AVIFAUNE DE CORVO [AGORES]

Gerald LE GRAND

AVIFAUNE DE CORVO

L'fle de Corvo avec 17 Km2 est la plus petite des neufs iles composant l'archipel des A~ores. Avec. l'fle de Flores (143 Km2) B 15 Km au Sud-Sud-Ouest, elle fait partie du groupe d'iles le plus occidental de l'archipel. Les iles du groupe central (Ter- ceira, Graciosa, SZio Jorge, Pico et Faial) se trouvent 2, plus de 250 Km au Sud-Est. Corvo a pour coordonn4es 31" 6' de longitude Ouest et 3 9 O 92' de latitude Nord.

Corvo est constitul? d'un unique volcan (de pCrirn6tre c6tier d'environ 16 Km) culminant B 718 m (Morro dos Homens) dont le cratere circulaire poss6de un petit lac parseml? d'ilots. L'ile ne possLde pas de rivi6res et les cours d'eau plus ou mobs permanents qui dominent la zone du village sont canalisks pour assurer l'alirnentation en eau de la population. La rkpartition des superficies par tranches d'altitude est la suivante (en % de la superficie totale) :

Tranche d'altitude 0-300 300-800 m

Corvo 45,1% 54.9 % 50,O % 40,O %

 

~ L E DE CORVO

\ \

\

I UTO DA CARNEIRA ,

I

AVIFAUNE DE CORVO

Corvo a btb d6couverte en meme temps que Flores vers 1452 par le navigateur portugais Diogo de Teive. Selon le rCcit des premiers chroniqueurs, l'ile de Corvo 6tait dens4ment recou- verte de vbg6tation arbustive et le nombre d'oiseaux de mer y btait considbrable.

Actuellement la population humaine est concentr6e dam un unique village sur une forte pente rocailleuse au Sud de l'ile. La population est de 485 habitants au recensement de 1974 et son Cvolution est donn6e dans le tableau ci-aprbs.

Historiquement (500 ans) Corvo n'a pas subit de phbnom8- nes volcaniques de type 6rupti.f ou tremblements de terre. Les constructions humaines occupent % de la surface de 1%; les zones non cultivables et les falaises occupent Y3 de l'ile et le restant de la superficie est occupe par des phturages et quel- ques champs de cultures diverses.

L'agriculture de l'ile est actuellement consacree a l'Clevage de bovins pour la production de viande, encore rbcemrnent l'ile

Nbr. d'habitants Densit6 au K m 2

% de la population totale des Apres

1 L'archipel des Acores 6% d6j2 connu &s d'un sikle avant l'occu- pation portugaise. Ces iles figurent sur les cartes nautiques du 14&me siWe et notamment sur le aPortulano Medicem construit en 1351 par un naviga- teur g6nois; elles y sont repr6sentBes avec une exactitude relative. Ce fut un document de cette espiice, rapport6 d'Italie en 1428, qui dkida une reconnaissance officielle que Yon confond g6nCralement avec la pred&re d6couverte. Lors de l'arriv6e des Portugais il n'y avait aucun habitant humain et le m6rite de la colonisation de ces iles revient donc aux portugais.

883 52,O

0,4

681 40.1

0 2

410 1 485 28,5

0.2

CiEtlBLU LE GRAND

etait rhputkl pour la qualit6 de la laine produite par de nom- brew troupeaux dont jl ne reste aujolurd'hui que quelques tgtes. Aux alentours imnkliats du village existent de nombreux champs de petites dimensions entourCs de murs de pierre sbche oh sont; effectuCs diverses cultures pour les besoins de la popula- tion. Sur la seule zone plane de rile A 1'0uest du village, le gouvernement regional effectue des travaux pour la construction d'une courta piste pour avions.

11 existe 3I Corvcr 111 proprihths toutes farniliales rhparties comme suit:

de 0 3 hectares d e 3 A 5 de 5 9 10 de plus de 10

-

nmbre d'exploitation

% du nmbre total

48,7'% 31,5 % 17.1 % 2,7 %

11 n'existe pas d'industries 3I Corvo. Dans la zone du village nous rencontrons l'unique reptile

habitant les Agores. Ce ICzard (Lacerta dugesii) sans doute rhcemrnent venu aux Acores, car historiquement il est apparu dkbord sur rile de Graciosa (sans doute import4 de Mad6re) puis a envahi les iles du groupe central, puis le groupe oriental et enfin le groupe occidental. La Chauve-souris endhmique (Nyc- talus azoreum) est tr6s commune dans la partie basse de 1'Ple et nous l'avons observC souvent chassant autour des maisons meme en plein jour. Un peu au dessus du village prbs de la citerne d'eau nous avons observe un HCrisson, sans douk import6 trbs recemment car cette espbce est inconnue des habitants de l'ile.

La cate est pour la majeure partie constitu6e de hautes falaises abruptes, 3I lY0uest du village (Topo) plusieurs coul6es de basalte plus ou moins recouvertes de dCbris volcaniques

AVIFAUN'E DE CORVO

p4nittrent en pente douce dans la mer laissant de nombreuses piscines A marke basse.

La situation de Corvo, sa faible superficie et la faible amplitude de son relief font que son climat est un peu plus chaud que les autres iles, qu'il est un peu mains humide, du mobs dans la zone littorale et que l'ile recoit environ 100 mm de pluie en moins que le reste de l'archipel (Flores - precipita- tion = 1447,8 mrn par an).

