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  • Assises de la Pche et des Produits de la Mer - Lorient - 1er & 2 Juillet 2014 1

    Assises de la Pche et des Produits de la Mer

    Lorient 1er & 2 Juillet 2014

    Sommaire du compterendu

    Dbats anims par Cline ASTRUC, rdactrice en chef, PdM et Andr THOMAS, rdacteur en chef, le marin

    Mardi 1er juillet 2014

    INTRODUCTION - POINT DE CONJONCTURE DE LA FILIRE p 4 Cline ASTRUC, rdactrice en chef, PdM Andr THOMAS, rdacteur en chef, le marin

    STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT ET DE COMPETITIVITE DU SECTEUR HALIEUTIQUE AU MAROC p 7 Mme Amina FIGUIGUI, Directeur gnral, Office National des pches du Maroc

    OUVERTURE DES ASSISES p 9 Accueil par Pierre KARLESKIND, Vice-prsident, Conseil rgional de Bretagne, charg de lEurope, du Littoral et de la Mer

    Frdric CUVILLIER, Secrtaire dtat charg des Transports, de la Mer et de la Pche

    LA PLACE PORTUAIRE, CENTRE NVRALGIQUE DE LA FILIRE p 13 Laurent BARANGER, Secrtaire gnral, RICEP, universit de Nantes Maurice BENOISH, Prsident, Port de pche de Lorient-Keroman Olivier LE NZET, Prsident, Comit Rgional des Pches Maritimes et des levages Marins de Bretagne Jean-Michel PACHUT, Directeur march produits de la mer, Stef-TFE Jos SUAREZ LLANOS, Directeur de lorganisation de producteurs Arvi

    FONDS EUROPEN : LES ENJEUX DU FEAMP p 21 Ccile BIGOT, Directrice des Pches maritimes et de lAquaculture Alain DRANO, Secrtaire gnral, Comit rgional conchylicole, Bretagne-sud Yves FOEZON, Directeur adjoint, Pcheurs de Bretagne milie GLARD, Charge de mission en charge des relations avec les institutions europennes, Comit national des pches et des levages marins Pierre KARLESKIND, Vice-prsident, Conseil rgional de Bretagne, charg de lEurope, du Littoral et de la Mer Leslie WIDMANN, Directrice, Odysse dveloppement

  • Assises de la Pche et des Produits de la Mer - Lorient - 1er & 2 Juillet 2014 2

    DEBAT PUBLIC : LA FILIERE PECHE MADE IN FRANCE FACE AU CONSOMMATEUR p 30 Jacky BONNEMAINS, Prsident, Association Robin des bois Batrice DARY, Prsidente, Halieutis Fabien DULON, Directeur gnral, Scapche Alain DRANO, Secrtaire gnral, Comit rgional conchylicole, Bretagne-sud Franois GAUTHIEZ, Directeur du dpartement appui aux politiques publiques, Agence des Aires marines protges Grard HIGUINEN, Prsident, France Filire Pche Pierre KARLESKIND, Vice-prsident, Conseil rgional de Bretagne, charg de lEurope, du Littoral et de la Mer Norbert MTAIRIE, Prsident, Lorient Agglomration Grard ROMITI, Prsident, Comit national des pches maritimes et des levages marins

    Mercredi 2 juillet 2014

    ATELIER 1 : LA PCHE : Le renouvellement de la flottille et des hommes p 38

    Rabah BOUCIF, Directeur, Centre de gestion de la pche artisanale Yvan GUITON, Directeur de la Mer, du Dveloppement maritime et du littoral, Rgion Bretagne Joseph LOUSSOUARN, Directeur gnral, Armement La Houle Alain POMES, Directeur, Centre europen de formation continue maritime Philippe RENAN, Directeur filire Maritime, Crdit Maritime Bretagne-Normandie Christophe SEILLIER, Directeur rgional adjoint, Dlgationdu Morbihan et du Finistre, BPI Jean-Loup VELUT, Secrtaire gnral, Coopration maritime

