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Halte de Nuit Halte de nuit. 2008-2009 Bilan d’activité INTRODUCTION I LA STRUCTURE a. Mission et objectifs b. L’équipe c. Le financement II LE FONCTIONNEMENT a. Le public 1) Les personnes accueillies 2) Les statistiques b. Le déroulement de l’action 1) Les modalités d’admission 2) L’accueil des personnes 3) Les bénévoles 4) Hygiène et santé 5) Rôle des travailleurs sociaux III LES PARTENAIRES a. Les contributions associatives b. Les partenaires de terrain IV LIMITES ET PERSPECTIVES a. Des locaux inadaptés b. Le manque de moyen c. Dialectique mise à l’abri/demande sociale CONCLUSION ANNEXE Texte écrit par Guillaume, bénévole 1

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Halte de Nuit

Halte de nuit. 2008-2009

Bilan d’activité

INTRODUCTION

I LA STRUCTURE

a. Mission et objectifsb. L’équipec. Le financement

II LE FONCTIONNEMENT

a. Le public1) Les personnes accueillies2) Les statistiques

b. Le déroulement de l’action1) Les modalités d’admission2) L’accueil des personnes3) Les bénévoles4) Hygiène et santé5) Rôle des travailleurs sociaux

III LES PARTENAIRES

a. Les contributions associativesb. Les partenaires de terrain

IV LIMITES ET PERSPECTIVES

a. Des locaux inadaptésb. Le manque de moyenc. Dialectique mise à l’abri/demande sociale

CONCLUSION

ANNEXETexte écrit par Guillaume, bénévole

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Halte de Nuit

INTRODUCTION

Ce projet s’inscrit dans le cadre de la circulaire DGAS/1A du 11 octobre 2005 relative au dispositif d’accueil, d’hébergement et d’insertion qui souligne l’impératif du renforcement des structures d’accueil.

L’Association Soleil est porteuse du projet depuis 4 ans.L’ensemble du collectif inter associatif est à l’origine de cette action grâce

au comité de pilotage ayant lieu une fois mois pendant l’ouverture hivernale. Le suivi du projet et son évolution future sont garantis.

Depuis quatre ans, la Halte de Nuit répond à des besoins spécifiques pour un public visé. Ce lieu pilote offre un abri aux gens les plus vulnérables à travers un accueil différant mais réfléchi qui reste une alternative à ceux qui refusent l’hébergement dit traditionnel.

Cette année encore un travail a été engagé auprès des accueillis grâce à une équipe de qualité.

La Halte de Nuit a ouvert ses portes au 8 rue Villeneuve 31300 Toulouse du 3 novembre 2008 au 28 mars 2009.

1. LA STRUCTURE

a. Mission et objectifs

La mission principale de la Halte de Nuit est de permettre à un public en marge d’accéder à un lieu convivial et chaleureux afin de transiter vers un ailleurs.

Ainsi notre rôle de travailleur social est de mettre à l’abri mais pas seulement. Il s’agit là d’accompagner ce public très désocialisé vers une reconstruction.

L’objectif principal de la structure est de répondre aux besoins primaires de la personne tel que manger, dormir et se laver mais lorsque l’accueilli se pose dans la continuité du lieu, émerge alors un désir de ralentir cette errance psychosociale, à nous de saisir ce moment opportun pour accompagner vers une reconstruction.

Ceux que nous définissons comme grands précaires ne sont pas dans une démarche d’insertion sociale, mais présentent une dégradation physique et psychique qui ne permet pas une inscription dans une réinsertion sociale.

D’ailleurs la majorité d’entre eux ne sont pas désireux de changer cet état.Ainsi notre fonction est d’accueillir la personne avec ce qu’elle nous

propose, sans jugement de valeur.

Nous pouvons alors décliner les objectifs opérationnels :

1) Permettre à chacun de trouver sa place sur le collectif avec un règlement peu contraignant.En effet les personnes peuvent arriver à toute heure de la nuit et ressortir et être très alcoolisées ou sous produits dans la mesure ou elles ne perturbent pas le collectif.

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Halte de Nuit

2) Mettre à l’abri mais aussi proposer de s’inscrire dans la durée sur le lieu (rappelons qu’il n’y a pas de durée de séjour sur la Halte de Nuit).

3) Accompagner la personne vers une reprise de confiance en utilisant des outils tels que l’hygiène (accompagnement à la douche..), la santé (reprise de traitements en lien avec l’EMS ou les infirmiers libéraux), le maintien du lien avec les partenaires sociaux (CCAS,CPAM…).

Nous rentrons inévitablement dans un rôle d’accompagnement dés lors que nous conseillons, désamorçons un conflit, analysons un comportement individuel ou collectif.

Nos objectifs professionnels visent le mieux être de la personne afin qu’elle retrouve une autonomie et sa capacité individuelle d’agir.

Accompagner implique un engagement auprès de la personne qui formule une demande.

Nous sommes travailleurs sociaux avec une éthique de travail : l’écoute, l’orientation, aider à formuler un désir, soutenir, informer….

