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Medecine & Culture SOMMAIRE EDITORIAL E. Attias ALLERGOLOGIE Introduction : E. Attias 1 Journée Toulousaine d’Allergologie Pr A. Didier, M. Migueres, J. Dakhil, F. Rancé, A. Juchet, A. Chabbert-Broué, G. Le Manach 2 Les Allergènes Recombinants L. Van Overvelt 12 LE SYNDROME OBESITE - HYPOVENTILATION S. Pontier, F. Fournial, L. Adrover 15 L’ORTHESE D’AVANCEE MANDIBULAIRE G. Vincent 21 IMAGERIE DE L’AORTE ABDOMINALE M. Levade, D. Colombier 24 LES 50 ANS DE LA CLINIQUE PASTEUR F. Berthoumieu, J.P.Deymier 27 LES MEDECINS PHILOSOPHES E. Attias, H. Labarthe 29 MUSIQUE : Le Piano P. Y. Farrugia 44 NOUVELLES : Les Cénobites tranquilles, OK J. Pouymayou 46 LES LIVRES 48 Association Médecine et Culture 9, rue Alsace-Lorraine - 31000 Toulouse Directeur de la publication : E. Attias G.N. Impressions - 31620 Bouloc ISSN 1772-0966 NUMÉRO 7 Décembre 2007 Les médecins philosophes blog : www.medecineetculture.typepad.com Illustration de couverture : Henri Obadia - Conception : Légendes.

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EDITORIALE. Attias

ALLERGOLOGIEIntroduction : E. Attias 1

Journée Toulousaine d’AllergologiePr A. Didier, M. Migueres, J. Dakhil,

F. Rancé, A. Juchet, A. Chabbert-Broué,

G. Le Manach 2

Les Allergènes RecombinantsL. Van Overvelt 12

LE SYNDROME OBESITE -HYPOVENTILATIONS. Pontier, F. Fournial, L. Adrover 15

L’ORTHESE D’AVANCEEMANDIBULAIREG. Vincent 21

IMAGERIE DE L’AORTEABDOMINALEM. Levade, D. Colombier 24

LES 50 ANS DE LACLINIQUE PASTEURF. Berthoumieu, J.P. Deymier 27

LES MEDECINS PHILOSOPHESE. Attias, H. Labarthe 29

MUSIQUE : Le PianoP. Y. Farrugia 44

NOUVELLES :Les Cénobites tranquilles, OKJ. Pouymayou 46

LES LIVRES 48

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NUMÉRO 7

Décembre 2007

Vous pouvez retrouver la revue sur le blog :http://www.medecineetculture.typepad.com

Les médecinsphilosophes

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EDITORIALE. Attias 1

SPORT ET MEDECINEF. Carré, D. Rivière, A. Didier,E. Garrigue, B. Waysenson 2

LE SPORT EST-IL DANGEREUXPOUR LA SANTE ?D. Rivière 18

SPORT : SOCIETE ET ECONOMIEE. Attias 21

REFLEXIONS SUR LE SPORTE. Attias, R. Toledano-Attias 27

INTERVIEWS. Figuès, M. Salvetat, F. PelousM. Giraud, M. Demont 30

MILON DE CROTONJ. Pouymayou 38

SCULPTUREJ. Migueres 39

LES LIVRES 40J. Arlet

CINEMAG.-C. Rochemont 42S. Mirouze 44S. Souchu 46

MUSIQUES. Krichewsky 48

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ISSN 1772-0966

NUMÉRO 3

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Sport et MédecineRéflexions sur le sportSport et MédecineRéflexions sur le sport

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EDITORIALE. Attias

L’OBÉSITÉ J.P. Louvet, P. Barbe 1

POIDS, TROUBLES DUCOMPORTEMENT ALIMENTAIREET FONCTION OVARIENNEJ.P. Louvet, A. Bennet 12

LA GASTROPLASTIEF. Branet-Hartmann, Ch. Rouby,A.M. Salandini, J.H. Roques 14

LE CONCEPT D’ALEXITHYMIEM. Tardy, J.Ph. Raynaud 17

LE DOSSIER MÉDICAL PERSONNELV. Laurent 19

LE CORPSD. Le Breton, E. Attias,R. Tolédano-Attias, L. Piétra,S. Beroud, H. Obadia, I. Le Ray 22

ENTRETIEN : Pr Paul Léophonte 41

LE BALLET DU CAPITOLEDE TOULOUSE 45

LES LIVRES 49

NOUVELLE : LES CROISSANTSJ. Pouymayou 50

CINEMAS. Souchu 50

PEINTUREH. Obadia 52

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ISSN 1772-0966

NUMÉRO 5

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EDITORIALE. Attias

NOUVEAUTÉS EN CARDIOLOGIEJ.P. Albenque, A. Bortone, N. Combes,E. Marijon, J. Najjar, Ch. Goutner,J.P. Donzeau, S. Boveda,H. Berthoumieu, M. Charrançon

M. Galinier, M. Elbaz, J. Amar

B. Farah, J. Fajadet, B. Cassagneau,J.P. Laurent, Ch. Jordan, J.C. Laborde,I. Marco-Baertich, L. Bonfils,O. Fondard, Ph. Leger, A. Sauguet

J.-P. Miquel, N. Robinet,B. Assoun, B. Dongay

D. Colombier 1

NOUVEAUTÉS PHARMACEUTIQUES 35

LE CŒUR DANS TOUS SES ÉTATSR. Tolédano-Attias, L. PiétraG. Pirlot, Y. Glock 37

NOUVELLE : Dix jours en OctobreJ. Pouymayou 49

THEATRE ET SOCIETE : de Sophocole à KoltèsCh. Marc 50

LES LIVRES 53

TOUBIB JAZZ BAND ?L. Arlet 54

HOMMAGE : Albert RichterE. Attias 55

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ISSN 1772-0966

NUMÉRO 6

Juin 2007

Le cœurdans tous ses états

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ISSN 1772-0966

NUMÉRO 4

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Ronchopathieet Apnées du sommeil

La Superstition

Ronchopathieet Apnées du sommeil

La Superstition

EDITORIALE. Attias 1

RONCHOPATHIE ET APNEES DU SOMMEILT. Montemayor, M. Tiberge, B. Degano, Ed. Attias, J. Amar, A.M. Salandini , Ch. Rouby, F. Branet, J.R. Rouane, A. Didier, K. Sedkaoui, F. Fournial 2

NOUVEAUTES PHARMACEUTIQUES 20

PROCES MEDICAUX EN FRANCEL. Vincent 23

LA SUPERSTITIONE. Attias, L. Piétra, N. Salandini,E. Toniutti, Ch. Raspaud,L. Remplon 24

NOUVELLE : LES SYBARITESJ. Pouymayou 41

HUMOUR 42

LES LIVRES 43

REFLEXIONS SUR...LA PHOTOGRAPHIEL. Arlet 44

MUSIQUES. Krichewsky, D. Descouens 45

CINEMAS. Souchu 47

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La partie culturelle de ce numéro s’est intéres-sée aux médecins philosophes de la période médié-vale tandis que la partie médicale s’est construiteautour de plusieurs thèmes.Chaque aspect de la vie quotidienne est concerné parl’immuno-allergologie et des progrès significatifssont à noter, tant sur le plan fondamental que sur leplan épidémiologique, clinique et thérapeutique. Ilnous a donc paru utile de publier les actes de laJournée Toulousaine d’Allergologie organisée le 17mars 2007 par l’Association des Allergologues de larégion Toulousaine.Le syndrome obésité-hypoventilation décrit il y a 50 ans comme une rareté, est considéré actuellementcomme une cause non négligeable d’insuffisancerespiratoire chronique et connaît une expansion enraison du nombre grandissant d’obèses dans les paysoccidentaux. Sa prise en charge est importante tantpour l’amélioration de la qualité de vie et de la mor-talité des patients, que pour la réduction des coûts desanté qui en découlent.Près de 40% de la population adulte souffre de ron-chopathie et 4% de syndrome d’apnée du sommeilavec des conséquences pathologiques désormaisidentifiées, nécessitant une prise en charge pluri-disciplinaire. Des thérapeutiques sont proposéescomme la ventilation par pression positive conti-nue ou diverses interventions chirurgicales. Mais ilexiste une troisième voie : l’orthèse d’avancéemandibulaire, peu invasive, d’action réversible etqui exige une compétence odontologique.La multiplicité des techniques d’imagerie de l’aor-te abdominale et de ses branches, actuellement ànotre disposition, nécessite une tentative de hiérar-chisation des examens.Les médecins-philosophes de la période médiévaleont marqué leur génération et légué un savoirimmense aux générations suivantes. Leur œuvrescientifique et philosophique est considéréecomme importante parce qu’elle réactive les

connaissances d’Hippocrate et de Galien et adop-te la méthode des philosophes pour « expliquer lavie des êtres organisés ». Ces médecins qui n’ontbénéficié d’aucun support expérimental, ont accu-mulé des observations cliniques, décrit et classédes milliers de symptômes, essayé plusieurs traite-ments différents. Ils se proposaient de soigner,d’atténuer la souffrance et, si possible, de guérir. Ilest, par ailleurs difficile, de ne pas apprécier lamanière dont ils ont su libérer la médecine desconceptions irrationnelles, magiques ou astrolo-giques, si longtemps dominantes depuis l’Anti-quité. Tous ces médecins qui étaient philosophes,croyants et engagés dans la vie publique s’accor-dent à dire que l’explication philosophique de cer-tains sujets qui suscitent des controverses, pourraitfragiliser la foi de ceux qui n’ont pas été préparésà la recevoir. C’est la raison pour laquelle, la plu-part ont rencontré de grandes difficultés, connu lesmêmes vicissitudes et dû lutter contre d’énormesrésistances provenant des autorités religieuses.Mais malgré ces oppositions, c’est sur ce patri-moine culturel que s’est progressivement édifiéela biologie moderne, que se sont imposés peu àpeu le rationalisme et l’analyse scientifique de lanature, de l’homme et de la société.De plus en plus les médias évaluent les établisse-ments de soins et nous voyons progressivements’installer une logique entrepreneuriale. A l’occa-sion de son cinquantième anniversaire, les respon-sables de la clinique Pasteur ont accepté de nouslivrer leurs impressions sur le présent et le futur decet établissement toulousain, encore autonome.Nous vous demandons de soutenir cette revue quevous pouvez également visiter sur Internet, soitsur le blog medecineetculture.typepad.com oùnous attendons vos suggestions et vos commen-taires, soit sur revue médecine et culture.

Nous vous adressons nos meilleurs vœux pour2008.

E D I T O R I A L

Dr Elie ATTIASPneumo-Allergologue - [email protected]

Nous remercions tous les intervenantsqui ont bien voulu participer à la rédaction de la revue Médecine et Culture

Jacques Arlet, Professeur des Universités, Ecrivain; Jean Migueres, Professeur honoraire des Universités; PaulLéophonte, Professeur des Universités, correspondant national (Toulouse) de l’Académie de Médecine ; Pr JacquesAmar, INSERM 558, Service de Médecine Interne et d’Hypertension Artérielle, Pôle Cardiovasculaire et MétaboliqueCHU-Toulouse ; Pr François Carré, PU-PH, responsable de l’UPRES EA 3194, Université de Rennes 1, HôpitalPonchaillou; Pr Alain Didier, Drs Roger Escamilla, Bruno Degano, Marlène Murris, Kamila Sedkaoui, Service dePneumo-Allergologie, Clinique des voies respiratoires, Hôpital Larrey, CHU Toulouse; Dr Sandrine Pontier, Servicede Pneumologie et Unité des Soins Intensifs, Clinique des voies respiratoires, Hôpital Larrey, CHU Toulouse; Pr MeyerElbaz, Service de cardiologie B, Fédération cardiologie CHU Rangueil Toulouse; Pr Michel Galinier, Pôle cardiovas-culaire et métabolique CHU Rangueil Toulouse; Pr Yves Glock, Chirurgie cardio-vasculaire, CHU Rangueil Toulouse;Pr Jean-Pierre Louvet, Pierre Barbe, Antoine Bennet, UF de Nutrition, Service d’Endocrinologie, Maladies métabo-liques et Nutrition, CHU Rangueil Toulouse. Pr Mathieu Molinard, Département de Pharmacologie, CHU Bordeaux,Université Victor Segalen, INSERM U657; Pr Jean-Philippe Raynaud, Marie Tardy, Service universitaire de psy-chiatrie de l’enfant et de l’adolescent, CHU de Toulouse-Hopital La Grave; Pr Daniel Rivière, F. Pillard, EricGarrigues, Service d’Exploration de la Fonction Respiratoire et de Médecine du Sport, Hôpital Larrey, CHU Toulouse; Drs Fabienne Rancé, A.Juchet, A.Chabbert-Broué, G.Le Manach, Hôpital des Enfants, Unité d’Allergologie et dePneumologie Pédiatriques, Toulouse ; Drs Thierry Montemayor, Michel Tiberge, Unité des troubles du sommeil etEpilepsie, CHU Rangueil Toulouse; Jacques Pouymayou, Anesthésiste-Réanimateur, Centre Claudius Régaud,Toulouse ; Gérard Pirlot, Professeur de psychopathologie Université Paris X, Psychanalyste, Membre de la Sociétépsychanalytique de Paris, Psychiatre adulte, qualifié psychiatre enfant/adolescent.

Laurent Arlet, Rhumatologue, Toulouse; Edmond Attias, ORL, chef de service au C.H. d’Argenteuil; Elie Attias,Pneumo-Allergologue, Toulouse; P. Auburgan, Médecine du Sport, Centre hospitalier de Lourdes; Maurice Benayoun,Docteur en sciences odontologiques, Toulouse; André Benhamou, Chirurgien dentiste, Toulouse, Directeurd’International Implantologie Center; Stéphane Beroud, Médecine du sport, Maladies de la Nutrition et Diététique,Tarbes; Jamel Dakhil, Pneumo-Allergologue, Tarbes, praticien attaché hôpital Larrey ; Didier Descouens, ORL,Toulouse; P.Y Farrugia, kinésithérapeute, La Rochelle ; Françoise Fournial, Pneumologue, Isis médical, Toulouse;Michel Migueres, Pneumo-Allergologue, Nouvelle Clinique de L’Union-Saint-Jean; Henri Obadia, CardiologueToulouse; Ruth Tolédano-Attias, Docteur en chirurgie dentaire, Lettres et Science Humaines; Laurence Van Overvelt,chercheur Laboratoire Stallergènes ; Marie Françoise Verpilleux, Recherche Clinique et Développement, NovartisPharma; Bernard Waysenson, Docteur en Sciences Odontologiques; Muriel Werber, Dermatologue, Toulouse.

Laurence Adrover, pneumologue ; Franc Berthoumieu, chirurgie thoracique et vasculaire ; Daniel Colombier,Michel Levade, Radiologues; Benjamin Elman, Urologue; Christophe Raspaud, Pneumologue; Jacques HenriRoques, Chirurgie générale et digestive; Michel Demont, Médecine du Sport; Anne Marie Salandini, FlorenceBranet-Hartmann, Christine Rouby, Jean René Rouane, neuro-endocrinologie; Jean-Paul Miquel, NicolasRobinet, Bernard Assoun, Bruno Dongay, Cardiologie; Bruno Farah, Jean Fajadet, Bernard Cassagneau, JeanPierre Laurent, Christian Jordan, Jean-Claude Laborde, Isabelle Marco-Baertich, Laurent Bonfils, OlivierFondard, Philippe Leger, Antoine Sauguet, Unité de Cardiologie Interventionnelle; Jean-Paul Albenque, AgustínBortone, Nicolas Combes, Eloi Marijon, Jamal Najjar, Christophe Goutner, Jean Pierre Donzeau, Serge Boveda,Hélène Berthoumieu, Michel Charrançon, service de Rythmologie : Clinique Pasteur, Toulouse.

Hamid Demmou, Université Paul Sabatier; Arlette Fontan, Docteur en philosophie, Enseignante à l’ISTR de Toulouse;Alain B.L Gérard, Juriste, philosophe; Nicole Hurstel, Journaliste, écrivain; Serge Krichewsky, hauboïste àl’Orchestre National du Capitole de Toulouse; Hugues Labarthe, Enseignant à l’université, Saint Etienne ; VincentLaurent, Doctorant en droit privé, UT1 Toulouse; David Le Breton, Pr. de sociologie à l’Université Marc Bloch deStrasbourg, Membre de l’UMR “Cultures et sociétés en Europe”; Isabelle Le Ray, Peintre, créatrice de Tracker d’Art;Christian Marc, Comédien; Sophie Mirouze, Festival International du Film de la Rochelle; Laurent Piétra, Professeurde philosophie; Lucien Ramplon, Procureur général honoraire, “Président des toulousains de Toulouse”; Guy-ClaudeRochemont, Professeur, membre fondateur, ancien président et membre de Conseil d’administration de l’Archive;Nicolas Salandini, Doctorant en philosophie; Stéphane Souchu, Critique de cinéma; Emmanuel Toniutti, Ph.D. inThéologie, Docteur de l’Université Laval, Québec, Canada; Shmuel Trigano, Professeur de sociologie-UniversitéParis X Nanterre, Ecrivain Philosophe.

Medecine & Culture

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■ INTRODUCTION

Dr Elie ATTIASPneumo-Allergologue. Toulouse

L’OMS classe les maladies allergiques au quatrième rangdes préoccupations de santé à cause de leur augmentationcroissante et de leur coût socio-économique. Chaqueaspect de la vie quotidienne est concerné par l’immuno-allergologie qu’il s’agisse d’asthme, de rhinite allergique,de pollinose, des allergies dermatologiques, alimentaires,médicamenteuses et professionnelles. Elle a un impactsignificatif sur la qualité de vie, la vie sociale, profession-nelle et scolaire des patients, sans négliger le versantpsychologique.Contrairement à une idée répandue, la prévalence desmaladies allergiques ne diminue pas avec l’âge, mais setrouve en augmentation significative depuis 20-30 ans.Deux grandes études multicentriques, européenne(ECRHS) et internationale (ISAAC) ont permis de déter-miner que 5 à 10% de la population générale est atteinted’asthme et un peu plus de 20% de rhinite allergique.Environ 45 millions de personnes en Europe souffrentd’une allergie aux pollens de graminées.Les études récentes montrent qu’il existe une relation entrela pollution atmosphérique et les maladies respiratoiresallergiques, tels que la rhinite et l’asthme avec un impactpotentiel des changements climatiques sur les aéroaller-gènes. On note ainsi une modification de la distributionspatiale des pollens avec une implantation d’espèces deplantes particulières dans de nouvelles régions, voire dessaisons polliniques plus étendues. L’augmentation de l’al-lergie respiratoire induite par les pollens serait égalementen rapport avec les taux élevés des émissions de gaz enmilieu urbain où la population tend à être plus affectée parcette allergie respiratoire pollinique que celle vivant enmilieu rural. Des études ont également démontré quel’ozone accentue l’inflammation des voies aériennes etaugmenterait la morbidité de l’asthme.Des progrès significatifs sont à noter, tant sur le planfondamental, particulièrement au niveau des connais-sances des mécanismes immunopathologiques que sur leplan épidémiologique, clinique et thérapeutique. C’estainsi que les maladies allergiques inflammatoires del’arbre respiratoire telles que l’asthme et la rhinite qui co-existent chez plus de 80% de patients asthmatiques ontdonné lieu à de nombreuses publications et notamment, lesdernières recommandations de l’ARIA (Allergic Rhinitisand its impact of asthma)*.

En ce qui concerne l’asthme, nous disposons actuellementde traitements sûrs et efficaces qui permettent d’obtenir lemeilleur contrôle possible. Cependant, une certaineproportion de patients reste toujours insuffisammentcontrôlée. L’efficacité de l’immunothérapie spécifique(ITS) dans certaines maladies allergiques et dans laprévention de leur évolution vers l’asthme a été démontréeà travers plusieurs études contrôlées. Cette ITS est habi-tuellement effectuée dans de nombreux pays européens etaux Etats-Unis en utilisant la voie sous-cutanée. Une autretechnique est aussi largement utilisée, la voie sublingualesous forme d’extraits allergéniques en gouttes, qui permetd’éviter le risque d’effets secondaires systémiques et auxpatients de gérer eux-mêmes leur traitement à domicile.Nous attendons la mise à la disposition du corps médical,d’un comprimé sublingual contenant un extrait allergé-nique de graminée, une nouvelle approche de l’immuno-thérapie sublinguale.Rappelons enfin que l’éducation thérapeutique permetd’améliorer considérablement la prise en charge de lamaladie allergique.

*1 – La rhinite allergique est une maladie respiratoire chroniquemajeure par sa prévalence, son retentissement sur la qualité devie, son impact sur l’absentéisme scolaire et les arrêts de travail,son coût socio-économique, ses liens avec l’asthme.2 – La rhinite allergique est associée à la sinusite et à d’autrescomorbidités telle que la conjonctivite.3 – La rhinite allergique doit être considérée comme un facteurde risque de l’asthme au même titre que les autres facteurs derisques connus.4 – Un nouveau classement des rhinites allergiques a été pro-posé : intermittentes et persistantes.5 – La sévérité des rhinites allergiques a été classée en « légère »et « modérée/sévère » en fonction de la sévérité des symptômeset de la qualité de vie.6 – En fonction du type de rhinite et de la sévérité des symp-tômes, une approche thérapeutique graduée a été proposée.7 – Le traitement de la rhinite allergique combine : l’éviction desallergènes, le traitement médicamenteux, l’immunothérapiespécifique, l’éducation.8 – Chez les patients atteints de rhinite allergique, on doit recher-cher des antécédents d’asthme, effectuer une auscultation pulmo-naire et, si possible et quand cela est nécessaire, évaluer l’obs-truction bronchique avant et après usage d’un bronchodilatateur.9 – Chez les patients asthmatiques, on doit rechercher une rhinite(interrogatoire, examen physique).10 – Idéalement, la stratégie consiste à traiter à la fois les voiesaériennes supérieures et inférieures afin d’optimiser l’efficacitéet la tolérance.

ACTUALITES EN ALLERGOLOGIE

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1. Organisée le 17 mars 2007 par l’Association des Allergologues de larégion Toulousaine

■ JOURNEE TOULOUSAINE D’ALLERGOLOGIE1

* De la sensibilisation à l’allergie

Pr Alain DIDIERChef de service de Pneumologie-Allergologie,Hôpital Larrey, CHU Toulouse

La sensibilisation se définit par la présence soit de tests cuta-nés positifs (Prick-test donnant une induration > 3 mm) soitd’IgE spécifiques (> 0,35 kU/L) soit d’IgE Totales élevéespour l’âge (voire les 3 en association) alors que l’allergie sedéfinit par l’existence de manifestations cliniques par méca-nisme immunologique lié aux IgE spécifiques (soit sponta-nément soit après test de provocation).

Quels sont les facteurs pouvant influencer l’expression desmanifestations allergiques ? c’est-à-dire le passage de lasensibilisation à l’allergie. Certains facteurs dépendent del’allergène alors que d’autres sont dépendants de l’individu.Un individu génétiquement prédisposé se sensibilise sousl’influence de certains facteurs tels que l’exposition précoceaux allergènes, au tabagisme passif, aux infections ou à lapollution. La sensibilisation aux allergènes est associée à uneaugmentation du risque de symptômes cliniques d’allergie(Rhinite, asthme).On sait que les allergènes domestiques [acariens,chat] sontplus pourvoyeurs d’asthme que les pollens et que le risqueaugmente avec le nombre de sensibilisations.Interviennent aussi la voie d’introduction (Injectable >digestif > respiratoire) ainsi que le mode d’exposition(permanente/intermittente) et la quantité d’allergènes(faibles quantités>fortes quantités).

Plusieurs hypothèses peuvent expliquer l’allergénicité croi-sée et la présence d’IgE spécifiques et/ou de tests cutanéspositifs sans manifestations cliniques :– L’allergène n’est pas présent dans l’environnement du

patient– Affinité et/ou avidité des IgE différentes pour les deux

allergènes– Difficulté de pontage des IgE mastocytaires par l’un des

antigènes (conformation spatiale)– Labilité d’un des allergènes (sécrétions digestives, chaleur).

L’acquisition de sensibilisations peut se faire par le biais deréactions croisées, en voici 3 exemples :1 - L’allergénicité croisée entre les myorelaxants : la struc-ture ammonium quaternaire peut expliquer la présence d’IgEspécifiques aux myorelaxants sans manifestations cliniques.Les myorelaxants comportant des structures ammonium

séparées par des cycles sont moins aptes à ponter des IgEspécifiques fixées sur les mastocytes que les myorelaxants àstructure linéaire (type célocurine).2 - L’allergie croisée entre pollens peut donner des tests cuta-nés positifs (ou des IgE spécifiques) par exemple aux pollensde bouleau et aux graminées simplement du fait de la forteidentité de structure entre la profiline du bouleau (BetV2) etcelle des graminées ( Phl p 12). Ce peut être aussi le fait despolcalcines (protéines de transport du calcium).3 - L’allergie croisée entre pollens et aliments (fruits etlégumes) :– soit du fait de la présence des homologues de BetV 1

(allergène majeur du bouleau) dans les fruits de la familledes rosacées (cas typique dans l’Europe du Nord)

– soit du fait de la lipotransférase (enzyme qui transfère leslipides entre les liposomes et les membranes cellulaires ) etc’est le cas par exemple de la pêche et des fruits de lafamille des rosacées (pathologie plus fréquente dans lesrégions méditerranéennes [Espagne, Afrique du Nord])provoquant souvent des réactions systémiques sévères.

– soit de la profiline de l’armoise (Art v 4) dans le cadre dusyndrome d’allergies croisées « armoise-bouleau-cèleri-épices ».

Ces différentes protéines (profiline, polcalcine et lipotransfé-rase) sont des panallergènes.

La symptomatologie peut varier en fonction de la sensibili-sation ; prenons le cas de la sensibilisation à la noisetteillustrant la complexité d’un allergène alimentaire :– selon que le sujet sera sensibilisé à l’allergène majeur de la

noisette (Cor a1), allergène thermosensible : les symp-tômes peuvent se limiter à un syndrome d’allergie orale etallergie croisée avec les rosacées

– s’il est sensibilisé à la lipotransférase (Cor a 8 ), thermo-stable, il peut y avoir des réactions systémiques et allergiecroisée avec les rosacées

– s’il est sensibilisé à la profiline (Cor a 2), il peut y avoir desréactions croisées avec les fruits et légumes généralementsans conséquences cliniques

– il peut être sensibilisé aussi à un allergène de la famille desvicilines (Cor a 9) et il y a possibilité de réactions croiséesavec l’arachide avec risque de réactions cliniques

– enfin, il peut y avoir des réactions avec les CCD (détermi-nants carbohydrates ou Carbohydrates CrossreactiveDeterminants) mais les réactions in-vivo ne sont pas confir-mées.

Enfin, dernier point, on sait que l’association de cofacteurstels que la pollution (incluant le tabagisme), l’effort (cfasthme et sport de haut niveau) voire le stress ? peut favori-ser l’expression des manifestations allergiques alors que

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d’autres, comme l’exposition précoce aux agents infectieux(allergènes microbiens : LPS, endotoxines) [cf théorie del’hygiène] peuvent en diminuer l’expression.

* Histoire naturelle des sensibilisations :à quel âge devient-on polysensibilisé ?

Fabienne RANCEHôpital des Enfants, Unité d’Allergologieet de Pneumologie Pédiatriques, Toulousee-mail [email protected]

Le développement d’une allergie chez un individu estcomplexe. Il dépend des antécédents familiaux, des IgEtotales, des IgE spécifiques et des IgG spécifiques, de laspécificité des épitopes, des cellules T régulatrices et dupolymorphisme des récepteurs. L’analyse des sensibilisa-tions est facilitée par l’étude des cohortes. Les sensibilisa-tions sont étroitement dépendantes de la pathologie, del’âge, des allergènes et de l’environnement.Le suivi de la cohorte germanique MAS est actuellementdisponible à l’âge de 13 ans. Il est clairement démontréque les enfants atopiques à l’âge de 6 ans (n=94) encomparaison avec les non atopiques (n=59) sont plussouvent asthmatiques à l’âge de 13 ans. Un enfant atteintd’éczéma à l’âge de 2 ans et sensibilisé à des pneumaller-gènes ou des allergènes alimentaires a 8,7 fois plus derisque d’être asthmatique à l’âge de 7 ans. La fréquencedes sensibilisations augmente avec l’âge : elles augmen-tent de manière linéaire dans l’asthme et, dans l’eczéma,elles augmentent jusqu’à l’âge de 5 ans, pour par la suitedécroître. Chez les enfants asthmatiques, on estime que18% d’entre eux sont sensibilisés entre 0 et 3 ans, 37,3%entre 3 et 6 ans, 71,4% entre 6 et 10 ans et 84,1% au-delàde 10 ans. La répartition des pneumallergènes chez l’en-fant asthmatique est acariens, pollens, phanères animales,moisissures et blatte. La fréquence des polysensibilisa-tions augmente également avec l’âge. En effet, aucun desenfants âgés de 0 à 3 ans n’est polysensibilisé (plus de 2sensibilisations) versus 12,2% entre 3 et 6 ans, 41,4%entre 6 et 10 ans et 39,7% chez les enfants âgés de plus de10 ans. Il semble que la polysensibilisation s’acquiertentre les âges de 6 et 11 ans. La polysensibilisation est plusfréquente en cas de sensibilisation initiale aux acariens encomparaison avec une sensibilisation aux pollens. Onestime que 74,1 des adultes asthmatiques sont polysensi-bilisés. La polysensibilisation est plus fréquente en casd’asthme persistant versus asthme intermittent. Le vieillis-sement ne modifie pas la fréquence des sensibilisationschez l’asthmatique et ne modifie pas non plus la fréquencede la rhinite. En revanche, il diminue la réactivité cutanéedes patients souffrant de rhinite.En définitive, les sensibilisations sont plus fréquentes avec

certains symptômes, asthme en particulier. Elles sont plusfréquentes dans certains environnements expliquant desdifférences de prévalence des sensibilisations dans lemonde. La polysensibilisation habituelle avec l’âge pour-rait être modifiée par l’immunothérapie spécifique.

Pour en savoir plus :Illi S, von Mutius E, Lau S, Niggemann B, Gruber C, Wahn U; MulticentreAllergy Study (MAS) group. Perennial allergen sensitisation early in lifeand chronic asthma in children: a birth cohort. Lancet 2006;368:763-70.

* Y a-t-il des allergènes asthmogènes ?

Michel MIGUERESPneumo-allergologue, Clinique de l’Union, Toulouse

Les symptômes des allergies respiratoires – rhinite,conjonctivite, asthme – ne s’observent pas avec la mêmefréquence selon les allergènes considérés. Certains aller-gènes s’avèrent plus fortement liés à l’asthme qued’autres, définissant la notion d’allergène asthmogène.N’est considérée ici que la question des aéro-allergènes.

