béchamp antoine - la théorie du microzyma et le système microbien
TRANSCRIPT
LA THORIE DU MICROZYMA
LE SYSTME MICROBIEN
LETTRES A
Wl.
LE
D'
EDOUARD FOURNIEet
DIRECTEUR
DE
LA Revuc mdicale franaise
trangre.
TRAVAUX DU MME AUTEUR A CONSULTER,
De rinfluenco que Tenu pure ou
cliarge de divers sels exerce froid sur le sucre de canne. 1855-1857. Annales de chimie et de physique, 3" srie, t. Liv, p. 28. Ce travail contient en germe la thorie du microzyma; il conclut contre les gnrations
spontanes et contient
la thorie
de l'antisepticit.et
Sur
les
gnrations dites spontanes
sur les Tcrments. Annales de
la Socit
Linnenne de Maine-et-Loire. 1863.
Lettre M.
Dumast.
sur la thorie de l'antisepticit.Vl, p. 248.
1865. Annales de chimie et de
physique, 4^ srie,
Mmoire sur
la
nfrozymase. dans
l'tat
normal
et
dans
l'tat pathologlque.-
1865, Montpellier mdical et Gazette hebdomadaire de mdecine et de chirurgie.
Du
rle de la craie dans les fermentations butyriques et lactiques, et des organismes actuellement vivants qu'elle contient. 1866, Comptes rendus, t. LXIII,451. 1866.
ji.
Du
rle des organismes microscopiques de la bouche (ou de Leunenhoecli) dans la digestion en gnral et particulirement dans la formation de la diastase
saiivaire.
En commun avec Estor
et Saint-Pierre.
1867, Montpellier mdical.
Sur l'Innocuit des vapeurs de crosote dans1866.
les
ducations des vers soie.
Comptes rendus.
Faits
pour servir l'histoire de la maladie parasitaire fies vers soie appele Pbrine et spcialement du dveloppement du corpuscule vibrant. 29 avril 1867, Comptes rendus^ t. lxiv.
Sur l'existence de parasites particuliers sur et dans certains vers soie malades les rests petits. 1867, Comptes rendus, p. 1044.:
Surt.
la
nature de la maladie des vers sole
dits rests petits. 1867, Comptes rendus,
LXIV, p. 1185.la
SurL,a
maladie mlcrozymas des vers Comptes rendus,et la
sole. 1868, Comptes rendus.et les
maladie microzymateuse des vers soiet.
granulations molculaires.
1868,
lxvii, p. 443.
M. Pasteur
maladie des vers soie
dites des morts-flots. Lettre
M.
le
Secr-
taire perptuel de l'Acadmie des sciences. 12 juillet 1868, Montpellier mdical.
Sur la maladie mlcrozymas des vers soie, propos d'une rcente rclamation de M. Pasteur. 1868, Comptes rendus, t. lxvii, p. 102, et Montpellier mdical.
SurSur Sur
la
fcrmentatiou alcoolique et actique spontane des ceufs.t.
1868,
Comptes
rendus,les
lxvii
,
p. 523.
mlcrozymas du tubercule pulmonaire t.
l'tat
crtac, 1868, ComptesEstor.
rendus,la
lxvii, p. 960. Montpellier mdical,
t.
xxi, p. 53i.
En commun avec
nature des corpuscules organiss de l'atmosphre et sur la part qu'il leur revient dans les phnomnes de fermentation. Comptes rendus, t. LXXIV,
p. 629.
Transformation physiologique des bactries en mlcrozymas et fies mlcrozymas en bactries dans le tube Intestinal du mme animal. 1873, Comptes rendus,t.
Lxxvi, p. 1143. En
commun
avec Estor.
liCs
mlcrozymas
sont-ils des
organismes vivants
?
Exposition d'unet.
thorie gn-
rale de l'antisepticit. Bulletin de l'Acadmie de mdecine, 2^ srie,
xi, p. 497.
t.es nticrozyntas dans leurs rapports avec l'htrognie, l'histognie. la siologie et la pathologie. In-S e xxxviii-992 pages. 1883.
phy-
Mlcrozymasments,Etc., Etc.
et
microbes.
Thorie gnrale defils.
la
nutrition et
origine
des
fer-
etc. J.-B. Baillire et
1886.
^
LA THORIE DU MIGROZYMALE SYSTME MICROBIEN
LETTRES A M. LE
D>-
EDOUARD FOURNIEet
DIRECTEUR DE LA Reouc mdicale franaise
trangre
PRCDES D'UNE PRFACEPAR
A.
BCHAMPl'
ANCIEN PROFESSEUR DE CHIMIE MDICALE (CHIMIE ORGANIQUE ET BIOLOGIQUE)
A LA FACULT DE MEDECINE DE MONTPELLIER,
MEMBRE CORRESPONDANT DE
ACADEMIE DE MDECINE, ETC.
PARISLibrairieJ.-B.
BAILLIREHautefeuille.
et
Fils
19,
Rue
18
8 8
A Monsieur
le
Docteur
Michel
PETER, ,
Professeur de clinkjue mdicale a la J^acult de J'arisJMembre de l'acadmie de mdecineetc.
Je vous ddie ces Lettres,
Monsieuramiti
et
e'minent collgue,
comme un hommageadmiration pourle
de
ma vive
et
de
ma sympathique
courage que vous mettez dfendre, avecla
une
si
haute autorit,les
mdecine scientifique
et tradition-
nelle contre
empitements de doctrines dont touset les
les
dogmes sont faux
applications purement empiriques.
A.
BCHAMP.
PREFACE
Deux erreurs
sculaires sont la base des sciences de
l'organisation et de la vie. Oui, la physiologie, l'histologie,la
biologie et la mdecine, lesla vie et
sciences de l'organisation,
de
de la maladie, sont entraves dans leur marche
par deux erreurs fondamentales, d'autant plus graves qu'onles tient
pour des
vrits d'exprience.
La premire
consiste croire l'existence d'une matire;
vivante par essence
la seconde,
admettre, avec Charlesla modification la
Bonnet, que l'organisation n'est queexcellente de la matire.
plus
Ces deux erreurs, aujourd'hui confondues en une seule,
dominent
si
bien dans la science et dans l'enseignement,
qu'elles sont devenues le pluset
grand obstacle au progrs
la manifestation de la vrit. Elles sont d'autant plust
tenaces qu'elles ontplus en
propages par
le physiologiste le
renom de
ce sicle, Cl. Bernard, et par ses disciples.
Elles constituent le plus solide appui de la grande erreur
mdicale contemporaine. L'histologie
mme, rpudiant
la
doctrine de Bichat, s'est faite la servante de cette dernire,
dont
elle aiderait lasi elle
mdecine se dbarrasser comme d'un
opprobre,
n'tait l'esclave des
deux erreurs sculaires.
Mais, dans la seconde moiti de ce sicle, une troisimeerreurJ.-B.s'est
ajoutequi,
celles-l.
Malgr
l'autorit
de
Dumas
d'accord avec une ancienne manire de
voir,
VI
,
avait
incontestablement dmontr qu'il existait plules chimistes,
sieurs espces de matires albuminodesla
suite d'tudes
fort
incompltesfini
pour ne pas direqueles
superficielles,
ont
par admettre
espces
distingues
par
Dumas
n'taient
que des mlanges de
certaines matires minrales et autres avec
une substancemodifications
toujours la
mme, appele albumine, ou desdes chimistes,
de
celle-ci qui
n'en changeraient pas la nature. Bref, selonil
l'opinionle
commune
n'existerait donc, sous;
nom
d'albumine,
qu'une seule matire de cet ordrele
c'est ce
que
j'ai
appel
systme de l'unit substantielle (1)
ou dedans
l'identit.la
Cette substance unique est
mme
devenue,vie,
suite,
sous l'appellation de base physique de la
la matire vivante
par
essence.
Il
est intressant
de rappeler
commentdanstous;
cela a
pu
se faire.
Les matiresle
albuminodes jouent un trs grand rletres vivants.
monde des
On
les
retrouve
dans
elles paraissent aussi ncessaires la
nature animale
qu' la nature vgtale. L'universalit de leur rencontre
dans
les tres vivants,
depuis
la
cellule qui sera l'uf, la
graine ou la spore, a vivement frapp J.-B.d'autres savantsla;
Dumas comme
c'est
pourquoi, au lieu de leur conserver
dnomination de matires animales qu'on leur avait donne
parce qu'elles existent en plus grande abondance dans les
animaux,
l'illustre
clrimiste les
nommtes
matires azotes
neutres de l'organisation (2).
Deniss,
l'universalit
de leur prsence dansla
les tres orga-
on a d'abord conclu
grandeur de leur rle
ce qui tait lgitime,
puis non seulement la prpon-
drance, mais
la
spcialit de ce rle,
ce qui n'tait
(1) Mmoire sur les matires albuminodes. Recueil des Mmoires des Savants trangers, n" 3, t. XXVIII, p. 2 (1884). (2)
Annales de Chimie
et
de Physique,
t.
VI, p. 385 (1842).
VII
conforme
ni la raison, ni d'accord avec la
mthode expprouve. Voilvint as-
rimentale, car cette
spcialit n'tait pas
comment unsurer queles plus le
biologiste
clbre,
M. Huxley, en
blanc d'uf ou albumine est un des compossla protine
communs de
peu prs pure,vivanteest
et
que
nous pouvons dire que
toute
matire
plus ou
moins semblable l'albumine.
La matiredire,il
vivante tant suppose ce que je viens de
n'est pas surprenantl'identit,
qu'un chimiste,
partisan du
systme deet
en vint ne voir dans l'albumine
les
matires
albuminodes
que des dbris d'organes,la biologie
dont l'histoire devait appartenir la
plutt qu'
chimie
:
aussi ne consentit-il s'en occuper que pour
se conformer l'usage.
