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Les plantations réalisées sur des savanes herbeuses régulièrement parcourues par les feux concourent généralement à accroître la biodiversité, Pointe-Noire au Congo. Photo J. Tassin. Jacques Tassin 1 Aimé P. Missamba-Lola 2 Jean-Noël Marien 1, 2 1 Cirad Upr Bsef Biens et services des écosystèmes forestiers tropicaux Campus international de Baillarguet 34398 Montpellier Cedex 05 France 2 Ur2pi BP 1291 Pointe-Noire Congo Biodiversité des plantations d’eucalyptus BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2011, N° 309 (3) 27 BIODIVERSITÉ

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Les plantations réalisées sur des savanes herbeuses régulièrement parcourues par les feuxconcourent généralement à accroître la biodiversité, Pointe-Noire au Congo.Photo J. Tassin.

Jacques Tassin1

Aimé P. Missamba-Lola2

Jean-Noël Marien1, 2

1 CiradUpr BsefBiens et services des écosystèmes forestiers tropicauxCampus international de Baillarguet34398 Montpellier Cedex 05France

2 Ur2piBP 1291Pointe-NoireCongo

Biodiversité des plantationsd’eucalyptus

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RÉSUMÉ

BIODIVERSITÉ DES PLANTATIONSD’EUCALYPTUS

Les plantations d’eucalyptus souffrentd’une image négative relative à leur diver-sité biologique. Une représentation uni-voque paraît néanmoins abusive dans lamesure où l’on s’adresse alors à desmodèles de référence, des échelles, descontextes et des objectifs qui peuventêtre très divers. Il convient de clarifier lesprocessus agissant, à un niveau d’organi-sation du vivant qui leur est souvent spé-cifique, sur la biodiversité des planta-tions d’eucalyptus. Trois niveauxprincipaux sont distingués : la parcelle deplantation, le paysage environnant, larégion. La diversité génétique des euca-lyptus plantés, leur allélopathie poten-tielle, l’éclairement et la production deressources à l’égard de la faune peuvents’envisager à l’échelle de la parcelle plan-tée. Une approche paysagère permetalors, à un niveau supérieur, d’appréhen-der les flux d’espèces, d’éventuellesformes de conversion et des effets de pro-tection directs ou indirects. Le niveaurégional, enfin, relève de l’investigationdes facteurs climatiques, mais aussianthropiques, qui pèsent à leur tour surl’expression de la biodiversité des planta-tions d’eucalyptus. D’après l’approchehiérarchique, il paraît avantageux quel’ensemble des critères, indicateurs etvérificateurs identifiés pour une sylvicul-ture durable des plantations d’eucalyptussoient également appliqués selon de telsniveaux d’organisation. Mais en amontd’une telle démarche, il importe d’explici-ter l’ensemble des attentes socialesdévolues aux plantations d’eucalyptus,de manière à orienter convenablementles techniques retenues, les pratiquessylvicoles mises en œuvre, et les modesde gestion de tels peuplements.

Mots-clés : diversité biologique,approche hiérarchique, évaluation de labiodiversité, certification, pratiques syl-vicoles, impact environnemental.

ABSTRACT

BIODIVERSITY OF EUCALYPTUSPLANTATIONS

Eucalyptus plantations have a negativeimage in terms of their biological diver-sity. It would, however, be unfair to over-simplify this representation, since itbrings into play a broad diversity of refer-ence models, scales, contexts and objec-tives. It is appropriate to clarify theprocesses affecting the biodiversity ofeucalyptus plantations according to spe-cific levels of organization. Three mainlevels can be identified: the plantationplot itself, the surrounding landscapeand the region. The genetic diversity ofplanted eucalyptus trees, their potentialallelopathic relations with other organ-isms, the light conditions in the planta-tion and the production of wildliferesources can be examined on the scaleof the plantation plot. On a higher level,the landscape approach can cast light onthe flow of species, possible forms ofconversion and the direct or indirect pro-tection effects. Finally, the regionalapproach involves the investigation of cli-matic, but also anthropogenic factorswhich, in turn, exert pressure on the bio-diversity of eucalyptus plantations.According to the hierarchy approach, itwould seem beneficial to apply all of thecriteria, indicators and means of verifica-tion identified for the sustainable silvicul-ture of eucalyptus plantations equally inaccordance with such levels of organisa-tion. But prior to taking such a step, it isimportant to clarify the range of socialexpectations focused on eucalyptus plan-tations in order to apply the techniquesselected, the silvicultural practicesapplied and the type of management ofsuch stands in an acceptable manner.