    ATELIER 2 : NGOCE - MARE - TRANSFORMATION : L'tiquette, un outil de communication pour raconter une histoire aux consommateurs p 50

    Franck GOUIX, Directeur gnral de PAM SAS Florence HUMBERT, Journaliste, Que choisir ? Gal MICHEL, Secrtaire gnral, Union du mareyage Jean-Sbastien TAMISIER, Directeur Recherche et Innovation Groupe, Fleury Michon

    ATELIER 3 : LA PCHE : Le facteur nergtique p 59

    Patrick COUSIN, Directeur gnral, Cooprative maritime Pcheurs et Ostreiculteurs de Lorient Auray, Grant des Docks et Entrepts Maritimes de Keroman Jos JOUNEAU, Premier vice-prsident, Comit national des pches et des levages marins Philippe KERNIS, Responsable du domaine Naval et Nautisme, Ple Mer Bretagne Atlantique Thierry ORVEILLON, Directeur, ArcoBreizh Franois SEBIRE, Directeur gnral adjoint, Moteurs Baudouin

    ATELIER 4 : NGOCE - MARE - TRANSFORMATION : La lutte contre les fraudes p 65

    Bernard BENASSY, Directeur, SCAPP Jean-Louis MEURIC, Reprsentant SNCE sur FraudFilet Christian RAMBAUD, Head of Unit, DG Maritime Affairs and Fisheries Unit Trade & Markets, Union Europenne Stphane VRIGNAUD, U.S. National Oceanic & Atmospheric Administration Representative to the EU, Ambassade des Etats Unis

  • Assises de la Pche et des Produits de la Mer - Lorient - 1er & 2 Juillet 2014 3

    LE PARTAGE DE LA VALEUR DANS LA FILIRE p 72

    Stphane GOUIN, Reprsentant du projet Cogpche dans le domaine du march Yves GUIRRIEC, Directeur de lassociation des directeurs des halles Mare et directeur de la crie de Lorient Henri HELLIN, Directeur gnral, Aquanord Jean-Francis THIAULT, Secrtaire gnral syndicat national du commerce extrieur des produits surgels Damien VENZAT, Secrtaire gnral, Cobrenord

    PRODUITS DE LA MER ET OPINION PUBLIQUE p 82

    Jean-Nol CALON, Association Blue Fish Pierre COMMRE, Prsident, Fdration Franaise Poissons, Crustacs, Mollusques Maria GRIMSTAD de PERLINGHI, Norge, Directrice France du Centre des Produits de la Mer de Norvge Ronan LE FLECHER, Conseiller en communication, Scapche Elisabeth VALLET, Directrice Europe, SeaWeb Europe

  • Assises de la Pche et des Produits de la Mer - Lorient - 1er & 2 Juillet 2014 4

    Mardi 1er juillet 2014

    INTRODUCTION POINT DE CONJONCTURE Cline ASTRUC, rdactrice en chef, PdM Andr THOMAS, rdacteur en chef, le marin Cline ASTRUC, rdactrice en chef, PdM Bienvenue Lorient pour les 5e Assises de la Pche et des Produits de la Mer organises par le marin et PdM ! Merci dtre venus aussi nombreux pour assister nos Assises qui sont pour la premire fois sur deux jours et dlocalises. Andr THOMAS, rdacteur en chef, le marin Cres en 2010, les Assises de la Pche et Produits de la mer sont devenues le principal rendez-vous annuel des dcideurs de la filire de la Pche et des Produits de la mer. Cette anne, lvnement sassocie aux Assises nationales du port de pche du futur. Merci donc tous nos partenaires sans qui nous ne pourrions pas organiser une telle manifestation :

    Docks et Entrepts Maritimes de Keroman ;

    Keroman - Port de Lorient ;

    Lorient Agglomration ;

