biomimicry in architecture: state, methods and tools

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Les Cahiers de la recherche architecturale urbaine et paysagère 1 | 2018 Innover ? Biomimétisme en architecture. État, méthodes et outils Biomimicry in Architecture: State, methods and tools Natasha Chayaamor-Heil, François Guéna et Nazila Hannachi-Belkadi Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/craup/309 DOI : 10.4000/craup.309 ISSN : 2606-7498 Éditeur Ministère de la Culture Référence électronique Natasha Chayaamor-Heil, François Guéna et Nazila Hannachi-Belkadi, « Biomimétisme en architecture. État, méthodes et outils », Les Cahiers de la recherche architecturale urbaine et paysagère [En ligne], 1 | 2018, mis en ligne le 30 janvier 2018, consulté le 10 décembre 2020. URL : http:// journals.openedition.org/craup/309 ; DOI : https://doi.org/10.4000/craup.309 Ce document a été généré automatiquement le 10 décembre 2020. Les Cahiers de la recherche architecturale, urbaine et paysagère sont mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modication 3.0 France.

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Page 1: Biomimicry in Architecture: State, methods and tools

Les Cahiers de la recherche architecturaleurbaine et paysagère 1 | 2018Innover ?

Biomimétisme en architecture. État, méthodes etoutilsBiomimicry in Architecture: State, methods and tools

Natasha Chayaamor-Heil, François Guéna et Nazila Hannachi-Belkadi

Édition électroniqueURL : http://journals.openedition.org/craup/309DOI : 10.4000/craup.309ISSN : 2606-7498

ÉditeurMinistère de la Culture

Référence électroniqueNatasha Chayaamor-Heil, François Guéna et Nazila Hannachi-Belkadi, « Biomimétisme enarchitecture. État, méthodes et outils », Les Cahiers de la recherche architecturale urbaine et paysagère[En ligne], 1 | 2018, mis en ligne le 30 janvier 2018, consulté le 10 décembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/craup/309 ; DOI : https://doi.org/10.4000/craup.309

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Biomimétisme en architecture. État,méthodes et outilsBiomimicry in Architecture: State, methods and tools

Natasha Chayaamor-Heil , François Guéna et Nazila Hannachi-Belkadi

1 Face aux enjeux du développement durable et de son impact sur l’environnement, le

secteur du bâtiment est confronté à un nécessaire besoin d’innovation. En septembre

2015, le Conseil économique social et environnemental émet un avis intitulé « Le

biomimétisme : s’inspirer de la nature pour innover durablement » (Ricard, 2015).

L’architecture y est présentée comme un des domaines d’application prometteurs et il est

fait état d’une activité de conception architecturale émergente bio-inspirée capable de

répondre aux enjeux environnementaux actuels.

2 En effets, les espèces animales et végétales savent mettre en place des stratégies pour

s’adapter à leur environnement et ses transformations formant avec lui un écosystème

durable. Les progrès techniques d’observation à très petite échelle permettent

aujourd’hui d’avoir une connaissance plus approfondie du fonctionnement de la nature et

offrent une source de connaissance et d’inspiration nouvelle pour l’architecture (Gruber,

2011 ; Mazzoleni, 2013).

3 Certes, les architectes se sont toujours inspirés de la nature, c’est encore le cas

aujourd’hui et ça le sera sans doute dans le futur, mais il faut distinguer une bio-

inspiration principalement formelle à visée esthétique ou symbolique (Brayer et

Migayrou, 2013) d’une bio-inspiration dont l’objectif est la durabilité. Il est aussi

nécessaire de distinguer, parmi les activités de conception bio-inspirées à visée de

durabilité, celle qui sont vraiment biomimétiques et qui peuvent conduire à de réelles

innovations. En fait, si les exemples de productions architecturales bio-inspirées sont

nombreux, ceux fondés sur une activité de conception biomimétique sont rares. Il en va

de même pour les activités de recherche en conception architecturale bio-inspirées.

Certaines ont pour visée de développer des méthodologies ou des outils d’éco-conception

architecturales sans pour autant qu’il s’agisse à proprement parler de méthodologies de

conception architecturales biomimétique. Comme le fait remarquer à juste titre Petra

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Gruber (Gruber, 2008), il existe une grande confusion terminologique due au fait qu’on

associe souvent des termes issus des sciences du vivant à certaines activités de conception

architecturale (métabolisme, architecture organique, conception évolutionnaire,

conception génétique, etc.).

4 Les spécialistes du biomimétisme s’accordent pour distinguer actuellement deux

approches possibles : soit on recherche dans la nature des phénomènes susceptibles de

répondre à des enjeux de développement durable et on essaye de les transférer à

l’architecture, soit on part de problèmes architecturaux et on tente de trouver dans la

nature les phénomènes que l’on pourrait transférer (Helms et al., 2009). Ces deux

approches nécessitent une activité pluridisciplinaire faisant coopérer des biologistes et

des architectes. La nature présente une telle multitude de phénomènes que le temps de

recherche et de maturation d’une possibilité de transfert vers l’architecture est

nécessairement très long. Enfin, la traduction du phénomène naturel visé vers

l’architecture peut poser d’encore plus grandes difficultés. Si ce type d’activité est

concevable dans l’industrie et permet effectivement de créer des produits innovants, il

est clair qu’elle n’est pas aujourd’hui directement applicable dans le temps du projet

d’architecture ni dans son contexte économique et social. Pour développer l’innovation

dans le secteur du bâtiment, différents leviers sont identifiables (Deshayes, 2012). Un de

ces leviers consiste à mettre à disposition des plateformes pour favoriser la coopération

et les échanges interdisciplinaires. Pour le biomimétisme en architecture et peut être

dans un contexte d’open-innovation, ces plateformes pourraient offrir aux architectes des

outils d’accompagnement d’une activité de conception biomimétique.

5 Dans la visée du développement de telles plateformes, cet article a pour objectif de définir

clairement ce qu’est une activité de conception architecturale biomimétique, de faire le

point sur les productions architecturales biomimétiques ainsi que sur les méthodes et

outils disponibles.

Origine du biomimétisme

6 Le terme biomimétisme apparait dès 1980 et fut vulgarisé par la biologiste et

environnementaliste Janine Benyus, l’auteur de l’ouvrage Biomimicry : Innovation Inspired

by Nature (Benyus, 1997). Le biomimétisme est défini dans son livre comme une nouvelle

science qui étudie la nature en vue de l’imiter ou de s’en inspirer pour résoudre des

problèmes humains. Benyus suggère de regarder la nature comme modèle, mesure ou

mentor.

1. La nature comme modèle : le biomimetisme étudie les modèles de la nature, puis imite ou

s’inspire de leurs caractéristiques pour résoudre des problèmes humains.

2. La nature comme mesure : le biomimetisme propose d’utiliser les standards de l’écologie

pour juger de la « justesse » de nos innovations. Après 3,8 milliards d’années d’évolution, la

nature a appris ce qui marche, ce qui est approprié, ce qui dure.

3. La nature comme mentor : le biomimetisme est une nouvelle manière de considérer et

d’apprécier la nature. Il introduit une ère fondée non pas sur ce que nous pouvons extraire

du monde naturel mais sur ce que l’on peut apprendre de lui.