Keywords: biological diversity, hierarchyapproach, biodiversity evaluation, certifi-cation, silvicultural practices, environ-mental impact.

RESUMEN

BIODIVERSIDAD EN PLANTACIONES DE EUCALIPTOS

Las plantaciones de eucaliptos sufren deuna imagen negativa en cuanto a sudiversidad biológica. No obstante, unarepresentación unívoca parece excesivaen la medida en que se destina a mode-los de referencia, escalas, contextos yobjetivos que pueden ser muy diversos.Conviene esclarecer los procesos queactúan, en un nivel de organización delos organismos vivos que suele ser espe-cífico, sobre la biodiversidad de las plan-taciones de eucaliptos. Se diferenciantres niveles principales: la parcela deplantación, el paisaje circundante y laregión. La diversidad genética de loseucaliptos plantados, su potencial alelo-pático, la iluminación y la producción derecursos respecto a la fauna pueden con-siderarse a escala de la parcela plantada.Un enfoque paisajístico permite enton-ces, a un nivel superior, entender los flu-jos de especies, las posibles formas deconversión y los efectos de proteccióndirectos o indirectos. El nivel regional,por último, consiste en la investigaciónde los factores climáticos, y tambiénantrópicos, que a su vez se ciernen sobrela expresión de la biodiversidad de lasplantaciones de eucaliptos. Según elenfoque jerárquico, parece más útil queel conjunto de criterios, indicadores yverificadores identificados para una silvi-cultura sostenible de las plantaciones deeucalipto se aplique también siguiendoestos niveles de organización. Pero pre-viamente a este planteamiento, es impor-tante explicitar el conjunto de expectati-vas sociales atribuidas a las plantacionesde eucalipto para, de este modo, orientaradecuadamente las técnicas elegidas, lasprácticas silvícolas aplicadas y los modosde manejo de estas masas.

Palabras clave: diversidad biológica,enfoque jerárquico, evaluación de la bio-diversidad, certificación, prácticas silví-colas, impacto ambiental.

J. Tassin, A. P. Missamba-Lola, J.-N. Marien

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Introduction

Les plantations d’eucalyptus couvrent de 13 à 19 mil-lions d’hectares distribués dans plus de 70 pays (Fao,1995). Elles recouvrent une multitude de réalités, selonqu’elle sont par exemple dans un système à dominanteindustrielle ou paysanne. Le succès du genre Eucalyptusrésulte d’une heureuse conciliation entre rapidité de crois-sance, rusticité, plasticité écologique, aptitude au recé-page, productivité et fourniture de produits industriels oudomestiques très diversifiés. Avec les pins, les eucalyptusrecouvrent 30 % des plantations actuelles (Fao, 2005).

Or, ces plantations revêtent également une dimensionculturelle exacerbant parfois des craintes latentes. L’intrusionomniprésente de cet arbre dans les paysages anthropogènestropicaux et méditerranéens vient bousculer une représenta-tion idéale de la sylviculture où s’harmonisent la valorisationde l’espace, l’esthétique paysagère, le foncier, l’emploi et lafilière bois. C’est cependant précisément sur le terrain de labiodiversité que s’est aujourd’hui cristallisée la polémiquesur les conséquences socio-environnementales de la sylvi-culture des plantations d’eucalyptus.