    Agence des aires marines protges ;

    Ple Mer Bretagne Atlantique ;

    Centre Europen de Formation Continue Maritime ;

    CNPMEM ;

    Coopration Maritime ;

    Ministre de l'Ecologie, du Dveloppement durable et de l'Energie ;

    Rgion Bretagne ;

    France filire pche. Avant dentrer dans les nombreux dbats qui vont rythmer nos travaux, nous avons pens quil serait utile de vous prsenter un bref point de conjoncture sur la filire de la Pche et Produits de la mer. Dabord, en ce qui concerne les dbarquements de la pche frache et congele, les derniers chiffres dont on dispose (ceux de 2012) montrent que les bateaux franais ont presque commercialis 490 000 tonnes de produits de la mer, hors cultures marines, pour une valeur dun peu plus dun milliard deuros. Ces chiffres sont en lgre progression depuis 2009 mais ils restent en de des 600 000 tonnes de 2003. Parmi les rgions, cest la Bretagne qui arrive en tte avec 40 % des dbarquements. Cline ASTRUC : On ne peut pas parler de production franaise des produits de la mer sans voquer les apports de la conchyliculture et de la pisciculture : ils reprsentent chaque anne un peu moins de 50 000 tonnes de poissons et 140 000 tonnes dhuitres, moules et autres coquillages levs en France (qui contribuent limiter notre dficit commercial global). A savoir : lhuitre, la moule et la truite font partie des 5 espces les plus vendues en tonnage en France mtropolitaine avec le thon et le merlu. Andr THOMAS : La flotte de pche franaise reste sur une tendance baissire : on ne compte plus que 4 537 navires de pche aujourdhui en mtropole dont 2 300 ont dclar des ventes en halles mare en 2013 ; de plus, on observe un vieillissement de la flotte avec un ge moyen maintenant autour de 25 ans.

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    Retenez que plus de 1 000 navires franais en service le sont depuis plus de 35 ans Seuls, 140 bateaux ont moins de 5 ans et 1 000 moins de 15 ans Cline ASTRUC : Sagissant du mareyage et de la transformation, on constate que la Bretagne est la premire rgion en la matire, mais le nombre dentreprises se rduit au fil des ans : 306 entreprises de mareyage sont en activit aujourdhui, avec 90 entreprises ralisant 80 % du chiffre daffaires du secteur. Cest un peu la mme chose pour la transformation : sur les 300 entreprises du secteur, 50 assurent 80 % du CA du secteur. La concentration est bien relle. A noter que la survie de ces entreprises dpend trs largement des importations. Andr THOMAS : Le dficit commercial continue bon an mal an de se creuser. Il a atteint 3,5 Md en 2013. Nos pcheurs franais voient parfois dun mauvais il le march leur chapper en grande partie de fait des importations, mais on peut pas opposer dans une filire la production nationale et les importations, mme si les dbarquements massifs quon a vus ces derniers temps de cabillauds de Norvge, dIslande ou des Iles Fro nuisent quelque peu la commercialisation des poissons blancs franais ; il faut rappeler que le maintien de la filire, dont tout le monde a besoin globalement, ncessite imprativement dimporter. Cline ASTRUC : Au cours de ces dernires annes, le prix des produits de la mer est celui qui a le moins augment, par rapport au ptrole, aux crales, la viande, etc. Voici les volutions des diffrents prix (source Enjeux Maritimes le marin) :

    Vous le constatez, cest le prix de la farine de poisson qui a le plus progress, signe du dveloppement de laquaculture et aussi de limportance de la valorisation des coproduits pour laquelle les ports et les cries ont un rle important jouer. Andr THOMAS : En matire demplois, la filire des produits de la mer dans lhexagone et dans les Dom (1/5 des emplois totaux), occupe 18 400 marins, 11 400 ETP dans laquaculture, 4 600 emplois dans le mareyage, 16 000 dans la transformation, sans oublier, bien entendu, les prcieux distributeurs (7 500 emplois dans 3 000 poissonneries), les restaurateurs, les chefs de rayons mare en GMS, les importateurs Tous ceux qui permettent aux Franais de rester gourmands de produits de la mer ! Cline ASTRUC : En moyenne, la consommation franaise est de 35 kg de produits aquatiques (poissons de pche et dlevage, coquillages, crustacs) par personne et par an. A noter que les produits de la pche reprsentent 57 % de la consommation globale.

