aux portes de l’etrange

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AUX PORTES DE L’ETRANGE 4 ème

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Page 1: AUX PORTES DE L’ETRANGE

AUX PORTES DE L’ETRANGE

4ème

Page 2: AUX PORTES DE L’ETRANGE

LE MERVEILLEUX CHÊNE

Sur la place, la plus importante et la plus imposante branche du vieux chêne, assise en

tailleur, elle observait le vaste monde qui s’offrait à son regard curieux. Elle n’aurait pu trouver

meilleur observatoire à des kilomètres à la ronde. Là, perché au sommet de la colline, l’arbre

semblait dominer de sa majesté la vallée luxuriante à ses pieds. Elle avait toujours apprécié

ces moments de solitude en parfaite harmonie avec tout ce qui l’entourait : l’écorce au

contact de sa peau, le vent soufflant, le chant des oiseaux murmurer à son oreille, tout lui

semblait alors parfait ! Le petit village niché au fond de la vallée était le sien. Elle y vivait

depuis toujours mais c’est ici, sur cette branche, qu’elle se sentait vraiment chez elle. Elle se

laissait souvent aller à ses rêveries, oubliant pour un temps le tumulte de sa vie.

Aujourd’hui, plus que jamais, elle savourait chaque minute, chaque seconde, chaque

caresse du vent, chaque mélodie offerte. Aujourd’hui, elle partait bien au-delà de sa maison,

de son village, de sa vallée, de son arbre... Elle savait que ce jour arriverait mais il avait pointé

le bout de son nez bien plus vite qu’elle ne l’avait imaginé.

Au loin, une voix stridente se fit entendre, l’arrachant définitivement à cette solitude

qu’elle chérissait tant … C’est sa mère qui l’appelait. Il était sans doute temps de quitter son

doux refuge. Elle posa une dernière fois sa main contre l’écorce et elle eut pendant un court

instant l’impression de sentir le cœur du grand chêne battre sous sa paume. Elle arracha

délicatement une feuille qu’elle déposa entre deux pages de son journal qu’elle gardait

toujours précieusement avec elle. « Nous nous reverrons mon vieil ami mais en attendant

permets-moi de prendre un peu de toi avec moi » lui dit-elle. Sa voix se faisait de plus en plus

pressante. Elle finit par descendre de son promontoire puis avança en direction du village, se

retournant, une larme coulait à la vue du grand feuillu. Devant le manoir familial, sa mère

l’attendait. Ses mains sur les hanches et son pied droit tapotant nerveusement le sol

trahissaient son agacement. Elle n’avait jamais compris cette enfant rêveuse, si silencieuse et

solitaire, elle, qui ne pouvait passer une seule journée sans inviter une de ses amies, épouses

de notables locaux; elle, qui chaque semaine organisait de grandes fêtes. Où tous les nobles

étaient cordialement invités. Après de brefs adieux d’une grande sobriété, offrant un dernier

baiser à sa mère et à son jeune frère, un geste de la main à sa gouvernante, elle l’emmena

Page 3: AUX PORTES DE L’ETRANGE

elle-même au pensionnat Sainte V- fréquenté par tous les membres de sa famille depuis

plusieurs générations. Elle leva une dernière fois les yeux en direction du sommet de la

colline…..Puis elle pensa à son journal. Où était-il?

Elle avait toujours aimé venir ici, au pied de cet arbre Elle s’asseyait invariablement au

même endroit, adossée à son écorce mousseuse. Elle avait une vue à couper le souffle sur les

environs. Elle arrivait même à apercevoir la vieille demeure familiale et les cris de ses frères et

sœurs jouant dans la cour qui semblaient résonner dans toute la vallée.

L’arbre était vieux et avait perdu de sa splendeur .Il ne restait de lui que quelque vieilles

branches mortes sur lesquelles plus personne ne pouvait s’asseoir. Demain il ne serait plus là,

découpé en tronçons par son père et quelques amis du village venus lui prêter main forte.

Elle sortit de sa besace le journal de Manon, son arrière-grand-tante. Elle l’avait un jour

découvert dans une caisse recouverte de poussière dans le grenier du manoir, parmi quelques

jouets, livres et vêtements lui ayant appartenu. Elle avait tout de suite été attirée par la

couverture fleurie du petit cahier qui, semblait ne pas avoir trop souffert malgré le poids des

années. Elle s’était alors plongée dans la lecture de cet ouvrage manuscrit, passionnée par les

histoires de cette aïeule à l’imagination débordante. Elle semblait croire qu’au moment où elle

lisait son journal, elle était là et lui soufflait tous les mots qu’elle lisait au creux de son oreille.

Un sentiment étrange lui parcourait alors tout le corps. Se dissimulait-elle derrière le vieux

chêne et jouait-elle avec ses sens ? Elle ne pouvait détacher ses yeux de ce vieil arbre qui

pour elle était attaché à sa tante…

Son dernier écrit, plus mélancolique que tous les autres, fut rédigé alors qu’elle n’avait

que dix ans. Curieuse de connaître la raison de cette soudaine et définitive interruption, elle

avait alors interrogé son grand-père.

A cet instant, là, au pied de l’arbre, elle se souvient alors de sa réponse avec force et

clarté. « Manon était la sœur de mon cher papa. Elle aimait monter sur la colline, assise en

tailleur sur la branche la plus solide du vieux chêne. C’était une fille particulière que personne

ici n’a jamais vraiment compris. » Mon père était jeune quand elle a quitté la maison pour le

pensionnat. Il n’avait que peu de souvenir d’elle. Il se souvenait juste de ce dernier baiser

avant de monter dans la voiture familiale et du gendarme venu le soir-même leur annoncer la

triste nouvelle de la disparition de Manon dans un tragique accident de la route…

Après avoir relu une dernière fois quelques pages du cahier de Manon, elle se leva,

posa sa main contre l’écorce du vieille arbre mourant puis posa sur la pierre tombale à côté du

grand feuiller une feuille séchée déposée entre deux pages il y a bien longtemps de cela par

cette arrière-grand-tante qu’elle chérissait tant.

