avant propos art et hermétisme

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11 AVANT-PROPOS J.-C. ET J. LOHEST L’ hermétisme est une science exacte, et la plus palpable qui soit en réalité, c’ est-à-dire la plus haute doc- trine spirituelle en même temps que la plus pondérable et la plus matérialiste des sciences, alors que tous les ratio- nalistes du monde la prennent pour une fiction et que tous les spiritualis- tes la réputent impossible et impie. LOUIS CATTIAUX Par cette édition qui se propose d’ évoquer, au sens premier du terme, l’ ensemble de l’ œuvre littéraire de Louis Cattiaux, nous voulons rendre hom- mage, en ce premier anniversaire de sa disparition, à la mémoire de son grand ami, Charles d’ Hooghvorst (1924-2004). Sans aucun doute, le destin de ce dernier est lié à l’ œuvre de Louis Cat- tiaux et l’ histoire peut déjà témoigner qu’ il a contribué à élever Le Message Retrouvé à la connaissance des croyants et des chercheurs de Dieu dans le monde. L’ étroite amitié que Charles d’ Hooghvorst et son frère Emmanuel ont entretenue avec Louis Cattiaux pendant la courte période de 1949 à 1953, a si profondément marqué leur vie et leur quête, qu’ ils n’ ont épargné aucun effort pour faire connaître, par tous les moyens, l’œuvre de ce personnage hors du commun, né à Valenciennes en 1904, et disparu en 1953 à Paris. BEYA a l’honneur de présenter la première édition des œuvres com- plètes de Louis Cattiaux. Nous avons choisi de les reprendre sous l’intitulé Art et hermétisme. En effet, tant son œuvre maîtresse, Le Message Retrouvé, que son essai Physique et métaphysique de la peinture, et l’ ensemble de ses Poèmes, témoignent de sa maîtrise de l’ Art d’ Hermès. À propos du Message Retrouvé, René Guénon écrivait : « Les tendances qui s’ y expriment sont en somme, de façon générale, celles de l’ hermétisme » 1 . Le sens dernier à décou- vrir dans l’ensemble de ses œuvres est toujours hermétique ou alchimique car l’auteur le considérait comme le sens central de son enseignement. Nous 1. « À propos du MESSAGE RETROUVÉ », critique que René Guénon fit paraître dans le n° 270 de la revue Études traditionnelles, en septembre 1948.

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AVANT-PROPOSJ.-C. ET J. LOHEST

L’ hermétisme est une scienceexacte, et la plus palpable qui soit enréalité, c’ est-à-dire la plus haute doc-trine spirituelle en même temps que laplus pondérable et la plus matérialistedes sciences, alors que tous les ratio-nalistes du monde la prennent pourune fiction et que tous les spiritualis-tes la réputent impossible et impie.

LOUIS CATTIAUX

Par cette édition qui se propose d’ évoquer, au sens premier du terme,l’ ensemble de l’œuvre littéraire de Louis Cattiaux, nous voulons rendre hom-mage, en ce premier anniversaire de sa disparition, à la mémoire de songrand ami, Charles d’Hooghvorst (1924-2004).

Sans aucun doute, le destin de ce dernier est lié à l’œuvre de Louis Cat-tiaux et l’ histoire peut déjà témoigner qu’ il a contribué à élever Le MessageRetrouvé à la connaissance des croyants et des chercheurs de Dieu dans lemonde. L’ étroite amitié que Charles d’Hooghvorst et son frère Emmanuel ontentretenue avec Louis Cattiaux pendant la courte période de 1949 à 1953, asi profondément marqué leur vie et leur quête, qu’ ils n’ ont épargné aucuneffort pour faire connaître, par tous les moyens, l’œuvre de ce personnagehors du commun, né à Valenciennes en 1904, et disparu en 1953 à Paris.

