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Biodiversité, état des sols, pollution : l'environnement se dégrade en Europe Le Monde.fr | 03.03.2015 à 00h05 • Mis à jour le 03.03.2015 à 12h01 | Par Pierre Le Hir Biodiversité en déclin, écosystèmes dégradés, sols et ressources naturelles sous pression, milieux aquatiques souillés, pollution atmosphérique alarmante, déchets mal recyclés... C'est un tableau plus noir que vert que dresse le rapport 2015 de l'Agence européenne pour l'environnement (AEE), rendu public mardi 3 mars. « Notre analyse montre que les politiques européennes ont relevé avec succès beaucoup de défis environnementaux au fil des années. Mais elle montre aussi que nous continuons à malmener les systèmes naturels dont dépend notre prospérité », commente Hans Bruyninckx, directeur général de l'agence de l'Union européenne (UE). Cette synthèse de quelque 200 pages couvre une zone géographique de trente-neuf pays, aux vingt-huit membres de l'UE s'ajoutant l'Albanie, la Bosnie-Herzégovine, l'Islande, le Kosovo, le Liechtenstein, la Macédoine, le Monténégro, la Norvège, la Serbie, la Suisse et la Turquie. Les cinq années écoulées depuis la publication du dernier rapport, en 2010, permettent de mesurer les progrès accomplis dans certains domaines, comme la qualité de l'air et de l'eau ou la réduction des émissions de gaz à effet de serre. « La mise en œuvre des politiques environnementales et climatiques a été dans l'ensemble bénéfique au fonctionnement des écosystèmes en Europe ainsi qu'à la qualité de vie et la santé de ses citoyens », souligne le document. Mais dans beaucoup de secteurs, la tendance récente est au contraire « à la détérioration » : c'est le cas pour la biodiversité des milieux continentaux et aquatiques et celle du milieu marin, l'utilisation des terres, l'impact du changement climatique sur les écosystèmes, ainsi que pour les risques sanitaires liés au changement climatique et aux substances chimiques. Or, l'étude, dont l'intérêt est aussi d'établir des projections à moyen terme, annonce qu'au-delà des deux prochaines décennies, la situation devrait continuer à se dégrader pour la biodiversité, les sols, les écosystèmes ou les risques sanitaires. Voici, en quelques indicateurs, l'état des lieux de l'environnement en Europe.

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Biodiversit, tat des sols, pollution : l'environnement se dgrade en EuropeLe Monde.fr|03.03.2015 00h05 Mis jour le03.03.2015 12h01|ParPierre Le HirBiodiversit en dclin, cosystmes dgrads, sols et ressources naturelles sous pression, milieux aquatiques souills, pollution atmosphrique alarmante, dchets mal recycls... C'est un tableau plus noir que vert que dressele rapport 2015 de l'Agence europenne pour l'environnement (AEE), rendu public mardi 3 mars.Notre analyse montre que les politiques europennes ont relev avec succs beaucoup de dfis environnementaux au fil des annes. Mais elle montre aussi que nous continuons malmener les systmes naturels dont dpend notre prosprit, commente Hans Bruyninckx, directeur gnral de l'agence de l'Union europenne (UE).Cette synthse de quelque 200 pages couvre une zone gographique de trente-neuf pays, aux vingt-huit membres de l'UE s'ajoutant l'Albanie, la Bosnie-Herzgovine, l'Islande, le Kosovo, le Liechtenstein, la Macdoine, le Montngro, la Norvge, la Serbie, la Suisse et la Turquie. Les cinq annes coules depuis la publication du dernier rapport, en 2010, permettent de mesurer les progrs accomplis dans certains domaines, comme la qualit de l'air et de l'eau ou la rduction des missions de gaz effet de serre.La mise en uvre des politiques environnementales et climatiques a t dans l'ensemble bnfique au fonctionnement des cosystmes en Europe ainsi qu' la qualit de vie et la sant de ses citoyens, souligne le document.Mais dans beaucoup de secteurs, la tendance rcente est au contraire la dtrioration: c'est le cas pour la biodiversit des milieux continentaux et aquatiques et celle du milieu marin, l'utilisation des terres, l'impact du changement climatique sur les cosystmes, ainsi que pour les risques sanitaires lis au changement climatique et aux substances chimiques. Or, l'tude, dont l'intrt est aussi d'tablir des projections moyen terme, annonce qu'au-del des deux prochaines dcennies, la situation devrait continuer se dgrader pour la biodiversit, les sols, les cosystmes ou les risques sanitaires. Voici, en quelques indicateurs, l'tat des lieux de l'environnement en Europe. 