FIN

Page 4: AUX PORTES DE L’ETRANGE

Un Noël pas comme les autres

Le Noël dernier, je fus invité ainsi que mon colocataire Marco à passer cette fête

sacrée dans un vieux et petit manoir situé dans une forêt, en haut d’une montagne enneigée,

au fond des Alpes.

Le temps, qui, à notre départ, promettait d’être superbe, s’avisa de changer tout à coup,

nous peinâmes à rester concentrés sur la route et une fois arrivés, il n’y eut personne pour

nous accueillir, nous nous sentîmes seuls dans cette vieille demeure.

Dans ce manoir se trouvaient un grand hall, une superbe et ancienne cuisine, un ancien

salon, une imposante bibliothèque, une belle salle habitée par un somptueux piano, une

chaleureuse salle de bain et une agréable chambre. Après cette petite visite, nous mangeâmes

et nous allâmes nous coucher.

Pendant la nuit, je sentis un courant d’air frais qui me força à me lever pour aller fermer

la fenêtre qui donnait sur un petit balcon.

Quand j’ouvris les yeux, je ne vis plus Marco à mes côtés, du coup, je me précipitai vers

la fenêtre avec l’intention d’aller le chercher. Mais au moment où je saisissais la poignée de

celle-ci, je sentis une bonne odeur de tarte à la citrouille qui m’attira invinciblement dans la

cuisine.

Une fois dans la cuisine, je vis un homme en train de cuisiner, pensant que c’était

Marco je me dirigeai vers lui, lorsqu’il se retourna, je vis un zombie à la peau verte et aux

cheveux noirs qui me fixa avec ses grands yeux rouges. Une peur insurmontable s’empara de

moi et je me précipitai dans le salon où je vis un vieux squelette aux os d’un blanc immaculé,

portant un vieil habit Anglais gris qui se balançait dans un vieux rocking-chair. Pris de peur, je

me précipitai dans la salle de bain. Là se tenait devant le miroir une femme à la longue

chevelure dorée qui se maquillait. Quand elle me fit face, elle me fixa avec deux lugubres trous

Page 5: AUX PORTES DE L’ETRANGE

noirs qui occupaient la place de ses yeux. Un frisson incontrôlable parcourut tout mon corps

puis j’allai me réfugier dans la bibliothèque. Une fois sur place, je vis une vieille sorcière, qui

n’était pas différente physiquement des autres, qui lisait un vieux livre, des histoires pour

enfants. Je partis rapidement, de peur qu’elle me jette un sort ! Quand je sortis vite de la

pièce, j’entendis la douce mélodie du piano, pensant que c’était Marco, je me hâtai d’aller

dans le salon.

Je vis alors un fantôme à la carrure féminine, aux longs cheveux noirs et vêtue d’une longue

robe blanche qui jouait du piano à la place de Marco. Effrayé, je me hâtai de regagner ma

chambre. Une fois de retour, je me recroquevillai dans mon lit. Dès que je vis ces effrayantes

créatures s’avancer vers moi, je m’évanouis sans me douter que je tombai de mon lit.

Dès que l’aube fut levée, Marco se réveilla et me vit allongé sur le sol : «Jean il est

l’heure de se lever ». En entendant sa voix, je me réveillai et je me précipitai vers lui les yeux

en larmes: «Marco où diable as-tu bien pu aller! Je me suis fait un sang d’encre! » et il me

répondit: «Nulle part, certes cette nuit j’ai eu une envie pressante, mais bon, tout va bien.» Je

me jetai dans ses bras en lui souhaitant: «Joyeux Noël». Puis nous allâmes manger et fêter

Noël. L’après-midi, nous partîmes de cette vieille demeure et je vis dans le jardin des statues

semblables aux effrayantes créatures de la nuit dernière, ce qui me donna pour la dernière fois

des sueurs froides !

FIN

Page 6: AUX PORTES DE L’ETRANGE

Le Braqueur

Il était une fois un homme en manque d’argent, qui en avait marre de cette situation, un

jour il eut une idée. Il appela un ami d’enfance pour lui proposer son projet. Son idée était de

cambrioler une banque le soir d’Halloween. Il lui proposa, et son ami accepta car lui aussi était

en difficulté financière.

Nous sommes donc la veille d’Halloween, le 30 octobre 2000. Assis au-devant de leur

camionnette noire, ils enfilèrent leur masque d’Halloween mais l’un des deux hommes a oublié

de charger son téléphone alors qu’il en avait besoin afin de l’appeler pour venir le chercher. La

batterie était à plat. D’un pas lourd, il sortit de sa camionnette puis alla chercher une prise de

courant pas très loin. Soudain, il tomba nez à nez avec une sorte de petite fête très illuminée

en haut d’un immeuble. La porte grande ouverte, il entra dans l’immeuble. Il arriva en haut des

escaliers et sonna à la porte. Personne ne vient lui ouvrir. Il toqua fortement à la porte et une

jolie dame lui ouvrit. Elle lui demanda s’il ne s’était pas trompé d’endroit car il n’était pas sur la

liste des invités. L’homme assez sûr de lui, dit d’une voix grave qu’il fallait à tout prix le laisser

entrer charger son téléphone. La dame voulut lui fermer la porte au nez mais l’homme mit son

pied pour qu’elle ne puisse pas la refermer. Il poussa violemment la dame, passa et se mit à

chercher une prise de courant. Un homme assez costaud l’attrapa par le col et essaya de le

faire sortir de force de la pièce. Le braqueur énervé sortit une arme et l’homme enleva ses

mains de son col. Il cria au DJ d’arrêter la musique… un long silence régna alors dans la pièce.