Maisgistes
le
blanc d'uf tait aussi peu connu dessi
biolo-
que des chimistes;
peu connu que Ch. Robin
le considrait
comme
le
type des mucus, corps encore plusle
mal connus, dont Oken, sous
nom
dUuschleim (mucus
primordial), faisait la matire vivante originelle.Cette matire vivante,botaniste, l'ontnatre.
d'autres, aprs
Hugo MohI,la
le
nommeil
le
Protoplasma, sansa pens
mieux con-
M. Huxley,
est vrai,
que nous pouvons
dire avec vrit qu'elle est semblable la protine, c'est-dire
une certaine matire albuminode de raction de
laboratoire aussi
mal
spcifie, qu'il rapproche
du blanc
d'uf. Qu'est-ce donc anatomiquement, histologiquement,sinon chimiquement, qu'uneCl.telle le
matire?
Bernard, ayant admisluifait
protoplasma avec
le rle
qu'onest
jouer, a cherch,se la
non pas savoir quellefigurervie.la
sa
composition, mais l'organisationet
ce
qu'il
est
partait
rapport
Son opinion
d'accord avec l'ideessence.
sculaire de
matire
vivante par
En
effet,
ayant rappel que l'opinion
commune,
VIII
d'accord avec celle d'Aristote, tait que tout corps vivantdevait tre dfini par sa forme,trairen'estil
donna en exemple condisait-il,
cette opinion
le
protoplasma, lequel,
pas morphologiquement constitu, mais seulement chi,
miquement ou du moins physico-chimiqiiementapprendre en quoi consiste une
sans nous
telle constitution.
Avant
Cl.
Bernard,
Ch.
Robin avait missi
la
mme
manire dedans tous
voir,
mais plus explicitement,avec plus de clart.Il
c'est possible,
les cas
nommait BlastmeSelonlui,
ce que d'autres appelaient protoplasma (1).
le
blastme
tait le rsultat
de l'union, selon un mode partidissolution rci-
culier de combinaison, qu'il appelait par
proque, d'un plus ou moins grand
nombre de principes
immdiats divers, au nombre desquels figuraient, autitre
mme
que
les autres,
des matires albuminodes.il
La subsvivante,
tance ainsi produite,
la
supposait organise
et
quoique di^oiimm de structure (estructus,c'est--dire
bti, disait-il),
quoique non figure ou, en d'autres termes,
non morphologiquement constitue.C'est bien la
mme
ide, et c'est bien l la notion anciennela
de
la
matire vivante. Protoplasma ou blastme,
voil, tissu,
selon l'opinion dominante.
La
cellule,
une
fibre,
un
un lment anatomique quelconque, un organisme, sontrputs vivants uniquement parce qu'ils sont constitus parelle.
On semblequ'une
admettre sans restriction que l'organisationla
n'est
modification,
plus
excellente,disait
de cette
matire, de la matire tout court,
comme:
Ch. Bonnet.
Bref, selon les auteurs contemporainslogistes, histologistes, pathologistesle
chimistes, physio-
de l'cole pasteurienne,:
protoplasma,(1) Ch.
matire sans
structure, suffit tout
il
Robin
faisaitCl.
tait
pas,
comme
procder son blastme de l'tre vivant; il n'admetBernard, du protoplasma, un blastme primordial,
prcdant les formes vivantes. sophie que son mule, et aussi
Eule
cela,
il
avait
videmment plus de
philo-
gnie plus physiologique.
est la sourcela vie.
IX
dela
unique de l'organisation,
forme
et
de
De
ce que Ch. Robin disait de son blastme qu'il tait
organis et vivant quoique non structur, et Cl. Bernard, du
protoplasma
qu'il
tait
vivant
quoique
non
morphologi-
quement constitu,l'impuissance
ne
faut-il
pas conclure que c'est paret
de
dfinir
convenablement
exprimen-
talement l'organisation
et la vie,la
qu'en dsespoir de cause,matire hypothtique queet
on a imagin un
nom pour
l'on supposait vivanteles sicles
par essence
par destination que
avaient conue?les
Onle
ne peut pas ainsi simplifieret la raison!
choses et satisfairela
bon sens
Mais a-t-on essayqu'il existe
moindre
dmonstration pour prouvertire vivante,
vraiment une ma-
organise et non morphologiquement dfinie,
c'est--dire sans structure? A-t-on jamaisspcifi
vu un tre vivant,matire,ft-ce
par sa forme, sortir d'une
telle
un ciron ou un vibrion?diction
D'ailleurs, n'y a-t-il pas contra-
formelle danset
les
termes,
dans
l'affirmation
de
Ch. Robin
de Cl. Bernard?,
La
contradiction
certes
,
n'a chapp ni aux anciens niqu'il y ait organi-
aux modernes. On a compris que, pour
sation et vie, la matire, quelle qu'elle ft,
mme
l'albu-
mine oule
celle
de composition fort complexe forme selonsuffisait point.
mode imagin par Ch. Robin, ne
Buffon
avait
imagin une matire organique sous
la
forme
de
molcules organiques, et Ch. Bonnet ses germes prexistants,les
uns
et
les
autres
universellement rpandus, pour y
chapper.tait la
Enfin, aprs Bichat, on imagina que la cellulese,
forme organise, structure, vivante perds l'origine;le
en quoid'o
la vie rside
on en
fit
l'imit
vitale,la
procde l'organisation,
dveloppement avec
forme, du
Tout de
l'tre le plus
compos.
Mais on ne tarda pas s'apercevoir quepeut pas tre cette unit vitaleet,
la cellule
ne
c'est--dire ce qui a la vie
l'organisation en soi,
ce qui est vivant |;er se, car elleles
n'est
qu'un lment anatomique aussi transitoire que
autres que l'on connaissait. rejoindre dansl'oubliles
Le systme
cellulaire alla
donc
systmes des molcules orgaAlors,lesle
niques
et
des,
germes prexistants.
savants,
dcourags
ne sachant par quel ct attaquerlala
problme,
en sont revenus l'erreur sculaire depar essencepluset
matire vivantemodification la
par
destination,
dont
excellente serait l'organisation.
Depuis plusieurs annes, mais en vain, je ne cesse designaler ces erreurs en les combattant; ces contradictions,
en essayant de
les faire disparatre.
Les savants y reviennent
sans cesse, avec persistance, refusant de recevoir la vrit
qu'on leur apporte.
Il
semble que
la
question reste pendant
longtemps ouverte entre
celhilaristessoit
pardon du nolo-
gismeclose,
et
protoplasmistes,celle
dsormais une question
comme
de la quadrature du cercle, au profitsi elle tait
des seconds,
comme
irrvocablement tranche
selon les principes de la mthode exprimentale.
En
fait,
ceux-l
mmes
qui tiennent
la
cellule
pour
une forme
structure individuellement vivante, c'est--dire dont la vie
ne procde pas defait partie,
celle
du Tout de l'organisme dont
elle
ne font dpendre sa vitaht que du protoplasma
qu'elle renfermeIl
ou dont
elle serait
une modification.
en est
si
bien ainsi que M. Pasteur est all jusqu'aule
bout du systme, lorsqu'il a admis, sans
moindre doute,de sant, est
que
l'intrieur
du corps
vivant,
dans
l'tat
quelque chose de comparable au vin,
la bire
ou au motqu'il a
purs dont une outre serait remplie. C'est ainsi
pu
imaginer qu'une plaie se gurit, une blessure se cicatrise
comme un
cristal
cass
se
rpare dans son eau mre,
,
XIc'est--dire
dans
la solution;
de
la
substance qui le compose
ou dont
il
est
form
ce qui revient dire que l'intrieurla
de l'organisme, par rapporta sa fonction rparatrice de
blessure, est semblable la solution de la substance qui
rpare la cassure du
cristal.
Certainement M. Pasteur distingue en quelque chose
la
matire de l'intrieur de l'organisme de celle du vin ou dela dit
bire,
ou d'une solution d'un compos
cristallisable
;
il
seulement qu'elle est doue de vertus de transformationl'bullition
que
dtruit,
imaginant
une nouvelle
qualit
occulte l o l'on avait l'ide nette de qualits d'un ordre
parfaitement
dtermin
et
sans analogues.
Ah!
qu'il
y
aurait dire sur ces vertus de transformation. Tout ce quej'en
veux dire en ce moment,
c'est que, lorsqu'un savant
en
est rduit imaginer
quelque cause occulte pour expliquer
des phnomnes d'ordre physique ou matriel, c'est qu'iln'a pas
pu en dcouvrir d'ordre exprimental.le
Ce qui me frappe
plus en tout cela, c'est l'impuis-
sance o l'on a t jusqu'ici pour dfinir avec prcisioncequ'il
faut
entendre par matire vivante, blastme ouSi,
protoplasma.
pour M. Huxley,
c'est
une matire plusla
ou moins semblable au blanc d'uf ou corpssi
protine
dissemblables
;
si tel
autre admet
un protoplasmaou un mucus,dontil
originelCl.
qui serait de nature albuminodeserait
Bernard en admet un qui
unique,
ne
recherche en aucune faon connatre la composition, tandis
que Ch. Robin y introduit l'albumine oualbuminode, au
telle
autre matire
mme
titre
que
tel
autre principe immdiat
organique ou minral. Quant Hugo Mohl, l'inventeur dumot,il
n'y voyait qu'une substance demi-fluide, azote,
que
l'iode jaunit.
Mais des matires albuminodes elles-mmes on en savaitsi
peu de chose, que
les chimistes,
bout d'efforts,
il
faut
XIIle
leur sujet au systme de
rappeler, en taient arrivs
l'identit.
Pour n'avoir pas l'importance exagre qu'onsi
leur a attribue, elle est pourtant chissant je suis surpris qu'on aitlogieet
grande, qu'en y rfl-
pu s'occuper de physiosans tre fixattentivele
par suite de mdecine
sur
cette
hypothse.
Eh bien, une tude
de ces matires
a conduit la dmonstration que
systme est absolu-
ment erron. Loin d'aboutir au
systme triomphant defait
Vunit substantielle, elle a mis hors de doute lemultiplicit spcifique.si
de leur
Mais
c'est
V infinit qu'il faudrait dire
on
les
tudiait,
disais-je,
non pas seulement dans un
petit
nombre
d'tres,
mais dans chacune des innombrables
espces de la cration (1). La preuve de cette multiplicitatfaite
devant
une
Commission de l'Acadmie des
sciences (2).
