21

L'étude d'événements (comme ceux qui se déroulèrent en Algérie, entre, 1954 et 1962) uniquement à partir de quotidiens régionaux, » présente des aspects positifs et négatifs.

Une lecture attentive de la presse, permet de saisir au jour le jour la « Marche de l'Histoire » et son impact sur une partie de l'opinion. Par contre, elle n'offre pas la précision rigoureuse indispensable à l'historien. Son apport, pour important qu'il soit, reste toujours superficiel, et souvent nul en ce qui concerne la diplomatie ou la stratégie. L'action jugée dans l'instant, le journaliste manque du recul nécessaire à toute saine compréhension.

Le travail résultant doit donc tenir compte de toutes ces données. Voici pourquoi nous nous sommes efforcés d'écrire ces pages, en respectant à la fois un ordre chronologique souhaitable, et une vérité trop souvent déformée par les miroirs de la passion, de la censure, du secret d'État.

Dix ans après la fin d'un drame douloureux, il est possible de tout connaître sinon de tout comprendre. Nous espérons simplement être parvenus à refouler des souvenirs qui rendirent plus difficiles, certains jugements.

AVANT - PROPOS

22

EN 1954, L’ALGÉRIE ? A — PRÉSENTATION a — Géographie. 1 — Généralités. L'Algérie s'étire sur 2 000 kilomètres de l'Est à l'Ouest, et se trouve séparée de

son arrière-pays désertique, par deux chaînes montagneuses (Atlas Tellien et Atlas Saharien) enserrant de Hautes Plaines.

Elle occupe une surface de 209 640 km2 (2 204 860 km2 avec le Sahara). Son hydrographie, rudimentaire et irrégulière, ne lui offre pas de voies fluviales

utilisables. Une bande côtière, large de 250 km en moyenne, jouissant d'un climat

méditerranéen, constitue sa seule vraie richesse 2 — Économie. Trois métropoles monopolisent toute l'activité de la province. Ce sont : Alger,

- 1/5 du sol est productif (faible pluviométrie et érosion des sols) - production agricole médiocre 1 (céréales = 19 millions de quintaux) Moyenne des bonnes terres algériennes 9,74 q/ha Moyenne des terres algériennes 4,65 q/ha Moyenne des terres métropolitaines 22,78 q/ha. - sous-sol (en 1954) avec : peu de possibilités énergétiques (70 % importations) ressources minérales insuffisantes sauf : 1

+ Fer : 2 907 000 t 97 % d'exportations + Phosphate : 773 000 t 86 % d'exportations

1 L'Économie algérienne Alger 1958

Oran (470 km à l'ouest) et Bône (600 km à l'est), mais l'économie reste limitée, car

23 - charbon de mauvaise qualité : empêche la création d'industries sidérurgiques ou de phosphates. 1

Toutefois, malgré ces difficultés naturelles, la France a donné à ce pays, une infrastructure exceptionnelle, comme le montrent les chiffres suivants :

* Surface cultivable : 500 000 ha (1830) 10 300'000 ha (1954)

* Défense des sols contre érosion : 860 ha (1947) 180 000 ha (1954)

* Routes en 1954 : 58 000 km, dont 23 000 à grande circulation

* Voies ferrées : 4 375 km.

* Ports : Une vingtaine, bien équipés

* Aérodromes : 4 internationaux et 30 autres * Échanges : Importations 192 milliards de francs Exportations 114 milliards de francs Solde 78 milliards de francs de déficit

L'Algérie, malgré la métropole, ne peut équilibrer sa balance commerciale. Elle souffre de sous industrialisation chronique et la terre ne peut faire vivre 10 millions d'individus.

3 — Social.

L'œuvre de la France en ce domaine reste sans équivalent pour les pays sous-développés. Elle se manifeste surtout dans deux directions : la scolarisation et la santé publique.