Selon la définition de la Convention sur la diversité bio-logique, la biodiversité est la variabilité observée en un lieuau sein des espèces, entre espèces, et entre les écosystèmesen présence (Nations unies, 1992). L’importance du main-tien de la biodiversité au sein des écosystèmes forestiers aconnu un regain de vigueur dans les quinze dernières annéesavec l’émergence de la gestion forestière durable, soutenueau plan commercial par des processus de certification telsque le Forest Stewardship Council (Fsc) et le Programme forthe Endorsement of Forest Certification (Pefc).

L’assimilation métaphorique des plantations d’euca-lyptus à des déserts biologiques a précédé, puis accompa-gné cette évolution (Poore, Fries, 1985 ; Zobel et al.,1987 ; Sunder, 1995). Si l’écologie ne peut apaiser unecontroverse débordant aussi largement son champ, dumoins s’agit-il d’expliciter les effets de la sylviculture d’eu-calyptus sur la biodiversité. Il s’agit de hiérarchiser les fac-teurs déterminant la biodiversité des plantations d’eucalyp-tus, de manière à édicter des règles de gestion favorables(Brosset, 1997 ; Marien, 2000 ; Geldenhuys, 1997). Cesfacteurs recouvrent principalement les conditions clima-tiques et édaphiques en présence, les processus liés aumouvement des espèces dans l’espace, de même que leurévolution dans le temps ; mais aussi l’ensemble des pertur-bations naturelles ou induites par l’homme (Carnus et al.,2006). La diversité d’échelles spatiales et temporelles enjeu entretient en effet une certaine confusion lorsque cesdernières ne sont pas précisément explicitées.

Aussi se justifie-t-il de recourir à une approche hiérar-chique (Allen, Starr, 1982 ; Noss, 1990), comme proposédans cet article. La sylviculture d’eucalyptus peut dès lorsêtre envisagée selon trois principaux niveaux d’organisationemboîtés : la parcelle, le paysage environnant (au sens éco-logique du terme), la région. Mais puisque la biodiversitérevêt aujourd’hui une dimension normative, il s’agit dans unpremier temps de s’interroger sur les modèles auxquels ilconvient de se référer.

Le choix de modèles de référence

Sur quelles références consensuelles, sinon objec-tives, est-il possible de se baser pour évaluer la biodiversitéd’une plantation d’eucalyptus ? Faut-il se référer aux habi-tats forestiers naturels les plus proches, ou bien aucontraire aux milieux les plus anthropisés ? Un tel choixoscille entre les visions conservatrice et utilitariste de lanature, et demeure politique. Il est toutefois possibled’avancer quelques éléments de réflexion en la matière.

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La biodiversité des massifs de plantation d’eucalyptus doits’envisager à diverses échelles, dont celle du paysage,Pointe-Noire au Congo.Photo J. Tassin.

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S’il s’agit d’une plantation de conversion établie à partird’une forêt naturelle, il est légitime de tenir compte de son âge,avec lequel la diversité biologique en présence est le plus sou-vent corrélée de manière positive (Brosset, 1997  ;Geldenhuys, 1997 ; Loumeto, Huttel, 1997). Il ne serait eneffet pas raisonnable de comparer la teneur biologique d’uneforêt naturelle, enrichie de plusieurs siècles d’apports enespèces, à celle d’une plantation de cinq ou dix ans ou soumiseà une durée de rotation équivalente (Brockerhoff et al., 2008).

Certes, les milieux naturels abritent davantage d’es-pèces que les espaces artificialisés (Liao et al., 1984 ;Brockerhoff et al., 2008). Mais la référence aux forêtsnaturelles voisines n’a guère de sens, les deux objets com-parés n’étant pas comparables. Il convient de se référer auxseuls autres espaces anthropisés (Brockerhoff et al.,2008). Or, la biodiversité se révèle parfois plus élevée sousplantation d’eucalyptus qu’en d’autres espaces anthropisésvoisins (exemple : terres agricoles ou de parcours, savanesherbeuses) (Brosset, 1997 ; Marien, Mallet, 2004 ; Loynet al., 2007 ; Brockerhoff et al., 2008).