60 % des espces en situation dfavorableLa biodiversit des milieux continentaux et aquatiques continue de s'affaiblir, principalement en raison des pressions exerces par les activits humaines : modification ou dgradation des habitats naturels par l'talement urbain, intensification de l'agriculture ou gestion intensive des forts ; surexploitation des ressources naturelles ; implantation d'espces exotiques envahissantes ; impact croissant du rchauffement climatique...Sur la priode 2007-2012, la majorit des espces animales et vgtales (60 %), ainsi que de leurs habitats (77 %), se trouvaientdans un tat de conservation dfavorable. Seuls 23 % des animaux et des plantes et 16 % des types d'habitat taient dans une situationfavorable, les donnes faisant dfaut pour 17 % des espces et 7 % des habitats. Cela en dpit de l'extension du rseau de zones protges Natura 2000, qui couvre aujourd'hui 18 % de la surface terrestre de l'UE. L'objectif de stopper la perte globale de biodiversit esten mauvaise voie.Lire :La Terre a perdu la moiti de ses animaux sauvages en 40 ans La vie marine sous haute pressionLes cosystmes marins et ctiers sont eux aussi soumis de fortes pression dans toute l'Europe. L'objectif de l'UE d'atteindreun bon tat environnementald'ici 2020 est compromis par la surpche, la destruction des fonds marins, la pollution, l'introduction d'espces envahissantes et l'acidification des mers.Globalement, seuls 9 % des habitats marins valus et 7 % des espces marines sont dans un tat de conservationfavorable. La surpche a sensiblement dcru dans les eaux europennes de l'ocan Atlantique et de la mer Baltique, o le pourcentage de stocks de poissons exploits au-del de leur taux de rendement maximum durable a chut de 94 % en 2007 41 % en 2014. En Mditerrane en revanche, 91 % des stocks taient estims en surpche en 2014. En mer Noire, cinq des sept stocks de poissons connus sont en situation de surexploitation. Des terres appauvriesL'artificialisation des sols, due principalement l'urbanisation, s'accompagne de leur fragmentation (30 % du territoire de l'UE est aujourd'hui fortement morcel), mais aussi de leur dgradation, du fait de l'intensification de la production agricole et de l'rosion, qui touche plus de 25 % de l'espace europen.L'utilisationnon durabledes terres, facteur majeur de la perte de biodiversit, menace aussi lesservices cosystmiquesassurs par les sols (comme le stockage de l'eau ou la filtration de contaminants), en mme temps qu'elle accrot la vulnrabilit de l'Europe au changement climatique et aux catastrophes naturelles. Cette situation, qu'il estdifficile ou coteux d'inverser,ne devrait pas changer de manire favorable. Qualit des eaux : des progrs insuffisantsL'tat des cosystmes aquatiques s'est amlior, mais l'objectif de la directive-cadre visant ce que toutes les eaux, de surface comme souterraines, atteignentun bon tat cologiqueen 2015 est loin d'tre atteint. Seules la moiti d'entre elles satisfont ce critre. De faon gnrale, les rivires sont dans un tat plus dgrad que les lacs ou les eaux ctires. La situation est la plus proccupante pour les eaux de surface des rgions d'Europe centrale et du nord-ouest de l'Europe qui pratiquent une agriculture intensive et prsentent une forte densit de population.L'agriculture reste une source de pollution massive, par ruissellement des engrais qui se retrouvent aussi bien dans les eaux de surface (plus de 40 % des rivires sont affectes) que dans les nappes souterraines (dont 25 % souffrent de la prsence de nitrates). Cet apport excessif de nutriments, qui provoque un phnomne d'eutrophisation, entrane la prolifration d'algues et l'apparition de zones mortes prives d'oxygne. A la pollution agricole s'ajoute celle des installations industrielles, qui touche entre 20 % et 25 % des rivires et des eaux ctires. Dchets : loin d'une conomie circulaireMalgr une utilisation plus efficace des matires premires, les modes de vie europens restent trs consommateurs de ressources naturelles, compars aux standards mondiaux. Or, si la production de dchets par Europen a baiss de 7 % entre 2004 et 2012 (de 1 943 1 817 kg par personne et par an, tous dchets confondus), et si le taux de recyclage a progress (il est pass de 28 % 36 % sur la mme priode pour les dchets municipaux), l'Europe est encore loin d'uneconomie circulaire sans gaspillage. En 2010, encore 22 % de la quantit totale de dchets produits taient mis en dcharge.Des progrs sont enregistrs dans certaines filires : la production d'acier est ainsi dsormais assure 56 % par des matriaux recycls. Mais la solution de l'incinration reste privilgie dans beaucoup de pays. Une pollution de l'air persistanteDes progrs ont t enregistrs. Depuis 1990, les missions industrielles de polluants ont largement diminu l'chelle de l'Europe. Pour