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    Andr THOMAS : La filire des produits de la mer ralise 7 Md de CA en France, dont un tiers provient du frais. La restauration pse 1,1 Md de CA, cest souligner. Cline ASTRUC : On comprend bien que savoir sduire le consommateur est essentiel tous les niveaux que ce soit dans le frais, le surgel, les conserves, les traiteurs, etc. Et cela passe trs majoritairement par les circuits de la grande consommation : les hypers et supermarchs, les hard discounts, les freezer centers (Picard,) :

    Pour autant, la part des produits de la mer dans le chiffre daffaires de la grande distribution reste trs faible, trop parfois pour risquer son image en luttant contre lavis de lopinion publique. Il devient donc primordial de savoir parler aux consommateurs, de communiquer ! Ndlr. Projection aux participants du film tourn dans le port de Lorient-Keroman

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    STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT ET DE COMPETITIVITE DU SECTEUR HALIEUTIQUE AU MAROC

    Mme Amina FIGUIGUI, Directeur gnral, Office National des pches du Maroc Andr THOMAS : Le Maroc a lanc un plan trs ambitieux pour dvelopper sa filire pche. Il nous parat intressant de partager cette exprience, tant prcis que le Maroc reprsente environ trois fois les captures franaises avec 1,3 million de tonnes de production Et donc des opportunits pour les oprateurs franais. Amina FIGUIGUI, Directeur gnral, Office National des pches du Maroc LOffice National des pches du Maroc soccupe depuis 45 ans du dveloppement de la pche ctire et artisanale, ainsi que la gestion des infrastructures de commercialisation. En 2009, la donne a chang dans la mesure o un plan stratgique, HALIEUTIS, conu par le ministre, a t lanc avec une vision 2020, en confiant lOffice National des pches le rle de global operator . Cette stratgie sarticule autour de trois axes majeurs : durabilit, performance et comptitivit. La gestion des ports de pche sinscrit dans laxe performance ; elle est dsormais dvolue lOffice national des pches. En fait, il sagit de disposer dun secteur outill et organis pour une qualit optimale, du dbarquement la commercialisation, avec un seul interlocuteur pour tous les acteurs, afin de :

    dvelopper les infrastructures et quipements de dbarquement ;

    ddier des espaces portuaires la pche et en assurer une gestion efficace ;

    renforcer l'attractivit des halles mare et des CAPI (Centres dagrage du poisson industriel) ;

    structurer et dynamiser le march intrieur autour des marchs de gros et de dtail. Sur ses 3 500 km de ctes, le Maroc a 22 ports de pche, 9 CAPI, 40 points de dbarquement amnags et 7 marchs de gros. Relevez que lOffice National des pches ne gre quun seul entrept frigorifique, celui dAgadir. Depuis 2009, notre dmarche est passe par plusieurs tapes, en commenant par lidentification puis la ralisation de 6 projets structurants pour le secteur :

    1. Mise niveau des ports : rnovation des quais, assainissement, dchteries, stations deaux sales, eau potable, lectricit, vidosurveillance

    2. Dbarquement : grues (dans des sites pilotes), pompes de dchargement, chariots lectriques et mcaniques

    3. Commercialisation : renforcement des infrastructures, comptoirs dagrage du poisson industriel pour les petits plagiques (sardine, maquereau, chinchard), halles de nouvelle gnration, tri, pesage, organisation informatise 99 % de la premire vente, glace dappoint