Pour mener ces objectifs de travail qui correspondent aux principes fondateurs de notre république (liberté, égalité, fraternité) des conditions de travail sont nécessaire : un personnel formé avec un rythme de travail biologique respectueux, des contrats de plus de cinq mois (une période de cinq mois n’ouvre aucun droit Assedic), des locaux respectant les personnes (adaptés aux publics), des plannings permettant aux personnel de mener un réel accompagnement.

b. L’équipe

BARTET Christophe Animateur 1 ETPBERGOUGNOUX Fabrice Educateur spécialisé 1 ETPDELAPLACE Mathieu Animateur 1 ETPDUFOUR Joan Animateur (AMP) 1 ETPGINESTE Cécile Chef de service 0.74 ETPJAMET Bernard Moniteur éducateur 1 ETPLEVASSEUR Yannick * Animateur 1 ETPMATHET Virginie ** Animateur 0.5 ETPPAUL Guillaume *** Animateur 1 ETPROGEZ Emmanuel Animateur 0.5 ETPVEGAS Christian Animateur 0.57 ETP

* arrêt de travail du 29 novembre 2008 au 31 mars 2009** à compter du 2 décembre 2008*** en remplacement de Levasseur à compter du 9 décembre 2008

Rôle du chef de service:• Piloter l’action (répondre à la commande sociale de l’état).• Composer l’équipe.• Assurer la logistique.• Animer les réunions d’équipe (il veille à la cohésion, gère les conflits).• Assurer le roulement dans l’équipe en soirée.• Maintenir le lien entre la direction et l’équipe, l’équipe et les

partenaires et entre l’équipe.

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Halte de Nuit

• Veiller au suivi du budget.• Représenter la Halte de Nuit, si la direction en fait la demande, durant

des réunions extérieures.• Assurer les astreintes pendant les soirées et les week-end.

Les missions principales du poste des salariés :• Les professionnels sont chargés de veiller à la sécurité et à la

convivialité du lieu en assurant l’accueil, l’écoute, l’accompagnement de toutes personnes accueillies.

• Il doit assurer la sécurité physique et psychique de ses collègues de travail.

• Tous les salariés sont soumis à la loi du 02 janvier 2001 redéfinissant l’action sociale et médico sociale.

Les temps de réunions :L’équipe se retrouve chaque semaine pour une réunion de 2h30 pour

partager son expérience auprès des autres et réfléchir ensemble autour de situations afin de construire une réflexion commune.

Une fois par mois, nous avons une séance de régulation (analyse des pratiques sociales) avec le docteur psychiatre Monsieur Nicolas VELUT. Cette séance doit permettre à chacun une décompression totale, les sujets sont libres.

Bien souvent, nous échangeons et étayons autour de situations difficiles.Cette séance est notre seul lien vers l’extérieur, il reste pour nous vital et

nous regrettons qu’il soit au détriment d’une réunion hebdomadaire.

c. Le financement

II LE FONCTIONNEMENT

a. Le public

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DDASS 31 166 483 €

REPORT 07/08 10 687 €

SNCF 10 000 €

Mise à disposition gratuite des locaux par SA HLM des Châlets et ADOMA, évalués à 7 500 €

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1) Les personnes accueillies.

La Halte de Nuit est une structure d’accueil sans hébergement destinée aux personnes majeures les plus exclues et les plus désocialisées, qui ne peuvent pas ou ne souhaitent pas accéder à l’hébergement d’urgence proposé sur Toulouse.

Nous accueillons donc Hommes, Femmes, Couples, pour la plupart en situation de grande précarité et avec leurs chiens s’ils en ont.

Ces personnes correspondent au public visé par le projet de la Halte de Nuit. Par contre, il nous est difficile voir jugeant de vouloir établir un profil type du « Grand Précaire ».

En effet la grande précarité peut regrouper des problématiques très différentes les unes aux autres. Les observations des professionnels du secteur, ajoutées aux nôtres nous amènent à constater une évolution des publics dits « Grand précaire ».

Auparavant, cette étiquette était incarnée par un public dégradé psychiquement et physiquement avec une moyenne d’âge de plus de quarante ans. Aujourd’hui, la réalité nous montre que la grande précarité est multiple et se définit surtout, au-delà du manque d’hébergement, par des problématiques et symptômes spécifiques :

• les pathologies dîtes d’addiction :

L’alcoolisme : L’alcool est le principal code social de la rue, cette substance permet l’intégration dans le groupe social de la rue mais provoque des troubles importants (neurologiques, digestifs, gastro-entérologies, locomoteurs, des démences alcooliques, des incontinences…).Cette dépendance touche, de diverses façons, la majorité des personnes accueillies. Les plus dépendantes ressortent boire au cours de la nuit afin de gérer au mieux les crises de manque.

La toxicomanie : engendre chez les personnes des troubles neurologiques, psychologiques et favorisent sous certaines formes, la transmission d’autres maladies (VIH, Hépatites…). Nous constatons cette année des allers-retours réguliers vers l’extérieur chez les personnes très dépendantes et poli-toxicomanes. De plus nous avons sanctionner trois personnes qui ne respectaient pas le cadre prévu : consommation et commerce à l‘intérieur du lieu.

Le tabagisme : provoque des troubles cardiovasculaires, circulatoires, pulmonaires. La quasi-totalité des personnes accueillies est concernée par l’addiction au tabac.

• Les pathologies psychiatriques : Nous constatons depuis plusieurs années un glissement du champ psychiatrique vers le champ social. De fait, nous accueillons de plus en

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plus de personnes rejetées par le secteur psychiatrique, faute de moyen, de lits, de capacité d’adaptation face à ces personnes précarisées et en grande souffrance : psychoses, états limites, dépressions profondes …

• Le handicap physique :Ce sont des handicaps physiques de naissance ou dus au vieillissement prématuré, à divers traumatismes (chutes, violences, agressions…). Ainsi nous accueillons plusieurs personnes en situation de handicap, notamment une en fauteuil, pour laquelle les locaux sont complètement inadaptés.

• Des affections de longues durées :Comme le VIH, les hépatites (A,B,C), le diabète, la tuberculose, les insuffisances circulatoires, respiratoires, cardiaques, l’ épilepsie, les pneumopathies….

