base dpédagogique waste...les thématiques de la pièce ainsi que le processus de création du...
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// L’enfer, c’est pas
open-bar, mon gars //
POCHE /GVETHÉÂTRE/Vieille-Ville
Rue du Cheval-Blanc 7 /1204 Genève+41 22 310 42 21
Wastecargo4
Texte_Guillaume PoixMise en scène_Johanny Bert
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
26.09 /
16.10
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contactCéline [email protected]
POCHE /GVEAdministration4, rue de la Boulangerie1204 Genève+41 22 310 42 21www.poche---gve.ch
dramaturge saison d’eux
Pauline Peyrade
identité visuelle
Pablo Lavalley — oficio / (logo : BCVa / Manolo Michelucci)
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_Présentationcargo4
synopsis Au carrefour du documentaire et de la fiction, Waste aborde avec justesse et sansconcession un sujet épineux, douloureux, honteux de notre monde occidental : les décharges numériques où s’entassent les déchets de nos sociétés d’hyper-consommation. Le jeune auteur français Guillaume Poix, dramaturge de la saison UNES du Théâtre POCHE /GVE, situe sa pièce sur le lieu de la décharge d’Agbogbloshie au Ghana, où trois gamins, Jacob, Isaac et Moïse vivent de la refonte de métaux extirpés aux carcasses d’ordinateurs et de smartphones usagés que les cargos déversent quotidiennement sur les côtes africaines. La pièce nous raconte leur survie face aux trafiquants et aux effluves toxiques, à travers le regard tour à tour effaré, effrayé et fasciné de L’Homme occidental. Elle nous montre également leur amitié, comme une résistance à un monde où les rapports humains sont à l’image de l’environnement infernal où ils vivent et travaillent.
Parabole contemporaine, Waste tente, par le détour de la poésie, de rendre visible ce qui est insupportable à l’oeil, audible ce que l’oreille refuse d’entendre, appréhendable ce qui excède l’entendement, et rappelle ainsi l’humanité à elle-même.
// Parler de ce qui se passe là-bas, permet de parler de ce qui se passe ici // Guillaume Poix. Certaines régions du monde, dont le Ghana, sont devenues les poubelles de l’Occident. La misère de ces pays émergents est le prétexte d’une exploitation des individus qui vivent de nos déchets, mettant en jeu leur vie, celle de leur terre et leur avenir. En donnant corps à cette réalité, le texte de Guillaume Poix produit un effet miroir, nous renvoyant à notre responsabilité de consommateurs et à l’urgence d’inventer des alternatives à ce désastre écologique et humanitaire. L’auteur joue également avec l’opposition entre virtualité et matérialité, révélant le paradoxe de cette virtualité à laquelle nous accèdons grâce à nos outils informatiques toujours plus petits, plus légers mais qui, une fois désactivés, retrouvent toute leur matérialité, plus si petite, plus si légère. // Disons, pour conclure le topo, que ce qui se voit pas là-bas est pas tout à fait invisible ici //, nous dit le personnage de Wisdom dans la pièce. Il s’agit là peut-être, nous dit l’auteur, d’une forme de colonisation de la matérialité.Le texte travaille aussi avec l’idée que cette matière usagée, une fois réactivée peut contenir une manne d’informations, la mémoire de notre monde, qui brûle dans une décharge mais qui récupérée pourrait constituer une véritable bombe.
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représentation des minorités L’auteur s’empare de ce sujet, emprunt du questionnement de la représentation des minorités ethniques et de leur histoire sur nos plateaux de théâtre. Il questionne sa légitimité à parler de là-bas, en tant que français de souche, tout en questionnant l’illégitimité que constituerait le fait de ne pas en parler.
Pour poursuivre la réflexion sur cette problématique, et permettre au public de débattre avec des invités concernés par la question, le POCHE / GVE propose un forum de deux jours, les 14 et 15 octobre 2016. Vous trouverez le programme de ce forum sur notre site, dès le début de la saison.
écriture Guillaume Poix insiste sur la nécessité de permettre à ses personnages de retrouver leur dignité perdue, et c’est au travers de la langue qu’ils y parviennent. L’auteur leur invente une // langue de la décharge, où, comme dans une poubelle, tout cohabite //. Cette langue n’est pas normée, n’appartient qu’à ce lieu, est faite de déchets d’autres langues, de néologismes, de remaniements, et comporte sa syntaxe propre ; tout l’inverse de ce qu’on appellerait une langue petit nègre. Cette langue nous déroute un peu, produit des images puissantes, choque notre imaginaire, et produit de l’énergie de vie grâce à un rythme qui semble calqué sur les pulsations du cœur des personnages, une énergie qui leur permet de résister au climat apocalyptique dans lequel ils évoluent. Malgré la gravité du propos, la langue que développe Guillaume Poix, provoque de l’humour et développe une force symbolique qui crée une distanciation avec le réel trop brut du sujet, nous permettant dès lors de nous identifier à ses personnages.
transposition scénique
Pour mettre en scène ce texte, Mathieu Bertholet a fait appel à Johanny Bert, metteur en scène qui a développé un langage théâtral très personnel, mêlant acteurs et marionnettes. Les marionnettes avec lesquelles il travaille sont faites de tous types de matériaux, pouvant être de simples morceaux de papier, des ombres, des personnages fabriqués en métal et d’une facture relativement complexe ou des morceaux de corps rajoutés aux corps des acteurs. Pour Johanny Bert, la présence de ce corps délégué, plutôt qu’une forme artistique déterminée, est intimement liée à un questionnement de dramaturgie et de sens. Les quatre acteurs sur le plateau vont donner vie aux huit personnages de la pièce, tantôt avec leur propre corps, tantôt avec différentes marionnettes de bois et de cire, conçues spécialement pour le projet par Christophe Kiss, artiste travaillant régulièrement pour le Théâtre de Marionnettes de Genève depuis 1993. Dans ce projet, la marionnette va opérer une transposition vers une dimension symbolique allant complètement dans le sens du travail sur la langue.
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Afin de préparer vos élèves à la représentation de Waste... Vous trouverez dans ce dossier pédagogique des éléments vous permettant d’aborder les thématiques de la pièce ainsi que le processus de création du spectacle :
• une fiche pédagogique proposant des objets d’étude, les disciplines scolaires pouvant être concernées, les détails techniques de la représentation, les actions que nous vous proposons (dont un partenariat avec Terre des hommes) ainsi qu’une proposition de lecture pour vos élèves ;
• un entretien avec Guillaume Poix, dans lequel il explique la genèse et le processus d’écriture de la pièce ;
• deux extraits du texte ;
• une note d’intention du metteur en scène et du concepteur des marionnettes ;
• pour aller plus loin: une note de la dramaturge, Pauline Peyrade, une description de la situation à Agbogbloshie, ainsi qu’un résumé de la problématique des déchets électriques et électroniques ;
• les biographies des artistes du spectacle ;
• pour finir, vous trouverez une série de liens vers de la documentation sur le sujet (reportage télé, radio, documentaire, articles).