DONNEES CLIMATIQUES POUR L'ILE DE CORVO (altitude 30 m)

Temp6rature moyenne de l'a3

Numidit6 relative

Nombre de jour de vent sup6 rieur ?i 36 Km/h

Insolation (heure)

Pracipitation (mm)

F k i e r Aoiit F6vrier Aoiit

F6vrier Aoiit F6vrier Aoiit F6vrier Aoiit Moy. annuelle

14O (mini. anuel) 230 (max. anuel) 75% 75%

10,5 1,4 (mini. annuel)

79,5 (= 26%) 32,7 (= 55% mx. am.: 14,6 (max. annuel) 60.0 U5,7

Les habitants de Corvo sont surtout agriculteurs mais prati- quent aussi la pCche en mer quand les conditions sont favorables. La chasse est aujourd'hui pratiquke presque exclusivement par des gens errterieurs A l'ile ou des immigrants en vacances sur leur ile. I1 existe un seul tracteur sur Corvo, pour la plupart des transports la population se sert de chevaux, de miiles, d'anes et de char B beufs.

Pour mieux situer l'avifaune de Corvo, nous donnons ci- aprits un bref apercu des diffkrents paysages de l'ile. (Voir annexe I pour la repartition des espitces d'oiseaux en fonction du type de paysage).

GgRALD LE GRAND

Depuis sa colonisation par les portugais l'aspect de la couverture v6gCtale s'est consid6rablement transform6, les zo- nes boisCes sont aujourd'hui restreintes et trhs localis6es.

- Zone du village. Le village est constitu6 pour la majeure partie de maisons basses faites en blocs de basalte recouverts ou non d'un enduit. Le long des rues poussent quelques arbres fruitiers et quelques cultures le plus souvent bord6s de murs en pierre skhes. Le figuier est l'arbre le plus repandu.

- Aux alentours du village sur la plaine du Topo, nous trouvons de petits champs rectangulaires bordCs de murs de pierre et de Tamaris (surtout pr6s de la mer) oii ~ o n t effectu6es la culture du mais, du blC et divers 16gumes. Quelques terrains abandonn6s sont envahis par les Tamaris.

- Sur le versant oriental de l'ile sur de faibles pentes abritCes des vents de N-W et de S-W, nous trouvons m e zone de cultures constitu6e par des champs rectangulaires en terrasses bordCs de murs de pierre ou de haies vives 21 base d'Hortensias avec quelques bosquets ca et 121. Des cultures tournantes y sont pratiqukes (mais, blC, pomme de terre, f6ves7 plantes fouraghres, jach6res). Aujourd7hui de nombreux champs sont occupCs par des p5turages permanents.

- Sur le mCme versant jusqu'au bord du crathre, par endroits, nous trouvons des paturages plus ou mobs am6lior6s, sCparCs par des haies vives B base dYHortensias et plus rarement par des murs.

- C'est sur le versant oriental que nous rencontrons les seules zones <<foresti6resa (Zirnbral, Pico J G o de Moura, Lomba, Fojo, et le long des ruisseaux encaiss6s) avec comme essence arbus- tive principale le Pittosporum et en plus faible nombre le Laurier.

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- L'inGrieur du cratkre est couvert de pdturages skparks par des murs de pierre. Au fond du cratkre existe un petit lac et de nombreuses zones humides avec une vkg6tation hydrophile.

- Sur le haut des falaises et le bord occidental du crat&re, nous trouvons des zones herbeuses trbs humides avec de nom- breuses mousses et fougi?res formant parfois des tapis t r b Cpais. Ca et 18 nous rencontrons des buissons rabougris sous l'influence des vents. Nous pouvons observer aussi quelques nappes de Maquis B Bruygre arborescente avec quelques Oxy- c8dres.

- Sur les fortes pentes la vbgktation s'appauvrie, elle est surtout composke dYherbac6es et de mousses avec quelques buis- sons dans les zones les plus abritkes.

- les ~cites sont presque partout abruptes, nous y trouvons de nombreux 4boulis et des plages de gros galets. Dans la zone Nord (Ponta Torrais, Ponta do Marco et jusqu'h Canto da Carneira), il existe de gros blocs isolCs sans vbgktations et quelques iloQ.

BIBLIOGRAPHIE ORNITHOLOGIQUE SUR L'ILE DE CORVO

- Gaspar FRUCTUOSO (mort vers 1591) fut un chroniqueur. mCticuIeux de l'histoire des A~ores durant les premiers temps de la colonisation, il nous donne quelques renseignements sur Les oiseaux de Corvo dans le lime VI de asaudades da terra> dont nous avons extrait les passages suivants:

p. 58: aEt aussi ,de cette ile de Flores, pour Terceira vien- nent quelques aaGoresD (nom donn6 B la Buse aux Acmes

G B W D LE GRAND

et B l'Autour sur le continent) et faucons qui sont envoy& au Roi par le seigneur de cette i l e . ~

p. 342: A Flores <il y a beaucoup de lapins, pigeons et Ramiers, et les oiseaux qu'il y a dans les autres iles.,

p. 347: Caldeirdo do Corvo; <et sur ces ilots nichent dans des trous en dessous du sol des eboeirosa, durulhos,, tange- litom, <cagarras>> et ~ a r d e l a s a c o m e sur l'fle de Flores (tous ces noms se rapportent B des oiseaux de la famille des ProcellariidCs et leur Cquivalence avec les noms verna- culaires employCs aujourd'hui est difficile B r4aliser). I1 y a aussi des eestapagados>>, qui nichent dans les rochers et des Merles, qui nichent dam les arbres, que les gens se procurent toute l'annCe et en tirent de la graisse pour s'hclairer et faire des draps dont ils se v&ent.>

p. 348: Lac du crat6re: <Ce lac a toujours un radeau, oil peuvent tenir trois ou quatre homrnes, qui sert de bateau pour aller sur les ilots pour prendre les oiseaux qui y nichent pour les manger.

