biographie minois (4) - artuoz

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Minois ● Biographie ● 10/02/2016 1/7 Christine Marsaudon www.artuoz.com Régis Minois ● Biographie Régis Minois, peintre français qui vient au monde à Saint-Malo (France) en 1959 tisse des liens secrets avec ses illustres aînés. Comme Courbet, Picasso et Raphaël, il « apprend » très jeune que « ce sera la peinture et rien d’autre ». Entré en 1977 à l'école des beaux-arts au Mans, il se plie quelques mois aux enseignements académiques avant de s’en affranchir pour déployer au fil des années et des expositions, une œuvre imprégnée de l’histoire de l’art peint et détachée des contraintes nihilistes des courants les plus récents : il ne renonce jamais à convoquer la couleur ou la matière avec générosité, loin de l’art minimal ou de la « geôle petit bateau » chère à D.B. Les tableaux de Régis Minois figurent dans de multiples collections privées en France et à l’étranger (Italie, Etats-Unis, Chine, Suède, Suisse, Pays-Bas, Espagne, Luxembourg…). Cadet d’une fratrie de deux garçons, il grandit dans une famille dont le père occupe un poste de direction dans la grande distribution et la mère est secrétaire dans une compagnie d’assurances. Régis Minois ressent le premier éveil de sa sensibilité artistique à l’âge de treize ans en découvrant au collège, guidé par une enseignante en arts plastiques, la peinture de Van Gogh. Ses parents achètent à la même époque deux reproductions pour l'appartement familial du Mans : un paysage sous la neige d'Alfred Sisley et une marine de William Turner. Le jeune adolescent que son tempérament pousse à la rêverie, passe de longues heures à les contempler, magnétiquement attiré par ce geste de peindre qu’il ne connaît pas mais dont il pressent déjà la puissance. La neige dévorant la nature environnante et les univers aquatiques sont des motifs invoqués dans son travail, comme une réminiscence de ce premier étonnement, une fidélité inconsciente à l'émotion originelle. Ses parents, sentant l'attrait qu'exerce sur lui la peinture, lui offrent pour son quatorzième anniversaire "Goodbye Picasso" de David Douglas Duncan, un livre qui aiguillonne la vocation précoce de Régis. Cette nouvelle rencontre, cette fois avec la violence créatrice du prolifique andalou, lui permet d’entrevoir un chemin de liberté sans savoir encore comment il va l'emprunter. L'année suivante la visite de la Tate Gallery le fascine. Le contact direct avec les œuvres originales de Giacometti, Cézanne, Bonnard… laissera en lui une empreinte décisive. Une vive attirance pour cet art en rupture avec le classicisme mais qui s'appuie sur l'histoire de la peinture à travers les siècles s’installe définitivement en lui. Il glisse mentalement dans le sillage de ces artistes : il veut être peintre et accomplir une œuvre singulière dans la durée. Transparence aquatique, 2013 Huile sur toile 120 x 120 cm [47 x 47 inches]

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Page 1: Biographie Minois (4) - Artuoz

Minois ● Biographie ● 10/02/2016 1/7

Christine Marsaudon www.artuoz.com

Régis Minois ● Biographie

Régis Minois, peintre français qui vient au monde à Saint-Malo (France) en 1959 tisse des

liens secrets avec ses illustres aînés. Comme Courbet, Picasso et Raphaël, il « apprend » très jeune

que « ce sera la peinture et rien d’autre ». Entré en 1977 à l'école des beaux-arts au Mans, il se plie

quelques mois aux enseignements académiques avant de s’en affranchir pour déployer au fil des

années et des expositions, une œuvre imprégnée de l’histoire de l’art peint et détachée des

contraintes nihilistes des courants les plus récents : il ne renonce jamais à convoquer la couleur ou

la matière avec générosité, loin de l’art minimal ou de la « geôle petit bateau » chère à D.B.

Les tableaux de Régis Minois figurent dans de multiples collections privées en France et à l’étranger

(Italie, Etats-Unis, Chine, Suède, Suisse, Pays-Bas, Espagne, Luxembourg…).

Cadet d’une fratrie de deux garçons, il grandit dans une famille dont le père occupe un

poste de direction dans la grande distribution et la mère est secrétaire dans une compagnie

d’assurances. Régis Minois ressent le premier éveil de sa sensibilité artistique à l’âge de treize ans

en découvrant au collège, guidé par une enseignante en arts plastiques, la peinture de Van Gogh.

