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Axe 1 : Usages sociaux et politiques du patrimoine I - Réaménager la mémoire. Les usages de Versailles de l’empire à nos jours. P . 292-293 Visite virtuelle de Versailles A – L’image de Versailles et ses usages politiques Le château de Versailles conserve encore au XXI e siècle l’image de symbole de la monarchie absolue qui a permis sa construction et son développement aux XVII e et XVIII e siècles. En quoi le plan de Versailles est-il politique dès sa construction ? Comment les rapports entre le pouvoir et le pays sont-ils mis en scène ? Réponses aux questions : 1. C’est un plan politique voulu par Louis XIV qui fait du château un instrument de son pouvoir et de sa mise en scène : sa chambre est placée au centre, les éléments du gouvernement sont dans une aile, la cour dans l’autre, et les jardins participent à l’exercice du pouvoir par des réceptions et des loisirs offerts aux visiteurs et à la cour. 2. Par des routes qui partent du château, centre du pouvoir, vers le royaume. Par des espaces dédiés aux relations diplomatiques (grande galerie, jardins, galerie des batailles). Dans ces espaces, le roi ou le pouvoir républicain reçoivent les visiteurs étrangers au nom de l’État.

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Page 1: Axe 1 : Usages sociaux et politiques du patrimoine … · Synopsis: Le roi de France, Louis XIV, a 28 ans. Il souhaite soumettre la noblesse française à l'autorité du pouvoir royal

Axe 1 : Usages sociaux et politiques du patrimoine

I - Réaménager la mémoire. Les usages de Versailles de l’empire à nos jours. P . 292-293 Visite virtuelle de Versailles

A – L’image de Versailles et ses usages politiques

Le château de Versailles conserve encore au XXIe siècle l’image de symbole de la monarchie absolue qui a permis sa construction et son développement aux XVIIe et XVIIIe siècles.

En quoi le plan de Versailles est-il politique dès sa construction ? Comment les rapports entre le pouvoir et le pays sont-ils mis en scène ?

Réponses aux questions :

1. C’est un plan politique voulu par Louis XIV qui fait du château un instrument de son pouvoir et de sa mise en scène : sa chambre est placée au centre, les éléments du gouvernement sont dans une aile, la cour dans l’autre, et les jardins participent à l’exercice du pouvoir par des réceptions et des loisirs offerts aux visiteurs et à la cour.

2. Par des routes qui partent du château, centre du pouvoir, vers le royaume. Par des espaces dédiés aux relations diplomatiques (grande galerie, jardins, galerie des batailles). Dans ces espaces, le roi ou le pouvoir républicain reçoivent les visiteurs étrangers au nom de l’État.

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Questions : Les usages politiques : P. 294-295

Corrigé :

1. Un musée de l’histoire de France, un lieu de réception de visiteurs prestigieux, un hôpital de campagne pendant la guerre contre la Prusse et la résidence temporaire de l’empereur. Sous les IIIe à Ve Républiques, Versailles est un lieu du parlement : le château abrite la salle du Congrès où se réunissent les deux assemblées et où le président peut faire des déclarations.

2. Le but de Louis-Philippe était de ressouder l’esprit national après les troubles politiques de la révolution, de l’empire et le retour à la monarchie. Au-delà de ces divisions politiques, le musée était destiné à glorifier l’histoire nationale.

3. Versailles en temps de paix servait de lieu de visite prestigieux pour invités de marque (doc 2) mais a été occupé en 1870 par l’Allemagne victorieuse qui en a fait le symbole de la défaite française (doc 3). C’est pourquoi en 1919, la France organisera dans le même lieu, la galerie des Glaces, la signature du traité de Versailles qui cette fois entérine sa victoire.

4. Versailles est un lieu du parlement : le château abrite la salle du Congrès où se réunissent les deux assemblées et où le président peut faire des déclarations. Dans ce cas, il n’y a ni débat avec le président, ni vote, c’est pourquoi cette pratique est critiquée.

L’enjeu politique : Les fonctions historique et politique qui se sont exercées ou s’exercent encore à Versailles sont nombreuses : musée d’histoire, lieu de réception (historique), de signature de traités, et de la vie parlementaire (politique). Depuis la Révolution française, Versailles a été le théâtre d’évènements liés à l’histoire de France, comme les guerres et les républiques successives.

B - Un atout pour l’influence culturelle française Extrait série Versailles : https://youtu.be/Du2OaaTjgkw Synopsis : Le roi de France, Louis XIV, a 28 ans. Il souhaite soumettre la noblesse française à l'autorité du pouvoir royal. Pour s'éloigner de Paris et des événements de la Fronde qui le hantent encore à ce jour, il décide de déménager son gouvernement dans l'ancien pavillon de chasse de son père. Afin d’attirer les nobles à sa Cour et ainsi les garder sous contrôle, il lance la construction du plus somptueux des châteaux : Versailles. Cette entreprise démesurée et coûteuse va attiser mécontentements et discordes. Dans une Cour gangrenée par les complots, comment Louis XIV pourra-t-il imposer son pouvoir, vivre ses passions amoureuses et mériter son titre de Roi Soleil ? Documents : Questions P. 296