<I1 y a comrne dCjB dit, beaucoup d'oiseaux de toute scrrte dont on tire beaucoup de profit, ! c o m e la viande que l'on mange, comme de I'huile qu'ils donnent, dont on rempli des pipes, des quarts et des jarres, et aussi qui donnent des plumes.>

p. 349: <dl y a sur cette ile beaucoup de bois de C6dre (Juniperus), Laurier, tTamujosw, et &evinhos>, & 1'intC- rieur de ces bois nichent beaucoup d'oiseaux, en plus de ceux qui viennent de la mer, qui reprCsentent la plus grande partie, cornme les <angelitos>, grands comme des Pinsons, qui vivent sur la mer et nichent & terre, de chacun d'entre eux on tire une ~canadm (unit6 de mesure) d'huile oliviltre, qui sert B la cuisine, pour s'illuminer et graisser la labe pour faire des draps.

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La viande, qui reste apr6s avoir tire l'huile, est mangb grillbe. On fait leur capture durant trois mois, juiIlet, aofrt et septembre, dans les trous, les rochers et dans les champs sous les herbes, principalement du Cpanasco, (grande her- bac6e). ll y a une autre sorte d'oiseau, appell6 Cboeiros~ grand comrne un pigeon, qui se nourrit aussi en mer et niche & terre, sa capture se fait en octobre, novembre et dbcembre, on en tire de l'huile et on mange sa viande, cuite et graiss6e avec de la moutarde, des choux, des navets et maramagos, (herbe), on le dit plus savoureux que la poule, on le prend aussi dans les trous, les rochers et dans les champs.

D'autres oiseaux qui s'appellent <estapagados~, plus grand qu'un pigeon et aussi grand qu'une corneille, se tuent au mois de janvier, fbvrier, mars et avril, desquels on tire aussi de l'huile qui sort par la bouche, et on le mange aussi, et le prend de la meme manihre. De tous il y en a tant qu'ils couvrent de leurs foules la terre et s'il en btait autrernent, ca ne serait pas aussi rentable que ga l'est pour l'ile, elle ne pourrait conserver cette richesse, et non seule- ment pour elle-meme mais aussi en envoyer Cnormbment par bateau pour l'ile de Flores sa voisine.,

Gaspar FRUCTUOSO n'btant pas naturaliste, ces donnees sont B regarder avec certaines rbserves. Cette disgression his- torique montre que les Procellariid6s btaient trhs nombreux, qu'ils btaient exploitbs par la population et qu'il en existait au mohs trois especes diffbrentes qui se capturaient & diffQentes 6poques de I'annCe.

- En 1865, F. DU CANE GODMAN (1866 et 1870) fut le premier ornithologue B visiter Corvo. Il d6couvrit dans le fond du cra- t6re ~4 ou 5 paires de Traquet motteux qui avaient niche I&, car j'ai vu de jeunes oiseaux ne sachant pas trhs bien voler~. Il signale la prbence de Petit puffin en mars pr6s de Flores. GODMAN cite comme esp6ce Merle, Fauvette B Gte noire,

Bergeronnette, Pinson, Canari, Etourneau, Pigeon biset et Caille des bl6s. Il notre l'absence de la Buse, du Rouge gorge et le passage de Tournepierre et de Bruants des neiges en hiver.

Son s6jour A Corvo s'est d6roul6 durant deux jours entre la fin du mois d'avril et mai 1865.

- En 1903, Ogilvie GRANT debarqua pour quelques heures le 15 avril h Corvo (in HARTET & 0. GRANT 1905) pour collecter des oiseaux pour le British Museum. 11 n'eu le temps que d'aller sur la partie orientale de l'fle sans visiter le crat6re. Il recueillit A Corvo des sp6cimens de Bergeronnette, Merle, Pigeon fQal, Pinson et Etourneau. Pr&s du part il observa de nombreuses Sterne Pierre-Garin et vit un seul Canari durant sa visite.

- Puis il faut attendre la parution du troisi6me volume sur les oiseaux des iles atlantiques de BANNERMAN et BANNERMAN en 1966 pour compl6ter les connaissances sur Savifaune de Corvo.

Ces auteurs ont visit6 Corvo durant quelques heures le 5 juin 1963. Ils n'ont pas observes de Buse et citent comme oiseaux les plus communs: Fauvette A tete noire, Pigeon biset, Pinson, Merle et Bergeronnette. Les Etourneaux 6taient en pleine p6riode de nidification et ils ne virent pas un seul Canari. Pr& du port les Sternes Pierre-Garin 6taient nombreuses.

Dans ce meme volume, le chapitre consacr6 h la description de l'ile nous apporte (pp. 5460) certaines observations trans- mises par le Colonel Jos6 AGOSTINHO de Terceira. Celui-ci connaissait tr&s bien l'archipel des A~ores et les oiseaux. I1 signale que le Puffin des anglais est present tout lYann6e autour de l'ile et que le Petit Puffin y est aussi not6 prbs des c6tes. Les oiseaux de passage les plus communs sont SAigrette gar- zette et le Bruant des neiges en petites bandes en hiver. Le Fou de Bassan est not6 de passage et le Tournepierre est pr6sent

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bute l'annbe. J. AGOSTINHO rapporte les observations de Fernando ROCHA, chef de la station mCtkorologique de Corvo que nous citerons:

LISTE DES OISEAUX OBSERVES PAR FERNANDO ROCHA

I RESIDENTS.

Puffin cendr6 Puffin des anglais Caille des bl6s Gcasse des bois Gkland Sterne Pierre-Garin Pigeon biset

Merle Fauvette Ste noire Bergeronnette Etourneau Canari Pinson

1 OISEAUX NE NICEANT PAS OU APPARAISSANT A CORVO.

Buse Poule d'eau Foulque Ramier Rouge gorge

Gravelot collier interrompu Hibou moyen duc Verdier Moineau domestique

- 1964, S. KNECHT et U. SHEER (1971) ont visit6 Corvo durant leur skjour aux Acores de fin avril mi-aofit. Ces auteurs ont observbs beaucoup de Puffin cendrb, des Goblands et les esp&ces suivantes: Sterne Pierre-Garin, Pigeon biset, Merle, Fauvette a t6te noire, Bergeronnette, Etourneau, Canari et Pin- son. Ils notent la raretC de la Caille et l'absence de la Buse et du Roitelet. D'aprhs les dires des habitants, le Canari va en octobre de Flores B Corvo OII il hiverne se rassemblant prhs de la station mbtborologique (c'est & dire dans la plaine prhs du village) sur les carrQ plant& de choux en novembre-dCcembre. I1 rest jusqu7B mai-juin et ensuite il n'en reste que tr&s peu sur Corvo.