Il dit d’un air strict et méchant que tout le monde devait s’allonger par terre à plat ventre et de

ne plus faire aucun bruit.

Il alla charger son téléphone et prit une vielle dame en otage, qui ne pouvait pas

s’allonger, et l’emmena dans la pièce d’à côté et brancha son téléphone. La vielle dame n’avait

pas l’air affolée, ni personne d’autre d’ailleurs. Le braqueur trouva ça très étrange et demanda

à la dame pourquoi personne n’avait l’air inquiet ou affolé. Elle ne lui répondit pas. Quelques

instants plus tard, la dame lui dit :

- « Tu sais, mon enfant, tu ne devrais pas être là, ce soir n’est pas un soir comme les

autres. »

- « Ah oui, et pourquoi » dit-il d’un air moqueur.

- « Car ce soir, c’est l’anniversaire du diable… et cette date arrive tous les 1000 ans et le

diable sera là en personne à minuit pétante ! » affirma la vielle dame

Page 7: AUX PORTES DE L’ETRANGE

- « Tais-toi, ne dit pas des sottises ! » dit-il un peu énervé.

- « Vous devriez partir, il est déjà 23h50… » dit-elle en relevant la tête.

- « Mais que va-t-il faire si je suis là ? l’interroge le braqueur, d’un air moqueur.

- « Il te tuera, t’emmènera en enfer là où tu verras tes proches décapités, et tu y resteras

pour y être torturé toute l’éternité. »

La pièce s’assombrit soudainement, il eut un léger frisson. Puis il regarda à nouveau la

pièce d’à côté, mais quelque chose avait changé mais il ne savait pas quoi. C’était sûrement le

nombre de personnes qu’il y avait dans la pièce. Il regarda toute la décoration, très chargée,

elle était ornée d’or, un peu partout. Les meubles étaient très anciens et les portes très

grandes. Le sol était recouvert d’une moquette très sombre et d’un immense lustre suspendu

au plafond.

Le braqueur reprit son téléphone et tenta de repartir par la porte où il était entré. Hélas,

la porte était fermée à double tour. Il demanda si la propriétaire pouvait ouvrir la porte mais

personne ne répondit. Pris de panique, il eut une petite goutte de sueur qui coula le long de sa

tempe. Il essaya toutes les portes et arriva à la dernière, mais en vain ! Il remarqua qu’une

fenêtre était ouverte. Il s’y pencha pour regarder la hauteur mais il constata qu’il se trouvait au

quatrième étage, au-dessus d’une benne remplie de cartons. Ayant le vertige, il se recula très

vite. Et plus le temps passait, plus les gens qui étaient dans la pièce commencèrent à parler

entre eux comme si de rien n’était. Le braqueur cria de toutes ses forces « Silence ! » mais

c’est comme si les gens étaient devenus sourds. Et le braqueur avait l’impression que les

personnes se multiplièrent, l’atmosphère était étrange et soudain une lueur rouge surgit en

dessous de la porte principale, plus personne ne parla, ils étaient tournés vers le braqueur et

ils étaient presque cent fois plus que quand il était arrivé. Des pas s’approchèrent de la porte,

c’était quelqu’un de très lourd car le sol tremblait à chaque pas. L’adrénaline, le stress, la peur

et l’angoisse montèrent soudainement à son esprit, son cœur s’accéléra considérablement. Il

courut vers la fenêtre qui était ouverte et sans se poser une seule question, il sauta dans la

benne. Il resta allongé quelque instant, mais se releva très vite et parti en courant…

Le braqueur ayant fait une centaine de mètres, se retourna et s’aperçut que

l’appartement où il se trouvait n’avait en réalité que trois étages…

Il s’arrêta quelques secondes pour reprendre son souffle et ses esprits. Il continua sa route un

peu sonné. Il arriva chez lui, s’allongea sur son lit et se réveilla tout habillé avec son arme à la

main et à côté de lui, son téléphone n’arrêtait pas de sonner car son ami l’avait attendu toute

la nuit dans la camionnette. Que s’était-il donc passé ? Avait-il oublié de partir ? S’était-il

endormi ? Pourtant il était certain d’avoir voulu le rejoindre ! Mais au fait où était son chargeur

de téléphone ?

Page 8: AUX PORTES DE L’ETRANGE

Le défilé

Je suis Coralie, jeune mannequin de vingt et un an, originaire de l’île de la réunion. Sans le

savoir, j’allais vivre la plus belle expérience de ma vie. Un matin, l’agence m’appela vers huit

heures trente pour m’informer que je devais faire un défilé à Paris, dans deux jours vers seize

heures. Ayant peu de temps pour me préparer, je commençai par réunir mes affaires, sans

oublier mes robes et mes produits de beauté. Ma valise une fois bouclée, je claquai la porte de

chez moi, mon père m’attendait sur le pas de la porte pour m’accompagner à l’aéroport.

Arrivée à l’aéroport toute excitée, je courus vers la zone d’embarquement et m’enregistrai

grâce au billet électronique que j’avais reçu de mon agence la veille. L’avion allait décoller à

dix heures trente de Saint-Denis pour atterrir à Orly à vingt-trois heures (heure locale). Dans

l’avion, je pris place pour onze heures de vol.