Corrigé

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1. La notoriété de Versailles est vitale pour sa conservation en raison des coûts que représente l’entretien du château, du parc, du mobilier, etc. 2. Les expositions d’art temporaires ou les visites de chefs d’États médiatisent le château et le parc. 3. Les moyens consacrés à Versailles participent à la politique étrangère du pays, et à son prestige international. L’enjeu politique et culturel : Le rayonnement du domaine de Versailles est un atout de la politique intérieure car il offre un lieu de prestige incarnant la culture française sous de multiples formes et à un public large. C’est aussi un outil de rayonnement international car il permet de recevoir des visiteurs étrangers, des touristes aux chefs d’États, et d’organiser des sommets internationaux. Au-delà de la marchandisation du lieu, qui est en relation avec la mode de l’économie culturelle, on constate un changement de l’objet même de Versailles. En plus d’être un musée, un lieu de pouvoir, un lieu d’art et d’histoire, l’ancienne demeure royale est un symbole, celui d’une mémoire toujours vive, celui du goût des Français et des touristes pour le passé. Au XXI° siècle siècle, Versailles acquiert une aura supérieure à celle du musée de l’histoire de France, à celle de château des rois de l’Ancien Régime. Il devient non plus seulement le palais d’une élite ou d’un fragment choisi de la population, mais celui de la nation entière. II - Conflits de patrimoine. Les frises du Parthénon depuis le XIXe siècle.P. 300-303 Vidéo : https://youtu.be/3HUQp0hYFNg Résumez le reportage ci-dessous afin d’en faire une présentation orale sur le conflit entre la Grèce et le Royaume-Uni à propos du Parthénon : https://enseignants.lumni.fr/fiche-media/00000001518/athenes-et-londres-se-disputent-les-frises-du-parthenon.html

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A - Un bras de fer entre la Grande-Bretagne et la Grèce Les frises du Parthénon, dont 60% sont exposées au British Museum, sont un exemple de bien culturel muséifié en dehors de leur site originel. En1801, l’ambassadeur britannique, lord Elgin, obtient de l’Empire ottoman qui règne alors sur la Grèce, le droit de démonter les marbres du Parthénon. En1816, Elgin les vend au gouvernement britannique qui les cède à perpétuité au British Museum, privant ainsi les Grecs d’un morceau de leur histoire et de leur patrimoine. En1830, l’indépendance de la Grèce s’accompagne d’une première phase de négociation lancée entre 1834 et 1842 par le roi Othon. Mais c’est un échec, les Britanniques faisant valoir que les marbres ont été acquis dans le cadre d’un accord de droit privé et non prélevés en tant que butin. S’ensuivent deux cents ans de pourparlers qui tournent au bras de fer. Pour défendre sa cause, le gouvernement grec choisit d’en appeler à l’arbitrage de l’Unesco : en 1983, à la tribune de l’organisation, la ministre de la Culture grecque, Mélina Mercouri, lance une vaste campagne internationale dans le but de récupérer les marbres. Elle récupère ainsi un fragment restitué par le musée archéologique de Heildelberg en 2006 et un autre par le musée de Palerme en 2008. La même année, le Vatican promet de retourner deux autres fragments de même que l’Autriche, qui en détenait un après un vol commis par l’un de ses soldats. La France, quant à elle, possède trois fragments acquis en 1798 et exposés au Louvre. À l’heure actuelle, elle envisage un prêt, mais aucune restitution. En 2009, le nouveau musée de l’Acropole est inauguré. Construit en face du Parthénon. Le British Museum propose alors un prêt pendant trois mois contre une reconnaissance officielle de sa propriété sur les œuvres. Refus de l’institution grecque qui, aujourd’hui, expose l’ensemble de la frise constituée d’un tiers de fragments originaux et pour le reste de répliques des éléments manquants. B - Deux visions opposées de la propriété du patrimoine Les arguments britanniques en faveur du non-retour des marbres montrent la difficulté d’établir la propriété d’un patrimoine reconnu d’intérêt mondial. Au XXe siècle, l’argument principal est financier : la Grèce manquerait de moyens pour conserver dans de bonnes conditions les pièces. Aujourd’hui, la direction du British Museum met en avant la notion de bien public universel et refuse de rendre les marbres à la Grèce. Ceux-ci sont considérés comme la propriété de tous car faisant partie du patrimoine mondial. Par conséquent, il n’existe aucune obligation à ce qu’ils soient conservés sur leur lieu de création originel. Cette conception donne au bien patrimonial une identité transnationale, insistant sur son universalité tandis que sa propriété est symbolique. Cet argument trouve écho auprès de nombreux pays et musées européens qui possèdent et conservent des biens réclamés par leur nation d’origine. À l’inverse, la Grèce dénonce une spoliation et appelle à « libérer » les marbres du Parthénon pour qu’ils retrouvent leur patrie originelle. Selon Athènes, tout patrimoine constitue la mémoire d’une nation, qu’aucun autre pays ne peut s’approprier, établissant ainsi un lien entre identité et appartenance. Cette conception du patrimoine met en avant son ancrage territorial ; ce qui n’est pas sans rappeler le critère d’authenticité, nécessaire pour figurer sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Pour la Grèce, la propriété et l’identité réelle de l’ensemble des marbres du Parthénon ne font aucun doute : ils appartiennent à l’histoire du peuple hellène. L’Empire ottoman, en qualité de puissance occupante à l’époque, n’avait aucune légitimité à disposer de ce patrimoine, et le Royaume-Uni aucune à le conserver. Conclusion sur le Parthénon : L’enjeu géopolitique : Le conflit met en jeu deux États souverains, membres de l’UE, qui ont des arguments respectifs pour garder ou récupérer les marbres. La Grèce avance un droit de retour pour des pièces qui appartiennent à un ensemble architectural majeur de sa capitale et de son patrimoine. La Grande-Bretagne veut rester fidèle à son passé de puissance coloniale et dominante, et ne souhaite pas se séparer de pièces qui contribuent à la célébrité du British Museum.

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