GdRALD LE GRAND

LISTE COMMENTl3E DES OISEAUX OBSERVfiS A CORVO

Notre visite B Corvo s'est dhroulke du 19 au 28 juillet 1978 dans le cadre d'une mission de prospection des deux fles du groupe occidental de l'archipel des Acores.

Nous tenons ici B remercier les habitants de Corvo pour leur chaleureuse amiti6 et l'accueil qu'ils nous ont r6servi. et dont nous garderons toujours le souvenir. En particulier nous remer- cions Padre Eugknio RITA pour avoir mis notre disposition un toit et 24 Odette VIEIRA pour toutes les facilitCs concernant l'alimentation et sa syrnpathique pr6sence.

1 - Puffin cendrd

Le Puffin cendre est le membre de la famille des Procella- riid6s le plus commun aux Acores, durant notre skjour ii Corvo d'immenses bandes se reposaient B la surface de la mer tout autour de l'ile durant la journke. A la tombhe du jour d'autres bandes venues du large les rejoignaient et du village on aurait pu tcroire que toute l'ile 6tait entowee d'un ruban de Puffins 2 la facon d'une trainee d'huile 2 la surface de la mer. Les &fectYs de cette esp&ce sont impossible B estimer, elle niche un peu partout en colonies denses dans les falaises occidentales et orientales et par couples isol6s dans les cultures avec parfois des nids compMttement isolk c o m e celui que nous avons trouvd dans le village mGme au pied d'un mur de pierre &he. Cette espece est peu difficile dans le choix de l'emplacement de son nid, cavit6 de rocher, de mur, terrier qu'il creuse lui- -meme ou B dkouvert sous la v6gc5tation et meme parfois sans abris du tout. Durant notre shjour nous avons assist6 B 1'6~10- sion des ceufs et constate la grande synchronisation des bclosions. Les grandes colonies sont difficilement acc&ssibles B cause de

AVIFAUNE DE CORVO

la nature de la roche qui compose les falaises abruptes base de tuf volcanique friable, de cendre ou d'amas de scories.

Dans la falaise l'est du village 1'Cclosion a cornmen& Ie 24 juillet; sur 23 avons notb:

- 24 juillet: .20 . 2 . 1

- 25 juillet: . 5

.13

. 3 - 26 juillet: . 3

nids observbs durant trois jours, nous

~ u f s couvbs par un adulte eufs seuls dans le terrier jeune fraichement Cclos ceufs couvds par un adulte, dont 4 par le mGme que la veille ceufs seuls, diffbrents de la veille, avec des traces de f61ures occasionn6es par le petit qui criait B l'intbrieur jeunes seuls jeunes avec un adulte (tous non bagub) eufs avec un adulte (dont deux d6jk baguds) ceuf seul jeunes seuls jeunes avec un adulte non bagub

Sur une petite cdmie ii l'Ouest du vilage pr&s de Portinho da Areia, au cours d'une visite le 26 juillet aucun jeune nYCtait dclos et seul un ceuf prdsentait des f6lures et le diarnant du bec du jeune btait visible.

Dans la colonie a 1'Est du village, nous avons pu faire quelques observations. Le moindre site favorable est occupd, dans certaines cavitgs nous avons rencontrb plusieurs couples k environ 30 cm d'intervale seul l'acc&s B l'ext6rieur btant commun, le territoire de cette esphce ne comprend sans doute que les alentours immddiats du nid. Les terriers construits dans le sol meuble sont de profondeur variable, les plus profonds 6tant insondables (au mobs plus de deux m&tres), le moins profond dtait constitub d'une simple cavitd dans un talus. Les nids sont situb parfois a plus de trois cents mhtres du lieu

GERALD LE GRAND

oit le decollage est possible et les sentiers d'acchs aux nids sont tr&s visibles le sol ktant piCtin6 avec de nombreuses dkfe- cations blanches et odorantes. Juste apr&s l'bclosion le jeune est laiss6 seul parfois d&s les premiers signes de perforation de la coquille. Le mhme adulte reste plusieurs jours de suite B couver son aeuf unique. Dhs sa sortie (et m6me un peu avant) le jeune posshde des &flexes de protection d'abord en se cachant dam le coin 1e plus sombre en s'applatissant le plus possible et en restant silencieux. Si l'on insiste, le jeune cherche B pincer de son bec encore mou les doigts en p6piant c o m e un poussin de poule. Si un adulte est present dans le terrier il defend au debut avec f6rocitC son jeune puis se calme tr&s rapidement .

A la tombee du jour les bandes rassemblks ZI quelques centaines de mhtres de la c6te sont par moment agitkes d'envol de petits groupes qui se reposent un peu plus loin et imper- ceptiblement toute la bande se rapproche de la cdte. Apr&s de nombreux envols parciaux, toute la bande prend son envol se reposant soment a la surface de l'eau. La nuit approchant, les oiseaux sY6l6vent en spirale jusque trhs haut dans le ciel, en poussant d'abord de rares cris puis le concert devient pro- gressivement extraordinaire et les premiers oiseaux se posent sur la cr&te de la falaise d'une facon acrobatique et maladroite. Certains oiseaux semblent choisir un terrain d'atthissage dB- gagb, d'autres plongent 2 travers la vegetation ou s'y laissent tomber en repliant les ailes. Assis prhs de quatre terriers occupes par des adultes sur leur euf , nous observions de nom- breux oiseaux passant 2 moins d'un m&tre du sol en poussant leur cri 6trange. A un moment donne un adulte du fond de son terrier emis des cris au passage d'un oiseau criant en rase motte et peu aprbs un adulte atterrit d'une facon brusque tapant de la t6te dans le Mus les ailes etendues et s'engoufra en s'aidant des ailes dans le terrier o i ~ les deux oiseaux 6mirent des gemissements doux et flutks ainsi que des series de cris plus discordants pendant environ une minute puis le silence r&gna dans le terrier.