• Les maladies de peaux :Les dermatoses, les parasitoses sont fréquentes : elles découlent d’un manque d’hygiène. Elles peuvent être caractérisées par la gale ainsi que les poux de corps.Cette année nous avons eu à gérer un problème sanitaire provoqué par

les poux de corps.En effet durant plus de quinze jours, nous avons fait face avec les accueillis à cette invasion très complexe à éradiquer.Cette infection aurait pu être enrayer avec le changement et le lavage des couchages de manière régulière mais par manque de moyens il nous est impossible de procéder au lavage régulier des couchages.

Ces quelques symptômes montrent déjà une certaine diversité du public. Mais la réalité nous paraît encore plus subtile. Car l’humanité d’une personne, dans ses limites et ses richesses, se caractérise mal, sinon au risque d’être stigmatisant. Effectivement, la singularité des personnes accueillies à la Halte de Nuit dépasse ces situations ou souvent les englobe. Car les personnes en grande précarité connaissent des problématiques multiples imbriquées les unes aux autres.

De plus, au-delà de la multiplicité des symptômes et du manque d’hébergement, nous pouvons noter chez ces personnes des caractéristiques communes :

- Tous expriment une souffrance morale et physique profonde, due à des carences ou ruptures affectives anciennes. Cette souffrance subie au quotidien va de pair avec une mésestime de soi, qui entraîne rapidement une perte d’autonomie, un vieillissement précoce, une fragilité inquiétante, des comportements à risque hétéro ou auto-agressives, une désocialisation progressive voire un isolement total.

- Ces états impliquent pour les personnes un grand danger à « être à la rue», aucune structure d’accueil n’étant réellement adaptée à ce public aujourd’hui. En effet, la rue est un espace de rencontre ou d’affrontement

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dans lequel se projettent les problématiques individuelles et dont se nourrissent les conflits psychiques. Le danger ne vient pas seulement de la rue mais de ce que la personne y projette : elle peut alors s’y enfermer tant socialement que psychiquement, au risque de s’y perdre, de se couper du monde, de mourir.

- Ensuite, nous constatons aussi que les personnes en situation de grande précarité ont en commun de ne pas exprimer de demande ou à défaut des demandes inadaptées à leur situation réelle. Alors, notre travail doit s’appuyer sur le temps et une permanence quotidienne de la présence, afin de pouvoir lutter contre le morcellement, les ruptures (temporelles, spatiales, psychique, affectives…) de la vie des usagers, afin d’accompagner leur discontinuités et d’ y donner un sens au niveau de l’ histoire individuelle et sociale. Car la pratique éducative ne peut s’inscrire et prendre sens que dans la durée, afin de permettre à la personne de retrouver une temporalité qui lui est propre, l’estime d’elle-même et un désir de relation à l’autre, qui modifierait peu à peu son comportement, réduisant ses dépendances, pour parvenir à un début d’autonomie subjective et sociale.

Nous espérons avoir montré la multiplicité des facteurs qui définissent la grande précarité de notre public. Mais il nous faut préciser la description du public par des réalités liées au secteur de l’hébergement d’urgence. En effet, nous avons régulièrement accueilli des personnes qui ne correspondaient pas tout à fait au public visé, étant moins précaires, mais qui se trouvaient sans hébergement, à cause du manque de places ou dû aux faibles possibilités d’être accueilli avec son chien. Nous avons également accueilli deux familles avec enfants mineurs (avec l’accord de l’association Soleil), quelques femmes et de nombreux hommes (avec ou sans chien), suffisamment autonomes pour faire le 115, mais qui ne bénéficiaient pas de places d’hébergement d’urgence alors qu’ils le demandaient depuis longtemps.2) Les statistiques

Quelques chiffres pour la période du 4 novembre au 28 mars 2009Sur les 103 personnes accueillies durant cette période 21 sont des femmes dont 7 en couple, 2 familles dont 3 mineur avec une petite fille de moins d’ un an, 22 sont des anciens, les animaux ont été accueillis au nombre de 16 ….

Les ages :Répartition des ages

< 25 ans 1625-45 ans 53> 45 ans 34

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Moyenne d’age :40,5 ansLes sexes :

Hommes 82Femmes 21

Les orientations :Orientations

EMS 53MDM/GAF 26Anciens 22

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Halte de Nuit

Autres : Point santé,Ordre de malte,Boutique,115(anciens) , porte(anciens) et non référencé

Fréquentation de la halte de nuit :

Moyenne : 17.7 personnes accueillies par nuit Nombre de personne se présentant dès l’ouverture, soit entre 20h

et 21h :avant 21 h 13après 21 h 5

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Durée des séjours :

Durées des séjours Nbr de personnesune nuit 44Entre un jour et une semaine 9Entre une semaine et un mois 25Plus d’ un mois 25

Animaux :

Nombre de chien Catégorie 1 et 2 9

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Halte de Nuit

Autre 7total 16

Moyenne : 2,47 chiens par jours

b Déroulement de l’action

1) Les modalités d’admission

La Halte de Nuit est destinée prioritairement à accueillir un public en situation de grande précarité. Alors afin de pouvoir accueillir les personnes les plus désocialisées et fragiles, nous décidons de reconduire la décision prise les années précédentes en ne faisant pas d’accueil à la porte. À travers ce choix, nous pensons limiter les problèmes de violence qui s’y présente inévitablement, surtout quand l’équipe d’un lieu d’accueil décide elle-même de l’entrée du public. En effet, afin d’éviter toute forme de toute puissance et de stigmatisation, nous croyons à la nécessité d’un tiers dans le processus d’admission. Pour cela, nous nous appuyons sur l’expérience des équipes « rue » de l’équipe mobile Sociale (EMS), de Médecins Du Monde (MDM) et du Groupe Amitié Fraternité (GAF). Précisons toutefois que les personnes présentes à la Halte de Nuit les années précédentes sont acceptées dès qu’elles en font la demande à l’équipe, le lieu étant le même que l’année passée, il est donc fortement repéré.