Et ces espces nombreuses sont des espces
chimiques, distingues par les caractres gnraux des principes immdiats lestoire, c'est--direet le
mieux
dfinis et
par leur pouvoir rotale
par leur caractre physiquela fois:
plus dlicatla rotation
plus
prcis
la
dviation
ou
qu'elles
impriment au plan de polarisation des rayons lumi-
neux. Et depuis, dans un travail de grande importance,
M.
J.
Bchamp
a dmontr, par l'analyse des ufs de plu-
sieurs espces animales ovipares, qu'aucune des albuminesqu'ils
contiennent, dans le blanc et dansla
le
jaune,
n'est
identiquement
mme
que dans l'uf de poule ou d'uneIl
autre espce quelconque (3).
a mis de plus en plus enIl
lumire l'erreur de Vinittravail
substantielle.
ressort de son
un
fait
qui frappera le physiologiste, le biologiste
(1)
Remeil des Savants trangers, loc
cit.
Rapport sur le Mmoire relatif aux matires albwnindides, prsent l'Acadmie par M. A. Bcliamp. Commissaires MM. Milne Edwards, Peligot, Fremy, Caliours Dumas, rapporteur. Comptes rendus, 8 mai 1882.(2):
;
(3) J.
Bchamp, Nouvelles
recliercUes stir les alhianines
normales
et
patho-
logiques. J.-B. Baillire et
fils.
1887.
XIIIetle
mdecin autant que
leest
philosophe, c'est que,ce qu'il est,
chimiquement, un animaldontil
dans l'uf
mme mme
provient,
non seulement quant et
ses lments ana-
tomiques propres
ses
microzymas, mais par ses albu-
mines
et ses
autres matires albuminodes.:
Et ce n'est pas tout
le
mme
chimiste a redress une
grande erreur au sujet de l'albumine du srum sanguin.
On
croyait
que l'albumine des transsudats
et
de l'urineil
pathologique n'tait autre que l'albumine du sang. Or,
s'est
trouv non seulement qu'il n'en est pas ainsi, mais quecelle
qu'on y trouve n'est pas unique
etla
qu'aucune de
celles
qu'il a isoles
ne possde pas
mme
composition lmena dcouvert ce fait
taire de celle
du srum. Enfin l'auteurexiste
capital,
qu'il
une certaine
relation de cause effetle
entre le tissu au travers duquelet la
transsudat se produit
nature des albumines de l'panchement (1).voil loin
Que nous
du protoplasma selon M. HuxleyCl.
et
du protoplasma unique de
Bernard!
En rsum donc,
qu'il s'agisse
du protoplasma de Mohl,
de celui de Cl. Bernard, du blastme de Ch. Bobin, lequelde par sa dfinition n'est quela plus excellente modificationle fait
de
la
matire qui
le
compose,
que M. Huxley a pula
dire
que
le
protoplasma est semblable
protine ou
l'albumine, prouve incontestablementles
que
les naturalistes,
physiologistes
et
les
chimistes le croyaient de
mme
nature qu'un principe immdiat quelconque ou d'un mlange detels
principes. D'o
il
faut conclure que,
mme
aprs Lavoisier et aprs Bichat, les savants ne doutaient
pas qu'un compos purement chimique ou un mlange detels
composs, bref,
la
matire tout court, pouvait tre
rput vivant. Voil l'erreur que je m'elorce de mettre
nu pour(1) J.
la
rduire nant.loc. cit.
Bchamp,
XIVMaissi
l'on croyaitsi
fermement l'on admettait
l'existence d'une
sem-
blable matire, et
qu'elle pouvait d'elleil
mme
devenir vgtal ou animal,
faut pourtant
faire
observer que, malgr tout, cette croyance
rpugnait pro-
fondmentCertes,ils
et
choquait
le
bon sens
mme
de ses sectateurs.
croyaient qu'il ne s'agissait que de pure matireet chi-
dans ce protoplasma, de matire au sens physique
mique mais, pour;
qu'elle produist les merveilles de l'orga-
nisation et de la vie, Ch. Bonnet supposait qu'elle devait,
auparavant, subir quelque excellente modification pour trerpute doue d'organisation; Gh. Robin, que ses composants devaient tre unis suivant
un
certain
mode pour;
qu'elle
pt tre rpute organise
et
capable de vivre
Cl.
Ber-
nard y supposait une constitution pralable'physico-chimique;
qu'il
nommaitdisciple
M. Van Tieghem, un botanistela
de M. Pasteur,
disait
en voie deft
continuelle transfor-
mation (1); M. Pasteur, qu'elle
doue des vertus deetc.
transformation que Vhullition dtruit,
Le merveilleux deici
l'affaire, c'est
que M. Pasteur
dont
je
veux seulement exposer
les
ides matresses tou-
chant la physiologie
Il
s'tait
longuement occup de prou-
ver que la matire ne pouvait pas spontanment s'organiseret
devenir vivante.
disait avoir ruin, et cela
de fond enla
comble, les expriences de Pouchet concernanttion
gnrafait
spontane des vibrions;
il
assurait enfin avoir
taire la contradictionla
touchant la doctrine matrialiste de
gnration spontane.Alors, pour dmontrer premptoirement que l'intrieur
du
corps est semblable au vin ou la bire, c'est--dire un(1)
L'ide de cette continuelle transformation a sans doute sa source dans
cet autre prjug, d'aprs lequel les matires albuminodes seraient minemment altrables. J'ai dmontr qu'au contraire, ces matires, mme en
solution aqueuse, sont d'une inaltrabilit remarquable par elles-mmes! Peut-tre est-ce aussi une rminiscence de la faon dont Littr se figurait la matire organique anime.
pour chercherla
XVil
mlange purement chimique de principes immdiats,puret
alla,l'air,lait,
l'gard des
germes de,
prendre dans cet intrieur des masses musculaires
du
du sang, de
l'urine, etc.;
un de
ses lves, sous son inspi-
ration, la matireafin
mme
de l'intrieur de l'uf de poule,
de prouver cjue ces matires, ces liquides purs, non
seulement ne produisent rien de vivant, mais ne devaientpas
mme
s'altrer,
de
mme
que ne s'altrent pas
et
ne
produisent rien de vivant les principes immdiats purs ouleurs
mlanges.lettres tablissent
Ces
que M. PasteurPouchet,propreset
s'est les
tromp
et
sur les
expriences
desesil
sur
rsultats et
l'interprtation des'agit
expriences.
Mais
il
ne
pas de cela;effet,
s'agit
de chose plus grave!!
En
admirez
la
merveille
La matire de
cet
uf,les
qui ne
donne pas
mme
naissance un vibrion entre
mains de M. Pasteur, c'est--dire d'elle-mme ou par gnration spontane, puisque
par hypothse
elle
n'est
com-
pose que de principescette matire,
immdiats purement chimiques,
dans
la
couveuse, produira des cellules, uncirculatoire et
systme nerveux,digestif,
un appareil
un
appareilet,
un systme osseux, des glandes, des organes,
finalement, un oiseau garni de plumes.
Mais enfonds
mme
temps
la
matire de l'uf subit de pro-
changements,
s'altre
en un
mot, pour
devenir
d'autres matires dans les diffrents centres organiques de
l'animal
!
Et pour aboutir ce rsultat, de
la
chaleur et desi
l'oxygne sont seuls intervenus. Qu'est cela,la gnration
ce n'est de
spontane, de l'altration spontane au pre-
mier chef,
si la
matire de l'uf n'est que du protoplasma,
un mlange ou un compos de principes immdiats comparable au mlange de principes duvin et la bire?
mme
ordre dans
le
M. Pasteurformation quedira-t-il
XVIc'est
en vertu des vertus de trans-
que
rbulUtion
dtruit,
que ces merveilleuses
transformations chimiques s'accomplissent, que ces cellules,ces organes s'difient?
commea-t-il
il
a soutenu que c'est grce
elles
que
les
masses musculairesqu'yle
de ses
expriencesla viande,le
s'altrent! Sinon,
dans l'uf, dansles altre
dans
le
lait,
dans
sang qui
sans
concours
des germes de l'air?
Ensi
vrit, ces
vertus de transformation
que sont-elles?
ce n'est cette modification la plus excellente qui procure;
l'organisation de la matire
cette constitution physico-chi-
mique,
cette voie de continuelle transformation, ce
mode par-
ticulier de combinaison,
en vertu desquelstel
le
protoplasma setel
constitue et devient apte produire
ou
animal,
tel
ou
tel
vgtal, plutt
que
tels
ou
tels autres!
Et que sont-
elles
autre chose aussi que ces Forces productrices, vgplastique,et
tatives,
organisatrice, ce Nisus formativus, dont
Needham
plus tard Pouchet se contentaient et dont les
naturalistes se contentent
pour expliquer
soit la
gnration
spontane, soit l'organisation? Quoi de plus qu'euxvoit-il
M. Pasteurlui
dans l'uf oueux,il
dans l'intrieur du corps? Pourn'y a dans
comme pourcelle
l'uf et dans l'organisme
vivant que de la matire
commune, du mme ordre queet
du
vin,
deil
la bire
ou de leurs infusions
macrations.
Comme
eux,
a misil
un mot nouveau fait
la
place d'autresla question.
mots, voil tout;C'est vident,
n'a pas
avancer d'un pasn'a pas
M. Pasteurle
expliqu autrement
que ses devanciers
mystre de l'organisation, ni celui
des transformations de la matire dans l'organisme pen-
dant
la
vie
ou aprs
la
mort.
A
la
place des
qualits
occultes qu'ils supposaient dans la matire qui s'organiseet se transforme,il
a
mis
les
mmes
qualits
sous une
autre dnomination.
Voyonsnexe.s'il
XVII
a t plus
heureux dans une question con-
Les anciens se proccupaient beaucoup du mystrieux
phnomne de
la
fermentation
et
de sa cause. Plusieurs
philosophes, savants et mdecins des deux derniers sicleslui
ont
,
divers
titresla
,
consacr leur attention ou leursla
mditations.