- Scolarisation : en 1954, un Algérien sur dix va à l'école ; soit

Un garçon sur cinq, mais avec des variantes atteignant 1/70 dans le bled

* Une fille sur seize

À la veille de la révolution, 94 % des hommes et 98 % des femmes sont

illettrés. Voici comment se répartissaient les élèves musulmans en 1954 :

23b

Année Primaire Secondaire Technique Professionnel Sup % scolarisé 1945-46 120 000 1 580 100 1 023 150 11,5

1954-55 322 700 7 000 515 5 187 686 18

Nous avons donc 18 % d'enfants indigènes scolarisés. C'est encore trop peu, et l'élite ainsi formée ne trouvera pas de débouchés valables. - Santé : Regardons le tableau suivant 2 1 En considérant uniquement le point de vue économique 2 Annuaire statistique de l’Algérie : 1955

24

l l y a ••• pour ... l'Algérie... la Métropole. 1 dentiste tous les 19 434 hab 3 199 hab 1 lit d'hôpital 31 90

1 médecin 5 137 1 891 1 pharmacien 14 553 2 454

À cela s'ajoute l'A.M.G. (Assistance médicale gratuite) qui toucha 50 % de la population musulmane.

Hélas, toutes ces réalisations françaises sont masquées par une démographie terrifiante.

b – Histoire (1830-1954)

31.01.1830 : L'expédition d'Alger est décidée pas le ministère Polignac afifin de : * Redonner du prestige au gouvernement impopulaire de Charles X

* Liquider les affaires fifinancières existant depuis 1798, entre la France et le Dey d'Alger. * Venger un affront diplomatique (coup d'éventail reçu par notre consul Deval, en 1827)

5.07.1830 : Occupation d'Alger par les troupes du général de Bourmont et de l'amiral Duperré. Le Dey Hussein capitule

22.07.1834 : Ordonnance qui confifirme le caractère défifinitif de la conquête.

1834-1847 : Guerre Sainte « Djihad « prêchée contre le Roumi, par l'émir Abd-el-Kader.

25.12.1847 : Abd-el-Kader se rend au général Lamoricière Sous l'Empire : Politique libérale de Napoléon III à l'égard des indigènes.

Sous laDéjà un désaccord avec les colons

IIIe République : 58 décrets en cinq mois pour mettre l'assimilation en vigueur (dont celui accordant la citoyenneté française aux Juifs d'Algérie)

1884 : Thomas Ismaël Urbain (conseiller de Napoléon III pour l'Algérie) écrit : « à ceux qui assurent que les rebelles, terrififiés par l'énergie de la répression, n'oseront plus recommencer :la meilleure preuve que ce système n’a rien produit de bon, c’est qu’il faut toujours recommencer, et qu'onest réduit à demander qu’on l’exagère encore (…) Les musulmans s'éloignent de plus en plus de nous, et attendent avec la résignation des fatalistes, l'heure de la vengeance. Nous paierons tôt ou tard les fautes que nous commettons et celles qui suivront forcément. »

Les musulmans s’éloignent de plus en plus de nous, et attendent,

03.1871-01.1872 : Révolte de Mokrani en Kabylie. Soumission d’El Haddad

1881 et répression féroce (500 000 ha confifisqués) : Révolte des Ouled-Sidi-Cheikk dans le Sud oranais 1881

25

Juin 1936 : Congrès musulman à Alger sous la présidence du docteur BENDJELLOUL. Il tente une union de tous les partis musulmans autour d*un programme unique. Une Charte revendicative préconise l'Assimilation

juin-sept 36 : Projet de loi BLUM-VIOLETTE qui accordait la citoyenneté française, sans perte du statut personnel, à certaines catégoriel de musulmans. La menace d’une grève des municipalités d'Algérie fit retirer le projet de loi qui n'était même pas passé devant les Chambres…Cet espoir déçu, le nationalisme va prendre un ton plus acerbe.

8-13.05.45 : Révolte et massacres de la région Sétif/Guelma. Les émeutiers (5 % de la population musulmane), marchant aux cris de « El djihad fissabil Allah » (La guerre pour la cause de Dieu), massacrent 103 Européens. La répression, conduite en maints endroits par le P.C.A. fait 6 000 victimes d'après C-A. Julien 1 (ce nombre varie entre 1 020 (chiffre officiel du rapport Tubert) à 80 000 pour les Oulémas. 27.08.1947 : Vote du Statut de l'Algérie par 328 voix contre 208 abstentions 1.11.1954 : Début de la guerre d'Algérie.

c - Administration.