L’entrée d’une personne sur la Halte de Nuit se réalise selon un protocole d’admission établit par l’équipe éducative en accord avec les équipes rue :

La personne est rencontrée par l’équipe rue soit parce qu’elle a été signalée par un appel au 115 ou parce qu’elle fait une demande aux équipes rues citées ci-dessus.

- La rencontre se déroule dans un périmètre éloigné de la Halte de Nuit pour éviter une appropriation du lieu par les accueillis qui chasseraient le public visé.

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Halte de Nuit

- L’équipe rue évalue la demande de la personne et sa correspondance éventuelle avec le public et le projet de la Halte.

- _L’équipe rue fait sa demande auprès de celle de la Halte de Nuit qui accepte ou pas, selon le collectif et le nombre de personnes accueillies afin de préserver les objectifs de travail.

- La personne est accompagnée par la « maraude », présentée à l’équipe de la Halte de Nuit à travers un lien formel.

- La personne est accueillie, présentation des locaux, du règlement intérieur, proposition de café, soupe, couvertures ….

- Pour les personnes les plus démunies, des liens informels avec l’EMS sont réalisés de manière régulière en fonction de la situation de l’usager.

2) L’accueil des personnes

La Halte de Nuit ouvre ses portes à 20 h et accueille les personnes jusqu’à 9 h le lendemain. Elle cherche à répondre aux situations de la grande précarité, à travers un accueil « à bas seuil d’exigence » qui doit permettre la mise à l’abri et l’accompagnement des personnes les plus marginalisées. Trois travailleurs sociaux sont présents de 19 h30 à minuit, deux à partir de 23h 45 jusqu’à 9 h.

Pendant la semaine, le chef de service assure, à partir de 19h, le lien entre les différents partenaires.

► Première visite

Toute nouvelle personne accueillie sur la Halte de Nuit doit être accompagnée par une équipe rue (EMS ou MDM/GAF).

Après une présentation formelle, la personne est reçue dans l’entrée de la salle de vie où se trouve un mobilier de bureau. La personne est alors inscrite sur le cahier de première visite où sont notés : le nom, le prénom, l’âge, la date d’arrivée, le don ou pas d’une couverture, la présence éventuelle d’un chien, l’orientation (EMS, MDM/Gaf, anciens), le nombre, le statut (homme, femme, couple). Les renseignements demandés ne sont pas obligatoires mais ils sont indispensables pour justifier chaque année des budgets du lieu, les statistiques sont effectuées manuellement car la Halte de Nuit ne figure pas sur la régulation du 115 n’étant pas un lieu d’hébergement.

La personne est reçue avec l’identité qu’elle veut présenter. En effet l’anonymat est respecté : il permet l’établissement d’une relation de confiance.

Ensuite, le lieu, ainsi que son règlement intérieur, sont présentés afin qu’ils symbolisent, pour l’accueilli, l’adhésion à un contrat moral et la volonté singulière de respecter les règles du lieu. Il lui est aussi proposé un entretien individuel, pour, s’il le souhaite, expliquer sa situation dans un endroit plus intime, au bureau. Cette possibilité est rarement saisie par la personne, les situations personnelles se dénouent généralement avec le temps, le lien avec les membres de l’équipe.

Pour chaque personne accueillie, nous proposons une bagagerie avec un

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Halte de Nuit

sac plastique noir de 100 litres dans lequel l’usager peut mettre la couverture qui lui a été donnée ainsi que ses affaires personnelles. Ce sac est entreposé en journée dans un petit local appelé bagagerie fermé à clef en permanence. Une étiquette nominative est scotchée sur le sac symbolisant l’inscription de la personne sur la Halte de Nuit.

Les couples sont accueillis ensemble, cependant la présentation du lieu et du règlement intérieur est individualisée comme l’est aussi le sac 100 l pouvant être entreposé à la bagagerie. Il nous paraît important dans l’accueil des couples d’intégrer les deux personnes sur le lieu à titre individuel. Il leur est aussi demandé de ne pas être trop ostentatoire sur le lieu de vie. Cette année, les couples ont pu bénéficier de box dans la mesure où ils n’étaient pas occupés par une ou des femmes.

Les femmes seules sont prioritaires sur les box afin de respecter le sentiment de sécurité et de protection que nous leur offrons.

Les chiens sont accueillis avec grand intérêt. Pour certains, ils font œuvre de protection et sont une attache affective considérable et inaltérable. Au nombre de un par personne mais si l’accueilli a plus d’un chien ils peuvent être accueillis si l’équipe présente estime que cela est gérable sur le collectif. Les chiens de catégorie une et deux, conformément à la loi, doivent être muselés dés l’entrée sur le lieu. Si tel n’est pas le cas lors de la première visite, une courte échéance sera donnée au maître afin qu’il trouve une muselière (la Halte de Nuit pourra lui en proposer une en attendant). Toute personne avertit peut se voir refuser l’entrée si son chien n’est pas muselé. Les chiens, sur le lieu, doivent rester prés de leur maître ou être attachés. D’une façon générale, l’équipe en appelle à la responsabilité du maître envers son animal, à l’aide d’un règlement intérieur spécifique détaillé lors de la première visite.