Aprs
mort d'un organisme,
matire
entrait en fermentation, et la cause en tait attribue
une
certaineLittr,
dcomposition
spontane
due,
comme
le
disait
ce que la chimie, dlivre
du contrle, rentrevaguement Tide
dans tous ses droits.
On
avait cependant
que pendant
la vie
s'accomplissaient dans l'organisme deset
phnomnes du mme ordre
que
les
maladies taientelle
des fermentations irrgulires. Quant la cause,t regarde
a
plus tard
Newton
la
concevait
comme occulte. La comme l'effet d'unela
fermentation,
cause
supra-
matrielle qu'il appelait
causeet
de la fermentation.
Les
prtenduesordre.
forces
catalytique
de
contact sont de cet
Cagniard de Latour osa soutenir enfin quetation est
la
fermenc'est--
unacte
effet
de
la
vgtation
du ferment,
dire
un
vital,
le
ferment
tant
considr
comme
organis et vivant.
M. Pasteurfermentations.
s'est
occup,quoi
lui
aussi, des ferments et des
En
a-t-il
fait
progresser
la
question?
Le
voici
:
A
l'
encontre des anciens,
il
a ni
quela
les
altrations
spontanes des matires animales aprs
mort fussent,Il
aucun
titre,
des
phnomnes de fermentation.
neles
consentit considrer
commel'air.il
tant de cet ordre queles
altrations qui reconnaissent
pour cause
ferments pro-
duits par
les
germes de
Quant
la
manire de voir
de Cagniard de Latour,
se l'est
approprie en l'non-
XVIIIant autrement.l'acte
Pour
lui aussi,
le
ferment est vivant,
et
chimique de
la
fermentation est essentiellement
un phnomnes'arrtant
corrlatif d'un acte vital,
commenantsavoir
et
avec
ce dernier.
Quant
en
quoi:
consiste l'acte chimique, voici ce qu'il en dit
lui-mme
Maintenant en quoi consiste pour moi
l'acte
chimiqueet
de ddoublement (dcomposition, altration) du sucre
quelle est sa cause intime? J'avoue que je l'ignore compl-
tement (1).
Sur tous ces
sujets, aussi graves
que grands, M. Pasteur
a donc laiss la science au point prcis o ses devanciers, les
anciens
comme
les
modernes, l'avaient laisse,
et
au point
prcis o Gagniard de Latour tait parvenu.il
Non seulementle
ne leur a pas
fait faire
un pas en
avant, mais sursi
point
si
important de la question de savoir
aprs la mort lail
matire du cadavre est ou non spontanment altrable,t,
a
aprs avoir expriment, moins bien inspir qu'eux,
et,
interprtant
mal
ses propres observationsl'ai fait
,
il
semble avoirailleurs:
conclu en sens contraire. Je
remarquer
M. Pasteur, quide
croit avoir fond la thorie physiologique
la fermentation, n'a
pas
mme
aperu
les
liens
troits
qui rattachent la fermentation alcoolique par la levure debire la nutrition dans les tres suprieurs, et nous ver-
rons que ses ides physiologiques ne le
lui
auraient pas
permis.
Mais pourquoi
insist-je plusle
particulirement sur ces
erreurs, et pourquoi
nom
de M.
Pasteur revient-il
si
frquemment sousC'est d'abord
ma plume?obstaclela science
parce que ces erreurs sont un
permanent au progrs desuite,
physiologique et, en-
parce que ce savant plus qu'aucun autre a contribu
les(I)
propager en propageantAnnales de Chimieet
le
systme mdical prconut.
de Physique, 3 srie,
LVIII, pp. 359-360.
XIXqai en est la consquence presque fatale. Ce systme n'est
pas de
son invention
;
il
ne croyait pas au parasitismeil
;
mais, depuis qu'il y croit,
a
russi l'imposer
un
grand nombre dans
la foule
des incomptents et
mmeles
des
mdecins. C'est encore parce qu'il use de tous
moyens
en son pouvoir pour faire obstacle ceux qui combattentses erreurs, usant
de stratagmes pour empcher leursexpriencesd'apparatre avecleur
recherchesvritable
et
leurs
signification.et
Et quand je parle aussi hardimentces erreurs
avec conviction de
que M. Pasteur
s'est
appropries en leur donj'ai
nant une apparence de vrit d'exprience, c'est queraison, et que je le prouve,
non pas seulement parla plus
le rai-
sonnement, mais par l'applicationprincipes de la
rigoureuse des
mthode exprimentale, que M. Pasteuret
mconnat absolument dans ses travaux de physiologiede mdecine.Oui, rencontre de
M. Pasteur,
il
est
prouv
qu'il
n'existe pas de matire vivante par essence et
par desti-
nation,bire,
qui serait plus ou moins semblable au vin, la
ou un mlange quelconque de principes immdiatsIl
organiques et minraux.
n'y a,
au contraire,
vie
que
l
o
il
y a organisationle
;
non pas organisation dans un sens
vague, mais dans
sens d'dification, de construction, de
structure (de structus, bti,
comme
s'exprimait excellem-
ment Ch. Robin). Non pas queemportel'ide
l'organisation ainsi entenduesoit
de vie; en d'autres termes, que la vie
un
rsultat de l'organisation,
ou que
la vie soit
le
corr-
latif
de la structure, mais en ce sens que l'organisation est
la condition
de
la
manifestation et de la conservation de lala force coercitive
vie,
peu prs commede la
dans
l'acier est la
condition
conservation et
de
la
manifestation du
magntisme dans un barreau aimant, ou encore comme
XX
l'animalit est la condition de la raison et de l'intelligence
dans l'homme
(1).
Mais
est-il vrai
que, sans invoquer de qualit occulte desoit
quelque ordre que cecette
dans
la
matire, on puisse fournir
preuve? Cesles
lettres sont
consacres cela, en dvelop-
pant toutes
consquences d'un prcdent ouvrage (2).
C'est pourquoi j'en dirai
peu de chose
ici,
voulant consacrer
cette prface d'autres considrations.
Aprs avoir redress l'erreur du systme de Vimit substantielle
des matires albuminodes (3),
j'ai
successivementle
dmontr,
souvent
enet
collaboration
avec
professeurinstruit
Estor un mdecin
un chirurgien profondment
des doctrines de l'cole hippocratique de Montpellier,toutes les cellules, tous les tissus, toutes les
que
humeurs de
l'organisme vivant reclent un lment anatomique autono-
miquement
vivant, je
veux dire vivant per
se,
dans lequel
l'organisation etn'est
la vie
sont indissolublement unies et qui
pas
la cellule
des cellularistes, mais grce auquel lacet
cellule, le tissu,
l'humeur de
organisme
et cet
organisme
lui-mme sont constitus
vivants. L'existence de cet lment
anatomique n'est pas transitoireCet lment esttel qu'il survit
comme
celle
de
la cellule.
au trpas
et la;
mort, voirebref,;
la destruction physiologique de cet organisme
il
est
physiologiquement imprissable
:
c'est le
microzyma
c'est
grce au microzyma que la substance d'une espce vivantedire que la force coercitive retient le mouvement qui consmagntisme; de mme on peut dire que l'organisation retient le mouvement qui est la vie; par exemple, quand, par le broiement, on a dtruit l'organisation de la levure de bire, toute la matire tant l, cette matire, pourtant, n'est plus la levure, car elle ne fait plus subir la fermentation alcoolique au sucre. Voir sur cette exprience, Annales de(1)
On peut
titue le
Cliimie et de Physique, 4^ srie,(2) Les
t.
XXIII, p. 446 (1871).
l'htrognie, l'histognie, la physiologie et la pathologie, etc. J.-B. Baillire et flls (1883).(3)
Microzymas dans leurs rapports avecles matires3.
Mmoire surt.
albuminodes. Recueil des Savants tran-
gers,
XXVllI, n
XXIest rellement,
substantiellement diffrente de celle d'une
autre et que l'on ne peut pas dire que cette substance est
pure matire,
comme on
le
croyait,
et
comme
l'enseigne
encore M. Pasteur, malgril
les vertus de
transformation dont
la
suppose doue.le
Oui,
microzyma
est ce qui constitue la substance
d'un
tre vivant diffrente de celle d'un autre.
Charles
Robin,
qui
avait
comptence
pour
nier
ou
admettre l'exisil
tence des microzymass'est laiss arrter
comme
vivants, les a admis, mais
par uneJ'ai
difficult.
Le microzymaest
est-il
animal ou vgtal?
rpondu
qu'il
animal
dans
l'animal, vgtal dans le vgtal, et cette rponse rsout
un
grave problme.
Les vibrioniens, que Ton avait d'abord classs dansrgne animal, que M. Pasteur tient
le
pour animaux, ont
plus tard t classs dans le rgne vgtal sous lesschizomyctes et de schizophyctes et regardstaux. Or, les microzymas descela est dmontr,
noms devg-
comme
animaux
et
ceux des vgtaux,
peuvent par volution devenir vibrions
ou bactries.
Il
y a donc des vibrioniens d'origine animale
et d'origine vgtale
par
les
microzymas. Orvgtal,
le
microzyma
animal n'est pas
le
microzyma
car l'ovule animalet
ne peut jamais devenir l'ovule vgtal,la distinction la bactrie
rciproquement
:
de l'un emporte la distinction de l'autre. Doncest
du microzyma animalest
animale
et
celle
duest
microzyma vgtalinvitable, etqu'il y a
vgtale.
Cette
consquenceet
nous
voil
ramens, par un dtour
par ce
d'autonomiquement vivant dans tout tre orgadeux rgnes
nis, l'ternelle question de la distinction des
ou du passage defondre;
l'un l'autre.
On nela
saurait les conet la fonc-
mais
le
microzyma, quant
forme
tion, est le lien des
deux
:
ils
sont ce qu'ils sont, parce que
leurs microzymas le sont.