7 Sur le modèle du Biomimicry Institute, fondé aux États-Unis par Janine Benyus en 2006,

des initiatives ont été prises pour promouvoir le biomimétisme dans plusieurs pays et

notamment en Europe. L’association Biomimicry Europa, créée en 2010, ou encore le

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CEEBIOS (Centre européen d’excellence en biomimétisme de la ville de Senlis), créé en

2012, ont pour mission de favoriser le développement du biomimétisme en menant

diverses actions de recherche et de développement, de formation et de mise en relation

des acteurs du monde académique et du monde industriel.

8 Le secteur industriel s’est rapidement emparé du biomimétisme, ce qui a conduit à des

innovations dans différents domaines (matériaux, robotique, informatique, médecine,

etc.), mais sans nécessairement toujours tenir compte des enjeux du développement

durable (Nacthigall, 2003). En architecture, le biomimétisme est par contre

principalement perçu comme un moyen de répondre aux enjeux environnementaux

actuels (Cruz, 2016).

La bio-inspiration en architecture

9 L’architecture considère depuis longtemps la nature comme source d’inspiration. De

nombreux mots incluant le préfixe bio- ont été associés à l’architecture créant ainsi une

grande confusion et une ambiguïté terminologique. Ces termes apparemment proches ont

des sens différents mais peuvent se regrouper sous le terme générique de bio-inspiré.

Celui-ci désigne le fait de s’inspirer de la nature pour créer de nouveaux objets ou

procédés qui n’y sont pas présents naturellement.

10 L’architecture biomorphique correspond à une conception directement influencée par les

formes organiques des animaux, des végétaux et du corps humain (Feuerstein, 2002). Il

prend ses racines dans le mouvement Art nouveau. Il s’agit d’imiter la nature en

effectuant des associations formelles et symboliques.

11 L’architecture bionique est un mouvement de conception de bâtiment dont l’expression et

les configurations constructives sont empruntées à la nature. Le mouvement bionique se

focalise sur le transfert des formes de la vie. Son but est la synthèse de la nature dans des

technologies constructives modernes (Cervera et Pioz, 2015). Les pratiques bioniques de

l’architecture donnent naissance à des nouvelles formes efficaces du point de vue

fonctionnel et originales dans leur qualité esthétique, mais sans tenir compte des

principes de la nature ni nécessairement du développement durable.

12 L’architecture biomimétique est une philosophie contemporaine de l’architecture qui

cherche des solutions durables dans la nature (Pawlyn, 2011), sans vouloir en répliquer

les formes, mais en identifiant les règles qui les gouvernent. Il s’agit d’une activité

interdisciplinaire de développement durable qui cherche à s’inspirer des principes de la

nature qui permettent aux organismes de vivre durablement dans leur environnement et

de survivre à de soudains bouleversements. Les organismes naturels sont résilients,

optimisés, adaptables, basés sur des systèmes et des valeurs qui permettent la vie.

13 L’objectif de l’architecture biomimétique ne consiste plus uniquement à donner forme et

mesure à l’espace, mais aussi à développer des relations synergiques entre le construit et

son environnement. L’approche heuristique du biomimétisme consiste à apporter à

l’architecture le « vitalisme » au-delà de la seule vision mécaniste de la vie (Gruber, 2008).

L’architecture biomimétique pourrait être à l’origine d’une transformation du rôle de

l’architecte évoluant du contrôle de la nature vers une participation durable avec la

nature.

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14 La section suivante présente le cadre théorique du biomimétisme et ses différentes

approches à partir desquelles il est possible de décrire un processus de conception

biomimétique adapté à l’architecture.

La démarche biomimétique

15 Si nous considérons le processus de conception biomimétique dans son ensemble, de

l’idée initiale au produit final, deux démarches ont été identifiées (Speck et Speck, 2008 ;

Helms et al., 2009). La première part d’un besoin humain ou d’un problème de conception

puis examine les façons dont des organismes ou écosystèmes présents dans la nature

résolvent ce problème. Il s’agit d’une démarche orientée problème (Top-down ou design

looking to biology). Cette approche est effectivement menée par des concepteurs qui, après

avoir identifié les objectifs initiaux et les paramètres de la conception, cherchent des

solutions dans le monde végétal ou animal (figure 1.a).

16 La seconde démarche consiste à identifier une caractéristique particulière, un

comportement ou une fonction dans un organisme ou un écosystème, puis à rechercher à

quel problème de conception cela pourrait répondre. Il s’agit d’une démarche orientée

solution (Bottom-up ou biology influencing design) (Biomimicry Guild, 2007). Cette démarche

est celle où les connaissances en biologie influencent la conception humaine. Elle est

menée par des personnes ayant une connaissance scientifique de la nature et qui

recherchent des applications possibles pertinentes pour la conception (figure 1.b).

Figure 1. Séquences de processus dans la recherche biomimétique : progression d’un projetbiomimétique à partir de modèles biologiques aux produits biomimétiques. (a) Processus orientéproblème, (b) Processus orienté solution.

Adapté de Helms et al., 2009.

Les niveaux du biomimétisme en architecture

17 Les processus de conception biomimétique en architecture font apparaitre trois niveaux

d’imitation possibles : le niveau de l’organisme, du comportement ou de l’écosystème

(Zari, 2007).

18 Le niveau organisme se réfère à un être spécifique comme une plante ou un animal et peut

impliquer l’imitation d’une partie de l’organisme ou du tout.

19 Le niveau comportement se réfère au comportement d’un être et peut inclure la traduction

d’un aspect du comportement de l’organisme et éventuellement sa relation à un contexte

plus large.

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20 Le troisième niveau est l’imitation d’un écosystème entier et des principes qui lui

permettent de remplir les fonctions avec succès.

21 À l’intérieur de chacun de ces trois niveaux, cinq dimensions supplémentaires d’imitation

existent (figure 2). La conception peut être biomimétique par exemple en termes de à quoi

ça ressemble (forme), en quoi c’est fait (matériau), comment c’est fait (construction), comment

ça travaille (processus) ou qu’est-ce que ça fait (fonction) (Zari, 2007).

Figure 2. Cadre théorique pour l’application du biomimétisme en architecture.

Adapté de Zari, 2007.

22 La section suivante présente pour chacun des niveaux des cas patents d’architecture

biomimétique.

Niveau organisme

23 Le niveau organisme correspond à un biomimétisme de forme ou de surface. Il s’agit de

s’inspirer et d’imiter les formes retrouvées dans la nature. Les organismes ont évolué

depuis des millions d’années ; leur morphologie s’est parfaitement adaptée à

l’environnement dans lequel ils vivent. Par exemple, le coléoptère namibien Stenocara a

inspiré un certain nombre d’architectures biomimétiques comme le Centre hydrologique

de l’Université de Namibie, conçu par Matthew Parkers de KSS Architectes (Knight, 2001)

ou encore le Teatro del aqua, un projet non construit conçu par Michael Pawlyn (Pawlyn,

2016). En effet, la carapace de ce scarabée est composée d’une succession de microbosses

attirant l’eau et de rainures cireuses qui la font circuler (figure 3.a). Ces caractéristiques

ont directement inspire ces architectes pour concevoir les capteurs de brouillard de leurs

bâtiments (forme et matériau) (figure 3.b).