L'Algérie vit sous le Statut organique du 20.09.1947. Elle est définie comme « un groupe de trois départements français d'outre-mer, jouissant de l'autonomie financière, et d'une organisation particulière. »

À sa tête, on trouve un gouverneur général siégeant à Alger. Il dépendu gouvernement qui le nomme et dirige l'administration regroupée au gouvernement général (G.G.)

L'Assemblée algérienne se compose de 120 membres élus (pour six ans au scrutin uninominal à deux tours, et renouvelables par moitié tous les trois ans.), par deux collèges électoraux. Le premier comportant, 564 000 citoyens français et 58 000 Français musulmans, le second regroupant 1 400 000 musulmans non citoyens.

La compétence législative de l'Assemblée est importante Pouvoir d'étendre ou d'adapter les lois métropolitaines applicables à l'Algérie. Elle peut aussi éditer une réglementation particulière homologuée par décrets. Elle vote le budget et les impôts.

Viennent ensuite des dispositions diverses comme la suppression des Territoires du Sud et des Communes mixtes, la création de collectivités locales, l'organisation de l'enseignement de l'arabe...

Le Statut voté, restait à l'appliquer. Seulement, dans chaque camp, les leaders allaient unir leurs efforts pour le faire échouer. Parti communiste algérien

1 Histoire de l'Afrique du Nord P.U.F

1912 : Les indigènes sont appelés au service militaire. Désormais, ils seront sur tous les champs de bataille ils seront sur tous les champs de bataille.

26

B — LES ORIGINES DE LA RÉBELLION.

A — Les rancœurs indigènes.

1 — La terre.

Superficie : 22 822 000 ha, dont 20 % seulement de bonnes terres. 1-1 Sa provenance (depuis 1841). Sa répartition (en 1954) **

Biens du beylik = Ex propriété souveraine de l'État turc*, revient à la France

Propriétaires Terres agricoles (en ha) Forêts (en ha) Total (en ha) %Domaine public 9 413 000* 41,5Musulmans 10 107 000 274 000 10 381 000 45,5Colons européens 2 818 000 210 000 3 028 000 13

1 million d'ha furent attribués gratuitement en prélevantsur le Domaine public hérité des Turcs.

1 million d'ha furent achetés par les colons aux musulmans

500 000 ha furent attribués gratuitement, après :

Expropriations pour cause d'inculture. Séquestres (sanctions contre les tribus révoltées Détournement des terres de « cantonnement »(les tribus ne sont plus qu'usufruitières d'une partie de leurs terrescollectives ou arch)

Si l'on considère que le Domaine public français a hérité des biensbeylicaux, on peut affirmer que, dans ce cas précis, les populations autochtonesne furent pas dépossédées de terres ne leur ayant jamais appartenu. Au pluspourrait-on dire : « La France a recueilli un héritage spolié » cf Ch-R.Ageron 1

Il reste néanmoins, 1 500 000 ha, que les colons s'approprièrent « légalement », aux dépens des indigènes dépossédés, souvent, de manière abusive.

1-2 État de la propriété (pour les terres cultivables)

La surface des terres cultivables possédées par les musulmans, a étémultipliée par deux, depuis 1830. Seulement, les meilleures terres (soit 600 000 ha),détournées de leur vocation naturelle, appartiennent aux Européens. Il existe400 000 ha de vigne, alors que la France reste premier producteur mondial, et queles musulmans ne boivent pas d'alcool (Production = 18 millions d'hl).