I - Allergènes perannuels et intérieurs

Les allergènes perannuels (acariens, phanères, moisis-sures) sont plus régulièrement liés à l’asthme que les aller-gènes polliniques. En attestent différentes publications,qui illustrent nettement ce propos :1. Etude de Boulet : ce travail porte sur 3371 patientsconsécutifs âgés de 16 à 25 ans, consultant pour asthme ourhinite. Chez les patients sensibilisés aux allergènes exté-rieurs (pollens) l’asthme s’observe dans 26% des cas,isolé, ou associé à une rhinite. Chez les patients sensibili-sés aux allergènes d’intérieur, l’asthme est beaucoup plusfréquent, s’observant dans 51,4% des cas.2. Etude de Cookson : ce travail, mené à Perth, en Austra-lie, a porté sur 143 étudiants effectuant un travail saison-nier dans une compagnie céréalière. Les auteurs ont évaluéle risque d’hyperréactivité bronchique en fonction desprofils de sensibilisation. Ce risque est élevé chez lespatients sensibilisés aux acariens, aux moisissures, et auxphanères d’animaux, alors qu’il est faible en cas de sensi-bilisation aux acariens.3. Etude d’Arshad : ce travail, conduit à l’Ile de Wight, aporté sur une cohorte initiale de 1456 nouveaux-nés.Parmi eux, 981 enfants ont pu être testés à l’âge de 4 ans.Il apparaît que la sensibilisation aux acariens est fortementassociée à la survenue d’un asthme, à la différence de lasensibilisation aux graminées, qui apparaît beaucoupmoins asthmogène.4. Etude de Rönmark : conduite dans le nord de la Suède,et portant sur 2148 enfants, ce travail met en lumière la

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rareté de la sensibilisation aux acariens et aux moisissuresen Scandinavie, du fait du climat froid et sec. La sensibili-sation dominante concerne le chat. On observe que lerisque relatif d’asthme est élevé en cas de sensibilisationaux allergènes animaux, et faible en cas de sensibilisationpollinique.Ces différents travaux confirment le fait que l’asthme estfortement lié à la sensibilisation aux acariens et auxphanères, et notamment au chat. Cette sensibilisation auchat serait également un facteur de sévérité de l’asthme,multipliant par trois le risque d’avoir un asthme plussévère, selon Sarpong.A la lumière de ces éléments, il apparaît que le profil desensibilisation conditionne bien les symptômes, et lerisque d’hyperréactivité bronchique. La très récente confé-rence d’experts, portant sur les relations entre asthme etallergie, qui s’est tenue en février 2007 à Lyon, s’inscritdans le même sens : « L’atopie, au sens de sensibilisationaux allergènes de l’environnement est un facteur de risqued’asthme et de survenue de symptômes chez l’asthma-tique, d’autant plus clairement que la sensibilisationconcerne les allergènes domestiques ».Parmi les hypothèses formulées, on retient souvent leséléments suivants : durée de l’exposition, permanentepour les allergènes domestiques ; petite taille des parti-cules inhalées ; intensité d’exposition ; coexistence d’unerhinite persistante.

II - Allergie à l’Alternaria

Cette moisissure, principalement atmosphérique, etparfois aussi d’intérieur, est à l’origine de manifestationsasthmatiques fréquentes, et parfois graves. De telles obser-vations ont notamment été faites en Arizona, et dans lecentre de l’Australie. Selon Bruce, 50% des sujets aller-giques à Alternaria ont de l’asthme, corrélé au calendrierfungique. Le pouvoir pathogène de cette moisissure seraitdû à la petite taille des spores inhalées, et à leur associa-tion avec des protéases fungiques qui auraient un effettoxique direct, et peut-être un effet adjuvant de l’immu-nité.

III - Certains pollens sont-ils plus asthmogènesque d’autres ?

Les graminées sont vraisemblablement peu asthmogènescomme en attestent différentes études dont celle d’Arshad,Rönmark, Cookson, précédemment citées. La pollinose ducyprès est fréquente et croissante, du fait d’un usage orne-mental de ces arbres de plus en plus répandu. Maisl’asthme serait assez peu fréquent au cours de cette polli-nose : environ 16% selon une étude multicentriqueitalienne ; à l’égal des graminées d’après une publication

de Charpin. Le bouleau est souvent considéré par les prati-ciens comme un allergène pourvoyeur d’asthme.A l’appui de cette impression clinique, on peut citerl’étude de Ghunaim, qui a porté sur 2551 enfants suédoisâgés de 4 ans. Si l’on considère les enfants ayant une monosensibilisation pollinique, l’asthme s’observe dans 16%des cas avec le bouleau, dans 7% des cas avec la phléole.Dans la même étude, les auteurs ont observé une fréquenceélevée de sensibilisation aux phanères parmi les enfantssensibilisés au bouleau.La sensibilisation à la pariétaire semble fortement liée àl’asthme. Il s’agit d’un allergène important d’Europe duSud dont la petite taille de l’ordre de 10 µm pourrait faci-liter la pénétration bronchique.Di Lorenzo a évalué 49 patients rhinitiques ayant unemonosensibilisation pollinique (pariétaire, graminées,arbres oléacées). Parmi les 16 patients de l’étude présen-tant une hyperréactivité bronchique, 15 d’entre eux sontsensibilisés à la pariétaire. Plusieurs publicationsitaliennes de D’Amato, s’inscrivent dans le même sens :selon cet auteur, 30% des napolitains seraient allergiques àla pariétaire, et la moitié d’entre eux auraient de l’asthme.D’une manière générale on s’accorde à considérer que lespollens d’arbres sont asthmogènes. A l’appui de cettenotion, on peut citer le travail de Laïdii, réalisé en Bour-gogne, mettant en lumière une augmentation de vente desmédicaments anti-asthmatiques pendant la période depollinisation des arbres.

IV - Les pollens deviennent-ils plus asthmogènes ?

1. Les changements climatiques observés ces dernièresannées sont à l’origine d’une floraison avancée, et d’unautomne retardé. Les régimes de précipitations sont modi-fiés ; les pluies sont moins abondantes, mais concentréesen de violents orages. Dans des conditions de forte humi-dité, les pollens peuvent subir un choc osmotique, libérantdes particules sub-polliniques, de petite taille. Ce phéno-mène, déjà anciennement connu, s’observerait davantageces dernières années, du fait des changements climatiques.Il est intéressant de noter que ces particules sub-polli-niques peuvent être présentes dans l’air, notamment enl’absence de grains de pollens identifiables dans les rele-vés traditionnels. C’est un fait connu par exemple qu’audécours des orages, surviennent des exacerbations asthma-tiques, mises sur le compte de ces particules sub-polli-niques. Ces dernières auraient, outre l’activité allergé-nique, une action oxydative, favorisant l’inflammation desvoies aériennes.

2. La pollution : l’ozone majore le risque de sensibilisa-tion chez les sujets prédisposés, et diminue les concentra-tions d’allergènes susceptibles de déclencher des symp-tômes. Ainsi Molfino a montré qu’une exposition

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préalable à l’ozone réduisait de moitié la dose de ragweedinduisant une chute de 20% du VEMS. Cela pourrait expli-quer l’important pouvoir pathogène de la pariétaire, dansla région de Naples, où la pollution est importante. Lesparticules de diesel ont un effet adjuvant sur la synthèsedes IgE. Elles peuvent en outre absorber les particulespolliniques, majorant leur rétention, comme le démontrentles travaux de Diaz Sanchez. Cet auteur a effectué des testsde provocation nasaux, avec l’allergène majeur d’ambroi-sie, ou ce même allergène combiné à des particules dediesel. Les IgE nasales sont 16 fois plus élevées chez lespatients qui ont été provoqués avec la combinaisonambroisie-particules de diesel.

V - Le risque asthmatique augmente avec lenombre de sensibilisations

Plusieurs études s’inscrivent en effet en faveur de cettehypothèse : l’étude de Ghunaim précédemment citéemontre que l’asthme s’observe dans 7% des cas chez lespatients monosensibilisés à la phléole, et dans 37% des caschez les patients sensibilisés à trois pollens.À propos de 157 enfants asthmatiques, âgé de 10 à 11 ans,et allergiques aux acariens, Vervloet a observé que laprévalence de l’asthme augmentait de façon nettementsignificative avec le nombre de sensibilisations. Unepublication de Nelson s’inscrit dans le même sens.

VI - Le caractère asthmogène des allergènes peutêtre conditionné par le lieu, le climat, l’écologie,l’intensité de l’exposition

En effet un allergène peut s’avérer fortement asthmogènesous certains climats et n’avoir ailleurs qu’un impact plusmarginal. C’est ainsi que le pouvoir pathogène d’alterna-ria a surtout été démontré en Arizona, et dans le centre del’Australie. De même la sensibilisation à la blatte estfortement associée à l’asthme dans les grandes cités dunord des USA, et dans le sud-est asiatique (60% d’asth-matiques sensibilisés à la blatte dans la région deChicago). Et le pouvoir pathogène du chat, enfin, est parti-culièrement important en Scandinavie, du fait de l’absenced’acariens et de moisissures.

VII - Conclusion

La sensibilisation aux allergènes intérieurs parait liée àl’asthme. Ces données sont bien établies pour les acariens,les phanères, alternaria. Les pollens semblent moins asth-mogènes que les allergènes domestiques ; cependant,certains pollens paraissent plus pourvoyeurs d’asthme qued’autres : cela semble être le cas du bouleau, de la parié-taire, et peut-être aussi d’ambroisie. On peut penser que

les pollens deviennent plus asthmogènes que par le passé,sous l’influence de facteurs divers climatiques, et environ-nementaux. La fréquence de l’asthme enfin, semble majo-rée par le nombre de sensibilisations.

* Allergie alimentaire

Fabienne RANCEHôpital des Enfants, Unité d’Allergologieet de Pneumologie Pédiatriques, Toulousee-mail [email protected]

Les dangers d’un régime d’éviction chez l’enfant

L’allergie alimentaire est un défaut de tolérance immunolo-gique à un allergène. Le traitement repose sur le régimeévitant l’aliment supposé à l’origine de l’allergie. Lessouhaits du régime d’éviction sont d’assurer une croissancenormale, réduire les incidents et accidents, favoriser la guéri-son et diminuer le risque de sensibilisation. Les risques desrégimes sont d’entraîner des carences nutritionnelles lors-qu’ils sont mis en place tôt dans la vie et excluent desaliments indispensables à la croissance de l’enfant. Ils pour-raient aussi aggraver une allergie alimentaire, favoriser ledéveloppement d’une allergie, gêner la réintroduction aprèsguérison. Dans tous les cas, les régimes d’éviction altèrent laqualité de vie. Ils peuvent créer des néophobies alimentaires.En prévention primaire, les régimes d’éviction semblentavoir entraîné l’effet inverse escompté. En effet, la préva-lence de l’allergie à l’arachide est passé de 0,5 à 1,8% dansles pays qui préconisent une éviction strict de l’arachidependant la grossesse, l’allaitement et les 3 premières annéesde vie. La prévalence de l’allergie à l’arachide est estimée à0,08% en Israël où aucune mesure d’éviction n’est recom-mandée.En prévention tertiaire, c’est-à-dire chez l’enfant quiprésente une authentique allergie alimentaire, un régimed’éviction strict n’est pas utile pour faciliter l’acquisition dela guérison. Il est aujourd’hui recommandé d’autoriser laconsommation d’aliments dans des quantités ou des formesqui ne déclenchent pas de réactions d’allergie. Et surtout, ilest fortement déconseillé de mettre en place des régimesd’éviction chez des enfants aux tests positifs mais quiconsomment l’aliment sans réactions. Ces régimes secon-daires vont à l’inverse favoriser le développement d’uneauthentique allergie alimentaire.

RéférenceFeuillet-Dassonval C, Agne P, Rancé F, Bidat E. Quelle type d’éviction pourles allergiques à l’arachide ? Arch Pediatr 2006;13:1245-51.

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Protocole d’induction de tolérance en cas d’allergiealimentaire

L’acquisition de la tolérance dépend de la forme de l’anti-gène alimentaire (exemple de l’arachide grillée plus allergi-sante que l’arachide crue), de la voie d’exposition (l’applica-tion d’un aliment sur une peau altérée sensibilise), de lagénétique, de la flore intestinale, de l’âge (l’acquisitiond’une sensibilisation est de novo dans les premiers mois devie et non in utéro comme il était proposé antérieurement),ainsi que de la dose (mécanisme différent de tolérance pourles faibles versus fortes doses).Les indications de protocole de tolérance sont variées selonles auteurs. Les protocoles sont le plus souvent proposéspour des allergies alimentaires IgE dépendantes. Ils sontaussi proposés pour des allergies alimentaires persistantes àl’âge habituel de guérison. Par contre, les indications sontvariables concernant la dose avec, pour certains, des indica-tions pour des réactions avec des doses minimes d’alimentset, pour d’autres, quand la dose déclenchante est élevée. Lesprotocoles comportent pour les plus rapides, des ingestionsrépétées dans la journée de doses croissantes d’alimentinitialement dilué. La dose habituellement consommée estobtenue en quelques jours. Pour d’autres, la progression estplus lente débutant par l’aliment dilué ou non, et aboutissantà une dose complète en quelques mois.Des résultats favorables ont été rapportés pour le lait, l’œuf,le poisson, et également l’orange, la pomme, les haricots, lapêche, et la farine de blé. Les résultats souvent très positifs,avec 100% de guérison décrits par certains font discuter laméthodologie du protocole utilisé. Une étude récente concer-nant 21 enfants âgés de plus de 6 ans toujours allergiques auxprotéines du lait de vache, relate une tolérance de 200 ml delait en 6 mois chez 71% des enfants. 14% des enfants ont putolérer 40-80 ml de lait par jour, mais 14% des enfants n’ontpas pu être désensibilisé du fait de réaction dès l’ingestiondes doses infimes de lait dilué.Les accidents survenus lors des protocoles de tolérance ontété à type d’urticaire, de douleurs abdominales, et parfoisd’asthme. Ces réactions ont conduit à modifier le protocoleavec un palier dans les doses administrées, ou un retour enarrière avant de reprendre la progression habituelle.Si la tolérance est acquise, l’ingestion régulière de l’alimentest nécessaire pour maintenir cette tolérance.Nous manquons d’études standardisées comportant desgroupes témoins pour conclure sur l’efficacité des protocolesd’induction de tolérance. Il est aussi difficile d’affirmer sil’effet de l’induction de tolérance est transitoire ou persis-tant. L’induction de tolérance pourrait correspondre à unesimple augmentation des doses tolérées.

Pour en savoir plus :Buchanan AD, Green TD, Jones SM, et al. Egg oral immunotherapy in

nonanaphylactic children with egg allergy. J Allergy Clin Immunol2007;119:199-207.

IgE et Allergie alimentaire : quelle est la pertinence ?

Le dosage des IgE spécifiques est une aide pour le diagnos-tic et le suivi d’une allergie alimentaire. Il est effectué encomplément des prick tests. Il est toujours corrélé à l’histoireclinique. Les valeurs seuils pour prédire la probabilité d’uneallergie alimentaire et éviter la réalisation d’un test de provo-cation par voie orale sont, en technique Cap system Phadia,≥ 7 kUI/l pour le blanc d’œuf et ≥ 14 kUI/l pour l’arachide.Les études à notre disposition ne permettent pas de retenir devaleurs seuils pour les autres aliments. La diminution desconcentrations des IgE spécifiques dans le temps est enfaveur d’une guérison possible et fait discuter l’indicationd’un test de provocation par voie orale. En revanche, destaux stables ou qui augmentent dans le temps ne sont pascorrélés avec la gravité de l’allergie alimentaire. Ils ne sontpas non plus corrélés avec la qualité du régime effectué. Ilstraduisent seulement que l’allergie persiste.

RéférenceDeschildre A, Rancé F, Gomez SA, et al. Tests de provocation par voieorale aux aliments chez l’enfant : Quand, pour qui et comment ? Revfr Allergol Clin Immunol 2006;.46 ; 604-82

* Le Test de Provocation Oral peut-ilêtre évité ?

A. JUCHET*, A. CHABBERT-BROUE*, G. LE MANACH*Service d’Allergologie et de Pneumologie pédiatriques, Hôpital des enfants, CHRU de Toulouse, France

RésuméLe test de provocation oral aux aliments (TPO) présente desdangers et des difficultés de réalisation. Les équipes s’occu-pant d’allergie alimentaire (AA) cherchent à déterminer desseuils de réactivité pour les prick-tests, les dosages d’IgEspécifiques et les patch-tests, pour diminuer l’indication duTPO et mieux apprécier le risque de réaction. Ces différentsseuils sont revus dans cet article et le nouveau concept de« test aux traces d’aliments » est développé.Le Test de Provocation Oral (TPO) surtout lorsqu’il estréalisé en double aveugle (TPODA) est reconnu commeconstituant l’« étalon or » du diagnostic de l’allergiealimentaire. Cependant, un certain nombre d’argumentsnous incite à essayer de trouver des alternatives à ce test.

1. Pourquoi vouloir éviter la réalisation d’un TPO ?

Le TPO est potentiellement dangereux et des décès ont étérapportés lors de leur réalisation. Les chocs anaphylactiquesne sont pas exceptionnels : l’adrénaline est ainsi utilisée

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dans 1 à 11% des cas selon les équipes (1). Il est par ailleursdifficile de prédire la nature et la gravité des manifestationsqui risquent de survenir lors du TPO. En effet, des dosesfaibles peuvent donner des réactions sévères. Certainsaliments sont considérés comme « à risque » tels que l’ara-chide, les fruits à coque et le sésame. L’asthme par allergiealimentaire est également un facteur de risque de sévérité.Le TPO doit être fait en milieu spécialisé, hôpital ouclinique, proche d’une unité de soins intensifs et par unpersonnel expérimenté. Toutes ces conditions rendentcompte de la difficulté rencontrée par les équipes qualifiéespour faire face à la demande grandissante de ces tests. Lesdélais d’attente sont donc très importants et découragentpatients et médecins prescripteurs.En raison de toutes ces contraintes, le TPO coûte cher, puis-qu’il est réalisé au minimum en hôpital de jour et en hospi-talisation traditionnelle pour d’autres (ce qui coûte encoreplus cher !).

2. Quand est-il inutile de faire un TPO ?

Il est inutile de faire un TPO lorsque l’aliment est consommésans réaction même si les PT et/ou les IgE spécifiques sontpositives. Il s’agit alors d’une simple sensibilisation sanspertinence clinique et l’enfant doit continuer à consommerl’aliment de façon régulière pour entretenir la tolérance.Il est dangereux de faire un TPO lorsque l’enfant a fait unchoc anaphylactique à l’aliment et que l’histoire clinique estindubitable. Le diagnostic d’allergie vraie sévère est certainet l’éviction doit être maintenue de façon stricte avec uneréévaluation des tests d’allergie tous les deux à trois ans,surtout si l’enfant était petit (moins de 3 ans) lors de la réac-tion initiale.Lorsque l’enfant a réagi à l’aliment lors d’une prise acciden-telle dans les 6 mois précédents, il est trop tôt pour espérerune guérison et le test ne doit pas être réalisé. Lorsque lesparents ou l’enfant sont très réticents à la réalisation du testet ne souhaitent de toute façon pas réintroduire l’alimentmême si le TPO est négatif, il est inutile de réaliser un TPO.

3. Quels tests de remplacement proposer ?

Pour l’interprétation des tests allergologiques, il faut toujourstenir compte de l’âge de l’enfant (plus l’enfant est jeune, plusles valeurs retenues doivent être faibles), du type de symp-tômes présentés (immédiats ou retardés) et surtout savoir s’ils’agit d’une simple sensibilisation ou d’une réaction aller-gique vraie.

3.1. Les Prick-tests (PT)Il faut se méfier du caractère « opérateur dépendant » desprick-tests. Ils peuvent être faussement négatifs s’ils sont faitsde façon insuffisamment « appuyée ». Il faut également

savoir s’ils sont réalisés avec des aliments natifs ou desextraits commerciaux, car l’utilisation d’extraits, notam-ment pour les fruits et légumes, peut également conduire àune fausse négativité. Si l’on maîtrise correctement cesdeux éléments et que l’on considère que le test est positiflorsqu’il est supérieur à la moitié du témoin positif, la valeurprédictive négative du prick-test est excellente, proche de100% (2).En fait, les PT pourraient exceptionnellement être négatifschez les vrais allergiques : dans la série de Roberts (3), 13%des enfants ayant une allergie alimentaire à l’arachideauraient un PT négatif et un TPO positif. Cela conforte lanécessité de faire à la fois des PT et un dosage d’IgE spéci-fique avant la réalisation d’un TPO. Néanmoins, si le méde-cin possède bien la technique et a des extraits de bonnequalité, la négativité d’un prick-test rassure fortement surl’évolution ultérieure de l’allergie alimentaire. Inversement,la positivité d’un PT correspond dans 50% des cas environ àune sensibilisation alimentaire et pas à une véritable allergie.Cependant, des valeurs seuils ont été établies avec une VPPde 100% pour le lait (> ou égal à 6 mm avant 2 ans, > ouégal à 8 mm après 2 ans), l’œuf de poule (> ou égal à 5 mmavant 2 ans, > ou égal à 7 mm après 2 ans), l’arachide (> ouégal à 4 mm avant 2 ans, > ou égal à 8 mm après 2 ans) avecutilisation d’extraits commerciaux DHS aux USA) (4). DesPT fortement positifs incitent donc à retarder l’échéanced’un TPO.

3.2. Le dosage des IgE spécifiquesLe test de référence utilisé en allergie alimentaire est le CapSystem (laboratoire Phadia°). Le suivi des dosage des IgEspécifiques chez un individu donné doit être tout le long deson suivi réalisé avec la même technique afin d’obtenir desvaleurs comparables. Il est en effet important de suivre l’évo-lution dans le temps du taux des IgE spécifiques. Une dimi-nution du taux des IgE de 50% au moment de l’âge habituelde tolérance de l’aliment (un an pour le lait, 2 à 3 ans pourl’œuf et 3 à 6 ans pour l’arachide) est un facteur de bonpronostic, surtout si ces IgE sont inférieures aux valeursseuils établies par l’équipe pour le type de population suivi.L’acquisition de la tolérance est liée à la décroissance desIgE spécifiques et elle est d’autant plus fréquente que ladécroissance est rapide dans le temps. Les valeurs seuils sonttrès variables en fonction des équipes. Cela tient très vrai-semblablement à l’hétérogénéité des populations étudiées.Le taux d’IgE est prédictif du risque de réaction mais pas dela gravité de la réaction. Plus l’enfant est jeune, plus les tauxd’IgE à prendre en compte doivent être bas. Dans la derma-tite atopique, Sampson (5) a pu établir des valeurs seuilsayant une VPP > ou égale à 95% : pour l’œuf, un taux > ouégal à 2 avant 2 ans et > ou égal à 7 kU/l après 2 ans, et pourl’arachide, un taux > ou égal à 14 kU/l représente un risquede plus de 95% de réagir lors du TPO. Pour le lait, il n’existepas de valeur « officielle » retenue mais toujours selon

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Sampson, un taux d’IgE > ou égal à 15 aurait également uneVPP de 95%.Pour Garcia Ara (6), avec une population présentant desmanifestations IgE dépendantes d’APLV, les taux d’IgE àretenir pour une VPP > ou égale à 95% sont : 2,7 kU/l entre13 et 18 mois, 9 entre 19 et 24 mois et 24 après 2 ans. Quandles IgE sont supérieures à ces valeurs, il est inutile de faire unTPO, car le risque d’échec est de 95%.Dans l’anaphylaxie induite par l’effort et l’ingestion defarine de blé, la positivité des IgE vis-à-vis de l’oméga5glia-dine est en faveur d’une allergie vraie et rend inutile la réali-sation d’un test à l’effort couplé à l’ingestion de farine (7).Inversement, le dosage des IgE peut avoir une VPN, qui estcependant moins bonne que la VPP : certains enfants ontdes IgE négatives et des TPO positifs (13% des AA diagnos-tiquées par TPO selon Roberts (JACI 2005). Donc, il estimportant dans ces cas là de prendre en compte la réponseaux PT avec l’aliment natif. D’autre part, la sensibilité desIgE serait moins bonne que celle des PT pour le lait de vacheet l’arachide (Hill, 2004).Selon Perry (8), le TPO serait négatif dans 50% des caslorsque les taux d’IgE sont < ou égaux à 2 kU/l pour le laitou l’œuf. Pour l’arachide, la VPN est de 50% si les IgE sontinférieures à 5 et que l’histoire clinique est peu probante et< à 2 si l’histoire est probante.

3.3. Les atopy patch tests (APT)Les APT sont à faire avec les aliments natifs dans descupules de grande taille (Finn Chambers de diamètre 12mm). Ils sont indiqués dans la dermatite atopique avec mani-festations digestives faisant évoquer une allergie alimentaire(reflux gastro-œsophagien sévère, constipation tenace, diar-rhée chronique, œsophagite à éosinophiles) ayant des PT etdes IgE spécifiques négatifs . Il faut penser en particulier àl’allergie alimentaire à la farine de blé dans la dermatiteatopique sévère avec PT et IgE négatifs (9).Les APT ont une très bonne VVP et spécificité de 100% sil’induration dépasse le diamètre de la chambre et s’il existeau moins 7 papules (mais ce phénomène n’est présent quedans 4% des tests réalisés…). Ils ont par contre unemauvaise sensibilité (8%) (10). La présence d’un érythèmeseul n’est pas suffisante pour affirmer la positivité d’un APT.Le phénomène de créscendo est intéressant : si la réactionaugmente entre la 48ème et la 72ème heure, cela est en faveurd’une réaction allergique vraie.La positivité d’un APT conduit à proposer un régime d’évic-tion orienté pendant 4 semaines. S’il est inefficace, lediagnostic d’allergie alimentaire n’est pas retenu et l’enfantpeut à nouveau consommer l’aliment. S’il est efficace, il fautpoursuivre le régime d’éviction jusqu’à l’âge de tolérancehabituel de l’aliment et refaire les tests (PT et APT) à cemoment là. Si les deux tests sont négatifs, la réintroductionde l’aliment peut se faire à domicile. En cas de positivitéd’un des deux tests, il sera possible d’envisager un TPO à

condition que les PT et les IgE soient inférieures aux valeursseuils.

3.4. L’association de plusieurs testsLa combinaison des tests cutanés et des IgE spécifiques amontré son utilité pour le diagnostic de l’AA à l’œuf et àl’arachide. Pour l’œuf, si le PT est inférieur ou égal à 3 mmet les IgE sont inférieures à 2,5 kU/l (ou si le rapport PT aublanc d’œuf /PT à l’histamine est inférieur à 0,65), il y 50%de chances pour que le TPO soit négatif (11). Pour l’ara-chide, si le PT est supérieur à 3 mm et que les IgE sont supé-rieurs ou égaux à 57 kU/l, la VPP est de 100% et le TPO nedoit pas être fait (12).Dans la dermatite atopique chez le petit enfant d’âge moyen13 mois, Roehr (13) a pu montrer que dans l’APLV, sil’APT était positif et que les IgE étaient supérieures ouégales à 0,35 kU/l, la VPP était 100% et que le TPO ne devaitdonc pas être fait. Pour l’œuf et dans la même population, ila montré que si l’APT était positif et que les IgE étaient supé-rieures ou égales à 17,5 kU/l, la VPP était également de100%. Enfin, pour le blé, si l’APT était positif, la VPP étaitde 94% non améliorée par le dosage des IgE spécifiques.

3.5. Le test de provocation labial (TPL)Après avoir été beaucoup pratiqué en raison de son habi-tuelle innocuité (il était facilement réalisé au cabinet médi-cal), ce test a été progressivement abandonné en raison de safaible sensibilité. Il ne faut en effet le considérer commepositif que lorsqu’il est de stade au moins égal à trois (urti-caire de la joue et du menton). S’il est négatif, il n’évite pasla réalisation d’un TPO.

3.6. Le test « aux traces »Depuis les nouvelles directives européennes concernantl’étiquetage, parues en Novembre 2005, les industrielsdoivent obligatoirement marquer sur la liste des ingrédientsles 12 aliments les plus souvent responsables d’allergiealimentaire, quel qu’en soit la quantité présente dans l’ali-ment, et ces aliments sont notés sur l’étiquette par ordredécroissant de poids.Ces aliments sont les suivants : arachide, fruits à coque,céleri, sésame, moutarde, œuf, poisson, crustacés, lait,sulfites, blé, soja. Fin 2007, vont être rajoutés à cette listedeux aliments : lupin et mollusques.A coté de ces aliments rentrant dans les ingrédients, estapparu un étiquetage dit « de sécurité », mis en place defaçon tout à fait illégale par les industriels pour se protégerd’une éventuelle contamination, où il peut être stipulé surl’étiquette que l’aliment concerné est présent « sous formede traces » ou a été « fabriqué dans un lieu » ou « peutcontenir »…. Or, la plupart des enfants allergiques alimen-taires peuvent tout à fait tolérer des traces infimes d’ali-ments, alors qu’ils ne peuvent pas tolérer l’aliment en quan-tité plus importantes. Cela a bien été démontré notammentpour l’arachide , avec détermination de la dose « ne provo-

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quant pas d’effet adverse » et de la « dose minimale réacto-gène » (14).C’est dans cette optique qu’un certain nombre d’équipes ontdéveloppé des tests « aux traces d’aliments », qui necomportent pas la même dangerosité que les tests de provo-cation habituels et permettent aux parents et aux enfants dene plus se préoccuper des étiquetages de prévention et d’au-toriser pour l’arachide, la consommation d’huile.La répercussion sur la vie quotidienne d’une négativité deces tests est tout à fait importante car l’enfant peut alorsmanger en collectivité avec un PAI et une trousse d’urgencemais sans panier repas.Nous avons dans notre équipe développé un test aux tracesavec le protocole suivant : ingestion de 10 ml d’arachidepuis des doses suivantes d’arachide toutes les 20 mn : 0,1mg, 1 mg, 2 mg et 5 mg, sans voie veineuse et avec unesurveillance de 2 heures.Les résultats préliminaires en sont les suivants : douzeenfants ont bénéficié de ce test. Il s’agissait de 5 garçons etde 7 filles, âgés en moyenne de 8 ans (4 à 10 ans). Huitenfants avaient présenté des manifestations cliniques d’aller-gie alimentaire : 3 chocs anaphylactiques, 3 œdèmes deQuincke avec urticaire généralisée, 2 allergies par procura-tion. Ils avaient des RAST moyens à 32 kU/l (extrêmes 6 à100) et des PT à 8 mm d’induration pour l’arachide nativegrillée (extrêmes de 5 à 20 mm). Le test a été réalisé enmoyenne 3 ans après la réaction clinique initiale. Quatreenfants avaient une sensibilisation à l’arachide diagnostiquéesur les tests cutanés et le dosage des IgE spécifiques maisn’avaient jamais consommé d’arachide. Ils présentaient unsyndrome dermo-respiratoire sévère avec des RAST moyensà 74 kU/l (extrêmes 49 à 100) et des PT à 22 mm d’indura-tion pour l’arachide native grillée (extrêmes de 20 à 25 mm).Deux enfants ont réagi au TPO et il s’agit des deux filles quiavaient eu une réaction par procuration après avoir étéembrassées par un parent qui avait consommé de la caca-huète : l’une a réagi à 3 mg avec une conjonctivite et desdouleurs abdominales et l’autre à 6 mg avec un œdème deslèvres. Les manifestations cliniques ont disparu spontané-ment en moins d’une heure sans traitement particulier.L’éviction des traces et des contacts a été maintenue chez cesdeux enfants, avec PAI comportant les paniers repas, ainsiqu’une trousse d’urgence avec de l’Anapen°. Tous les autresenfants n’ont pas présenté de réaction et ont donc été autori-sés à élargir le régime et à consommer des traces d’arachide.Nous avons supprimé le panier repas et les enfants ont étéautorisés à manger en collectivité.

4. Conclusion

Toutes ces études permettent d’établir des risques de réactionou de non réaction au TPO avec des valeurs prédictives posi-tives et négatives variables. Leur intérêt est essentiellementde limiter le nombre d’indication et le risque de réaction au

TPO. Cependant, il n’y a pas de valeur permettant de définiravec certitude la guérison, quel que soit l’aliment. Pourconfirmer celle-ci, le TPO reste indispensable… avec degrandes précautions, une surveillance rigoureuse et uneéquipe entraînée. Il ne doit de toute façon pas être fait avantl’âge habituel de tolérance: 9 mois à 1 an pour le lait (formedigestive ou réaginique), 2 à 3 ans pour l’œuf, 3 à 6 ans pourl’arachide. Dans l’avenir, le dosage de certains épitopes oude certaines cytokines pourra peut être permettre de mieuxcerner le profil évolutif de l’allergie alimentaire.

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* Allergie de contact aux corticoïdesinhalés : ça n’existe pas ?

Dr. Jamel DAKHILPneumo-Allergologue - Pamiers.Praticien Attaché Hôpital Larrey.