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__fiche pédagogique
Objets d’étude:
• matériaux précieux, toxiques composant nos smartphones et nos ordinateurs
• consommation – recyclage
• désastre écologique
• exploitation des pays émergents
• représentation des minorités ethniques dans les arts
• marionnettes
• amitié – désir
Disciplines scolaires:
• Français / Littérature contemporaine
• Expression orale
• Sciences humaines et sociales
• Philosophie
• Arts visuels
• Images et technologies de l’information et de la communication
Genre: drame
Durée approximative : 1H30
Âge conseillé : dès 14-15 ans
Forme:
• dialogues en prose
• marionnette
Actions proposées par le POCHE / GVE :
À combiner avec votre venue au spectacle
• venue en classe de l’auteur ou du directeur: présentation du projet, du processus d’écriture et du métier d’auteur - 1h (en fonction des disponibilités)
• répétition ouverte à un groupe de max. 30 personnes : introduction du projet et du travail par le metteur en scène, répétition avec les acteurs et les marionnettes, discussion / questions – 1h30
• visite des coulisses du théâtre, précédée d’une discussion sur les métiers de la scène - 45 min
• venue en classe du metteur en scène / des acteurs / du directeur du théâtre (2 personnes) : discussion autour de la thématique et des enjeux artistiques de la pièce (écriture / mise en scène / interprétation / scénographie / marionnettes) - 1h
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Information détaillée: http://www.solidarcomm.ch/fr/rubriques/ecoles-t187
Pour les classes d’arts visuels
• nous vous incitons à utiliser le prétexte du spectacle Waste pour requestionner l’utilisation de matières recyclées pour la création d’œuvres ou de marionnettes. Nous pouvons vous proposer une rencontre-atelier avec le metteur en scène Johanny Bert sur l’invention et les bases de la manipulation de marionnettes ou d’objets – 1h (uniquement en période de représentation)
Pour aller plus loin avec vos élèves
• proposition d’action concrète et de sensibilisation au recyclage des déchets électroniques en partenariat avec Terre des hommes et le programme Solidarcomm : venue en classe d’un intervenant de Solidarcomm et/ou mise en place d’une collecte de téléphones portables à l’école (nous aurons une boîte de collecte au théâtre durant les représentations du spectacle)
• proposition de lecture pour vos élèves: Mortel Smartphone, de Didier Daeninckx, Editions Les romans de la colère, 2013, roman de sensibilisation au recyclage des objets électroniques, littérature jeunesse (disponible à la Librairie du Boulevard)
« Dès le début de la commercialisation massive des portables, on s’est interrogé sur leur effet à long terme sur le cerveau humain, celui des enfants en premier lieu. Et j’étais frappé de constater qu’on ne parlait pas d’autres enfants, esclaves dans les mines de coltan, qui subissaient, eux, de plein fouet, certains dégâts irréversibles dus à la diffusion, par millions, des portables, des smartphones et maintenant des tablettes. L’écriture de ce texte, Mortel Smartphone, c’était une manière de faire la lumière sur ces enfants invisibles, à l’autre bout du sans-fil.» Didier Daeninckx
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_ Sommaire
1/ Équipe du projet p.9
2/ Entretien avec Guillaume Poix p.10
3/ Note d’intention par Johanny Bert et Christophe Kiss p.14
4/ Deux extraits du texte p.20
5/ Pour aller plus loin p.22
6/ Liens / documentation p.28
7/ Biographies p.29
8/ Autour du spectacle p.32
9/ Informations pratiques p.33
10/ Saison d’eux en un coup d’œil p.35
_Esthétique de la contamination, par Pauline Peyrade, dramaturge_Agbogbloshie, un désastre écologique et humanitaire_Technologie toxique, rapport de Greenpeace sur les déchets électroniques
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Tournée
28–31.03.2017 _ Comédie
de Clermont-Ferrand
La compagnie Théâtre
de Romette est
subventionnée par le
ministère de la Culture
et de la Communication
et conventionnée par
la Ville de Clermont-
Ferrand. Johanny Bert
est artiste associé à La
Comédie de Clermont-
Ferrand, scène nationale
à partir de septembre
2016.
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_ Waste
texte_Guillaume Poixmise en scène_Johanny Bert
jeu Jane Friedrich, Térence Rion, Miami Themo, Assane Timboassistanat à la mise en scène Barbara Tobolascénographie Amandine Livetmarionnettes Christophe Kissson Fred Jarabolumière Danielle Miloviccostumes Eléonore Cassaigneau
production POCHE /GVEcoproduction Théâtre de Romette, Comédie de Clermont-Ferrand scène nationale
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entretien avec Guillaume Poix (extraits)
Comment est née l’envie, l’idée, la nécessité de l’écriture de Waste ? Pouvez-vous nous raconter la manière dont vous avez travaillé et dont le texte s’est construit ?
En novembre 2013, j’ai découvert le travail d’un photographe sud-africain, Pieter Hugo, et notamment Permanent Error, une série de clichés consacrée à la décharge électronique d’Agbogbloshie, au Ghana. Je n’avais jamais entendu parler d’un tel lieu: une déchetterie à ciel ouvert où échouent nos ordinateurs, smartphones et tablettes usagés – appareils que // trient // de nombreux adolescents pour en extraire les métaux précieux. Je ne m’étais non plus jamais posé la question du devenir de ces objets que j’utilise, comme presque tout le monde aujourd’hui, à longueur de journée. J’ai été profondément marqué par ces photographies très spectaculaires qui jouent du sentiment de scandale et de fascination que l’on ressent inévitablement en découvrant ce décor cauchemardesque. Les travailleurs, travailleuses et habitant-e-s d’Agbogbloshie y posent au milieu des déchets, leurs silhouettes et leurs visages se découpent sur les multiples fumigènes qui s’élèvent dans le ciel : c’est une vision de l’enfer, comme si sous nos yeux, ici et maintenant, avait lieu l’apocalypse. Parce que cela me semblait impossible à représenter sur une scène, j’ai immédiatement pensé qu’il fallait écrire un texte de théâtre qui se passerait à Agbogbloshie. C’est souvent quand les choses me semblent infaisables que l’envie d’écrire un texte me vient. Je sais qu’il y a beaucoup d’orgueil dans ce présupposé d’écriture, mais c’est ce qui rend possible, chez moi, l’excitation et le grand désarroi de l’écriture.
__rencontre
Série Permanent Error, Pieter Hugo
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J’ai un jour tracé très vite quelques scènes d’une possible pièce. J’ai imaginé trois adolescents aux prises avec le travail de fouille des déchets numériques, basculant dans les trafics de toutes natures et engloutis par cette décharge dont je percevais qu’elle devait être vivante, comme une sorte d’organe autonome et proliférant. J’ai ainsi conçu cette première trace comme une genèse catastrophique, une sorte de renversement du récit biblique où l’on ne vivait plus dans la crainte d’une improbable apocalypse car celle-ci était bel et bien en train d’avoir lieu, elle était notre présent – ou plutôt celui d’une population qui semble ne jamais vraiment compter pour nous, Occidentaux.
M’étant d’abord sommairement documenté, j’ai compris qu’effectivement le processus d’intoxication et de destruction était irréversible et qu’il nous concernerait toutes et tous très bientôt. Je me suis en quelque sorte éveillé à la conscience écologique, d’une manière relativement pessimiste, et à mesure que s’est dessinée l’architecture de Waste, je me suis dit qu’il ne servait à rien de prétendre donner le change en insufflant de l’espoir là où la pure tragédie me semblait la seule vérité littéraire possible.
La première chose qui frappe à la lecture du texte, c’est bien évidemment la langue. Les personnages parlent un français pour ainsi dire réinventé. Pourquoi cette langue et que raconte-t-elle pour vous ?
Pour être très sincère, je ne sais pas du tout comment c’est venu. En commençant à écrire, je n’ai pas réalisé que ce que j’écrivais était incongru ou différent. // Le petit s’est pris le jus. Il s’est pris le jus qui restait dans un recoin du bordel //, ça a commencé comme ça, un registre de langue familier, composite, ni un parler oralisé ni un patois totalement opaque. Un amas de mots d’influences diverses. Quand j’ai relu les quinze premières pages auxquelles j’étais parvenu, j’ai été un peu surpris de ce que j’avais fait. Je trouvais que c’était bizarre et surtout je ne comprenais pas très bien pourquoi ni comment j’en étais arrivé là. J’étais très dubitatif et pensais que c’était quitte ou double : soit c’était une monstrueuse coquetterie d’auteur, un artifice au mieux ridicule, soit cela pouvait donner lieu à quelque chose d’intéressant sur scène, à une véritable expérience. Les premiers lecteurs du texte, Enzo Cormann et Mathieu Bertholet m’ont encouragé à poursuivre l’écriture, alors j’ai décidé de mener le pari à son terme.
J’ai alors essayé d’analyser précisément la langue inventée, d’en déduire une syntaxe, des règles, des interdits, aussi. Une fois que j’avais l’idée d’une scène, ce qui s’y déroulerait, j’essayais de parler cette langue : je traduisais dans ma tête, comme si je faisais un thème. Très souvent, une intuition me devançait, et, à force de vouloir parler cette langue, elle s’est recrée d’elle même, elle m’a paru évidente, et je suis devenu, le temps de l’écriture, parfaitement bilingue, à ma grande surprise. On m’a parfois dit qu’elle était artificielle, cette langue : elle l’est tout à fait du point de vue de la construction, mais elle ne l’est pas du tout du point de vue de l’émotion. Une fois qu’une réplique s’inscrivait, elle était, en termes rythmique et sonore, intimement juste pour moi.