La terre manque pour les céréales…

1 Histoire se l'Algérie contemporaine voir bibliographie

27

1Surface (ha) Nb exploitations Surface (ha) Nb exploitations

-10 391 000 1 850 000 7 432 22 600 10 à 50 118 000 3 013 000 5 585 135 300 50 à 100 17 400 1 226 000 2 635 186 900 100 à 500 5 000 1 108 000 5 485+ 500 600 414 700 900 963 000

TOTAUX 532 000 7 612 000 22 037 2 726 000

N.B. : 12 ha = seuil de sous-alimentation (25 % des exploitations)25 ha = seuil du paysannat (50 % des exploitations)

Possesseurs Moy exp. Surface (ha) % terres % pop totale % pop agricMusulmans 14 ha 7 612 000 75 89 92Européens 109 ha 2 726 000 25 11 2 2TOTAUX 10 332 000

N.B. : Musulmans, 96 % des exploitations ont moins de 50 haEuropéens, 30 % des exploitations ont plus de 100 ha

1-3 Conséquences

Il existe un sous-emploi et un chômage agricole pour 650 000 indigènes,soit 46 % de la population active

Le prolétariat agricole s'est multiplié par trois en quarante ans, àcause surtout, d'une démographie implacable.

Nb salariés/nb exploitants 50 580/30 590 120 652/14 381 3les employant & % 5,6 56Nb tracteurs 418 19 000 4Nb motoculteurs 7 158 4Rdmt.moy. du blé 4,65 q/ha 9,74 q/ha 5Revenu moy/an/exploitant 22 000 F 780 000 F 6

MUSULMANS EUROPÉENS

1 Bartoli : Systèmes & structures économiques Faculté de Droit Paris Cours 1961/622 L'Economie algérienne Alger 1958. 3) idem, pg 85 4 Notes & Etudes documentaires n° 2114 5 Annuaire stat. de l'Algérie 19556 Nationalisme algérien & Grandeur française A. Savary

MUSULMANS EUROPEENSSurface (ha)

1 418 000

28

2 — Les hommes.

2-1 les groupes raciaux.

* Européens : environ 900 000 (9,5 %)

° Français d'origine et naturalisés (8,5 %)° Espagnols : surtout en Oranie, agriculteurs (35 155 non naturalisés en 1948)° Italiens : maçons, manœuvres, pêcheurs (5 959 non naturalisés en 1948)° Maltais : commerçants (214 non naturalisés en 1948).° Autres : Allemands, Suisses, naturalisés ou assimilés.

* Juifs : environ 120 000 (1,5 %)Automatiquement naturalisés après le décret Crémieux (24.10.1870)

* Musulmans : environ 8 500 000 (89 %)

° Algériens autochtones : environ 70 %° Kabyles : environ 17 %° Marocains — Tunisiens : environ 2 %

Il est intéressant de noter que, la loi du 26.06.1889, naturalisait automatiquement tout étranger naissant en Algérie, s'il ne réclamait pas à sa majorité, sa nationalité paternelle d'origine. Or, cette loi ne « jouait » pas pour les enfants de musulmans algériens

2-2 Leur répartition entre 1841 et 1954

Année Musulmans Non musulmans Totaux1841 env 2 000 000 37 374 env 2 050 0001856 2 307 000 180 300 2 487 0001906 4 477 000 680 300 5 158 1001954 8 486 244 1 042 426 9 528 670

2.3 La démographie.

1906 à 1910 1951 à 1955Taux en pour mille France

T. natalité 27,2 28,8 42 19 18,8T. mortalité 20,2 18,5 13,5 9 12

T. accroissement 7 10,3 28,5 10 6,8

En quarante-cinq ans, le T.A. des musulmans était multiplié par quatre, tandis que celui des Européens, (y compris les Juifs), restait stable. À ce même rythme, la France compteraitaujourd'hui 400 millions d'habitants

Cette énorme poussée démographique résulte de l'œuvre immense accomplie par la France(santé-hygiène-prophylaxie-Assistance Médicale Gratuite)

Musulmans et Européens Musulmans et Européens

29

3 — Les problèmes

3-1 La malnutrition et l'exode rural.

1 1911 1938 1953Production Blé (kg) 163 132 119

des cultures Orge (kg) 174 100 83vivrières P. de terre (kg) 79 20 26

(en kg/hab) Dattes (kg) ? 19 9

Troupeaux Bovins 1 114 000 794 000 864 000(Nb de têtes) Ovins 8 529 000 5 965 000 6 014 000

Caprins 3 862 000 2 735 000 2 131 000

La campagne devenant incapable de nourrir correctement ses habitants,ceux-ci arrivent dans les villes et grossissent un prolétariat urbain désœuvré,donc extrêmement malléable.