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Durant la traverske en bateau entre Angra (Terceira) et la pointe du Topo (Sgo Jorge), soit environ 50 Km, de 15 h B 17h30 le 17 juillet 1978, nous avons compt6 les oiseaux par pkriode de 5 minutes, le temps ktait parfaitement calrne ainsi que la mer.

N O W R E D'OISEAUX OBSERVES PAR PERIODE DE CINQ IKUWES: Ii

Nous pouvons conclurse de ce transect que les Sternes se nourrissent prbs des c6tes ne s'kloignant que trbs peu de leur colonies. Les Gdlands peuvent se rencontrer is016 trbs au large et les Puffins sont franchement, durant la journke, des oiseaux pklagiques se reposant en bandes nombreuses au large des colonies. Durant ce meme transed, nous avons observe un petit Petrel, mais beaucoup trop loin pour determiner l'esp&ce.

Les mensurations effectukes sur les Puffins de Corvo ne diffbrent pas de celles des oiseaux de Sgo Miguel, de meme pour les mensurations des ceufs.

2 -Puffin des anglais

GODMAN en 1865 avait trouvk Flores deux femelles avec dans l'oviducte un ceuf de maturit6 avancke. Un ceuf de cette espbce, rapport6 le 16 juin 1929 de Corvo, fut dCterrnin6 par CHAVIGNY (CHAVIGNY & MAYAUD 1932). Un exemplaire fut

GBRALD LE GRAND

envoy6 au Colonel AGOSTINHO par Pedro DA ROCHA (profes- seur & Corvo) en 1933 (in BANNERNLAN & BANNERMAN 1966).

Cette esp&ce n'est connue aux A~ores que du groupe occi- dental. Personnellement nous n'avons pas trouv6 d'oiseaux ni- chant a Corvo, mais chaque soir nous en avons observ6 dans les bandes de Puffin cendrb quelques exemplaires se dirigeant toujours vers la c6te occidentale de l'ile. Les habitants de Corvo connaissent bien cette esphce et 1ui donne un nom particulier.

3 - Petit puffin

Cette espgce n'est connue cornme nicheuse aux A~ores que depuis 1951 B S5o Miguel (in BANNERMAN & BANNERMAN 1966). Un exemplaire avait 6ti captur6 sur l'ilot da Praia B Graciosa le 26 avril 1903 par OGILVIE GRANT (HARTET & OGILVIE GRANT 1905) et il est suppos6 nicheur a Sank Maria et peut-&re a Flores (GODMAN 1870).

En fouillant minutieusement un 6boulis pr6s du PBo de A~6car sur la c6te .Ouest de Corvo, nous avons trouvC le cadavre d'un Petit Puffin sur son euf (celui-'ci Ccras6 et tr&s fragile n'a pu &re mesure) dam une crevasse. D'autres trous aux alentours prbsentaient des traces d'occupation par des Procel- lariid6s de petite taille. La coloration, les dimensions de cet exemplaire et la comparaison avec les spCcimens conservbs au MusCe CARLOS MACHADO et dans notre propre colection, nous confirment que le Petit Puffin niche Corvo.

AMFAUNE DE CORVO

DIMENSIONS DU SPECIMEN DE CORVO ; les mensurations de Puff inus assirnilis baroli sont tirbs de CRAMP & SIMMONS (1977)

Longueur de l'aile

~ongueur du bec

I~ongueur du tarse

Doigt median arm6

COTVO Puffinus assirnilis baroli

17l

La nidification de cette esp&ce a lieu normalement plus a t dans l'ann6e qu'a l'kpoque de notre visite (de f6vrier A juin). L'Btat de dCcomposition de l'mf et le corps momifib de l'adulte (sans doute une femelle d'aprbs les mensurations) semblent prouver qua Corvo la pCriode de nidification se situe & la meme pkriode de 19annCe.

L'exploration de l'ile de Corvo pour cette farnille des Pro- cellariides rrservera sans doute des surprises, les habitants de l'ae comaissent bien les oiseaux qui habitent cet endroit et nous ont par16 d'un petit oiseau marin tout noir de la taille d'un Merle, peut-&re les aangelitos~ dont parle GASPAR FRUC- TUOSO au 166me siikle. Il s'agit peut-stre du Pbtrel de Castro (OceanocEroma castro) nicheur Graciosa, du PCtrel de Bulwer (Bulweria bulwerii) nicheur i Santa Maria ou d'une autre esp&ce de petit Petrel.

24,6

33,3

42,l

Le Go6land est rCpandu dam tout l'archipel. A Corvo nous avons observC tous les jours une bande d'une dizaine d'individus

3 184 extr. 176-190

$ 179 extr. 170-185

nbr. d'exemp. 7

6

3 26,1 extr. 24-28

$ 25,O extr. 24-26

37,2 extr. 36-39

40,9 extr. 3744

8

6

14

12

p r b du port, B la tomb6 du jour ils 6taient environ une quinzaine. Ce groupe ne comportait qu'un jeune de lYann6e. Lors d'un tour de l'ile en bateau nous avons remarqu6 quelques Go6lands sur la c6t.e orientale et une bande de quatre adultes B la pointe do Marco. La p6riode de nidification 6tant achev6e B cette Cpoque de lYann6e nous ne pouvons Cvaluer l'importance de la popula- tion de cette espbce B Corvo. Les jeunes quittant le nid trbs t6t se dispersent 6norm6ment en compagnie de leurs parents. Lors de notre visite sur l'ile de Flores, nous avons remarque la pr6sence de nombreux Goblands, jeunes de l'annke, autour de la pointe Nord de l'ile, peut-&re Venus de Corvo. L'avis des habitants de Corvo semble confirmer cette hypothbse, les G&- lands 6tant plus nombreux au debut du printemps qu'en plein 6tC sur les c6tes de Corvo.