Introduction

Les Corticostéroïdes inhalés (CSI) sont la base du traite-ment de l’asthme, de certaines rhinites et des polyposesnasosinusiennes. Beaucoup de nos patients abandonnentces traitements du fait de certains effets indésirables quisont bien connus, tels que la dysphonie, la raucité de lavoix et les candidoses oropharyngées mais les réactionsallergiques sont moins connues.C’est en 1986 qu’est publié le premier cas d’allergie auBudesonide dans un spray nasal par Meding B. Ce qui estbien connu, ce sont les réactions d’allergie aux corticoïdessystémiques (Méthylprednisolone et Hydrocortisone) etles eczémas de contact aux corticoïdes topiques dont lafréquence de survenue est estimée entre 0.5 à 5% (en parti-culier le Tixocortol pivalate et le Budesonide). Dans lestraitements de l’asthme, la composition des sprays à viséebronchique a été l’objet de modifications avec l’apportdes nouveaux gaz pulseurs (cf. couche d’ozone) : les HFA(hydrofluoroalcanes) tendant à remplacer les CFC (chloro-fluorocarbones).Les nouveaux gaz pulseurs (HFA) modifient les conditionsde dispersion et/ou de pénétration des molécules dans lesvoies aériennes et permettent de réduire les posologies deCSI. Mais, alors que le dépôt pulmonaire périphérique estmultiplié par six, l’activité anti-inflammatoire ne l’est qued’un facteur deux (JC Dubus).

Dans quelles conditions, faut-il évoquer une aller-gie aux corticoïdes inhalés ?

Plusieurs situations sont possibles :– Il peut s’agir de patient souffrant d’un eczéma chronique

et ne répondant pas aux CS ou d’un asthmatique nerépondant pas à des inhalations de corticoïdes (CSI)(Goossens).

– Devant un asthmatique traité par CSI et chez qui appa-raissent des lésions cutanées, l’allergie aux corticoïdesdoit être envisagée et recherchée (M. Isaksson).

– Dans d’autres cas, c’est une symptomatologie directe-ment évocatrice touchant la face et les muqueusesnasales ou buccales : éruptions eczémateuses de la face,autour du nez et de la bouche, sur les joues et lespaupières ; parfois, c’est une aggravation de la rhiniteavec des manifestations endonasales : rougeur, conges-tion, brûlures et prurit, douleur et ulcérations ou perfora-

tions septales ; ou une inflammation de la bouche avecprurit, sècheresse, érythème et œdème de la bouche, touxsèche ou bronchospasme.

– Des réactions systémiques retardées sont possibles :dermites de la face s’étendant au tronc.

Quelles voies de sensibilisation ?

Les réactions allergiques causées par les CSI sont plussouvent retardées (HSR) qu’immédiates (HSI). Lespatients sont sensibilisés à partir de la peau plutôt que parla voie inhalée (ou par procuration). La plupart des asth-matiques ont aussi une dermatite atopique qui constitue unfacteur de risque de développer une allergie de contact auxcorticoïdes. Autres facteurs de risques : toute dermatosechronique, dermite des mains, ulcères de jambes.

Revue de la littérature

Dans une étude prospective par questionnaire et examenclinique, JC Dubus (1) a recherché les effets indésirables(EI) des CSI chez des 639 enfants asthmatiques, âgés de75.9 + 48.9 mois (dont 61.3% sont des garçons) traités parBeclométhasone Dipropionate (BDP) ou Budésonide(BUD) durant au moins 1 mois.Les EI des CSI les plus fréquents sont la toux (39.7%),sensation de soif (21.9%), enrouement (14.1%), candidoseorale (10.7%), la dysphonie (11.1%) favorisée par lesfortes doses de CSI et l’usage de spacer ou nébuliseurs ;cette dysphonie est probablement due à une « myopathiecortisonique » des muscles pharyngés.La « dermite périorale » évoquant une origine allergiqueest citée dans 2.9% des cas et est associée à la nébulisationet l’utilisation de masque facial (de même que l’hypertro-phie de la langue dans 0.1%).Dans une autre étude (2) dans laquelle 53.7% des enfants(216/402) toussent après chaque inhalation de CSI etparmi eux 30% toussent après les B-2-agonistes quelquesoit le gaz pulseur, le même auteur suggère que la cause dela toux serait un « effet irritant intrinsèque des CSI »surtout chez l’enfant car, d’une part, les récepteurs de latoux sont localisés principalement au niveau des bronchesproximales et d’autre part, la déposition trachéo-bron-chique des médicaments inhalés est accrue chez l’enfant.Les symptômes de l’hypersensibilité de contact peuvent semanifester soit par une absence d’amélioration soit par uneaggravation des symptômes de la pathologie initiale avecune plus grande fréquence d’implication du Budesonide etBircher et al. suggèrent que les réactions d’hypersensibi-lité retardée (HSR) aux CS sont plus fréquentes chez lespatients porteurs de rhinite par rapport aux asthmatiques.K. Kilpiö et al. (3) ont retrouvé dans une étude sur 51 asth-matiques versus 50 patients non asthmatiques, souffrant

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d’effets adverses, 2 patients qui ont réagi positivement auxpatch-tests aux CS (eczéma et gêne respiratoire) alorsqu’aucun des patients non asthmatiques n’a réagi. Dans les2 cas, les patientes étaient sensibilisées par les topiques CSutilisés antérieurement pour leurs problèmes cutanés.Dans une étude prospective (4) pour évaluer la prévalencede l’allergie de contact aux CSI par patch-tests (PT) auxcorticoïdes et aux additifs (chlorure de benzalkonium)chez 30 patients (rhinite ou asthme) traités durant 3 moispar CSI, Michelle L. Bennett trouve 4 patients sur 30(13%) qui ont des PT positifs dont 2/4 positifs au Budeso-nide (les autres corticoïdes étant négatifs) et 2/4 positifs auchlorure de benzalkonium.Dans une étude plus large, portant sur 3404 patients consé-cutifs, porteurs de dermatites (avec ou sans asthme et/ourhinite), Marlene Isaksson (5) a réalisé des patch-testsaux corticoïdes. Elle trouve 41/3404 patients qui ont unehypersensibilité au Budesonide (BUD) : 1.8% despatients avec asthme et/ou rhinite sont positifs au BUD etseulement 1% chez les patients sans asthme et/ou rhinite.Elle conclut que, malgré l’usage très répandu des CSI, l’al-lergie est peu rapportée, soit par sous-déclaration, soit pardéveloppement de tolérance particulière chez l’asthma-tique. Cette étude montre aussi que des doses ordinaires deBUD inhalé peuvent provoquer des lésions cutanées chezles patients hypersensibles au BUD.Dans une seconde étude en double aveugle (6), elledémontre, chez 4/7 patients non-asthmatiques, ayant eu undiagnostic d’hypersensibilité (PT +) au BUD entre 1 et 8ans auparavant, la réactivation des patch-tests positifs (auBudesonide, à ses 2 isomères et à d’autres corticoïdes croi-sant) par l’inhalation de Budesonide (test de provocation)6 semaines près la réalisation des PT. Un groupe-contrôlede 8 patients n’a pas réagi à l’inhalation de placebo(p=0.026). Aucun des 15 patients n’a eu de symptômesrespiratoires. Elle conclut qu’un grand nombre d’asthma-tiques peuvent avoir une hypersensibilité aux CS nondétectée. La plupart des asthmatiques ont aussi une derma-tite atopique dont la chronicité constitue un facteur derisque de développer une allergie de contact aux corti-coïdes et qu’un patient connu déjà hypersensible au BUD(par voie cutanée) ne doit pas recevoir de Budesonide sousforme inhalée.

Le bilan allergologique

– Il doit être fait pour confirmer le diagnostic d’allergie etpour rechercher une alternative thérapeutique, les aller-gies croisées étant habituelles dans le même groupe etentre certains groupes.

– Il faut faire des patch-tests avec les corticoïdes inhalés,les principes actifs ainsi que les additifs et conservateursmais les concentrations et les « véhicules » ne sont passtandardisés.

– Le Budésonide, utilisé comme topique aussi bien sur lapeau que sur les muqueuses, est le plus souvent en cause,en dehors de l’hydrocortisone.

Nous rappelons que les allergies aux corticoïdes du groupeA et B sont les plus fréquentes et les réactions croisées sefont le plus souvent au sein d’un même groupe. Le Bude-sonide est un marqueur de sensibilisation à la fois dugroupe B et du groupe D2 du fait d’un mélange à partségales de 2 stéréo-isomères, l’un ayant la conformationdes corticoïdes du groupe B et l’autre du groupe D2.

Conclusion

L’allergie aux corticoïdes inhalés existe, même si elle n’estpas très fréquente, il faut l’évoquer dans certaines circons-tances décrites ci-dessus.Sur le plan pratique : un sujet sensibilisé au BUD ne doit pasrecevoir de traitement inhalé par BUD ; si un patient estallergique au BUD (groupe B), il faudrait prescrire un CSd’un groupe qui ne croise pas avec le BUD, par exemple :béclométhasone dipropionate, fluticasone propionate oumométasone furoate et éviter triamcinolone (groupe B).

Classification des corticoïdes

Groupe A– Chef de file : hydrocortisone– Hydrocortisone, tixocortol pivalate, prednisolone et

méthylprednisolone acétate– Réactions croisées possibles en dehors du groupe :

stéroïdes du groupe D2, acéponate d’Hc,17 butyrated’Hc, acéponate de méthylprednisolone, prednicarbate

Groupe B– Chef de file : triamcinolone acétonide– Triamcinolone, desonide, budesonide, amcinonide,

acétonide de Fluocinolone

Groupe C– Chef de file : bétaméthasone– Béthaméthasone, desoxyméthasone, dexaméthasone

Groupe D1 : les esters stables : moins souvent à l’origined’allergie de contact– Bétaméthasone-17-valerate, clobétasol propionate,

béclométhasone dipropionate, fluticasone propionate etmométasone furoate

Groupe D2 : les esters labiles : à l’origine de réactionscroisées– Hydrocortisone-17-butyrate– Réactions croisées possibles en dehors du groupe :

Budesonide, stéroïdes du groupe A

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■ LES ALLERGENES RECOMBI-NANTS : une avancée pour le traite-ment des allergies

Dr Laurence VAN OVERVELTChercheur. Département R&D. Laboratoire Stallergènes

À ce jour, plus de 500 allergènes ont été identifiés et carac-térisés grâce aux techniques de biologie moléculaire(clonage et séquençage). Il est dès lors possible de rempla-cer les extraits biologiques naturels par des allergènesrecombinants produits par génie génétique, utilisables àdes fins diagnostiques et thérapeutiques. La productiond’allergènes recombinants, par des techniques de biotech-nologie, ouvre la voie à de nouveaux traitements de désen-sibilisation.

Des extraits naturels aux vaccins recombinants

L’immunothérapie spécifique (ITS) est le seul traitementcuratif spécifique des allergies IgE-médiées (type I). Cetteméthode s’avère particulièrement bénéfique dans la rhiniteallergique, l’asthme léger à modéré et l’hypersensibilitéaux venins d’hyménoptères.

1. Les extraits naturels sont des mélanges protéiquescomplexesÀ l’heure actuelle, l’ITS consiste en l’administration, parvoie sous-cutanée ou sublinguale, d’extraits solublespréparés à partir d’une source naturelle d’allergènes(cultures d’acariens, pollens, moisissures, épithelia d’ani-maux, etc). Ces extraits allergéniques sont en réalité desmélanges protéiques complexes formés, d’une part, desallergènes majeurs et mineurs et, d’autre part, de compo-sants biologiquement inactifs tels que d’autres protéines,des glycoprotéines et des hydrates de carbone. Cette hété-

rogénéité implique la mise en place de procédures de stan-dardisation spécifiques pour assurer l’uniformité lot aprèslot.La standardisation est principalement basée sur la mesurede la capacité globale de liaison de l’extrait aux IgE (c’est-à-dire sur l’activité allergénique totale). Aujourd’hui, denouvelles technologies (SELDI-TOF, électrophorèse 2D etPF2D) sont employées pour obtenir un profil précis desprotéines présentes. Cependant, ces méthodes ne sont pasquantitatives et ne peuvent donc pas servir de base pourl’étalonnage ou le contrôle de qualité des lots pharmaceu-tiques [1].

2. Principales caractéristiques des allergènes recombi-nants

a. PropriétésPar rapport aux extraits allergéniques, les allergènesrecombinants présentent de multiples avantages [1] :parfaitement caractérisés au niveau moléculaire et immu-nochimique ; hautement purifiés ; faciles à standardiser ;permettant un diagnostic et un traitement plus précis.

b. Sauvages ou hypoallergéniques ?Les allergènes recombinants dits de « type sauvage » sontproduits pour mimer les allergènes naturels dans leursmoindres détails. Le terme « sauvage » est employé paropposition à celui « d’hypoallergénique » qui caractériseles allergènes modifiés, par mutagenèse dirigée ou altéra-tion de la structure tridimensionnelle, pour réduire leurcapacité de liaison aux IgE. En théorie, les formes hypoal-lergéniques devraient mener à des vaccins plus sûrs parvoie sous-cutanée, cependant leur intérêt en immunothéra-pie sublinguale (ITSL) reste mal défini. En effet, la présen-tation des allergènes recombinants en configuration natu-relle semble préférable dans la mesure où, d’une part, il ya peu de mastocytes au niveau de la muqueuse sublingualeet, d’autre part, une reconnaissance par les IgE permet decibler les cellules dendritiques de type Langerhans FceRI+capables de produire du TGF-ß et de l’IL-10 [3].

3. Méthodes de production

À partir d’une source d’allergènes, l’ARN messager(ARNm) est isolé et utilisé comme matrice pour lasynthèse d’ADN complémentaire (ADNc) correspondant(figure 1). L’étape suivante est l’amplification par la tech-nique PCR (polymerase chain reaction) du gène codantpour l’allergène identifié (liste consultable sur www.aller-gome.org). Le gène d’intérêt est ensuite inséré dans unvecteur approprié, le plus souvent un plasmide, pour faci-liter son expression dans un organisme hôte.

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a. Les différents systèmes hôtesLes systèmes d’expression procaryote telles les bactéries(Escherichia coli) produisent les protéines recombinantessans aucune modification post-traductionnelle. Il est ainsipossible d’obtenir, dans la plupart des cas, des allergènesdont la réactivité est comparable à celle de la forme nativede façon peu coûteuse, facile et rapide. Cependant, lors-qu’une conformation spatiale particulière ou des modifica-tions post-traductionnelles – comme la glycosylation –sont nécessaires, il peut être fait appel à un système d’ex-pression eucaryote, tels les levures (Pichia pastoris,Saccharomyces cerevisiae), les Baculovirus d’insectes etdivers végétaux comme les plants de tabac Nicotiana taba-cum ou l’orge. Néanmoins, ces systèmes n’induisent pasnécessairement une glycosylation identique à celle de laglycoprotéine native. Le choix du système d’expressiondépend donc de la nature de la protéine à exprimer et deson utilisation ultérieure.

b. La purificationÀ l’issue du processus de fermentation et de l’induction del’expression du gène, la protéine recombinante est purifiéeà l’aide de méthodes chromatographiques appropriées. Lesniveaux de caractérisation et de standardisation obtenusavec les allergènes recombinants seront, en principe, trèssupérieurs à ceux qui peuvent être obtenus avec des extraitsallergéniques : homologie, pureté, concentration allergé-nique, activité et niveaux de contamination possibles.

4. Adjuvants et galéniques

Les protéines hautement purifiées ou recombinantes sontpeu immunogènes, c’est pourquoi un adjuvant est néces-saire pour induire les réponses immunes appropriées enadressant un co-signal aux cellules immunitaires [1,4]. Enlatin, adjuvare signifie « aider » ; ainsi, un adjuvant peutêtre défini comme toute molécule biologique ou synthé-tique aidant à moduler la réponse immunitaire lorsqu’il estassocié à un antigène.

a. Intérêts des adjuvantsL’utilisation des adjuvants a plusieurs objectifs : augmen-ter l’efficacité vaccinale ; permettre la réduction des dosesavec une efficacité conservée ; simplifier les schémasd’administration.

b. Quel adjuvant choisir ?Le rôle des cellules T régulatrices et des cytokines immu-nosuppressives (IL-10 et TGF-ß), en tant que médiateursde l’ITS et de la réponse immune normale aux allergènes,est bien établi [5]. C’est pourquoi, les adjuvants capablesd’induire des cellules dendritiques tolérogènes et/ou deslymphocytes T régulateurs pourraient être de bons candi-dats [1,4]. À la fois des modèles humains (co-culture de

cellules dendritiques dérivées de monocytes et de lympho-cytes T) et animaux (souris Balb/c sensibilisées à l’oval-bumine) ont été mis en place pour sélectionner les candi-dats adjuvants (figure 2). Les résultats de nos travauxsuggèrent qu’une combinaison de 1α,25- dihydroxyvita-mine D3 et de dexaméthasone ou des bactéries lactiques,comme Lactobacillus plantarum, peuvent induire uneforte production d’IL-10 par les cellules T humaines etaugmenter l’efficacité de l’ITSL chez la souris sensibiliséeaprès co-administration avec l’ovalbumine.

c. Les formes galéniquesDes formulations galéniques innovantes comme descomprimés, biofilms ou poudres mucoadhésives peuventaussi être utilisées pour augmenter le temps de contactavec la muqueuse sublinguale et faciliter le ciblage descellules dendritiques locales [1,4]. Nos travaux ont montréqu’une telle formulation mucoadhésive de l’ovalbumineaugmente l’efficacité de l’ITSL chez des souris sensibili-sées à l’ovalbumine.

Conclusion

La production d’allergènes recombinants ouvre la voie audéveloppement de tests diagnostiques et de nouveaux trai-tements de désensibilisation. Les allergènes recombinantssont déjà disponibles pour les tests diagnostiques in vitroet constituent une aide pour les patients ayant de multiplessensibilisations, en permettant de mieux identifier lesallergies croisées et d’orienter l’ITS. Ils pourraient égale-ment être utilisés dans le futur pour les tests diagnostiquesin vivo : cutanés et de provocation. Les traitements baséssur les allergènes recombinants vont certainement marquerun progrès pour la prise en charge des pathologies aller-giques dans les prochaines années.

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Fig. 1

Fig. 2

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Dr Sandrine PONTIERService de Pneumologie et Unité de Soins IntensifsClinique des Voies Respiratoires, Hôpital Larrey - Toulouse

1 - Définition et épidémiologie

Le syndrome obésité-hypoventilation (SOH), décrit il y a50 ans comme une rareté, est considéré actuellementcomme une cause non négligeable d’insuffisance respira-toire chronique. Les deux raisons essentielles en sont lameilleure connaissance des troubles respiratoires dusommeil et surtout le contexte épidémiologique actuel del’obésité.L’obésité, définie par un Indice de Masse Corporelle(IMC) supérieur à 30 kg/m2 et le surpoids, défini par unIMC supérieur à 25 kg/m2, connaissent en effet une explo-sion, notamment dans les pays occidentaux. On estimeactuellement que plus de 312 millions d’individus dans lemonde ont un IMC supérieur à 30 kg/m2 [1]. Entre 1986 et2000 aux Etats Unis, la prévalence des sujets ayant unIMC > 40 kg/m2 a été multipliée par 4 [2]. Il s’agit d’unphénomène global, qui affecte aussi bien l’enfant et l’ado-lescent que l’adulte. Les conséquences de l’obésité surl’organisme commencent à être de plus en plus étudiées.Les conséquences respiratoires de l’obésité sont un sujetd’actualité dans des pathologies telles que l’asthme, laBPCO, l’insuffisance respiratoire ou les complicationsrespiratoires post-chirurgicales.Le SOH est, parmi ces pathologies, un sujet d’intérêtparticulier. On le définit par l’existence d’une insuffi-sance respiratoire hypercapnique (PaO2 < 70 mmHg,PaCO2 > 45 mmHg) chez un sujet obèse (IMC > 30kg/m2) qui n’a pas d’autre cause d’insuffisance respira-toire (BPCO, cyphoscoliose…) [3]. Le tableau clinique duSOH est un peu différent de celui du syndrome de Pick-wick décrit dans les années 1950, qui concernait despatients présentant une obésité extrêmement importantevoire monstrueuse, porteurs d’une hypoventilation alvéo-laire et présentant un retentissement cardiaque droit. Dansla définition actuelle, l’obésité peut être modérée, et leretentissement cardiaque droit n’est pas obligatoire [4].Une étude nord-américaine récente a mis en évidence untaux de 31% de SOH chez 277 obèses hospitalisés auxurgences [5]. De même, une récente étude de l’ANTADIRretrouve un taux de 23,6% de SOH chez des patientsobèses pris en charge pour un SAOS [6]. Ces pourcentagessont probablement surestimés en raison du mode de recru-tement des patients, mais on estime actuellement que leSOH concerne environ 10% des obèses [4].

2 - Un peu de littérature…

Les 1ères descriptions « médicales » du SOH remontentà 1955 [7]. Deux ans plus tard, Burwell et collaborateurs[8] donnent le nom de syndrome de Pickwick à cette entitéqui associe une obésité extrême, une incompétencecardiaque droite et une somnolence diurne incoercible.Dans cet article, les auteurs rapportent le cas d’un patientobèse, qui s’endort sans cesse au travail et confondfréquemment rêve et réalité. Il est comparé à « Big Joe »,personnage secondaire d’un roman de Charles Dickens,« Les Papiers posthumes du Pickwick Club », paru en1837 et non comme on le croit souvent au personnageprincipal du roman, Samuel Pickwick [9]. Ce domestiqueest décrit dans le roman comme étant particulièrementgras, rougeaud et goinfre et surtout capable de s’endormirn’importe où, même en parlant ou en mangeant, ce quin’est pas sans rappeler certains de nos patients :

« Sa tête était affaissée sur sa poitrine ; seul un ronfle-ment continu et, de temps à autre, un bruit d’étouffementpartiel, révélaient à l’ouïe la présence du grand homme.Le gros garçon se leva, ouvrit les yeux, avala l’énormebouchée de pâté qu’il avait commencé à mastiquer ladernière fois qu’il s’était endormi, et obéit lentementaux ordres de son maître. Les chevaux furent attelés, lecocher prit place, le gros garçon à côté de lui… Le soleilcouchant tombait sur la silhouette du gros garçon. Satête s’était abattue sur sa poitrine et de nouveau ildormait. »

Plusieurs autres descriptions sont présentes dans la littéra-ture, dans l’histoire ou même dans le monde politique.Récemment, Sotos [10] a repris un certain nombre dedonnées concernant Taft, un président des Etats Unis dudébut du 20ème siècle, particulièrement obèse (300 pounds,soit environ 150kg). D’après les multiples descriptions deTaft (1857-1929), l’auteur conclue soit à un syndromed’apnées obstructives du sommeil (SAOS) soit à un SOH.Lorsqu’il était président, Taft s’endormait fréquemment« au milieu de sa journée de travail – à son bureau, au coursde réunions publiques ou en séance de signatures –(…)Il dormait en jouant aux cartes, quand il était passager envoiture, même sur la 5ème avenue à New York (…) Il pouvaitdormir debout… » [10]. Les exemples de SOH sont doncmultiples et ce nombre augmentera probablement dans lesannées futures.

LE SYNDROME OBESITE - HYPOVENTILATION

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3 - Le diagnostic

L’hypercapnie est la conséquence de 3 mécanismes essen-tiels :– une cause mécanique comprenant une diminution de lacompliance du système respiratoire, une augmentation dutravail des muscles respiratoires et une diminution de leurpuissance– une cause centrale impliquant une diminution de laréponse ventilatoire au CO2

– le rôle éventuel des apnées obstructives qui ne sont passystématiquement retrouvées : il semblerait que 20 à 25%des patients SOH n’a pas de SAOS. De même, la relationentre la sévérité des apnées et la survenue de l’hypercap-nie diurne ne semble pas déterminante [11,12].Le rôle de la Leptine est aussi évoqué : des souris défi-cientes en Leptine (ob/ob) présentent une hypoventilationalvéolaire comparable au SOH, réversible lorsque le tauxde Leptine est restauré [13]. Chez les patients obèses, il aété montré qu’un taux de Leptine élevé prédit mieux laprésence d’une hypercapnie que l’IMC. L’hypothèse d’unerésistance centrale à la Leptine est donc soulevée pourexpliquer le développement de l’hypoventilation [14].Certains auteurs montrent une diminution du taux deLeptine sous VNI, ce qui pourrait sous-entendre que laventilation restaure la sensibilité centrale à la Leptine [15].Ces données ne sont pas retrouvées dans toutes les études.Le plus souvent, le diagnostic de SOH est évoqué dans uncontexte de décompensation respiratoire hypercapnique,chez un patient obèse hospitalisé en urgence, sans passéd’insuffisance respiratoire connu [4]. Les autres circons-tances de diagnostic sont : les bilans de somnolence chezun patient obèse, bilan de dyspnée, bilans d’insuffisancecardiaque droite, bilans pré anesthésie… Il est importantd’essayer de dépister le SOH chez un patient encore stable.Il existe en effet une surmortalité et un recours à la réani-mation et à la ventilation mécanique plus important chezces patients. Ce syndrome altère nettement le pronostic etla qualité de vie des patients obèses. Les coûts de santé etla mortalité sont élevés, et la qualité de vie est moinsbonne [5]. Le pronostic vital est altéré en raison de l’hy-percapnie mais aussi des comorbidités fréquentes qui luisont associées (HTA, cardiomyopathies, diabète non insu-linodépendant…).Le diagnostic de SOH doit donc être évoqué chez toutobèse se plaignant de symptomatologie diurne, ou aumoins matinale à type de céphalées, troubles de l’atten-tion, troubles de l’humeur, somnolence et altération dusommeil. De même, la mise en évidence de signes d’in-suffisance cardiaque droite est évocatrice. La dyspnée doitbien entendu faire rechercher un syndrome restrictif ou unsyndrome obstructif dans le cas d’une pathologie sur-ajou-tée.Le diagnostic va être posé grâce à l’étude du sommeil,

avec dans l’idéal une polysomnographie (ou éventuelle-ment une polygraphie ventilatoire), et la gazométrie en airambiant réalisée au réveil. La polysomnographie montreune hypoventilation nocturne, avec notamment un niveaude saturation artérielle en oxygène bas tout au long de lanuit ; des apnées ou hypopnées obstructives ou mêmecentrales sont fréquentes, pas systématiques. L’absenced’un SAOS ne doit pas faire récuser le diagnostic. L’idéalest de pouvoir faire une gazométrie artérielle au momentdu réveil, afin de dépister l’hypoventilation alvéolairenocturne qui est souvent corrigée dans la journée, dès quele patient reprend une activité normale.

4 - Le traitement

Les deux options thérapeutiques dont on dispose sont lapression positive continue (PPC) et la ventilation à deuxniveaux de pression ou ventilation non invasive (VNI).Lorsque le patient arrive à l’hôpital en décompensationrespiratoire hypercapnique, la VNI est communémentutilisée et permet une amélioration généralement rapidedes symptômes.L’utilisation de la PPC se justifie principalement par le faitque la grande majorité des patients SOH présente unSAOS associé. De nombreuses études montrent uneamélioration significative de la somnolence diurne maisaussi de façon moins subjective, des désaturationsnocturnes en oxygène sous PPC [16,17]. Une des dernièreétude publiée sur le sujet retrouve une correction de l’hy-poventilation alvéolaire chez 57% des patients sous PPC[17], ce qui sous-entend malgré tout qu’elle persiste chez43% des patients.La VNI se justifie essentiellement lorsque la PaCO2 estparticulièrement élevée ; on peut proposer, par exemple,un taux supérieur à 55 mmHg [4]. Au dessus de ce chiffre,la VNI permet de corriger l’hypoventilation alvéolaire demanière tout à fait significative [18,19]. Elle permet ausside diminuer le recours aux soins [20], et pour certainsauteurs, elle améliorerait la fonction ventilatoire [18]. Demême, la VNI corrige ou, au moins, améliore la réponseventilatoire au CO2 [18,21].En pratique, la recherche d’un SAOS associé est fonda-mentale, par polygraphie ventilatoire, ou, au mieux, parpolysomnographie. En cas d’absence de SAOS, la mise enplace d’une VNI est proposée, associée à une oxygénothé-rapie nocturne si les désaturations persistent. S’il existe unSAOS, et que l’hypercapnie n’est que modérée (< 55mmHg), une PPC peut être mise en place ; en cas d’échecou d’hypercapnie initiale trop importante, la VNI seraproposée. Dans tous les cas, la persistance d’une hypoxé-mie résiduelle doit faire discuter une oxygénothérapie. Letraitement doit toujours être réévalué ; il est important desavoir changer une PPC pour une VNI en cas de persis-

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tance de l’hypoventilation, mais il faut aussi penser àpasser de la VNI à la PPC, et à arrêter l’oxygénothérapie,lorsque ces traitements ne sont plus efficaces.

Pour conclure…

Loin des descriptions littéraires et quelque peu humoris-tiques des premières publications, le SOH connaît uneexpansion en raison du nombre grandissant d’obèses dansles pays occidentaux. Sa prise en charge est fondamentaletant pour l’amélioration de la qualité de vie que de lamortalité des patients, que pour la réduction des coûts desanté qui en découlent. Le traitement par PPC ou VNI sediscute en fonction des cas et doit toujours être réévalué 4à 6 semaines après son instauration, puis régulièrement enfonction des habitudes de chacun.

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■ Modalités pratiques de la sur-veillance à domicile d’une assistancerespiratoire chez un patient porteurd’un syndrome obésité-hypoventilationDr Françoise FOURNIALPneumologue. Isis Médical

I. Matériel d’assistance respiratoire

Le matériel mis en place dépend de la décision médicaleprise au terme du bilan effectué chez le patient, sachantque les buts recherchés sont le confort du malade et lacapacité à corriger l’hypoventilation au cours de la nuit.

Les appareils de Pression Positive Continue (PPC)Sont constitués par un générateur d’air à haut débit, qui parl’intermédiaire d’un masque étanche (nasal ou naso-bucal), agit directement sur les voies aériennes supérieurescomme une attelle pneumatique.Le débit d’air généré ouvre ainsi les voies aériennes etpeut favoriser une augmentation des volumes pulmonaireset améliorer l’hématose. Le niveau de pression est généra-lement identique à l’inspiration et à l’expiration.Certains appareils peuvent être réglés avec un niveau depression expiratoire plus faible pour favoriser la tolérance.(exemple : C.Flex). D’autres permettent d’avoir un niveaude pression variable au cours de la nuit en fonction desévènements respiratoires rencontrés (apnées et hypo-pnées) : ce sont les PPC auto pilotées.

Les appareils de ventilation non invasive (VNI)Sont des ventilateurs barométriques utilisés en mode spon-tané (le patient déclenche lui-même son cycle respiratoire)avec aide inspiratoire.Les valeurs de l’aide inspiratoire et de la pression expira-toire positive détermineront la qualité de la ventilation. Ilest possible de surveiller le volume courant expiré, refletdu volume délivré au patient au cours de la VNI. Il estpossible aussi selon les types de ventilateur de régler lestriggers (inspiratoires ou expiratoires), la pente de pressu-risation, la fréquence de sécurité…. afin de favoriserl’adaptation et l’efficacité.La VNI diminue le travail ventilatoire et améliore leséchanges gazeux, notamment pendant le sommeil, plusefficacement que la PPC.

Les interfaces - Les masquesL’interface joue un rôle prépondérant dans la tolérance etl’efficacité des traitements par PPC ou VNI.Les progrès technologiques permettent à l’heure actuelled’assurer pratiquement toujours confort et étanchéité.Les masques nasaux sont les plus largement utilisés àdomicile parce que moins encombrants, plus facilementacceptables et assurant une étanchéité suffisante dans lamajorité des cas.Une alternative au masque nasal peut-être représentée parles «embouts narinaires» qui s’implantent directement

dans les narines et permettent d’éviter irritation ou ulcéra-tion cutanée. Ils peuvent être utilisés en alternance avec lemasque nasal classique ou temporairement pour passer uncap difficile et attendre la cicatrisation d’une lésion.Le masque naso-buccal permet de compenser les fuitesbuccales mal tolérées lors du port d’un masque nasal(sécheresse buccale, augmentation des résistances nasales,inefficacité de la ventilation).La souplesse et l’ergonomie des nouveaux masques facili-tent l’adaptation et réduisent la sensation de claustrophobie.Le circuitAu domicile, masque et ventilateur sont reliés le plussouvent par un circuit en branche unique, plus facile àgérer pour le patient et son entourage. La mise en placed’un circuit double branche avec une branche expiratoiremunie de valve servant à la mesure du volume expiré réeln’est qu’exceptionnelle pour ce type de patients.