XXIIOui, encore unetitue la substancefois,
:
ce n'est pas la matire qui consc'est ce qui est organis,
de
l'tre vivant
structur et constitu
comme
individu. Et ceci
me
remet en
mmoire un chapitre du Voyage autour devoici:
ma
chambre, que
Je tiens d'un vieux professeur (c'est
du plus
loin qu'il
me
souvienne), dit l'auteur, que Platon appelait la matireC'est fort bien;
Vautre.
mais j'aimerais mieux donner cenotre me.
nom
par excellence
la bte qui est jointe
C'est rellement cette substance qui est Vautre, et qui nouslutine d'une
manireest
si
trange.;
On
s'aperoit bien en gros
que l'homme
doubleet
mais
c'est, dit-on,
parce qu'il estle
compos d'une mede je nesais
d'un corps,
et l'on
accuse
corps
combien de choses, mais bien mal propos
assurment, puisqu'il est aussi incapable de sentir que depenser. C'est la bte qu'il faut s'en prendre, cet tresensible, parfaitement distinct de l'me, vritable individu,
qui a son existence spare, ses gots, ses inchnations, savolont,et
qui n'est
au-dessus des autres animaux queet
parce qu'il est mieux levfaits....
pourvu d'organes plus parsoyezfiers
Messieurs
et
Mesdames,;
de
votre
intelligence tant qu'il vous plaira
mais dfiez-vous beau(1).
coup de Vautre, surtout quand vous tes ensemble
Ce
chapitre,
a dit X. de Maistre,
n'est
absolument
que pour les mtaphysiciens.
J'estime que, pour tre d'apparence purement philoso-
phique, ce chapitre clbre contient renonciationvrit
d'unephilo-
exprimentale de premier ordre. Ce quec'est
le
sophe a clairement aperu,n'est pas
que Vautre dans l'homme
simplement un corps, c'est--dire matire, maisforce proprela
un individu jouissant d'unedirectement(!)
qui
n'est
pasla
dpendante
de
matire.chambre,
En poussantcli.
X. de Maistre, Voyarje autour de
ma
VI.
XXIII
comparaison, on trouverait Vautre de
la bte,
d'un vgtal,l'tre vivant
d'un globule de levure, voire d'un microzyma,le
plus infime,
dont Vautre pourrait bien tre
la
pure
matire dans l'organisation rduite sa plus simple expression.
Quoi
qu'il
en
soit, l'ide
que
l'intelligence et la raisonla
ont besoin deleve,je viens
la bte,
je
veux dire de l'animalitet s'exercer,:
plus
pour se manifesterd'mettre, savoir
est la
mmela
que
que
la vie
a besoin de l'orgaetla
nisation
pour apparatre.
La philosophie
science
proclament donc ensemble l'insuffisance deconstituer
matire pour
Vautre de l'homme;si
et
on aurait bien tonn
X. de Maistreautre,il
on
lui
avait assur que,
pour
faire cet
suffisait d'ajouter
des vertus de transformation au
corps, c'est--dire la matire!est faite
En
ralit, l'organisation
par transcendance l'aide de certaine matire
non de
la matire .tout courtse,
dans
le
microzyma, l'orga-
nisme vivant ^er
d'abord; ensuite par transcendance, les,
microzymas serventcefiule,les tissus,
chacun selon son espceet
,
former latres
de proche en proche,
les
de
plus en plus
levs jusqu' la bte,
pourvue d'organes
plus parfaits, qu'on
nomme
le
corps de l'homme.
C'est contre cette thorie exprimentale,faits,
adquate aux
que M. Pasteur a dress ses plus puissantes batteriesses disciples.
et qu'il excite
Certes,
ils
ne dmontrent pasles
exprimentalement que
les faits
ne sont pas exacts, niils
expriences qui les tablissent, maisleur unique et vritable signification.
les
dtournent de
Mais
la thorie
du microzyma, qui ne contredit aucunla
principe ni aucune des acquisitions positives delogieet
physiodoctrine
les
explique,
est
aussi
conforme ainsi
la
de Bichat, qu'elle complte
et claire,
qu'aux grandes
doctrines mdicales, depuis Hippocrate jusqu' nos jours,
auxquelles
elle fournit
une base
solide et scientifique.
XXIV
et
Les maladies naissent de nous
en nous,
disait
Pidoux, l'ami de Trousseau, d'accordtraditionnelle.
avec la mdecine
Gela aurait-il cess d'tre
la vrit
mdicale?s'est
Assurment,
si
l'on
en croit l'cole dont M. Pasteur
constitu le chef incontest.
Avec
le
P. Kircher, Raspail et
Davaine,nous,
il
nie
que
les
maladies naissent spontanment en
et cela
en vertu des
mmesla
erreurs qui
lui font nier
l'altration
spontane de
viande,
du
lait
ou du sang
issus de l'animal vivant et celle de la matireIl
du cadavre.
assure, au contraire, que les maladies sont produites par
des parasites dont les germes, crs morbides par destination,les
pntrent de l'atmosphrela
communede
en nous
;
bref,
maladies sont
consquence d'une infection parasitaire,
de
mme
que
les altrationsla
du
vin,
la bire, la
fermendes fer-
tation
du mot, sont
consquence de
l'activit
ments spciaux dont
les
germes ont furtivement pntrles
du dehors dans leur masse. Et
germes de ces ferments,
comme ceuxdansl'air
des parasites des maladies, seraient dissminsl'origine
que nous respirons depuis
de
la cration
des tres vivants.
L'ensemble des dogmes deles doctrines microbiennes.
la
nouvelle cole se
nomme
La
thorie
du microzyma combat ces dogmesPasteur,
et les rduit
nant.
Voil pourquoi M.les
pour
sauver
ses
dogmes, s'acharne niercertes, n'tait
microzymas. Cette thorie,populaire;
point pour
tre
car,
outre
les
erreurs qu'elle met nu, elle heurte de front trop de pr-
jugs et de systmes acceptsaussi trop d'intrts
et,
il
faut bien le reconnatre,:
ou d'amour-propre d'auteurslesfaits
on neren-
veut pas admettre
nouveaux
parce
qu'ils
versent les doctrines tablies et les opinions reues.teur, vraiment, avait
M. Pas-
beau jeu;
il
n'en
fallait
pas tant pour
rendre encorethorie
XXVet
plus impopulaire
mconnaissableil
une
abhorre.instruit,
Voil
comment
s'est
fait
qu'un
mdecin
aprs
une de mes
communications
l'Acadmie de mdecine, pouvait crire sur l'indiffrence
du public pour mes communications aux Acadmiesaux Socitsprix:
et
savantes
,
et
ajouter
ceci
,
qui
vaut
son
Ce que
l'on
conoit bien s'nonce ckih'ement.
Si cette
proposition est juste,mditations,
M. Bchamp, malgrpu
ses
longues
ne se
fait
pas encore une ide bien claire desles
microzymas,
et n'a, par consquent,
transmettre
ses auditeurs.... Disons pourtant,
nous qui ne sommes pas
un enthousiaste de M. Pasteur, que l'argumentation gnralede M. Bchamp,bienfutiletelle
que nouscelle
la
connaissons, nous parat
ctla
de
du principal
quoique
tardif
dfenseur de
doctrine parasitaire.
Hlas
!
les
hommes
qui ont
le
malheur de ne pas suivrecourage de penser autre-
les sentiers battus
et d'avoir le
ment queS'ils
les autres, sont
exposs bien des mcomptes.
s'avisent d'annoncer quelque ide nouvelle, quelque
vrit
ou quelque
fait
non encoren'est paset l'ide
aperus,vrai;
les
autres
s'crient aussittils
que cefait
ensuite,
quand
ont prouv que le
sont vrais, les autresEnfin,il
se htent de crier qu'ils ne sont pas nouveaux.
peut arriver que, parmi ces autres,traiter
il
s'en trouve
pour
les
de
futilits
,
et
d'autres encore,
assez audacieuxfaits qu'ils
pour s'appropriernis, s'en servant
l'ide et la
dcouverte des
ont
commen'tait
d'un bien lgitimement possdils
pour carter
la thorie
dont
se
moquaient
!
Edouard Fourniedonnespritlasi
pas de ceux-l. Lui, qui
s'tait
peine deouvert,
lire,
d'tudier et de rflchir, avec son
avait parfaitement aperu la porte de la
dcouverte des
faits et
de
l'ide.
Il
avait parfaitement
com-
XXVIpris
que
les
microzymas,
dont
M.
Pasteur
a
fait
des
microbes, tant desvie
lments anatomiques vivant de leurparasites
propre, ne pouvaient pas tre rputs desla
dans
cellule
et
dans l'organisme,tel
pas
plus que telle
cellule, telle fibre
ou
organe. Lui, au moins, ne jugeaitfaits et l'ide
pas que
mon
argumentation, les
sur lesquels
elle reposait, fussent
dpourvus deet;
clart.
Edouard Fournie
moi,
nous tions personnellement
inconnus l'un l'autrerechercheset les
j'ignorais
mme
qu'il
connt mes
et apprcies dans l'un de ses ouvrages
d'abordqu'il
et ensuite
dans
la
Revue mdicale, dans cette partie
y avait consacre l'Application des sciences la
mdecine,
o
il
jugeait,
avec un senset les
philosophique
si
profond, les ides, les doctrines
uvres des savants
mesure qu'elles se produisaient. M. Ferdinand de Launay,
dont
l'esprit
estsi
si
pntrant,
l'rudition
si
vaste et dont
l'amiti m'est
chre, a t l'instrument dlicat de notre;
premire rencontre
nous ne nous connaissions pasdanssaitle
;
je
savais seulement que,
Temps,des
il
avait
parl des
microzymas comme
il
parler
choses srieuses.je venaisil
Aprs une sance de l'Acadmie de mdecine, ode faire une communication surbont de m'aborder,lesla
microzymas,
eut la
me
prit
parlui,
main
et
me
conduisit
chez E. Fournie, qui, grce fidle.
devint pour moi
un ami
Aoje
une poque de
ma
vie scientifique
aprs,
ma
sortie
de l'Universit pour
aller servir
une cause impopulaire,
le
me
sentais
abandonn de tous,soutenir en
mmela
de ceux dont
devoir tait de
mele
me
tenant parole
Edouard
Fournie a eu
courage de m'ouvrirla thorie
Revue mdkcdeIl
pour y dfendrerclamer,
du microzyma.
m'obligea decontre
au
nom
de
la
science etet
du
droit,
des
procds que sa loyaut blmait
que sa plume, dans une
tion de l'honnte
XXVII
'
circonstance particulire, jugea svrement avec l'indigna-
homme
(1).