    4. Gnralisation des contenants normaliss (ce qui a t une rvolution dans les usages), caisses en plastic, units de lavage et de stockage

    5. Constructions : chambres froides, locaux de premire transformation pour les mareyeurs, implantation des murs de clture

    6. Services techniques : scurit, gardiennage, nettoyage des bassins, maintenance Entre 2010 et 2014, tout cela a reprsent un investissement de lordre de 800 millions de dirhams (78 M environ), dont 96 MDH pour la mise niveau, 18 MDH pour le dbarquement, 249 MDH pour les infrastructures de commercialisation, 94 MDH pour les services de commercialisation Cest assurment pour lintroduction et la gnralisation des contenants normaliss que nous avons connu le plus de pripties mais cela sest transform en une success story : pour la premire fois en 2011, on a utilis au Maroc des contenants en plastic normaliss la place des anciennes caisses en bois.

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    Nous avons achet 5 millions de caisses en plastic (185 MDH), construit 18 units de gestion pour ces contenants normaliss (58 MDH), 24 tunnels de lavage (53 MDH) et 3 plates-formes de stockage Dakhla, Layoune, Boujdour (12 MDH) Les premiers effets de ces lourds investissements sont patents ; ainsi, les senneurs peuvent plus facilement exploiter leurs produits en vitant lcrasement des caisses en bois en fond de cale, ce qui limite fortement la surpche au final. Nous avons gagn en qualit et en en durabilit ; le prix moyen de la sardine est pass de 0,9 DH 4 DH (0,35 ) le kilo pour les pcheurs Dakhla. Dans le nouveau port de Boujdour, tous les sardiniers utilisent exclusivement les contenants normaliss. Bien entendu, lOffice national des pches na pas la capacit de tout gnraliser en mme temps ; le port de Layoune accueille plus de 150 sardiniers et nous devons procder une mise en place progressive. En ce qui concerne les palangriers et les chalutiers, nous avons gnralis depuis octobre 2013 lutilisation des contenants normaliss, aprs avoir surmont quelques rsistances des oprateurs. Grce ces dmarches, nous avons chang de cap et nous avons de nouveaux horizons ! Cest, je pense, une exprience unique au monde, dans laquelle on a confi un seul oprateur dans un pays la gestion de tous les ports de pche, des marchs de gros, des points de dbarquement, etc. Nous avons fait une partie du chemin ; il nous reste encore du pain sur la planche ! Je signale pour finir que nous organisons tous les deux ans un salon ddi la filire o vous serez tous les bienvenus :

    Andr THOMAS : Quelles sont les opportunits daffaires pour les Lorientais et les Franais au Maroc ? Amina FIGUIGUI : Avec Lorient, nous avons des relations anciennes. Notre convention de coopration vient dtre renouvele et nous esprons que nous pourrons profiter dsormais davantage de lexprience et des bonnes pratiques lorientaises en matire de gestion dun port de pche car, dans le pass, nous ntions pas suffisamment matures pour en bnficier plein. Nous allons essayer de proposer des opportunits daffaires aux mareyeurs pour amliorer les dbouchs de nos produits. Nous avons aussi une convention de coopration avec FranceAgriMer notamment pour raliser des tudes techniques et former nos mareyeurs la traabilit, la chane du froid, etc. Plus gnralement, nous recherchons des contacts avec les Franais car la langue commune est un levier puissant pour mettre en place une collaboration. Je vous invite visiter notre site du prochain salon Halieutis dans lequel un espace BtoB sera consacr aux changes daffaires entre oprateurs : www.salon-haleutis.com