Ses parents achètent à la même époque deux reproductions pour l'appartement familial du Mans :

un paysage sous la neige d'Alfred Sisley et une marine de William Turner. Le jeune adolescent que

son tempérament pousse à la rêverie, passe de longues heures à les contempler, magnétiquement

attiré par ce geste de peindre qu’il ne connaît pas mais dont il pressent déjà la puissance. La neige

dévorant la nature environnante et les univers aquatiques sont des motifs invoqués dans son travail,

comme une réminiscence de ce premier étonnement, une fidélité inconsciente à l'émotion

originelle.

Ses parents, sentant l'attrait qu'exerce sur lui la peinture, lui offrent pour son quatorzième

anniversaire "Goodbye Picasso" de David Douglas Duncan, un livre qui aiguillonne la vocation

précoce de Régis. Cette nouvelle rencontre, cette fois avec la violence créatrice du prolifique

andalou, lui permet d’entrevoir un chemin de liberté sans savoir encore comment il va l'emprunter.

L'année suivante la visite de la Tate Gallery le fascine. Le contact direct avec les œuvres originales

de Giacometti, Cézanne, Bonnard… laissera en lui une empreinte décisive. Une vive attirance pour

cet art en rupture avec le classicisme mais qui s'appuie sur l'histoire de la peinture à travers les

siècles s’installe définitivement en lui. Il glisse mentalement dans le sillage de ces artistes : il veut

être peintre et accomplir une œuvre singulière dans la durée.

Transparence aquatique, 2013 Huile sur toile

120 x 120 cm [47 x 47 inches]

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Il entre en 1977 à l'école des beaux-arts au Mans. Considéré comme un élève très doué en

dessin, il interrompt pourtant rapidement sa formation académique dans cette institution, assoiffé

de cette indépendance et de cette liberté qu’il a toujours perçues dans la peinture dès le plus

jeune âge. En 1983, à 24 ans, il expose pour la première fois au Palais des congrès au Mans.

Utilisant à ses débuts l'acrylique, Minois trace

alors inlassablement sur le papier d'abord puis sur la

toile, un univers familier. Il aiguise son regard et

affûte sa technique en peignant sur le motif des

portraits, des autoportraits, des scènes intimistes

dans lesquelles se glissent au fil des années ses

enfants, des marines nourries de son amour pour la

Bretagne qui l'inspire à chacun de ses séjours à

Cancale, des natures mortes qui sont plutôt de vivants

portraits à croquer. Son intérêt pour les

Impressionnistes, Monet tout particulièrement, mais

également pour les Fauves et les Nabis, influence à

l'évidence ses premières compositions et le pousse à

l'empoignade avec la couleur en développant une

habileté de représentation débarrassée de la

figuration réaliste et de la contrainte de la

perspective. Son regard métabolise le réel et la

couleur dévore son art.

Dans les années 90, encouragé par les

premiers acheteurs de ses tableaux, devenus de

fidèles collectionneurs, et soutenu par les expositions

régulières de son travail, notamment au Mans à la

« Galerie des Remparts », Régis Minois abandonne son

activité alimentaire dans une imprimerie pour se

consacrer totalement à la peinture.

La sieste à deux, 1991 Acrylique sur papier 63 x 52 cm [25 x 20 inches]

Le plat marocain aux citrons, 1995 Huile sur toile

50 x 50 cm [20 x 20 inches]

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Minois ● Biographie ● 10/02/2016 3/7

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A la fin des années 90 l’Italie accueille une suite d’expositions de Minois si bien qu’en

2000 elle devient sa terre d’adoption. Il s’installe en Toscane, avec son épouse et ses quatre

enfants. Ils trouvent là-bas, mise à disposition par un mécène, une chapelle transformée en maison

et en atelier, perchée sur une colline isolée. Distant du monde urbain, plongé dans la nature, Minois

peint la terre brûlée, les champs écrasés de lumière, les alignements de cyprès qui découpent

l’horizon et le ciel parme. Les aplats sont plus larges, la matière déjà plus prégnante. Le glissement

vers l'abstraction est en marche.