Il importe également de distinguer les effets spécifiquesdes eucalyptus de ceux relevés dans les plantations monos-pécifiques, qu’il s’agisse d’essences exotiques ou indigènes.Dans tous les cas, les peuplements monospécifiques favori-sent moins la biodiversité que les plantations plurispéci-fiques (Evans, 1992). L’absence d’études comparant la bio-diversité des plantations d’eucalyptus à celle de plantationsmonospécifiques d’essences locales est à ce titre regrettable.

Enfin, les habitats perturbés que sont les plantationsd’eucalyptus n’accueillent certes principalement que desespèces indigènes généralistes et communes, souvent pion-nières, et de faible valeur patrimoniale (Brosset, 1997).Mais faut-il focaliser le regard sur une seule fraction duvivant ? Ne faut-il pas tout aussi bien prendre en compte lesespèces exotiques présentes en plantation, et s’affranchirainsi d’une posture bio-xénophobique (Warren, 2007) ?

Justification d’une approchehiérarchique

Le vivant peut s’envisager comme une organisationstructurée d’entités hiérarchisées (Pickett et al., 1989). Ici, leniveau d’organisation supérieur (région) exerce descontraintes souvent non maîtrisables sur le niveau le plusinférieur (parcelle). La région conditionne en effet les proces-sus biologiques élémentaires inhérents au fonctionnement etau développement des individus au sein de la parcelle plan-tée. Le paysage environnant, niveau intermédiaire entre larégion et la parcelle plantée, peut être considéré comme unensemble hétérogène où interagissent des écosystèmes, etentre lesquels s’exercent des flux d’espèces (Noss, 1990).

En renvoyant chaque processus en jeu aux échellesd’espace et de temps les plus appropriées, l’approche hié-rarchique fournit une grille pertinente d’analyse de la biodi-versité sous eucalyptus (figure 1). Cela permet de raisonnerl’aménagement et la gestion sylvicole en cherchant à opti-miser la biodiversité telle qu’elle se manifeste aux diffé-rentes échelles d’investigation.

La sélection variétale ou clonale tend à réduirel’adaptabilité et la résistance des peuplements auxagressions externes, Andasibe à Madagascar.Photo J. Tassin.

Au-delà des effets allélopathiques, l’abondance du sous-bois dépend d’abord de l’état des ressources hydriques et de leur accès par les racines.Photo D. Louppe.

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Processus opérant à l’échelle de la parcelle plantée

Introduction et maintien de la diversité génétique

Le genre Eucalyptus est constitué de plus de600 espèces, dont seulement une vingtaine est utilisée àgrande échelle en plantations à travers le monde. La phéno-ménale diversité de ce genre a permis de bénéficier d’espècesadaptées à des conditions de milieu très diverses. En outre,les hybridations interspécifiques, la sélection d’écotypes etde provenances, mais aussi le clonage d’individus perfor-mants et la création de variétés génétiquement modifiées, ontpermis de bénéficier de populations optimisées en fonctiondes stations et des produits attendus (Marien, Mallet,2004). L’essor des marqueurs moléculaires depuis une quin-zaine d’années pour analyser la variabilité génétique desessences forestières a contribué à renforcer cette démarche.Ces outils récents ont notamment permis de caractériser lesflux de pollen qui opèrent entre individus et populations, ladistribution spatiale de la diversité génétique, de même queles effets à long terme des pratiques sylvicoles sur l’évolutionde cette diversité génétique (Carnus et al., 2006).

En retour, le niveau de diversité génétique conditionnel’adaptabilité et la résistance de ces populations à des per-turbations externes de nature biotique ou abiotique. Unetrop grande exiguïté génétique imposée sur de grandes sur-faces peut entraîner à long terme des problèmes sanitairesou des dégâts importants à la suite d’intempéries occasion-nelles, mais aussi de changements plus durables desrégimes climatiques. Les gestionnaires des plantations d’eu-calyptus n’ont alors d’autre alternative que de conserver unediversité naturelle significative pour y puiser les gènes d’in-

térêt adaptatif, agronomiqueou technologique. À l’inverse,si les plantations sont réali-sées sans schéma d’améliora-tion, il convient de fournir auxplanteurs des semis d’es-pèces pures non amélioréeset possédant une variabiliténaturelle suffisante pour faireface à d’éventuelles agres-sions ou stress.