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Figure 3. (a) Le coléoptère namibien Stenocara, (b) Le Centre hydrologique de l’Université deNamibie, conçu par Matthew Parkers de KSS Architectes.

Source : Cruz, 2016.

24 Jan Knippers, Thomas Speck et Achim Menges (Knippers et al., 2015) ont mis en place une

collaboration interdisciplinaire fructueuse entre l’architecture, la conception

informatique, l’ingénierie et la biologie. Les pavillons de recherche ICD/ITKE1 qu’ils ont

créé constituent des exemples de conception biomimétique. L’Elytra Filament Pavilion,

par exemple, a été inspiré par les principes fonctionnels de l’élytre2 du coléoptère du

Colorado (Leptinotarsa decemlineata) et du scarabée-tortue vert (Cassida viridis) (figure 4.a).

La réalisation de ce pavillon démontre qu’il est possible de développer de nouvelles

méthodes de fabrication écologique à partir de matériaux composites associant matrices

polymères et fibres textiles.

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Figure 4.a : L’elytra du coléoptère du Colorado (Leptinotarsa decemlineata) et le scarabée-tortue vert(Cassida viridis).

Source : Knippers et al., 2015.

Figure 4.b : La structure temporaire Elytra Filament Pavilion sur le campus de l’Université deStuttgart.

Source : Knippers et al., 2015.

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25 D’autres exemples d’architecture biomimétique sont à classer au niveau de l’imitation

d’un organisme. C’est le cas du Swiss Re Headquarter, construit par Foster & Partner’s3

(2003), dont l’Euplectella aspergillum, plus communément appelée Corbeille de fleurs de

Vénus, a inspiré la conception (figure 5.a). Cet organisme marin est constitué de multiples

couches de verre formant un squelette très résistant malgré la petitesse des filaments qui

le structurent. Ce squelette est composé de treillis de fibres formant des alvéoles carrées

qui sont renforcées par d’autres fibres placées diagonalement et décrivant ainsi des

spirales. La structure extérieure du Swiss Re Headquarter imite le squelette de l’Euplectella

.

Figure 5.a : Le Swiss Re Headquarter inspiré par la Corbeille de fleurs de Vénus.

Source : www.arch2o.com

26 Plus récemment, deux architectures biomimétiques remarquables ont été édifiées à

Singapour. L’Esplanade Theatre4 de DP Architectes et Michael Wilford dispose d’une

couverture inspirée par la peau des fruits du Durian (figure 5.b). Celle-ci est composée de

panneaux d’aluminium qui filtrent la lumière naturelle et qui change de direction selon la

position du soleil. Cette conception biomimétique réduit de 30 % l’énergie totale

consommée dans le bâtiment et de 55 % l’utilisation de l’éclairage artificiel.

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Figure 5.b : l’Esplanade Théâtre inspiré par la peau des fruits du Durian.

Source : pinterest.com

27 Toujours à Singapour, la conception de l’ArtScience Museum5 a été inspirée par la fleur de

lotus (figure 5.c). L’arrangement particulier des pétales qui compose le bâtiment permet

de récupérer l’eau de pluie en vue de la recycler et laisse entrer la lumière naturelle dans

plusieurs directions diminuant ainsi l’usage de l’éclairage artificiel.

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Figure 5.c : l’Artscience Museum inspiré par la fleur de lotus.

Source : http://homeklondike.site

Niveau comportement

28 Le niveau comportement correspond à un biomimétisme de processus ou de fonction. Il

s’agit d’observer comment la nature fait pour « réaliser une fonction » afin de l’imiter. Ce

n’est pas l’organisme lui-même qui est imité mais la façon dont il se comporte. Les

travaux de l’architecte Mick Pearce6 illustrent parfaitement le niveau comportement du

biomimétisme. Son bâtiment le plus remarquable est l’Eastgate Building à Harare au

Zimbabwe. Il est en partie fondé sur des techniques de ventilation et de régulation de

température observées dans les termitières dans le but de créer une ambiance thermique

stable à l’intérieur de l’édifice (figures 6). Ce système de ventilation passive permet de

diminuer considérablement les consommations d’énergie. Une étude comparative menée

avec six autres bâtiments a montré que l’Eastgate Building utilise 35 % moins d’énergie

qu’un bâtiment conventionnel avec air conditionné, soit une économie estimée à environ

3,5 millions de dollars sur cinq ans (Levillain et Thebaud, 2016).

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Figure 6.a : Le système de ventilation de la termitière.

Source : Illustrations de Daniel Gallant/Foundry Zero

Figure 6.b : Application du fonctionnement de la termitière à la ventilation naturelle de l’EastgateBuilding.

Source : Adapté du travail de Mick Pearce.

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29 Comme autre exemples de biomimétisme architectural réalisé au niveau comportement,

citons les travaux de l’agence d’architecture A. Bechu & Associés7. Les architectes ont

étudié avec des biologistes le système de régulation thermique des pingouins empereurs

et l’ont appliqué à la conception du Skolkovo Innovation Center (Biomimexpo, Senlis,

2017). Tout comme les pingouins sur une plate-forme de glace formant un cercle pour

partager leur chaleur, une centaine de villas sont regroupées dix par dix dans une vaste

clairière entourée d’une voie navigable (figure 7).

Figure 7.a : Système de régulation thermique des pingouins empereurs.

Source : Asknature

Figure 7.b : District 11, centre d’innovation de Skolkovo en Russie.

Source : Agence d’architecture A. Bechu & Associés.

Niveau écosystème

30 Le niveau écosystème correspond à un biomimétisme cherchant à imiter des écosystèmes

présents dans la nature. Il s’agit de comprendre comment les relations entre des espèces

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et leur environnement produisent un écosystème stable dans le temps et donc durable. En

effet, dans la nature, tous les déchets générés par des animaux et des plantes constituent

un apport pour d’autres animaux et d’autres végétaux. Un bâtiment qui serait capable

d’imiter ce processus naturel pourrait fonctionner de manière autonome et durable.

31 Il y a plusieurs cas d’imitation de la nature au niveau écosystème, mais la ville de

Kalundborg au Danemark8, en tant que premier exemple de symbiose industrielle, en est

une parfaite illustration (figure 8.a). La coopération, le recyclage et l’échange de flux de

matière ou d’énergie ont permis aux entreprises basées dans le parc industriel de

minimiser leur impact environnemental en améliorant leur productivité. Sur un principe

similaire une entreprise californienne, ReGen Villages9, créée par des enseignants-

chercheurs de l’université de Standford, s’est associée à un cabinet d’architecture danois

EFFEKT10 pour concevoir un village 100 % écologique en Hollande. Ce village, dont la

construction a débuté en 2016, fonctionnera en circuit fermé et sera entièrement

autonome et respectueux de l’environnement. Il sera capable de produire sa propre

énergie, sa propre agriculture et même de recycler ses déchets.