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    OUVERTURE DES ASSISES Pierre KARLESKIND, Vice-prsident, Conseil rgional de Bretagne, charg de lEurope, du Littoral et de la Mer Je vous souhaite toutes et tous la bienvenue ces Assises de la Pche et des Produits de la Mer, dlocalises Lorient, en Bretagne. Vous savez que la moiti des pcheurs franais sont bretons et que lautre moiti rve de ltre Nous sommes donc ravis de vous accueillir aussi nombreux, avec une mention spciale pour tous ceux dentre vous qui feront demain la visite laube du port de Lorient. Monsieur le Ministre, merci pour votre prsence parmi nous. Le monde de la Pche vous doit un certain nombre de choses obtenues ces derniers temps. Par votre style, vous avez un peu tonn au dbut, en particulier sur les questions europennes ; puis, votre manire de travailler tout en rondeur et en chaleur a permis davancer sur de nombreux dossiers. Et vous le dmontrez chacune de vos visites en Bretagne o nous sommes toujours trs heureux de vous recevoir. Vous avez dernirement particip la ngociation sur la politique commune des pches (PCP) et sur le FEAMP Mme sil ne faut pas le dire trop fort pour que nos voisins europens ne nous ne regardent pas de travers, on doit souligner la progression des fonds attribus la France, qui sont beaucoup plus importants que lors de la priode prcdente Bravo ! Frdric CUVILLIER, Secrtaire dtat charg des Transports, de la Mer et de la Pche Je tiens tout dabord vous faire part de mon plaisir ouvrir ces Assises de la filire Pche et des Produits de la Mer, ce grand rendez-vous annuel pour tous les acteurs de ce secteur dactivit, qui prend le large pour cette 5me dition, dans un port de pche et pas nimporte lequel puisquil sagit de Lorient. Je suis trs heureux dtre maintenant devant vous car ces derniers mois ont t placs sous le signe de la rforme de la PCP et de ses moyens financiers. A ce sujet, votre programme sur les deux journes est riche, il couvre lessentiel des problmatiques actuelles. Cest loccasion dun tour dhorizon des enjeux de cette filire, des dfis quil faut relever. Bravo pour cette initiative du marin et de Ouest-France ! Depuis mon arrive ici ce matin, jai rencontr bon nombre dacteurs de la pche, de laquaculture et de la mer et jai pu rcompenser un certain nombre de personnalits de lOrdre du Mrite Maritime. Jirai tout lheure la rencontre des ostriculteurs de la ria dEtel. Cette filire de la pche et des produits de la mer cre des emplois et de la richesse, elle joue un rle essentiel pour nos territoires, pour notre conomie maritime, je lai constat lors de mes dplacements durant les mois passs, la rencontre des travailleurs de la mer en Manche, en Atlantique ou en Mditerrane. Nous venons dachever une priode importante, qui a mobilis toutes nos nergies, celle de la ngociation - parfois pre - de la rforme de la politique commune de la pche (PCP). Trois textes majeurs ont t adopts : le rglement de base, lorganisation du march, le fonds europen pour les affaires maritimes et la pche (FEAMP). Vous les connaissez, nous avons longuement chang et discut de leur contenu, les nuits de ngociation ont permis daboutir une rforme quilibre. Lattribution aux Etats Membres des enveloppes de crdits du FEAMP pour 2014-2020 vient clore la dernire phase de ngociation europenne . Nous devions avoir un instrument financier fort pour permettre daccompagner la PCP dans toutes ses composantes. Ctait ma priorit ces derniers mois, lobjet de discussions directes et franches avec la Commissaire Damanaki.