autant, en 2012, l'industrie tait encore l'origine de 85 % des missions de dioxyde de soufre, 40 % de celles d'oxydes d'azote et 20 % de celles de particules fines. Le cot des dommages (atteintes la sant, perte de rendement agricole, dgts matriels...) causs par les 14 000 installations les plus polluantes d'Europe est chiffr entre 329 et 1 053 milliards d'euros sur la priode 2008-2012.En zone urbaine, o la pollution provient majoritairement du trafic routier, les statistiques restent terrifiantes : en 2012, prs de 98 % de la population tait expose des niveaux d'ozone dpassant les recommandations de l'Organisation mondiale de la sant (OMS). Pour les particules fines (PM2,5, dont le diamtre est infrieur 2,5 micromtres), c'tait le cas de 92 % de la population. Et pour les PM10 (particules en suspension d'un diamtre infrieur 10 micromtres), de 64 % des citadins. Prs de 430 000 dcs prmaturs taient attribus aux PM2,5 en 2011 et, chaque anne, l'ozone serait responsable de 16 000 morts prmatures en Europe.S'y ajoute, en milieu urbain, la pollution sonore, qui contribue environ 10 000 dcs prmaturs par an (risque accru de crise cardiaque et d'accident vasculaire crbral), prs de 90 % des effets du bruit sur la sant tant imputables au trafic routier. Changement climatique : des effets dltresLes impacts du rchauffement sur la sant devraient s'intensifier, surtout pour les populations vulnrables (personnes ges, enfants, individus souffrant de maladies chroniques, groupes socialement dfavoriss). En particulier, l'augmentation probable de la frquence et de l'intensit des canicules, surtout dans le sud de l'Europe, pourrait entraner, en l'absence de mesures d'adaptation, entre 60 000 et 165 000 dcs supplmentaires l'chelle du continent. L'effet des canicules devrait tre exacerb dans les zones urbaines.Dans le mme temps, faute de mesures prventives l encore, l'accroissement prvu du risque d'inondations ctires et de dbordements de riviresaccentuera considrablement les dommages en termes de pertes conomiques et de personnes touches, avec des rpercussions surla sant mentale, le bien tre, l'emploi et la mobilit. En outre, le changement climatique devrait influer sur la rpartition et le cycle saisonnier de certaines maladies infectieuses, comme celles transmises par les moustiques et les tiques. Un phnomne qu'illustre dj l'expansion vers le nord et l'est de l'Europe du moustique tigre asiatique, vecteur du chikungunya et de la dengue. Le reste de la plante affectL'Europe ne vit pas en vase clos, et le rapport de l'AEE consacre un chapitre l'impact environnemental des modes de production et de consommation des Europens sur le reste de la plante. Une large partie del'empreinte environnementaleassocie aux biens consomms dans l'UE s'exerce en effet hors de ses frontires. En particulier, 56 % des terres ncessaires aux produits consomms en Europe sont exploites hors de son territoire. De mme, plus de 40 % des ressources hydriques et environ 30 % des matires premires utilises pour fournir le march europen proviennent d'autres rgions du globe.Quant aux missions de gaz effet de serre gnres par la production des biens consomms au sein de l'UE, elles se produisent pour prs de 25 % l'extrieur de l'espace communautaire. Un transfert qui relativise le bon score affich par les Vingt-Huit dans ce domaine (avec une baisse de 19 % de leurs missions entre 1990 et 2012). En dfinitive,une proportion considrable de la pression environnementale associe la consommation de l'UE est supporte par des territoires hors d'Europe. Trop peu d'objectifs contraignantsQue faire, alors que l'UE dispose dj d'un arsenal de directives et de rglementations sur la faune, les sols, l'eau, les ocans, l'air ou le climat ? Le rapport appelle des politiques plus ambitieusespour parvenir lavision 2050, ainsi dfinie dans le septime programme d'action communautaire pour l'environnement, adopt en 2013 :Bien vivre, dans les limites de notre plante. Il note que dans le domaine de l'environnement, l'UE s'est jusqu'ici fixtrop peu d'objectifs contraignants pour le long terme, nombre de ces objectifs n'ayant pas de caractre obligatoire.L'AEE exhorte aussi une refonte complte des systmes de production et de consommation qui sont l'origine des pressions exerces sur l'environnement et le climat. Ce qui ncessite, ajoute-t-elle,de profonds changements dans les institutions, les pratiques, les technologies, les politiques et les modes de vie et de pense prdominants.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/03/03/biodiversite-etat-des-sols-pollution-l-environnement-se-degrade-en-europe_4586006_3244.html#ZHEjXpcSbXFMsVHO.99