Figure 8. a : L’écologie industrielle de la Ville de Kalundborg, Copenhague.

Source : Gulipac, 2016

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Figure 8. b : Le système du ReGen Villages, Almere, Pays-Bas.

Source : www.effekt.dk

32 Le biomimétisme est ici considéré comme un moyen d’accroitre la durabilité d’un projet

architectural. Imiter des principes d’un écosystème peut être incorporé dans la

conception dès les premières étapes de la conception et utilisé comme un outil

d’évaluation tout au long du processus de conception comme décrit dans la charte du

biomimétisme 2007 et dans Zari (2007).

33 Quel que soit le niveau de mise en œuvre du biomimétisme, il existe des stratégies

fréquemment observées dans la nature et qui sont à la base de la persistance des

écosystèmes. Ces stratégies sont à considérer lors de l’application de la démarche

biomimétique dans un processus de conception architecturale.

Cadre du biomimétisme en architecture

34 Les exemples présentés dans la section précédente montrent que la méthode

traditionnelle en biomimétisme architectural relève d’une approche interdisciplinaire

associant biologie et architecture. Cette méthode, initialement appelée « Bau-Bionik », a

été inventée en 2003 par le biologiste Werner Natchtigall et un architecte nommé Göran

Pohl (Nachtigall, 2003). En tant que résultat d’efforts combinés entre les deux disciplines,

la méthode traduit les principes de ce qui peut être utilisé pour comparer nature et

architecture. Mais la principale question qui se pose est de savoir comment la biologie

peut être utilisée comme source d’inspiration et comment la traduire en solutions

architecturales.

35 Le problème est que la nature ne peut pas être directement copiée. On doit faire attention

à ne pas effectuer d’interprétation trop directe (Pohl, 2015). Les inspirations de la nature

pour l’architecture ne fonctionnent pas si elles ne sont pas correctement abstraites à

travers un travail interdisciplinaire. Natchtigall définit l’approche du biomimétisme pour

l’architecture et le design comme un processus en trois étapes : Recherche → Abstraction

→ Implémentation (Nachtigall, 2010).

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36 En observant le processus cognitif de la conception biomimétique, l’identification et

l’abstraction sont les principales et les plus difficiles étapes dans un projet biomimétique

(Speck, 2008). Il existe deux difficultés, pour un architecte, que nous définissons par deux

transitions : 1. Que regarder dans la nature ? et 2. Comment interpréter les principes de la

nature en tâche de conception ?

37 La figure 9 distingue dans le processus deux transitions et trois sections principales : la

recherche de la base biologique, l’abstraction des résultats et la mise en œuvre dans la

conception et la technologie.

Figure 9. Les deux transitions du biomimétisme en architecture : Identifier/Interpréter et Abstraire/Transférer les stratégies de la nature dans la conception.

38 Au regard de ces deux transitions, il est possible de distinguer deux postures d’usage du

biomimétisme en architecture : une posture indirecte, dans laquelle l’architecte réutilise

des outils innovants, issus de travaux biomimétiques, généralement en informatique, et

une posture dans laquelle l’architecte intègre directement une activité biomimétique

dans son processus de conception architecturale.

Biomimétisme indirect dans une activité de conception

architecturale

39 Dans plusieurs activités de conception architecturale bio-inspirées, les architectes se

construisent des méthodes de conception donnant naissance à des formes et des procédés

techniques qui peuvent être complètement différents de ce qu’on trouve dans la nature.

Ces méthodes de conception s’appuient généralement sur des techniques informatiques,

comme par exemple des systèmes de particules, des algorithmes génétiques ou encore des

systèmes multi-agents dont le fonctionnement est bio-inspiré.

40 L’informatique bio-inspirée est un champ de recherche qui se décompose en sous-champs

incluant le connexionnisme, le comportement social et l’émergence. Il est proche de

l’intelligence artificielle ou de la vie artificielle, et en rapport avec les champs de la

biologie, des sciences informatiques et des mathématiques. Brièvement, il s’agit de créer

des algorithmes innovants pour résoudre des problèmes connus, comme des problèmes

d’optimisation par exemple, en s’inspirant de phénomènes observés dans la nature.

41 Le paragraphe suivant présente l’utilisation d’un algorithme biomimétique capable de

concevoir un réseau de transport optimisé entre différentes villes tout en tenant compte

d’un certain nombre de caractéristiques (population, points d’intérêt, pannes éventuelles

sur le réseau, etc.).

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Cas d’étude : Un algorithme biomimétique. Une moisissure gluante inspire la

conception des réseaux de transport

42 Tout commence au début des années 2000 lorsqu’une équipe de chercheurs japonais et

hongrois découvre qu’une sorte de moisissure gluante appelée Physarum Polycephal est

capable de retrouver son chemin dans un labyrinthe (Nakagaki et al., 2000). Cette

moisissure semble faire preuve d’intelligence et capable d’explorer son environnement

afin de trouver les plus courts chemins vers des sources de nourriture (Nakagashi et al.,

2004). Sur la base de ces observations, un algorithme est construit, qui imite le

comportement du Physarum Polycephal : le Physarum Solver (Atushi et al., 2005). Cet

algorithme est capable de trouver un chemin optimal dans un réseau et s’avère être plus

efficace que les algorithmes classiques lorsque le nombre de nœuds du réseau est très

important.

43 Cet algorithme stupéfiant peut par exemple résoudre des problèmes d’optimisation d’un

réseau de transport (figure 10). Comment relier des villes en un minimum de lignes avec

un maximum d’efficacité, c’est-à-dire en tenant compte de la densité de population, de la

géographie, d’éventuels pannes ou accidents qui peuvent survenir sur le réseau, etc. ? Il a

été testé dans plusieurs villes et pays : le réseau de rues de New York, le réseau ferroviaire

au Japon ou encore d’autres réseaux de transport à Mexico ou en Chine (Mahadevan,

2015). Il est clair que ce type d’algorithme peut être utilisé par des urbanistes ou des

architectes pour concevoir, par exemple, des réseaux de distribution optimisés et

résilients (énergie, eau, etc.).

Figure 10.a : Le comportement du Physarum Polycephal observé dans une boîte de Pétri et lemodèle mathématique bio-inspiré du comportement exploratoire du Physarum Polycephal.

Source : Adamatzky, 2015

Biomimétisme en architecture. État, méthodes et outils

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Page 18: Biomimicry in Architecture: State, methods and tools

Figure 10.b : Le réseau de transport à Mexico développé par le Physarum Solver.

Source : Mahadevan, 2015.

44 La figure suivante décrit un processus de conception architecturale possible issu d’une

collaboration entre informaticiens et architectes.

Figure 11. Les étapes d’un processus de conception biomimétique indirect.

Biomimétisme en architecture. État, méthodes et outils

Les Cahiers de la recherche architecturale urbaine et paysagère, 1 | 2018

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Page 19: Biomimicry in Architecture: State, methods and tools

45 Le cadre unique de la conception biomimétique ne concerne pas directement le domaine

architectural. Il produit une innovation (optimisation) dans le domaine de l’informatique,

mais il ne peut créer aucune innovation ou durabilité dans le domaine de l’architecture.