PPC

VNI

Les interfaces - Les masques

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Le circuit unique comporte ou ne comporte pas de valveexpiratoire. En son absence, les fuites expiratoires quidoivent éviter le rebreathing sont situées soit sur lemasque, soit sur la jonction masque-circuit (s’en assurertoujours).

L’humidificationElle n’est pas toujours nécessaire dans la ventilationuniquement nocturne des patients. Elle est mise en placelorsque le patient se plaint de manifestations d’irritation(sécheresse, obstruction ou écoulement nasal, éternue-ment) et plus facilement si une oxygéno-thérapie estcouplée à la ventilation.

II. Surveillance à domicile

Schématiquement, il faut envisager 3 étapes essentiellesdans la prise en charge des patients ventilés dans le cadred’un syndrome obésité-hypoventilation.1. La décision du retour à domicile2. La mise en place de l’appareillage au domicile et la

période d’adaptation3. La période de chronicité du traitement, sachant qu’il

s’agit d’une population à poumons souvent sains, quipeut s’améliorer s’il y a perte de poids et donc permettrel’arrêt de la ventilation.

Décision du retour à domicileCette décision thérapeutique est prise après bilan de lamaladie causale, premiers essais de ventilation en milieuhospitalier, vérification de la tolérance et de l’efficacité(gaz du sang, oxymétrie, polygraphie du sommeil),analyse des motivations du patient, et informations clairesdonnées au patient et à son entourage sur les buts et lesmodalités de la ventilation.L’équipe prestataire chargée de la mise en place de l’appa-reillage doit essayer d’être présente dans cette phase déli-cate afin d’utiliser les mêmes arguments que l’équipehospitalière et préciser les éléments indispensables auretour à domicile : réglages de l’appareil, interfaces choi-sies, ajout ou non d’une source d’oxygène, motivation etqualité du patient et de son entourage, surveillance parti-culière à mettre en place.

Mise en place de la ventilation au domicile et périoded’adaptationLoin du « cocon » hospitalier la ventilation, même si elleest bien comprise, n’est pas toujours facilement acceptée.Sauf chez les patients où le bénéfice clinique est rapide etévident, les patients obèses se considèrent peu comme« malades » ou en danger et les notions de « meilleureespérance de vie » ou de prévention des rechutes sontsouvent peu motivantes.L’équipe prestataire a donc un triple rôle :– vérification régulière selon les exigences de l’Assurance

Maladie du bon fonctionnement de la machine, desréglages, de l’hygiène du matériel…

– vérification de la bonne adaptation du patient à samachine : horaire d’observance, étanchéité desmasques, confort, qualité du sommeil, oxymétrie etanalyse du logiciel machine.

– et poursuite de la mise en place des éléments d’éduca-tion : remotivation du patient et de l’entourage, ré expli-cation des buts de la ventilation, de l’importance de l’ob-servance, de la poursuite des règles hygièno-diététiques.

Période de chronicité du traitementL’assistance ventilatoire dans les syndromes obésité-hypo-ventilation n’est pas pour tous les patients un traitement àvie. Elle est donc chargée d’espoir si le patient est bienaccompagné dans son parcours de soin et arrive à perdre dupoids.Ainsi, si la surveillance à domicile reste axée sur lesexigences d’une surveillance régulière de l’adaptation dupatient à la machine, de son observance, il est tout aussiindispensable d’informer régulièrement médecin traitant etspécialiste des modifications de l’état de leur patient afin dedéclencher une réévaluation peut-être plus précoce entraî-nent la modification des réglages ou le changement du typede ventilation ou peut-être l’interruption du traitement.

Exemples de documents transmisLes signes cliniquesL’interrogatoire précise à chaque visite l’existence etl’évolution des signes présentés par le patient : somno-lence diurne, ronflements, perte de poids, nycturie,amélioration état général, meilleure tonicité, céphaléesmatinales, dyspnée au repos, fume.

Lecture des logiciels machinesLes logiciels de PPC et de VNI permettent à chaque visitede connaître les jours et heures d’observance, les pressionsutilisées (sur certains appareils le volume courant estimé),les fuites existantes, les évènements respiratoires persis-tants (apnées et hypopnées). L’oxymétrie nocturne peut-être réalisée parallèlement à la ventilation afin d’apprécierson efficacité.

Protocole de prise en charge pour les patients ventilésdans le cadre d’un syndrome Obésité Hypoventilation.-Installation dès réception de la prescription médicale– J1 Contact téléphonique patient avec intervention si

nécessaire– J10 Visite avec transmission au médecin des éléments

cliniques ainsi que du rapport d’observance (oxymétriesi nécessaire)

– J40 Visite contrôle du traitement mis en place et trans-mission au médecin des éléments cliniques (oxymétrie sinécessaire)

– J60 Visite contrôle du traitement mis en place et trans-mission au médecin des éléments cliniques (oxymétrie sinécessaire)

– J120 Visite contrôle du traitement mis en place et trans-mission au médecin des éléments cliniques (oxymétrie sinécessaire)

– Au-delà, contrôle tous les 2 à 3 mois. Relevé des obser-vances et transmission du compte-rendu au médecin

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■ Prise en charge par SADIR assis-tance des patients ventilés au masquedans le cadre d’une hypoventilationalvéolaire

Dr Laurence ADROVERPneumologue - Toulouse

La SADIR et son équipe pluri-disciplinaire ont mis enplace, en accord avec le médecin prescripteur, unprogramme d’éducation thérapeutique spécifique pour laprise en charge des patients ventilés au masque dans lecadre d’une hypoventilation alvéolaire que nous allons

illustrer à travers un cas clinique :Madame P. Paulette âgée de 70 ans se présente, à lademande de son cardiologue, en consultation de pneumo-logie pour le bilan d’une asthénie, d’une dyspnée ettroubles du sommeil sans somnolence diurne excessive.Dans les antécédents nous retenons une cardiopathiehypertensive, une fibrillation auriculaire chronique sousanti-vitamine K, un diabète de type II.

Cliniquement, il existe une surcharge pondérale impor-tante (taille : 1.60m, poids 110 Kg) entraînant des diffi-cultés à la mobilisation.. L’examen physique montre unecyanose périphérique, des oedèmes de stase au niveau des membres inférieurs. L’auscultation pulmonaire etcardiaque est sensiblement normale. La tension artérielleest à 160/100.

Le cliché thoracique retrouve une majoration de l’in-dex cardio-thoracique, il n’y a pas de foyer parenchyma-teux pulmonaire évolutif.

Le bilan fonctionnel respiratoire révèle un troubleventilatoire restrictif pur, la capacité pulmonaire est ampu-tée de 40%

Les gaz du sang retrouvent une hypoventilation alvéo-laire majeure avec acidose respiratoire non compensée: pH7.32, P02 49mmHg, PCO2 65mmHg, la saturation en O2est à 80%.

Devant l’ensemble de ces résultats la patiente est hospita-lisée, une ventilation non invasive va être mise en place.Le médecin pneumologue fait alors appel au prestataireafin que ce dernier puisse mettre à disposition du patient etde l’équipe soignante du service un ventilateur et les inter-faces nécessaires.

Le technicien de santé intervient rapidement etavec l’équipe médicale participe à la mise en place desparamètres ventilatoires et à l’adaptation du masque.L’évaluation de la bonne tolérance des paramètres ventila-toires et du masque sera faite durant tout le séjour par letechnicien de santé de SADIR assistance et l’équipesoignante. L’efficacité de ce traitement est confirmée parla mesure des gaz du sang prélevés sous ventilation :pH 7.40, PCO2 47mmHg, PO2 65mmHg.Madame P. Paulette peut alors regagner son domicile, leservice ayant préalablement averti la SADIR. Le techni-cien installe le jour même la ventilation chez la patientepermettant ainsi une continuité des soins. En fonction desbesoins et à la demande du médecin prescripteur uneéquipe pluridisciplinaire est à la disposition des patients.

Plus précisément une équipe éducativeComprenant un psychologue, un technicien, une infirmièreévalue au domicile les connaissances concernant la patho-logie et le traitement :– acquisition des connaissances physio-pathologiques.– familiarisation avec le masque et apprentissage de l’uti-

lisation de l’appareil (hygiène du masque, entretien del’humidificateur).

– appréciation de l’autonomie du patient et de l’adhésionde son entourage au traitement.

Le soutien psychologique va permettre de repérer lesphénomènes de résistance à l’observance, les penséesdysfonctionnnelles ou déraisonnables ainsi les cerclesvicieux pouvant réaliser une résistance à la prescriptionmédicale.L’évaluation régulière, rapprochée dans le premier mois,avec la possibilité pour le patient de rentrer en contactavec les différents acteurs de la prestation (psychologue,diététicienne, assistante sociale, technicien, infirmière,pharmacien, médecin) va permettre de renforcer l’adhé-sion au traitement et de diminuer les risques d’abandon del’appareillage.Lors de chaque visite au domicile, une évaluation de l’ob-servance, de la tolérance du traitement est réalisée et unréapprovisionnement en consommable est effectué.Un rapport de synthèse est adressé systématiquement auxmédecins (traitant et spécialiste).

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Dr Gérard VINCENTChirurgien dentiste, membre de l’American Association of Dental SleepMedecine, membre de l’European Association of Dental Sleep Medecine,Président de l’association française sommeil et système stomatogna-thique, Attaché service d’ORL (Pr Meyer) de l’hôpital St Antoine à Paris,Exercice libéral occlusodontie exclusive.

PréambuleLe numéro 4 de la revue Médecine et culture a abordéd’une manière très complète ce qu’était le Syndromed’Apnées Obstructives du sommeil (SAOS), comment lediagnostiquer, et quels étaient les risques de non traitement(accident automobile, vasculaire cérébral, cardiaque,diabète ...).La prise en charge par la ventilation par pression positivecontinue (VPPC) sur le plan tant mécanique que psycho-logique a été parfaitement décrite. Le but de cet article estde faire le point sur le traitement par orthèse et de propo-ser un protocole de prise en charge pour le SAOS élargi àl’ensemble des traitements.

HistoriquePierre Robin fut le 1er, dès 1934, à émettre l’hypothèse del’efficacité sur le SAOS de l’avancée mandibulaire. Ilfallut attendre les années 1980 (Cartwright 1982, George1987) pour réactiver l’idée. C’est à cette même périodequ’apparut la VPPC qui s’est régulièrement développéedepuis cette date, sa grande efficacité compensant enpartie ses contraintes (15% de refus, 35% d’abandon).Pourquoi l’orthèse n’a-t-elle pas réussi pendant ce temps àtrouver sa place ? Il convient de s’attacher à répondre auxquestions qui se posent : l’avancée de la mandibule a-t-elle une action sur les voies aériennes supérieures, l’or-thèse est-elle efficace, toutes les orthèses sont-elles effi-caces, quels sont les avantages et les inconvénients,comment examiner le patient, poser l’indication d’uneorthèse et quelles sont les étapes de réalisation, et enfindans quels cas doit-on et peut-on prescrire une orthèse ?

Mode d’action de l’orthèseCelle-ci, en maintenant en propulsion la mandibule tire lalangue en avant. La partie rétro-basi-linguale qui constituela paroi antérieure du pharynx permet donc l’ouverture decelui-ci (fig. 1).

Efficacité de l’orthèseDe nombreuses études montrent l’efficacité des orthèses

(fig. 2). Celles réalisées à l’hôpital Saint Antoine portaitsur 62 patients. L’avancée de la mandibule s’est effectuéemillimètre par millimètre jusqu’à disparition du ronfle-ment (EVA<3) et oxymétrie normalisée (ODI<5). Une

polysomnographie finale a été réalisée. Les résultatsmontrent une efficacité sur le ronflement de 95% et de76% sur les apnées (index d’apnées et d’hypopnées,IAH<10). Parmi les échecs (IAH>10), plus de 50% ont vuleur index diminuer de plus de moitié.L’efficacité de l’orthèse n’est donc plus à prouver. Lesrésultats des différentes études montrent cependant degrandes disparités ; celles-ci s’expliquent par la multipli-cité des orthèses utilisées et par les réglages effectués.Contrairement à la VPPC dont le mode d’action estcommun à tous les appareils, création d’un « matelaspneumatique » permettant le passage de l’air, les orthèsespeuvent être très différentes les unes des autres : orthèsemonobloc (deux solidarisées ne permettant aucun mouve-ment), orthèse bibloc (deux parties reliées entre elles parun système d’attache types bielles ou barettes) dontl’avancée n’est pas réglable, orthèse bibloc dont l’avancéeest réglable (fig. 3).Avant de prescrire une orthèse il convient donc de s’assu-rer qu’elle remplisse des critères d’utilisation bien définisà savoir : orthèse bibloc, afin d’assurer la meilleurecompliance ; avancée réglable jusqu’aux limites accep-tables par le patient afin d’optimiser l’efficacité.De même que chaque patient porteur d’une VPPC aura eula pression d’air efficace réglée, chaque patient porteurd’une orthèse aura sa propre avancée efficace :– recouvrement de toutes les dents afin d’éviter tout dépla-

cement intempestif ;– pas de recouvrement gingival, afin de prévenir les

déchaussements dentaires ;– une ouverture buccale limitée évitant la chute de la

mandibule en sommeil paradoxal et la réapparitiond’apnées ; avoir fait l’objet de publications scientifiquesreconnues (fig. 4)

Examen Stomato gnathiqueEffectué par un chirurgien dentiste ou un stomatologisteformé, il commencera par un entretien avec le patient. Ilpermettra de s’assurer que celui-ci a eu un examen dusommeil, de savoir si l’on est en présence d’un apnéiquemodéré n’ayant pas essayé la ventilation ou d’un ronfleursimple ou d’un apnéique sévère ne supportant pas la venti-lation ou désirant simplement utiliser l’orthèse en alter-nance (déplacements, vacances…) ce qui nous permettrad’adopter la meilleure attitude.L’examen proprement dit s’appuiera d’abord sur un bilanpanoramique puis musculaire et articulaire. Enfin l’exa-men de la cavité buccale permettra d’éliminer les maladiesparodontales, de voir les dents abîmées ou usées et de lescompter. L’orthèse sera réalisée avec une bouche en bon

L’ORTHESE D’AVANCEE MANDIBULAIRE

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état, avec des dents suffisamment rétentives pour tenirl’orthèse et avec un nombre de dents suffisants (8 mini-mum).

Réalisation et réglagesDes empreintes des maxillaires supérieure et inférieuresont effectuées permettant d’obtenir des modèles qui sontenvoyés au laboratoire. Celui-ci réalise l’orthèse et la livreau cabinet dentaire. Elle est alors essayée et des explica-tions sont données au patient sur les désagréments risquantde se produire (hyper salivation ou sécheresse buccale,contractures musculaires au réveil, dents sensibles…) tousces troubles sont appelés à disparaître rapidement. Unesemaine après, le patient est revu et des réglages sonteffectués : réglages d’occlusion en cas de douleurs ou dedéséquilibre de l’orthèse, réglage de l’avancée si les signessubjectifs ne sont pas nettement améliorés (disparition duronflement, des éventuels maux de tête matinaux, somno-lence diurne et polyurie). Trois semaines plus tard unnouveau contrôle est effectué et les réglages nécessairesréalisés. Ceci est poursuivi jusqu’à l’obtention d’un résul-tat qui paraît satisfaisant. Le patient est alors adressé auspécialiste du sommeil qui pratique un examen objectif(polygraphie, polysomnographie). Si celui-ci n’est paspositif l’avancée sera continuée et le processus recom-mencé. In fine, si le traitement est efficace, le patient serarevu à 6 mois afin de contrôler l’absence d’effets secon-daires (déplacement dentaire, modification d’occlusion,rétraction gingivale, problème articulaire). Si le traitementn’est que partiellement efficace la situation sera réévaluéeavec le spécialiste du sommeil : port intermittent, portalterné… Il n’est pas rare, dans ce cas, de voir des patientsrefusant le port permanent de la VPPC et ayant abandonnétout traitement y revenir dès lors que l’orthèse peut y êtreassociée.

AvantagesLes avantages du traitement par orthèse sont nombreux :c’est un traitement simple, adapté aux déplacements, à lavie en couple, en collectivité. Il est indépendant de toutesource d’énergie et est extrêmement bien toléré. Il estenfin très économique : il faut compter un coût moyen de300 € annuel, versus 1300 € pour le forfait prestationVPPC.

A qui prescrireOn prescrira de 1ère intention l’orthèse en cas de ronfle-ment simple (après bilan ORL ayant permis de s’assurerqu’il n’existait pas d’obstacles nasal ou vélo-amygdalien).En cas de SAOS, deux possibilités se présentent et noussuivrons les recommandations publiées en 2006 de l’Ame-rican Academy of Sleep Medicine, reprises en cette fin demême année par la haute autorité de santé. En cas deSAOS peu sévère et non somnolent, l’orthèse sera pres-crite de 1ère intention. En cas de SAOS sévère ou modéré,symptomatique, prescription de 2ème intention après laVPPC (si refus, abandon, ou intolérance).J’ajouterai qu’il convient de réfléchir à la possibilité d’untraitement associé permettant d’optimaliser le traitementdans les SAOS modérés symptomatiques et sévères enpermettant grâce à l’alternance un meilleur suivi et unebien meilleure compliance.

En conclusion l’orthèse est aujourd’hui un traitementqu’il convient d’intégrer dans notre bagage thérapeutique.Cependant, il conviendra pour en assurer le développe-ment et la crédibilité de s’assurer de la compétence dans ledomaine du sommeil du chirurgien dentiste, de la validitéde l’orthèse utilisée et d’apprendre à travailler ensemble.

PATIENT

Odontologiste Spécialiste du sommeil ORL

ChirurgieVVPCOrthèse

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Efficacité globale : 50 - 75 % des patients

Fig. 1

Fig. 2

Fig. 3

Fig. 4

Intercuspidie Propulsion +8 mm

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Dr Michel LEVADE, Dr Daniel COLOMBIERImagerie Médicale, Radiologie InterventionnelleClinique Pasteur, Toulouse

La multiplicité des techniques d’imagerie, actuellement ànotre disposition, nécessite une tentative de hiérarchisationdes examens.

L’échodoppler couleurQui a bénéficié d’améliorations constantes, reste l’examende base, de première intention, par son information morpho-logique et surtout dynamique, par son accessibilité, sa repro-ductibilité, son inocuité et son coût (75.60 €).

L’angiographie (ou artériographie)N’est plus le « gold standard » diagnostic ; elle est de plusen plus réservée à la phase thérapeutique, car elle est vulné-rante, n’offre qu’un seul plan de vue, une fiabilité diagnos-tique limitée en distalité pour les artères des membres infé-rieurs (AMI), et elle expose à des complications mécaniques(0.1 % à 5 %), (coût angiographie aortique abdominale +AMI = 531.59 €).

L’angioscannerGrâce à une nouvelle génération de scannographes hélicoï-daux qui sont passés de 4, 8, 16 à 64 détecteurs, autorise desacquisitions très rapides (un abdomen peut être exploré en 4à 5 secondes) et une ouverture de grandes longueurs desegments artériels en phase artérielle vraie, ce qui bouleversela qualité des explorations et les indications radiologiquesqui en résultent.La diminution des temps d’acquisition permet d’accéder àune résolution temporelle suffisante de 85 ms avec le 64détecteurs pour un examen morphologique de l’aorte thora-cique, de l’aorte abdominale, de leurs branches, et des artèresdes membres inférieurs.La technique d’exploration de l’aorte abdominale et desartères des membres inférieurs consiste à réaliser une acqui-sition hélicoïdale (rotation du tube à rayons X en continu etavance de table simultanée) en moyenne de 1.50 mètre, l’ac-quisition se faisant depuis les coupoles diaphragmatiquesjusqu’aux chevilles au décours d’une injection biphasique de120 ml de produit de contraste iodé* à faible osmolalité (300mg iode/ml) pulsé par 60 ml de sérum physiologique, avecun débit de 5 ml/sec. Ces doses de produit de contrasteposent le problème de la néphrotoxicité chez un patient poly-vasculaire.

Cette technique est moins irradiante qu’auparavant grâce ausystème de régulation automatique de la dose (DLP=DoseLongueur Produit entre 600 et 900 mGray.cm).L’acquisition se fait avec l’utilisation de 64 coupes de 0.6mm et la reconstruction en coupes millimétriques et si besoininframillimétriques, avec un incrément de 0.3 ou 0.4 mm cequi donne entre 2500 à 3000 coupes.Les performances informatiques permettent des reconstruc-tions multiplanaires (coronales, sagittales) d’excellentequalité notamment les reconstructions surfaciques 3D, et lesreconstructions MIP, MPR, MPR curvilinéaire, qui nécessi-tent une maîtrise des temps longs de post-traitement.Une des limites du scanner spiralé, qui est liée à une seuleacquisition dans le plan axial, survient quand il y a un ralen-tissement de flux chez un malade bradycarde ou en mauvaisétat cardiocirculatoire, entraînant un défaut d’opacificationdistale et un examen peu ou non contributif.Les reconstructions MPR bidimensionnelles seront plusfiables pour l’étude de la paroi (calcifications) et la quantifi-cation du degré de sténose lié à la surcharge athéromateuseartérielle.

L’enjeuEst de dépister les plaques à risque et d’évaluer leur instabi-lité (ulcération, rupture, dissection), voire déterminer leurcomposante calcique, fibrotique et lipidique. Une des princi-pales difficultés survient lorsque les plaques sont très calci-fiées, ce qui en scanner a tendance à faire surestimer l’obs-truction, tout comme lors de la surveillance des angioplastiesavec mise en place de stents, pour établir le diagnostic et ledegré de resténose. (Coût angioscanner aortique + AMI =262.13 / 184.63** € ).

Les indications actuellement retenues sont :– l’étude des anévrysmes de l’aorte : bilan préthérapeutique,

suspicion de fissuration, de rupture,– surveillance après traitement par endoprothèse couverte ou

par chirurgie,– suspicion de dissection aortique,– bilan préthérapeutique et surveillance après traitements

endovasculaires ou chirurgicaux des aorto-artériopathiesoblitérantes des membres inférieurs (AOMI).

L’angioIRMA bénéficié de l’utilisation de gradients de champ magné-tique puissant à commutation rapide.Des acquisitions tridimensionnelles, après injection d’unbolus de produit de contraste paramagnétique (40 cc iv dechélates de Gadolinium), et déplacement automatisé de latable, ont introduit l’IRM dans la routine clinique.

IMAGERIE DE L’AORTE ABDOMINALE,de ses branches et des membres inférieurs

* Xenentix 350

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C’est un examen non irradiant qui dure en moyenne 20 min.(temps de placement du patient dans l’aimant inclus) dont lareconstruction (MIP et MPR axial ou curvilinéaire) estimmédiate, comparativement au travail de post-traitement duscanner, et dont les acquisitions peuvent être effectuées dansn’importe quel plan.En utilisant deux acquisitions parallèles successives sur ledernier palier et une antenne en réseau phasé, on améliore larésolution spatiale en distalité, notamment dans les atteintesocclusives étagées où un important retard circulatoire est trèssouvent rencontré.L’angio IRM a l’avantage de parfaitement opacifier lesartères, même les artères distales lorsqu’il existe des asymé-tries circulatoires entre les deux membres inférieurs.Cette technique offre une inocuité relative en terme d’aller-gie ou de néphrotoxicité, en dehors de la contre-indication duGadolinium chez l’insuffisant rénal dialysé avec clearancede la créatinine effondrée.Un des inconvénients est la non visualisation des calcifica-tions, ce qui peut être un avantage quand elles sont massives,car le luminogramme n’est pas occulté, et permet de mesu-rer une éventuelle sténose. Autre inconvénient, la disponibi-lité réduite due à la pénurie des machines en France. (CoûtangioIRM aortique + AMI = 282.71 / 149.61** € ).

Le bilan de base d’une AOMI repose entr’autre, sur la prisede pression systolique, sur l’écho doppler qui est l’examenincontournable des pathologies aortiques, artérielles rénales,et de l’artérite des membres inférieurs. C’est un examen quine se concevait que couplé à l’artériographie. Depuis l’avè-nement des techniques d’imagerie en coupe, non ou peuinvasives, les recours à l’artériographie ne se font qu’à viséethérapeutique, ou limités au 1er temps d’une recanalisationdistale.

En conclusionSi un geste de revascularisation est envisagé, l’angioscanneret l’angioIRM constituent actuellement le support de discus-sion de la meilleure prise en charge en staff multidiscipli-naire :– l’angioscanner est l’examen de choix pour les AOMI

proximales, l’exploration des lésions aorto-iliaques, lecontrôle des stents, le bilan préangioplastie complexe(recanalisation iliaque ou reconstruction du carrefouraortique).

– l’angio IRM est indiquée dans les AOMI distales, l’explo-ration des lésions fémoro-poplitées et du réseau distal,dans le bilan préchirurgical des occlusions longues(iliaques ou fémorales), dans la pathologie non athéroma-teuse de l’artére poplitée (piège, kyste adventiciel).

Angio IRM des membres inférieurs chez un patient souffrant d’uneclaudication serrée stadeIIb prédominant à gauche. Acquisitionvolumique en écho de gradient 3D après injection intraveineuse degadolinium (reconstructions 3D MIP) objectivant :

Fig 1a et b : athérome aortique sévère avec sténose aortique bifocale supra et infra-rénale. Sténose ostiale bilatérale des artères rénales. Occlusion iliaque primitivegauche suppléée par le réseau hypogastrique. Sténose iliaque externe gauche sousjacente, courte et excentrée. Sténose fémorale commune droite serrée.

Fig 2a et b : occlusion fémorale superficielle bilatérale longue à droite et pluscourte à gauche correctement suppléée par le réseau fémoral profond. Sténose de lajonction fémoro poplitée gauche. Artériopathie distale avec occlusion bilatérale desartères tibiales postérieures, les deux autres axes de jambe restant perméablesjusqu’à la cheville avec une sténose bifocale de l’artère péronière droite dans sontiers proximal.** à partir de 6000 examens, forfait technique réduit.

Fig 1a

Fig 2a Fig 2b

Fig 1b

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Fig 3a-b-c-d : perméabilité normale des endopro-thèses positionnées « en tour Eiffel » au niveau ducarrefour aorto-iliaque mais la présence d’une longuesténose de l’iliaque externe droite en regard d’uneplaque mixte peu calcifiée responsable d’une sténoseserrée > 70%.

Angioscanner aorto iliaque chez une patiente auxantécédents d’angioplastie du carrefour aortiqueprésentant une récidive de la claudication stade IIbdu coté droit. Examen réalisé après injection intra-veineuse de 90 ml de produit de contraste iodé avecreconstructions 3D surfacique (fig 3a), multipla-naires curvilignes (fig 3b et c) et en angioscopievirtuelle (fig 3d).

Angiographie numérisée soustraite après injection aortique.

Fig 4a Fig 4bConfirmation des données de l’angioscan-ner avec en particulier une longue sténosede l’artère iliaque externe droite (fig. 4a)qui a été traitée par l’implantation d’uneendoprothèse auto expansible avec un bonrésultat angiographique (fig. 4b) et clinique(disparition de la claudication).

Fig 3a Fig 3b

Fig. 3c Fig. 3d

Fig. 4a Fig. 4b

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Nous fêtons les 50 ans de laclinique Pasteur enhommage au personnelpassé et actuel qui, au fildes générations, a fait decet établissement, une desplus belles institutions deFrance. La conception decette clinique a été penséeen 1954 par un petit groupede six médecins, touspneumo-phtisiologues etd’un chirurgien thoracique

qui, à la suite du décès brutal de leur maître, le ProfesseurBaudot, ont douté de leur avenir hospitalier. Ils ont créé lespremiers statuts en 1955, acheté le terrain sur une anciennefriche industrielle et ont été rapidement rejoints en octobre57 par d’autres médecins, notamment des cardiologues, sibien que, le 6 décembre 1957, le premier pavillon était inau-guré, l’activité pneumologique et chirurgicale démarrait etdéjà la croissance de la clinique était en gestation puisque lepavillon A sortait de terre peu de temps après.Paul Foulquié fut, dès le départ, le directeur-gérant de laSARL. Grâce à son dynamisme, il organisa sa croissancede façon continue. Les médecins et leur directeur furent lespères fondateurs de l’institution. Ils ont d’emblée mis enplace les grands principes de stratégie qui ont permis sondéveloppement et sa pérennité et dont certains vous paraî-tront, aujourd’hui, un peu anachroniques : une activitébasée avant tout sur la qualité des soins et des services, laclinique comme outil de travail et non un outil patrimonial,les bénéfices systématiquement réinvestis pour le dévelop-pement, les parts des associés quittant l’institution immé-diatement échangées.Dans les années qui suivirent et notamment après la loiDebré de 1958 et ses décrets d’application (cette loi défi-nit et organise la création des CHU), sept des pères fonda-teurs quittèrent la clinique et rejoignirent les hôpitaux oùils deviendront à terme, tous chefs de services, et ferontdes carrières hospitalo-universitaires remarquables. Celaexplique, sans doute, les rapports privilégiés et d’estimemutuelle qu’il y a toujours eu entre les hôpitaux deToulouse et la clinique Pasteur ainsi qu’avec notre Tutelle.Je remercie tous les responsables de la DRASS, de laDDASS, de la CRAM, de la CPAM, de l’URCAM et del’Agence Régionale d’Hospitalisation qui nous ont régu-lièrement soutenus dans nos projets. La position parti-culière de la clinique Pasteur et sa notoriété actuelle estgrandement liée à leur action. Nous espérons que ce parte-nariat indispensable se poursuivra dans les années à venir.Je voudrais rendre hommage à tous les médecins, et aux

personnels qui se sont succédés pendant trois générationset, plus particulièrement, aux services qui ont concouru aufort développement du plateau technique de la cliniquePasteur : à monsieur Michel Mignon et au docteur Jean-Louis Legrand du Laboratoire d’Analyses, dont l’engage-ment a été exemplaire, aux docteurs Jean-Bernard Carcy etAlain Bruguière du service de radiologie et d’imagerie,aux Docteurs Roger Le Net et Pascal Foulquie, qui ontcréé le laboratoire d’isotopes. Grâce à eux, le plateau tech-nique de la clinique est désormais un des plus complets etdes plus performants dans les structures privées françaises.Outre Paul Foulquié qui fut directeur-gérant de la SARLjusqu’en 1991, citons quelques personnalités exception-nelles qui ont forgé l’image de la clinique.Le docteur Raymond Bolinelli, un des pères fondateurs, aété, par son aura personnelle, un cardiologue d’uneaudience exceptionnelle. Il a créé, avec Pierre Calazel, lepremier laboratoire d’hémodynamique de la clinique qui aété à la base de l’orientation cardiologique de l’institutionet du développement de la chirurgie cardiaque. Il a été, enoutre, aux côtés de Paul Foulquié et, pendant 30 ans, leprincipal stratège de la clinique dont la sagesse, l’autoritéet aussi l’intuition sur la qualité des hommes faisaient lerespect de ses confrères.Le docteur Forouhar Vahdat a développé la chirurgiecardiaque, dès 1966, avec un succès jamais démenti. Laclinique qui était une SARL fut transformée en1992, audépart de Paul Foulquié, en Société Anonyme dont ildevint le premier PDG. Avec l’arrivée du Docteur JoséMartinez en 1970, il a développé le traitement chirurgicaldes cardiopathies congénitales et, grâce à leur petiteéquipe de réanimation, ils ont assumé pendant trente anstoute cette chirurgie difficile du nouveau-né, du nourrissonet de l’enfant pour toute la région Midi-Pyrénées.Le docteur Jean-Pierre Donzeau fut un des premiers, àcroire en l’importance de la rythmologie et à pressentir sondéveloppement futur à une époque où cette activité étaitencore marginale et modeste.Le docteur Jean Marco, professeur des Hôpitaux intégra laclinique en 1986. Grâce à son travail et à sa notoriéténationale et internationale, il a littéralement « bousté »l’activité cardiologique de la clinique et, par voie deconséquence, son activité chirurgicale. C’est indiscutable-ment, sous son impulsion, que la clinique est devenue undes centres cardiologiques les plus connus et les plusperformants.Mais à la clinique Pasteur, il n’y a pas que la cardiologie.Dans chaque spécialité, plusieurs médecins ont été impor-tants et mériteraient d’être cités. Ils ont été providentiels,par leur action propre, mais aussi et surtout, parce qu’ilsnous ont laissé des équipes de médecins, de biologistes, de

LES 50 ANS DE LA CLINIQUE PASTEUR - TOULOUSE

Dr Franc BERTHOUMIEUChirurgie thoracique et cardio-vasculaire. PDG Clinique Pasteur

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radiologues, d’isotopistes et de chirurgiens exceptionnels,sur lesquels reposent désormais la pérennité et l’avenir del’institution.En dehors des médecins, rendons également hommage àtout le personnel qui fait un travail remarquable. Chacun àsa place, ils sont le cœur qui sait voir, écouter, soulager,rassurer. C’est eux, véritablement, qui font la notoriété dela clinique.