Et puisque j'en suis payer ce tribut de reconnaissance,
comment
oublier une autre amiti bien haute, qui ne s'estet
pas dmentie pendant trente ansbrise: J.-B.
que
la
mort seule ale
Dumas,
le
chimiste illustre donttait
gnie tait
aussi grand que sonla
cur
bon, quoique ayant blm
dtermination que j'avais prise l'poque dont je par-
lais,
ne m'abandonna pas. C'est grce
lui
que
les
Comptes
rendus hebdomadaires des sances de l'Acadmie des sciencescontiennent peu prs tous lesfaits
qui ont permis de
fonder
la
thorie
du microzyma
et
mes rponses auxlui crire
attaques de M. Pasteur. J'tais autoris je tenais mettrefaits
lorsque
plus particulirement en relief certainsides;
et
certaines
au besoin,
il
provoquaitet
mescom-
lettres. Il faisait insrer
^wx Annales de chimie
de physique
mes mmoires
et
ceux de
mon
fils,
mmele
lorsqu'ils
battaient les expriences et les ides dec'est lui qui a
M. Pasteur. Enfin,Mmoire surles
obtenu de l'Acadmie que
matires alhumindides, malgr son tendue (516 pages in-4),
part dans
le Recueil des
savants trangers.
Lestre
lettres
Edouard Fournie devaient primitivement
peu nombreuses. Mais, peu peu, nous nous sommesfallait faire
aperus qu'il nedes prjugs,
grce aucune des erreurs,
qui,
en somme, forment l'ensemble
des
dogmes des doctrines microbiennes. Le nombre dess'est
lettres
donc considrablement accrula
;
la
quaranteravi
et
unime
a
paru au moment o, hlas!
mort m'ale
mon ami,auront
et je n'avais
pas termin. Si Dieu
permet,lettres
elles
une
suite et
une
fin.
Les
six
premires
de cette suite:
ont paru dans
la
Gazette mdicale de Paris
elles
sont
adresses M. de Ranse. J'espre que(I) Tievue
les dernires sui1.1,
mdicale, franaise et trangre,
du 10 janvier 1880;
p. 41.
rompues aurontSi pourtant,
XXVIII
vront bientt, lorsque les circonstances qui les ont intercess.
comme
le
disaitet,
ce savant confrre,
mesles
Communications
acadmiques
par
suite,
aussi
Lettres Fournie ont laiss le gros public indiffrent, c'est
peut-tre parce qu'tant ce qu'il est, on lui a jet quelque
appt
dont
il
s'est
avidementgureet
saisi;
d'ailleurs,
s'il
lit
volontiers,
il
n'tudie
ordinairementsi intelligent,
sans
rien
approfondir. Ce public, pourtant
n'est frapp
que de ce qui demande peului dit
d'effort
pour
tre compris.
On
que
l'intrieur
de notre corps est quelque chose de
plus ou moins semblable au contenu d'un vase rempli devin;
que
cet intrieur
ne se gte, que nous ne devenons
malades que parce que des germes, primitivement crsmorbides, y pntrent deil
l'airil
etsait
y deviennent microbes
;
ne
sait
pas
si
c'est vrai,la;
ne
pas;
mmemaisil
ce que c'est
qu'un microbe, nila
valeur de ceil
mot
l'admet sur
parole du matre
le croit
parce que cela est simpleil
et facile
entendre
;
il
le croit et
rpte que le microbecaril
rend malade sans s'enqurir davantage,loisir,
n'a ni lece
ni peut-tre,
souvent, l'aptitude approfondirfoi.
que
l'on
propose sa
Je m'assure que,
s'il
trouve les
doctrines microbiennes admirables, c'est qu'il n'en connat
pas
les
dogmes ou n'a pas mme cherch
les discuter.
Mais certainement M. Pasteur n'est paspublicvoir;
lui n'est
pas rest indiffrent
;
il
comme le gros me l'a assez fait;
depuis vingt ans que dure notre disputelui,
il
a claireet
ment vu,
o tendait la thorielui a
du microzyma,
monsa
argumentation ne
pas paru
futile.
On
jugera de:
manire de discuter par
cette courte histoire
C'tait l'anne dernire,
M. Cornil venaitque
d'attaquer
fond degiques,
train,
non sans s'armer d'arguments mytholoje
une Communication
venais
de
faire
l'Acadmie de mdecine,
XXIX
rpondu, lorsque,fut
et je lui avais
ma
grande surprise, au lieu de M. Cornil, ce
M. Pas-
teur qui se leva pour
me donner
la
rplique (1)
!
Qu'avais-jele
donc
dit qui
exiget le remplacement dedifficile
M. Cornil par
matre? Peut-tre n'est-ce pastous les cas,indiffrent.il
expliquer;soit
dansrest
ne parat pas que M. Pasteurs'agissait-il ?
De quoi
Le
voici
:
Dans
la
discussion sur les ptomanes, les
leucomanes
et leur rle
prtendu pathognique, qui durait dj depuisj'tais
quelque temps,assertionstions qui
intervenu pour redresser certainescontre certaines proposi-
hasardes, rclamer
me
touchaient de prs et rtablir dans leur vrit
certains points de l'histoire scientifique contemporaine, sin-
gulirement travestis. D'ailleurs M.discours, lumineux
Peter, dans
un de
ses
comme
il
sait les faire,
avec sa hauteles
comptence, argumentant en mdecin contre
doctrines
microbiennes, avait invoqu une de mes expriences dmontrant
que des bactries peuvent natre
mme
les tissus
vivants, c'est--dire sans
aucun apport de germes extrieurs.pour interprter autrementvivement attaqu,soutenantcette
M.
Cornil
s'tait
lev
expriencej'tais
et
m'avait
que
seul de
mon
opinion.
Pouret et
tre clair, j'avais parl des matires;
albuminodesfermentation fermentation
de leurs transformations
de
la
cause de
lala
de l'origine des vibrioniens;
et, enfin,
de
considreil
comme phnomne
de nutrition. Naturellementdontla j'ai
avait t question des;
erreurs sculaires
dit
quelque chose plus haut
naturellement aussi
thorie
du
microzyma a
t
oppose aux doctrines microbiennes dansla
mes remarques de
rponse de M. Cornil M. Peter. J'avaisje l'avais
mis en aussi vive lumire que
pu
l'objet prcis
mon
dsaccord avec M. Pasteur, et trs explicitementSance du 4 mai 1886.
(1) Bulletin de l'Acadmie de mdecine.
dans
XXX
la
nonc l'ensemble des dogmes decontradicteur pour en montrer
doctrine de
mon
savantEnfin,i.
les
impossibilits.les pointsIl
ma
rponse M. Gornil, j'avais mis
sur les
C'est alors
que M. Pasteur a donn
(1).
est
apparu,
superbe
comme
Jupiter olympien, et que m'a-t-il rpondu ?
Je ne veux pas direfaits.
mon
impression
,
je laisserai parler les
M. Pasteur, en
stratgiste rusfait
et tacticien habile,
ne
sachant que rpondre, a d'abord
une diversion
et dirig
d'un autre ct l'attention des auditeurs; puis, sesur des quivoques,il
r-ejetant
a tent
de troubler l'adversaire.
Par exemple, au lieu de dfendre ses doctrines microbiennes
dont
j'avais dit qu'elles reposent sur des hypo-
thses riges en
dogmes dont aucune
n'avait t vrifie;
que, par consquent, c'tait gratuitement et sans preuvequ'il croyait
une panspermie morbifique primitive,
c'est-
-dire contemporaine de la cration des tres vivants,a simplement exprim son sentiment surla
~
il
nature des micro-
zymas
et
sur l'histoire dea-t-il
mes
ides
:
Le microzyma,;
dit, est
pour moi un tre pure
ment imaginaire
c'est la
molcule organique de Buffon.l'histoire des ides
Je connais bien,
a-t-il ajout,
par
lesquelles a pass
M. Bchamp.
Bien que je
sentisse dans quelle intention
M. Pasteurje
lanait le second propos, par respectl'ai
pour l'Acadmie
ne
pas relev, car j'aurais eu dire de trop dures vritsfait
son auteur. Mais ce c{ue je n'ai pasfaire aujourd'hui.
alors
il
faut le
M. Pasteurla priorit
a
unles
intrt trs
grand
faire croire qu'il a
dans
tudes contemporaines touchant les fer-
ments(1)
et l'application
de ses recherches :
la physiologie
et
Voir sur cette discussion
Microzymas
et
microbes,
etc. J.-B.
Bail-
lire et fils. 1886.
XXXI la mdecine;
dj,
au Congrs mdical international de
Londres,
il
avait os assureret
que mes tudes procdaient
des siennestravaux.
que
je m'tais inspir de ses ides et de sesle
A
Londres, o
motif qui m'arrtait Paris neje l'ai
m'empchait pas de rpondre,
provoqu une explison asser-
cation publique, le mettant au dfi de prouvertion;
mais
il
se
droba
et
disparut de la
salle.
Le Times
a conserv
la
trace de l'incident. Je ne veux
pas porterla
une
accusation aussi
grave
que
celle
que mriterait
conduite de M. Pasteur, mais je
soutiens que ce savant aet qu'il
au moins
vrifi
mes dcouvertes
applique, souventlecteur bienveilcette
contre-sens,
la thorie
du microzyma. Le
lant qui voudrait de plusaffaire les trouvera
amples claircissements sur
dans Y Avant-propos de l'ouvrage
oii j'ai
e'xpos l'histoire des
microzymas
(1),
dans
la suite
de
la
prsente collection, et plus
particulirement dans
la troi-
sime
et
la
dix-septime lettres.