Vient la période des toiles plus

grandes, à l'huile, technique qu'il privilégie

aujourd'hui encore. Il peint avec jubilation des

scènes d'intérieur et des plongées lumineuses

sur la terrasse et le jardin par la fenêtre

ouverte, comme un hommage instinctif à "La

leçon de musique" de Matisse et aux "Pigeons"

de Picasso - tableau de 1957.

Il poursuit avec application et gourmandise

son exploration des œuvres qui l'ont précédé,

et se laisse subjuguer par les tableaux de

Nicolas de Staël qu’il considère comme un

maître en « pureté, densité et poésie » ; une

œuvre qui sera pendant quelques années une

référence stimulante dans sa recherche

artistique.

Deux ans plus tard le voyage italien prend fin et Minois

s'établit dans le sud de la France. C'est là qu'il travaille

aujourd'hui, heureux de trouver une lumière méridionale

proche de celle qui l'a ébloui lors de son séjour toscan.

Fidèle à ce terroir ensoleillé comme aux paysans et

viticulteurs voisins, devenus ses amis, et qui

produisent selon les règles de l’agriculture biologique, un

vin amoureux de la terre. L'artiste dont la peinture tout en

flirtant singulièrement avec l'abstraction parvient à

provoquer une mémorable sensation de nature, entretient

avec cette dernière une relation fondée sur l’échange

harmonieux : pour Minois, l’Homme doit impérativement

préserver sa biosphère, en retour celle-ci lui procure tout

autant les ingrédients de sa survie que ceux de son

dépassement artistique.

Terrasse d’été à la pastèque et à l’acquabrita 1994, Huile sur toile

130 x 97 cm [51 x 38 inches]

Toscane, les cyprès, 2001 Huile sur toile 40 x 50 cm [16 x 20 inches]

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Minois ● Biographie ● 10/02/2016 4/7

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En 2009, la municipalité

d'Albi offre à Minois un vaste lieu à

investir, l'Hôtel Rochegude . Désireux

de réaliser une série liée à la ville qui

accueille son travail, il imagine un

ensemble de 25 toiles où flottent les

reflets d’Albi et de sa cathédrale dans

les eaux du Tarn. La préparation de

cette exposition sera pour lui l'occasion

de basculer un peu plus dans

l’abstraction en s’amusant de la

dispersion du monde bâti et végétal à

travers le prisme aquatique. Le travail

de Minois devient « suggestion », lieu

de rencontre avec l’intention troublante

de la peinture. Depuis cette période,

les séries se sont aussi installées au

cœur du travail de l’artiste.

En 2011 les Musées du Mans

l’invitent à la collégiale Saint-Pierre-

La-Cour où il propose un ensemble de

grands formats et de polyptyques

imaginés pour offrir un écho à l’ample

beauté de la bâtisse. L’exposition

« Un sentiment de nature » renferme

notamment deux grands triptyques,

"Le grand saule" et "Reflet de lune sur

la lagune" qui projettent vers le

visiteur une nature à la force

d’émerveillement indépassable,

dominant l'Homme dans la durée, lui

imposant l’humilité. L'ensemble

connaît un très vif succès.

Albi reflets 1, 2008

Huile sur toile 120 x 120 cm [47 x 47 inches]

Reflet de lune sur la lagune, 2010 Huile sur toile

240 x 120 cm [94 x 47 inches]

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Minois ● Biographie ● 10/02/2016 5/7

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Les toiles des séries « Emaux » ou « Visions chinoises » convoquent une touche sculpturale,

de la peinture à l’huile modelée, parfaitement maîtrisée. L’envie de tendre le bras pour voir du

bout des doigts n’est jamais loin. Proche dans le temps, la série « Horizons » choisit une rupture

technique et esthétique radicale : la règle y écrase la matière à même la toile contrariant

l’horizontalité colorée par une hachure verticale qui cadence le support comme la portée structure

la musique, créant une illusion de peinture sur bois de filiation classique.

Entre l’été 2013 et le printemps

2014 son travail fait l’objet d’une suite

d’expositions collectives d’artistes français

en Chine, à Wuxi, Shanghaï et Beijing (Pékin).

Minois accomplit son premier voyage là-bas en

compagnie de son épouse en juin 2013, à

l’occasion de l’exposition inaugurale de Wuxi.

L’exposition personnelle « Emaux et

autres horizons » est proposée en parallèle

au Mans en mars 2014, lien avec les

collectionneurs et le public historique de

Minois, elle permet de découvrir des œuvres

réalisées dans la même période que celles

montrées en Chine, ou peintes dès son retour.