Dans un monde qui bougesans cesse, dans un milieucomme celui de la Santé quibouge peut-être encore plus,parler d’avenir est presqueun pari impossible et pour-tant, il est nécessaire et indis-pensable de le faire carl’Avenir nous appartient.Aujourd’hui, plusieurs pro-jets sont en cours ou àl’étude. Le bâtiment Atrium

sera axé sur l’ambulatoire. Il a réalisé un investissementdans la Radiothérapie, sans précédent en France dans lesecteur privé et regroupera une grande partie de l’imageriemédicale.Si dans le passé, tous les projets ont réussi, ceux à venirdoivent impérativement réussir aussi. La mobilisation detous - médecins, professionnels de la clinique et desservices autonomes - est capitale pour leur réalisation. Ilsseront les acteurs solidaires, prenant conscience que l’in-dividuel peut s’effacer devant le collectif. C’est là le secret

de la dynamique de construction du futur de la CliniquePasteur.Cet avenir se construit autour d’une prise en charge dequalité du patient et de sa famille. Nous allons accentuernotre politique « qualité », en vue de la troisième versionde la certification délivrée par la Haute Autorité de Santé,en développant plus particulièrement encore la maîtrise dela prévention des risques et l’évaluation des pratiquesprofessionnelles.La Clinique Pasteur doit continuer à être ce qu’elle atoujours été, un établissement de santé privé, garant decertaines valeurs fondatrices qui doivent perdurer dansl’avenir et qui constituent ce que nous appelons « l’espritPasteur » : P comme le patient qui est au centre de nosvaleurs ; A comme accueil car c’est la première actionque nous avons vis-à-vis de lui ; S comme soins de qualitéqu’il est en droit d’attendre et de recevoir ; T comme letravail à accomplir pour une prise en charge de qualité ; Ecomme éthique, valeur primordiale ; U comme uniond’une équipe de professionnels compétents ; R commereconnaissance et respect mutuelsLa Clinique Pasteur est une clinique indépendante. Sesfondateurs et ses médecins actionnaires ont choisi jusqu’àprésent, librement, cette indépendance qui leur permet uneévolution permanente des pratiques médicales, une inno-vation dans de nombreux domaines, d’initier avec succèsdes projets de développement importants, faisant de laClinique Pasteur un établissement dont la réputation alargement dépassé les frontières régionales et nationales.On peut espérer que, dans le futur, la situation sera lamême. Et si l’avenir nous appartient, un partie appartientaussi aux Tutelles qui sont en permanence autour de nous.

M. Jean Pierre DEYMIERDirecteur Clinique Pasteur

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2. La science et la philosophie grecques sont d’origine païenne. Vers lesixième siècle de l’ère chrétienne, l’Empire latin chrétien d’Orient ouempire byzantin décide « d’éradiquer la philosophie païenne ». Lesphilosophes grecs émigrent alors vers l’empire sassanide (perse) opérantce que Alain de Libéra définit comme une véritable « translation descentres d’études ». La science se déplace vers l’Orient perse puis, aucours de la conquête arabo-musulmane, elle revient en Syrie, Egypte et àBagdad qui étaient des possessions de l’empire byzantin. A cette époque,écrit-il, « l’Occident chrétien est philosophiquement stérile. Il ne sortirade son long sommeil qu’avec une nouvelle translation, de l’Orient musul-man à l’Occident musulman, de Bagdad à Cordoue puis à Tolède puis del’Occident musulman à l’Occident chrétien. (…) C’est une translationintérieure à la terre d’Islam, liée à la conquête musulmane, qui a rendupossible le retour de la science grecque dans le monde latin ». L’éclai-rage donné par l’histoire de la philosophie médiévale permet decomprendre comment la philosophie païenne a pu être investie par lestrois monothéismes dans l’Orient musulman alors que l’Occident latinignorait jusqu’à son existence. Ainsi, « la philosophie en terre d’Islamn’est pas la philosophie des Musulmans, mais l’histoire des philosophiesque les Musulmans ont produites ou laissé produire après la conquête[arabo-musulmane]– [philosophies] païenne, chrétienne, musulmane etjuive ; philosophie musulmane faite par des religieux, philosophie laïquefaite par des philosophes ; philosophies orientales et occidentales, médi-terranéennes ou continentales, arabes ou non-arabes, philosophies perseset philosophies turques », cf Alain de Libéra, La philosophie médiévale,PUF quadrige, p.7 et p.54.

Dr Elie ATTIASPneumo-Allergologue – Toulouse

Jusqu’au 18e siècle, la science médicale des médecins-philosophes de la période médiévale fut la plus avancée,en Orient comme en Occident. Avicenne (980-1037) enIran et Averroès (1126-1198) en Andalousie appartenaientà la civilisation arabo-musulmane2. Ils ont légué à l’Occi-dent chrétien tout l’héritage des connaissances concernantla vie et les êtres vivants, accumulées depuis l’Antiquité.Mais ces médecins n’étaient pas tous musulmans. D’autresétaient chrétiens comme Arnaud de Villeneuve (1238-1311), juifs comme Maïmonide (1135-1204) ouhindouistes. Leur appartenance religieuse et leur origineethnique passaient au second plan. Seules comptaient leurpersonnalité et leur œuvre philosophico-scientifiqueconsidérée comme importante, pour deux raisons : elle aréactivé les connaissances d’Hippocrate et de Galien etadopté la pensée des philosophes tel Aristote pour expli-quer la vie des êtres organisés. Mais la partie la plus avan-cée de leur réflexion théorique, notamment chez Avicenneet Averroès, concerne le fonctionnement du cerveau.Bien que ces médecins n’aient bénéficié d’aucun supportexpérimental, on ne peut qu’apprécier leur manière de libé-rer la médecine des conceptions irrationnelles, magiques ouastrologiques, dominantes depuis l’Antiquité. Ils ont accu-mulé les observations cliniques, décrit et classé denombreux symptômes, essayé de nombreux traitements et

se proposaient de soigner les gens, d’atténuer leurs souf-frances et, si possible, de guérir leurs maladies.Philosophes et croyants, engagés dans la vie publique, tousces médecins s’accordent à dire que l’explication philoso-phique de certains sujets controversés, tels que la résurrec-tion des morts, l’immortalité de l’âme, l’éternité du mondepourrait fragiliser la foi de ceux qui n’ont pas été préparés àla recevoir. C’est pour cette raison, qu’ils ont souventrencontré de grandes difficultés, connu les mêmes vicissi-tudes et lutté contre d’énormes résistances provenant desautorités religieuses. Mais, malgré ces oppositions, c’est cethéritage culturel, sur lequel s’est progressivement bâtie labiologie moderne, qui a fait avancer le rationalisme et l’ana-lyse scientifique de la nature, de l’homme et de la société.

* Avicenne ou Ibn Sina(980-1037)

La vie

Avicenne appelé Ibn Sina, est né aumois d’août 980 à Afshéna, près deBoukhara en Ouzbekistan. Médecin,philosophe, astronome, géologue,

physicien et chimiste mais aussi poète et homme politique,il mène une vie aventureuse qui lui fait parcourir toute laPerse ancienne, occupée par les Arabes et en situation poli-tique instable.Son père a su diriger son éducation. Il aborde seul toutesles sciences, et s’adonne surtout à la médecine. A peineâgé de dix-sept ans, il a déjà assimilé tout le savoir de sontemps : mathématiques, physique, logique, astronomie,musique, droit canonique, et théologie.Autodidacte en philosophie, Avicenne s’est familiariséavec toute la philosophie des Anciens dans la bibliothèquede Boukhara et notamment avec les œuvres d’Aristote etde Platon. Il finit par comprendre la Métaphysiqued’Aristote qu’il a relu quarante fois grâce à un traité d’Al-Farabi surnommé “le Second Maître” (après Aristote). Ilétudie seul les œuvres d’Hippocrate et de Galien etapprend la médecine sous la direction d’un médecin chré-tien, ‘Issa Ibn Yahya. La lecture des manuscrits arabes,grecs et persans donne à Avicenne la base scientifiquenécessaire pour développer une médecine rationnelle,fondée sur de larges connaissances en chimie, biologie etphysiologie. En plus des rudiments de médecine populairebédouine, il reçoit des enseignements venus de quatrehorizons différents : grec, syrien, iranien et hindou. Sesconsultations à l’hôpital et ses observations au chevet dumalade lui apportent le complément pratique indispen-

LES MEDECINS PHILOSOPHES

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3. Préface du Canon de la Médecine.4. Introduction de Urdjuza Fi-Tib’ (Poème de Médecine)5. Avicenne et Averoès de Paul Mazliak, Editions Vuibert/Adapt

sable. Il enseignera la médecine à de nombreux étudiantsà qui il dicte ses méditations métaphysiques.Malgré son jeune âge, il se voit confier le soin de guérir leprince sassanide Nouh Ibn Mansur d’une grave maladiegrâce à sa solide expérience clinique et thérapeutique. Enrécompense, il est autorisé à consulter la vaste biblio-thèque du palais. Après la mort du prince et celle de sonpère commence sa vie itinérante, contraint à gagner sa vie.À Djouzdjan, un puissant protecteur, Abu MuhammedChirâzi, lui permet de donner des cours publics. Ilcommence à composer son œuvre majeure, le Canon de laMédecine. A Hamadan, l’émir Shamsoddawleh le choisitcomme ministre (vizir). Au début du règne du fils del’émir, Avicenne connaît la prison, victime d’intriguespolitiques et de rivalités entre princes ennemis. Mais cesbouleversements n’entament pas sa boulimie de travail.Au cours d’une campagne militaire dont il faisait partie,Avicenne est terrassé par une affection intestinale surlaquelle le doute plane : maladie ou empoisonnementcriminel ? Il meurt à Hamadan où il est enterré, au moisd’août 1037 (428 de l’hégire), à l’âge de cinquante-septans. Son nom figure au fronton de grands centres hospi-talo-universitaires dans divers pays et notamment, celui deBobigny en France.

L’œuvre scientifique

Elle est variée et couvre toute l’étendue du savoir de sonépoque. Il a écrit, dès l’âge de 21 ans, principalementdans la langue savante de son temps, l’arabe classique,mais parfois en persan, sa langue maternelle. Il traduit desœuvres d’Hippocrate et de Galien, et porte un soin parti-culier à l’étude d’Aristote. Après avoir rédigé unePhysique et une Métaphysique en sept tomes, il cherche àégaler l’œuvre d’Aristote par Kitab al-shifa, « le Livre deguérison [de l’âme] » faisant pendant au Canon de laMédecine qui était « le Livre de la guérison du corps ». Ilécrit un Traité de médicaments cardiaques. Il résume dansle Livre de Science, seul grand ouvrage d’Avicenne écriten persan pendant la dernière étape de sa vie, les disci-plines scientifiques autres que la médecine ou la biologie.Mais la renommée d’Avicenne, comme médecin, reposeprincipalement sur le Canon de la Médecine, véritable« Bible médicale » pour toutes les écoles de médecine del’Orient et de l’Occident, du 12è au 17è siècle. Cetteœuvre est composée de cinq livres qui représentent unesynthèse de toutes les connaissances médicales de sontemps, fondées sur le raisonnement et les règles de lalogique. « Celui qui prétend posséder l’art médical et entirer profit se doit de connaître et de retenir ce livre car ilcontient les connaissances essentielles au médecin.3 »Après l’invention de l’imprimerie, le Canon de la Méde-cine d’Avicenne connaît une très large diffusion dans lemonde entier. Il est traduit en latin puis en hébreu et

devient, peu à peu, la base de l’enseignement de la méde-cine dans toutes les facultés de médecine d’Europe, àMontpellier comme à Padoue, jusqu’à la fin du 17è siècle.Il fut contesté à la Renaissance par Léonard de Vinci quirejette l’anatomie et par Paracelse qui le brûle puis il futdépassé au réveil de la science européenne. Néanmoins, uncours de la médecine d’Avicenne fut donné à Bruxelles,jusqu’en 1909.

La Médecine d’Avicenne

S’il est possible de la résumer4, « la médecine est l’art deconserver la santé et éventuellement, de guérir la maladiesurvenue dans le corps ». Avicenne décrit toutes les mala-dies répertoriées à l’époque. Il est le premier à distinguerla pleurésie, la médiastinite et l’abcès sous-phrénique, àdécrire correctement l’anatomie de l’oeil humain, lesdifférentes variétés d’ictères, les deux formes de paralysiesfaciales, centrale et périphérique et la symptomatologie dudiabète. Il expose avec précision le système des ventri-cules et des valves cardiaques. Il pressent le rôle des ratsdans la propagation de la peste, indique que certainesinfections sont transmises par voie placentaire et émetl’hypothèse selon laquelle l’eau et l’atmosphère contien-draient de minuscules organismes, vecteurs de certainesmaladies infectieuses. Il recommande la pratique régulièredu sport ou l’hydrothérapie en médecine préventive etcurative et insiste sur l’importance des relations humainesdans la conservation d’une bonne santé mentale et soma-tique.

Sa doctrine philosophique5

Elle se base sur celle d’Aristote et sur les travaux d’Al-Farabi.Le philosophe Abu Abdallah Ennatili l’initie au Coran,aux humanités traditionnelles arabes et à la philosophie etlui fait étudier l’Isagogue de Porphyre, petit traité pédago-gique de vulgarisation de la philosophie d’Aristote rédigéau IIIè siècle où il découvre pour la première fois la hiérar-chie des genres et des espèces. « Du genre des êtresvivants caractérisés par une essence très générale, onpasse, par degrés, aux êtres ayant un corps, un corpsanimé, donc à l’animal, à l’animal raisonnable formantl’espèce homme, puis à l’individu unique parmi lesmembres de l’espèce ». Pour les philosophes grecs, cettehiérarchie des essences et des espèces, explique la genèse

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6. Livre de Science, II, p. 79.7. M.Sebti, Avicenne. L’âme humaine, p.188. M. Sebti, Avicenne. L’âme humaine, p. 18.

du monde. Pour Avicenne, l’essence est non-contingente(non accidentelle). Il doit donc exister une essence néces-saire en elle-même, pour que l’existence puisse êtrepossible : l’Être nécessaire ou encore Dieu qui crée laPremière Intelligence par émanation. Cette définitionaltère profondément la conception de la création puisquele passage de l’Être premier à l’existant est une nécessitéet non plus une libre volonté. Mais pour Avicenne, c’estl’Être nécessaire, Dieu, qui est à l’origine de tout, pers-pective plus compatible avec les Ecritures.

Comment Avicenne situe l’homme dans la nature ?L’univers a été créé par Dieu, l’Être premier et nécessaire,le Donateur de formes, l’Intelligence suprême. Entre lemonde sublunaire où vit l’homme et l’Intelligencesuprême s’intercale le monde céleste où se succèdent dehaut en bas, dix Intelligences intermédiaires, émanant lesunes des autres. Chacune des Intelligences, d’ordre infé-rieur à la Première, est l’âme d’un astre ou d’une planètequi impulse son mouvement sur une orbite circulaire. Lemouvement parfait et non naturel ne peut donc s’exprimerque par l’existence d’une âme, un moteur qui l’anime et lemet en mouvement. Le théologien avicennien pourra fairecorrespondre les âmes des orbites célestes à des anges. Ladixième Intelligence est l’âme de la Lune qui occupe unegrande place dans la pensée musulmane. D’elle émanel’Intellect agent, l’âme universelle qui contient tous les« Intelligibles », toutes les idées ou, en langage plusmoderne, tous les concepts susceptibles d’être recueillispar la raison humaine.Alors qu’Aristote n’envisage jamais de « forme séparéede la substance », ici, l’Intellect agent est une « substanceimmatérielle », non obligatoirement liée à une substancematérielle. Cette âme humaine, lointain reflet de l’Êtrepremier, par l’intermédiaire des dix Intelligences intermé-diaires, ne peut s’unir qu’à un organisme dont la substancepropre résulte d’un équilibre parfait entre les quatreéléments fondamentaux de l’univers (terre, air, eau, feu).Les âmes animales et végétales s’unissent à des corps oùl’équilibre entre les éléments est moins parfait : lesanimaux n’ont donc pas de raison.L’âme humaine renferme, en plus des facultés reconnuesdans les âmes végétatives et sensitives (sensation, percep-tion, imagination, mémoire, apprécier les intentions), les« puissances » spécifiques au genre humain : l’acquisi-tion de la parole et le maniement du langage ; l’envie et laforce de créer une culture ; l’intérêt pour les autreshommes, pour la société des humains en général, laperception des valeurs morales du bien, du mal, du juste etde l’injuste, du bon et du méchant ; la perception du tempset la conscience du passé et du futur.Avicenne s’inspire de Platon quand il exprime l’idée quec’est par l’intermédiaire d’une série d’intellects que Dieuexercerait sa providence sur notre monde. L’« Un »,

immatériel, est la source de l’existant, il est le Bien. Del’Un émane le Nous, l’Intelligence qui est l’univers desconcepts et des Idées. Du monde des Idées émane l’âme(Psyché) du monde, le Logos et l’essence des êtres parti-culiers. Il existe donc une hiérarchie entre l’Etre supérieur,l’« Un » et ceux qui sont d’autant plus inférieurs qu’ilssont plus éloignés de sa perfection. Tout être aspire àl’union avec celui qui lui est supérieur et dont il émane.Si la faculté de connaissance mène « vers le haut, vers-Dieu », on peut bien dire qu’Avicenne formule ici une« éthique de la connaissance ». La contemplation de sonintériorité révèle à l’homme la véritable nature de sonessence. L’homme peut enfin s’éduquer, c’est-à-direentraîner progressivement son âme rationnelle à recevoirde plus en plus rapidement et de plus en plus directementun grand nombre d’intelligibles, en développant ses facul-tés de perception par exemple.« Etant donné que la cause du perfectionnement de l’âmeest l’intelligence active (laquelle est éternelle et d’unrayonnement constant), que l’âme reçoit les intelligiblespar elle-même et non par un organe, et que l’âme est éter-nelle, donc l’union de l’âme à l’intelligence active et sonperfectionnement par elle sont perpétuels, et l’âme nesubit ni obstacle ni altération ni destruction… Il est aussidevenu évident que rien n’est plus délectable que lesconcepts intelligibles.6 »Chez Aristote, l’âme est indissociable du corps puisqu’elleest la « forme » de la « substance corporelle ». « Défi-nir l’âme comme la forme d’un corps revient à la caracté-riser comme l’un des deux composants de toute substancepremière ; cela permet à Aristote de déduire que l’âme estune substance parce qu’elle est la forme d’un corps. C’estprécisément ce qu’Avicenne récuse…7 » et d’affirmerque, quoique attachée à un corps, disposé à la recevoir,l’âme demeure séparée de lui quant à son essence. Il n’y apas d’union véritable entre l’âme et le corps, mais il s’agitplutôt d’une relation où le corps est un instrument auservice de la réalisation de l’âme. « Le corps est décritcomme un outil utilisé par l’âme pour atteindre sa propreperfection8 ». Le terme préféré d’Avicenne est : l’âme estla perfection du corps, c’est-à-dire « la chose qui le faitagir » et qui lui permet d’accomplir les actes de la vie.Au moment de la mort, l’âme humaine (immortelle) quittele corps pour se fondre dans l’Intellect Agent (l’âmeuniverselle qui contient tous les « Intelligibles ») dontelle est issue. Cela veut dire que l’âme humaine, séparéedu corps, peut subsister après la mort. C’est ainsi qu’il futcertainement un précurseur de la médecine psychosoma-tique. En attribuant certaines souffrances physiques à desaffections de l’âme, chez l’homme, il a tenté de soignerdes maux corporels par des stimulants psychologiques.

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9. Liber de Anima, V, 6, p. 22010. Juge musulman

se heurtant à de violentes oppositions, notamment cellesdes autorités religieuses.En théologie, il étudie la doctrine asharite dite du « justemilieu » dont le philosophe persan Al-Ghazâli (1058-1111) fut un bon représentant, tentant de concilier la foi etla raison et dénonçant les rigueurs d’un enseignement troplittéral. Plus tard, Averroès entre en conflit avec la penséed’Al-Ghazâli qui, ayant évolué vers le mysticisme, se poseen adversaire des philosophes, en publiant un ouvragepolémique, L’incohérence des philosophes, dans lequel ilaffirme que la pensée religieuse ne peut facilement accep-ter d’autres critères que la Révélation. Averroès lui répli-quera par un autre ouvrage polémique, Tahafut at-Tahafut,L’incohérence de l’incohérence, dans lequel il défendra saposition.En médecine, il eut pour maître, Jafar Harûn al-Tarjâli,médecin renommé, originaire de Trujillo. Ce savantconnaissait parfaitement l’œuvre d’Aristote et la traditionmédicale héritée des grecs. Il était au service du princeAbû Yaqûb Yûsûf qui aimait s’entourer de philosophes, demédecins et de poètes. Al-Tarjâli emmenait son élève,Averroès à la cour où il pouvait rencontrer de grandsmédecins qui ont joué un rôle certain dans sa formationmédicale et philosophique.En philosophie, son étude de « l’intellect humain » leconduit à prendre ses distances vis-à-vis de toute interven-tion divine dans l’acte de penser.En 1153, Averroès est chargé par le calife almohade Abdal-Mûmin d’organiser plusieurs collèges d’enseignement àMarrakech. Il rédige un commentaire du Traité du cield’Aristote et fait des observations astronomiques. C’estaux environs de 1190 que le sultan Abû Yaqûb Yûsûf lanceAverroès dans le grand travail philosophique desCommentaires d’Aristote où il a pu exprimer sa philoso-phie personnelle. En 1161, il devient une autorité enmatière juridique après avoir rédigé un Abrégé duMustasfâ, le grand ouvrage d’Al-Ghazâli sur la méthodo-logie juridique liée aux enseignements du Coran. Après laparution en 1168 de son grand traité de droit, la Bidayât, ilest nommé par le sultan Abû Yaqûb Yûsûf, cadi10 deSéville en 1169 et « grand cadi » de Cordoue en 1180.Pendant ces années, Averroès voyage beaucoup et faitplusieurs séjours à Marrakech. En 1182, il remplace IbnTufayl comme médecin personnel du calife de Marrakech.En 1184, à la mort du souverain, Averroès garde laconfiance de son successeur Yacûb al-Mansour (1184-1199). Après la rédaction des grands écrits - Le Discoursdécisif, Le dévoilement des méthodes de preuve, L’incohé-rence de l’incohérence contre Al-Ghazâli - , Averroèsprend désormais la stature d’un grand rationaliste en terred’Islam, ce qu’il restera pour la postérité. Mais le calife

Avicenne et la religionAvicenne a une conception quasi-mystique de l’hommedont la finalité des activités intellectuelles est la contem-plation perpétuelle de l’Intellect Agent, lointain reflet del’Intelligence suprême, l’Être Premier, Unique et Créateur.L’acte bon l’en rapproche, l’acte mauvais l’en détourne. «La connaissance prophétique existe chez certains hommesdont l’Intellect et l’imagination sont doués d’une puissanceexceptionnelle…9 » Sa pensée religieuse s’inscrit dans l’ef-fort rationnel qu’il accomplit pour comprendre le monde.Les premiers vers du Poème de la médecine glorifient leDieu créateur : « Louange à Dieu (…) Il a dans sa bontécréé l’homme et lui a donné la raison et la parole commeprivilèges. Il lui a permis l’accès vers la connaissance grâceaux perceptions de ses sens et, par le raisonnement, lui aouvert le monde invisible. L’esprit de l’homme est lié à uneâme vivante dont l’existence est indubitablement prouvée.Dieu a réparti entre tous les hommes la raison et les sens enmême temps que la vie (vers 4-7) ».

L’héritage d’Avicenne

L’influence d’Avicenne touche, dès le 11e siècle, lesgrands penseurs tel Averroès. Elle fut aussi très grandedans l’Occident chrétien, au point que se développe unmouvement philosophico-scientifique, l’avicennismelatin, point de départ de toute la pensée du Moyen-Âgetardif et figure majeure d’un aristotélisme, teinté forte-ment, par endroits, de néo-platonisme. Elle contribue à laformation du thomisme, système scolastico-scientifique deSaint Thomas d’Aquin et fut éclairante pour le néo-augus-tinisme, courant philosophico-religieux prolongeantl’œuvre de Saint Augustin (354-430), l’un des Pères del’église latine. Avicenne a été également, jusqu’à l’épo-que classique, le maître des Européens en pharmacologieet en médecine prophylactique.

* Averroès ou Ibn Rushd (1126-1198)

La vieet l’œuvre scientifique

Ibn Rushd, dit Averroès parles chrétiens d’Occident,naquit en 1126 à Cordoued’une famille de grandsjuristes, d’où son nom, « fils

de la rectitude ». Il fut juriste, médecin et homme poli-tique. « Grand commentateur d’Aristote », sa gloire tientavant tout à son œuvre philosophique. Il semble se rangerdans tous les domaines de l’activité intellectuelle - enphilosophie, en médecine, en psychologie, dans ledomaine juridique et religieux - sur la logique d’Aristote,

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11. Avicenne et Averoès de Paul Mazliak Editions Vuibert/Adapt etMaïmonide-Averroès d’Illi Gorlizk, Editions Maisonneuve et Larose

Al-Mansûr est avant tout un théologien et n’a pas l’intérêtde son père pour le savoir universel. Au printemps 1197,livrant bataille contre les chrétiens qui entreprennent la« Reconquête », il repasse par Cordoue où il cède à lacampagne d’opinion des ennemis rigoristes d’Averroès quiparviennent à saper le prestige du cadi afin de retrouverleur ancienne fonction dans la cité. Plusieurs personnessont condamnées et Averroès envoyé en exil durant un anet demi à Lucéna. Pendant cette période de disgrâce, seslivres furent brûlés à Cordoue et à Marrakech, l’étude des« sciences des Anciens » interdite par décret et les méde-cins obligés d’enseigner la médecine en se limitant stricte-ment à la pratique sans associer la logique et la philoso-phie à leur enseignement.Malgré cela, le sultan Al-Mansûr va gracier tous lescondamnés de Cordoue, probablement parce qu’il avaitconnu des succès dans sa guerre contre les chrétiens deCastille et faire venir Averroès, auprès de lui à Marrakech,au cours de l’été en 1198. Averroès meurt le 11 décembre1198 sans avoir revu l’Espagne. Il fut enterré sur place.Trois mois plus tard, sa dépouille fut ramenée à Cordoue.

L’œuvre médicale

On peut citer, selon Ernest Renan, une vingtaine de livres.Sa première œuvre médicale fut un traité consacré à lathériaque, remède contre les morsures de serpent. Il écrit en1160 le commentaire du Poème de la médecine d’Avicennedont il fut très critique, à la fois sur certaines de ses posi-tions philosophiques, notamment ses tendances néoplatoni-ciennes, tendances menant au mysticisme et même surcertains aspects du Canon de la Médecine. Citons égale-ment les Commentaires sur les sept livres de Galien.Aux environs de 1161, il finit la rédaction de la premièreversion de son plus important ouvrage médical, les Géné-ralités sur la médecine, qui donnera en traduction latine, leColliget, un cours complet de médecine en sept livres qu’ilest obligé de rédiger à nouveau, vers 1194, sous l’ordre dusouverain Almohade afin de le rendre plus conforme àl’idéologie officielle des souverains berbères. Desformules nouvelles apparaissent ainsi dans l’ouvrage :« Nous appelons médecine, l’art qui, partant de principesvrais, vise à la conservation de la santé du corps humain età la guérison de ses maladies, autant qu’il est possible dansun corps déterminé, car la finalité de cet art n’est pas laguérison, d’une manière absolue, mais de faire ce que l’onpeut faire, dans la mesure et le moment favorable. Ensuite,il faut attendre les résultats, de la même manière que dansl’art de la navigation ou dans celui de la guerre ». Ce textedoit se comprendre dans le cadre de la pensée redevenuerigoriste des musulmans almohades : le médecin prescritun remède au malade mais c’est Dieu qui le guérit, s’il leveut !

Dans la deuxième version, le lecteur est prévenu de l’as-pect médico-philosophique qui est encore plus accentué.Averroès s’appuie sur Galien, cite plus rarement Hippo-crate et oriente ses choix thérapeutiques en se servant de laLogique d’Aristote et de ses Catégories. Ainsi, lorsqu’unmédecin préconise une drogue ou un aliment particulier, ildoit se poser les questions suivantes : quand faut-il l’ad-ministrer ? (catégorie du temps), en quelle quantité ?sous quelle forme ? (catégories de quantité et de qualité),comment le patient est-il disposé à recevoir le traitement ?(catégorie d’état). Il recommande au médecin de tenircompte de la « finalité naturelle poursuivie par le corpshumain » et de la « disposition des organes », d’utiliserson expérience et son savoir-faire pour administrer unremède. Pour le diagnostic et le traitement, Averroès inau-gure la pratique, très suivie dans la vie hospitalièreactuelle, de la concertation entre plusieurs médecins. Onlui doit enfin cette remarque épidémiologique capitale : levarioleux guéri est immunisé contre toute récidive de lamaladie.Averroès s’intéresse plus à l’anatomie qu’Avicenne. Ilreconnaît au cerveau des fonctions motrices mais aussiquatre « puissances » ou « forces » spécifiques : l’ima-gination, la réflexion, la mémoire d’évocation et lamémoire de fixation. Si Aristote faisait du cœur le siègedes sensations, contrairement à Platon qui plaçait ce siègedans le cerveau, pour Averroès, si la sensation a son siègedans le cœur, son effet se finalise dans le cerveau qui reçoitles messages des organes des sens.La première édition latine imprimée de cet ouvrage futréalisée à Venise en 1482. Mais jamais cette œuvren’éclipsa vraiment celle d’Avicenne.

Sa doctrine philosophique11

Dans l’histoire de la pensée, Averroès est plus connu pourses ouvrages traitant des rapports de la philosophie avec ledroit ou la religion que pour ses œuvres scientifiques. Sonattitude strictement rationaliste fut jugée « impie et maté-rialiste » par les courants religieux extrêmes. SaintThomas d’Aquin, au 13è siècle, dans son fameux ouvrage,Contre Averroès, s’oppose fermement aux idées du philo-sophe cordouan. Mais le Discours décisif d’Averroès, où iltente de concilier la religion et la sagesse philosophique etde montrer qu’ils traitent, chacun à sa manière, des réali-tés du monde, fut finalement plus fort que toutes lesrépressions. Son influence philosophique fut grande auMoyen Âge et c’est grâce à lui que les clercs chrétiens ontlargement redécouvert la pensée d’Aristote. Comme l’amontré Renan, l’averroïsme affirme d’abord son impor-

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12. Avicenne et Averoès de Paul Mazliak Editions Vuibert/Adapt13. Ididem14. Ididem15. Aristote, De l’âme, p.21416. Ibid., p. 5517. Ibid., p.75

tance « pour avoir servi de prétexte à l’indépendance de lapensée ».