5 - Sterne Pierre-Garin.

Cette espbce a 6tC remarqu6e par tous les scientifiques qui ont visit6 Corvo. Lors de notre visite, les jeunes avaient dkjir quitt6 les colonies et se groupaient en bande prbs de Portinho da Areia oZ1 ils attendaient leurs parents qui pechaient dans la zone du port et prbs du P5o de A~dcar. Cette colonie comprenait environ 80 jeunes, mais la pr6sence de Sterne de Dougall ne nous a pas permis de compter avec exactitude le nombre de jeunes respectif B chaque espbce, les jeunes se d6pIa- ant souvent, les adultes faisant de continuels voyages jusqu'B la nuit noire et poss6dant un ou deux jeunes parfois trbs distant l'un de l'autre.

Une autre creche de Sterne Pierre-Garin existait B la pointe do Marco au Nord de l'ile. Nous en avons observ6 quelque indi- vidus dans le fond du cratbre, et trbs souvent les adultes pas- saient au dessus de l'ile, parfois meme la nuit.

AVIFAUNE DE CORVO

La prCsence de cette espbce est passCe inapercue aux yeux des ornithologues qui ont rendu visite h Corvo, peut-&re ii cause de la rapidit6 de leur visite et de la ressemblance avec l'autre espke de Sterne. Sur la plage de Portinho da Areia, les Sternes Ctaient si peu sauvages, qu'en se baignant nous pouvions les approcher & moins d'un mbtre. Nous n'avons pas rencontrk cette espece sur d'autres zones de l'ile. Ses effectifs sont beau- coup plus faible que ceux de la Sterne Pierre-Garin.

7 - Bkcasse des bois.

Dans chaque zone boisCe que nous avons visiGe, nous avons lev6 des BCcasses. Prks du Pico Jo5o de Moura, nous en avons lev6 six d'une fois. Lors d'une marche sur la cr6te Nord du cratbre nous avons lev6 m e BCcasse qui a plongC aussitbt se rbfugier dans un taillis ii flanc de falaise 200 m6tres plus bas.

Un a p r h midi sur le bord occidental du cratbre nous avons dCrangC m e BCcassine en train de se nourrir, mais le peu de visibilitC ne nous a pas permis de complCter nos observations. Cette esp6ce est nicheuse sur 1'Ue voisine et sa nidification ii Corvo n'est pas impossible.

8 - Pigeon Biset.

Le pigeon Biset est nombreux ii Corvo, on en rencontre dam toute l'fle jusque dam le crat&re. Il en existe de grandes colo- nies dans les falaises maritimes et une (environ 30 couples) dans le piton qui porte le nom de l'ile au dessus du village.

Le croisement de cette esp6ce avec les pigeons domestiques n'est pas rare, et nous pouvons observer souvent des oiseaux tr6s bariolbs.

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GgRALD LE GRAND

Lors de la marCe basse quelques pigeons se nourissent sur les plages dans les laisses, boivent de l'eau de mer et se baignent dans les flaques d'eau salCe.

Le Ramier, sans doute nicheur B Flores, est absent de Corvo. La raison est sans doute le manque de biotopes favora- b l e ~ pour sa nidification. La courte distance qui &pare les deux fles permet sans doute B quelques Ramier de visiter Corvo de temps en temps.

9 - Caille des Bl&

Dans la zone du village, durant notre sCjour, nous n'avons pas entendu ou vu une seule Caille, mais par contre dans la zone de culture sur le versant oriental du crat$re, elle Ctait tr6s commune. Cette espbce semble absente B cette 6poque des grands psturages en altitude et du fond du crat6re.

La Caille est connue depuis le dCbut du peuplement humains des A~ores (sans doute introduite volontairement), la transfor- mation des paysages par le dkfrichement et la mise en culture a sans aucun doute favoris6 cette espbce. La pression de la chasse est faible B Corvo ce qui permet B la Caille de maintenir une population nicheuse importante.

10 - Merle No&.

Il s'agit sans doute de l'oiseau le plus rCpandu dans l'ile, nous pouvons Yentendre partout, dans le village, dans les buis- sons accrochCs aux falaises B pic, au fond du crat6re oii nous avons trouvC son nid entre deux rochers Cmergents d'un massif de mousse. Nous avons aussi trouvC son nid dans la cavitC d'un mur de pierre bordant un champ de mais et un autre sur le sol entre deux touffes d'herbe dans un Cboulis pr6s de la mer. I1 chantait sur la crhte Nord du crat6re un aprks midi tr&s venteux avec une visibilit6 nulle.

A V I F A m DE CORVO

11 - Bergeronnette.

Cette esp6ce est bien reprbsentke dans la zone du village et la plaine sud de l'ile. Elle semble mobs commune en altitude, mais on la rencontre partout, dans le crat&re et les versants abruptes au Nord et h l'0uest de l'ile.

12 - Roitelet.