46 Il est clair que dans un tel processus, ce sont les algorithmes utilisés qui sont innovants

car conçus dans une approche biomimétique entre informaticiens et biologistes.

L’architecte, en réutilisant ces algorithmes, produit une architecture optimisée mais pas

nécessairement innovante. C’est pourquoi nous avons qualifié ce processus de conception

biomimétique indirecte.

Biomimétisme direct dans une activité de conception architecturale

47 Le cas présenté ci-dessous, à la différence du précédent, présente une collaboration

directe entre l’architecte et le biologiste. L’activité de conception collaborative consiste à

concevoir des formes ou des procédés techniques en opérant une transposition des

formes naturelles ou des procédés techniques naturels vers la forme ou le procédé

technique architectural.

Cas d’étude : L’architecture suit la nature. Les principes biomimétiques pour la

conception innovante

48 L’architecte Ilaria Mazzoleni, en collaboration avec la biologiste Shauna Price, cherche à

instiller une nouvelle façon de penser l’architecture en vue de lui appliquer des principes

biologiques. Elle se focalise sur l’analyse des manières dont des organismes se sont

adaptés à différents environnements et traduit ces principes appris dans l’environnement

bâti. Pour illustrer la méthodologie, Mazzoleni tire l’inspiration de la diversité des

enveloppes des animaux, qu’on associe généralement à la peau, et les applique à la

conception des enveloppes de bâtiments à travers l’étude de douze cas (Mazzoleni, 2013).

L’architecte identifie quatre principes de propriétés des peaux animales en vue de les

appliquer dans la conception des enveloppes de bâtiments : 1. communication, 2.

thermorégulation, 3. équilibre hydrique, et 4. protection.

49 La figure suivante présente le projet « Peau poreuse » utilisant la peau de l’hippopotame (

H. amphibius) comme modèle pour la protection solaire, la perméabilité et la régulation

thermique.

Figure 12 : Le projet « Peau Poreuse » fondé sur le contrôle des apports de lumière du jour et lecontrôle de la température.

Biomimétisme en architecture. État, méthodes et outils

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Source : Mazzoleni, 2013.

Cas d’étude : Enveloppe bio-inspirée. Biomimétisme pour l’adaptation de l’enveloppe

d’un bâtiment à son environnement

50 L’architecte Lidia Badarnah collabore avec des biologistes et des biophysiciens pour

élaborer une méthodologie et des outils biomimétiques en vue de concevoir des

enveloppes bio-inspirées pour l’architecture (Badarnah, 2012). Elle explore les stratégies

d’adaptabilité de plantes et d’animaux à leur environnement (figure 13) et a ainsi identifié

trois stratégies d’adaptabilité : 1. Adaptation physiologique, 2. Adaptation

morphologique, et 3. Adaptation comportementale (Badarnah, 2017). Ces travaux

montrent que la collaboration interdisciplinaire entre architectes et scientifiques permet

l’identification des convergences fonctionnelles pour différents défis environnementaux

dans les bâtiments et dans la nature. L’identification de ces convergences fonctionnelles

facilite la recherche de stratégies pertinentes qui soient transférables en architecture.

Figure 13. Exemple des variations morphologiques des cactus comme réponse adaptative auxcaractéristiques particulières de leur environnement.

Source : Badarnah, 2017.

Biomimétisme en architecture. État, méthodes et outils

Les Cahiers de la recherche architecturale urbaine et paysagère, 1 | 2018

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Page 21: Biomimicry in Architecture: State, methods and tools

51 La figure suivante décrit un processus de conception architecturale possible issu d’une

collaboration entre architectes et biologistes.

Figure 14. Les étapes d’un processus de conception biomimétique direct. Le cadre unique de laconception biomimétique concerne directement le domaine architectural. Il produit une innovationet durabilité dans le domaine de l’architecture.

52 Il s’agit ici d’un processus de conception biomimétique directe car il y a une collaboration

effective entre architectes et biologistes, ces derniers accueillant avec grand intérêt l’idée

de développer ce type de collaborations.

53 Le biomimétisme direct semble donc pouvoir conduire à des innovations, mais son usage

dans l’architecture pose toutefois de grandes difficultés car une collaboration avec des

biologistes est nécessaire et le temps de maturation est long. Ce qui est concevable dans

l’industrie pour fabriquer un nouveau produit l’est beaucoup moins en architecture, étant

donné le temps généralement limité accordé à la conception d’un projet. Toutefois,

l’industrie ayant développé des outils pour accompagner des processus de conception

biomimétiques, on peut se demander dans quelle mesure ils sont utilisables en

architecture.

Outils pour le biomimétisme

54 Comme nous l’avons vu, le biomimétisme en tant que transfert des stratégies de la

biologie vers d’autres disciplines est un champ de recherche émergent qui a conduit à la

définition de concepts significatifs durant les dix dernières années. Le développement de

tels concepts est décrit par un processus biomimétique comprenant plusieurs étapes.

Cependant, pour surmonter les défis et faciliter le parcours des différentes étapes, des

outils ont été développés dans divers domaines, comme l’ingénierie, l’informatique et la

conception industrielle (Fayemi et al., 2016). Dans l’article « Biomimetics and its tools »

(Fayemi et al., 2016), les chercheurs présentent un panorama exhaustif de quarante-trois

outils identifiés qui facilitent le processus de conception biomimétique. Les plus utilisés

sont AskNature, Functional modeling, Natural language analysis, IDEA-Inspire software,

SAPPHIRE model, TRIZ et BioTRIZ.

55 AskNature11 est une base de données en ligne destinée à inspirer les ingénieurs et

concepteurs ainsi que d’autres innovateurs à la recherche d’informations issues de la

biologie qui soient pertinentes pour leurs défis de conception (Deldin, 2014). AskNature

est une base de données publique contenant des informations en biologie classées par

fonctions regroupées dans une taxonomie biomimétique. Elle permet d’établir un pont

entre la biologie et des domaines variés innovants (Hooker, 2016). AskNature peut aider à

identifier des stratégies de la nature.

56 Natural language analysis est une méthode pour la génération et le classement de mots-

clefs significatifs en vue de marier biologie et ingénierie (Chiu et Shu, 2007).

Biomimétisme en architecture. État, méthodes et outils

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57 Functional modeling est un modèle développé par Nagel (Nagel et al., 2010), qui renferme

la représentation de systèmes biologiques utilisant des modèles fonctionnels pour

faciliter le transfert entre la biologie et l’ingénierie.

58 IDEA-Inspire (Chakrabarti et al., 2005) est conçu pour faciliter et stimuler l’idéation par

des inspirations biologiques et le modèle SAPPHIRE est destiné à faire comprendre les

systèmes biologiques (Sartori et al., 2010).