► L’accueil au quotidien

À 20 h, et parfois bien avant, 72% des usagers, arrivent ; quelques uns attendent même devant la grille d’entrée. Entre 20 h et 21 h, les trois quarts du public arrivent à la Halte de Nuit, les autres arrivent tout au long de la soirée ou de la nuit, comme le permet le règlement intérieur.

À chaque arrivée, chaque jour, la personne est notée dans le cahier de présence. Son sac est sorti de la bagagerie et lui est proposé afin qu’il puisse s’installer pour la nuit. Théoriquement, il n’y a aucune place réservée, mais nous avons rapidement remarqué que les personnes se reposent toujours au même endroit et s’approprient cet espace commun comme leur place singulière, ce qui occasionne parfois des rivalités ou des conflits.

Dans la partie « salle à manger », du café, de la tisane, des laitages, des fruits et goûters sont en libre service toute la nuit. Ceux-ci sont agrémentés tous les soirs par la soupe livrée par « les Restaurants du Cœur » et par un repas préparé par les bénévoles à l’aide des denrées ramenées de la Banque Alimentaire. Autour de ce repas partagé, les rencontres se font entre usager, bénévoles, travailleurs sociaux. Les liens se créent petit à petit, les discussions s’engagent et peu à peu les tentions de la journée peuvent

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Halte de Nuit

s’évacuer.Malgré des locaux inappropriés, nous essayons de faire en sorte que chacun

se pose et trouve sa place. Notre travail d’accueil est différent en fonction des personnes, de leurs réalités, de leurs demandes. Pendant que certains vont s’allonger pour dormir, d’autre regardent la télé, jouent aux cartes, sollicitent un entretien individuel ou une rencontre avec l’EMS, demandent à ressortir plusieurs fois afin de gérer leur dépendance…

En fait, la Halte de Nuit est perçue comme un lieu où les personnes peuvent se mettre à l’abri et retrouver un rythme qui leur est propre. Mais la réalité se heurte aux différences de rythmes entre personnes jeunes et moins jeunes et notre travail exige alors de grandes capacités à apaiser les tentions, à gérer les conflits quotidiens et les désamorcer.

3) Les bénévoles

La présence des bénévoles est fondamentale pour la mise en place du projet de la Halte de Nuit. Au cours de cette période hivernale, ils furent une quarantaine à participer à l’accueil, venant de MDM, des Restos du Cœur, du GAF …

Chaque soirée, ils furent en moyenne trois, présents de 19h30 à 23h45.(le métro oblige un départ avant minuit).

Ils participent aux temps de la vie quotidienne : préparation du repas, lien des personnes, service, vaisselle, ils amènent une bienveillance, qui est au cœur du projet de La Halte de Nuit. Leur statut de bénévole et leur positionnement intelligent permettent d’offrir aux accueillis une écoute et un partage de qualité, que le professionnel ne peut proposer. En effet, le travailleur social se doit d’intégrer le respect des règles du lieu et des lois de la société, dans la réponse qu’il donne aux usagers. Les bénévoles s’inscrivent dans la complémentarité des professionnels, en amenant une écoute et une parole. Ils participent alors à la création du lien social, et sont de fait, moteurs dans la dynamique du collectif.

4) Hygiène et santé

Représentent deux aspects essentiels et indissociables de notre travail quotidien avec les personnes.

Rappelons encore une fois l’inadaptation des locaux et des services proposés : Une seule douche sans intimité pour les hommes, pas de robinet pour se laver les mains dans la salle de vie, pas de moyens pour laver les couchages… Ces conditions ne favorisent évidemment pas l’accès à l’hygiène et à une meilleure santé.

► L’hygiène :Chaque accueilli entretient une relation singulière avec l’hygiène, mais dans

tous les cas, l’accès à l’hygiène va venir symboliser le rapport au corps de la personne et l’estime qu’elle a d’elle-même. A ce sujet, certains usagers plutôt autonomes nous sollicitent simplement pour nous demander des serviettes propres et des produits, afin de se laver. Pour d’autres, l’hygiène est le symbole d’un oubli de soi. Ces personnes ont de nombreuses réticences à se

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Halte de Nuit

doucher régulièrement. Notre rôle est de proposer la possibilité d’une toilette sans être intrusif. Il est important de respecter la ligne de conduite : « proposer, ne jamais imposer ». Effectivement, pour la plupart des personnes, la question du rapport au corps est délicate à aborder. Les accueillis viennent se reposer, retrouver un peu de considération et les placer trop vite devant leur propre difficulté peut freiner le travail sur la confiance. Ainsi il faut trouver un équilibre entre le respect du résident concerné (la façon de dire les choses) et de son entourage (prendre en compte l’importance d’un minimum d’hygiène dans une collectivité). Afin d’illustrer cet équilibre singulier, nous vous proposons quelques exemples :

J-R. se lave tous les jours le visage mais ne se douche jamais. Quand les odeurs corporelles deviennent trop fortes, nous lui proposons un « change ». J-R répond favorablement à notre demande de douche, avec un différé d’un jour qu’il ritualise.

G. avait un problème d’énurésie qui engendre gène, souffrance et bien sûr mauvaises odeurs. Grâce à une relation de confiance, notamment avec notre collègue Aide Médico Psychologique plus habitué à ces problématiques, G a pu accepter un contrat avec l’ équipe : lorsqu’il est souillé, nous lui proposons un change en le réveillant plus tôt, afin qu’ il est le temps et l’ intimité suffisante pour se doucher.