  • Assises de la Pche et des Produits de la Mer - Lorient - 1er & 2 Juillet 2014 10

    Je lui ai fait part du poids de la pche et de laquaculture dans lconomie maritime de notre pays, du rle et de la place de la France dans la filire des produits de la mer et au sein de lUnion europenne. La Commission a cout ces arguments, je tiens len remercier. Des discussions constructives, positives avec Bruxelles peuvent donner des rsultats probants, cest en tout cas ma mthode, parfois le dialogue est difficile, mais nous ne pouvons pas rester isols, nous refermer. Finalement, nous avons avanc sur beaucoup de sujets qui ntaient pas du tout anecdotiques (quotas, thon rouge,). Vous connaissez les chiffres : 369 millions pour le soutien au secteur pche/aquaculture comparer aux 216 millions du Fonds europen pour la pche (FEP) obtenus par mes prdcesseurs ; cest 70 % daugmentation de lenveloppe, ce qui prouve que lorsquon est attach obtenir les moyens ncessaires, on arrive des rsultats Dailleurs, les autres volets du FEAMP sont galement bien dots, que ce soit pour la collecte des donnes, le contrle des pches ou nos outre mer. Lenveloppe globale est de 588 millions deuros, faisant de la France le deuxime pays bnficiaire du FEAMP et le premier pour laugmentation de sa dotation globale. Ce rquilibrage tait ncessaire pour faire face aux objectifs ambitieux de la nouvelle PCP et aux dfis auxquels la pche et laquaculture sont confronts. La poursuite de llaboration du programme oprationnel (PO) du FEAMP est la priorit pour les prochains mois, elle permet de dfinir la stratgie pour la pche et laquaculture franaises lhorizon 2020. Les travaux sont dj bien engags, toute la filire est concerne. Je souhaite que nous ne perdions pas un instant. Les Rgions jouent dsormais un rle renforc, elles seront autorit de gestion dlgue pour plusieurs mesures. Je runirai, avec Pierrick Massiot, prsident du Conseil rgional de Bretagne et rfrent pour la pche au sein de lAssociation des Rgions de France (ARF), le premier Comit Etat-Rgions pour le FEAMP le 22 juillet prochain. Sur les autres aspects de la nouvelle PCP, je sais que la question des rejets reste un sujet de proccupation pour les pcheurs. Il faut utiliser au mieux, lorsque cest ncessaire et justifi, les souplesses et flexibilits qui ont t obtenues, de haute lutte, sans jamais perdre de vue lobjectif dune amlioration de la slectivit et dune rduction au maximum du possible des captures indsires. Toute la filire est concerne par ce sujet et doit simpliquer dans sa mise en uvre nos cts. Jentends galement de nombreuses inquitudes sur la nouvelle organisation commune des marchs. Lhiver a t rude, limpact des intempries sur les entreprises est important. Puis, les volumes sont revenus Ces -coups sur le march ont en partie tir les prix vers le bas, alors que les outils de la nouvelle organisation commune des marchs ntaient pas encore oprationnels. Les plans de production et de commercialisation des organisations de producteurs, assortis daides financires du FEAMP consquentes, doivent permettre lavenir de favoriser une meilleure commercialisation des captures. Mais plus fondamentalement, une rflexion approfondie au sein de la filire pour une nouvelle organisation du march, est ncessaire, en particulier la premire vente. Ce sujet sera peut-tre voqu tout lheure ici avec le rle des places portuaires. Vous avez aussi prvu daborder cette question demain aprs-midi lors dune session consacre au partage de la valeur ajoute dans la filire. Je souhaite que vos dbats puissent contribuer la rflexion, je serai en tout cas attentif vos propositions. Une autre table ronde est ddie aux produits de la mer et lopinion publique. La filire doit sapproprier cette exigence, promouvoir les bonnes pratiques, valoriser les efforts qui ont t raliss : cela permettra de contrer tous les messages simplistes qui marquent lopinion publique mais sapparentent des slogans dnus de tout esprit scientifique (cf. la surpche). Il faut communiquer et valoriser les bons chiffres concernant ltat de la ressource halieutique, et se fonder sur une analyse dynamique. Dautant que la Commission vient de rendre public ltat des stocks de poissons dans lUnion europenne.