BEYA a l’ honneur de présenter la première édition des œuvres com-plètes de Louis Cattiaux. Nous avons choisi de les reprendre sous l’ intituléArt et hermétisme. En effet, tant son œuvre maîtresse, Le Message Retrouvé,que son essai Physique et métaphysique de la peinture, et l’ ensemble de sesPoèmes, témoignent de sa maîtrise de l’ Art d’Hermès. À propos du MessageRetrouvé, René Guénon écrivait : « Les tendances qui s’ y expriment sont ensomme, de façon générale, celles de l’ hermétisme »1. Le sens dernier à décou-vrir dans l’ ensemble de ses œuvres est toujours hermétique ou alchimiquecar l’ auteur le considérait comme le sens central de son enseignement. Nous

1. « À propos du MESSAGE RETROUVÉ », critique que René Guénon fit paraître dans len° 270 de la revue Études traditionnelles, en septembre 1948.

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avons mis l’ accent sur l’ art, car cet Art avec un grand A, manifesté à traverssa prose, sa poésie ou sa peinture, n’ est autre que celui qui consiste à unir leciel et la terre : c’ est le mystère de la rencontre entre Dieu et l’ homme, pourdonner le jour à la véritable Création ou Parole Prophétique, c’ est-à-dire à lapensée divine corporifiée ou incarnée. Comme dit Emmanuel d’Hooghvorst,« donner corps et mesure à l’ immensité, c’ est le mystère de l’ Art pur ». Leterme d’Art se confond avec celui d’Hermétisme, mots différents pour expri-mer la seule et unique expérience de la réception du DON du ciel, qui permet-tra au disciple initié de réaliser le Grand Œuvre.

Les écrits de Louis Cattiaux sont donc au nombre de trois :

– Sa création poétique comprend les Poèmes d’avant, les Poèmes dufainéant, les Poèmes de la résonance, les Poèmes zen, les Poèmes de la con-naissance, les Poèmes tristes et les Poèmes alchimiques. Nous avons repris icil’ édition revue et corrigée de M.C.O.R., de 2003. Nous l’ avons toutefoisenrichie du Conte sur l’humilité, des Litanies hermétiques, déjà parus dans larevue pionnière Le Fil d’Ariane, ainsi que d’une série inédite d’ acrostiches :« Un soir, aux environs de la fête de Pâques de l’ année 1953, alors que jel’ avais accompagné à dîner dans un restaurant chinois du quartier, aumoment du dessert, Louis Cattiaux repoussa les assiettes, demanda un styloet se mit à composer ces acrostiches du mot « mercure » sur la nappe enpapier... », nous racontait Charles d’Hooghvorst. Rappelons que le dieu latinMercure correspond au dieu grec Hermès, messager et dieu de la Parole.

Ces écrits, que Louis Cattiaux a appelés Poèmes, sont des réflexions quiexpriment de façon très imagée une réalité spirituelle occulte et transcen-dante, expérimentée par l’ auteur.

Cattiaux est peintre dans sa poésie, en ce sens que chacun de ses poèmes estcomme une illustration de ce qu’ il exprime en peignant : Vierges alchimistes,tigres couronnés de soleils et ceints de l’ éternel serpent, éblouissants éclate-ments d’ un Cosmos que rassemble aussitôt la systole du cœur,

se plaisait à écrire son ami Jean Rousselot.

– Dans le petit traité que Cattiaux a intitulé Physique et métaphysique dela peinture, le lecteur trouvera de courts chapitres rédigés dans un style sim-ple mais précis, percutant mais émouvant, tendre mais puissant. Tant lesprocédés de peinture, que la profondeur de la vocation et du mécanismed’ inspiration de l’ artiste, que la simplicité de l’ expérimentation magique dela création artistique, y sont décrits avec une clarté irrésistible. Nul ne pour-rait y rester insensible.

En d’ autres mots, l’ auteur y encourage l’ artiste peintre, en lui fournis-sant toutes les notions nécessaires, et lui communique sa passion pourl’ hermétisme et la quête de l’ Absolu.