La « théorie de l’intellect12 »La partie la plus originale et la plus discutée de l’œuvred’Averroès qu’il développe dans le Grand Commentairesur le livre III du Traité de l’âme d’Aristote est sa « théo-rie de l’intellect », c’est-à-dire, du fonctionnement ducerveau et de la production de la pensée, différente de celled’Avicenne. Averroès adopte la définition aristotéliciennede l’homme : « animal doué de raison ». Depuis l’Anti-quité et dans la philosophie des religions traditionnelles,cette raison était d’origine divine. Averroès a voulu luirendre une origine humaine, écartant par là toute interven-tion de la divinité.Dans ses commentaires sur Aristote, Averroès établit unedistinction essentielle entre deux intellects :– Un intellect-agent, actif, général, universel, d’essence

divine, immatériel, unique et commun à tous les êtreshumains. Il n’est pas une partie de l’âme humaine. Il esttoute la science que les hommes ont de l’univers. Il peutentrer en contact avec le corps (cerveau) au niveau de lafaculté imaginative. Pendant toute la durée de la vie, il semaintient dans l’individu ; mais, « avec la disparitiondu corps il glisse comme une goutte d’eau dans la mervers l’intellect général et universel ». Lui seul estimmortel.

– Un intellect passif particulier, apte à recevoir tous lesconcepts, sans mélange avec le corps, séparé et immaté-riel. Il est lui aussi unique pour tous les êtres humains etn’accède à son expression individuelle qu’au moment dupremier contact avec l’intellect agent, général, universel.

Aux deux intellects actif et passif, le premier imprimantdans le second les concepts qu’il produit, « comme la cirereçoit un sceau s’imprimant sur elle (grâce à la facultéimaginative) », Averroès ajoute un troisième type : l’in-tellect produit ou encore « l’intellect acquis ».Averroès conclut : « Même si la puissance intellectivepremière reçoit les intelligibles et les perçoit de la mêmefaçon que la faculté sensorielle reçoit les sensibles, (…)l’intellect ne pâtit pas d’une façon égale à la passion dessens. Autrement dit, il ne lui advient pas un changementsemblable au changement qui advient aux sens : il s’assi-mile à eux sous le seul angle de la réceptivité, car il n’estpas une faculté dans le corps.13 » Ceci entraîne une consé-quence très importante : l’intellect qui reçoit tous lesconcepts ou « intelligibles » est immatériel et « sansmélange avec le corps » comme le sont les concepts eux-mêmes. Toute réception « passive » d’un concept parl’âme rationnelle (ou l’intellect) suppose donc qu’au préa-lable cette même âme rationnelle ait extrait « activement »ce concept, par abstraction, du monde sensible14. Averroèsrépète souvent l’aphorisme d’Aristote : « celui qui ne sentrien, n’apprend rien et ne comprend rien » : « il est clair

que sentir et penser ne revient pas au même. Car si tousles animaux ont en partage la première faculté, peu ont enrevanche la seconde. Et c’est vrai aussi de l’intelligence,où il y a place pour une forme correcte et pour une formeincorrecte. La forme correcte correspond en effet à lasagacité, la science et l’opinion vraie, et la forme incor-recte à leur contraire.15 »Averroès finit par conclure que la division de l’intellect enune partie passive et une partie active est arbitraire ; l’âmerationnelle doit être considérée simultanément commeactive et passive : « en tant que les intelligibles lameuvent, elle est passive, en tant qu’ils sont mus par elle,elle est active.16 »Les êtres se succèdent mais peuvent transmettre leursavoir perpétuant ainsi de génération en génération laconnaissance universelle qui permet à l’individu de fairepasser son intellect particulier de la puissance à l’acte.C’est la pensée qui est éternelle et non l’homme, non leparticulier car le corps de cet individu aussi bien que « sonintellect particulier sont une réalité éphémère et contin-gente ». Mais, s’il est vrai que le particulier cesse d’exis-ter, comment alors croire à la rétribution de l’âme et à larésurrection des morts ?Cette théorie complexe de l’intellect a des conséquencesqu’Averroès ne cherche pas à éviter :- L’intellect passif « unique pour tous les hommes » nous

« conduit à penser que l’espèce humaine est éternelle »17,écrit Averroès, s’affirmant donc hérétique aux yeux desthéologiens qui évoquent la Création du monde et del’homme par Dieu. Mais bien que l’intellect matériel soitunique pour tout le genre humain, c’est la culture indivi-duelle d’un homme qui caractérise son individualité.

– L’intellect-agent, d’essence divine, tantôt s’unit àl’homme, tantôt en est séparé, sous une forme totalementimmatérielle. Quand il est séparé, il ne pense qu’à lui-même, comme Dieu. Quand il est lié à la faculté imagi-native du cerveau, il fait en quelque sorte, de l’hommequi pense, « un être qui ressent l’extrême plaisir depenser, qui ressent de la béatitude, comme Dieu ». Cettethèse de l’atteinte de la béatitude par la réflexion et lapensée a été combattue par les soufistes qui prétendaient,eux, atteindre la félicité par l’expérience mystique. Aver-roès récuse cette thèse néo-platonicienne et pense que« la jonction entre l’intellect-agent et notre facultéimaginative (corporelle) est nécessaire pour que nousproduisions des concepts ».

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18. Avicenne et Averoès de Paul Mazliak Editions Vuibert/Adapt19. Ididem20. Saint Bonaventure, cité par A. de Libera, in introduction à ContreAverroès, p.1121. Discours décisif, p.11922. Ibid., p.107

C’est dans l’étude approfondie de cet intellect qu’Aver-roès esquisse une biologie de l’esprit. Quand il affirmeque dans le cerveau humain, l’abstraction et la formationdes concepts se relient à la perception des « images »fournies par les sensations, il rend à l’homme l’activitépensante que les philosophes arabes classiques attri-buaient, auparavant, exclusivement à Dieu et dépasseAvicenne pour qui « l’intellect humain n’a ni le rôle ni lepouvoir d’abstraire l’intelligible du sensible, cette facultédivine qui s’introduirait ponctuellement dans l’âmehumaine et qu’il attribue à la Dixième Intelligence »18.De plus, pour Averroès, « penser ne consiste pas seule-ment à abstraire les concepts du réel ; l’âme rationnelleaccueille aussi ces concepts dans son intellect passifpuisqu’elle peut les comprendre, dès lors que l’intellect-agent les a rendus intelligibles. Il nous invite ensuite, àenvisager l’intellect, rempli de concepts comme unréservoir unique pour toute l’humanité. Ainsi l’intellecthumain, joint à un individu particulier au moment del’acte de penser, se sépare-t-il de cet individu quand il nepense pas et devient alors une substance immatérielle,séparée, remplie de tous les intelligibles que l’humanitéa su élaborer au cours de son histoire »19.En 1270, Saint Thomas d’Aquin, maître régent de théo-logie à l’université de Paris, dénonce, selon lui, deuxerreurs capitales chez Averroès : l’existence d’un intel-lect séparé du corps et la prétendue existence d’un intel-lect unique rassemblant les âmes rationnelles de tous leshommes. « Poser le monde éternel, c’est pervertir toutela sainte Ecriture, mais poser qu’il y a un seul intellect entous les hommes revient à dire qu’il n’y a ni vérité de foi,ni salut des âmes, ni observance des commande-ments….20 » Mais il concède que l’ensemble desconcepts (par exemple scientifiques) élaborés parl’homme est un patrimoine commun de l’humanité,comme s’ils étaient rassemblés dans un intellect séparé etcommun, ce qui est bien proche de la thèse averroïste.

Le discours décisif d’AverroèsDans sa recherche de vérité, il refuse de se soumettre, « àtout ce qui n’a pas été passé au crible de la raison ». Il adéfendu une approche rationnelle du droit et n’a mani-festé aucune distance vis-à-vis du Coran qui, pour lui,« invite tous les hommes sages, éclairés et instruits àrechercher les fondements logiques des décrets divins ».Il soutient l’idée que le monde existe de toute éternité,qu’il est régi par les lois divines et que Dieu a donné auxhommes un « intellect » pour les comprendre.Le point de discorde d’Averroès avec les théologiensporte sur la doctrine de la double vérité, celle de la raisonet celle de la Révélation ; sur la thèse de « l’intellectunique » pour toute l’humanité ; l’affirmation de l’éter-nité du monde et que Dieu ne connaît que l’universel et

pas les singuliers ; la négation de la résurrection descorps et de la vie après la mort.Aux courants religieux qui recommandaient de n’étudierque la Révélation (le Coran) et d’écarter les œuvres detous ceux qui n’étaient pas musulmans, toutes les« sciences des Anciens » et leur philosophie, Averroèsrépond sans détour : « la Révélation nous appelle àréfléchir sur le monde, en faisant usage de notre raison,pour mieux le connaître, parce que, plus nous connais-sons tous les êtres, plus nous connaissons leur Créateur.Il n’y a donc aucun doute : la philosophie, les sciencesdes Anciens nous aident à approfondir notre foi ». Al’appui de cette affirmation, Averroès cite de nombreuxversets du Coran. L’étude rationnelle du monde neprésente aucun risque pour le croyant, « car la vérité (laRévélation) ne peut être contraire à la vérité (l’examenrationnel), mais s’accorde avec elle et témoigne en safaveur.21 » « Il est préférable, voire nécessaire, pour celuiqui aspire à connaître par la démonstration (la méthodescientifique) Dieu et l’ensemble des étants, qu’ilconnaisse préalablement les différentes espèces deraisonnement et leurs conditions. (…) Chercher, décou-vrir, raisonner, inventer et révéler de nouveaux phéno-mènes scientifiques, serait pour Averroès l’activité laplus noble de l’âme rationnelle, celle qui la rapproche leplus de la contemplation profonde de l’Être suprême etde la béatitude22 ».Malgré une certaine pensée élitiste et la condamnation dusectarisme qu’on retrouve dans le Discours décisif , ilfaut noter l’appel à la tolérance des opinions des autres,qu’ils soient savants ou théologiens. Mais « il ne fautpas imposer aux croyants un consensus illusoire ». Ilappartient à chacun de faire un effort pour trouver lavérité. Malgré cette position conciliante et ouverte, lapensée d’Averroès n’a pas été acceptée par les Eglisesofficielles. S’engagea alors une lutte idéologique qui nefut pas sans danger, même pour les averroïstes posté-rieurs qui furent souvent opprimés. Mais l’influence del’œuvre d’Averroès ne cessa de grandir, après sa mort.

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23. Maïmonide, Gérard Haddad. Editions Les Belles Lettres, coll.Figures du savoir, 1998.

* Maïmonide (1135-1204)

Maïmonide, médecin célèbre, contem-porain d’Averroès, est l’un des plusgrands penseurs juifs, vivant enEspagne et fuyant la persécution durantle période médiévale. Philosophe etthéologien, il a été contraint d’édifier unimposant système philosophique afind’éradiquer la superstition et l’idolâtrie,

susceptibles de germer d’une mauvaise compréhension dusens des paroles de l’Ecriture. Son défi a été de resterfidèle à sa vocation d’héritier de la prophétie hébraïquetout en s’insérant dans la culture universelle.

La vie

Moshé fils de Maïmon (en hébreu Rambam, acrostiche deRabbi Moshé ben Maïmon) appelé couramment Maïmo-nide est né à Courdoue, sous domination Maure, le 30mars 1135. Sa mère meurt en couches et son père, premierdes magistrats de Cordoue, mathématicien et astronome,l’initie à la théologie et aux sciences et l’envoie dans lesécoles arabes. La famille Maïmon quitte Cordoue en 1147sous la pression des Almohades, n’offrant aux non-musul-mans que le choix entre la conversion ou la mort. Réfugiéà Grenade avec son père et son frère, il doit fuir à nouveauen 1150. Après un passage à Almeiria, la famille s’installeau Maroc, à Fès de 1158 à 1159. Fès aussi était soumiseaux Almohades. A la suite de nouvelles persécutions, lafamille fuit le Maroc et arrive à Jérusalem en 1166. Nepouvant y demeurer, car « nul champ ne s’offrait à sonactivité », elle repart pour l’Egypte où elle s’installe,d’abord, à Alexandrie. Là, Maïmonide perd son père. Ilavait trente et un ans. Jusqu’alors, il n’avait pas à gagnersa vie. Son père mort, la solution aurait été d’exercer unefonction religieuse ; mais il déplaisait à Maïmonide d’em-ployer cette fonction comme moyen de subsistance. Pourl’instant, son frère David lui enlève tout souci matériel. En1168, Maïmonide quitte Alexandrie car l’ignorance étaitgénérale et la vie intellectuelle menacée. Il s’établit àFostat (le Caire) où il semble avoir occupé une fonctionreligieuse et où il accomplit une grande tâche d’intérêtgénéral en récoltant des dons pour libérer un grand nombrede prisonniers juifs.La mort de son frère David en 1176, disparu lors d’unnaufrage du vaisseau qui l’emmène aux Indes, le placedevant le problème de sa subsistance quotidienne etprovoque en lui une profonde douleur, avec pour consé-quence, une grave maladie cardiaque et une mélancolie lelaissant alité plus d’une année.Pour subvenir aux besoins de sa famille, il décide alorsd’exercer la médecine. En 1174, âgé de 39 ans, il est admis

comme médecin appointé à la cour du vizir Al-Fahdil,régent d’Egypte. Saladin, le nouveau et le très glorieuxsultan d’Egypte, ne réussit pas à attirer Maïmonide à saCour, mais quand il meurt, en 1193, son fils et successeur,Al-Afdal, emploie Maïmonide à son service. Soninfluence en matière médicale est considérable23. Sestravaux sont traduits en latin et étudiés dans les universitésde Padoue et de Montpellier.Maïmonide rédige une œuvre monumentale qui suscite denombreuses controverses. Cette œuvre, qu’elle soit théolo-gique, juridique, philosophique ou médicale est profonde,claire et concise. Ses capacités de synthèse et d’organisa-tion, son audace intellectuelle ont fait de lui un savantreconnu par toute l’humanité.Dans la nuit du treize décembre 1204, soit le 20 tébèt4965, Maïmonide meurt à l’âge de soixante dix ans. Juifset arabes pleurent sa mort durant trois jours et on observeun jour de jeûne à Alexandrie. Bien des années plus tard,son corps fut transporté, selon son désir, en Israël. Il estenterré à Tibériade.

Le médecin

Il a étudié la médecine en lisant les traductions arabes desécrits d’Hippocrate de Galien et le Canon d’Avicennemais suivait également les recommandations médicalesd’Averroès avec lequel il était très proche philosophique-ment.La médecine de Maïmonide puisait à trois sources : lamédecine pratiquée à son époque, ses propres rechercheset analyses liées à des expérimentations personnelles et lesnotions de santé dans la tradition hébraïque. Les connais-sances médicales ne lui suffisaient pas. Il fallait être égale-ment parfait intellectuellement et moralement. A un jeunehomme qui lui demandait conseil avant d’entrer dans cetteprofession, il écrit : « l’étude de la médecine est unevocation et non pas un travail comme le tissage ou lamenuiserie ». Soigner, pour lui, est un commandementquasi religieux.Pour Maïmonide, l’homme a l’obligation de prendre soinde tout son être. Il considère que la maladie résulte de larupture d’un équilibre à la fois physique et mental qui seramaintenu, en toutes circonstances, chez celui qui sauras’en tenir au juste milieu. Le corps et l’esprit sont desréalités distinctes mais entretiennent chez l’être humaindes relations d’interdépendance, une ébauche avant lalettre de la psychologie et de la psychiatrie. Tout déséqui-libre dans l’un se répercute dans l’autre, compromettantainsi l’harmonie de l’être car « il est clair pour les méde-cins, que l’on ne peut parvenir à la thérapeutique des mala-

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24. Maïmonide, « Le Traité de l’Asthme ».25. Isaïe, 5, 40.26. Cité par F.Rosner, La médecine tirée du Michné Torah de Maïmonide,p.107.27. Cité par H.Le Porrier, Le médecin de Cordoue, p.284.

dies de manière directe ; il faut s’efforcer avant tout debien connaître le tempérament des malades…24 » Sesinstructions médicales se regroupent dans trois catégories :éviter une activité exagérée, une bonne diététique, lapropreté individuelle et collective préconisant un environ-nement sain, ce qui fait de lui un écologiste avant l’heure.Comme Hippocrate, il s’élève contre les pratiquesmagiques et superstitieuses qui sont pour lui des pratiquesidolâtres et voit dans la maladie un processus biologiquenormal et non point un châtiment du ciel, comme lepensent certains fondamentalistes qui rejettent la médecineet pensent que l’homme pieux devrait s’en remettre à Dieuet non point rechercher le soutien de l’homme.Maïmonide ne se préoccupe pas de considérations reli-gieuses quand il pratique son art de médecin. On le voitainsi préconiser dans le « traité de l’asthme » la consom-mation d’aliments interdits par la religion, tel le poumondu hérisson. Il s’oppose vigoureusement à ce que l’onconfonde la fonction religieuse et la fonction médicale,même et surtout quand elles sont exercées par une seule etmême personne.Maïmonide expose dans ses ouvrages une médecine sansgrande originalité par rapport à celle de ses maîtres anda-lous. Ce qui donne à ses écrits une marque particulière,c’est leur caractère très moralisant qui prennent largementen compte l’état psychologique de ses patients : « Chezceux qui ont les maladies du corps, l’amer est doux et ledoux est amer. Est malade, celui qui a envie de manger deschoses impropres à la consommation, comme la poussièreet du charbon et qui déteste la bonne nourriture, comme lepain et la viande, et cela selon un degré proportionnel à lagravité de la maladie. De la même façon, sont maladesceux qui s’abandonnent à de mauvais penchants, mépri-sent la bonne voie, sont trop paresseux pour s’y engager etla ressentent comme d’autant plus pesante qu’ils sontgravement atteints. Isaïe dit à ces gens-là : ‘malheur àceux qui appellent le mal, bien et le bien, mal, qui chan-gent les ténèbres en lumières et les lumières en ténèbres,qui changent l’amer en doux et le doux en amer.’25 (…) Etquel est le remède de ces maladies de l’âme ? Que cesâmes se tournent vers les Sages qui sont les médecins del’âme et elles guériront de leurs maux grâce aux tempéra-ments que les Sages leur enseigneront jusqu’à ce qu’elless’engagent dans le droit chemin.26 »Maïmonide a substitué au serment d’Hippocrate, prononcépar les médecins grecs, un serment invoquant le Dieuunique, fixant des règles déontologiques généreuses etaffirmant la confiance qu’un médecin doit avoir dans lascience médicale :« InvocationDieu, remplis mon âme d’amour pour l’art et pour toutesles créatures. Ôte de moi la tentation que la soif du gain etla recherche de la gloire m’influencent dans l’exercice dela profession. Soutiens les forces de mon cœur, pour qu’il

soit toujours prêt à servir le pauvre et le riche, l’ami etl’ennemi, le juste et l’injuste.Fais que je ne voie que l’homme dans celui qui souffre.Fais que mon esprit reste clair en toutes circonstances ;car grande et sublime est la science qui a pour objet deconserver la santé et la vie de toutes les créatures.Fais que mes malades aient confiance en moi et en monart, et qu’ils suivent mes conseils et mes prescriptions.Eloigne de leur lit les charlatans, l’armée des parents auxmille conseils et les gardes qui savent toujours tout ; c’estune engeance dangereuse qui fait échouer par vanité lesmeilleures intentions.Prête-moi, mon Dieu, indulgence et patience auprès desmalades entêtés et grossiers. Fais que je sois modéré entout, mais insatiable dans mon amour de la science.Eloigne de moi l’idée que je peux tout. Donne-moi laforce, la volonté et l’occasion d’élargir de plus en plusmes connaissances, afin que j’en fasse bénéficier ceux quisouffrent.Ainsi soit-il !Moïse Ben-Maïmon, l’Espagnol.27 »

L’œuvre

Philosophique et religieuseDans cette œuvre, Maïmonide tente de concilier la foi et laraison et son but est de « saisir Dieu » autant qu’unhomme le peut : « celui qui sait nager tire des perles dufond de la mer, mais celui qui ignore la natation se noie ».Elle commence avec le « Traité de la TerminologieLogique » composé en Espagne à l’âge de quatorze ans ets’achève avec le « Guide des Egarés » en 1190, véritabletestament philosophique. L’arabe ou le judéo-arabe fut lalangue véhiculaire de Maïmonide.Cette œuvre est dominée par :– Le Michné Torah qui s’adresse au commun des hommes

et qui s’occupe de ce que l’homme doit faire, en rassem-blant toute la jurisprudence religieuse et civile, afin d’enfaciliter la connaissance et la mémorisation.

– Le Guide des Egarés ou plutôt le « Guide desPerplexes » qui s’adresse à une élite capable decomprendre et qui s’occupe de ce que l’homme doitcroire et penser. Le Guide fut écrit pour des intellectuelsécartelés entre la tradition religieuse et la pensée scienti-fique et philosophique de l’époque. C’est une œuvreréservée à des hommes parfaits dans leur croyance etdotés d’un entendement philosophique, écartelés entre laTradition religieuse et la pensée scientifique et philoso-phique de l’époque, mais qui sont rendus perplexes par

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28. Maïmonide. Le livre de la connaissance, traduit en français par V. Nikiprovetzkv et A. Zaoui et publié en 1961 (P.U.F), p.113.

le sens littéral de la loi. Maïmonide va alors proposerune compréhension rationnelle : sa première intentionest d’expliquer les termes bibliques ; sa deuxième inten-tion est d’expliquer les comparaisons bibliques. Lestermes et les comparaisons bibliques ont un sens appa-rent et un sens caché. L’erreur vient de ce que leshommes comprennent le plus souvent le Texte selon unsens apparent ou littéral. Maïmonide n’est pas un réfor-mateur. Il pense que les commandements ont un senscaché ou mal explicité, accessible à la raison humaine.

– Le Livre de la Connaissance, le seul ouvrage importantqu’il ait écrit en hébreu où il traite des principes fonda-mentaux de la Loi puis des règles concernant l’étude dela Loi ; des attitudes morales et de la science des mœursoù nous retrouvons l’idéal du « juste milieu » préconisépar Maïmonide après Aristote et Philon concernant lesprincipes de diététique, d’hygiène et de savoir vivre ; del’idolâtrie et des coutumes idolâtres…

– L’Epître de la résurrection des morts fut publié après leGuide. La résurrection des morts et le retour de l’âmedans le corps ne sont mentionnés ni dans le MichnéTorah ni dans le Guide. On pourrait en conclure queMaïmonide ne croyait pas sérieusement au principeorthodoxe de la rédemption. Mais Maïmonide expliqueque « la foi en la rédemption est une pierre angulairede la Tradition et qu’on doit la comprendre comme leretour de l’âme dans le corps…, parce que cette négationéquivaudrait au rejet de la religion ». Et Maïmonidepoursuit : « si j’ai exprimé l’opinion qu’il est impos-sible qu’il y ait des corps dans le monde futur, je meporte garant de cette doctrine… ; en vérité, la vie qui neconnaît pas la mort après, elle est la vie du monde àvenir, parce qu’il n’y a pas de corps, car nous croyonsque dans le monde à venir, les âmes sont dépourvues decorps comme les Anges » : l’immortalité de l’âmeconcernerait la partie intellective…, l’âme qui survitaprès la mort n’est pas la même chose qui naît dansl’homme au moment de sa naissance.

MédicaleMaïmonide a écrit en arabe dix ouvrages spécifiquementmédicaux sous forme de courts traités : Extraits de Galien,Commentaires des aphorismes d’Hippocrate, Les apho-rismes médicaux de Moïse, Traité sur les hémorroïdes, Traitésur les relations sexuelles, Traité sur l’Asthme, Traité sur lespoisons et les antidotes, Traité de conservation de la santé,Discours sur l’explication des causes (des maladies), Glos-saire des noms des médicaments.On y trouve également des passages théologiques serapportant à certaines affections, en particulier neuro-psychiatriques, qui posent des problèmes de juridictionreligieuse, par exemple, la législation concernant lemalade mental ou l’épileptique, à propos du mariage, dutémoignage ou de l’exécution de certains actes religieux…

La pensée

Maïmonide n’est pas philosophe au sens grec du terme,bien qu’il ait produit une œuvre qui soit une tentative deconciliation entre la philosophie d’Aristote et la penséejuive, entre la raison et la Révélation, tout simplementparce qu’il est croyant et qu’il aspirait à la connaissance deDieu. Il ne croit pas en un Dieu, « idée de Dieu », quiserait une pièce, fut-elle maîtresse, du discours philoso-phique. Il croit en un Dieu qui s’adresse à chaque hommeparticulier, tant dans l’interpellation morale que religieuse.Les principes fondamentaux que défend Maïmonide, commeAverroès, sont l’existence du Créateur, son unité absolue, sanon-corporéité, son éternité sans début et sans fin.Maïmonide a appris que l’esprit de l’homme est composéd’un intellect passif ou corporel, cette faculté essentiellequi est une partie du corps et qui meurt avec lui, et d’unintellect actif, séparé, émané de Dieu qui agit sur l’intellectacquis pour produire la pensée. Maïmonide pense, commeAristote, que l’âme est la « forme du corps » et affirmequ’il n’est point pour l’âme une vie sans le corps, ni pourle corps une vie sans l’âme. L’âme vit aussi longtemps quel’homme demeure vivant. Mais il ne nie pas de manièreabsolue l’immortalité de l’âme : « bien que je ne puissecroire, comme le commun de hommes, que l’individualitéde l’homme subsiste sans le corps, je pense plutôt quec’est l’intellect acquis, particulier qui subsiste après lamort, en tant qu’intellect séparé indépendant du corps ».Pour le philosophe, le monde et l’homme émanent néces-sairement et volontairement de ce qu’il appelle la « causepremière » ; et le monde est éternel comme cette causepremière, critiquant ainsi l’idée d’une création. Cette thèsede l’éternité qui a pour corollaire la nécessité, nie la libreaction divine et ne saurait être adoptée par la Tradition oùla thèse cardinale de la « création ex-nihilo » est capitale,sinon comment croire que Dieu, sans avoir vraiment créél’univers puisse faire valoir Sa volonté ici-bas, et commentfaire entendre aux gens que Dieu leur demandera descomptes sur ce qu’ils ont fait dans un univers dont Il neserait vraiment pas le maître ? Pour Maïmonide, le soucimajeur est de prouver l’unité et l’incorporéité de Dieu etnon l’existence d’un Créateur. Même s’il répète que lesdeux thèses, celle de l’éternité et celle de la nouveauté del’univers, donc sa création, restent à égalité, il veutmontrer qu’il est possible que le monde ait été créé :« notre croyance, c’est qu’il n’existe aucune chose éter-nelle à côté de Dieu, et que, produire l’être du néant absolun’est pas de la catégorie de l’impossible »28 car aucunedes deux hypothèses, monde éternel ou monde créé, nesaurait être démontrée.

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29. Genèse 1,2630. La demeure oubliée. Shmuel Trigano. Edition Lieu commun, 198431. Maïmonide, Le Guide des égarés, éditions Verdier 1980, I, 59, p.139 32. Ibidem, III, 9, p.43133. Ibidem, I, 56, p.13034. Ibidem, I, 89, p.14235. Ibidem, I, 57, p.13336. Ibidem, I, 57, p.13337. Ibidem, I, 26, p.6138. Maïmonide, op.cit., Introduction, p.1139. Ibidem, Introduction, p.1740. Ibidem, Introduction, p.1841. La demeure oubliée. Shmuel Trigano. Edition Lieu commun, 1984 42. Ibidem, I, 53, p.12243. Wolfson, Maïmonides ou Negative Attributs, Louis Ginsberg Jubilée,Volume. The American Academy for Jewish Research, p.41144. Ibidem45. La demeure oubliée. Shmuel Trigano. Edition Lieu commun, 198446. Maïmonide, op.cit., I,58, p.134 et 13547. Ibidem, I, 58, p.13648. Ibidem, I, 59, p.13949. Ibidem, Introduction p.12

Pour Maïmonide, s’il y a une providence qui préside auxdestinées de l’espèce animale et végétale, il y a égalementune providence particulière qui préside aux destinées desindividus, se démarquant par là, d’Aristote qui pense qu’iln’y a pas de providence particulière. Maïmonide insisteque, plus l’homme s’élève moralement et spirituellement,plus cette providence particulière s’attache à lui ; ce quisignifie, qu’être un individu n’est pas une donnéepremière, c’est un tâche en vue d’un projet. Maïmonideadmet le libre arbitre et l’omniscience divine ne le contre-dit pas ; car comment admettre la notion de responsabilitési l’homme n’est pas libre d’agir.Le Dieu de Maïmonide est tout simplement Dieu. Il neremplit aucune fonction spécifique. Il est unique, possèdeun Nom individuel exprimé par le Tétragramme, qu’on nepeut prononcer car Il est pure transcendance. La similitudeentre Dieu et nous est inadmissible et nos mots sont inca-pables d’exprimer Dieu. Les textes bibliques suggèrent queDieu est corporel. Dieu a été qualifié par des épithètes indi-quant la corporéité « faisons l’homme à Notre image »29

afin d’indiquer que Dieu existe et que les hommes croientqu’une perfection a été attribuée à Dieu, car, le commun deshommes ne considère que le corps seul comme une chosed’existence vraie. En enseignant que Dieu est incorporel, onne fait qu’exprimer une croyance destructrice d’idolâtrie etne mettant pas en danger l’unité de Dieu.Le centre de l’intérêt philosophique de Maïmonide est laquestion de l’anthropomorphisme et sa théorie des attri-buts. Car, comme le souligne Shmuel Trigano30, « ce n’estpas le problème de Dieu qui s’est posé, mais celui deshommes et du langage ». Nos mots sont incapables d’ex-primer Dieu31 et donner des attributs à Dieu impliqueraitune imperfection. Cette similitude entre Dieu et nous n’estpossible que dans le langage. Le langage est ce « voile »32

cet « écran » entre Lui (Dieu) et « l’en dehors de Lui ».Or, « le rapport entre nous et Dieu, c’est-à-dire, entre Luiet ce qui est en dehors de Lui est inadmissible, il s’ensuitque la similitude est également inadmissible »33. Or cettesimilitude n’est possible que dans le langage. Ainsi le texteest le lieu d’un double sens, dans sa propre unité : un sensélitiste34 et abstrait 35 réservé à ceux qui connaissent et unsens que Maïmonide appelle le « sens collectif »36. C’estdonc en fonction de cette dimension sociale que l’Ecritures’est faite et elle « s’est exprimée selon le langage deshommes »37 .Donner des attributs à Dieu impliquerait une imperfection.Mais il fallait parler aux hommes et Maïmonide le regrettepresque philosophiquement. Il va alors inventer à cet effetune théorie de l’allégorie : les attributs bibliques sont desallégories et ne s’appliquent au Créateur que par simplehomonymie (existence, puissance, science, volonté…).« Quand nous lui aurons expliqué (le sens) de l’allégorie ouque nous l’aurons averti que c’est une allégorie, il sera mis

sur la voie et sauvé de ce trouble » 38. « Si quelqu’un perdune perle dans une maison, il n’y a qu’à allumer une mèche(de la valeur) d’une obole pour trouver la perle ; de même,l’allégorie n’est rien, mais au moyen de l’allégorie, tucomprends les paroles de l’Ecriture »39. D’où, la perceptionde Son véritable être (de Dieu) nous est impossible… car Iln’est pas un corps ! Dans le même sens, s’inscrit la méta-phore des « deux faces » de la parole : « comme unepomme d’or dans un filet d’argent à ouvertures très fines,telle est la parole dite selon ses deux faces. (…). Le discours(…) a deux faces (…) un sens extérieur beau comme l’ar-gent et un sens intérieur encore plus beau »40 .Comment Dieu, malgré la théorie maïmonidienne, peut-ilagir ? 41. Il ne reste qu’une solution : « tout attribut, oubien est un attribut d’action et ne désigne pas Sonessence42 ; ou bien suivre Maïmonide qui élabore « l’in-terprétation négative des propositions affirmatives »43 etmontre en quoi « l’attribut affirmatif de certains termesreprésente une insistance sur la négation des termescorrespondants respectifs »44. Par exemple, « Il est puis-sant » signifie « Il n’est pas faible »… L’utilité de cettenégation vient de ce qu’elle écarte de Dieu quelque chosequi, autrement, aurait été considérée comme inadmis-sible45 . « Les attributs négatifs sont ceux dont il faut seservir pour guider l’esprit vers ce qu’on doit croire àl’égard de Dieu »46, car il ne résulte de leur part aucunemultiplicité et on n’élimine pas ainsi de sa croyance l’exis-tence de Dieu. « La perfection signifie (pour nous) lanégation des imperfections »47. « Dieu (…) seul perçoitce qu’Il est, et (…) le percevoir, c’est (de reconnaître)qu’on est impuissant de le percevoir complètement »48 .Ici donc affleure l’idée d’une double lecture, d’un usagetotalement politique « pour l’amélioration de l’état dessociétés humaines »49 : l’une de sens littéral pour le

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50. Maïmonide, op.cit., III, p.5151. Ibidem, Introduction, D. Banon52. La société juive à travers l’histoire. Shmuel Trigano, Tome I, p.225Fayard 1992

« commun des hommes », l’autre, dérobée à ce dernier etréservée à l’élite de l’esprit…Maïmonide a entrepris de lutter contre la superstition etl’idolâtrie. Il rejette vigoureusement la divination, l’astro-logie, l’interprétation des signes et les talismans, ensomme, toute forme de superstition, cette « maladie del’âme » à laquelle il consacre des pages pleines de vigueurdans son Livre de la Connaissance mais qu’il n’a jamaispu extirper des croyances populaires. L’idolâtrie, pourMaïmonide, consiste à prendre pour objet de la foi, quoique ce soit ou qui que ce soit qui ne soit pas Dieu lui-même, en tant que créateur du monde. Elle nie la liberté del’homme en l’asservissant à des mythes plus ou moinsréducteurs et pernicieux. C’est entre leurs mains que leshommes tiennent leur destin, Dieu leur ayant laissé lelibre-arbitre.La connaissance philosophique, dans l’imposant édificemaïmonidien, constitue un rempart contre les assauts del’imagination humaine qui déifie et « sert ce qui n’est pasDieu »50. Elle est seule apte à conduire l’être humain versune foi adéquate, cette décision de servir Dieu, en l’éloi-gnant de tout soupçon d’idolâtrie, si bien que l’itinérairemaïmonidien peut se résumer de la sorte : « de la foi à lafoi par l’exercice de la raison »51.