Population musulmane des 1900 1930 195450 villes les plus peuplées d'Algérie 510 000 580 000 1 500 000

3-2 Le chômage

Les cités ne peuvent plus assurer le travail, à ces campagnards sansaucune qualification professionnelle. La Métropole « éponge " une partie de ceschômeurs (100 000 en 1956, soit 1/5 des étrangers). Certaines régions, telle laKabylie, reçoivent 50 à 55 milliards de Francs par an, et ne vivent que des filstravaillant en France.

3-3 Les barrages raciaux.

Les musulmans éprouvent les pires difficultés, pour accéder aux emploissupérieurs, comme le montre cette statistique de 1951

1 Delavignette : Rapport au Conseil économique (18.06.1955)

30

MUSULMANS NON MUSULMANS *Emplois industriels 58% 42%Emplois tertiaires 55% 45%Salariés (en milliers) 375 (dt 3/10 qualifiés 250Chiffre d'affaires des entreprises.

33 milliards (8 %).

Nombre d'entreprises 100 000 65 000

* 11 % de la population active

** EMPLOIS NOMBRE DE MUSULMANS EN 1951

Prof. libérales Enseignement 300Fonctionnaires-Cadres supérieurs 20 à 25Ingénieurs. 12, dont 2 PolytechniciensOfficier./Magistrats 1 centaine/6

En conclusion, nous constatons qu'il existe deux Algérie :

a) Celle des réalisations françaises.

b) Celle de la faim et des rancoeurs indigènes

** L'Économie algérienne : pg 116 bis.

375 milliards (92 %)

31ab — Le nationalisme algérien de 1926 à 1955.

1 — Les partis.

PARTIS FONDATION DIRIGEANTSÉtoile nord-africaine. mars-26 Abdelkader HADJALI + 1940E.N.A. PARIS Messali HADJ dès 1927Parti du Peuple algérien. mars-37 Messali HADJP.P.A. ALGERMouvement pour le Triomphe 1947 Messali HADJdes Libertés démocratiques ALGERM.T.L.DOrganisation spéciale. déc-47 Ahmed Ben BELLAO.S. ALGER Hocine AIT AHMED ben Mohamed

Mohamed KHIDER ben YoussefComité révolutionnaire mars-54 BOUDIAF M. - BEN BOULAID M.d'Unité et d'Action SUISSE BEN M'HIDI L. - BITAT R.C.R.U.A. DIDOUCHE M. + chefs de l'O.S.Comité central d'Alger. mars-54 LAHOUEL H. + KIOUANE.« Centralistes ». ALGERMouvement national algérien. déc-54 Messali HADJM.N.A. PARISParti communiste algérien. 1924-Fondé au Ben Ali BOUKORTP.C.A. sein du P.C.F. Larbi BOUALI, Amar OUZEGANE

se sépare 01/36Association des Oulémas août-31 Abdelhamid BEN BADIS + 1940d'Algérie ALGER Brahimi BACHIR (Tlemcen)

EL OKBI T (Alger) TEBESSI LRassemblement Franco - août-38 BENDJELLOULMusulman algérien. CONSTANTINER.F.M.A. 1938 Ferhat ABBASUnion Populaire algérienne. SETIFU.P.A.Amis du Manifeste et de la Liberté 13/03/44 Ferhat ABBASA.M.L. SETIF Messali HADJ + OulémasUnion Démocratique du Manifeste mars-46 Ferhat ABBAS SAADANEAlgérien ALGER BOUMENDJEL SATORU.D.M.A.Front de libération nationale 10/10/54 BEN BELLA BEN M'HIDI B0UDIAFF.L.N. ALGER BEN BOULAID DIDOUCHE KRIM

KHIDER AIT AHMED BITATArmée de Libération nationale. idem idemA.L.N. idem, puis Belkacem KRIM !