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Rien n’ y est abstrait. Tout est vécu car Louis Cattiaux, peintre de profes-sion, a réalisé de nombreuses toiles dont la particularité est l’ utilisation d’unmédium à l’ aspect vitrifié et transparent qu’ il qualifie lui-même de « bellematière », comparable à de l’ émail, identique à la technique utilisée par lesfrères Van Eyck. Son œuvre picturale se trouve répartie en plusieurs collec-tions privées, en Belgique, en France et en Espagne. Nous renvoyons le lec-teur intéressé à Physique et métaphysique de la peinture éditée par Les Amisde Louis Cattiaux (Bruxelles, 1991) et à l’ édition espagnole d’Arola Editors(Tarragone, 1998), où figurent diverses reproductions qui témoignent d’uneextraordinaire magie des formes et des couleurs. Citons encore JeanRousselot :

La merveille est que cette exécution médiumnique soit d’ une solidité artisa-nale exemplaire ; Cattiaux n’ ignore rien des ressources de son métier ; il con-naît tous les vieux secrets qui permettent à l’ artiste inspiré de dominer, demettre à son service les prestiges dangereux de la matière…

On pourrait ajouter, à l’ instar de Jean Rousselot, que de la même façonque Cattiaux est « peintre dans sa poésie », il est aussi poète dans sa pein-ture, en ce sens que la symbolique hermétique et le langage subtil qui sedégagent de ses toiles mystérieuses renvoient le spectateur éveillé à la réalitédu monde lumineux qui jaillit des ténèbres de l’ être.

Nous avons repris ici le texte de l’ édition Les Amis de Louis Cattiaux(Bruxelles, 1991), que nous avons agrémenté d’une introduction inédited’Emmanuel d’Hooghvorst (EH), écrite spécialement pour ce traité.

– Cependant, son œuvre maîtresse, Le Message Retrouvé, qu’ il a mis les14 dernières années de sa vie à écrire, est le résultat de toute sa quête. Cetouvrage aura été publié pour la sixième fois en langue française et compteplusieurs traductions en langue étrangère2. Le texte de la présente édition aété revu et corrigé selon le manuscrit qui constitue les « neuvièmes et derniè-res corrections et compléments », que Louis Cattiaux avait à son chevet aumoment de sa disparition.

Sa lecture et sa méditation sont indispensables pour approcher le restede son œuvre. Il est composé de 40 livres ou chapitres regroupant un nombrevariable de versets sur deux colonnes qui doivent généralement se lire hori-zontalement de gauche à droite. Chaque livre est précédé d’ épigraphes etsuivi d’hypographes tirées des Écritures saintes de toutes les traditions, ceci

2. Cinq éditions ont été réalisées en espagnol, deux en catalan, une en italien, une en portu-gais. Une traduction en langue allemande est en cours. En outre, une traduction anglaisesera publiée prochainement.

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dans le but de confirmer l’ universalité de l’ unique et identique révélationrenouvelée.

Mais comment entreprendre la lecture de cet énigmatique Message Her-métique Retrouvé ? Pour répondre à la question, nous ne résistons pas auplaisir de laisser parler Charles d’Hooghvorst qui a si magnifiquement pré-senté notre auteur et son œuvre, à l’ occasion d’un colloque à la Sorbonne endécembre 2000 :

Le Message Retrouvé ne doit pas nécessairement se lire comme un livre ordi-naire, du début à la fin. La meilleure manière de l’ aborder est de l’ ouvrir auhasard et de lire les versets qui tombent sous les yeux. Ou mieux, on peutl’ interroger sur un sujet précis en introduisant la pointe d’ un coupe-papierdans la tranche du livre fermé et lire ensuite la réponse indiquée par lapointe. Car c’ est, en effet, en quelque sorte, un livre magique qui répond auxquestions qu’ on lui pose avec simplicité et sans malice. J’ en ai fait très sou-vent l’ expérience.