Pour R, une totale prise en charge a été nécessaire. Cette personne très alcoolisée et souillée de la tête au pied, nous lui proposons une toilette complète.

Ces exemples illustrent la question délicate de l’accès à l’hygiène et du rapport au corps. Ce n’est qu’à travers des temps individuels, quotidiens voire ritualisés que cette question peut être abordée. Il s’agit d’accompagner la personne à se réapproprier son propre corps, son identité et à terme l’estime qu’elle a de soi.

► La santé :À ce sujet, notre rôle de travailleur social consiste surtout à informer et à

orienter les usagers. Bien sûr, grâce au partenariat avec MDM nous avons accès à une pharmacie d’urgence et nous avons alors soigné des plaies superficielles et des souffrances légères. Mais l’essentiel de notre travail se situe ici dans le passage de relais.

De nombreuses personnes sont touchées par la grippe, la gastro-entérite ou la bronchite. Il s’agit alors d’inciter les usagers concernés à se soigner auprès de leur médecin traitant ou auprès des lieux de soins gratuits (PASS, MDM).

Certains accueillis ont besoin d’étayage dans la prise de leur traitement quotidien (diabète, épilepsie, névrose et psychose...). Un partenariat essentiel se met en place avec un cabinet d’infirmiers qui se déplace, si besoin, matin et soir afin d’amener le traitement adapté à la personne.

Au cours de l’hiver, quelques usagers se plaignent de la présence de poux de corps. Pour éviter toute prolifération, nous sommes intervenus rapidement en demandant à chaque personne de se traiter individuellement au Point

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Halte de Nuit

Santé à La Grave. Nous avons traité en urgence tous les locaux à l’aide de produits spécifiques. Grâce aux partenariats avec l’EMS, MDM, la Halte Santé et le Point Santé, nous avons évité toute prolifération. Cependant, cette période a engendré quelques tensions sur le collectif et le départ subit de deux personnes qui n’ont pu être en capacité de se traiter et de gérer les tensions existantes.

Là aussi, notre action sur la santé en terme de soins, d’information et d’orientation, participe à la valorisation quotidienne de la personne et à son mieux-être.

5) Rôle des travailleurs sociaux

Les situations parfois dramatiques des personnes nécessitent un « être avec » de qualité. Notre rôle est alors d’accueillir les usagers tels qu’ils sont, sans jugement de valeur. Leur mise à l’abri permet de mettre entre parenthèse leur errance en créant un repère qui viendra lutter contre les discontinuités dont elles souffrent. Peu à peu, la rencontre avec le lieu bienveillant et chaleureux ainsi qu’avec une équipe pluridisciplinaire et compétente, permettra la création d’un lien et le partage d’une expérience. Car on ne peut envisager la pratique éducative auprès d’un usager sans partage d’expérience avec lui. Par la présence contenante et sa posture éthique, le travailleur social pourra renvoyer à la personne une image valorisante d’elle-même. De cette expérience partagée naît un vécu, un ressenti, qui ouvre sur la parole.

Bien sûr, l’usage de la parole permet à la personne de s’affirmer comme différente, en nous racontant sa propre histoire et nous donne donc l’occasion de la connaître.

Mais la parole qu’elle va prendre est surtout une occasion pour elle de se connaître. Car parler lui permet un temps de questionnement sur la vie, sur ses capacités et ses limites sur notre présence à ses côtés. De cette expérience, de cette parole, de ce questionnement naît la possibilité pour l’accueilli de nous adresser une demande et aussi d’initier une démarche singulière d’insertion sociale.

Dans cette partie, nous espérons avoir décrit le déroulement de l’accueil des personnes, à travers la première visite, le quotidien, l’accès à la santé et à l’hygiène et le rôle des bénévoles et des travailleurs sociaux. En conclusion, nous vous présentons deux vignettes cliniques qui viennent illustrer les propos précédents :

D. a environ 40 ans. Le lendemain de la tempête de cet hiver, D. fut amené a la Halte de Nuit par l’ EMS, afin de le mettre à l’ abri. Jusque-là, D dormait dans une tente, alors menacée par la montée des eaux de la Garonne.

L’EMS connaissait peu ce D qui se montrait très méfiant, fuyant. L’enjeu avec D. était d’effectuer un « travail d’accroche ». Alors dès la première visite, nous avons simplifié la présentation du lieu et du règlement intérieur, afin de ne pas être intrusif. D. a accepté un café, a fumé une cigarette puis il est reparti un quart d’heure après son arrivée, pour errer ou dormir dans sa tente. À partir de ce jour, D. est passé régulièrement, mais avec une

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régularité qui lui est propre. Nous nous sommes rapidement aperçus qu’il avait un rapport au temps et aux autres « faussé » par une pathologie psychiatrique. Mais à la Halte, D était accepté tel qu’il est, avec son rythme et ses étrangetés. Ce travail de socialisation primaire s’est effectué dans la durée (et s’est interrompu malheureusement le 29/03/09 à la fermeture !).

Peu à peu, une relation de confiance c’est créé entre D. et l’équipe. Il pouvait passer à toute heure de la nuit, repartir et revenir à son gré. Le lieu était pour lui un repère ainsi que l’équipe. Alors il a pu mettre en place des rituels rassurant qui lui permettait de s’inscrire plus durablement sur le collectif : café, cigarette, soupe, cigarette, douche, cigarette, repas, cigarette, café et départ.

Malgré une période où D n’est pas venu à cause des tensions générées par la présence des poux de corps, cette personne a entretenu un rapport étroit avec la Halte de Nuit, jusqu’à pouvoir s’y reposer et y dormir deux nuits pendant le grand froid.. D a profité de la possibilité d’entrer et sortir à toute heure, afin de passer un temps singulier sur le lieu et de s’en faire un point d’encrage constructif. Pour cet usager, la vocation de « lieu de passage » de la Halte de Nuit a pleinement été efficiente.