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Avec le recul, je sais que la distance opérée par cette langue m’a permis, dans l’écriture, de supporter ce que je faisais. Cette langue est tragique, comme l’alexandrin de Racine l’est. Elle m’a autorisé à écrire sur ce sujet, c’est une licence poétique dans tous les sens du terme qui provoque un effet opposé à celui de la sourdine racinienne : elle amplifie, elle maximalise, elle outre et en cela, l’univers de cette bosse est supportable puisque baroque, disproportionné, sinueux, improbable – irréel.
Ce que je veux dire aussi, c’est qu’à aucun moment je n’ai pensé à ce que les Occidentaux ont longtemps désigné comme la langue petit nègre. On m’a demandé si j’avais joué avec ça, mais absolument pas. Il était hors de question pour moi d’utiliser une langue injurieuse, satirique et aux insinuations politiques détestables. J’ai précisément fait l’opposé : la langue dite petit nègre repose sur des simplifications grammaticales abusives qui sont destinées à exhiber l’absence de maîtrise de la langue française du locuteur, et donc son infériorité sociale et ethnique. Les personnages de Waste, au contraire, manient une langue qui ne repose jamais sur des abus syntaxiques ou des oblitérations de pronoms et de conjonctions ; ce n’est pas une langue faussement mimétique comme l’est le petit nègre, ni une langue vouée à reproduire celle des dominés. C’est une langue qui cherche à restituer de la grandeur, de l’inventivité, de la plasticité, de la liberté surtout à des êtres surdéterminés par le lieu dans lequel ils évoluent et qui sont assassinés à petit feu par notre civilisation. J’ai été très attentif à radicaliser l’invention pour que la poésie, l’incongruité de la juxtaposition des registres et l’étrangeté placent ce français utopique du côté de l’inédit. Je voulais déréaliser la langue à un point tel qu’elle puisse ne référer à rien d’autre qu’à la bosse, ce territoire bien réel que j’ai recréé dans Waste. Ainsi, si la langue inventée est mimétique, elle l’est de la décharge uniquement. Que serait une langue émanant d’un lieu où échouent tous les appareils numériques du monde entier, une langue donc tramée, infusée de toutes les autres langues du monde, une langue influencée par les anglicismes d’Internet et travaillée par des archaïsmes ? Que serait ce Babel 2.0 ? C’est la question que je me suis posée et qui a achevé de me mettre face à cet impératif : ce n’est ni l’Afrique coloniale ni les banlieues françaises qu’il s’agit de représenter via une langue supposée communautaire, fantasmée comme étant celle de l’immigré, mais une décharge d’ordinateurs. Et qu’est-ce qu’une décharge ? Un entassement d’objets, un empilement de strates, un conglomérat de choses de factures et d’usages divers, plus ou moins nobles, plus ou moins chers et plus ou moins beaux. La langue de Waste je l’ai donc voulue à cette image.
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Propos recueillis par Pauline Peyrade
En écrivant une (deuxième) pièce qui se passe en Afrique subsaharienne, vous relancez, malgré vous peut-être, le débat sur la diversité au théâtre. Aviez-vous cette problématique en tête quand vous avez écrit Waste ?
Si on veut que la scène publique française soit effectivement à l’image de la société française, alors il faut tout reprendre et, comme ce que fait le Royal Court*, imposer que chaque distribution soit pluriethnique. Je ne dis pas quelques distributions, je dis toutes les distributions. Ainsi, les emplois se déplaceront, les rôles se reconfigureront, et ce, pour le meilleur du répertoire.
On peut rêver qu’il ne faille pas écrire des rôles spécifiquement destinés à des acteurs dits noirs ou arabes car ceux-ci doivent pouvoir tout jouer. Je partage ce rêve, mais j’attends. Et je ne vois pas grand chose se passer. J’en déduis donc qu’il faut écrire des rôles pour les acteurs dits noirs ou arabes afin d’imposer une dynamique. Et alors je pose la question, en toute sincérité : c’est quoi, au juste, un rôle de dit noir ou arabe ? C’est, pour moi, un rôle comme un autre. Conclusion: il faut écrire des rôles comme les autres mais spécifier dans le texte que le personnage doit être incarné sur scène par un acteur dit noir ou arabe, ce qui, je crois, n’est pas la meilleure des solutions, mais il faut ce qu’il faut.
Puisque les metteurs en scène qui ont depuis longtemps pris le pouvoir ne semblent pas pressés de revivifier le théâtre public (je parle de la France), faisons-le, nous qui écrivons. Alors peut-être, oui, le public se renouvellera et se fortifiera ; et oui, peut-être, le théâtre retrouvera un peu de son sens populaire, renouera avec ce qui fonde son utopie: représenter, et mieux que tous les autres arts confondus.
Pour revenir à Waste, je sais que l’on va me reprocher d’avoir écrit des rôles dignes des Misérables, et qu’encore une fois, les acteurs dits noirs jouent les pauvres, les opprimés, les dominés. C’est vrai, à cette différence que ces personnages sont géographiquement situés et ne sont donc pas des immigrés, tributaires donc d’un cliché identitaire spécifiquement français ; à mon sens, cela change tout. Ils sont opprimés et dominés d’abord dans leur propre pays, donc par d’autres personnes dites noires, en plus de l’être par la civilisation occidentale. Mais surtout : je ne les ai absolument pas écrits comme des victimes, mais comme des citoyens du monde aux prises avec un phénomène de société majeur et s’efforçant de vivre leur vie dans un lieu où cela semble impossible. En cela, je les crois héroïques.
* Théâtre londonien (NDLR)
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Mettre en jeu un texte, c’est lui donner une matière visible, audible et un mouvement dans l’espace. Chaque dramaturgie implique une réflexion sur le rapport entre le texte et l’implication du jeu à travers ce texte. La forme marionnettique est souvent un instrument que je propose à l’acteur comme mise en abîme du personnage mais pas toujours. Lorsque j’utilise des formes marionnettiques, elles peuvent être de simples morceaux de papier, des personnages fabriqués en métal et d’une facture relativement complexe ou des morceaux de corps rajoutés. Le centre d’interprétation de l’acteur est décalé et cela lui permet parfois d’avoir davantage de liberté.
L’acteur est toujours à vue dans la manipulation et son corps, qu’il soit personnage ou ombre discrète manipulatoire, reste présent comme un créateur de l’instant portant un regard sur ce qu’il raconte. Loin de l’imagerie de la marionnette comme objet enfantin c’est un véritable instrument d’interprétation, un prolongement fascinant de l’acteur qui mêle et questionne différents arts comme les arts plastiques, le travail chorégraphique et l’écriture. Selon les créations et en fonction des choix dramaturgiques, j’aime croiser d’autres disciplines artistiques.
Le fait d’utiliser des formes marionnettiques dans mes créations théâtrales est, simultanément, une curiosité pour les spectateurs et un terrain susceptible de clichés à combattre avec passion. L’objet-marionnette prend sa source dans la marionnette traditionnelle. Elle est populaire par nature, objet de transition et de subversion, objet porte-parole de l’acteur.
Note d’intention Johanny Bert
// La marionnette est une parole qui agit // Paul Claudel
univers esthétique de Waste
Chaque création est une nouvelle recherche et une nouvelle réflexion sur ce rapport sensible que je développe entre l’humain et le pantin, l’animé et l’inanimé. Pour Waste, j’ai choisi de travailler avec trois acteurs qui seront les trois figures d’adolescents que nous suivrons durant la pièce. Ils font resurgir de cette décharge leurs doubles et d’autres personnages à l’aide de formes marionnettiques comme une mise en abîme/fouille archéologique. Une comédienne joue la mère comme un contrepoint réel qui me semble important dans l’écriture de la pièce.
Trois acteurs noirs et une comédienne blanche. Un choix délibéré et assumé. Une évidence liée au propos de la pièce qui va au-delà de la volonté de mettre en scène des acteurs que l’on ne voit pas suffisamment sur des plateaux de théâtre. Mais aussi l’envie
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de créer un trouble au plateau qui n’oppose pas deux continents et deux couleurs de peau mais bel et bien, des humains et leurs histoires.