Allélopathie

L’allélopathie est souventconsidérée comme un obstaclemajeur à l’expression de labiodiversité sous plantationd’eucalyptus. Feuilles auxarbres et litière au sol y renfer-ment en effet des acides phé-

noliques, des tannins et des flavonoïdes phytotoxiques(Bernhard-Reversat, 1998). Toutefois, ces effets ont étéévalués en laboratoire, avec des concentrations élevées quine reflètent pas les situations réelles (Sunder, 1995).

L’abondance du sous-bois dépend avant tout des res-sources hydriques, elles-mêmes déterminées au niveau régio-nal, et de leur disponibilité dans le sol prospecté par lesracines (Sunder, 1995). Si la germination et la croissance desplantes de sous-bois sont inhibées sous plantationsd’Eucalyptus globulus en Espagne, c’est semble-t-il essentiel-lement en raison d’un déficit hydrique (Souto et al., 2001).

En outre, l’allélopathie n’est en rien inhérente auxeucalyptus, ni même aux essences exotiques en général.Certains forestiers avancent l’hypothèse que la difficulté àobtenir des peuplements monospécifiques matures d’es-sences forestières indigènes tient précisément à l’effet d’unetelle allélopathie (Zobel et al., 1987). C’est notamment lecas des plantations monospécifiques denses de résineux.

Éclairement

En règle générale, du fait de la silhouette élancée deces arbres, les plantations d’eucalyptus sont peu fermées.Le manque de lumière n’apparaît donc pas comme un freindirect au développement d’un sous-bois.

En revanche, un excès d’éclairement diffusant au tra-vers de la canopée peut favoriser le développement d’untapis graminéen qui peut bloquer le développement d’es-pèces forestières dont les semences sont dispersées àpartir de forêts naturelles proches (Kanowski et al., 2005).De manière similaire, l’ouverture relative du couvertconcourt à l’assèchement aux horizons supérieurs du sol,dont la macrofaune peut en être de ce fait affectée(Loumeto, Bernhard-Reversat, 1997).

Parcelle

Paysage environnant

Région

NIVEAUX D’ORGANISATION

MÉCANISMES DE RÉGULATION DE LA BIODIVERSITÉ

• Allélopathie • Éclairement • Ressources trophiques • Accès de la nappe phréatique

• Régime de précipitations • Pool régional d’espèces • Pression anthropique régionale

• Connectivité des paysages • Flux d’espèces • Allègement des prélèvements • Effet de protection contre les feux • Effet catalytique sur la colonisation par des plantes indigènes

Figure 1.Mécanismes écologiques régulant la biodiversité sous plantationd’eucalyptus, positionnés selon les trois principaux niveaux d’organisation.

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Production des ressources pour la faune

La structure et la composition du sous-bois constituentdes facteurs clés pour l’établissement de la faune, notammentl’avifaune. Au Congo, Brosset (1997) relève une cinquan-taine d’espèces d’oiseaux présentes dans des plantationsd’eucalyptus disposant d’un sous-bois. Le nombre de cesespèces dans chaque parcelle plantée est positivement cor-rélé à la richesse spécifique de la flore du sous-bois(Brosset,1997). L’abondance de la macrofaune du sol estégalement positivement corrélée au nombre d’espèces deplantes présentes en sous-bois (Loumeto, Bernhard-Reversat, 1997). Elle est en outre liée à l’abondance de lalitière (Liao et al., 1984).

Des distinctions doivent être réalisées au sein de l’avi-faune, dont les différentes guildes ne partagent pas lesmêmes ressources. Les oiseaux fréquentant préférentielle-ment les espaces herbeux sont souvent exclus des planta-tions d’eucalyptus (Allan et al., 1997). À l’inverse, les passe-reaux généralistes se contentent d’une parenté de structureentre les plantations d’eucalyptus et les peuplements natu-rels qu’ils occupent préférentiellement (Brosset, 1997).