La controverse maïmonidienne

Nous trouvons, à travers la controverse maïmonidienne52,un enchevêtrement de conflits d’ordre théologique, idéo-logique et politico-social. Les adversaires de Maïmonidevont lui reprocher d’avoir intellectualisé à outrance leJudaïsme et interdirent l’étude du Guide, du Livre de laconnaissance et des écrits philosophiques en général. Lespartisans de Maïmonide réagirent vivement et on s’em-pressa de le laver de tout soupçon d’hérésie et d’impiété.Ce à quoi, Maïmonide répond : « je savais que monœuvre tomberait entre les mains des méchants et desjaloux qui médiraient de sa beauté, nieraient sa valeur etn’y trouveraient que leur propre infériorité et le vide deleur esprit. L’ignorant n’en comprendra pas l’intérêt etcroira le livre inutile ; mais le Livre viendra aussi auxmains d’un petit nombre d’hommes intelligents qui recon-naîtront mon effort ».

■ Arnaud de Villeneuve (1238-1311)

Fidèle disciple d’Hippocrate et des grandsmaîtres de la médecine, il fut au 13e siècle,le plus célèbre médecin de l’école deMontpellier. Ce grand érudit se distinguepar ses profondes connaissances en méde-cine, en chimie, en théologie et en astrolo-

gie. Sa renommée est immense. Très estimé, il est souventsollicité pour des missions tant diplomatiques que médi-cales en Italie, en France et en Espagne.Grâce à l’historien allemand Finke, on a établi son origine,catalane par sa famille et valencienne par son lieu de nais-sance. Enfant, il aurait été élevé par des frères prédicateursdominicains. Il sait le latin et le grec, apprend l’arabe cequi lui permet d’étudier les sages musulmans, commeAvicenne et l’hébreu avec l’orientaliste Ramon Marti afinde pouvoir approfondir les études bibliques et leurscommentaires. Il étudie la philosophie à Montpellier, lamédecine à Paris, Salerne et Montpellier. Il fut professeurde médecine à l’université de Montpellier où il écrit une deses œuvres les plus célèbres, plus connue sous le titre de« Règles générales et canons généraux de guérison desmaladies ». Ses capacités médicales étaient si grandesqu’on le reconnaît comme le médecin le plus fameux deson époque. Il compte parmi ses patients et amis les roisd’Aragon, de Sicile, de France et de Naples et les papesBoniface VIII, Bénédictin XI et Clément V. Certainssouverains le demandaient non seulement comme médecinmais aussi comme conseiller personnel et politique. Ilsfurent ses patients, ses admirateurs et ses défenseurs.Arnaud a écrit souvent en latin, une soixantaine de traités,de médecine, de théologie, de magie, d’astrologie, d’alchi-mie et d’oniromancie (sciences des rêves) qu’il va doterd’un important contenu philosophique. La premièreédition de ses œuvres complètes parut à Lyon en 1504chez François Fradin ; elles ont été réunies en un volumein folio « Opera omnia Arnoldi de Villanova » avec unepréface de Thomas Murchius. Les éditions suivantes ontparu, dans le même format, à Paris en 1509, à Venise en1514, à Bâle en 1515 et 1585, à Lyon en 1520 et 1552.Si ses recherches alchimiques ne l’ont pas conduit à ladécouverte de la pierre philosophale, il leur doit du moinsun certain nombre de “découvertes”, qui auraient suffi à lerendre célèbre. C’est ainsi qu’il introduit l’emploi de l’al-cool, de l’essence de térébenthine et des vins médicinauxen thérapeutique et fait de la distillation une opérationcourante en pharmacie. Il étudie les alliages et entreprendla fabrication de “l’or” très en vogue à cette période. Ilpense que « l’opérateur humain peut découvrir de grandeschoses en mettant à profit l’influence des étoiles » etenseigne la tradition des secrets naturels, des talismansplanétaires, des préparations ou régimes pour conserver lasanté et la vigueur. Il mêle, conformément à la tendance del’époque, la métaphysique et la philosophie des sciences àson activité médicale, empreinte de mysticisme. Il se sentplus proche d’Avicenne que d’Averroès et donc de l’idée

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de l’unité hiérarchique du Cosmos pour mieuxcomprendre la création. Il rompt avec les habitudes médi-cales enseignées par les arabes dont la doctrine dominaitalors tout le monde savant, et conseille aux médecinsdébutants, fait novateur à cette époque, de se baser surl’observation et l’expérience, en gardant raison. Certainsde ses aphorismes s’inspirent d’un grand sens pratique etrestent d’actualité : « Celui qui s’instruit dans sa profes-sion non pour l’amour de la science, mais par esprit delucre devient un avorteur ; la terminologie est indispen-sable à la science, mais on n’obtient jamais une guérisonpar les vertus d’une simple formule ; le meilleur traite-ment est celui qui procure le résultat escompté par lesmoyens les plus simples ; prescrivez toujours quelquechose quand vous êtes en présence du malade, de craintede paraître un incapable sans l’aide de vos livres.

Au plan médical,

Ses ouvrages visent à concilier les opinions d’Hippocrate,de Galien, des Arabes et des Salernitiens. Mais dans ladéfense de la vérité, il accorde une voix prépondérante à sonexpérience personnelle, quitte à paraître en désaccord avecGalien et Avicenne. Citons certaines de ses paraboles :

1– quelques règles qui préparent l’âme à agir utile-ment :

– « Toute médecine procède du Bien suprême : leSeigneur du ciel créa la médecine et l’homme prudent nela dédaignera pas. La science en général, et à plus forteraison la science médicale doit être aimée avec désinté-ressement ; celui qui s’applique ou se consacre àplusieurs choses met moins d’attention dans chacuned’elles.

– Tout mouvement de l’âme ou appétit désordonné porteatteinte au mental de l’opérant et empêche l’actiondroite.

– L’esprit informé des choses et des causes de la maladienous indiquera clairement son traitement. C’est cequ’Arnaud de Villeneuve dit avoir appris d’Avicenne.Celui qui connaît la nature des corps, les sortes de mala-dies, la variété des causes et la valeur des instrumentssoignera rationnellement et aidera les malades avecart…. Nous soignons des malades et non des maladies.

– Il convient que le médecin soit efficace dans son œuvre,non loquace, parce que les maladies ne s’éliminent pasavec des mots mais bien par les essences ou par lesforces des choses. Cependant Arnaud de Villeneuve a étéle premier à faire ressortir l’effet moral, curatif dansplusieurs cas, du médecin sur les malades. Et cet effets’obtient de plusieurs manières : une des plus efficacesétant que le médecin parle avec le malade de ses mala-dies et de ses remèdes.

– Arnaud de Villeneuve combat le charlatanisme.

2 - Règles pour choisir et préparer les moyens de guérisonles plus connusEn évitant ce qui est nocif et en usant de choses qui aident,les malades verront prospérer l’œuvre de guérison.L’œuvre de guérison comporte deux aspects : la conserva-tion des choses naturelles et le changement (la destruction)des choses contre nature. Il s’agit d’éviter ce qui est nocifet d’utiliser ce qui aide et conserve le naturel et corromptl’anti-naturel.Avant que soient connues les maladies, leurs différentstypes et leurs causes premières, il faut traiter le maladeavec des choses modérées et neutres. Une fois connu cequi doit l’être, le médecin juste et sage s’occupera dumalade avec la plus grande promptitude possible… C’estce que disaient Galien et Avicenne : ‘‘médecin, il estimpossible que tu soignes la maladie tant que tu ne laconnais pas ; tu ne pourras pas pratiquer un juste traite-ment par les semblables ni par les contraires si tu neconnais pas la maladie et son origine’’. La loyauté dumédecin consiste à faire au patient ce que lui imposent defaire son savoir et sa foi….

Voici un résumé de sa pensée

« Un souci essentiel d’Arnaud fut de rechercher lesdépendances du corps, non seulement à l’égard du milieuprochain, comme Hippocrate, mais à l’égard du cosmos, etde placer l’homme, sain ou malade, en liaison avec les loisdu monde et l’ensemble des influences émanées de l’uni-vers. Dans son Capitula, il précisait des correspondancesentre planètes et viscères : Soleil et cœur, Lune et cerveau,Mercure et organes génitaux, Jupiter et poumons, Saturneet rate, Vénus et reins, Mars et foie. Cette division septe-naire trouvait sa conséquence dans les prescriptions théra-peutiques, chaque astre commandant l’usage d’un métaldéterminé. On ne saurait dénier au système quelque cohé-rence, même s’il doit cette cohérence à un abus desressources du ciel et de la terre. L’expérience cliniqued’Arnaud n’omettait pas, au surplus, d’interroger la facenocturne de la vie. Dans Tractatus expositionum visio-numque quae fiunt in somnitis, il étudie longuement lesindications que peuvent procurer les songes sur l’équilibredes humeurs : des images de lampes ou de tueurs doiventfaire incriminer la bile, celles d’apparitions terrifiques,l’atrabile…. A ses yeux, on ne connaît pas l’homme, sil’on ne connaît pas son univers onirique. » Voilà au cœurdu Moyen Âge, une préfiguration inattendue de la psycha-nalyse.Entre mai et octobre 1301, il est à la Cour de Rome. Lepape Boniface VIII qu’il guérit d’une lithiase rénale disaitde lui : « cet homme est le plus grand clerc du monde »et dut le protéger contre les rigueurs de l’Inquisition, lesauvant du bûcher. Vers 1309, Arnaud de Villeneuve serend à Paris. Aussitôt arrivé, il est arrêté et incarcéré. La

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réputation sulfureuse qu’il a acquise en Catalogne le suit.En effet, son traité ‘‘De Fine Mundi’’ est fort mal accueilliet condamné, car il sent l’hérésie. Son procès a lieu à laFaculté de Théologie en présence de l’évêque. Les jugescléricaux, quoique prêts à admettre ses innovations médi-cales, n’appréciaient guère ses thèses théologiques et sonoriginalité en matière de foi. Arnaud s’avise de se croireprophète ; il croit à l’existence réelle des démons, à lavenue de l’Antéchrist, à la persécution de l’Eglise etdéclare que ses idées de réforme de l’Eglise et de la néces-sité de renouveler librement l’exégèse des Ecritures luiviennent du Christ. On l’accuse de prédire la fin du mondequ’il avait entrevue entre 1300 et 1400 ou 1464, de ressus-citer la vieille magie verbale du gnosticisme, de pratiquerla nécromancie, de commercer avec le diable et de prati-quer l’alchimie. Tout cela lui valut des démêlés avecl’Eglise. Notons cette proposition parmi celles qui lui atti-rent la censure ecclésiastique: « Les œuvres de charité etles services que rend à l’humanité un bon et sage médecinsont préférables à tout ce que les prêtres appellent œuvrespies, aux prières et même au sain sacrifice de la messe ».Le verdict ordonna que ses écrits soient brûlés en public.C’est ainsi que la Sorbonne fit détruire la presque totalitéde ses œuvres philosophiques qui ne nous sont donc pasparvenues. Il est mis en prison et doit abjurer ses erreursdevant un consistoire secret. Le pape lui donne cet avisamical : “occupe-toi de médecine et délaisse la théologie,et alors nous t’honorerons.”Arnaud proteste auprès du roi Philippe-le-Bel (1268-1314)et du pape Clement V (1305-1314) qui lui permettent dequitter le royaume de France. Il fuit ainsi l’Inquisition et seréfugie en Sicile, sous la protection de Frédéric II d’Ara-gon roi de Sicile et de Robert, roi de Naples. De là, il estappelé en Avignon par le pape Clément V qui avaitdemandé ses soins et qui pardonnerait toutes ses élucubra-tions intellectuelles. Il s’embarque pour Avignon, mais,dans la traversée, le vaisseau qui le portait fait naufrage aularge de Gênes et il périt, vraisemblablement le 6septembre 1311 ou 1312. Il fut enterré à Gênes. Un hôpi-tal de Montpellier porte aujourd’hui son nom.

BibliographieMaïmonide. Gérard Haddad. Editions Les Belles Lettres, coll. Figures dusavoir,1998Maïmonide. Léo Srtauss P.U.FMaïmonide, Le Guide des égarés, éditions Verdier 1980, Introduction p.11La Foi de Maïmonide, Y. Leibovitz, Patrimoines du Judaïsme, Cerf 1992Maïmonide. Le livre de la connaissance, traduit en français par V Niki-provetzkv et A. Zaoui et publié en 1961 (P.U.F).Maïmonide, Abraham Heschel, Fondation Sefer Paris, sep. 82Maïmonide-Averroès d’Illi Gorlizk., Editions Maisonneuve et LaroseAvicenne et Averoès de Paul Mazliak Editions Vuibert/AdaptAverroès, les ambitions d’un intellectuel musulman, de DominiqueUrvoy. Flammarion, coll. « Les Grandes Biographies », Paris, 1998.Averroès, un rationnaliste en Islam. Editions Balland, coll « Le Nadir »,Paris, 1998 (2ème édition).

L’intelligence et la pensée, sur le De Anima d’Averroès, dans la collec-tion d epoche Flammarion, Paris, 1998. Nouvelle traduction d’Alain deLibera.Avicenne ou la route d’Ispahan de Gilbert Sinoué.Editions Denoël/Folio,1989.Avicenne dans article Wikipédia, l’encyclopédie libre.La vie et les œuvres de Maître Arnaud de Villeneuve, collection lesMaîtres du Mystère.La vie d’Arnaud de Villeneuve, par Pierre Joseph de Haitze, Aix, 1719,in-12.p.14Histoire de hommes illustres de Provence, Achard, tom.II, p.318.Cinq traités d’Alchimie, traduit du latin en français par Albert Poisson,Bibliothèque Chacornac Paris 1899.Le Testament d’Arnaud de Villeneuve.Pierre Joseph de Haitze sous les noms de Pierre Joseph, a donné la Vied’Arnaud, Aix, 1719, in-12.« Arnaud de Villeneuve (médecin) », dans Louis-Gabriel Michaud ,Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabé-tique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collabora-tion de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition,1843-1865« Arnaud de Villeneuve », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chas-sang Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878Arnaud de Villeneuve, médecin . WikipédiaArnaud de Villeneuve, Encyclopédie UniversalisArnaud de Villeneuve : vie et œuvre. L’Encyclopédie de l’Agora.Le Chemin du chemin, Arnaud de Villeneuve : traduction

* Médecine et religion. Les combatsd’Arnaud de Villeneuve (1240-1311)

Hugues LABARTHEDoctorant à Framepsa (UMR 5136) ToulouseEnseignant à l’Université de St Etienne

“La perle des médecins de son temps”

Il se trouve encore, du vivant d’Arnaud, des médecins quitentent, par empirisme, de remédier aux manifestationsd’une pathologie, sans en rechercher les causes. Deuxsiècles plus tôt, vers 1075, un professeur de médecinearabe venu de Carthage pour enseigner à Salerne fut telle-ment sidéré par l’indigence de cet art médical latin qu’ilrepassa la Méditerranée collecter en terre d’Islam quelquesouvrages pour les traduire : le Liber Pantegni de Constan-tin l’Africain offre ainsi aux Occidentaux leur premierlivre de médecine arabe, le Khitaab el Maleki d’Ali Benel-Abbas. Constantin a beau suggérer que ce sont lescauses d’une maladie qu’il faut traiter, il prêche dans ledésert : l’Occident ignore encore tout de la philosophienaturelle d’Aristote. A Tolède un siècle plus tard lecommentaire de la Physique d’Aristote est traduit etGérard de Crémone passe en latin le Canon d’Avicenne,l’ouvrage encyclopédique de médecine du Xe siècle.C’est alors seulement qu’au sein des Universités latinesnaissantes, vers 1200, se dégage une nouvelle conceptionde la santé émancipée de toutes les croyances religieuses,qui avaient fait, par exemple, le succès des miracles de

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Sainte-Foy de Conques ou de Notre-Dame de Rocama-dour. Aristote et Galien sont progressivement assimiléscomme un nouveau paradigme : on comprend désormaisla nécessité de dépasser la connaissance de la nature parcelle des causes premières. Un nouveau langage techniqueest inventé pour une nouvelle discipline médicale. L’inter-prétation étiologique de la maladie se réfère principale-ment à la représentation humorale de l’Antiquité suivantune hiérarchisation des causes progressivement affinée :le déséquilibre (dyscrasie) entre les quatre humeurs (sang,flegme, bile, mélancolie), associées chacune à deux desquatre qualités premières (chaud, froid, sec, humide) etpropres à tout ou partie du corps, est censé venir desperturbations de leurs sièges générateurs (cœur, cerveauou poumon, foie rate) et d’une défaillance de leur assimi-lation, circulation, évacuation.C’est dans cette Université en pleine ébullition qu’Arnaudse forme puis enseigne : il contribue par son magistère, àune évolution fondamentale qui caractérise encore notreépoque : la médicalisation de la société. Avec une parfaiteconnaissances des langues arabe et hébraïque, - il connais-sait un peu le grec -, il poursuit l’effort de traduction denombreux ouvrages. Accédant à Galien par les œuvresarabes, Arnaud privilégie toujours la pensée du maître dePergame. Dans l’ensemble il s’accorde avec Ibn Sina(Avicenne) mais éprouve une forte inimitié envers IbnRushd (Averroes). Parmi les compositions d’Arnaud, leMiroir de la médecine (Speculum medicinae) et Se main-tenir en santé (De regimine sanitatis) connaissent uneprestigieuse diffusion. Nous retiendrons un aphorisme :« la terminologie est indispensable à la science, mais onn’obtient jamais une guérison par les vertus d’une simpleformule ».

La médecine comme science : pour une meilleurecompréhension de la Création

Arnaud est reconnu des plus grands souverains pour l’effi-cacité de sa pratique médicale. En 1285, Pierre III d’Ara-gon gravement malade lui offre pour prix de ses soins unchâteau près de Tarragone ! En 1301, le pape BonifaceVIII, se remettant d’une lithiase rénale, l’assure lui-même : le soulagement est tel que ce Catalan l’a ressus-cité. Comment Arnaud procède-t-il ? Il lui a fait porterune ceinture qui appliquait sur la région lombaire uncachet en or avec l’effigie du Lion, forgée en juillet sousl’influence de ce signe zodiacal. Pour en savoir plus,reportez-vous au chapitre XVIII de son Speculum medicinae…Ce remède est basé sur l’idée de l’unité hiérarchique duCosmos suivant laquelle un métal noble communique lavertu spécifique que certaines constellations exercent surdes zones déterminées du corps humain. La correspon-dance entre le microcosme offert par l’homme et le macro-

cosme représenté par l’univers est à l’origine de la promo-tion de la médecine au rang de science car elle impliquequ’une compréhension de la Création ne peut faire l’éco-nomie d’une étude du corps humain. C’est l’intégration dela discipline médicale dans une vision chrétienne dumonde qui explique au-moins en partie, qu’elle demeuracrédible en dépit des échecs thérapeutiques soulignés parles épidémies des XIVe et XVe siècles.

Comment concilier médecine, idéal de charité etsalut de l’âme ?

Au-delà de son rôle thérapeutique, la médecine conserveun rôle religieux et culturel. Les Universités de médecinerestent sous le contrôle des autorités ecclésiastiques. En1305-1308, lorsqu’Arnaud contribue à la redéfinition de lamaquette des programmes de Licence et Master de Mont-pellier, c’est l’autorité pontificale qui en publie les résul-tats assortis d’un grand nombre de devoirs religieux.Très tôt, Arnaud s’est détourné de l’enseignement desfrères de Saint Dominique pour adhérer au message révo-lutionnaire des franciscains dissidents, se dénommant‘Spirituels’. Convaincu de la venue prochaine de l’Anté-christ, il critique l’opulence de l’Eglise et la corruption desordres religieux. Il prêche l’imitation du Christ et répandl’eschatologie de Joachim de Flore : après le temps duPère, l’Ancien Testament, celui du Fils, le Nouveau, vien-dra très prochainement celui de l’Esprit.Quelques fâcheux de l’Université de Paris, la plus hauteautorité théologique catholique de l’Occident, profitent deson passage en ambassade à Paris l’an 1299 – pour discu-ter des frontières entre la France et l’Aragon en Vald’Aran –, pour le faire jeter en prison, l’accusant dedéfendre des thèses dénuées de fondement scripturaire. Enréponse, Arnaud consacre cinq années à défendre sesidéaux religieux et la nécessité de renouveler librementl’exégèse des Ecritures. Il jouit de la protection de Boni-face VIII et de Clément V qui apprécient ses soins et sestalents d’alchimistes. Mais il dut cependant épurer certainsde ses écrits. Au décès de Clément V, ses adversairesrouvrent le procès, finissant par taxer ses propositionsd’hérétiques, à Tarragone le 5 septembre 1316.Arnaud figurait déjà au panthéon de la médecine : il estmort le 6 septembre 1311 à Gênes en mission diploma-tique.

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Pierre-Yves FARRUGIAKinésithérapeute- La Rochelle

C’est le début de la grande aventure du piano qui n’estplus un engin expérimental mais bel et bien un nouvelinstrument de musique. Dès lors les perfectionnements etles inventions vont se succéder, en étroite collaborationavec ses utilisateurs qui voulaient obtenir un instrumentplus puissant, pouvant rivaliser avec l’orchestre.

On pourrait comparer le piano à une automobile : commeelle, il est composé d’un châssis (cadre, sommier, tabled’harmonie), d’un moteur ( mécanique), et d’une carrosse-rie ( meuble).Le premier instrument qui reçut l’appellation de « piano eforte », abrégé plus tard en « piano », est de l’italienCristofori, en 1709. Ce nouvel instrument répondait auxaspirations des clavecinistes et autres joueurs de clavi-cordes ou d’épinettes, qui souhaitaient moduler le son deleur instrument. En effet, les instruments à clavier de cetteépoque ne permettaient pas la moindre nuance : quelleque soit l’attaque du doigt sur le clavier, l’instrumentrendait un son toujours égal. Ce qui fit dire à Couperin :« je saurai toujours gré à ceux qui pourront arriver à rendrele clavecin susceptible d’expression. »En ce sens, le piano a été conçu comme un perfectionne-ment du clavecin. Ces deux instruments ont eu par la suiteune évolution parallèle, le piano ne se substituant pas auclavecin, mais devenant un nouvel instrument dont lespossibilités allaient exacerber l’imagination des composi-teurs.Cette aptitude à traduire les « pianos » et les « fortes »est due au système mécanique, le sautereau qui pinçait lacorde du clavecin est remplacé par un petit marteau recou-vert de peau qui va frapper la corde. La force de frappe dupetit marteau est proportionnelle à l’intensité de l’attaquedu doigt sur la touche.D’autres idées naissent à la même époque. Ainsi, enFrance Jean Marius reprend les travaux de Cuisini (il réali-sera un ancêtre du piano droit), en Allemagne GottliebSchrueter construit un mécanisme à marteau. Mais il nes’agit que d’instruments expérimentaux qui ne connaissentpas encore la faveur des musiciens et des compositeurs. Lefacteur Gottlieb Silberman perfectionne l’instrument deCristofori en créant une mécanique permettant une répéti-tion rapide des notes. Cet instrument est présenté à JeanSébastien Bach qui ne voit dans cette invention aucunavenir. En fait, Bach ne composera rien pour cet instru-ment. De rage, Silberman détruit à la hache ses piano-forte. Il se remet à l’ouvrage et fournit, en 1770, un

nouveau piano-forte qui va forcer l’admiration de tous.C’est le début de la grande aventure du piano. Cette inven-tion n’est plus un engin expérimental mais bel et bien unnouvel instrument de musique. Dès lors les perfectionne-ments et les inventions vont se succéder.Andréas Stein perfectionne le mécanisme en ajoutant un« échappement » qui permet au doigt de rester posé sur latouche, sans que le marteau reste collé sur la corde. En1783, Broadwood dépose un brevet pour sa « mécaniqueanglaise » qui va rivaliser pendant un demi-siècle avec lamécanique viennoise. C’est le début de la commercialisa-tion et de l’industrialisation. En 1818, Sébastien Erardaboutit à la création du « double échappement » qui est àla base des mécaniques actuelles du piano à queue.Les musiciens voulaient obtenir un instrument plus puis-sant, pouvant rivaliser avec l’orchestre. Pour cela, il fallaitaugmenter les dimensions de l’instrument, que sa tabled’harmonie soit la plus vaste possible, que les cordessoient plus tendues et plus nombreuses. Pour résister àcette formidable tension des cordes (15 à 20 tonnes !) lesfacteurs sont obligés d’étayer leurs châssis de diversesbarres, cornières et semelles métalliques, jusqu’à ce quel’Américain Backock dépose, en 1825, un brevet pour uncadre métallique sur lequel sont tendues les cordes. Ondouble puis on triple les cordes de chaque note pour obte-nir plus de puissance. On multiplie les effets : denombreuses pédales ou grenouillères sont installéespermettant d’obtenir du piano des sons plus sourds, plussecs, d’imiter le basson, le luth, etc…L’évolution de l’ins-trument se fait en étroite collaboration avec ses utilisa-teurs. Le clavecin perd alors sa place d’instrument privilé-gié.Au début du XIXe siècle, on assiste à une véritabledébauche inventive : on crée le « piano girafe », le« piano pont », le « piano ovale », le « piano harpe »,etc… On cherche aussi à vulgariser l’instrument en rédui-sant les dimensions. C’est la naissance du piano vertical oupiano droit, commercialisé vers 1815 par la firme françaiseIgnace Pleyel.Cet instrument se voit perfectionné par Henri Pape, en1828, par la réalisation du châssis à cordes croisées. Lescordes graves et les cordes aiguës sont disposées suivantles diagonales du piano. Cette nouvelle disposition permet,à hauteur égale, une meilleure musicalité et un accroisse-ment de la puissance. Ce procédé est adopté par tous lesfacteurs.Crée en 1847, la firme Gaveau utilise la technique deconstruction en vigueur à cette époque, mais fabrique sespropres mécaniques et perfectionne le système d’étouf-foirs en créant les étouffoirs « à lames » au lieu des tradi-

MUSIQUE : Le Piano

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tionnels étouffoirs « à baïonnettes ». Ces nouveaux étouf-foirs sont beaucoup plus efficaces et ce système va doré-navant remplacer l’ancien.Au milieu du XIXe siècle, toutes les bases de la facturemoderne du piano sont inventées : cadre métallique,cordes croisées, mécaniques à lames. Mais techniquesanciennes et techniques modernes coexisteront encorejusqu’au début du XXe siècle.Début 1930, la conception du piano n’a plus évolué. Seulsdes points de détails ont été peaufinés. L’apparition denouveaux matériaux a amené certains facteurs à étudierl’utilisation du nylon, du plastique. Les traitements desmatériaux ont évolué eux aussi : feutres traités contre lesinsectes, bois étuvés, cordes chromatées, etc …Par contre, les nécessités de l’industrialisation ont amenéles fabricants modernes à uniformiser leur production, àstandardiser mécaniques et sonorités. Pour ne déplaire àpersonne, on élimine tout bruit parasite, toute harmonieintempestive. Les tables d’harmonie, en devenant de plusen plus résistantes, sont moins aptes à vibrer. Si tous lesdéfauts des anciens pianos ont disparu, leur qualité dechant s’est quelque peu effacée au profit de la puissance etde la fiabilité.Certains facteurs ont fait des recherches sur les matériauxpouvant remplacer le bois, qui n’ont abouti que pour chan-ger très localement le matériau de certaines pièces : lereposoir des marteaux est en aluminium, ainsi que la majo-rité de la structure porteuse de la mécanique ; améliora-

tion des feutres ; emploi d’un plastique similaire entexture, touché et couleur pour remplacer l’ivoire destouches ; emploi d’un alliage d’aluminium pour la tige dumarteau. La base du raisonnement est de diminuer lesefforts musculaires nécessaires pour émettre une note sansque cela n’altère la qualité de la mélodie.Pour eux, le mal du pianiste est naturel, voir nécessaire :c’est le signe du travail. De même, en sport, lorsque l’onfait un effort particulier, on peut s’attendre, le lendemain,à être plein de courbatures. Nous avons eu l’impressiond’une inquiétude chez ces facteurs de piano qui ne veulenten aucun cas voir leur métier changer radicalement. Eneffet, ils travaillent depuis des générations de la mêmemanière, avec les mêmes outils, les mêmes méthodes etsur les mêmes matériaux. Il est évident, par exemple, quel’apparition de matériaux composites sur le piano déclen-cherait une révolution pour leur formation et donc dansleur façon de travailler.Pour les facteurs, un bon piano c’est le son mais aussi lafrappe. En effet, le toucher évolue d’un piano à l’autre etc’est cette différence qui va plaire et qui aidera le pianistedans son choix. S’il est trop léger, il sera très difficile dereproduire une même nuance de son. Ils ont aussi remar-qué que le choix des pianistes est actuellement orienté versun toucher plus dur puisqu’il permet de moduler plus faci-lement le son et d’obtenir de plus grandes nuances. Il estnéanmoins possible que cela corresponde à un phénomènede mode.

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Dr Jacques POUYMAYOUAnesthésie-Réanimation – Toulouse

■ Les Cénobites tranquilles

A Michel Favrel

« Il n’y a que les gens sans imagination pour inventer.Le véritable artiste se reconnaît à l’usage qu’il fait de cequ’il annexe, et il annexe tout » : O.Wilde.