Faisant allusion la panspermie microbiotique morbifique, j'avais
demand
l'origine des choses, l'onle
M. Cornil que, sans remonter me montrt, dans l'air commun,celui
germe d'un microbe morbifique quelconque,
du
charbon, du vaccin, de la variole, de la fivre typhode, ducholra, de la tuberculose, de la syphihs, de la rage, etc.,
etc.
M. Pasteur m'avait coutfait?Il
;
au
lieu
de rpondre, qu'a-t-il
a us de la
mmevoici
tactique et s'est born noncer:
le lieu
commun queDansles
...
sciences d'observation,
il
importe queet
les thories s'appuient
sur des
faits
dmontrables
bien
observs.
Cela
tait
simplement pour
faire croire
que
la thorie;
du
microzyma nela
satisfait point cette conditionl'air
tandis quetait
prsence des germes morbifiques dansLes Microzymas,etc.S.-Ii.
commun
(1)
Baillire et ls.
non seulement unfait
XXXII
:
bien observ, mais dmontrable
ce
qui est une assertion dont l'audace dpasse toute mesure.Il
en a t ainsi de toutle
le
reste.
Sursi
point prcis de notre dsaccord et qui intresse:
vivement ses doctrines, savoir
la
naissance des vibrio-
niens
mmeni
les tissus vivants et l'altration
spontane des
matires organises, que j'affirme et qu'il nie, je disais queni lui,
ses disciples n'avaient
pu contredire par unefaits,
exprience nette et dcisive ces deuxtraireils
mais qu'au con-
les avaient
vrifis.
J'avais rappel que,
commesciences
membre
de
la
Commission de l'Acadmiele
des
nomme pour examinervu des microzymaspus sousle
Mmoire de M. Alphonse Gurin
concernant les pansements ouats, M. Pasteur n'avait pasni des bactries
ou des vibrions dans
le
bandage, tandis que Gosselin avait parfaitementla
vu
et les
microzymas, sous
dnomination de corps mou-
vants, et les bactries, vrifiant ainsi le fait,
que
la thorie
du microzyma
avait fait dcouvrir,le
que
les
microzymas se
trouvent toujours et pus, malgrles
plus souvent des bactries dans leantiseptiques
pansements ouats ou
l'acide phnique.
J'avais aussi revendiqu la dcouverterantisepticit,
de
la thorie de
dont
le
principe est appliqu dans la mthodeet si
de pansement de M. Lister
largement dans
la
pratique
mdicale. Cette thorie, M. Pasteur se l'attribue ou se lalaisse volontiers attribuer!
Qu'a rpondu
mon
adversaire? Par une quivoque
:
Je ne connais pas une seule exprience,
dit-il,
qui
puisse faire admettre que les granulations molculaires que
nous connaissons tous
et
que M. Bchamp dcrit sous
le
nom
de microzymas se soient transformes en microcoques,
en torula, en bactries, en vibrions, en cellule de levure debire.
XXXIIIIl
y a l
et
M. Pasteur
le sait
bien
non seulement
une quivoque, mais une contre-vrit.celle-ci:
L'quivoque est
certains savants et plus tard
M. Pasteur ont appel
micrococcus, microcoques, les granulations molculaires quej'avais depuis
longtemps nommes microzymastels
et
caract-
rises
comme
dans
l'air
d'abord, dans la craie ensuiteles cellules,
et enfin
dans certaines fermentations, puis dans
les tissus et les
humeurs des
tres vivants. J'ajoute
que cerqueles
tains
partisans
de M. Pasteur,
aprs avoir
dit
microzymas
taient des micrococcus, voire
des spores de
bactries, ont parfaitement reconnu qu'ils pouvaient devenir
bactries
ou vibrions
;
ce que
M. Pasteur appelle
torula
n'est souvent
qu'une phase de l'volution bactrienne de ces;
microzymas (1)
quant
la
transformation des microzymassait
en cellules de levure, M. Pasteurle
bien que
j'ai
prouv
contraire et qu'il a nonc l une contre-vrit.
Mais M. Gornil lui-mmeimplicitementcorps, voitle
il
est vrai
quela
c'est en niant
dogme pasteurienles
de
fermeture
du
maintenant
microzymas, sous
microcoques, dans
les cellules
le nom de mmes o auparavant il n'en
voyait pas, les tenantculaires de
alors
pour des granulations molleur attribuant
protoplasma, en
une origine
arienne et les
nommant microbes.adversaire.la fois
Maisde
il
y a aussi quelque inconsquence dans la tactique
mon
savant
Par exemple, pour
lui,
les
microzymas sont
imaginaires
comme
les molcules
organiques de Buffon,
et rels
comme
les granulations
mol-
culaires qu'il disait connatre, mais qu'il avait
mconnues
auparavant. Pourtait
le
succs de sa tactique, l'inconsquencelui,
sans doute ncessaire. Cependantla
qui ne se doutaitselafils.
pas de
signification
des granulations molculaires,
doutait -il(I)
de
celle:
des
molculeset
organiques,etc. J.-B.
et
de
Voir sur tout cela
Microzi/mas
Microbes,
Baillireet
XXXIV
fait
ncessit philosophique qui les avait
imaginer par
le
gnie de Buffon,
si
ennemi des qualits occultes dansfaite
la
matire? Abstraction
de cette ncessit,
lesle
molculessens que;
organiques sont certainement imaginaires, dans
nous
attachons
aujourd'hui
aules
motcroyaitles
organiqueaussi
mais,
philosophiquement, Buffon
ncessaires
que Ch. Bonnet croyait ncessaires
germes prexistantsfond sur
et universellement dissmins. J'ose l'assurer,
l'exprience,
les
germes morbifiques
prexistants,
dont
M. Pasteurbien
a emprunt l'ide au P. Kircher, jsuite, sont
autrement imaginaires
sans
avoir pour excusesait
une
ncessit philosophique!
M. Pasteur ne
peut-tre pas,il
autrementles
il
ne se serait pas exprim
comme
l'a fait,
que
molcules organiques, pour Buffon, n'taient pas duqu'ilcroit.le
tout ce
Selon
l'illustre
naturaliste,il
le
mot
organique avait
sens de construire, difier;
admettait,
en
effet,
d'accord avec l'ide qu'on avait de son temps de
la matire, des
molcules organiques pour faireautant
les
parties
des animaux ou des vgtauxcristal
que pour
faire
un
de
sel
marin, d'alun,
etc.
Dans
ce sens pour lui,
et
en un certain sens
pour nous,
elles
n'avaient rien
d'imaginaire.Jele
rpte,
les
germes morbifiques pasteuriens sont
aussi imaginaires que les molcules organiques de Buffonet
que
les
germes de Bonnet, sans
la
mme
ncessit phi-
losophique, tout en aboutissant aux
mmestel
consquences.tel
Enou
effet,
selon l'un, les molcules organiques devenaient
tel tre
en pntrant dansles
tel
ou
moule intrieur;l'tre
selon
l'autre,
germes produisaient
en
entrant
dans une matrice approprie.
O:
est la diffrencele
pour
les
germes morbifiques? Las'introduisant dansettel
voicitel
germe morbifique, entel
ou
organisme, devient
microbela viet
procure
la
maladie
et la
mort au heu de procurer
XXXVLacraie at
pour M. Pasteuret
la
source d'une autre
quivoque. Ayant tudi la craie
d'autres calcaires au
point de vue de leurs rles dans les fermentations lactiqueet
butyrique, j'y dcouvrisl'air
les
mmesle
granulations que
dans
et
dans diverses autres expriences. C'est ende cette tude quefois
publiantt crit
le rsultat
mot microzyma a
pourdit
la
premire
dans
les
Comptes rendus (1).
Or, qu'a
M. Pasteur
l'Acadmie de mdecine, toujoursvoici:
pour dtourner l'attention? Le
La
thorie
du microzyma
a dbut par
un
fait
extra-
ordinaire.
On
aurait trouv l'existence,
dans
la craie
des
carrires de
Meudon, d'un organisme
vivant, le
microzyma
cret, lequel pourrait se transformer en bactries, en des
microbes
et
des ferments.
C'est clair, mais c'est inexact.
D'abord, pour extraordisoit faux.
naire que soit
unsi
fait,
cela ne prouve pas qu'il
En secondcretj'avaistait
lieu,
M. Pasteuril
n'avait pas t sous l'empire
de sa proccupation,
aurait vu que l'addition de l'adjectifce
pour distinguer
microzyma de ceux que
antrieurement reconnus.la
En
troisime lieu,j'ai
c'est
non pas sur
craie de
Meudon que
d'abord expri-
ment, mais sur un bloc qui avait t extrait pour moi dansles
carrires de Sensla
;
il
peut fort bien se faire que les
microzymas dedela
craie de;
Meudon
soient autres que ceux
craie de Sens
et si
cette opinion paraissait
encore
plus extraordinaire M.Enfin^s"il
Pasteur, je la lui expliquerais.
est vrai
que
les
microzymas deil
la craie
de Sensj'aie
peuvent devenir bactries,jamaisdit qu'ils
est
absolument faux que
pourraient se transformer en microbes, jeet
ne sais lesquels,lesquels.
en des ferments, je ne sais pas davantageles
Ah!
je
comprends que:
microzymas de
la craie
embarrassent M. Pasteur(1)
c'est
que, dans plusieurs de ses
Comptes rendus,
t.
LXIII, p. 451 (1866).
XXXVIexpriences,il
aulieu
a
employ
la craie
de carbonate de
chaux pur,
et
que par
l elles sont
entaches de lgret.
A
l'Acadmie, je n'ai pas voulu donner ces claircisla
sements pour ne pas permettre M. Pasteur d'garerdiscussion,et jel'ai
ramen
la
question en
lui
parlantl'inter-
de ses propres expriences, dont j'avais contestprtation et la signification qu'il leur avait donne.
Depuis longtemps,
mmele
en prsence de son auteur, qu'il avait
Londres, j'avais contest la significationson exprience surs'altrait
donne
sanget
;
je
soutenais que ce liquidesuiteil
dans
l'air
pur,
que par
n'avait pas
prouv quevintait
l'intrieur de l'organisme tait
comparable aule
ou
la
bire, ni
que dans
l'tat
de sant
corps
ferm l'introduction des germes deIl
l'air.