Enfin arrivée à l’aéroport d’Orly, je descendis de l’avion, épuisée par le trajet et je partis

récupérer mes bagages. Je pris un des taxis qui attendaient devant la porte 2 de l’aérogare

Sud et demandai au chauffeur de me déposer à l’hôtel Georges V. Ce merveilleux hôtel cinq

étoiles situé 37 avenue Hoche à Paris a été construit en 1928, et fait partie des plus beaux

hôtels parisiens. Enfin devant l’hôtel, je me dirigeai à l’accueil pour récupérer la clé de ma

chambre que mon agence avait réservé au préalable. On m’annonça que ma chambre se

trouvait au dernier étage. Je montai dans l’ascenseur. J’appuyai sur le bouton et les portes se

fermèrent, je me regardai dans le miroir mais je ne vis pas mon visage, c’était celui de ma

grand-mère qui était morte il y a cinq ans. Je décidai alors de me cacher le visage car cela

commençait à me faire peur. Enfin arrivée à l’étage, l’ascenseur fit un bruit assez étrange et

les portes s’ouvrirent. Je traversai l’allée me retournant à plusieurs reprises pensant que j’étais

Page 9: AUX PORTES DE L’ETRANGE

suivie par ma grand-mère. Devant la porte où était inscrit 238, numéro de ma chambre je

saisis la clé et l’ouvrit. En entrant, j’y trouvai mes valises que le bagagiste avait entreposées.

Ma chambre était si luxueuse que mon souffle se coupa. Elle était composée d’un

fauteuil de style Louis XVI, d’un magnifique tableau représentant la Joconde faite par Léonard

de Vinci et la chambre était remplie de meubles en bois précieux. Tout ce luxe m’avait fait

oublier pendant un instant ce qui s’était passé dans l’ascenseur. Il était déjà deux heures du

matin, il était vraiment temps pour moi d’aller me coucher pour garder un beau teint pour le

défilé. Le matin je me réveillai avec beaucoup de mal, j’ouvris les rideaux et m’aperçus que la

Joconde sur le tableau n’était plus là, à la place, je vis le visage de ma grand-mère. Je me

frottai les yeux pour vérifier que ce n’était pas un rêve, elle était toujours là. Je décidai donc de

prendre une douche pour me remettre les idées en place, ensuite j’enfilai une robe mi- longue

noire serrée ainsi que des talons aiguilles noirs. Retournant devant le tableau, la Joconde était

revenue à sa place mais le fauteuil se mit à bouger, je tournai la tête et vis ma grand-mère. Je

criai d’un son très aigu et sortie de la chambre pour appeler quelqu’un, mais à priori personne

ne m’entendit. Je décidai alors de quitter l’hôtel et d’aller en direction du Grand Palais pour

défiler, en passant par les Champs-Elysées. Je vis ma grand-mère à chaque coin de rue, mais

seulement moi, la voyais. Arrivée au Grand Palais, je fus accueillie par une couturière qui me

fit essayer plusieurs robes. Après plusieurs essayages, je choisis une longue robe rouge vif

avec des strass qui étaient accompagnés de chaussures à talons hauts. Ensuite, une

coiffeuse s’occupa de ma longue et magnifique chevelure blonde, puis une maquilleuse se

chargea de mettre mes traits en valeur. Je commençai à être un peu stressée pour le défilé à

cause de ce qui se passait en ce moment avec ma grand-mère.

On m’annonça que je devrai passer sur scène dans trente minutes, j’en profitai pour

regarder ma beauté dans le miroir ayant peur de revoir ma grand-mère. Il était enfin temps

pour moi de passer sur scène. En défilant, je jetai un coup d’œil vers le public et vis ma

cousine qui habite en région parisienne et que je n’avais pas vu depuis trois ans, mais

également ma grand-mère… Hypnotisée par ça je marchai sur ma robe et heureusement pour

moi je ne suis pas tombée. Finalement, mon défilé fut très apprécié par l’agence qui souhaitait

retravailler avec moi sur le prochain défilé qui aurait lieu au palais de Monaco. J’allai voir ma

cousine Louise et lui expliquai mes problèmes en ce moment et ce qui venait de se passer.

Louise ne comprenait pas trop ce que je racontais car elle n’avait pas imaginé à quel point

cela pouvait encore me troubler. Elle décida de savoir où tout avait pu commencer et pourquoi

je repensais à ma grand-mère en ce moment.

Impossible de le savoir, j’étais dans ma bulle plus rien autour de moi n’existait jusqu’au

moment où Louise commença à me parler de ma grand-mère. On décida alors de prendre la

Mercédès de Louise et d’aller en direction du cimetière du Père Lachaise ou grand-mère fut

enterrée au côté de sa sœur, pour y déposer des fleurs. Ensuite on alla prendre un café pour

discuter. D’après ce que Louise avait compris, pour elle ce n’était qu’un cauchemar qui

m’envahissait énormément. Après avoir assez discuté, on décida de se diriger vers

l’appartement de Louise, on prit la voiture et on partit.

Page 10: AUX PORTES DE L’ETRANGE

Enfin arrivé chez elle, il se faisait déjà tard, j’enlevai mes longs talons aiguilles et me

posai devant la télévision. Je lui demandai d’enlever tous les tableaux et miroirs pour ne pas

voir ma grand-mère. Elle m’avait laissé une chambre pour moi toute seule donc je m’y installai,

je me faufilai dans mes draps et je m’endormis. Pendant la nuit, je n’ai eu aucun problème.

Mais le matin, en allant prendre mon petit déjeuner, je vis à nouveau ma grand-mère assise en

face de moi à la place de Louise. Je me mis à pleurer j’en avais marre, je ne comprenais pas ce

qu’il se passait. Louise me parla mais ce n’était pas elle que je voyais. Elle a compris tout de

suite ce qu’il se passait. Elle me dit que je n’avais toujours pas fait le deuil de ma grand-mère

à qui je tenais énormément et que je souffrais d’hallucination ! Etait-ce vraiment des

hallucinations ou ma grand-mère voulait-elle tout simplement être avec moi pour partager ces

moments merveilleux que je vivais ?