31b

JOURNAL PROGRAMMEIqdam Nord Africain Indépendance de l'Algérie, avec mesures sociales, puis panarabismeEl Ouma = La Nation (1930) après la rencontre Messali HADJ-Chekib ARSLAN en 1936Le Parlement algérien La Nation algérienne – L'action algérienne -> 1946La Voix des Hommes libres IdemLa Résistance algérienne. IdemMaghreb arabe – Algérie libre

Action directe par commandos de volontaires (fida)

Le patriote. Indépendance par l'action armée,

Congrès d'Hornu Programme M.T.L.D., ne reconnaît plus HADJ comme chef unique(Belgique)) 17.07,1954

C’aout ech Chaab = La Voix du Peuple Veut s'approprier la totalité du mouvement révolutionnaire algérienLiberté (Constantine) « Il ne saurait y avoir de salut pour les peuples colonisés, hors de Alger-Républicain (Alger) l'union indispensable avec la démocratie française » Es Chihab = Le Météore Panarabisme pur : « L'Islam est ma religion. L'Arabe est ma langue »A Sûnna : La Tradition L'Algérie est mon pays.El Bacair = Vision de l'Avenir Union de tous les partis musulmans.

Réclame des réformesAlgérie, dépendante de la démocratie françaisemais avec une physionomie propre.Rattachement différent d'Assimilation

Égalité Fédéralisme, d'après le Manifeste du Peuple algérienRépublique autonome fédérée à une République française rénovée

République algérienne

El Moudjahid = Le Combattant On seul ennemi, le colonialisme, un seul but l'Indépendance nationaleMoyens de luttes : Tous.

Résistance algérienne Idem.

31c

F I N DIVERSDissolution en 1929, reconstitué en Recrutement en milieu ouvrier kabyle1936, dissolution en 01.1937Dissolution en 09.1939 -> Couverture de l'E.N.A. après 1929Union algérienne populaire (U.P.A.) Messali HADJ arrêté 08.1937 à 09.1939Dissolution le 5.09.1954 Couverture du P.P.A. après 1939

Élections de 11.1946 : 5/15 députésdont DEBAGHINE L. En 1947, succès !

Découverte en 03,1948 Branche paramilitaire du M.T.L.D.Décapitée en 1950 se transforme en C.R.U.A.

Se transforme en F.L.N. le BOUDIAF M., président en 06.1954.10.10.1954

Dans le courant de 1955 Militants adhèrent au F.L.N.

Existera jusqu'à l'Indépendance Prétend avoir déclenché l'insurrectionLutte « à mort » avec le F.L.N.

Interdit de 1939 à 1942Se saborde vers 1957-1958

avr-56 Recrutement des lettrés musulmansEL MADANI T passe au F.L.N. Action : Enseignement dans les médersas

(écoles primaires musulmanes)

Se saborde en 1939 Succède aux congrès musulmans de 36-3710.02.1943, ABBAS publie le Manifeste et fonde avec d'autres l'A.M.L.

Dissolution après Sétif en mai 1945 La tendance messaliste l'emporte, scissionavec le M.T.L.D.

21.04.1956 : ABBAS adhère Élections de 11.1946 : 72 % des voixau F.L.N. 10/15 députés 4/7 sénateurs

Parti unique en Algérie après 62 Algérie découpée en six régions (W)Action immédiate sans le M.T.L.D.Branche militaire du F.L.N.

32

2 - Une France bafouée, vaincue

Les Algériens furent profondément surpris par notre rapide défaite en 1940. Puis avec l'arrivée des Alliés, ils purent constater la faiblesse de notrematériel de guerre. La France semblait moins puissante. En outre, Anglais etAméricains se montraient ouverts aux aspirations nationalistes. Un homme commeFerhat ABBAS pensait sincèrement obtenir des garanties politiques, et une évolu-tion sociale pour les musulmans...

Seulement, il y eut Sétif, le 8 mai 1945 ...

Les colons se ressaisissaient, et parvenaient à empêcher l'applicationdu Statut, voté en 1947.