Processus opérant à l’échelle du paysage environnant

Le passage de la parcelle au paysage permet d’inté-grer les surfaces plantées et les aires périphériques nonplantées, dans la mesure où des interactions s’opèrententre les deux. La fragmentation des plantations dans leterritoire local constitue dès lors un élément très importantà prendre en considération dans l’analyse de la diversité.Au Congo, par exemple, les plantations d’eucalyptus, trèsfragmentées, ne représentent environ que 30 % des terri-toires concernés, le reste étant constitué de savanes,forêts-galeries, champs, zones humides ou villages. À l’in-verse, les grandes plantations industrielles du Brésil cou-vrent souvent des surfaces d’un seul tenant de plusieursmilliers d’hectares.

Flux d’espèces

La mise en jeu des agents naturels de dispersiondes semences (faune vertébrée, vent, fourmis) permetune colonisation des plantations d’eucalyptus à partirdes formations végétales proches, naturelles ou anthro-pisées (Brosset, 2001 ; Harrington, Ewel, 1997 ;Huttel, Loumeto, 2001 ; Kanowski et al., 2005). La pré-sence de lambeaux de végétation naturelle au sein ou àproximité du massif sylvicole est déterminante pour labiodiversité patrimoniale observée au sein des planta-t ions d’eucalyptus (Geldenhuys, 1997  ; Yirdaw,Luukkanen, 2003 ; Brockerhoff et al., 2008).

A priori, la richesse spécifique des plantations d’eu-calyptus n’a jamais été analysée en tenant compte de leurpositionnement spatial par rapport aux autres unités pay-sagères. C’est pourtant un facteur déterminant de la biodi-versité observée au sein des parcelles d’eucalyptus. Ainsi,dans les savanes du Niari, au Congo, des buffles, dessinges et des antilopes sont régulièrement aperçus dansun peuplement d’eucalyptus de 5 000 hectares créé dansles années 1960.

Conversions paysagères

Le facteur majeur d’érosion de la biodiversité est ladisparition des habitats. Un million d’hectares de forêts tro-picales sont annuellement convertis en plantations fores-tières chaque année (Fao, 2005). Il est donc naturel que lereproche majeur visant l’eucalyptus porte en réalité sur lesplantations de conversion pour lesquelles des sites naturelssont parfois ainsi transformés, au détriment du patrimoinebiologique qu’ils renferment. Cela étant, les plantationsd’eucalyptus sont beaucoup plus fréquemment aménagéessur des terrains dégradés ou couverts par des savanes éten-dues herbeuses, moins riches au plan biologique, maisdont la diversité s’accroît après plantation.

À l’échelle du paysage, les plantations d’essences exo-tiques peuvent concourir, dans une optique de restauration,à une reconnexion des espaces forestiers et, partant, à faci-liter les flux d’espèces forestières. Il faut néanmoins admet-

Dans de bonnes conditions climatiques, comme ici à l’île de Pâques, les peuplements d’eucalyptus peuvent être pâturés.Photo J. Tassin.

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tre que de tels effets dits catalytiques se révèlent faiblessous plantations intensives d’eucalyptus, par comparaisonà d’autres essences exotiques (Bone et al., 1997). Demanière générale, une telle utilisation de plantations fores-tières anciennes à des fins de restauration forestière depaysages dégradés reste encore essentiellement expéri-mentale (Geldenhuys, 1997).

Effets de protection

Les plantations d’eucalyptus constituent une res-source ligneuse qui permet d’alléger les pressions sur lesforêts naturelles, notamment pour le prélèvement de boisde feu (Majer, Recher, 1999). Un tel constat a pu être parexemple réalisé aux abords des capitales, comme Addis-Abeba, Antananarivo, Kinshasa et Lomé (Sunder, 1995).

De même, le contrôle des feux effectué à l’échelle desplantations d’eucalyptus assure un effet de protection àl’égard des habitats naturels voisins, même si elles sontdavantage sujettes et perméables au feu que ne le sont lesforêts naturelles humides (Majer, Recher, 1999).