Fin

Page 11: AUX PORTES DE L’ETRANGE

Un livre mystérieux

Je rentre enfin chez moi après une heure passée dans les transports en commun.

Heureusement, que l’on est vendredi, je suis épuisée. Avant d’aller me coucher, je lis un livre,

trouvé dans une vieille librairie. Il raconte l’histoire d’un homme qui tue toutes les femmes tant

qu’il ne retrouve pas sa bien-aimée. Après avoir lu cette histoire qui m’a fait froid dans le dos,

je me suis endormie. Cette nuit-là, vers trois heures du matin, le livre se mit à tourner autour

de moi et le fantôme d’un homme impressionnant en sortit. Je me suis réveillée en sursaut

mais tout a disparu. Je pensai rapidement que j’avais rêvée et je me rendormie trente minutes

plus tard.

Le lendemain soir, je me couchais. Aux alentours de deux heures du matin, je sentis

une présence dans ma chambre, quelqu’un était en train de m’observer mais je n’arrivai pas à

ouvrir les yeux. Qui est-ce? Le lendemain matin, troublée par ces deux nuits étranges, je

décidai de mettre le livre dans une autre pièce. La nuit suivante, de nouveau vers trois heures

du matin, quelqu’un me regarda, cette fois- ci je réussis à ouvrir les yeux et découvris avec

surprise que c’était mon chat, India, qui s’était assis à côté du lit. Et si depuis le début je

délirais ? Si tout ça n’était que le fruit de mon imagination ? Je décidai quand même que

demain après le travail, je passerai à la librairie pour trouver des réponses à ces questions.

Lundi, je me dépêchai de quitter mon travail, et, rapidement j’aperçus au loin la

librairie. Je me hâtai, mais arrivée sur les lieux, je ne reconnus rien tant les rayons avaient

bougé, les vieux livres avaient été jetés, et même les vendeurs avaient changé. Je m’approchai

de l’un d’entre eux et je lui demandai s’il savait quelque chose sur le livre « l’homme le tueur »

il regarda sur son ordinateur et à part me dire que je l’avais acheté… ce que je savais déjà, il

ne me dit rien d’autre d’utile. Après cet échec je décidai de chercher sur internet la biographie

Page 12: AUX PORTES DE L’ETRANGE

de l’auteur, mais, encore une fois, aucune trace de ce « Bernard Farshtey », et puis après tous

ces échecs, je décidai de manger, puis d’aller me coucher. Vers trois heures du matin, je sentis

encore quelqu’un m’observer, je pensai d’abord à mon chat, mais quand une voix masculine,

forte, et puissante raisonna dans ma tête je n’avais plus aucun doute le fantôme était de

retour ! J’ouvris les yeux, j’essayai de crier mais rien. L’homme tenait un pistolet, il voulait me

tuer, comme toutes les autres femmes. Il s’approcha déterminé et puis soudain plus rien ! Le

lendemain, je pris une semaine de congé et partis chez mes parents en Bourgogne pour me

détendre. Ils furent ravis de m’accueillir. Mon père rouspéta de me savoir encore seule, tandis

que ma mère me prépara de délicieux repas car selon elle j’étais trop maigre. J’étais très

heureuse de les revoir cela faisait plus de six mois que je ne les avais pas vus. Nous sommes

allés nous promener, nous nous sommes baignés dans une rivière, on a bien ri ! Durant cette

semaine, je n’eu aucun mal à dormir et je ne vis plus le livre. Alors après cette agréable

semaine, je rentrai à Paris. Épuisée par la route, je ne tardai pas à me coucher mais dans la

nuit le livre se remit à tourner autour de moi, je voulais tout arrêter alors j’essayai d’attraper le

livre mais je n’y arrivai pas. Le lendemain matin, je voulais que tout redevienne comme avant !

Je pris le livre, j’allumai la cheminée et je lançai le livre dedans. Depuis, rien d’étrange ne se

manifeste dans ma chambre. Je commence à mieux dormir la nuit, je ne vois plus le fantôme !

Je suis très contente et je vais plus souvent voir mes parents, et j’ai trouvé l’amour pour le plus

grand bonheur de mon père !

FIN

Page 13: AUX PORTES DE L’ETRANGE

Un mail étrange …

Pendant mes années au collège, je vivais une période très difficile de ma vie, j’étais

devenu le souffre-douleur de beaucoup d’élèves à cause de leur meneur, Éric, pour des raisons

inconnues encore aujourd’hui ! Il s’en prenait à moi, insultes, coups en douce pour me

ridiculiser, moqueries quotidiennes, parfois même des coups. Je partais au collège la boule au

ventre, paniqué à l’idée de ce que la journée aller me réserver, je dormais mal, ne mangeais

plus, la solitude et la peur étaient mon quotidien.

Un soir, alors que j’étais dans ma chambre, l’électricité s’est coupée dans toute la

maison, mes parents cherchaient en vain d’où venait le problème, nous étions les seuls

concernés dans le quartier. J’étais allongé sur mon lit, plongé dans le noir, l’air semblait

devenir lourd, j’étais mal à l’aise, je respirais de plus en plus difficilement, quand d’un coup

mon ordinateur s’est allumé, chose impossible sans électricité.

Ma peur grandit, j’étais paralysé mon corps ne répondait plus.