Le Roitelet est pr6sent dans tout l'archipel sauf a Corvo oc nous l'avons cherchC en vain. Sur le versant Nord de l'ile, nous avons cru entendre son 'chant discret mais la force du vent et le manque total de visibilitb ne nous ont pas permis d'en avoir la certitude absolue. Son absence semble a premiBre vue htrange, les biotopes favorables ne manquent pas, la distance entre Corvo et Flores (oh il niche) ne reprbsente pas un obstacle

la dissbmination de l'espBce. I1 faudra sans doute chercher la cause de son absence de Corvo dans les mkcanismes de struc- turation des peuplements d'oiseaux propres aux Acores et dans Ies particularit& des 6cosyst&mes de Corvo.

13 - Fauvette Zt t&te noire.

Trks commune dans la zone du village et les Tamaris au bord de la mer, en altitude on ne la rencontre que dans les zones bois6es ou dans les nappes d'Hortensias dont la hauteur crbe une ambiance quasi forestikre. Nous l'avons entendu aussi dans les falaises q u a d il existe de grandes Bruyiires et des OxycBdres.

14 - Canari.

Presque tous les auteurs consulths smt d'accord pour noter la raretC du Canari 2 Corvo. Pour notre part, malgr6s des

GfiRALD LE GRAND

recherches assidues, nous n'avons rencontrk qu'une dizaine d'in- dividus dont un couple cantonnk dkfendant l'approche d'un nid avec quatre jeunes. DYapr6s les habitants de l'Be, en fkvrier, il y aurait de nombreuses bandes de Canaris (ce qui confirmerait les dires citCs par KNECHT & SHEER 1971). Lors de notre traversske entre Corvo et Flores, nous avons observk un petit passereau volant en direction de Corvo dor~t la silhouette et le vol rappellaient ceux du Canari. Les deux iles ktant s6parCes par un canal de 15 Km de large, le passage d'une ile B 17autre est tr6s plausible. Le Canari passe couramrnent du Faial au Pico et de SBo Jorge au Pico et vice versa. Le Canari est surtout une esp6ce forestiere (au sens large) ou du moins il a besoin d'arbres pour y rkaliser une partie de sa niche 6cologique. A Corvo, les zones boiskes sont tr&s localiskes et de petites dimensions ce qui doit limiter la population d'oiseaux nicheurs, cette esp6ce effectuerait donc pkriodiquement une transhumance entre les deux iles du groupe occidental de l'archipel.

15 - Pinson des arbres.

Le Pinson anime tous les paysages de Corvo, nous ne l'avons pas entendu au fond m&me du cratere mais il est present sur les pentes intkrieures. Nous avons trouvk un nid de Pinson avec trois ceufs A 100 m en dessous de la cr&e Ouest du crat6re.

Au moment de notre visite, tous les adultes que nous avons rencontrk 6taient occupks par la nidification, la plupart nouris- sant des jeunes au nid ou B peine volant B proximitk du nid. Nous avons trouvk qu'un seul nid avec des eufs. Cette esp6ce est tr6s rkpandue dans la zone du village, nichant dans les falaises A proximitk ou dans les murs de pierre au milieu des Tamaris. Contrairement ii ce que nous avons observe sur les autres iles, il ne niche pas dans le village lui-mCme, ceci est

AVJXATJNE DE CORVO

sans doute dut k l'organization particulihre des maisons et k l'absence de hauts bstiments. En altitude on ne 1e rencontre que dam la zone de culture o~ existent des murs de pierre, mais il niche aussi dans les falaises tout autour de l'ile venant s e nourrir dans les psturages au dessus. Les nids peuvent parfois &re trbs rapprochks les uns des autres; ainsi dans un mur bordant le chemin qui suit la c6te Est k 300 m d'altitude, nous avons trouvk 8 nids dont les couvCes 6taient & diffkrents stades de croissance sur environ 10m de distance.

Les 3les sont des entitks biologiques confinkes et exigues oii les flux gkniques avec les sources continentales et meme interiles sont souvent rkduits et oii l'extinction est pour chaque espbce un risque permanent. En r6gle gbnkrale, la richesse en espbces d'une ile est fonction de plusieurs facteurs dont il est difficile de skparer les roles rkciproques. La richesse dkpend de la superficie de l'ile qui determine la diversitk des milieux et l'ampleur des populations. Elle dkpend de la distance qui la skpare des sources potencielles d'immigration, bien que pour les oiseaux la distance k parcourir ne soit jamais un vkritable obstacle. Elle dkpend de l'age biolegique (donc du stade Cvolutif) des differents paysages dont resdte la maturite des peuplements.

Sur les petites iles, le risque d'extinction pour une esp6ce est trbs grand car celle-ci ne peut former de grandes populations, les effectifs peuvent tr&s rapidement atteindre un seuil critique qui ne permet pas la survie de l'espbce. A Corvo avant l'arrivke de l'homme la diversitk biologique devait 6tre trbs differente de celle que nous observons aujourd'hui oli l'activitk humaine a complktement transformke l'aspect de l'ile, sans doute aussi profondement qu'un cataclisme et la stabilitk des communautks biologiques n'est sans doute pas encore rkaliske.

L'absence de certaines espbces doit trouver son explication dans l'exiguit6 de Corvo et l'extrbme reduction des formations vkgetales <<primitives>> auxquelles sont likes la plupart des espb ees d'oiseaux nicheurs aux A~ores. C'est peut e r e le cas pour le Rouge Gorge et le Roitelet, tous deux insectivores forestiers

GSRALD LE GRAND

(au sens large). Le Rouge Gorge n'existe pas & Flores et le Roitelet parait absent de Graciosa (la plus petite "Ile aprbs Corvo avec 62 Km2). Nous avons dCj& par16 du Ramier qui ne rencontre pas & Corvo les conditions pour sa nidification et semble trbs rare A Flores. La Buse, oiseau prCdateur, situCe & 1'Cchelon supCrieur des chaines trophiques est absent de Corvo sans doute & cause de la simplification de ces chaines alimen- taires et l'exiguitb de l'ile qui ne permet pas & une population d'oiseaux & grand territoire de s'installer.

