'écriture

e

Moïse,

e

fait

par

Moïse

criture écrituret mémorisation.ous

remarquerons

ci en

passant

uelle

différence

'établit ntre laton

et

Moïse

pour

'un,

l'écriture

xterne,

trangère,

st

mauvaise,

puisqu'elle upplée la pertede mémoire t ainsi encouragea

défaillance

é

la mémoire

ivante

à

quoi

bon

me

souvenir,

puisque

'est

écrit

).

Pour

Moïse,

'écritureertes

ssure

a mémo-

risation,

ais

lle

est aussi

ou

d'abord)

e

«

faire

,

«

l'agir

,

'exté-

riorité

ui précède

'intérioritéu

l'instaurera

de

même

ue

le

Deutéronome,

ù

Moïse

eprendra

oute 'histoiren

disant

Je

»,

redouble t

prolonge

e

difficile

xode.

Ici,

on

peut

se

poser

une

question

vaine

:

Qui

est Moïse

Ecartons

a

réponse

un

prince

gyptien

ui

trahit

on

peuple

pour

e

dévouer un

autre

euple,

aborieux,

malheureux,

sclave.

Ecartons ussi 'image ublime ue nous en donne 'art le Sur-

homme,

'équivalent

hébraïque

de

Solon

et

de

Lycurgue.

Au

contraire

s'il

a des

privilèges

uisqu'il

st seul

à

«

monter

,

sans

approcher

es

ciels),

l

nous

est

montré

éfaillant,

arlant

mal

(lourd

de

bouche),

atigué

u

point

de

perdre

a santé

par

'excès

des

services

u'il

rend

c'est

son

beau-père,

et

homme

e

bon

sens,

ui

lui

dira

ne

fais

pas

tout

oi-même,

e

rend

pas

la

justice

pour

es

petites

t

les

grandes

hoses,

u

ne

survivras

as

-

et

Moïse

en

convient).

atigué

quand

Amalek fait

la

guerre

ux

Hébreux,

lors

ue

ceux-ci

iennent

peine

de

quitter'Egypte

t

l'esclavageet qu'ils constituentne

troupe dépareillée

masse

confuse,

roupeau),

vec

surtout

es

femmes,

es

enfants,

la

marmaille

,

dit

Chouraqui.

à

est la

méchanceté

'Amalek

ui

l'illustrera

omme

'élu

du

Mal.

Moïse

n'est

pas

un

chef

e

guerre.

On

'installe

ependant

n

haut

d'une

colline,

omme ont

es

géné-

raux

et

Napoléon

ui-même.

ais

l

faut

'aider

uand

l donne

es

consignes,

esquelles

ont

pparemment

imples

il

lève

e

bras

fin

d'indiquer

e

ciel et

les

Hébreux

'emportent

mais

précisément

son

bras

est

ourd,

t il

faut

'aider

pour

'accomplissement

e

son

geste

sinon

on

bras

retombe

ce

n'est

pas

seulement

a

lassitude,c'estune

leçon

aussi),

et Amalek

riomphe.

Moïse

st-il

n

médiateur

Médiateur e

son

peuple,

'organi-

sant

en

communauté t

vociférant

ontre

ui,

lorsque

celui-ci

This content downloaded from 83.137.211.198 on Tue, 07 Apr 2015 00:14:12 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 8: Blanchot_ Tablets de Torrah

7/23/2019 Blanchot_ Tablets de Torrah

http://slidepdf.com/reader/full/blanchot-tablets-de-torrah 8/8

Grâce

(soil

rendue)

à

Jacques

Derrida

173

défaille.

Et

celui-ci

ne

se reconnaît

pas

en lui :

«

Nous ne savions

pas,

disent

es

Hébreux

à

Aaron,

son

frère

ourtant, ui

était

celui

qui

nous

conduisait.

»

Autre,

malgré

sa

fraternité,

es

constantes

intercessions,

es châtiments aussi.

Médiateur de Dieu

dont

il

transmet es

commandements

Dieu

est

sans

médiation, dit,

si

je

ne

me

trompe,

Levinas.

De là

que

la

responsabilité

de Moïse

est

libre et

qu'il

lui

faut

subir,

en

punition,

es

paroles

de

trop

par

lesquelles

l a

importuné

e

Très-Haut,

paroles

d'invocation,

de

supplicationpour

les

fugitifs ui

oublient

qu'ils

le sont et

veulent

« s'installer».

On

peut

se

demander

quelle

fut

la

«

faute

»

de

Moïse,

faute

qui

l'empêchera

d'atteindre

«

la

bonne

terre

». Il

y

a

sûrement

des

réponses

privilégiées.

Mais

il

y

a

déjà

dans

ce désir

d'atteindre

et

de se

reposer,

une

espérance

de

trop.

Il

peut

voir et non avoir.

Le

repos qui

lui est

réservé st

peut-être

upérieur.

C'est l'un des

mystères

'Elohim

»

qui

ne

se

dévoilent

pas,

mais

appellent

'en-

seignement

ans

fin.

On

dit,

analysant

le

Deutéronome Moïse

n'a

pas pu

raconter,

crire

a mort

scepticisme

ritique). Pourquoi

non

?

Il

sait

(d'un

savoir non

élucidé)

qu'il

meurt

par

«

Dieu

»

« sur la bouche de Dieu », dernier, ltime commandement ù il

y

a

toute a

douceur de la

fin

mais

fin

dérobée.La

mort

qui

est

nécessairement ans

la vie

(depuis Adam)

«

n'a

pas

lieu ici dans la

vie

»

(Derrida).

Et

Dieu,

se

faisant

fossoyeur Levinas),

proximité

qui

ne

promet

pas

la

survie,

'ensevelit

dans

le

val,

en

terre de

Moab,

en un

lieu

sans lieu

(atopique).

«

Personne

ne

connaît

sa

sépulture

usqu'à

ce

jour

»,

ce

qui

autorise

les

superstitieux

douter

de sa

mort,

comme

on

doutera

de

celle

de Jésus.

Il

est

mort

mais

«

son œil

ne s'est

pas

terni,

lle ne

s'est

pas

enfuie,

a

sève ». Il

a un

successeur,Josué,

et

il

n'en a

pas (pas

d'héritier

direct lui-même refusé ette sortede

transmission).

/ne s'est

pas

encore

evé

d'inspiré

en

Israël comme

Moïse.

«

Pas

encore.

»

Disparition

ans

promesse

de

retour.Mais la

disparition

e

«

l'au-

teur

»

donne

encore

plus

de

nécessité à

l'enseignement,

criture

(trace

avant

tout

texte)

et

parole,

parole

dans

l'écriture,

arole qui

ne

vivifie

pas

une

écriture

aquelle

autrement

erait

morte,

mais

au

contraire

nous

sollicite

d'aller

vers les

autres,

dans le

souci

du

lointain et

du

proche,

ans

qu'il

nous

soit

encore donné de savoir

que

c'est

d'abord le

seul

cheminvers

l'Infini.

Maurice Blanchot.

This content downloaded from 83.137.211.198 on Tue, 07 Apr 2015 00:14:12 UTC