Soudain le son strident d’un mail reçu retentit, au même moment les lumières se sont

rallumées, la vie semblait reprendre dans la maison comme par magie…

Curieux et intrigué, je me levais péniblement, me demandant encore ce qu’il venait de

se passer et surtout d’où venait ce mail. L’expéditeur était inconnu, le mail ne contenait qu’un

lien permettant d’accéder un site : « TODAY IS THE END »

J’étais comme hypnotisé, tout ce que je pouvais lire sur ce site, semblait être mon histoire,

mon quotidien… Après plusieurs minutes une fenêtre s’est ouverte me demandant de raconter

mon histoire, comme un journal intime. Sans réfléchir mes doigts sur le clavier, je racontai tout

de mon harcèlement, c’était très libérateur de pouvoir se confier, je me sentais plus léger,

presque euphorique.

Page 14: AUX PORTES DE L’ETRANGE

Mais je m’aperçus rapidement que je ne contrôlais plus ce que j’écrivais, mes doigts

n’écoutaient plus mon cerveau, c’est ainsi que je découvris que mes derniers mots avaient

été : « la mort d’Éric, renversé par une voiture ». J’étais terrorisé par ces mots ! Surtout qu’il

m’était impossible de les supprimer.

Cette nuit-là, impossible de trouver le sommeil, les événements de la soirée n’arrêtaient

pas de tourner dans ma tête, de plus j’avais l’étrange impression de ne pas être seul dans ma

chambre.

Le lendemain à mon arrivée au collège, je fus surpris de voir plusieurs voitures de

police, les pompiers et une ambulance qui partirent à toute vitesse. Curieux, je m’avançai vers

d’autres garçons qui semblaient sous le choc, j’appris avec horreur qu’Éric venait de se faire

renverser par une voiture, son cœur s’était arrêté, mais par chance les secours étaient

intervenus rapidement et ils avaient pu le réanimer. J’étais sans voix, c’était impossible, j’avais

écrit exactement la même scène, je n’y croyais pas, je fus pris de nausées et de vertiges :

c’était de ma FAUTE !!!

Je fis alors un malaise. Je me réveillais chez moi, dans mon lit, ma mère à mes côtés, qui me

rassura sur l’état d’Éric, qui se remettrait sans séquelles.

Je voulais comprendre ce qui m’était arrivé, après plusieurs recherches sur internet, je

découvris que je n’étais pas le seul à avoir vécu ce genre d’expérience, mais personne ne

semblait avoir de réponses, que des questions ….

Le site de la veille, ainsi que le mail avaient disparu … Plusieurs personnes racontaient

la même histoire, des étranges esprits vengeurs, aussi fou que cela puisse paraître, j’y croyais.

Je n’avais pas pu tout inventer ou rêver !

Quelques jours plus tard, je reçu un nouveau mail, expéditeur inconnu, pas d’objet juste

ces quelques mots : « Es-tu heureux maintenant ? » Un frisson parcouru mon dos, la peur me

figea, je tremblais… quand soudain le mail disparu ! Je ne saurais pas expliquer ces

événements, mais après cela, je n’ai plus jamais eu de problèmes, et j’évite au maximum

d’ouvrir des mails avec des expéditeurs inconnus.

ARE YOU HAPPY NOW ?

Fin

Page 15: AUX PORTES DE L’ETRANGE

LACHAISE MAUDITE

Il y a très longtemps, ma mère me raconta une étrange histoire qu’il lui arriva l’année de

ses dix ans. Elle était allée avec son père rechercher un cadeau pour l’anniversaire de sa mère.

Elle séjournait à Thirsk pour ses vacances, une ville du North Yorkshire au Nord de

l’Angleterre. Tous deux, déambulaient dans les rues de la ville quand elle vit dans une vitrine

une chaise. Cette chaise, en chêne massif, semblait confortable : le dossier était haut et

l’assise élargie. La forme était légèrement cintrée. Le piétement était en bois tourné et

donnait à l’ensemble une allure royale. La chaise avait encore des bras qui semblaient

attendre l’heureuse élue qui pourrait ainsi se reposer. Elle dit alors à son père « Oh papa, ce

serait un cadeau magnifique pour maman ! Qu’en penses-tu ? On rentre dans le magasin ? »,

supplia-t-elle. Celui-ci, avare de mots, se contenta de franchir le seuil du magasin d’antiquité.

Ils furent accueillis par le brocanteur, heureux de voir enfin des clients, en cette fin de saison

automnale. Il proposa la chaise pour un prix modique de cent neuf livres sterling. Son père

discuta le prix et il fut surpris de l’obtenir pour la moitié de sa valeur ! Satisfait de leur achat,

ils repartirent retrouver ma grand-mère.

Cette dernière fut ravie de cette acquisition. Elle eut un anniversaire magnifique où tous

ses amis vinrent l’honorer mais son plus grand plaisir fut cette chaise. Elle n’attendit pas

d’ailleurs pour profiter de ses bienfaits, elle s’installa en bout de table, assise comme une

reine. En fin de soirée, tous les convives repartirent chez eux et ma mère et ses parents

allèrent se coucher, satisfaits de cette excellente fête.

Le froid de la pierre des escaliers en marbre la réveilla tout à fait car elle avait oublié

ses pantoufles, elle marchait pieds nus. Elle découvrit un étrange spectacle : deux hommes

étaient en train de se disputer la chaise. On la voyait passer d’une main à l’autre. Ce qui l’a

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surpris, ce fut leurs habits, ils semblaient d’une toute autre époque. Nous étions alors en

novembre 1970, et ces deux personnages étaient habillés étrangement ! Chaque homme avait

un justaucorps, des culottes courtes, une longue veste, et l’un des deux portait un jabot blanc.