Même si la Halte de Nuit peut être présentée comme un lieu de passage, environ un quart des personnes accueillies ont pu si stabiliser. En effet vingt quatre pour cent des accueillis ont fréquenté la Halte de Nuit plus d’un mois.

A. est arrivé le 6 novembre 2008 soit deux jours après l’ouverture de la Halte de Nuit, accompagné par l’EMS et orienté par le Point Santé, il a séjournée jusqu’à la fermeture. A s’est présenté tous les jours (137) aux heures d’ouverture (entre 20h et 21h). D’origine bulgare et ne parlant pas un mot de français, la communication n’a pas été possible, de plus ce monsieur n’a exprimé aucune demande durant les 5 mois d’ouverture passée a la Halte.

JR est un ancien âgé de 51 ans. Il a fréquenté la Halte de Nuit l’hiver 2007/2008, puis a passé le reste de l’année dehors occupant le porche d un immeuble dans le quartier st Cyprien. Il est arrivé accompagné par l’EMS dès le premier jour de l’ouverture, le 4 novembre 2008. JR ainsi que d’autres accueillis a fréquenté la Halte de manière très assidue et de façon ritualisée, investissant le lieu comme un centre d’hébergement : JR comme quelques autres se présentent tous les jours devant le portail au moins une heure avant l’ouverture. Dès l’ouverture, il rentre, s’identifie à l’accueil puis demande son sac où se trouve sa couverture afin de s’installer sur un espace qu’il s’est approprié et où il se repose tous les jours de 21h à 4h du matin et cela tout au long de son séjour à la Halte de Nuit. Un travail d’accroche est réalisé avec cette personne fragile, isolée et peu encline à la communication. Durant son séjour, de novembre à fin mars, JR a pu bénéficier d’une protection (agression fréquente de ce monsieur à l'extérieur), d’un accès à l’hygiène (cf. hygiène), et d’un peu de lien social (repas, partie de dame avec les bénévoles). Peu avant la fermeture de la Halte de Nuit, nous avons tenté d’orienter cette personne, en partenariat avec l’EMS sur le CHU « grand précaire » chemin Lapujade. JR aura passé une nuit sur ce centre et ni sera plus retourné malgré

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la place dite « rue» qui lui était destinée. JR est retourné à la rue et il y restera probablement jusqu’à la prochaine réouverture d’une Halte de Nuit.

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III. LES PARTENAIRES

a. Les contributions associatives :

Le collectif inter associations : comité de pilotage, concertation sur le projet, apport d’une connaissance mutualisée et d’un savoir faire pour ce type d’action.

Composé des associations : Bail, Cité la Madeleine, Casit, Cap Centre, Croix Rouge, Emmaüs, Entraide Protestante, Equipe Saint Vincent, GAF, Icart, Médecins du Monde, Petits Frères des Pauvres, Restos du Cœur, Secours Catholique, Soleil, UCJV.

Médecins du Monde : Nous remercions Mme Geneviève GENEVE pour son soutien ainsi que tous les bénévoles (MDM, GAF…) sans qui nous n’aurions pu fonctionner.

La Banque Alimentaire : les denrées récupérées nous permettent d’alimenter prés de vingt personnes chaque soir et matin.

La préparation de repas chauds avec des produits frais participe à la restauration physique et mentale de la personne.

Emmaus : logistique d’aménagement des locaux et fournisseurs du vestiaire et du mobilier.

Les Restaurants du Cœur: avec la participation de la Mairie de Toulouse qui nous prête 3 norvégiennes, ils apportent chaque soir une soupe chaude bien appréciée par les accueillis.

La SNCF : outre sa participation au financement du projet, la SNCF a fourni au cours de la période des couvertures, des duvets ainsi que des tentes.

b. Les partenaires de terrain

Les équipes rues : un partenariat avec les équipes rue qui accompagnent les personnes (EMS,GAF et MDM).

Il est essentiel de maintenir des liens avec l’extérieur pour mieux répondre aux demandes des usagers, pour cela, ce lien spécifique établit avec l’EMS est indispensable.

Il nous permet d’avoir des relais en journée ainsi que le soir afin de veiller au bien être des personnes les plus vulnérables.

La Boutique Solidarité : nous orientons régulièrement les personnes vers la Boutique Solidarité, ce relais en matinée dispose de services différenciés (bagagerie, petit déjeuner, douche, accompagnement social).

Il y a aussi des orientations de la Boutique vers la Halte de Nuit.

La Halte Santé : est un lieu de repos convivial et accès vers le soin qui traite des profils « grands précaires », cela leur permet de faire un bilan de santé et de renouer avec le secteur médical.

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IV. LIMITES ET PERSPECTIVES

a. Des locaux inadaptés :

La qualité de l’accueil des personnes est évidemment liée au lieu de l’activité. Malgré une équipe expérimentée, l’inadaptation des locaux a engendré des limites dans notre action :

- Les espaces d’accueil et de repos étant contigus, nous avons eu à gérer de nombreux conflits dus aux différences de rythmes de vie.

- La vétusté des locaux rajoutait de la tension. À plusieurs reprises, la partie repos a été inondée, à cause d’une toiture délabrée. De plus, le local WC- salle de bain était couvert de moisissures.