59 BioTRIZ est une fusion entre le biomimétisme et la méthode d’innovation TRIZ (Glier et al

., 2011). Lors de l’utilisation de TRIZ, les concepteurs décrivent un problème de

conception comme une contradiction entre différentes exigences. La matrice de

contradiction développée dans TRIZ permet de découvrir quels principes innovants

pourraient résoudre le problème. L’approche BioTRIZ (Vincent et al., 2006) propose une

nouvelle matrice de contradictions basée sur des phénomènes biologiques comme un

moyen de stimuler le transfert entre la biologie et l’ingénierie. BioTRIZ est développé à

l’université de Bath, en Angleterre par Nikolay et Olga Bogatyrev, biologistes russes, ainsi

que par le professeur Julian Vincent. Cette méthode s’inscrit comme un outil d’éco-

innovation (Chen et Yang, 2011). BioTRIZ est basé sur l’analyse de 500 phénomènes

biologiques et 270 fonctions offertes par la nature. La méthode BioTRIZ est structurée de

façon similaire à TRIZ avec une matrice de contradiction fondée sur seulement six grands

principes : substance, structure, espace, temps, énergie et information, ce qui rend la

méthode plus facile d’utilisation. BioTRIZ constitue donc une approche intéressante pour

implanter des concepts biomimétiques dans la conception de produits (Glier et al., 2011).

60 La figure 15 suivante présente des utilisations possibles pour faciliter le parcours de

différentes étapes d’un processus de conception biomimétique.

Figure 15. Utilisations possibles d’outils dans la pratique. Des outils peuvent être choisis pourcertaines étapes du processus biomimétique pour faciliter les tâches correspondantes.

Adapté de Fayemi et al., 2016

61 Une autre voie consiste à étudier le processus de génération de concepts innovants et bio-

inspirés à l’aide de cadres théoriques mieux établis comme celui de la méthode C-K

(Salgueiredo, 2013).

Théorie C-K

62 La méthode C-K (Hatchuel et Weil, 2003) se présente également comme une méthode

innovante de conception ou de résolution de problèmes par la mise en relation de

concepts (C) et de connaissances (K) pour générer des directions de conception novatrices

et inattendues. La méthode C-K formalise un processus de conception comme une forme

spécifique de raisonnement qui permettra de faire naître un concept encore inconnu basé

sur des connaissances connues. Le langage permet d’exprimer l’idée conçue et peut être

utilisé à divers niveaux allant d’une formalisation mathématique à une simple taxonomie

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(Reich et al., 2012). Par exemple, le projet de recherche piloté par le constructeur

automobile Renault pour la génération de concepts de véhicules décarbonés vise dans un

premier temps à mieux structurer l’utilisation de l’outil « biomimétisme » plutôt que de

l’utiliser dans son approche actuelle (Salgueiredo, 2016).

Figure 16. Modèle général C-K pour la conception bio-inspirée.

Cette figure est une adaptation du modèle présenté par Freitas Salgueiredo et Hatchuel (2014,2016).Source : Salgueiredo, 2016.

63 Comme le montre la figure 16 ci-dessus, une analyse avec C–K permet de décrire le

processus de conception bio-inspiree en quatre etapes (Salgueiredo, 2016) :

1. Identification de chemins de conception pour lesquels la bio-inspiration pourrait apporter

des ruptures potentielles.

2. Identification de bases de connaissances biologiques avec des propriétés intéressantes. Ces

propriétés contribuent a partitionner des chemins de conception « bloqués ». Cette étape

peut être la première dans les cas ou les connaissances biologiques sont a l’origine du

processus de conception bio-inspiree.

3. Exploration et révision des connaissances traditionnelles et des connaissances biologiques.

4. Retour vers les connaissances traditionnelles pour le développement du chemin de

conception bio-inspiree.

64 Les théories TRIZ et C-K sont utilisables en conception innovante afin de générer des

innovations dites « de rupture » avec les approches actuelles. Le biomimétisme s’inscrit

dans cette vision et peut donc aisément s’associer à ces méthodes comme source

d’inspiration pour répondre aux attentes des écoconcepteurs.

65 Les outils présentés ci-dessus ont été décrits dans la littérature scientifique et sont

utilisés par des ingénieurs dans l’industrie, mais ne le sont pas encore en conception

architecturale. Certains d’entre eux pourraient être inclus dans une plateforme que nous

envisageons de développer, dont la section suivante présente les principaux aspects.

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Page 24: Biomimicry in Architecture: State, methods and tools

Une plateforme pour le biomimétisme en architecture

66 Un des leviers qui pourrait faciliter et développer l’innovation en architecture à travers le

biomimétisme est la mise en place d’une plateforme d’échange et de coopération

interdisciplinaire entre architectes, biologistes et informaticiens. Celle-ci mettrait à

disposition des architectes des outils d’accompagnement dans le processus de conception

biomimétique. Cette plateforme comporterait des outils d’initiation au biomimétisme

ainsi que des outils facilitant les étapes d’identification et de transfert d’un processus de

conception biomimétique (figure 17).

Figure 17. Hypothèse : l’usage de cette plateforme d’outils faciliterait la collaborationinterdisciplinaire entre architectes et biologistes au niveau des étapes d’identification etd’abstraction des principes de la nature et pour les transférer vers la conception architecturale.

67 Des outils présentés dans la section précédente ou similaires pourraient faire partie de

cette plateforme. Toutefois, certains comme AskNature par exemple sont encore trop

génériques pour aider à déterminer la bonne stratégie adaptée à un domaine particulier

comme l’architecture. D’autres outils devraient être adaptés à la conception

architecturale comme BioTRIZ ou la méthode C-K. Des outils supplémentaires pourraient

aussi être développés sur des problématiques architecturales ciblées comme les

économies d’énergie par exemple. Dans ce cadre, nous suggérons l’implémentation de

deux outils supplémentaires destinés à la phase d’identification des stratégies : une

ontologie qui permettrait de structurer la connaissance entre architecture et biologie et

un outil d’aide à la décision multicritères qui aiderait à choisir la stratégie de la nature à

adopter. Ces outils pourraient s’appliquer à différentes échelles du projet, à savoir : 1) le

développement d’un matériau innovant, 2) la spécification de composants d’un projet tel

qu’une portion de façade, ou 3) dans le cadre d’une stratégie plus globale qui serait celle

de l’enveloppe ou l’adaptabilité d’un projet par exemple (Chayaamor-Heil et Hannachi-

Belkadi, 2017).

Une ontologie pour la conception architecturale biomimétique

68 Par analogie au terme philosophique désignant l’étude des propriétés générales des êtres,

une ontologie en informatique est une modélisation terminologique des concepts, de

leurs propriétés et des relations qu’ils entretiennent pour un domaine donné. Les

ontologies sont destinées à modéliser des connaissances d’un domaine dans un format

structuré permettant à des programmes informatiques de les utiliser et de raisonner sur

elles.

69 L’objectif de l’ontologie biomimétique de la plateforme serait de décrire les relations

entre des concepts de la biologie et des concepts de l’architecture. Il s’agit des formaliser

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les connaissances entre la biologie et la conception architecturale selon leurs concepts

communs et les phénomènes qui interagissent avec leurs conditions environnementales

(figure 18).

Figure 18. Une ontologie qui mettrait en relation les connaissances issues de l’architecture etcelles issues de la biologie.

Source : Chayaamor-Heil et Hannachi-Belkadi, 2017.