J’aime quand les textes de théâtre proposent une énigme. Waste fait partie de ces textes-là. Durant le temps de préparation, j’ai été troublé et je le suis encore au moment où j’écris ce texte par la dualité que propose la pièce. Un face à face peut-être plus fort que pour d’autres textes entre la réalité crue et violente du sujet et la fiction apportée notamment par la langue du texte.
J’ai eu besoin de mieux comprendre, de fouiller la réalité à travers plusieurs sources: documentaires, La Tragédie Electronique réalisé par Cosima Dannoritzer- 2014 (ARTE) ou celui de Jean-Daniel Bohnenblust et Marie-Laure Widmer Baggiolini Déchets toxiques, mortel héritage - 2012 (RTS); photo-reportages, instantanés volés sur le vif ou mis en scène sur la décharge, les photos de Pieter Hugo PERMANENT ERROR (qui ont inspiré Guillaume pour l’écriture), celles de Kevin McElvaney, Peter Nicholls, ou Nyaba Léon Ouedraogo et aussi cette question de Mike Anane, journaliste environnemental devant la décharge illégale de déchets électriques et électroniques à Agbogbloshie // Pourquoi mon pays est-il la poubelle des pays développés ? //. Des images et des sons crus que je ne peux oublier. Tout cela à nourri une connaissance partielle, quelque peu fantasmée peut-être de cette décharge, qui m’a permis de m’immerger dans le texte de Guillaume Poix qui s’inspire de la réalité, s’en écarte, pour mieux parler de l’humain.
Une grande partie du texte se passe sur la décharge ou // la bosse //. Installer un tas d’ordinateurs et de télévisons sur le plateau ne me semblait plastiquement pas juste. Nous ne sommes pas dans un théâtre documentaire. Je cherchais, en collaboration avec Amandine Livet, la scénographe, comment transcrire ce lieu en une même matière qui serait la scénographie et les personnages marionnettiques. Une matière qui décolle de la réalité et me permette de proposer une convention plastique et théâtrale au spectateur. C’est en voyant les installations en cire d’Anish Kapoor que nous avons eu l’envie de nous inspirer de son travail pour créer un espace en cire qui représente la décharge, ou plutôt l’espace de la représentation, ainsi que les personnages marionnettiques. Ce choix plastique questionne également la thématique, peu abordée au théâtre: l’écologie, la colonisation insidieuse d’un pays en développement à travers l’exportation de nos déchets et les conséquences sur la vie quotidienne des habitants. Nous avons imaginé un monolithe de cire qui percute et s’insert dans le lieu théâtre au sens figuré, mais également en perçant littéralement le mur du POCHE /GVE, de la rue à la scène.
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Anish Kapoor, SVAYAMBH, 2007
Anish Kapoor, SVAYAMBH, 2007
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Atelier Ornicar, construction des marionnettes de Waste, Christophe Kiss
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bio
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Comme pour chaque création, c’est la dramaturgie qui me guide vers la conception et la réalisation d’un type de marionnettes et d’un rapport particulier avec l’acteur. J’aime guider les acteurs, qui ne sont pas marionnettistes, vers la manipulation comme un prolongement de leurs sensations. Le centre d’interprétation de l’acteur est décalé : il doit se familiariser avec l’instrument, apprendre à jouer avec, comme une partie intégrante de son personnage et de son jeu. Apprivoiser cette extention est complexe car elle requestionne le rapport au jeu et au corps mais devient très vite un véritable outil de jeu, de création de sens et de mise à distance et élargit le champs des possibles en permettant souvent à l’acteur d’avoir davantage de liberté.
Pour Waste, j’ai imaginé différentes corporalités créant des rapports de jeu multiples pour les acteurs : quasisculptures, personnages articulés ou personnages-morceaux. Des jeux avec les différentes échelles qui traduisent les enjeux mentaux et relationnels de domination. Chaque personnage a ses spécificités et donc la forme/matière/échelle qui lui est propre et qui communique avec les autres. Des prothèses pour les acteurs ou des totems-personnages que les comédiens utiliseront soit comme des figures symboliques, soit comme des personnages dans l’action. Ce choix naît des intuitions, des images que m’évoquent la lecture du texte et qui se développent, se transforment ensuite durant les répétitions avec l’équipe.
Atelier Ornicar, construction des marionnettes de Waste, Christophe Kiss
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Christophe Kiss est sculpteur de marionnettes. Particulièrement réputé, il travaille notamment pour le théâtre de Marionnette de Genève depuis plus de 20 ans. Il crée également diverses scénographies et marionnettes, tant pour des compagnies indépendantes que pour les scènes institutionnelles.
Dans ce projet, j’ai été stimulé par le côté expérimental et évolutif: de l’argile (première proposition) à la cire. J’avais déjà travaillé des personnages en cire, mais pas construit de marionnettes à proprement
Christophe Kiss
parler, dans cette matière. Mon univers est adaptable et mon état d’esprit ouvert. je ne signe pas « un style» mais me plonge dans le corpus de références et les influences amenées par le metteur en scène et les confronte à mon univers personnel. J’esquisse ensuite des propositions de croquis qui sont alors discutées avec le metteur en scène.
J’ai apprécié dans le travail avec Johanny Bert son exigence, son expérience de la forme marionnettique, ses idées claires, qui laissaient toutefois une grande marge d’interprétation. Un des points passionnants est de travailler avec des données inconnues: il y en a toujours, entre l’idée de base, la création de l’objet et son utilisation finale. Au fur et à mesure, elles se réduisent, on adapte les marionnettes, on les confronte à la réalité de la mise en scène, au rendu. L’intuition des acteurs intervient aussi, en donnant une nouvelle dimension aux personnages.
Esthétiquement, j’ai beaucoup aimé l’utilisation de ce matériau particulier qu’est la cire et le fait d’évoluer avec le parti pris d’une monochromie: un camaïeu de rouges. Cela m’a permis de rester dans des personnages « matière », non peints, ce qui crée une identité forte et propre à l’esthétique du spectacle.
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11/ #BABEL [Pb6]
Dans un coin de la bosse, abrités sous les fumées verticales.
WISDOM. - T’as tout le cimetière numérique de la planète ici, t’as tout l’obsolète qui se trouve une
place pour s’aplatir sous les coups de poing des gosses qui le fouillent. On te dit C’est numérique,
c’est dématérialisé, on te dit C’est sans fil c’est encore plus plat, on te dit C’est l’encombre en moins
et la vitesse du son du tonnerre dans ta gueule, on te dit C’est la fibre, on te dit C’est la fibre, on
te dit C’est les choses qui s’amenuisent et perdent en gravité et tout qui se stocke en minuscules
capteurs de rien de chez rien, on te dit C’est la poussière en propre, en qui prend pas de place,
on te dit des trucs pareils là où t’es toi, mais ce qu’on te dit pas c’est que chez nous ça devient la
bosse, ça devient l’Afadjato, ça devient Babel le truc, ça monte jusqu’au ciel, les merdes cabossées
dézinguées bousillées elles bâtissent une deuxième planète qui te poisse la gueule et le buste, qui
t’encrasse les conduits, merdes qui croupissent dans toi, qui se dispersent dans tes migraines et tes
vomissures, qui maculent les gosses morts à vingt ans de respirer l’air de la planète infestée par les
rebuts de là où t’es toi et que les gens de chez toi voient rien C’est dématérialisé, c’est numérique,
c’est sans fil, c’est tout plat, c’est amenuisé, c’est du vent pour toi là-bas et ici c’est des montagnes
d’air compact et brun qui se hissent en haut, qui peignent le ciel tout en volutes et qui te rentrent
dans l’épiderme que ça te gratte à t’en dégainer le cuir. Disons, pour conclure le topo, que ce qui se voit pas là-bas est pas tout à fait invisible ici.
L’HOMME. - Tu peux m’introduire dans la zone où les gamins triment ?
WISDOM. - Je te branche avec les gosses que je connais.
L’HOMME. - Ils bossent pour qui ?
WISDOM. - Ils bossent pour leur famille, pour rapporter des trucs à becter, ils revendent le métal
et ils se ménagent une routine de fouille. Bon, nous on essaie de les protéger pour qu’ils se fassent
pas bouffer par des bandes qui les exploitent – je te dis bande, je te dis prédateur, je te dis tout ce
que les mecs peuvent vouloir bouffer des gosses, tu me comprends. Donc heureusement qu’on est
là, nous, pour au moins les empêcher de tomber dans les trafics. Tu as tout ?