Les vestes, de brocart, étaient très ajustées en haut, et en bas, elles s'évasaient du corps,

laissant une place à l'épée pour descendre jusqu'au genou. Les manches étaient ajustées et

ornées de galons. La chemise se portait avec un gilet aussi long que la veste à boutonnage

serré et avec des poches basses. Ces hommes mettaient, sous leurs culottes serrées juste en

haut des genoux, des bas de soie (en couleur pour le plus riche). Les chaussures plates et

noires avec une boucle finissaient la tenue.

Ils continuaient de se disputer, sans avoir pris en compte la présence de l’enfant.

Cependant, ma mère, pris de panique fit volteface pour prévenir ses parents et en partant elle

trébucha et heurta la poignée de la porte de la salle à manger. Les deux fantômes, car il s’agit

bien de cela, s’arrêtèrent, la regardèrent et disparurent. La chaise tomba lourdement sur le sol,

se renversa et gît ainsi, telle la victime d’une lutte infernale.

Réveillée par le bruit, mes grands-parents la rejoignirent et lui demandèrent ce qui

venait de se passer. Celle-ci leur expliqua mais ils ne prirent pas en compte son galimatias et

ils lui demandèrent de se recoucher. Ma mère retourna se coucher, furieuse qu’on ne prenne

pas la peine de l’écouter. Elle s’endormit. Le matin, elle fut réveillée par le chant des oiseaux,

elle retrouva ses parents pour prendre son petit déjeuner. Sa mère, installée sur sa chaise,

buvait son café chaud accompagné de toasts avec de la marmelade. Personne ne parla de

l’incident de la veille.

Elle crut voir l’un des deux hommes belliqueux ! Que pouvait lui vouloir cette ombre

nocturne ? Le vieil homme était maigre et sec, avec des rides comme des coups de couteau

sur la nuque. Sous une tignasse noire et frisée, il n’avait qu’un sourcil en deux ondulations au-

dessus d’un nez légèrement tordu vers la droite, et assez fort, mais heureusement raccourci

par une moustache épointée qui cachait sa lèvre ; enfin ses yeux jaunes, bordés de cils

sombres, n’avaient pas un instant de repos, et ils regardaient sans cesse de tous côtés,

comme ceux d’une bête qui craint une surprise. De temps à autre, un tic faisait brusquement

remonter ses pommettes, et ses yeux clignotaient trois fois de suite. Ma mère, prise de

panique, osait à peine respirer. Le spectre s’approcha d’elle, il mit la main à sa poche de sa

veste et retira un billet qu’il glissa sous l’oreiller de la fillette. Celle-ci, à son approche ferma

les yeux pour occulter ce moment terrifiant. Sans qu’elle s’en rende compte, elle s’endormit

immédiatement. Quand elle se réveilla le lendemain, elle crut avoir rêvé. En faisant son lit, au

moment de glisser ses doigts sous son oreiller pour le rajuster, elle trouva le billet de banque !

A cet instant, les souvenirs nocturnes ressurgirent et elle comprit qu’elle n’avait pas rêvé.

Cependant, elle décida de ne pas en parler à ses parents. Elle mit dans sa boîte à secret ce

billet venu d’un autre monde.

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Elle tira par la manche son père qui restait au chevet de sa femme tel un zombie, il

semblait avoir perdu toute joie de vivre, ses yeux cernés gardaient les traces de larmes amères

qu’il avait versées. « Il faut que tu viennes avec moi. » lui dit-elle. Elle l’entraina dans sa

chambre où elle lui montra son billet de banque.

Ce dernier fut surpris de voir dans ses mains un billet d’une livre sterling émis par la

Langbaurgh Old Bank, une monnaie fiduciaire émise à titre privé utilisée comme moyen de

paiement à travers la province du Yorkshire, au XVIIIème siècle. « Comment as-tu eu ce billet ?

» demanda-t-il. Elle lui expliqua son expérience nocturne et lui dit que cette chaise était

certainement la cause de tout leur malheur ! Elle avait peur que son père ne l’écoute pas, elle

finit en lui demandant de retourner voir le brocanteur qui en savait certainement plus sur ce

siège maléfique. Il se dit que cela ne coûterait rien d’aller voir le commerçant. Sitôt dit, sitôt

fait.

Ils arrivèrent trente minutes plus tard devant la devanture. Ce n’était plus le siège qui

trônait dans la vitrine mais un masque Guêré de Cote d’Ivoire, ce masque africain était réputé

pour appeler les esprits. Le front était bombé, le nez empâté, les yeux globuleux encadrés d’un

trait sanguinolent qui semblait regarder fixement les deux arrivants. Ma mère se rappelle

encore du frisson qui la parcourut devant cette pièce où une large bouche agrémentée de

dents disparates, semblait lui souffler ce message funeste, « il est trop tard ! » Elle tint

fermement la main de son père et tous deux se dirigèrent vers le brocanteur. Quand il les vit et

que mon grand-père posa le vieux billet, ce dernier blêmit, on aurait dit que tout son sang avait

quitté son corps. Ces lèvres frémirent, se pincèrent mais un son sortit enfin pour raconter une

étrange histoire.