La tulipe noire, 2013 Huile sur toile 146 x 97 cm [57 x 38 inches]

Parallèlement à l’exploration abstraite, Minois

poursuit un exercice avec lequel il se donne

périodiquement rendez-vous et dans lequel il excelle,

celui de l’autoportrait ou du portrait : il présente au

Mans en 2014 trois portraits en technique mixte sur

papier de Claude Nougaro, figure érigée en Moaï

mystique de l’Ile de Pâques. L’un de ces portraits est

reproduit dans le livre « Nougaro au fils des mots »

publié en 2014 en hommage au poète-musicien, disparu

depuis 10 ans.

Portrait de Claude Nougaro, 2013

Technique mixte sur papier

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Minois ● Biographie ● 10/02/2016 6/7

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2015, année durant laquelle le noir,

couleur qu’il affectionne comme entière et

expressive, disparaît notablement de ses

toiles. Employé en masses sculpturales dans

la période précédente, il se retire, libérant

l’espace et l’esprit de conquête du peintre,

chercheur impénitent de lui-même. Reflux

provisoire ou définitif ? Rien n’est jamais

certain. Minois est en effet peu sensible au

fait que ce qu’il produit, pour être mieux

reconnu au présent, doive se figer, se

singer inlassablement. Se surprendre,

étonner, parcourir de nouveaux sentiers,

voilà bien le grand plaisir intact, préservé,

de plus de 30 ans d’escapades en peinture.

Depuis 2015, Artuoz présente en permanence à Chartres-Luisant un ensemble d’œuvres

issues des séries les plus récentes exécutées par Régis Minois, dans un lieu devenu « extension du

domaine-atelier de l’artiste » ; et organise des expositions extérieures afin de confronter son travail

à de multiples espaces.

Lou y es-tu ?, 2015 Huile sur toile 60 x 81 cm

[24 x 32 inches] Ciel d’hiver, 2015 Huile sur toile

89 x 116 cm [35 x 46 inches]

Page 7: Biographie Minois (4) - Artuoz

Minois ● Biographie ● 10/02/2016 7/7

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L’illustre Cézanne ajouta sous son nom sur le catalogue de la dernière exposition organisée

de son vivant à Aix-en-Provence : « Elève de Pissaro », Pissaro considéré par nombre de ses pairs

comme « un professeur-né en peinture » donnait le conseil suivant : « Il faut chercher la nature qui

convient à son tempérament, regarder le motif plus pour la forme et la couleur que pour le

dessin…Peindre le caractère essentiel des choses, chercher à le rendre par n’importe quel

moyen…Ne pas procéder d’après les règles et les principes, mais peindre ce qu’on observe et ce

qu’on sent. Il faut peindre généreusement et sans hésitation, car il est préférable de ne pas

manquer l’impression première ressentie. Pas de timidité devant la nature : il faut oser, au risque

de se tromper et de commettre des fautes ».(1)

Comme en écho aux conseils de Pissaro, l’œuvre de Régis Minois se construit dans la

constante certitude que la prochaine étape doit continuer à le pousser dans la conquête d’un

nouveau geste en acceptant le risque de s'égarer momentanément. L’étonnement de l’enfant a été

premier dans la décision de devenir peintre, il reste premier dans le souci de réinventer sans trêve

à l’âge de la maturité, avec de nouveaux outils et la substance colorée de la peinture à l’huile, la

joie de cet étonnement primitif.

Minois dit des toiles peintes dans la période la plus récente qu'elles sont le fruit

d'observations profondes et multiples, d'une combinaison mentale : "mon cerveau regroupe les

informations reçues, je sens tout ça monter en moi petit à petit, avec force, jusqu'au point où je

sais que c'est mûr. Alors il faut agir rapidement et tenter de recréer sur la toile la beauté de tout

ce que j'ai emmagasiné, plus qu'une imitation de la nature, un sentiment de nature... ».

Christine Marsaudon Cofondatrice d’ARTUOZ Collectionneuse de l’œuvre de Minois depuis 1994

Contact : [email protected] ● 06 89 41 15 26

Artuoz ● 29 avenue Maurice Maunoury Chartres – 28 600 luisant

(1) Citation extraite de « Dix grands peintres de Manet à Rouault », Henri Perruchot, 1965