Mais l’ aborder, n’ est pas y pénétrer. Sur son contenu profond nous lisons :

Le livre est comme l’ arche qui porte et qui transmet le secret de l’ Unique.Beaucoup le porteront, mais peu le pénétreront. (Le Message Retrouvé XXIII-61)

Il y a ici plus qu’ une morale et plus qu’ une ascèse, plus qu’ une philosophie etplus qu’ une mystique. Il y a la clef de la restitution de l’ homme et du mondeen Dieu. (Le Message Retrouvé IX-36)

Le livre enseigne à sortir de la mort et à reposer dans la vie, mais combienparmi les croyants se passionnent pour ce mystère ? (Le Message Retrouvé XII-5’ )

Là est le véritable contenu de ce Message, qui a été appelé prophétique.

Ce livre s’ adresse à l’ intuition et à la mémoire profonde et non pas à la rai-son spéculative. Bien peu nombreux sont ceux qui ont eu l’ intelligence et lapatience de le lire et de le méditer, afin d’ y pénétrer et de découvrir la voiequi mène au secret vivant de l’ homme, enseveli au plus profond de la naturede ce monde.

Les ténèbres de l’ ignorance se sont-elles épaissies à ce point sur l’ humanitéactuelle pour lui faire oublier la trace de la sainte science des disciplesd’ Hermès, transmise d’ âge en âge par filiation ?

À l’ époque, même ceux qui y croyaient encore et qui pratiquaient l’ alchimie,n’ ont pas reconnu Cattiaux comme un des leurs :

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Ce livre est très beau, disaient-ils en feuilletant Le Message, mais il n’a rien àvoir avec notre alchimie ; il n’y a là aucune recette pratique comme en ensei-gnent nos maîtres ; c’est un livre mystique parmi tant d’autres.

Les Maîtres savants n’ont-ils pas également repoussé le livre comme étrangerà leurs révélations, à leurs traditions et à leurs sciences ? (Le MessageRetrouvé XXXVIII-13)

Ce verdict a été quasi unanime.

Bref, Le Message Retrouvé, en un langage inhabituel, je veux dire, en un lan-gage qui n’ est pas celui qu’ utilisent habituellement les maîtres de l’ alchimie,langage que Cattiaux connaissait parfaitement pour avoir étudié les ouvragesdes anciens maîtres, Le Message Retrouvé, dis-je, parle néanmoins à chaquepage de leur fameuse matière, lumière de Nature, feu secret de l’ œuvre,capable de dissoudre l’ or vulgaire sans violence, de le faire germer, fructifieret multiplier, c’ est-à-dire, de convertir le mercure vulgaire en mercure desPhilosophes et de le mûrir, par l’ union de ce qui est très haut avec ce qui esttrès bas.

À propos de cette fameuse matière on pourrait citer par exemple le verset :

Quelle est donc la chose qui n’ est ni chair ni poisson, ni pierre ni plante et quicependant est ? (Le Message Retrouvé XXXVIII-14’ )

N’ est-ce pas ici une allusion à cette âme universelle, ce feu éthéréen, nourri-ture de ce bas monde, qui sans cesse se corporifie sous le voile des mixtesdes trois règnes ?

Nous lisons encore :

La lumière du soleil, de la lune et des étoiles féconde perpétuellement l’ eau duciel qui porte la semence jusque dans les profondeurs de la terre, d’ où surgit lavie des êtres et des choses. (Le Message Retrouvé IV-19’ )

L’ esprit opère devant tous. Peu le voient. Un seul le saisit et le fixe. (Le Mes-sage Retrouvé II-56’ )

L’ amour de l’ or le fait rechercher jusque dans l’ ordure, mais peu d’ hommessont capables de le saisir dans le ciel et de le fixer dans la terre. (Le MessageRetrouvé II-24’ )

Quoi de plus léger que la lumière du soleil ? Cependant c’ est elle qui donne lepoids à toutes les choses du monde. (Le Message Retrouvé X-3’ )