Les esp6ces qui se sont installCes rCcemment aux A~ores (introduites ou non) comme le Verdier, le Chardonneret et le Moineau domestique ne se rencontre pas & Corvo. Pour les deux premigres leurs populations sur les quelques iles oh elles se sont implantbes, sont encore faibles et meme leur suivie n'est pas Cvidente c o m e pour le Verdier qui devient trbs rare & SZio Miguel. Pour le Moineau (voir LE GRAND 1977 et 1979) il ne s'agit sans doute que d'une question de temps, lYesp8ce Ctant en pleine expansion dans l'archipel; il n'a pas encore atteint Flores et Corvo.

L'ile de Corvo est visitee par de nombreux oiseaux de passage durant leurs migrations ou qui y hivernent ou simple- ment se sont CgarCs & cause des tempgtes nombreuses dans 17Atlantique Nord. Durant notre visite nous avons observb quel- ques uns de ces oiseaux tous communs dbs la fin de l'CtC sur les c6tes acoriennes comme le Chevalier guignette ou present toutes I'annCe (en plus fort nombre en hiver) cornrne le Tour- nepierre.

D'autres esp6ces ont CtC signalkes comme la Foulque, la Mouette rieuse et divers limicoles. La liste est bien loin d'gtre compl6te et les esp6ces accidentelles apporteront toujours des surprises (surtout avec les esp6ces amCricaines). Les connais- sances sur les A~ores (et encore plus pour les iles du groupe occidental oii il n'y a pas d'observateurs) en ce qui concerne les migrations ou l'hivernage Ctant trop partielles, nous ne dCtaillerons pas cet aspect de l'ornithologie acorienne.

AVIFAUNE DE CORVO

Les connaissances sur l'avifaune de Corvo posent de nom- breuses questions sans rhponse en particulier dms le domaine des mkcanismes Bcologiques qui permet & cette avifaune tr6s pauvre de survivre sur cette ile de 17 Km2. Nous espBrons par cette contribution compl6ter les donnBes sur l'avifaune des Acores qui A certains points de w e reste tr&s mal connue.

ANNEXE I

RBPARTITION DE L'AVIFAUNE TERRESTRE A CORVO SWANT LES TYPES DE PAYSAGES

(dkfkitions dans le texte)

Bergwonnette Merle Pinson Etourneau Fauv. ir t6te noire Pigeon Biet Canari %casse Caille des bl6s

GERALD LE GRAND

D'aprhs ce tableau, nous pouvons remarques que les oiseaux qui ont la plus grande +partition sont la Bergeronnette, le Merle et le Pinson et que les paysages les plus riches en esp&ces sont les zones forestihres et la plaine du Topo. La richesse des zones forestihres est significative, montrant que les oiseaux nicheurs de Corvo sont surtout adaptb & ce type de milieu aujourdhui de reprbentation trhs faible ce qui a de profondes rkpercutions sur la dynamique et les caracthistiques des peu- plements d'oiseaux sur l'ile de Corvo.

NOMS SCIENTIFIQUES DES OISEAUX CITaS DANS LE TEXTE

$ : oiseau nicheur certain @ : oiseau nicheur douteux + : oiseau nicheur possible

Aigrette gazertte Bkasse des bois BBcassine Bergeronnette Bruant des neiges Buse Caille des bl6s Canari Chardonneret Chevalier guignette Etourneau Fauvette a t6te noire Fou de Bassan Foulque Gdand Gravelot 5 collier interompu Hibou moyen duc Merle noir Moineau domestique Mouette rieuse

Egrettcr garzetta Scolopax rusticola Gallinago sp. Motacilla c i w e a Plectrophenax nivalis Buteo buteo Cotu~nix cotumb Serinus canaria Carduelis carduelis Tringa hypoleucos S f u m vulgaris Sylvia atricapilla Sula bassana Fulica atra L a m cachinans (argentatus) Charadrius alexandrinus Asio otus Tu~dus merula Passer domesticus Larus ridibudus

$ Petit puffin + P&el de Bulwer + P6trel de Castro $ Pigeon biset $ Pinson

Poule d'eau $ Puffin cendr6

($) Puffin des anglais Ramier

+ Roitelet Rouge gorge

$ Sterne de Dougall $ Sterne PierreGarin

Tournepierre Traquet motteux Verdier

AVIFAUNE DE CORVO

Puffinus assimilis (baroli) Bdwerb bululerii Oceanodroma castro Columba Eivb Fringilla coelebs Gallinula chlorop~s Calonectris dbnedea Puffinus puffinus Columba palumbus Regulus regulzls E~ithacus rubecula Sterna dougallii Sterna hZrund~ Arenia interpres Oenanthe oenanthe Carduelis chl~ris

GmALD LE GRAND

BIBLIOGRAPHIE

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Pico Jo& da Moura - Zone foresti6re et champs de mais entrourks de murs de pierre. Versant oriental de Corvo

Becasse des bois - Scolopax rusticola

Bosquet de Laurier et patwages prbs de Fojo. Versant oriental de Corvo.

Petit puffin adulte - Puffinus as&ikis

Jeune Puffin cendr6 ag6 d'un mois

Puffin cendr6 - Calonectr$ diwnedea - Site typique de nidi- fication dans une cavit6 rocheuse. Adulte et jeune.

C6te orientale de Corvo. Paturages en terrasse s6par6s par des haies d'hortensias. Cancela do Pico

Jeune Merle - Turdus me7ula

Versant oriental du eratire. P'aurages - Cabaceira

Falaise occirentale. PZio de A@car

Falaise Nord. Ponta Torrais

Jeunes Etourneaux - Sturnus erulgaris nid situk dans un mur de pierre

-Tsunes Bergeronnettes - Motacilla cinerea. Nid situ6 dans une brycre Erica azorica