« Cette chaise a une sombre histoire » leur dit-il sans oser les regarder dans les yeux. Il

poursuivit : « Thomas Busby, à la fin du XVIIème siècle, tint une taverne. Il y rencontra, un jour,

Daniel Awety, faux-monnayeur et faussaire notoire, qui s’installa près du village, à Danotty

hall, une ferme au sommet d’une colline. Très rapidement les deux hommes devinrent des

compères inséparables. Busby devint rapidement son gendre en se mariant avec sa fille

unique, Elisabeth. Ce dernier était un homme très colérique. Il avait la réputation d’être un

tyran, un ivrogne et un malfaiteur. Un jour, en rentrant dans l’auberge qu’il tenait avec sa

femme, il découvrit son beau-père assis dans son fauteuil préféré. Il rentra dans une terrible

colère, et les deux hommes se disputèrent violemment. Daniel le menaça de reprendre sa fille

et de la ramener à Danotty Hall et le visage de Thomas Busby devint blanc. Il ne répondit rien

mais son regard était lourd de menaces. La nuit même, il alla voir son beau-père pour le

raisonner. Mais rien n’y fit, la dispute reprit son cours et, finalement il défonça le crâne de son

beau-père à coups de marteau. Il cacha le corps dans les bois et reprit le cours de sa vie. La

fille de Daniel, très inquiète de ne plus voir son père, prévint les autorités. Ils finirent par

retrouver son corps et son beau-fils fut arrêté et condamné à être pendu. Thomas était en

chemin vers la potence quand avisant son auberge, il demanda à boire une dernière bière,

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assis sur sa chaise. Alors, comme il avait le droit à une dernière volonté, cette faveur lui fut

accordée. Une fois sur place, il s’assit sur son siège, et il déclara d’une voix forte, pour que

tous l’entendent : « Que la mort foudroie tous ceux qui oseront s’asseoir sur ma chaise ».

Le brocanteur s’arrêta, s’ensuivit immédiatement un silence de mort. Il n’osait affronter

le regard de mon père. Ce dernier finit par exploser « comment avez-vous osé vendre cette

chaise ? Ma femme est malade ! » Le vendeur, balbutia « je ne voulais pas croire à un tel

délire ! » Mon père, mit sa main de telle façon qu’il se taise, il prit sa fille et rentra à la maison.

Il laissa ma mère auprès de ma grand-mère et il repartit avec la chaise chez le brocanteur. Il la

lui rendit en lui disant « priez pour qu’il n’arrive rien à ma femme et qu’elle puisse guérir ! »

Son regard noir en disait plus que toutes les paroles au monde. Le brocanteur, exténué par

tant d’émotions, s’assit sur un tabouret en évitant la chaise fatale !

La petite famille repartit une semaine plus tard à Londres, pour reprendre le cours de

leur vie. Ma grand-mère put guérir, les médicaments jouèrent enfin leur rôle. Ma mère dormit

les nuits suivantes, du sommeil du juste. Elle n’oublia, cependant jamais, ces vacances hors du

temps.

A vingt ans, elle refit des recherches sur cette chaise maudite. Elle apprit ainsi qu’après

la mort de cet homme, l’auberge de Thomas Busby fut rebaptisée de son nom et de

nombreuses personnes affirmèrent avoir vu son fantôme. Sa chaise, qui était réputée hantée,

avait été laissée à sa place. Elle avait été surnommée « Le Fauteuil de la Mort. » La légende

rapporte qu’à la fin du XVIIIe siècle, la chaise avait été responsable d’une dizaine de morts. En

1894, un ramoneur et son camarade s’arrêtèrent pour boire au Busby Stoop. Avisant la chaise

libre, le ramoneur s’y assit sans une hésitation, puis il déclara qu’il se sentait parfaitement

bien. Après avoir quitté le pub, il se coucha sur le bord de la route pour y passer la nuit. Le

lendemain matin, il fut retrouvé pendu par le cou à un portail, juste à côté de l’ancien gibet de

Busby. L’enquête conclut à un suicide.

Dans les années 1940, en face de l’auberge, se trouvait un aérodrome qui servait de

base à quatre escadrons de la Royal Canadian Air Force. Les militaires avaient l’habitude

d’aller boire à la taverne tout proche, et ils commentaient tous l’histoire de la chaise maudite.

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Au cours de la Seconde Guerre mondiale, de tous les aviateurs qui s’y assirent, aucun ne

rentra jamais chez lui. En 1967, deux pilotes de la RAF décidèrent de tenter le sort. Un peu

plus tard, leur voiture heurta un arbre et les deux hommes perdirent la vie sur le chemin de

l’hôpital.

En 1968, Tony Earnshaw, un homme qui n’avait rien de superstitieux, racheta la vieille

auberge. Il connaissait les rumeurs sur la chaise maudite, mais il les jugeait aberrantes.

Plusieurs incidents allaient l’obliger à revoir son jugement. Un jour, un homme décida de

s’asseoir sur la chaise maudite et il mourut d’une crise cardiaque au cours de la nuit suivante.

A une autre occasion, alors qu’elle essuyait le fauteuil, une femme de ménage glissa et tomba

dedans. Elle mourut peu après d’une tumeur au cerveau. Tous les motocyclistes et les

cyclistes qui utilisèrent la chaise de Thomas Busby furent ensuite impliqués dans des

accidents mortels.

Tony Earnshaw donna sa chaise au brocanteur du village. Ce dernier, après les

désagréments qu’il eut avec un client décida de donner sa chaise au musée de Think. Il décida

d’offrir la chaise maudite au musée de la ville de Thirsk, à condition que le musée ne laisse

jamais personne s’asseoir dessus, et la promesse lui fut donnée qu’il serait fait selon son

souhait. Pour éviter tout risque inutile, le musée suspendit la chaise au plafond, là où

personne ne pourrait plus jamais tester la véracité de la malédiction de Thomas Busby. Mais

même si sa chaise favorite ne se trouvait plus dans l’auberge, le fantôme de semblait toujours

hanter les lieux et il comptait bien y rester.

Ma mère décida d’oublier cette histoire mais elle se demanda tout de même pourquoi la

chaise avait épargné sa mère. C’est un mystère qui n’aura jamais de réponse. Thomas Busby

aurait-il un faible pour la gente féminine !

Fin