Le Soleil tout-puissant éveille la vie jusque dans la terre morte et la fait germerjusqu’ au ciel de résurrection, mais c’ est l’ eau mère qui fait fructifier lasemence de l’ or pur. (Le Message Retrouvé II-43’ )

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C’ est toujours la grande question : Quoi et comment ? à laquelle chacuntente de répondre selon sa compréhension des textes des maîtres, car ceux-cinous disent seulement à quoi la chose ressemble, mais pas la chose tellequ’ elle est, et sans laquelle, disent-ils, il est inutile de mettre la main àl’ œuvre.

Les choses disent le mot, mais le mot n’ est pas dit par les choses. Les motsdisent la chose mais la chose n’ est pas dite par les mots. (Le MessageRetrouvé XXXVIII-59’ )

À ce propos, laissons parler le maître de Louis Cattiaux, Nicolas Valois, quinous avertit au début de son traité Les Cinq Livres :

Sache que tous parlent d’ une même façon, en deux façons, dont l’ une est vraieet l’ autre fausse. La vraie est telle qu’ elle ne peut être entendue que des illumi-nés seulement qui marchent droitement et selon nature, laquelle est pourtantcouverte de comparaisons et exemples sous noms équivoques quin’ appartiennent point à la science mais sont significatifs d’ icelle. Car en icellen’ est besoin que d’ une seule chose et d’ un seul moyen d’ opérer, par une voiesimple et naturelle sans se perdre dans la pluralité des choses contraires ànotre unique levain. La fausse est cette confusion de régimes et drogueriesméchantes.

Car cette chose ne peut être connue que par transmission cabalistique.Comme vous le savez, le mot hébreu qabalah signifie simplement« transmission » ou plus exactement « réception », réception du DON de Dieu.Les cabalistes sont donc ceux qui ont reçu ce don. L’ adepte couronné qui lepossède peut le transmettre au disciple avec la permission de Dieu. Sanscette bénédiction, l’ œuvre alchimique ne peut être entreprise avec succès.Nous lisons en effet :

C’ est la parole essentielle et substantielle transmise par le maître, qui nousfait héritiers du Très-Haut, à la condition que nous la recevions saintementavec gratitude et non pas profanement, avec malice. (Le Message RetrouvéXXIV-13)

Il semble bien qu’ il s’ agisse ici d’ une expérience occulte très secrète, appeléemort initiatique, à laquelle les philosophes ont souvent fait de discrètes allu-sions.

L’ extrême humiliation de la mort est l’ entrée obligatoire à la splendeur de lavie céleste, car la séparation terrestre est le commencement du ciel manifesté.(Le Message Retrouvé II-76’ )

Et pourtant, elle offre la première matière, cette eau divine dont nous parle lebon Valois :

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C’ est donc à bon droit, que notre eau divine est appelée clef, lumière, Diane quiéclaire dans l’ épaisseur de la nuit. Car c’ est l’ entrée de tout l’ œuvre et cellequi illumine tout homme. C’est l’oiseau d’ Hermès qui n’ a repos ni jour ni nuit,ne tâchant qu’ à se corporifier en tous les lieux de la terre. C’ est cette pucelleBEYA laquelle n’ a point encore été corrompue ni perdu sa liberté pour se marierà des corps informes et malmenés.

Eugène Canseliet, disciple du très savant Fulcanelli, dans ses Deux Logisalchimiques, écrit ce commentaire à propos de la toison de Gédéon, arroséepar la rosée du ciel :

Le miracle provoqué par le fils de Joas est le même que celui dont l’ alchimistedevient bénéficiaire par son travail nocturne et qui lui procure l’ eau célesteindispensable à ses travaux. Celle-ci est encore appelée eau benoîte par lesauteurs.