La légalité ayant échoué, certains se tournèrent vers les extrémistes.D'ailleurs, déjà ça et là, le " Tiers-Mondesecouait le joug colonial ". LaIVe République s'accrochait désespérément à l'Indochine et à ses protectoratsnord-africains.

Le 7 Mai 1954, Dien-Bien-Phu ouvrait une brèche dans notre Empire.Désormais, les colonies savaient qu'elles pouvaient revendiquer

l'Indépendance… et l'obtenir.A Alger, les chefs du C.R.U.A. accueillent la nouvelle avec joie.La Métropole (?) n'aurait guère le temps de récupérer. 1

c - Une minorité européenne mal connue.

De nos jours encore, un mythe tenace, tend à assimiler ou à repré-senter le « pied-noir » de 1954, sous les traits d'un riche colon, accapareurde terres et oppresseur de la population indigène. Cette affabulation est sanscommune mesure avec la réalité ; comme le montreront les statistiques suivantes

1 — Baisse et répartition de la population agricole européenne.(1)

19 3 0 19 5 4Nombre des Surfaces en Nombre des Surfaces en

Superficies (ha) exploitations (ha) exploitations (ha)

Moins de 10 8 887 43 000 7 432 22 600

10 à 50 7 140 213 000 5 585 135 300

50 à 100 4 725 366 000 2 635 186 900

> 100 5 411 1 722 000 6 385 (+18 %) 2 380 000 (+38 (%)

Totaux 26 173 2 344 000 22 047 2 726 000

N.B. 70 % des revenus bruts.87 % des terres de colonisation.

(1) Annuaire statistique de l'Algérie. 1955

33

En 1954, 93 000 Européens vivaient de l'agriculture, contre 221 293en 1911.

1930 1954Propriétaires 41% 34 821 65% 17 129Fermiers/Métayers 16% 10%Salariés agricoles 43% 25%

Ces deux tableaux montrent que les gros propriétaires européens sontpeu nombreux (1/4 des exploitants), par rapport à 2/3 de modestes paysans.

2 — Répartition de la population active.

En 1954, le pourcentage des trois secteurs économiques était de :* Secteur primaire : 14,4 % ou 48 059 Européens.* Secteur secondaire 28,6 % ou 94 000 * Secteur tertiaire : 57 % ou 189 000

331 059 1Pour sa part, Alger compte 253 000 salariés européens, qui se

répartissent ainsi : 2

* 31 % pour les classes moyennes non ouvrières* 20 % pour les ouvriers spécialisés.* 20 % pour les employés de bureau.* 13 ° % pour les cadres et professions libérales.* 16 % pour les manoeuvres.

Comme 792 000 Européens (80 %) vivent dans 46 villes (la moitié àAlger et Oran), nous constatons qu'un cinquième seulement de la populationnon musulmane habite à la campagne.

Les grands propriétaires s'appellent : Henri BORGEAUD, Gratien FAURE(européens) ou SERRAOUI, Saiah ABDELKADER, BEN HARIOUSER (Musulmans). Tous jouent un rôle politique.

33 b

Le niveau de vie des salariés européens, bien que supérieur à celuides Arabes, est inférieur à celui des métropolitains. Deux exemples :

Sont-ce là les profiteurs de la colonisation ?

Pour conclure, citons Albert Camus 3 : « A lire une certaine presse, il semblerait que l'Algérie soit peuplée d'un million de colons à cravache et à cigare. Cette image d'Épinal est dangereuse.Englober dans un mépris général ou passer soussilence avec dédain, un million de nos compatriotes, les écraser sans distinction sous les péchés de quelques-uns, ne peut qu'entraver au lieu de favoriser, la marche en avant que l'on prétend vouloir »

1 Annuaire statistique de l'O.N.U. 19562 A. Nouschi : La Naissance du nationalisme algérien pg 1153 A. Camus : Actuelles III : Chroniques algériennes Gallimard.

a) Le S.M.I.G. est à un taux nettement plus bas, en Algérie,que celui des zones défavorisées de la Métropole.

b) Un père de famille de trois enfants perçoit 7 200 contre19 000 Fr en métropole (pour les allocations familiales)