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Autrefois, le monde des animaux vivait comme

des êtres humains. A l’instar des hommes, leur société était régie par des règles et des principes. Rien ne s’imposait par la force. La législation en vigueur interdisait toutes formes de violences si bien que la paix régnait. Partout, la concorde était bien entretenue. Malgré leur diversité, ils étaient tous respectueux des usages de leur société. On eut dit qu’à cette époque, Dieu leur avait inspiré la même intelligence que chez les hommes.

Avec l’évolution du temps, des changements s’opéraient dans leur manière de procéder pour la désignation de ceux qui devaient les diriger. Au temps jadis, c’était par simple consensus que cela se faisait. Ce procédé bien conçu permettait surtout d’éviter des heurts qui créent des dissensions qui génèrent des rancœurs tenaces. Et par précaution, ils avaient prévu des garde-fous. Tout le monde n’était pas habilité à participer à la délibération pour la désignation de celui qui devait tenir le haut du pavé. Des vieillards réputés sages sélectionnés étaient les seuls autorisés à faire partie du collège des notabilités qui avaient compétence de s’acquitter d’une telle tâche. Il y avait des représentants pour chaque espèce.

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Même au niveau de tous les paliers de la hiérarchie, c’était le même procédé et tout se passait bien.

Grâce au procédé idoine conçu pour le choix de leurs dirigeants, durant des siècles, le monde des animaux vivait en parfaite harmonie. Les usages qui avaient force de loi obligeaient tout le monde à avoir la culture qui tend à faire régner l’entente et surtout à se montrer respectueux envers leur chef. Si tout était pareil partout, la paix allait régner en maître sous tous les cieux.

Un jour, une gazelle affamée, sans appréhender les risques, alla brouter les herbes dans un pré qui longeait une grande agglomération des hommes. En ce moment précis, toute la population de cette agglomération était en une grande assemblée. Pour bien se faire entendre, chaque intervenant prenait le micro et l’écho de sa voie parvenait dans le lointain. En paîtrant dans les herbes subrepticement, la gazelle entendait tout ce qui se disait. Il était question d’élire un chef de canton et il fallait trouver la manière de procéder pour ne pas que l’élu soit désigné à l’hostilité générale.

Presque tous les intervenants prônaient l’innovation de la procédure. Par le passé, c’était du père au fils et cette sorte de dynastie donnait l’impression que la chefferie était l’apanage d’une même famille. Le souhait de la majorité était de procéder par la démocratie. Et ce mot démocratie était une expression nouvelle qui avait besoin d’être bien expliquée pour la bonne compréhension de son sens. Et selon les arguments avancés, par cette procédure, c’est tout le monde qui participe à la désignation de celui qui doit être en leur tête. Et par ce fait, chacun

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était tenu de se soumettre à ses ordres et de lui vouer un respect certain.

Quand les gens épiloguaient sur les raisons qui les motivaient à faire une telle option, la gazelle, après avoir brouté, s’était pelotonnée à l’orée du pré pour bien suivre ce qu’ils disaient. Le choix préconisé par les hommes charmait son esprit. En analysant l’univers de leur choix, elle se disait que c’était la meilleure façon d’empêcher des dirigeants incompétents de s’éterniser au pouvoir et surtout de permettre à tout le monde d’exprimer son désir. Avec un tel système politique, personne ne peut s’imposer par la force, c’est seule la volonté populaire qui forge la décision. Après avoir écouté attentivement tout ce que les hommes disaient, la gazelle se retira furtivement. S’il y avait un chasseur qui rôdait autour, il l ’aurait cueillir froidement.

A cette époque, c’était Gui, la panthère, qui était le roi des animaux. Comme son choix n’avait pas occasionné des conflits, elle était unanimement respecté. Partout, son autorité ne souffrait de rien. Intelligent à souhait, elle avait de l’aura. Bien que faisant partie des carnivores, devenu chef suprême du monde des animaux, elle avait changé ses habitudes alimentaires pour ne pas s’aliéner l’estime de ses administrés. Elle ne se nourrissait désormais que de feuilles et de fruits crus. Et ainsi, toutes les espèces qui lui servaient de proie ne le craignaient plus. Comme elles faisaient partie du peuple qu’elle dirigeait, elle les considérait toutes comme des congénères. Issu d’un groupe minoritaire, la p anthère se gardait surtout de compromettre sa situation en posant des actes ignobles qui pouvaient

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provoquer la désaffection du peuple à son égard. La prudence le caractérisait.

Avec les principes établis, tous ceux qui l’ont précédé s’étaient éternisés au pouvoir bien que certains furent de piètres dirigeants. Tant que les sages n’étaient pas unanimes pour leur destitution, quelles que soient leurs manières de conduire les affaires, aucune autre force ne pouvait les démettre. Et généralement, c’étaient les carnivores que le sort favorisait pour tenir la barre.

Gui, la panthère, réputée bon dirigeant, n’avait pas encore atteint la soixantaine quand une maladie infectieuse commença à altérer sa santé. Cette maladie contagieuse avait, en peu de temps, affecté tous ses poumons. Elle ne pouvait pas passer plus de trente minutes sans être secouée par des quintes de toux sèche. Et dès lors, craignant d’être contaminés, tous ses collaborateurs se gardaient de l’approcher. Cela posait problème. En dépit des soins intensifs qu’elle suivait, elle s’étiolait de jour en jour. Le mal était pernicieux et compte tenu de son état de santé très défectueux, elle était contrainte de se démettre de ses fonctions. La sagesse l’exigeait. Il était alors question de choisir un autre chef qui devait lui succéder, bien qu’elle soit encore vivante.