Ajoutons encore un mot sur cette mort initiatique pour dire qu’ il s’ agit, sem-ble-t-il, de l’ expérience qu’ a vécue Jacob, de nuit, au pied de l’ échelle, et quecertains alchimistes ont commentée après les cabalistes juifs. Eugène Phila-lèthe en parle dans son traité La Magie adamique. Il n’ y a donc pasd’ alchimie véritable sans cabale.

Celui qui cherchera le mystère d’ union et de vie sans la bénédiction et sansl’ amour de Dieu, ne trouvera que la dispersion et la mort. Cette parole est véri-dique certainement. (Le Message Retrouvé XXXVI-2’ )

Là est le piège tendu pour tous les ignorants, les impatients, les orgueilleux,les avaricieux qui confondent toujours les matières viles et les métauxnobles.

Ceux qui cultivent la terre manquent souvent du principal aliment céleste quiest la bénédiction de Dieu. (Le Message Retrouvé I-34’ )

Un athanor, lourd de son secret vivant, se trouvait-il gardé dans cette mysté-rieuse petite boutique d’un peintre inconnu, au nº 3 de la rue Casimir-Perier, devant laquelle passaient et repassaient les habitants distraits de cequartier tranquille ? Et comment ceux qui y entraient par hasard, n’ y ont-ilspas perçu le parfum subtil de la Rose chymique ?

Et pourtant là s’ élaborait dans l’ ignorance totale du monde extérieur, versetaprès verset, dont chaque mot était pesé avec soin comme une quintessencedistillée patiemment, goutte à goutte, là s’ élaborait, disons-nous, ce MessageRetrouvé, témoignage du mystère de la Palingénésie retrouvé, car toujoursredit par les Adeptes d’ Hermès et par les prophètes depuis l’ aube del’ humanité. On sait que palingénésie signifie nouvelle naissance ou régéné-ration.

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Permettez-moi encore de vous citer certains textes que j’ ai recueillis dans lacorrespondance de Louis Cattiaux :

La Palingénésie est le terme le plus élevé de l’ alchimie, comme la Chrysopéeen est le terme le plus bas. L’ Alchimie est la réalisation de l’ Art sacerdotal etde l’ Art Royal. C’ est la clef d’ or qui ouvre le secret traditionnel qui est la régé-nération de la création déchue...

L’ alchimie n’ est pas de nature purement intérieure. C’ est l’ erreur grossière detous les intellectuels et autres philosophes, des mystiques, des spirites et desspirituels…

Il s’ agit bien d’ une opération matérielle jointe à une opération spirituelle, maiscachée sous les termes de la chimie vulgaire, ce qui a trompé les profanes…

L’ une n’ exclut pas l’ autre, loin de là, car elles se complètent nécessairement.

Un verset du Message dit en effet :

Il faut dissoudre avant de coaguler, c’ est la loi du ciel et de la terre. (Le Mes-sage Retrouvé XXXI-39)

Et encore, Cattiaux continue :

Pernety souligne la différence de la philosophie hermétique et de la chimie vul-gaire, ceci est vrai, mais cela ne veut pas dire que l’ alchimie soit désincarnéeet seulement spirituelle. C’ est la Science des Sciences et elle est effective…

Il ne faut pas confondre alchimie avec chrysopée, car l’ alchimie qui est la pra-tique de l’ hermétisme est la science totale de l’ être, tandis que la chrysopéen’ est que la partie qui concerne les métaux comme l’ argyropée également…

L’ hermétisme est le noyau même de la tradition, et c’ est pour cela qu’ il peuts’ incorporer à toutes les faces de la tradition représentées par des religionsdiverses. La Science alchimique est véritable et palpable.

Sur cette affirmation d’ un Connaisseur du XXe siècle, je termine, en espérantque ceux d’ entre vous, qui sont éveillés au mystère de la Sainte Science denotre maître Hermès, auront la curiosité d’ examiner sans préjugés et avecpatience ce Message Retrouvé, qui est le fruit prophétique du Grand Œuvreréalisé.