A
cela
qu'a rpondu M. Pasteur?
a reconnu, enfin, que le sang
de son exprienceses transformations
s'tait
altr, sans
doute,
mais quel'oxygneles trans-
se font
sous l'influence de:
de
l'air.
Ce quise
est aussi parfaitement inexact
formations
font
sous
l'influence
des
microzymas du
sang, que M. Pasteur
n'avait
pas
vus,
mme
sous
la
forme de granulations molculaires.
En m' appuyant exclusivementdmontrables, j'avais eule
sur des
faits
dmontrs
et
droit de dire,
en prsence de
M. Pasteur, dans ma rponsecommunication:
M. Cornil ou dans
ma
1
que
le
systme microbien ne reposaitet
que sur deinterprtes,
vieilles
erreurs
sur des expriences mal la thorie
ou des
faits ressortissant
du microde
zyma
;
2" que les expriences de
M. Pasteur
et celles
ses partisans, dans ce qu'elles ont d'exact,
vrifiaient
ma
dmonstration
de
l'altrabilitla
spontane
de
la
matire
organise, et celle deles tissus, et que,
naissance des vibrioniens
mme
par suite, ce qu'il y avait d'exprimental;
dans
le
systme procdait de mes travaux
3 que selon le
systme,tentess'il
XXXVII
plusla
tait vrai,
toutes les expriences d'inoculationtaient encore;
par
M. Pasteur
tmraires
qu'elles ne sont empiriques
4 que,tait
pour
dignit de lales
science et de la raison,
il
temps que
doctrines
microbiennes fussent abandonnes.
Au
lieu
de dfendre sa doctrine,
il
s'est rfugi,
une
fois
de plus, dans l'quivoque. M. Pasteur voulait de moi uneexprience;
je lui ai
rpondu
:
Quant vous fournir une:
exprience, je vous oppose les vtreset celle
celle
sur
le
sang
concernant
la
viande entoure d'un linge imbibles
d'alcool,
pour arrter
germes de
l'air, et
au centre de
laquelle naissent des bactries que vous n'avez pas vues.
Mes expriences ne
sont pas en jeu, a dit
M. Pasteur,
et je
ne sais ce que vous
voulez dire
en parlant d'une
exprience de moi sur la viande.
Elles sont le fond
mme
de ce dbat, ai-je rpliqu.
Elles
ruinent
votre systme et confirment
ma
thorie.asi
L'exprience
sur la viande,
dont
le
rappel
fort
importuncelle sur lel'ai
mon
savant contradicteur, est contemporaine desi
sang, qu'il avait
mal
interprte, ce
que je
oblig de reconnatre, et qu'il explique, aprs coup, tout
aussi mal.
On
la
trouvera dans
le
t.
LVI des Comptesruine son systmeet c'est:
rendus pour l'anne 1863. Si M. Pasteur veut qu'on l'oublie,c'est
parce
qu'ellela
ne
vrijQe
pas
et
en
confirmant
thorie
du microzyma,
ainsi,
dirai-je,
en
me
servant des vers
du pote
C'est ainsi
que Pasteur,
la
raison rebelle,
tablit aisment sa doctrine nouvelle.
Made
situation vis--vis de
M. Pasteur
est singulire;
mais
ce n'est pas
moi qui
l'ai
cre. Je suis dsol
que
la
dfense
mes travaux
ait
l'apparence d'une
polmique contre
XXXVllIlui.
Mais
si
je tiens
beaucoup honorer M. Pasteur, j'aimepas trahirla
encore mieux ne
science etil
la
vrit;
or,
pour rendre hommage qu'il n'a
celle-ci,les
faut bien reconnatre
pas
fait
triompher
expriences l'aide desscientifique ceIl
quelles
il
avait cru
donner une apparenceles doctrines
que lui-mme a appelrien ditj'avais
microbiennes.
n'a
denie.
la
prexistence des germes
morbifiques queet
Mes
arguments
,
mes
objections
mes
dmonstrations restent entiers; M. Pasteur a beau railler;la raillerie et
une pirouette ne sont pas des raisons.le droit
J'ai
donc de plus en plusreste
de soutenir que M. Pasteursculaires qui sont la baseil
un sectateur des erreurs;'
de ses doctrines de son
que, loin de les combattre,
les soutient
nom
et
de sa position.
En consquence,les
je tiens
pour scientifiquement dmontr que
doctrines micro-
biennes n'ont d'autre fondement que de gratuites hypothses, et que sestentatives actuelles sont
marques au
coin de l'empirisme le plus absolu.
Masevaux
(Alsace), le 22
septembre 1887.
A. Bkghamp.
LETTRESASur
M.
le
Docteur .EdouardDirecteur dela
FOURNIE,
Revue mdicale
la pathologie
dans ses rapports avec la thorie du microzyma.
PREMIRE LETTRESommaire.chimie en physiologie el en mdecine. dans l'volution physiologique. Un autre chimiste et le rle des inniment petits dans l'tat patholoUn savant dlicat, bienveillant gique. Une explication ncessaire. et bien inform. Conditions d'une alliance profitable entre la chimie el La matire organique et la matire vivante. La matire la mdecine. 'vivante non morphologiquement dfinie ou le protoplasma. -- Conclusion.le rle
Sur
de
la
Un chimiste
et le rle (\es infiniment petits
MonIl
cher confrre et ami.j'ai lu
y a bien longtemps dj,
avec l'attention quebienveillant,
m-
ritent vos crits, l'article, aussi
vous avez consacr dans la
l
que Revue mdicale du o janvier 1881,savant que
Communication quepour
je venais
de
faire
l'Acadmie desprisrle
sciences sur les microzymas pancratiques.textecrire, sous le titreet
Vous en avezle
de
:
Simple aperu sur
de la chimie en physiologiedissertation qui sait fairesciences,celle,
en mdecine,
une large part
la
nne remarquable premire de cesla
mais qui
maintient
l'autonomie de
seconde,
et
surtout, de la troisime.le
Ds
dbut, vous reconnaissez que
la
chimie a rendu desoccasions de leur
services considrables la physiologie et la mdecine, et vous
prvoyez que
l'avenir lui fournira d'autres
en rendre de nouveaux.Naturellement,j'ai
t trs frapp
du
vouscelles
faites,
dans
le
passage suivant, de mes:
rapprochement que recherches et de
d'un autre chimiste
Dej)uis
un
certainle
nombre
d'annes, dites-vous, la chimie,
reprsente sur
point prcis qui va nous occuper, par deux
hommes d'un talent reconnu, s'applique dmler un problme dont la solution sera certainement une des plus belles conqutes du temps prsent. Ces deux personnalits semblent s'tre amiablement partag la tche. L'une recherche le rledes infinimentpetits
dans
l'volution
physiologique,1
l'autre
2s'ajDplique l'lat
dterminer
le rle
d'autres
infiniment petits dans
pathologique.s'est
Le premier, M. Bchamp,
proccup sur/oit/ du ct
physiologique du problme.
Voulez-vousce sujet ?
me
permettre
de vous dire
mon
sentiment
Assurment,de votre esprit
la distinction,
la dlicatesse et la
bienveillance
et
de votre caractre vous ont port point, quec'est
penser,
et je n'y contredis
un
trs
grand honneurl'autre
pour un savant
d'tre
mis en parallle avec
chimiste.luiqu'il
Incontestablement, M. Pasteur, puisque c'est de s'agit, est un trs grand savant, un homme fort
distingu.
Aussi, n'ai-je pas attendu l'occasion prsente pour le
procla-
mertains
et
pour manifester mon admiration l'endroit de cerde ses mmorables travaux de chimie, qui ont extrmeillustr la science franaise.
ment
Aprs cette observation en voici une seconde.
Vousavez
tes
si
au courant de
l'histoire
de
la
Science que voussurtout
dit, trs
exactement, que je
mes'est
suis
occup
dule
rle physiologique des infinmcnt petits
dans l'volution physioappliqu dterminer
logique, tandis que
M. Pasteurde
rle d'autres infiniment petits dans l'tat pathologique.Il
y a
l
une prcision
langage
singulire.n'ai
L'adverbepastudi
surtout, sous votre plume, veut dire que je
les infiniment petits seulement dans l'volution physiologique;
et
le
pronom
indfini
auti'e,
avoir tudi lesle
mmes
objets
que M, Pasteur n'a pas cru que moi. C'est vrai. Mais tout
monde11
n'crit pas aussi correctement l'histoire.
y a des savants qui, pour n'tre pas remonts aux sources,;
osent dire
La dcouverte du:
rle
des
infiniment petitttransfor-
dans
la
circulation de la vie, dans le
mcanisme des
mations incessantes del matire
telle est
l'uvre de M. Pasteur.
Et ces savants sont excusables, car M. Pasteur, dans une circonstance particulirement importante a dit lui-mme que, dans la question ardue de l'origine des infiniment petits^ il aapport unecontradiction
rigueur exprimentale qui(1). Ailleurs,il
a
fini'
par
lasser
la
assure qu'il a victorieusement
com-
battu la gnration spontane; que la dcouverte de la cause
de
la
virulence des virus et
les
recherches contemporaines con-
(1)
L. Pasteur
:
Discours de rce[)tion l'Acadmie franaise.
3cernantle parasitismeetc.:
de certaines maladies, drivaient de ses
travaux. (1), etc.,
La mdecine humaine et la Enfin, il a finit par s'crier mdecine vtrinaire s'emparrent bientt de la lumire que leur apportrent le rsultat de mes travaux (2) Oui, voil.
comment onCependantrle
crit l'histoire.la vrit a
des droits imprescriptibles
;
voil pourle
quoi je ne peux pas reconnatre que M. Pasteur a dcouvertdesinfiniment petits qui fonctionnentles
physiologiquementSi je
ou palhologiquement danslaissaistoisie,
organes des tres vivants.
passer cette assertion, que vous avez mise avec cour-
que
lui et
moi nous nous sommes partagla situation
les rles,
on
pourrait croire, vu
surminente de
l'un,
que
l'autre
n'a t que disciple et imitateur
(et M. Pasteur n'a pas manqu