Le blanc-bec est incommodé par les odeurs qui lui pénètrent les narines, mais il acquiesce puis
éteint son bazar.
WISDOM. - Il te faut des images ?
L’HOMME. - Ouais.
WISDOM. - Bon, tu te fais p’tit, tu cliches et on se casse. L’enfer, c’est pas open bar, mon gars.
__extraits
21
27# ESCARGOT [Pb11]
Rentrant dans le soir, ils croisent une femme qui se casse le dos à porter un téléviseur rouge.
WISDOM. - Vise la misère.
JUSTICE. - Folle qui s’avalanche les côtes.
WISDOM. - Escargot, l’aliénée.
JUSTICE. - Revient de chez le Daddy pour sûr.
WISDOM. - Talent de mort pour fourguer l’impossible.
JUSTICE. - Légende, le Daddy.
WISDOM. - Pourquoi on l’appelle tel d’après ton pensée ?
JUSTICE. - Indeed.
WISDOM. - Daddy Jubilee : il est peut-être raclure de mort, mais il a le talent implanté dans le
bocos.
JUSTICE. - Empereur de la bosse.
WISDOM. - À lui qu’on doit le tout : se camoufle comme un Dieu dans sa cabane, mais
marionnettise le tout.
JUSTICE. - Pour sûr. Vise encore. Que son écran est déjà fendillé de la faille.
WISDOM. - Va pas mirer grand chose, cette piquée.
JUSTICE. - Pourra toujours mirer le rouge. Ça y divertit le temps.
WISDOM. - Ça te varie l’existence, c’est sûr.
Ils passent à côté de la mère sans masquer leur hilarité.
22
1 / esthétique de la contamination, par Pauline Peyrade, dramaturge
Le motif de la contamination, de la contagion travaille à plusieurs niveaux dans la pièce. Tout d’abord, à travers le langage. Pour reprendre les termes de Guillaume Poix : « Le lieu contamine tout, jusqu’au langage lui-même. Et la langue produit elle-même beaucoup de déchets. » Cette langue-déchet, c’est celle que parlent les habitants de la bosse, et qui impose au fur et à mesure du texte sa force vitale, mais aussi théâtrale. Par ailleurs, et plus concrètement, les corps des personnages sont contaminés par le lieu: les effluves toxiques qui émanent des métaux en fusion brûlent les poumons de Moïse à petit feu. Ce dernier porte en lui le noir du lagon, qu’il finit par rejoindre au moment de sa mort, et dans les eaux duquel il disparaît. C’est, enfin, le même procédé de fusion qui fait fondre les déchets, et Jacob, dont le corps disparaît dans la bosse comme une carcasse de plus parmi les restes de notre civilisation.
Dans un espace où tout est voué à disparaître, où tout est caduc, dans une décharge humaine et matérielle, quels liens sont possibles et quelles rencontres sont imaginables? Dans la pièce, l’amitié des trois enfants se pose comme défi au nihilisme ambiant qui régule le trafic des hommes. Dans cet enfer sur terre, le jeu, le rire, la complicité explosent en bulles d’air sain dans un ciel sur-pollué. On pourrait y voir une célébration de l’enfance si le texte n’allait pas plus loin : en effet, les rapports entre les trois garçons sont eux-mêmes troublés, mais pas par la mort – cette fois, c’est le désir qui opère. Un désir inavouable dans une communauté où l’homosexualité reste un tabou infranchissable, au point qu’il n’est peut-être même pas conscient chez les jeunes protagonistes. Comme le remarque justement Johanny Bert au sujet des liens qui les lient, il s’agit d’« une attraction impossible à vivre clairement ».
Et cela va plus loin encore, car la problématique du désir est elle-même déjouée ou rejouée par la question de l’amour. Pour Guillaume Poix, il y a de l’amour entre Jacob, Isaac et Moïse. Comme il y en a entre Jacob et sa mère, même s’il n’est jamais exprimé. Le désir aimant s’oppose ainsi au désir consumant qui habite L’homme à la fin de la pièce. Contaminé à son tour par la violence du lieu, il viole et tue Jacob qui allait se vendre à lui. Pourtant, cette scène finale, au lieu de verser dans un déchaînement de cruauté, pose à nouveau la question de la rencontre. Seuls sur la bosse, Jacob et L’homme se parlent. S’ils ne parviennent pas à se rencontrer, c’est qu’une autre force, plus puissante que leurs volontés propres, est à l’oeuvre en ce lieu, qui engloutit et fracasse tout.
La question sous-tendue dans toute la pièce est en effet celle du regard porté sur cette réalité : qui regarde ? d’où ? pour en montrer quoi ? Dans le texte, L’homme vient tout d’abord pour prendre des photos, peut-être pour rapporter des clichés-chocs qui feront
__Pour aller plus loin
23
réagir ses semblables de l’autre côté du monde – en tout cas, il n’est pas, au départ, motivé par de mauvaises intentions. S’il bascule, c’est que le lieu est plus fort que lui. Une manière de poser la question de la fascination de notre société pour ces images apocalyptiques. J’ai voulu interroger l’érotisme de la misère, explique Guillaume Poix – formule très forte, au demeurant.
2 / Agbogbloshie, un désastre écologique et humanitaire
Chaque année, nous produisons plus de 50 millions de tonnes de déchets électriques et électroniques (e-déchets). La convention de Bâle, ratifiée par tous les pays du monde à l’exception des États-Unis et d’Haïti, interdit depuis 1989 l’exportation des déchets électroniques. En Europe, le prix de chaque appareil neuf inclut même une éco-participation qui couvre le coût de son recyclage. Pourtant, seuls 25 % des déchets électroniques de l’UE sont effectivement recyclés. Le reste est exporté illégalement et finit souvent dans des décharges clandestines en Afrique (Ghana, Nigeria…), en Asie ou en Amérique du Sud. Bien souvent, ces déchets illégaux sont exportés avec des appareils qui fonctionnent encore pour échapper aux inspections. Au Ghana, l’une des principales destinations des appareils électroniques de seconde main, un tiers des appareils importés en 2009, soit environ 40’000 tonnes, n’était plus en état de fonctionner.
Les habitants des pays en développement et des pays émergents ont fait des déchets électroniques une source de revenus. Dans les décharges, ils trient, démontent ou réparent pour revendre ce qui peut être réutilisé. La plupart du temps, les personnes qui travaillent dans le secteur informel du recyclage ne connaissent pas les dangers qu’ils encourent ni les outils qui permettraient de traiter les déchets en limitant les risques. Beaucoup d’enfants y travaillent, brûlant les déchets et utilisent des bains d’acide pour extraire les matériaux précieux qui pourront être revendus. En recourant à de telles techniques, ils produisent des vapeurs hautement toxiques et libèrent des métaux lourds dangereux ou de la dioxine, les exposant à de sérieux problèmes de santé, comme des cancers ou des lésions neurologiques. Les matériaux qui restent sont souvent entreposés à l’air libre dans des décharges non autorisées, où ils polluent les sols.
En dix ans, la quantité de ces déchets inondant l’Afrique a presque doublé. Et ailleurs en Europe, en Asie et en Amérique du Sud, nos appareils modernes en fin de vie détruisent le paysage et empoisonnent la terre, l’eau et l’air. « C’est un crime d’une ampleur phénoménale » selon Mike Anane, journaliste ghanéen spécialisé dans l’environnement. On estime que le trafic de déchets électriques et électroniques est devenu plus important que le trafic de drogue. Et dans le sillage de ce trafic se développe également l’exploitation humaine. Le Ghana est un des pays les plus touché par la traite d’humains ; les enfants étant généralement destinés au travail forcé et au commerce sexuel.
