béatrice mazzuri «je suis dans une bulle quand je peins» · 3 2 n u m É r o 3 3 décoration et...

2
NUMÉRO 33 32 D écoration et A rchitecture 33 Béatrice Mazzuri «Je suis dans une bulle quand je peins» L’artiste Béatrice Mazzuri met en scène la splendeur de l’Inde à travers ses dernières peintures, qu’elle a exposées récemment à La Cité du Temps, à Genève. Un travail poétique, teinté de spiritualité. JUILLET – SEPTEMBRE 2012 «Dans la décoration, j’aime mélanger les temps, les époques». KARINE BAUZIN

Upload: truongdiep

Post on 20-Feb-2019

213 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

N U M É R O 3 3 3 2

Décoration et Architecture

3 3

Béatrice Mazzuri

«Je suis dans une bulle quand je peins» L’artiste Béatrice Mazzuri

met en scène la splendeur

de l’Inde à travers ses

dernières peintures, qu’elle a

exposées récemment à La Cité

du Temps, à Genève. Un travail

poétique, teinté de spiritualité.

J U I L L E T – S E P T E M B R E 2 0 1 2

«Dans la décoration, j’aime mélanger les temps, les époques».

KA

RIN

E B

AU

ZIN

N U M É R O 3 3 3 4

Décoration et Architecture

J U I L L E T – S E P T E M B R E 2 0 1 2 3 5

Décoration et Architecture

Professeur d’histoire de l’art

et de littérature, peintre,

écrivain – elle vient de

publier son premier livre, «Jeux

de mouche» (Ed. La Société des

écrivains) –, mais aussi architecte

d’intérieur! La Genevoise Béa-

trice Mazzuri a tous les talents.

Et l’élégance. Celle que l’on re-

trouve aussi bien dans ses œuvres

que dans l’intérieur de sa maison

contemporaine, à Conches. «J’ai

complètement désossé la maison,

j’ai changé les matériaux et refait

des espaces, dit-elle. J’ai aussi réa-

ménagé le jardin, j’avais besoin

d’arbres».

La maison baigne dans une douce

sérénité créée par la présence de

matériaux nobles, parfois utilisés

dans un style brut, et de tons pou-

drés de violet et de rose. Les mo-

biliers se mélangent – classique,

moderne, d’époque –, formant une

partition harmonieuse

L’épure du lieu est réchauffée par

des objets – par exemple, des pote-

ries à l’aspect presque rustique dans

des couleurs en demi-teintes –, des

sculptures et des compositions flo-

rales minimalistes. La passion de

Béatrice Mazzuri pour l’architecture

remonte à l’enfance. «Mon père avait

hérité de son grand-père un village

médiéval en Lorèze, au sud de la

France, dit-elle. C’était un lieu roma-

nesque et je me souviens d’avoir tra-

vaillé à la restauration des maisons

pendant les vacances».

Artiste infiniment curieuse – «le

lien entre peinture, écriture et dé-

coration est l’humain, dit-elle.

J’aime travailler sur le territoire des

gens» – Béatrice Mazzuri a aména-

gé dans sa maison deux lieux bien

distincts, l’un pour écrire et l’autre

pour peindre. «J’ai besoin d’un bu-

reau pour écrire, d’une pièce où je

puisse me replier sur moi-même,

explique-t-elle. Certains épiso-

des de vie m’inspirent plutôt de

peindre, d’autres d’écrire. Mais j’ai

le sentiment que ces deux univers

se rapprochent; peut-être que bien-

tôt, je n’aurai besoin que d’un seul

endroit pour travailler».

C’est au calme, avec pour compa-

gnie ses deux chattes blanches Cim

et Bom, que l’artiste a préparé sa

dernière exposition «Inde, éclats

et chuchotements», inspiré d’un

voyage en Inde avec son fils Sé-

bastien. «C’était l’année dernière,

explique-t-elle. Il y avait du symbo-

lique dans ce voyage que je faisais

avec mon fils de 33 ans, un adulte.

Je voulais en faire quelque chose.

J’ai été très sensible à l’Inde, no-

tamment à la beauté des femmes et

aux couleurs. J’ai fait quelque 3500

photos dont je comptais m’inspirer

pour peindre».

Mais Béatrice Mazzuri va encore

plus loin en utilisant une technique

très personnelle et originale de

peinture sur base photographique.

Sur de grands formats, elle crée des

univers flottants, poétiques, entre

réel et imaginaire. Derrière chaque

œuvre se cache un questionnement

sur l’être qui s’exprime par des ef-

fets de transparence, bien loin des

certitudes absolues. Les couleurs

atténuées – safran, jaune, bleu –,

mais parfois aussi fortes comme

l’orange, forment un ensemble

très gai, expression d’une Inde à la

splendeur triomphale. n

Léa Tremblay

Taj Mahal à l’éléphant. Vapeurs de ville bleue.

«Je ne connais pas le nom de l’artiste qui a fait cette sculpture. Il s’agit de résine moulée et teintée. Je trouvé cette œuvre dans un magasin de la Vieille Ville et j’ai aimé sa gaieté!».

Palais des passions. Poésie de l’estompe.

KA

RIN

E B

AU

ZIN