Les postulants étaient légion et les choses devaient se passer comme à l’accoutumée. Seuls les sages coptés détenaient le pouvoir de décision pour le choix du chef. Pendant que Gui luttait contre la mort, tous ceux qui nourrissaient le désir de lui succéder se battaient pour avoir la faveur des opinions. Chacun cherchait, par des manières détournées, à circonvenir les décideurs. Ce qui retardait le jeu était que, la tradition interdisait formellement que le tenant du

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pouvoir sache de son vivant celui qui doit le remplacer. Gui, la panthère, bien que trop rongée par la maladie, résistait toujours à la mort.

La gazelle, émerveillée par la nouvelle méthode conçue par les hommes pour le choix de leurs dirigeants qui consistait à faire participer tout le monde à la prise de décision par le biais des urnes, alla nuitamment voir Sroukou, le lion, pour qu’il cherche des voies et moyens qui pouvaient amener tout le monde à épouser cette méthode. Quand elle eut fini d’exposer les avantages théoriques de cette méthode, le lion, d’abord sceptique, leva sur lui un regard plein d’éloquence. L’expression de son visage faillit amener la gazelle à se dédire. Une vague crainte le fit frissonner. Quand on sait que le lion faisait partie des espèces qui ont la pugnacité, elle avait donc raison de craindre ses réactions.

Etant l’une des notabilités influentes du pays, avec le procédé en vigueur, le lion avait quelque chance de parvenir lui-même au pouvoir. Or, avec la nouvelle méthode que préconisait la gazelle, il fallait avoir une réputation qui n’était pas entachée de flétrissure. Selon sa nature, au sein de la société, il était comme un épervier parmi les galliformes. En suivant l’option que lui indiquait la gazelle, s’il était ambitieux, son ascension serait difficile. Pour avoir la faveur des suffrages, beaucoup de critères entrent en jeu. En plus des moyens financiers, il faut jouir d’une bonne réputation. Si c’était par la violence, il pouvait augurer d’une bonne chance. Il n’avait pas besoin de trop réfléchir pour se rendre à l’évidence que cautionner l’initiative de la gazelle c’est mener une action qui va inéluctablement militer en sa propre défaveur. « Pourquoi veux-tu que l’on rende caduc le

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système établi ? Lui demanda-t-il avec ton qui révèle un sentiment. La gazelle, un peu troublée, baissa la tête et dit :

– La démocratie est un régime politique où la souveraineté est exercée par le peuple. Elle est mieux que notre régime en vigueur qui est une monarchie, lui expliqua-t-elle la raison fondamentale qui motivait son choix. Non convaincue par la raison évoquée, le lion fronça les sourcils et dit :

– Selon toi, quels sont les inconvénients d’un régime monarchique ? Lui demanda-t-il par une question insidieuse. La gazelle marqua un petit moment d’inertie avant de répondre à sa question. Il lui fallait trouver des arguments convaincants.

– C’est une forme de gouvernement où le pouvoir est détenu par un seul individu. Et nous n’avons pas de constitution qui limite ses pouvoirs. Et ce qui est encore aberrant dans notre système est le fait que ceux qui sont habilités à choisir les dirigeants ont tous un avenir qui se conjugue au passé. Les jeunes et les adultes qui constituent les forces vives sont exclus des centres de décision, lui fit-il remarquer. Le lion faisait agiter sa tête quand la gazelle détaillait les imperfections du régime et du mode de désignation des dirigeants. Il avait perçu le bien-fondé de sa proposition.

– Je suis partant pour jouer ma partition », exprima-t-il son adhésion au souhait de la gazelle. Dès lors, tous décidés à mener ce combat ardu, quand ils se sont quittés, chacun de son côté, sans différer, commença à faire des actions systématiques sur l’opinion publique pour s’assurer du soutien populaire. En peu de temps, ils avaient réussi à répandre à tous les échos, leur idée novatrice pour

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faire cause commune avec tout le monde. La gazelle était épaulée dans ses démarches par toutes les espèces de condition inférieure et qui constituaient la majeure partie de la population. Le fait que le lion défendait lui aussi cette cause rassurait les espèces de son genre.

En un temps record, l’avènement de la démocratie avec son cortège de pluralisme politique annihila les usages qui étaient ancrés dans les habitudes comme un hauban qui assure la rigidité d’une construction. Pour être chef désormais, il faut avoir la faveur des opinions qui s’exprime par le biais des urnes. Les sages n’avaient plus la compétence d’imposer leur choix à la majorité silencieuse. Sans mesurer les conséquences d’un tel procédé pour choisir un chef, tout le monde applaudissait. Personne ne pensait aux discordes qu’il pouvait entraîner. Même le renard, le loup, le jaguar, l’aigle,… etc, dont l’impopularité était notoire à cause de leur manière d’être avaient, eux aussi, salué l’avènement de cette nouvelle méthode qui exige beaucoup de qualités à un postulant pour avoir l’estime des supporters, sans faire un calcul bien pensé.

L’état de santé de la panthère s’aggravait toujours de jour en jour. Rongée jusqu’aux os, c’est à peine qu’elle se déplaçait. N’eurent été les adjuvants que ses médecins traitants ajoutaient aux anticorps en le soignant, elle n’allait pas sans doute lutter longtemps contre la mort. De la cheville jusqu’au cou, l’on voyait comment la charpente de son corps était constituée. C’est la toux qui semblait surtout déterminée à précipiter son départ pour l’au-delà. A tous moments, elle la secouait sans pitié. Comme selon les règles établies, tant que ce squelette vivant n’a pas rendu l’âme, l’on ne devait pas choisir son