24
Pourtant, cette marée toxique n’en est qu’à ses débuts. Malgré la crise, la vente d’appareils électroniques est en pleine expansion et gagne de nouveaux marchés émergents. Le volume mondial de déchets électroniques va augmenter d’un tiers dans les cinq prochaines années, selon une estimation de l’initiative Solving the e-waste problem – qui réunit Nations Unies, industries, instituts de recherche et ONG. En Chine, ceux qui démontent les vieux ordinateurs récupèrent parfois aussi les puces électroniques pour les revendre. Certaines, réutilisées sans qu’on sache qu’elles sont usagées, peuvent mettre en péril le pilotage d’un TGV, d’un avion…
Sources: La Déclaration de Berne / Documentaire « la tragédie électronique » de Cosima Dannoritzer, ARTE
/ rapport Greenpeace Luxembourg / Université de Sherbrooke, Faculté des lettres et des sciences humaines,
Canada
3 / Technologie toxique, rapport de Greenpeace Luxembourg (extrait)
Une nouvelle et dangereuse catégorie de déchets est en train de se développer rapidement. La forte progression de la consommation de biens électroniques et électriques dans le monde a entraîné une explosion de déchets électroniques (dits «e-déchets») contenant des toxiques, des substances chimiques persistantes et des métaux lourds. Parce qu’ils ont été fabriqués en utilisant ces substances, les produits ne peuvent être éliminés ou recyclés sans risque quand ils sont mis au rebut.
Chaque année, des centaines de milliers d’ordinateurs et de téléphones portables usagés sont déversés dans des décharges ou brûlés dans des fonderies. Des milliers d’autres sont exportés, souvent illégalement, de l’Union européenne (UE), des Etats-Unis (USA), du Japon et d’autres pays industrialisés vers l’Asie. Là-bas, les ouvriers des chantiers de récupération de ferraille sont exposés à un cocktail de substances chimiques toxiques lorsqu’ils désassemblent les produits.
Quel est le problème ?
La quantité de produits électroniques mis au rebut dans le monde a fait un bond dans les dernières années, avec plus de 50 millions de tonnes générées à travers le monde chaque année. Les déchets électroniques (e-déchets) représentent maintenant 5% de la totalité des déchets municipaux solides dans le monde, soit presque autant que les emballages plastiques. Les pays développés les génèrent, mais aussi l’Asie (environ 12 millions de tonnes chaque année). Les e-déchets constituent aujourd’hui le secteur du flux de déchets municipaux solides qui croît le plus rapidement. Les gens n’hésitent pas à changer souvent de téléphone portable et d’ordinateurs, mais aussi de téléviseur, d’équipement audio, d’imprimante… En Europe, par exemple, les e-déchets augmentent
25
de 3 à 5% par an, presque trois fois plus rapidement que le flux total des déchets. D’ici 2010, les pays en développement pourraient tripler leur production d’e-déchets.
Qu’y a-t-il dans les appareils électroniques?
Les appareils électroniques sont composés d’un mélange complexe de plusieurs centaines de matériaux. Un téléphone portable par exemple, contient entre 500 et 1000 composants. Une grande partie de ces matériaux contient des métaux lourds (plomb, mercure, cadmium, béryllium) ainsi que des substances chimiques dangereuses, comme les retardateurs de flamme bromés - polybromodiphényles (polybrominated biphenyls, PBB), éthers diphényliques polybromés (polybrominated diphenylethers, PBDE) et tétrabromobisphénol-A (tetrabromobisphenol-A, TBBPA ou TBBA), etc. Ces substances chimiques dangereuses génèrent une pollution importante et des risques sanitaires pour les travailleurs qui les produisent ou les éliminent. L’exposition au plomb et au mercure des enfants et des femmes enceintes est particulièrement préoccupant. Même à un faible niveau d’exposition, ces métaux extrêmement toxiques peuvent porter atteinte aux enfants et aux fœtus.
Où finissent les e-déchets?
Un grand nombre d’appareils électroniques usagés prennent la poussière dans des centres de stockage en attendant d’être réutilisés, recyclés ou détruits. L’agence américaine de protection de l’environnement (Environmental Protection Agency, EPA) estime que les trois quarts des ordinateurs vendus aux Etats-Unis sont empilés dans des garages et des débarras. Quand ils sont mis au rebut, ils finissent dans des décharges ou des incinérateurs ou, plus récemment, sont exportés vers l’Asie.
Décharge: Selon l’EPA, plus de 4,6 millions de tonnes d’e-déchets ont fini dans des décharges aux Etats-Unis en 2000. Les substances toxiques des produits électroniques peuvent à la longue s’infiltrer dans le sol ou être rejetés dans l’atmosphère, ce qui représente un danger pour les communautés riveraines et l’environnement. De nombreux pays européens ont donc légiférer pour empêcher l’enfouissement des déchets électroniques. C’est néanmoins encore une pratique courante dans de nombreux pays. A Hong Kong par exemple, on estime que 10 à 20% des ordinateurs obsolètes sont mis en décharge.
Incinération: Incinérer des produits électroniques libère des métaux lourds, tels que le plomb, le cadmium et le mercure. Le mercure dégagé dans l’atmosphère peut s’accumuler dans la chaîne alimentaire, notamment dans le poisson - qui constitue le vecteur principal de risque pour le grand public. Quant au PVC, son incinération provoque des rejets de dioxines et de furanes.
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Réutilisation: Voilà une façon d’allonger la durée de vie d’un produit. De nombreux produits usagés sont exportés vers des pays en développement, ce qui leur assure un équipement à peu de frais mais ne règle pas le problème. Que deviennent ces produits électroniques une fois inutilisables ? Ils sont mis au rebut dans des décharges la plupart du temps pas équipées pour traiter sans risque les déchets dangereux.
Recyclage: Le recyclage peut constituer une bonne manière de réutiliser les matières premières contenues dans un produit. Mais comme les e-déchets contiennent des substances chimiques dangereuses, leur traitement doit se faire dans des conditions spéciales pour être sans danger pour les travailleurs des centres de recyclage. Dans les pays développés, le recyclage des produits électroniques a lieu dans des unités construites à cet effet et dans des conditions plus ou moins contrôlées. Dans de nombreux Etats de l’UE, les plastiques d’e-déchets ne sont toutefois pas recyclés pour éviter le rejet de furanes et de dioxines bromées dans l’atmosphère. Mais dans les pays en développement, le recyclage est fait manuellement dans des chantiers de récupération de ferraille, souvent par des enfants.
Exportation: Les e-déchets sont généralement exportés par des pays développés vers des pays en développement, fréquemment en violation de la Convention de Bâle. L’inspection de 18 ports maritimes européens en 2005 a montré que 47% des déchets exportés, e-déchets y compris, étaient illégaux. En 2003, 23 000 tonnes de déchets électroniques clandestins ou provenant du marché ‘gris’ ont été expédiées illégalement de Grande-Bretagne vers l’Extrême-Orient, l’Inde, l’Afrique et la Chine. Et on estime qu’aux USA, 50 à 80% des déchets collectés pour être recyclés sont exportés. Cette pratique est légale car les USA n’ont pas ratifié la Convention de Bâle.
La Chine continentale a essayé d’empêcher ce commerce en interdisant l’importation d’e-déchets en 2000. Greenpeace a cependant découvert que les lois ne sont pas respectées ; des e-déchets continuent d’arriver à Guiyu dans la région de Ghuangzhou, dans la province de Guangdong, principal centre de ferraillage en Chine.
Greenpeace a également révélé qu’en Inde aussi le commerce d’e-déchets se développe. Rien qu’à Delhi, 25 000 travailleurs sont employés dans des chantiers de récupération de ferraille où 10 à 20 000 tonnes d’e-déchets, dont 25% d’ordinateurs, sont traités chaque année. Greenpeace a aussi localisé des chantiers de récupération à Meerut, Ferozabad, Madras, Bangalore et Bombay.
Comment le marché a-t-il évolué?
Dans les années 90, l’UE, le Japon et certains Etats des Etats-Unis ont mis en place des systèmes de « recyclage » des e-déchets. Incapables de gérer les e-déchets (trop grande
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quantité, toxicité), de nombreux pays ont donc commencé à exporter le problème vers des pays en développement où les lois protégeant les travailleurs et l’environnement sont inadaptées ou inappliquées. De plus, « recycler » les e-déchets dans des pays en développement coûte moins cher que de le faire dans des pays industrialisés. Ainsi le coût de recyclage du verre des écrans d’ordinateurs s’élève à 0,50 USD la livre aux Etats-Unis, contre 0,05 USD en Chine.
La demande asiatique de déchets électroniques a commencé à croître lorsque les chantiers de récupération de ferraille ont découvert qu’ils pouvaient extraire des substances de valeur comme du cuivre, du fer, du silicone, du nickel et de l’or pendant le processus de recyclage. Un téléphone portable contient par exemple dix-neuf pour cent de cuivre et huit pour cent de fer.