C’était il y a longtemps, dans les solitudes du désert de laThébaïde. En ce temps là, quelques hommes tâchaient deréaliser leur idéal chrétien vivant loin du monde et de sestentations, au plus près des démons afin de les mieuxpouvoir repousser et par là accéder à la sainteté. En cetteépoque le Diable et ses démons couraient encore le mondeà la recherche de proies à dévorer et de mauvaises actions àaccomplir. C’est au désert qu’ils étaient les plus nombreuxet les plus entreprenants, là où, précisément, les « hommesivres de Dieu » partaient les combattre. D’ailleurs, le Malinlui même n’y avait-il pas tenté Jésus ? Raison de plus pouraller éprouver sa foi voire gagner la sainteté commeAntoine, Pacôme, Siméon et d’autres dont le temps a effacéle souvenir de leur « vie sainte ». Ce que faisait une petitecommunauté dans ces solitudes arides où le Seigneur, toute-fois, avait fait jaillir, au milieu l’enfer minéral, une sourcequi permettait d’adoucir le quotidien en cultivant quelqueslégumes et en épargnant aux moines la peine de rechercherl’eau. Le Seigneur ou le Malin, car les démons locaux s’em-ployaient à tourmenter ces malheureux et à les distraire deleurs obligations de jeûne et de mortification. Il fautd’ailleurs reconnaître que le confort apporté par la source etles quelques palmiers qui l’entouraient n’incitait pas à larecherche des privations et de l’ascèse ; aussi la commu-nauté toute entière avait-elle cédé aux quelques tentationsde mollesse que le lieu et les circonstances pouvaient offrir.Il y en avait tout de même peu, mais, la sieste, la contem-plation béate du ciel nocturne et une nonchalance qui frisaitl’indolence rythmaient la vie de ces hommes, loin de l’agi-tation des villes et de la dépravation qui y régnait alors(Cela a bien changé depuis !). Au final, les diablotins,comme les moines, se satisfaisaient de cette situation,somme toute confortable pour tous, puisque le Diable avaitréussi à détourner quelques âmes. Quant aux cénobites, ilsparvenaient, « mutatis mutandis », à vivre de manière rela-tivement confortable.L’homme arriva d’Alexandrie, hâve, hirsute, barbu, agitéavec le regard un peu halluciné de ceux qui ont reçu pourmission de semer l’agitation là où règne le calme, au nom

bien sûr de grands principes. Et d’ailleurs, n’est- ce pasDieu (?!) qui toujours les inspire, pour le bien de leurssemblables et le salut de leurs âmes pécheresses ? C’enfût aussitôt fini de la molle indolence, des discussionsamicales, de la douce contemplation du ciel nocturneet….de la sieste. L’enfer était arrivé dans ce coin perdu dudésert, oublié de Dieu lui même, mais découvert parl’énergumène en quête de martyre. Il n’était pas questionde lui résister car, nos pauvres moines l’apprirent à leursdépens, son frère était un religieux en renom dans lesgrâces du gouverneur d’Alexandrie. Faute d’ailleurs d’ypouvoir se faire un nom « ad augusta per angusta »,notre homme était venu gagner la sainteté au désert,entraînant avec lui les malheureux cénobites, dont iln’avait pourtant pas vraiment obtenu le consentementéclairé. Alors vint le temps des mortifications éprou-vantes, des veillées interminables, des jeûnes épuisants,des prières répétées « ad nauseam » à tel point que noshéros, sous la férule de leur illuminé, gagnèrent enquelques semaines plus d’échelons vers la sainteté qu’ilsn’en avaient acquis depuis leur arrivée au désert. Ilsétaient en train de devenir, à leur corps défendant, des« athlètes de Dieu ».Les démons eux mêmes, inquiets de la tournure des évène-ments étaient venus tenter le nouvel arrivant, faisant mêmeappel à leurs chefs! Peine perdue, c’était un vrai saint !Et on assista à la défaite des luxurieux d’Asmodée, à ladéroute des orgueilleux de Léviathan, à la fuite destricheurs et des blasphémateurs d’Auristel, à la débandadedes devins et des sorcières de Belial. Roufas lui mêmedécampa en boitant encore plus que de coutume devantl’intransigeance du dévot. Les pauvres moines étaientdésespérés : condamnés au martyre !Devant cette situation catastrophique l’higoumène réflé-chit au moyen de chasser ce trublion dont l’attitude mena-çait la vie de la communauté et la santé de ses membres.Qui du Seigneur ou du Malin lui souffla l’idée ? On nesait. Peut être les deux, peut être aucun ; toujours est-ilqu’il s’en alla auprès de l’individu et lui murmuraquelques mots à l’oreille. Instantanément, ce dernier pâlit,et, sans mot dire, repartit d’où il était venu, encore plusvite qu’il n’était arrivé. On n’entendit jamais plus parler delui dans les déserts de l’Egypte ni d’ailleurs.La tranquillité revint chez les cénobites et avec elle lespetits démons familiers. C’est longtemps après que l’undes moines osa demander à l’higoumène ce qu’il avait ditpour faire détaler l’ascète alors que toutes les tentativesinfernales, pourtant très élaborées, avaient piteusementéchoué. Et l’higoumène répondit : « Ton frère vientd’être nommé patriarche d’Alexandrie ! ».

NOUVELLES

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■ O.K.

Ludwik L. Zamenhof ne l’aurait pas renié pour sonEspéranto car, s’il existe au monde une expressioncomprise dans tous les pays, c’est bien celle-ci qui signi-fie tout à la fois oui, d’accord ou tout va bien .

Quasi inconnue hors des Etats Unis d’Amérique jusqu’à lafin de la deuxième guerre mondiale, elle déferle ensuite,apportée, avec le chewing gum, par les troupes américaines,au point de concurrencer voire de détrôner les locutionsvernaculaires habituellement utilisées pour exprimer sonaccord dans l’usage oral ; et d’en arriver à des pléonasmesdu genre « OK d’accord » ou « Oui OK ». Tant et si bienqu’il n’existe aujourd’hui presque plus d’endroit au mondeoù son usage ne permette pas la compréhension et ledialogue entre gens de nationalité, de culture et d’expres-sion différentes. Bel exemple d’universalité dont lesorigines restèrent longtemps sujettes à affabulation. Onrapportait par exemple qu’à la suite des batailles navales outerrestres, les marins Anglais ou les Confédérés Sécession-nistes inscrivaient le bilan de leurs pertes en faisant suivre lechiffre des tués par la lettre K ( pour Killed ), ce qui donnaitOk lorsqu’il n’y avait pas de mort et que tout « allait bien ».D’où l’expression…. Tout aussi fantaisiste l’assertion desinitiales d’un certain Otto Kaiser, apposées sur chaque envoiautorisé par ce chef d’entreprise (dans la version plus prolé-tarienne, il s’agissait des initiales d’un vérificateur de chaîne[ mais on en a perdu le nom exact et n’en subsistent que lesfameuses initiales ] des usines Ford à Détroit ).Quant à l’anecdote entre G.Washington et G. de LaFayette au sujet du hoquet de ce dernier, elle est aussidouteuse que le prétendu accord de débarquement « auquai » donné par les autorités portuaires de Louisianeaux sinistres navires négriers d’alors. L’origine du termenous est, sans contestation possible, apportée par lerespectable Boston Morning Post de 1839 où, pour lapremière fois , apparaît le OK , altération graphique de« all correct ». Ce terme fut rapidement récupéré par lespartisans de Martin Van Buren, huitième président desEtats-Unis d’Amérique dont le club de soutien créé le 23mars 1840 portait le nom de « OK club ». Vice présidentde Andrew Jackson de 1833 à 1837, il avait succédé cetteannée là à son mentor, grâce au soutien sans faille de cedernier. Alors cette « preuve » du Boston Morning Postdonne-t-elle vraiment la clé de l’origine du fameux OK ?Certainement pas, mais elle corrobore une dernièrelégende qui pourrait s’avérer la plus proche de la vérité.Andrew Jackson, septième président des Etats-Unisd’Amérique naît fils pauvre, d’immigrants irlandaispauvres, dans une cabane de bois à la limite des Caro-lines le 15 mars 1767. Il sera le premier président né surle sol américain. Orphelin de père de bonne heure, ilabandonne les études à l’âge de15 ans pour s’engagersous les drapeaux des « Insurgents » dans la guerre

d’indépendance. Ses deux frères y périront et lui mêmesera blessé et prisonnier des Anglais. Il fait déjà montred’un caractère violent, n’hésitant pas à régler ses diffé-rends au pistolet, ce qui lui vaudra d’être blessé à la maindurant sa captivité (?) et au thorax quelques années plustard. De cette dernière blessure, il gardera la balle lerestant de ses jours et en mourra en 1845 d’intoxicationchronique au plomb… Rendu à la liberté et à ses étudesaprès la victoire Américaine, il devient avocat général deNashville (Tennessee) où il s’exerce à l’art du comman-dement en combattant les Indiens à la tête des miliceslocales. Il devait toute sa vie se faire une réputationsulfureuse de « chasseurs d’indiens » traquant cesderniers sans pitié afin de les repousser le plus loinpossible du territoire américain, souvent au mépris dudroit le plus élémentaire. C’est dans une de ces expédi-tions qu’il eut sous ses ordres un enfant du Tennessee,David de Croquetagne passé à la postérité sous le nom deDavid Crockett. Cet américain d’ascendance française(Les Croquetagne, Huguenots persécutés, avaient quittéla région de Montauban une génération plus tôt) devaitabandonner la politique à la suite de son opposition àl’attitude de Jackson à l’égard des indiens et entrer dansla légende en mourant pour l’indépendance du Texas.En 1812, éclate une nouvelle guerre avec l’Angleterre etJackson, moderne Cincinnatus retiré depuis 14 ans à lacampagne, quitte sa charrue pour prendre la tête desmilices sur le Mississippi, région récemment achetée parle gouvernement fédéral à Napoléon Pemier (La fameuseLouisiane qui s’étendait en fait du golfe du Mexiquejusqu’à la frontière Canadienne et représentait le tiers dela superficie actuelle des USA…). Au cours de cettecampagne, il prend parti pour ses volontaires en s’oppo-sant à un envoyé du gouvernement central. Un différendl’avait opposé à cet individu, dont l’histoire n’a pas jugéutile de retenir le nom, à propos des ordres qu’il donnait.La coutume voulait en effet que la signature de tous lesordres écrits par les officiers fût précédée des lettres ACpour All Correct (à l’imitation des pratiques de l’arméeBritannique), et Jackson remplaça, par provocation sansdoute, les lettres AC par le OK qui allait connaître une sibelle carrière, se retranchant derrière l’homophonie desdeux abréviations. Bien sûr, le fonctionnaire lui fit, sansdiplomatie, remarquer sa bourde. Je vous laisse le soind’imaginer la réponse du militaire, mais je pense qu’ellene donna pas dans la nuance… L’histoire fit rapidementle tour de l’armée qui s’empressa, comme on pouvait s’yattendre, de soutenir « son Général OK ». Dès lors,n’est-il pas logique de supposer que, 30 ans plus tard,Van Buren colistier du second mandat de Jackson, ait euvent de l’histoire et en ait profité pour reprendre l’ex-pression à son compte ? Cette version vaut bien lesautres et a le mérite de coller avec le « terminus a quo »du Morning Post. Si non e vero, e ben trovato, non ?Oui ! Alors tout est OK.

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Une vie de Simone Veil (Edition Stock) 400 pages.Simone Veil accepte enfin de se raconter à la première personne. De son enfance niçoise dans une famille juivecomplètement assimilée, et sa déportation à Auschwitz avec sa mère et l’une de ses sœurs en mars 1944, jusqu’à sesfonctions les plus récentes, elle a su s’imposer comme une figure singulière et particulièrement forte. Femme libres’il en est, elle a exercé le pouvoir sans jamais le désirer pour lui-même mais pour améliorer, autant qu’elle l’a pu,les conditions de vie de ses concitoyens : à l’administration pénitentiaire, puis au ministère de la santé dans legouvernement Chirac sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing – c’est là qu’elle fait voter, contre son camp,la loi sur l’IVG ; à la présidence du Parlement européen; comme ministre des affaires sociales, de la Santé et de laVille dans le gouvernement dirigé par Edouard Balladur et présidé par François Mitterrand ; au Conseil constitu-tionnel ainsi qu’à la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Fidèle à ce qu’elle estime être la fonction des rescapésdes camps de la mort, elle a témoigné, chaque fois qu’elle l’a pu, en France comme partout, de son expérienced’Auschwitz. Mais cette femme de mémoire n’est jamais nostalgique, jamais passéiste, elle n’a souci que du mondede demain, celui qu’elle lèguera à ses petits-enfants et à ses arrière-petits enfants dont la place est grande dans savie. Elle a rencontré la plupart des " grands " de ce monde, vécu de près les événements majeurs du XXe siècle. Elleparle sans forcer sa voix, mais on l’entend.

Les disparus de Daniel Mendelsohn (Editions Flammarion), 647 pages.Depuis qu’il est enfant, Daniel Mendelsohn sait que son grand-oncle Shmiel, sa femme et leurs quatre filles ont ététués, quelque part dans l’est de la Pologne, en 1941. Comment, quand, où exactement ? Nul ne peut lui en dire plus.Et puis il découvre ces lettres désespérées écrites en 1939 par Shmiel à son frère, installé en Amérique, des lettrespressant sa famille de les aider à partir, des lettres demeurées sans réponse… Parce qu’il a voulu savoir ce qui s’estpassé, parce qu’il a voulu donner un visage à ces six disparus, Daniel Mendelsohn est parti sur leurs traces, rencon-trant, année après années, des témoins épars dans une douzaine de pays. Cette quête, il en a fait un livre, puzzle verti-gineux, roman policier haletant, plongée dans l’Histoire et l’oubli - un chef-d’œuvre.

Storytelling, la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits de Christian Salmon (Editions La Décou-verte), 235 pages.Depuis qu’elle existe, l’humanité a su cultiver l’art de raconter des histoires, un art partout au cœur du lien social.Mais depuis les années 1990, aux Etats-Unis puis en Europe, il a été investi par les logiques de la communication etdu capitalisme triomphant, sous l’appellation anodine de " storytelling " : celui-ci est devenu une arme aux mainsdes " gourous " du marketing, du management et de la communication, pour mieux formater les esprits des consom-mateurs et des citoyens. Christian Salmon dévoile dans ce livre les rouages d’une " machine à raconter " quiremplace le raisonnement rationnel. Le sujet qu’il veut formater est un individu envoûté, immergé dans un universfictif qui filtre les perceptions, stimule les affects, encadre les comportements et les idées…

Mort sur la route de David Le Breton (Editions Métaillé), 336 pages.Laure et Olivier ont 16 ans. Ils sont partis sur la route, en stop, pour échapper à la violence de leur vie familiale, ilsont fui l’enfer. Max les a suivis, mais lui, ses parents l’aiment, ce sont juste des parents ordinaires, une vie ordinaire.Il est difficile de se construire à 16 ans, on en meurt parfois. Jetés dans un monde ennemi, ils connaissent la misèredes squats, la saleté, la promiscuité et parfois ils rencontrent l’horreur, l’indicible. Anna, elle, a fui la misère desBalkans et est prostituée malgré elle. Thomas est un adulte un peu cassé par ses missions sur les théâtres de guerre,que le hasard va projeter violemment dans cet univers adolescent où la douleur permet de fuir la souffrance. Ildécouvre que des jeunes disparaissent, que des prédateurs sont à l’affût, et il mène en solitaire une enquête dange-reuse, dans cette ville de Strasbourg si belle et si cruelle.

Les grippes en questions de Paul Léophonte (Editions Privat), 130 pages.Faut-il parler de la grippe ou de plusieurs sortes de grippes ? Quels liens entre la grippe saisonnière responsabled’une mortalité annuelle de 2000 à 7000 personnes en France et les pandémies périodiques, telle la grippe espagnolequi, au début du XXè siècle, fut la cause de 50 millions de morts dans le monde ? Doit-on redouter un semblablefléau avec la grippe aviaire ? Comment se soigner, se protéger ? Qu’attendre des pouvoirs publics ? L’auteur abordeavec clarté des notions scientifiques et avec pragmatisme les questions plus familières que chacun se pose sur cettemaladie pleine de paradoxes, susceptible de devenir d’un jour à l’autre la préoccupation prioritaire des nations et uneangoisse pour chaque individu, chaque famille.

LES LIVRES

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La partie culturelle de ce numéro s’est intéres-sée aux médecins philosophes de la période médié-vale tandis que la partie médicale s’est construiteautour de plusieurs thèmes.Chaque aspect de la vie quotidienne est concerné parl’immuno-allergologie et des progrès significatifssont à noter, tant sur le plan fondamental que sur leplan épidémiologique, clinique et thérapeutique. Ilnous a donc paru utile de publier les actes de laJournée Toulousaine d’Allergologie organisée le 17mars 2007 par l’Association des Allergologues de larégion Toulousaine.Le syndrome obésité-hypoventilation décrit il y a 50 ans comme une rareté, est considéré actuellementcomme une cause non négligeable d’insuffisancerespiratoire chronique et connaît une expansion enraison du nombre grandissant d’obèses dans les paysoccidentaux. Sa prise en charge est importante tantpour l’amélioration de la qualité de vie et de la mor-talité des patients, que pour la réduction des coûts desanté qui en découlent.Près de 40% de la population adulte souffre de ron-chopathie et 4% de syndrome d’apnée du sommeilavec des conséquences pathologiques désormaisidentifiées, nécessitant une prise en charge pluri-disciplinaire. Des thérapeutiques sont proposéescomme la ventilation par pression positive conti-nue ou diverses interventions chirurgicales. Mais ilexiste une troisième voie : l’orthèse d’avancéemandibulaire, peu invasive, d’action réversible etqui exige une compétence odontologique.La multiplicité des techniques d’imagerie de l’aor-te abdominale et de ses branches, actuellement ànotre disposition, nécessite une tentative de hiérar-chisation des examens.Les médecins-philosophes de la période médiévaleont marqué leur génération et légué un savoirimmense aux générations suivantes. Leur œuvrescientifique et philosophique est considéréecomme importante parce qu’elle réactive les

connaissances d’Hippocrate et de Galien et adop-te la méthode des philosophes pour « expliquer lavie des êtres organisés ». Ces médecins qui n’ontbénéficié d’aucun support expérimental, ont accu-mulé des observations cliniques, décrit et classédes milliers de symptômes, essayé plusieurs traite-ments différents. Ils se proposaient de soigner,d’atténuer la souffrance et, si possible, de guérir. Ilest, par ailleurs difficile, de ne pas apprécier lamanière dont ils ont su libérer la médecine desconceptions irrationnelles, magiques ou astrolo-giques, si longtemps dominantes depuis l’Anti-quité. Tous ces médecins qui étaient philosophes,croyants et engagés dans la vie publique s’accor-dent à dire que l’explication philosophique de cer-tains sujets qui suscitent des controverses, pourraitfragiliser la foi de ceux qui n’ont pas été préparésà la recevoir. C’est la raison pour laquelle, la plu-part ont rencontré de grandes difficultés, connu lesmêmes vicissitudes et dû lutter contre d’énormesrésistances provenant des autorités religieuses.Mais malgré ces oppositions, c’est sur ce patri-moine culturel que s’est progressivement édifiéela biologie moderne, que se sont imposés peu àpeu le rationalisme et l’analyse scientifique de lanature, de l’homme et de la société.De plus en plus les médias évaluent les établisse-ments de soins et nous voyons progressivements’installer une logique entrepreneuriale. A l’occa-sion de son cinquantième anniversaire, les respon-sables de la clinique Pasteur ont accepté de nouslivrer leurs impressions sur le présent et le futur decet établissement toulousain, encore autonome.Nous vous demandons de soutenir cette revue quevous pouvez également visiter sur Internet, soitsur le blog medecineetculture.typepad.com oùnous attendons vos suggestions et vos commen-taires, soit sur revue médecine et culture.

Nous vous adressons nos meilleurs vœux pour2008.

E D I T O R I A L

Dr Elie ATTIASPneumo-Allergologue - [email protected]

Nous remercions tous les intervenantsqui ont bien voulu participer à la rédaction de la revue Médecine et Culture

Jacques Arlet, Professeur des Universités, Ecrivain; Jean Migueres, Professeur honoraire des Universités; PaulLéophonte, Professeur des Universités, correspondant national (Toulouse) de l’Académie de Médecine ; Pr JacquesAmar, INSERM 558, Service de Médecine Interne et d’Hypertension Artérielle, Pôle Cardiovasculaire et MétaboliqueCHU-Toulouse ; Pr François Carré, PU-PH, responsable de l’UPRES EA 3194, Université de Rennes 1, HôpitalPonchaillou; Pr Alain Didier, Drs Roger Escamilla, Bruno Degano, Marlène Murris, Kamila Sedkaoui, Service dePneumo-Allergologie, Clinique des voies respiratoires, Hôpital Larrey, CHU Toulouse; Dr Sandrine Pontier, Servicede Pneumologie et Unité des Soins Intensifs, Clinique des voies respiratoires, Hôpital Larrey, CHU Toulouse; Pr MeyerElbaz, Service de cardiologie B, Fédération cardiologie CHU Rangueil Toulouse; Pr Michel Galinier, Pôle cardiovas-culaire et métabolique CHU Rangueil Toulouse; Pr Yves Glock, Chirurgie cardio-vasculaire, CHU Rangueil Toulouse;Pr Jean-Pierre Louvet, Pierre Barbe, Antoine Bennet, UF de Nutrition, Service d’Endocrinologie, Maladies métabo-liques et Nutrition, CHU Rangueil Toulouse. Pr Mathieu Molinard, Département de Pharmacologie, CHU Bordeaux,Université Victor Segalen, INSERM U657; Pr Jean-Philippe Raynaud, Marie Tardy, Service universitaire de psy-chiatrie de l’enfant et de l’adolescent, CHU de Toulouse-Hopital La Grave; Pr Daniel Rivière, F. Pillard, EricGarrigues, Service d’Exploration de la Fonction Respiratoire et de Médecine du Sport, Hôpital Larrey, CHU Toulouse; Drs Fabienne Rancé, A.Juchet, A.Chabbert-Broué, G.Le Manach, Hôpital des Enfants, Unité d’Allergologie et dePneumologie Pédiatriques, Toulouse ; Drs Thierry Montemayor, Michel Tiberge, Unité des troubles du sommeil etEpilepsie, CHU Rangueil Toulouse; Jacques Pouymayou, Anesthésiste-Réanimateur, Centre Claudius Régaud,Toulouse ; Gérard Pirlot, Professeur de psychopathologie Université Paris X, Psychanalyste, Membre de la Sociétépsychanalytique de Paris, Psychiatre adulte, qualifié psychiatre enfant/adolescent.

Laurent Arlet, Rhumatologue, Toulouse; Edmond Attias, ORL, chef de service au C.H. d’Argenteuil; Elie Attias,Pneumo-Allergologue, Toulouse; P. Auburgan, Médecine du Sport, Centre hospitalier de Lourdes; Maurice Benayoun,Docteur en sciences odontologiques, Toulouse; André Benhamou, Chirurgien dentiste, Toulouse, Directeurd’International Implantologie Center; Stéphane Beroud, Médecine du sport, Maladies de la Nutrition et Diététique,Tarbes; Jamel Dakhil, Pneumo-Allergologue, Tarbes, praticien attaché hôpital Larrey ; Didier Descouens, ORL,Toulouse; P.Y Farrugia, kinésithérapeute, La Rochelle ; Françoise Fournial, Pneumologue, Isis médical, Toulouse;Michel Migueres, Pneumo-Allergologue, Nouvelle Clinique de L’Union-Saint-Jean; Henri Obadia, CardiologueToulouse; Ruth Tolédano-Attias, Docteur en chirurgie dentaire, Lettres et Science Humaines; Laurence Van Overvelt,chercheur Laboratoire Stallergènes ; Marie Françoise Verpilleux, Recherche Clinique et Développement, NovartisPharma; Bernard Waysenson, Docteur en Sciences Odontologiques; Muriel Werber, Dermatologue, Toulouse.

Laurence Adrover, pneumologue ; Franc Berthoumieu, chirurgie thoracique et vasculaire ; Daniel Colombier,Michel Levade, Radiologues; Benjamin Elman, Urologue; Christophe Raspaud, Pneumologue; Jacques HenriRoques, Chirurgie générale et digestive; Michel Demont, Médecine du Sport; Anne Marie Salandini, FlorenceBranet-Hartmann, Christine Rouby, Jean René Rouane, neuro-endocrinologie; Jean-Paul Miquel, NicolasRobinet, Bernard Assoun, Bruno Dongay, Cardiologie; Bruno Farah, Jean Fajadet, Bernard Cassagneau, JeanPierre Laurent, Christian Jordan, Jean-Claude Laborde, Isabelle Marco-Baertich, Laurent Bonfils, OlivierFondard, Philippe Leger, Antoine Sauguet, Unité de Cardiologie Interventionnelle; Jean-Paul Albenque, AgustínBortone, Nicolas Combes, Eloi Marijon, Jamal Najjar, Christophe Goutner, Jean Pierre Donzeau, Serge Boveda,Hélène Berthoumieu, Michel Charrançon, service de Rythmologie : Clinique Pasteur, Toulouse.

Hamid Demmou, Université Paul Sabatier; Arlette Fontan, Docteur en philosophie, Enseignante à l’ISTR de Toulouse;Alain B.L Gérard, Juriste, philosophe; Nicole Hurstel, Journaliste, écrivain; Serge Krichewsky, hauboïste àl’Orchestre National du Capitole de Toulouse; Hugues Labarthe, Enseignant à l’université, Saint Etienne ; VincentLaurent, Doctorant en droit privé, UT1 Toulouse; David Le Breton, Pr. de sociologie à l’Université Marc Bloch deStrasbourg, Membre de l’UMR “Cultures et sociétés en Europe”; Isabelle Le Ray, Peintre, créatrice de Tracker d’Art;Christian Marc, Comédien; Sophie Mirouze, Festival International du Film de la Rochelle; Laurent Piétra, Professeurde philosophie; Lucien Ramplon, Procureur général honoraire, “Président des toulousains de Toulouse”; Guy-ClaudeRochemont, Professeur, membre fondateur, ancien président et membre de Conseil d’administration de l’Archive;Nicolas Salandini, Doctorant en philosophie; Stéphane Souchu, Critique de cinéma; Emmanuel Toniutti, Ph.D. inThéologie, Docteur de l’Université Laval, Québec, Canada; Shmuel Trigano, Professeur de sociologie-UniversitéParis X Nanterre, Ecrivain Philosophe.

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EDITORIALE. Attias

ALLERGOLOGIEIntroduction : E. Attias 1

Journée Toulousaine d’AllergologiePr A. Didier, M. Migueres, J. Dakhil,

F. Rancé, A. Juchet, A. Chabbert-Broué,

G. Le Manach 2

Les Allergènes RecombinantsL. Van Overvelt 12

LE SYNDROME OBESITE -HYPOVENTILATIONS. Pontier, F. Fournial, L. Adrover 15

L’ORTHESE D’AVANCEEMANDIBULAIREG. Vincent 21

IMAGERIE DE L’AORTEABDOMINALEM. Levade, D. Colombier 24

LES 50 ANS DE LACLINIQUE PASTEURF. Berthoumieu, J.P. Deymier 27

LES MEDECINS PHILOSOPHESE. Attias, H. Labarthe 29

MUSIQUE : Le PianoP. Y. Farrugia 44

NOUVELLES :Les Cénobites tranquilles, OKJ. Pouymayou 46

LES LIVRES 48

Association Médecine et Culture9, rue Alsace-Lorraine - 31000 Toulouse

Directeur de la publication : E. Attias

G.N. Impressions - 31620 Bouloc

ISSN 1772-0966

NUMÉRO 7

Décembre 2007

Vous pouvez retrouver la revue sur le blog :http://www.medecineetculture.typepad.com

Les médecinsphilosophes

blog : www.medecineetculture.typepad.com

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EDITORIALE. Attias 1

SPORT ET MEDECINEF. Carré, D. Rivière, A. Didier,E. Garrigue, B. Waysenson 2

LE SPORT EST-IL DANGEREUXPOUR LA SANTE ?D. Rivière 18

SPORT : SOCIETE ET ECONOMIEE. Attias 21

REFLEXIONS SUR LE SPORTE. Attias, R. Toledano-Attias 27

INTERVIEWS. Figuès, M. Salvetat, F. PelousM. Giraud, M. Demont 30

MILON DE CROTONJ. Pouymayou 38

SCULPTUREJ. Migueres 39

LES LIVRES 40J. Arlet

CINEMAG.-C. Rochemont 42S. Mirouze 44S. Souchu 46

MUSIQUES. Krichewsky 48

Association Médecine et Culture9, rue Alsace-Lorraine - 31000 Toulouse

Directeur de la publication : E. Attias

G.N. Impressions - 31620 Bouloc

ISSN 1772-0966

NUMÉRO 3

décembre 2005

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Sport et MédecineRéflexions sur le sportSport et MédecineRéflexions sur le sport

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EDITORIALE. Attias

L’OBÉSITÉ J.P. Louvet, P. Barbe 1

POIDS, TROUBLES DUCOMPORTEMENT ALIMENTAIREET FONCTION OVARIENNEJ.P. Louvet, A. Bennet 12

LA GASTROPLASTIEF. Branet-Hartmann, Ch. Rouby,A.M. Salandini, J.H. Roques 14

LE CONCEPT D’ALEXITHYMIEM. Tardy, J.Ph. Raynaud 17

LE DOSSIER MÉDICAL PERSONNELV. Laurent 19

LE CORPSD. Le Breton, E. Attias,R. Tolédano-Attias, L. Piétra,S. Beroud, H. Obadia, I. Le Ray 22

ENTRETIEN : Pr Paul Léophonte 41

LE BALLET DU CAPITOLEDE TOULOUSE 45

LES LIVRES 49

NOUVELLE : LES CROISSANTSJ. Pouymayou 50

CINEMAS. Souchu 50

PEINTUREH. Obadia 52

Association Médecine et Culture9, rue Alsace-Lorraine - 31000 Toulouse

Directeur de la publication : E. Attias

G.N. Impressions - 31620 Bouloc

ISSN 1772-0966

NUMÉRO 5

Décembre 2006

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Medecine & Culture

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EDITORIALE. Attias

NOUVEAUTÉS EN CARDIOLOGIEJ.P. Albenque, A. Bortone, N. Combes,E. Marijon, J. Najjar, Ch. Goutner,J.P. Donzeau, S. Boveda,H. Berthoumieu, M. Charrançon

M. Galinier, M. Elbaz, J. Amar

B. Farah, J. Fajadet, B. Cassagneau,J.P. Laurent, Ch. Jordan, J.C. Laborde,I. Marco-Baertich, L. Bonfils,O. Fondard, Ph. Leger, A. Sauguet

J.-P. Miquel, N. Robinet,B. Assoun, B. Dongay

D. Colombier 1

NOUVEAUTÉS PHARMACEUTIQUES 35

LE CŒUR DANS TOUS SES ÉTATSR. Tolédano-Attias, L. PiétraG. Pirlot, Y. Glock 37

NOUVELLE : Dix jours en OctobreJ. Pouymayou 49

THEATRE ET SOCIETE : de Sophocole à KoltèsCh. Marc 50

LES LIVRES 53

TOUBIB JAZZ BAND ?L. Arlet 54

HOMMAGE : Albert RichterE. Attias 55

Association Médecine et Culture9, rue Alsace-Lorraine - 31000 Toulouse

Directeur de la publication : E. Attias

G.N. Impressions - 31620 Bouloc

ISSN 1772-0966

NUMÉRO 6

Juin 2007

Le cœurdans tous ses états

blog : www.medecineetculture.typepad.com

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Association Médecine et Culture9, rue Alsace-Lorraine - 31000 Toulouse

Directeur de la publication : E. Attias

G.N. Impressions - 31620 Bouloc

ISSN 1772-0966

NUMÉRO 4

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Ronchopathieet Apnées du sommeil

La Superstition

Ronchopathieet Apnées du sommeil

La Superstition

EDITORIALE. Attias 1

RONCHOPATHIE ET APNEES DU SOMMEILT. Montemayor, M. Tiberge, B. Degano, Ed. Attias, J. Amar, A.M. Salandini , Ch. Rouby, F. Branet, J.R. Rouane, A. Didier, K. Sedkaoui, F. Fournial 2

NOUVEAUTES PHARMACEUTIQUES 20

PROCES MEDICAUX EN FRANCEL. Vincent 23

LA SUPERSTITIONE. Attias, L. Piétra, N. Salandini,E. Toniutti, Ch. Raspaud,L. Remplon 24

NOUVELLE : LES SYBARITESJ. Pouymayou 41

HUMOUR 42

LES LIVRES 43

REFLEXIONS SUR...LA PHOTOGRAPHIEL. Arlet 44

MUSIQUES. Krichewsky, D. Descouens 45

CINEMAS. Souchu 47

Medecine & Culture

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