70 Il existe plusieurs ontologies développées pour le biommimétisme, parmi lesquelles

Ontology explorer, un outil Internet pour identifier les modèles biologiques et explorer

une base de données biomimétique. Ontology of biomimetics est une ontologie de

fonctions biologiques, qui fait référence à quarante principes innovants de TRIZ, Ontology

for bioinspired design, elle permet de récupérer et réutiliser des solutions de conception

bio-inspirées basées sur l’association de l’architecture (physique), le comportement, les

fonctions et stratégies (Fayemi et al., 2016). Toutes ces ontologies sont destinées à

l’industrie et l’ingénierie. L’ontologie que nous proposons de développer mettrait en

relation les connaissances issues de l’architecture et celles issues de la biologie. Cette

ontologie se veut dans un premier temps spécialisée dans le domaine de l’énergie dans le

bâtiment et pourrait par la suite être élargie à d’autres domaines tels que la gestion de

l’eau, la structure, etc.

Un outil d’aide à la décision

71 L’outil d’aide à la décision multicritères sur lequel nous travaillons actuellement est

destiné aux architectes et ingénieurs. Il se veut à la fois un outil d’information et un outil

d’aide au choix des stratégies de la nature les plus adaptées à des besoins et aux

particularités d’un projet. Sont concernés dans notre cas la performance énergétique,

l’optimisation de l’utilisation de la matière et l’adaptabilité du projet aux changements

pouvant survenir dans son environnement (usage et autres). À partir de données fournies

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Page 26: Biomimicry in Architecture: State, methods and tools

en entrée par l’architecte sur le climat du site du projet architectural, sur les fonctions

souhaitées (isolation, protection solaire...) et sur leur fonctionnement (fixe, adaptatif...).

Par exemple, le système peut proposer des éléments de la nature dont les stratégies

seraient les plus à même d’être transférées dans le projet architectural (peau

d’hippopotame pour le rafraichissement, peau de serpent pour se protéger…). Pour

chacune de ces stratégies, une fiche d’information décrivant son intérêt, des exemples ou

des potentialités d’exploitation dans le bâtiment seraient accessibles dans une base de

données (voir une ontologie) alimentée par des experts de la question. Cette base de

données devra intégrer les différentes stratégies qui peuvent être associées à un élément

de la nature.

Figure 19. Présentation de la structure d’un outil d’aide à la décision, qui peut aider les architectesà utiliser des stratégies de la nature de manière plus applicable.

Source : Chayaamor-Heil et Hannachi-Belkadi, 2017.

72 Cet outil est basé sur les réseaux bayésiens (Naïm et al., 2007). Un réseau bayésien est un

modèle probabiliste de connaissances permettant d’associer des causes à des effets. Le

premier intérêt des réseaux bayésiens est qu’ils peuvent être utilisés dans des domaines

où la connaissance n’est pas explicite et difficile à contrôler. Ils permettent de mettre en

relation des éléments d’information sur le projet qui pourraient apparaître indépendants.

Le second intérêt des réseaux bayésiens est qu’ils peuvent être utilisés dans les deux

directions : la propagation du bas vers le haut permettra aux utilisateurs de l’outil

d’identifier des informations sur les domaines (isolation d’été ou d’hiver, la ventilation

par exemple), pour lesquels une stratégie peut être utilisée, et éventuellement de

s’informer sur les contraintes liées à ces stratégies ou les problèmes qu’ils peuvent

susciter sur d’autres postes tel que le confort par exemple (figure 20).

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Figure 20. La propagation de bas en haut permet d’identifier le potentiel de l’utilisation de la peaude la girafe comme stratégie d’isolation et les contraintes que cela impliquerait sur le projet entermes de structure, sa pertinence par rapport au type d’opération et au confort (été/hiver).

Source : Chayaamor-Heil et Hannachi-Belkadi, 2017.

73 La propagation de haut en bas permet aux utilisateurs d’identifier les stratégies de la

nature les plus adaptées pour répondre à un besoin particulier (isolation ou ventilation)

dans un environnement particulier, et les difficultés ou incompatibilités que ces

stratégies peuvent avoir avec d’autres postes, le confort par exemple. En rouge (et à 100 %

) nous pouvons identifier les choix d’entrées parmi les attributs proposés, qui sont à la

fois les stratégies de conception et d’autres informations tels que des contraintes

constructives ou un type d’opérations (figure 21).

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Figure 21 : La propagation de haut en bas permet choisir quelle stratégie de la nature est la pluspertinente pour une isolation d’hiver en construction neuve et pour une structure lourde.

Source : Chayaamor-Heil et Hannachi-Belkadi, 2017.

74 Le troisième point fort des réseaux bayésiens est l’apprentissage qu’il est possible de

mettre en œuvre à deux niveaux pour parfaire le modèle graphique (les variables et les

relations entre variables) et pour alimenter les tables de probabilités grâce à des bases de

données résultantes de retours d’expériences ou des ontologies.

Conclusion

75 Il s’agissait dans cet article de présenter un état du développement du biomimétisme en

architecture et de montrer son potentiel en matière d’innovation. Nous avons décrit les

méthodes habituellement proposées pour le biomimétisme et, sur la base de cas d’étude,

montré qu’il existe plusieurs postures possibles pour concevoir de l’architecture bio-

inspirée : une approche indirecte selon laquelle l’architecte réutilise des outils conçus

avec des méthodes biomimétiques, et une approche directe selon laquelle l’architecte

participe à l’activité biomimétique en collaboration avec des biologistes. Cette dernière

posture semble être plus à même de produite de l’innovation en architecture.

76 Le caractère pluridisciplinaire de la méthode biomimétique, le temps que requiert la

phase d’identification d’un phénomène naturel susceptible d’être transféré en

architecture et les difficultés pour traduire ce phénomène dans l’architecture rendent

une activité de conception biomimétique très chronophage. Ces activités de conception

biomimétique ne sont réalisées, pour la plupart d’entre elles, que dans le cadre de

recherches.

77 Pour faciliter l’usage du biomimétique en architecture, nous proposons le développement

d’une plateforme numérique de collaboration entre architectes, biologistes, ingénieurs et

informaticiens mettant à disposition plusieurs outils d’assistance : des bases de données

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sur la biologie, des outils d’idéation et d’innovation basés sur des ontologies

biomimétiques ainsi que des outils d’aide à la décision et à l’optimisation. Pour

développer cette plateforme, il s’agit désormais pour nous d’expérimenter les différents

outils susceptibles d’en faire partie afin d’en identifier les possibilités et les limites pour

la conception architecturale et de les adapter si nécessaire. Il faudra ensuite identifier les

relations possibles entre ces outils, afin de construire une méthodologie de conception

biomimétique capable de produire des innovations en architecture en vue de répondre

aux enjeux du développement durable.

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Werner Nachtigall, Bionik als Wissenschaft : Erkennen-Abstrahieren-Umsetzen, Berlin, Springer/

Auflage, 2010.

NOTES

1. [http://icd.uni-stuttgart.de].

2. L’élytre est une aile rigide qui sert de protection aux ailes souples des coléoptères volants.

3. [www.fosterandpartners.com].