- L’espace extérieur était trop limité : Les personnes ont besoin de prendre l’air, souffler, s’isoler, sans être obligé de ressortir dans la rue. Enfin, accepter les chiens des usagers doit permettre à ceux-ci de faire leur besoin dans une cour à l’intérieur de la structure.

- L’entrée de la Halte de Nuit n’était pas sécurisée. Nous devions la partager avec les locataires du foyer ADOMA. C’est en particulier lors de l’utilisation du portail électrique permettant aux véhicules de circuler, que de nombreux problèmes se sont posés. En effet, à plusieurs reprises, des personnes extérieures à la Halte de Nuit, ou exclues pour violence, ont profité de la lenteur du portail pour entrer dans nos locaux et y générer tensions, menaces, insultes et passages à l’acte.

- Nos locaux ne respectaient pas les normes pour l’accueil des personnes en situation de handicap or ces personnes font, de fait, parti du public de la Halte de Nuit. Pour deux personnes notamment, nous avons du palier aux manques d’équipement adapté, au risque de provoquer des accidents pour les personnes ou pour nous même. Concrètement, il nous a fallu porter une personne en fauteuil roulant, pour qu’elle puisse accéder aux toilettes et à la salle de bain, situés au sous-sol.

- Les locaux étaient inadaptés pour notre travail sur l’hygiène. Les toilettes fuyaient régulièrement, ainsi que la douche pour les hommes. Il nous semblait très dommageable de ne pas avoir de lavabos accessibles dans la partie commune, le lavage des mains étant fondamental pour limiter la transmission de certaines maladies (grippe, gastro …).

Ces quelques exemples illustrent clairement l’inadaptation des locaux. Afin d’accueillir dignement les personnes à la Halte de Nuit, il nous semble opportun d’envisager l’activité dans des locaux plus adaptés.

b. Le manque de moyen :

Celui-ci engendre aussi des limites dans la qualité de notre travail et ne peut se combler par le dévouement de l’équipe des professionnels et des bénévoles :

-Avant même l’accueil du public, un projet aussi intéressant et pertinent que celui de la Halte de Nuit nécessite davantage de temps de préparation : l’équipe doit pouvoir faire les aménagements mobiliers, s’approprier le projet et les modalités d’admission et enfin s’entendre sur un cadre de

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fonctionnement adapté.-Le fonctionnement quotidien de l’activité suppose un réel travail d’équipe.

Celui-ci se bâtit notamment lors des réunions hebdomadaires. Ces réunions, où sont abordées le fonctionnement et les situations des accueillis, nécessitent là aussi davantage de temps et surtout, ne doivent pas s’interrompre quand la réunion de régulation (avec le psychiatre) s’effectue. En effet, ces deux types de réunions sont complémentaires et indissociables. Cet hiver, nous avions une réunion de régulation par mois, mais lors de la semaine concernée, la réunion de fonctionnement était annulée, ce qui a occasionné un déficit de communication dans l’équipe, préjudiciable à l’accueil des usagers .

-Enfin, il nous paraît important d’augmenter l’amplitude horaire d’accueil, avec par exemple, une ouverture de la Halte de Nuit dés 18 heures

c. Dialectique mise à l’abri/demande sociale

La Halte de Nuit est un lieu qui vit toute la nuit, elle propose un accueil et un accompagnement de 20h à 9h du matin. Cette possibilité d’exister sur le lieu à n’importe quelle heure de la nuit a pausé certaines difficultés liées notamment à la disposition des locaux. Même si la grande majorité des personnes dorment entre minuit et 7h45 du matin (heure du réveil général) dans la pièces de repos, les autres ont la possibilité de rester éveillé, regarder la télévision, discuter entre elles ou avec les membre de l’équipe, dans la pièce de vie qui est adjacente à la salle de repos. Le bruit occasionné par les noctambules a souvent été facteur de stress et de tentions (parfois violente) avec ceux qui dorment. De plus cette possibilité de veiller toute la nuit a souvent été incomprise et à l’ encontre des représentations de certaines personnes aux rythmes plutôt circadiens. Cependant la réalité de l’occupation du temps sur la Halte dépasse cette vision bipolaire.

En effet durant ces cinq mois passés à la Halte de Nuit certains se sont posés tous les soirs dès 21h jusqu’à 4h du matin, alors que d’autres dormaient de 3h à 7h 45, ou ne dormaient pas du tout. Beaucoup de tensions aurais pu être évitées avec des locaux plus adaptés, c’est à dire avec une salle de vie isolée de la salle de repos, voir avec la création de deux Haltes de Nuit, une, socialement repèrente, privilégiant le repos, et l’ autre, permettant un travail d’accroche et un accueil pour les personnes déconnectées de toute temporalité.

CONCLUSION

La Halte de Nuit, de par sa singularité, a pu accueillir durant cet hiver une centaine de personnes n’ayant pas leur place ailleurs. De par sa souplesse institutionnelle, elle a permis aux personnes les plus vulnérables à la rue de trouver refuge et considération. Elle a cette capacité de pouvoir accueillir et accompagner à n’importe quelle heure de la nuit et sans limite de durée (sauf la fermeture) les personnes les plus désocialisées grâce à la présence continue d’une équipe mobilisée de 20h à 9h du matin. C’est un lieu de passage pour certaines personnes et un lieu de stabilité pour d’autres, mais

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pour toutes c’est un lieu repère où l’on peut poser son sac et rompre un temps avec l’errance et la solitude.

Cependant l’inadaptation des locaux, le manque de moyen humain et matériel, et la discontinuité de l’accueil (fermeture d’avril à novembre), sont autant de facteur engendrant de l’insécurité et de ce fait de la violence et des échecs dans des parcours de vie souvent chaotiques.

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