En outre, des lambeaux de végétation naturelle, diffi-ciles à valoriser à l’échelle industrielle, peuvent être mainte-nus au sein de massifs plantés d’eucalyptus, contribuant dece fait à maintenir une mosaïque paysagère favorable à labiodiversité (Brockerhoff et al., 2008). Celle-ci, alors plusélevée à l’échelle du massif de plantation, augmentelorsque la végétation indigène est maintenue dans la zonede plantation (Loyn et al., 2007).

Processus opérant à l’échelle de la région

Ressources en eau

Allélopathie locale et ressources en eau régionales ontdes effets croisés (Zobel et al., 1987). Les produits allélo-chimiques s’accumulent dans le sol mais sont hautementsolubles et lessivés par les pluies (May, Ash, 1990). Pourdes précipitations annuelles supérieures à 1 200 milli -mètres par an, aucun effet négatif n’est observé sur la végé-tation de sous-bois d’eucalyptus (Fao, 1995).

Pression anthropique régionale

La proximité d’un centre urbain entre également enconsidération. La surfréquentation, la divagation d’animauxdomestiques n’ayant pas accès à d’autres ressources, lachasse ou le prélèvement de plantes de sous-bois, partici-pent à l’appauvrissement de la diversité biologique sousplantations d’eucalyptus.

Le prélèvement de bois mort peut appauvrir la composi-tion de la litière en invertébrés. Les plantations d’eucalyptusau Sud de la Chine renferment 25 groupes d’invertébrés là oùla litière est laissée sur place, et 11 seulement lorsque celle-ci est au moins partiellement prélevée (Liao et al., 1984).

La présence d’espèces indigènes dans le sous-bois dépendde l’éclairement, de l’âge du peuplement, mais aussi de laproximité de sources de semences à l’échelle paysagère,Pointe-Noire au Congo. Photo J. Tassin.

Plantation commerciale d’Eucalyptus grandis au Brésil,Itatinga (État de São Paulo), destinée à la production depanneaux de particules.Photo J.-P. Laclau.

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Conclusion et perspectives

Les plantations d’eucalyptus ne sont pas des forêtsnaturelles et n’ont pas pour objet d’en être rapprochées. Ellessont vouées à la mise à disposition de produits ligneux,s’agissant de ligniculture, tout comme la viticulture est dévo-lue à la production du vin, ou la caféiculture à celle du café.Elles correspondent à la satisfaction de besoins pour lespopulations et l’économie locale ou de marché. La durabilitédes plantations d’eucalyptus suppose néanmoins la maîtrisede critères et d’indicateurs de gestion durable écologiques etsociaux, mais aussi économiques et institutionnels.

D’après l’approche hiérarchique, il paraît judicieux quel’ensemble des critères, indicateurs et vérificateurs utilisésen faveur d’une telle gestion durable soient appliqués àtous les niveaux d’agrégation spatiale, de l’arbre à larégion. La diversité biologique des plantations d’eucalyptusest en outre directement reliée aux modes de conduite despeuplements et de l’ensemble du massif, pour lesquels desdécisions et des recommandations peuvent être édictées àl’échelle locale, mais également nationale ou même inter-nationale. Tout comme les fonctions sociales de ces planta-tions, il convient de fixer et de concilier les attentes en lamatière et d’orienter les techniques, la sylviculture et la ges-tion dans un sens approprié. Selon une telle perspective, iln’y a pas une seule méthode à mettre en œuvre, mais unensemble de méthodes, où interviennent notamment ladurée de rotation, le nombre de coupes et de rejets viables,le choix des traitements du sol et de la flore accompagna-trice, l’intensité des éclaircies et l’aménagement d’unemosaïque paysagère, qui résultent d’un choix stratégiquepréalable conciliant les exigences de l’économie, de lasociété et de l’environnement.

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BIODIVERSITY

Les plantations d’eucalyptus ne sont pas des forêtsnaturelles mais correspondent à la satisfaction de besoins,Pointe-Noire au Congo.Photo D. Louppe.

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