4. [www.esplanade.com].

5. [www.marinabaysands.com].

Biomimétisme en architecture. État, méthodes et outils

Les Cahiers de la recherche architecturale urbaine et paysagère, 1 | 2018

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Page 32: Biomimicry in Architecture: State, methods and tools

6. [www.mickpearce.com].

7. [www.anthonybechu.com].

8. [www.symbiosis.dk].

9. [www.regenvillages.com].

10. [www.effekt.dk].

11. [http://asknature.org].

RÉSUMÉS

Le biomimétisme inspire l’innovation dans différents domaines. Il a un impact significatif dans le

champ de l’architecture, où il peut conduire à des innovations pour concevoir un environnement

bâti durable. En tant que champ interdisciplinaire, l’architecture est influencée par de nombreux

aspects des sciences naturelles et sociales. Parmi ces influences, l’inspiration de la biologie est

actuellement dominante. Le cadre de la conception bio-inspirée a évolué et s’est transformé en

différentes approches innovantes en grande partie du fait du développement de l’informatique et

de son usage en architecture. Cet article vise à identifier les principales caractéristiques de

l’architecture biomimétique, au regard de l’architecture bio-inspirée et à travers un état des

connaissances dans le domaine et une étude de cas significatifs. L’objectif est de montrer

comment l’usage de méthodologies de conception biomimétique pourrait conduire à des

innovations en architecture en vue de répondre aux enjeux environnementaux actuels. Toutefois

les architectes ne disposent pas encore des moyens d’accès à ces méthodologies biomimétiques

pour les utiliser efficacement, aussi nous présentons à la fin de cet article les caractéristiques

d’une plateforme d’outils qui pourrait faciliter la conception biomimétique dans le champ de

l’architecture.

Biomimicry inspires innovation in diverse fields. It has a significant impact in the architectural

field, where it can lead to innovations directly related to design of sustainable built-

environment. As an interdisciplinary field, architecture is being influenced by many aspects of

the natural and social sciences. Among these influences, biological inspiration is currently

dominating the era. The bio-inspired design framework has evolved and shifted towards

different innovative approaches, especially with the advancements in the computer technologies

and its use in architecture. This article aims to identify the main characteristics of the

biomimetic architecture, in terms of bio-inspired architecture and through a state of knowledge

in the field and a significant case study. The goal is to show how the use of biomimetic design

methodologies could lead to innovations in architecture to meet current environmental

challenges. However, architects do not yet have the means to access these biomimetic

methodologies neither to use them effectively. Thus, we present at the end of this article the

characteristics of a platform of tools that could facilitate biomimetic design approach in the field

of architecture.

INDEX

Mots-clés : biomimétisme, architecture, collaboration interdisciplinaire, éco-innovation, outils

Keywords : biomimicry, architecture, interdisciplinary collaboration, eco-innovation, tools

Biomimétisme en architecture. État, méthodes et outils

Les Cahiers de la recherche architecturale urbaine et paysagère, 1 | 2018

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AUTEURS

NATASHA CHAYAAMOR-HEIL

Architecte et docteur en stratégie biomimétique pour la conception et l’innovation en

architecture, Natasha Chayaamor-Heil est chercheur au MAP-MAACC UMR 3495 CNRS/MCC. Ses

recherches se concentrent sur l’exploration de plusieurs méthodes innovantes pour traduire des

principes de la nature et les mettre en œuvre dans la conception architecturale.

Natasha Chayaamor-Heil et Nelson Montas, « Biomimetic Building skin: Living Envelope for

Contemporary Architecture », The power of Skin, ARKRIT&COMPAC, Madrid, Spain, 2016.

Natasha Chayaamor-Heil et Nazila Hannachi-Belkadi, « Towards a Platform of Investigative Tools

for Biomimicry as a New Approach for Energy-Efficient Building Design », Building Journal, vol.7,

issue 1, 6 mars 2017, Switzerland, MDPI AG, Basel.

Natasha Chayaamor-Heil, « Biomimicry: optimization strategy from nature towards sustainable

solutions for energy-efficient building design », SB-Lab 2017: Proceedings of the International

Conference on Advances on Sustainable Cities and Buildings Development, Green Lines Institute,

Portugal, 2017.

[email protected]

FRANÇOIS GUÉNA

Architecte, docteur et habilité à diriger des recherches en informatique, François Guéna est

professeur à l’Ecole Nationale Supérieur d’Architecture de Paris la Villette. Il dirige l’équipe de

recherche MAACC de l’UMR MAP 3495 CNRS/MCC où il encadre des travaux de recherche sur

l’activité de conception architecturale.

Louis Vitalis et François Guéna, « Narrer pour concevoir, concevoir pour narrer. Enjeux

épistémologiques croisés », Revue française des sciences de l’information et de la communication [en

ligne], 10 | 2017, mis en ligne le 08 février 2017, consulté le 29 décembre 2017. URL : http://

journals.openedition.org/rfsic/2603 ; DOI : 10.4000/rfsic.2603.

T. Zedin, F. Guéna F. et O. Marchand, « La mécatronique dans le processus de conception des

outils de construction : la mesure au sein d’un continuum numérique », Actes du 7e séminaire de

Conception architecturale numérique, Toulouse, Presses universitaires de Nancy, 2016.

J. Silvestre, F. Guéna et Y. Ikeda, « Edition-Oriented 3D Model Rebuilt from Photography. Living

Systems and Micro-Utopias: Towards Continuous Designing », Proceedings of the 21st International

Conference on Computer-Aided Architectural Design Research in Asia (CAADRIA 2016), Melbourne 30

mars-2 avril 2016, 2016, pp. 445-454.

[email protected]

NAZILA HANNACHI-BELKADI

Architecte et docteur en génie urbain, Nazila Hannachi-Belkadi est maître-assistante l’Ecole

Nationale Supérieur d’Architecture de Paris la Villette et chercheure au MAP-MAACC UMR 3495

CNRS/MCC. Ses recherches se concentrent sur le développement d’outils pour la conception et

l’évaluation des bâtiments durables et performants énergétiquement. Elle travaille sur la prise en

compte des usages lors de la conception de ces bâtiments et s’intéresse également au

biomimétisme comme source d’inspiration et d’innovation.

Nazila Hannachi-Belkadi, « Les réseaux bayesiens : une solution pour une conception de

bâtiments économes en énergie adaptée et/ou adaptable aux différents usagers », 8e Journées

francophones sur les réseaux bayésiens et les modèles graphiques probabilistes (JFRB 2016),

Biomimétisme en architecture. État, méthodes et outils

Les Cahiers de la recherche architecturale urbaine et paysagère, 1 | 2018

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Page 34: Biomimicry in Architecture: State, methods and tools

Clermont Ferrand, 27- 28 juin 2016.

Natasha Chayaamor-Heil et Nazila Hannachi-Belkadi, « Towards a Platform of Investigative Tools

for Biomimicry as a New Approach for Energy-Efficient Building Design », Building Journal, vol.7,

issue 1, 6 mars 2017, Switzerland, MDPI AG, Basel.

Biomimétisme en architecture. État, méthodes et outils

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