Quelle est la réglementation en vigueur ?
La Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de déchets dangereux et de leur élimination, en vigueur depuis 1992, et l’Amendement sur l’interdiction des exportations adopté en 1995, interdisent toutes les exportations de déchets dangereux depuis des pays développés vers des pays en développement. La convention considère que les déchets électroniques sont dangereux et qu’en conséquence leur commerce obéit aux règles de l’Amendement.
De nouvelles lois en Europe et au Japon commencent à déplacer la responsabilité des e-déchets placée sur les contribuables, les autorités locales et les gouvernements pour la transférer aux fabricants de ces produits. Certaines compagnies ont déjà réagi en concevant des produits qui ne contiennent plus de matières dangereuses. Greenpeace se félicite de ces politiques progressistes mais s’attend à ce qu’elles fassent augmenter les exportations d’e-déchets, si elles ne sont pas accompagnées de mesures garantissant que les compagnies recyclent, réutilisent ou éliminent les produits en toute sécurité après les avoir récupérés.
http://www.greenpeace.org/luxembourg/fr/campaigns/substances-toxiques/technologie-toxique/
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__Liens
Recyclage des déchets :• Reportage Temps Présent, Mortel héritage, de Jean-Daniel Bohnenblust et Marie-
Laure Widmer Baggiolini, RTS, 2012: www.rts.ch/emissions/temps-present/international/4184458-dechets-toxiques-mortel-heritage.html (streaming)
• compte rendu de la Déclaration de Berne: www.ladb.ch/themes-et-contexte/consommation/telephones-portables/elimination-recyclage/
Impact sanitaire et écologique à Agogbloshie :• Reportage radio RFI, C’est pas du Vent, Par Anne-Cécile Bras, Le Ghana, la poubelle
pour les déchets électroniques: www.rfi.fr/emission/20120429-2-reportage-le-ghana-poubelle-dechets-electroniques-rediffusion
• Article paru dans GEO: Le Ghana : poubelle pour les «e-déchets» (2009), par Blaise Mao: www.geo.fr/environnement/actualite-durable/le-ghana-poubelle-pour-les-e-dechets-25740
Trafic international des déchets :• Documentaire La tragédie électronique, de Cosima Dannoritzer, YUZU
PRODUCTIONS, ARTE: www.boutique.arte.tv/f9742-tragedie_electronique (VOD)• Comment l’Europe fait passer ses déchets informatiques pour des dons
« humanitaires » par Rachel Knaebel 27 janvier 2014 : www.bastamag.net/Comment-l-Europe-fait-passer-se
Toxicité des composants d’objets électroniques : (extrait dans le dossier pédagogique)• http://www.greenpeace.org/luxembourg/fr/campaigns/substances-toxiques/
technologie-toxique/
Photoreportages: • Peter Nicholls: www.peter-nicholls.com/ghana-e-waste/
laea6dk8nosx99rl4vx6qxitqp501f• Nyaba Leon Ouedraogo, Enfer Contemporain: www.inferno-magazine.
com/2012/05/08/enfer-contemporain-photographies-de-nyaba-leon-ouedraogo/
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Guillaume Poix
Auteur de pièces très documentées, ancrées
dans des réalités difficiles, Guillaume Poix
propose des langues fortes et poétiques pour
sublimer l’indicible. Normalien et diplômé
de l’Ensatt en écriture dramatique, il a été le
dramaturge de la saison UNES au POCHE /GVE.
Il est l’auteur de plusieurs pièces de théâtre,
dont Les Présomptions, Virgile n’a pas les
épaules, Wave, et Straight, publiée aux éditions
Théâtrales, lauréate de nombreux prix dont
les Journées de Lyon des Auteurs de Théâtre
et de l’aide à la création du CNT. En octobre,
il créera au Préau-CDN de Basse Normandie,
Tout entière, spectacle évoquant la mystérieuse
destinée de la photographe Vivian Maier. Il
travaille aussi pour l’opéra, le cinéma et la danse
: comme dramaturge au Théâtre des Champs
Elysées, pour La Favorite de Donizetti, avec
l’actrice et réalisatrice française Nicole Garcia
sur le film Un beau dimanche. Avec Christian
et François Ben Aïm ainsi qu’Ibrahim Maalouf,
il écrit actuellement une pièce chorégraphique
qui sera créée en février 2017. Waste a été lue
dans le cadre de la Mousson d’été 2015.
__biographies
Johanny Bert a élaboré un langage théâtral très
personnel, né de la confrontation entre l’acteur
et la forme marionnettique. Développant
cette relation acteurs-marionnettes, il travaille
régulièrement avec des auteurs contemporains,
par exemple dans le cadre de ses spectacles
Histoires Post-it / On est bien peu de chose
quand même ! pour lequel il passe commande
à quatre auteurs, Les Orphelines de Marion
Aubert avec Le Préau, CDR de Vire, Le Goret
de Patrick McCabe, L’Emission de Sabine
Revillet (création en appartement), L’âge en
bandoulière de Thomas Gornet (création pour
adolescents en salle de classe), De Passage
de Stéphane Jaubertie, Pastoussalafoi !, opéra
jeune public de Matteo Franceschini sur un
livret de Philippe Dorin, Elle pas Princesse, Lui
pas Héros de Magali Mougel ou encore Pauline
Sales et Fabrice Melquiot. En 2012, il est nommé
à la direction du Centre Dramatique National
de Montluçon - Le Fracas - et mène, durant
quatre ans, un projet fort sur le territoire avec
une équipe d’acteurs permanents. Il fait le choix
de reprendre en 2016 son parcours de mette
en scène en compagnie et devient notamment
artiste associé à La Comédie, scène nationale
de Clermont-Ferrand.
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Jane Friedrich
Comédienne genevoise emblématique, Jane
Friedrich participe à l’aventure des débuts du
théâtre « indépendant » de la Cité de Calvin.
Elle suit les enseignements de François Simon,
Philippe Mentha, Roger Blin, et collabore à
la plupart des spectacles de l’ancien Théâtre
de Carouge. Elle participe à la création du
Théâtre de l’Atelier St-Gervais, de l’Atelier
Don Sapristi et du Théâtre Mobile. Dans
ces différentes formations, elle joue sous la
direction ou en compagnie de François Rochaix,
Patrick Antoine, Jacques Probst et François
Berthet. Elle se forme également en chant au
Conservatoire Populaire de Musique avec Basia
Retchyska. Elle vit ensuite quelques années en
France. À son retour en Suisse, elle travaille
avec quelques-uns des grands noms de la mise
en scène suisse et européenne, notamment
Horst Zankl, Claude Straatz, Brigitte Jacques,
Matthias Langhoff, Isabelle Pousseur, Jean-
Louis Martinelli, Dominique Pitoiset, Philippe
Mentha, Anne Bisang. Elle travaille également
pour la radio, la télévision, le cinéma (sous la
direction de Michel Soutter, Alain Tanner, Jean-
Jacques Lagrange, Richard Szotyori, Wolfgang
Panzer) et participe à de nombreuses lectures.
__biographies
Térence Rion est né en Gaume, dans le sud
de la Belgique, d’un père belge et d’une mère
congolaise et vit actuellement à Bruxelles. Il
étudie le théâtre à l’Institut des Arts de Diffusion
où il rencontre notamment Eric De Staercke,
Jules-Henri Marchant, Janine Godinas, Sylvie
de Braeckeleer. En 2008, il fait ses premiers pas
d’acteur professionnel dans une série télévisée
Septième Ciel Belgique. Térence navigue entre
l’Afrique et l’Europe, le théâtre, le cinéma et le
petit écran. Il joue et co-écrit plusieurs pièces
comme Trait d’Union et Quand je serai figurant.
Il obtient les premiers rôles dans Beautiful
thing de J. Harvey mis en scène par Georges
Lini et dans Tout est bien qui finit bien de W.
Shakespeare mis en scène par Patrick Donnay.
Il assiste également le travail de Yves Hunstad
et Eve Bonfanti de “la Fabrique Imaginaire”..
Dernièrement, il tourne dans La Fourmi de
Jonas d’Adesky et dans L’Ours Noir de Xavier
Seron et Méryl Fortunat Rossi (Magritte 2016 du
meilleur court métrage de fiction).
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Miami Themo
Diplômé en 2000 de l’ESAD (Genève), Miami
Themo débute sa carrière sous la direction de
Jean Liermier dans Peter Pan de J. M. Barrie. En
2003, il est admis à la prestigieuse école The
Lee Strasberg Theater & Film Institute à Los
Angeles, où il approfondit son apprentissage
sous la direction de Cathleen Lesly, Larry
Gold et James DiStefano. On a pu l’apprécier
au Théâtre Populaire Romand dans Ton Beau
Capitaine de S. Schwartz-Bart par Charles
Joris, au Théâtre de Carouge dans La Double
Inconstance de Marivaux par Jean Liermier et
On ne badine pas avec l’amour de de Musset
par Richard Vachoux, au Théâtre du Loup
dans Quai Ouest de Koltès par Julien Georges.
Parallèlement au théâtre, il jous dans diverses
productions cinématographiques pour des
longs et courts-métrages, notamment pour le
CICR, et prête sa voix aux « Portes Ouvertes
Suisse au service des chrétiens persécutés ».
En 2014, puis en 2016, il joue dans Au bord du
monde de Valentine Sergo dans le cadre de
l’événement « Les mémoires blessées » organisé
au Théâtre St-Gervais.
__biographies
Formé au sein de la Classe Libre du Cours
Florent, Assane Timbo est un acteur, metteur en
scène, auteur et pédagogue français. Au théâtre,
il joue notamment sous la direction de Jean-
Michel Ribes, Brigitte Jaques Wajeman, Jean
Boillot, Alain Foix, Thomas Bouvet. Au sein de sa
compagnie, “La Surface de Réparation”, Assane
met en scène Molière, Claudel, Pinter, Akakpo,
ainsi que deux de ses propres textes dont Nain,
distinguée par le Prix Spécial du Jury au Festival
de la Jeune Création de Saint-Mandé. Au cinéma
et à la télévision, il tourne sous la direction de
Christine François, Jean-Michel Ribes, Ivan Attal,
Régis Roinsard, etc. Il a dispensé des ateliers
au Cours Florent, à l’ESJ Paris, pour le Théâtre
du Rond-Point, et le Théâtre de la Ville. Aux
côtés de François Rancillac et Aurélie Van Den
Daele, il est l’instigateur du projet pédagogique
Tous en Scène(s) du Théâtre de l’Aquarium.
Actuellement, Assane Timbo achève la tournée
de La Place Royale de Corneille, mise en scène
par François Rancillac.
Assane Timbo©
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__en parallèle /autour des spectaclesforums thématiques
Cette saison, POCHE /GVE accueille deux forums. Le premier, en parallèle à la création de Waste, portera sur la question de la représentation de la diversité et des minorités sur les plateaux de théâtre.
forum2 les minorités sur les plateaux de théâtre 14 & 15 octobre 2016
Gratuit
ateliers d’écriture
L’atelier du vendredi_19hAnimé par les auteurs du POCHE /GVE, il est ouvert à tous, sans aucune forme d’engagement : on vient une fois, deux fois, toutes les fois...chaque atelier est indépendant, chaque animateur-auteur vient avec ses propres envies, ses techniques et ses tics.
Voir calendrier
atelier critique
Afin d’approfondir la réflexion sur les écritures contemporaines et leur mise en perspective, les participants assistent à des spectacles dans plusieurs théâtres genevois et sont invités à partager leurs impressions avec des penseurs du théâtre (dramaturges, auteurs, essayistes). Ils rédigent ensuite leurs propres propositions, aidés par des critiques. Le prix comprend les entrées pour cinq spectacles ainsi que les ateliers de réflexion et d’écriture qui suivent.
La Boucherie de Job texte Fausto Paravidino, mise en scène Hervé Loichemol, Comédie de Genève, 18 octobre 2016 à 19hWaste p.60, POCHE /GVE, 04 octobre 2016, 20hLes trois autres spectacles sont à déterminer.prix CHF 80.-
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__horaires /tarifs
tarifs
plein tarif CHF 35.-avs_ai_chômeurs CHF 22.-groupe (min. 10 personnes) CHF 25.-tarif du mardi nouveau ! CHF 15.- étudiants_apprentis CHF 15.- carte 20ans / 20francs CHF 10.- groupe 3 personnes CHF 27.- (soit 3 billets pour CHF 81.-) billets suspendus nouveau ! offrez 1 place de spectacle à un inconnu !
Connaissez-vous les // cafés suspendus // en Sicile ? Si vous achetez deux cafés et que vous n’en buvez qu’un, le second reste // suspendu // pour être servi plus tard à une personne en difficulté. L’idée est la même. Mais ici, en achetant un second billet, le spectateur offre une place à quelqu’un qui a moins facilement accès au théâtre : immigrés, primo-arrivants, jeunes déscolarisés, familles précaires. Pour chaque spectacle, POCHE /GVE choisit une association pour laquelle il est possible de // suspendre // des billets. Nous nous engageons alors à leur remettre les clés pour entrer dans le spectacle ainsi qu’un espace pour exprimer leurs impressions.
informations/accèswww.poche---gve.ch
+41 22 310 37 59 7, rue du Cheval-Blanc
1204 Genève
La billetterie et le BARDU (bar du
théâtre) ouvrent une heure avant la
représentation
horaires des représentations nouveau !
lundi, mercredi, jeudi et samedi 19hmardi 20hdimanche 17hvendredi relâcheattention ! horaires spécifiques les fins de semaine en pé-riode de SLOOP, consulter les horaires détaillés et la grille.
G5
POCHE /GVE est associé à la Comédie de Genève, le Galpon, le Théâtre du Loup et le Théâtre du Grütli, dans le cadre du projet G5 qui favorise la circulation des publics entre les théâtres en leur proposant un tarif réduit sur présentation d’un billet acheté pour un spectacle dans l’un des théâtres partenaires: tarif G5 au POCHE /GVE CHF 22.-
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abonnement saison_d’eux (8 spectacles)
pass poche CHF 160.-pass poche réduit (avs, ai, étudiants, chômeurs) CHF 140.-pass poche –30ans CHF 80.-pass poche duo (2 places par spectacle) CHF 280.-
POCHE /GVE à la carte nouveau !
adhésion CHF 30.-Adhésion au POCHE /GVE pour bénéficier d’un tarif préférentiel sur les 8 spectacles de la saison 2016/2017.
tarif adhérent plein CHF 25.- (au lieu de CHF 35.-)tarif adhérent réduit (avs, ai, étudiants, chômeurs) CHF 16.- (au lieu de CHF 22.-)tarif adhérent –30ans CHF 15.- (au lieu de CHF 35.-)
__abonnements /adhésion
le passe-textes avec la Comédie de Genève
Le passe-textes facilite le voyage entre la Comédie et POCHE /GVE et favorise la découverte des auteurs vivants et des écritures contemporaines.
Trois spectacles au POCHE /GVE: Waste / J’appelle mes frères /Dans le blanc des dentsDeux spectacles à la Comédie de Genève: La Boucherie de Job texte Fausto Paravidino, mise en scène Hervé Loichemol, du 04 au 21 octobre 2016 /Des Roses et du Jasmin texte et mise en scène Adel Hakim, le 25 février 2017
le passe-textes CHF 150.- /le passe-textes réduit (avs, ai, étudiants, chômeurs) CHF 125.-
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__saison d’eux
cargo4 __ WasteGuillaume Poix/Johanny Bert26.09 – 16.10
sloop3 i-monsters
__ Unité modèleGuillaume Corbeil/Manon Kruttli14.11 – 29.01
__ Les Morb(y)desSébastien David/Manon Kruttli21.11 – 29.01
__ NinoRébecca Déraspe/Yvan Rihs05.12 – 29.01
__ J’appelle mes frèresJonas Hassen Khemiri/Michèle Pralong09.01 – 29.01
cargo5
__ Dans le blanc des dentsNick Gill/Collectif Sur un Malentendu27.02 – 19.03
accueil2 bienvenue aux Belges
__ AlpenstockRémi De Vos/Axel De Booseré & Maggy Jacot
03.04 – 12.04
__ Loin de Linden Veronika Mabardi/Giuseppe Lonobile24.04 – 30.04
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