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    Elle confirme que les connaissances sur la ressource progressent, que ltat des stocks continue de samliorer, que davantage de stocks sont exploits au RMD. Il faut rappeler ce constat, face aux discours alarmistes et excessifs martelant lexistence dune surpche sans discernement et sans nuances. Mme si des amliorations sont toujours ncessaires, dimmenses progrs ont t faits dans les eaux europennes car nous sommes passs de 94 % de stocks surpchs en Atlantique en 2007 41 % en 2014. Et de 2 stocks exploits au RMD en 2007 27 stocks au RMD en 2014 ! Cest cela quil faut dire ! La mise en uvre de la nouvelle PCP amliorera dailleurs encore cette situation. Dautres pcheries sont aussi trs emblmatiques, comme le thon rouge. Certains prdisaient lextinction de lespce ; des quotas et des mesures de gestion fixs dans le respect des avis scientifiques et respects par les pcheurs permettent au stock de se reconstituer. En Mditerrane, chre au Prsident Romiti, nous avons aussi obtenu la validation par la Commission europenne des plans de gestion pour les chalutiers et pour les petits mtiers, qui font la richesse de la Grande Bleue. Cest une dmarche positive qui montre limplication de nos professionnels pour une pche responsable. Les bonnes pratiques doivent tre valorises auprs du consommateur. La confiance est fondamentale maintenir et dvelopper auprs du consommateur. Dans cet objectif, la construction dun colabel public pour les produits de la pche progresse : le rfrentiel, qui comprend des critres environnementaux, sociaux et qualitatifs, fait actuellement lobjet dune consultation publique et les premires pcheries devraient pouvoir tre labellises en 2015. Cet colabel public prendra sa place aux cts des labels privs dj utiliss pour de nombreuses pcheries, et ct des signes officiels de qualit et dorigine, bien adapts aux produits aquacoles et aux produits transforms. La ralit de la pche made in France , cest aussi sa diversit. La pche hauturire, la pche lointaine, la petite pche ou la pche ctire jouent un rle dans lconomie et lattractivit de nos faades maritimes et toutes participent lalimentation de nos concitoyens par la fourniture de produits de qualit, de proximit et diversifis. Je salue dailleurs le remarquable travail ralis par France Filire Pche depuis sa cration. Il ne faut pas opposer les diffrents types de pche. 80 % de la pche franaise est compose dunits de moins de 12 mtres, cest un fait, et cette petite pche est indispensable pour nos littoraux. Mais la pche hauturire est galement une force pour notre filire. Chaque type de pche a sa logique conomique et son importance au sein de notre filire des produits de la mer. Jai entendu les inquitudes concernant la proposition dinterdiction manant de la Commission des petits filets maillants drivants qui participent de la polyvalence de nos petites units. Je dfendrai ces pratiques de la petite pche ctire, qui participe de la richesse de nos ctes, de nos estuaires, de nos outre mer. Je souhaite aussi souligner limportance de notre aquaculture. Jai visit ce matin la magnifique entreprise ploemeuroise Aquastream qui fait preuve de beaucoup dinnovations. Je note que nous avons sur chacune de nos faades un acteur pouvant dvelopper en rseau un schma de laquaculture franaise. Nos pisciculteurs et nos conchyliculteurs sont aussi des acteurs incontournables de la filire des produits de la mer et le potentiel de notre pays nest pas assez exploit. Le savoir-faire de nos entreprises aquacoles est reconnu, leur capacit dinnovation et de recherche est incontestable. Les aquaculteurs franais se sont engags dans une dmarche remarquable de qualit et de durabilit. LEtat doit se mobiliser pour accompagner ces professions. Le plan stratgique national pour le dveloppement de laquaculture franaise fixe ainsi des objectifs ambitieux pour le dveloppement des activits aquacoles.

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    Le FEAMP doit tre, ici aussi, une opportunit de mobilisation des moyens europens partir des schmas penss au niveau des rgions, avec limpulsion et la participation de lEtat. Au final, il y aura de lemploi, des mtiers, de la recherche, etc. Et puis, la dmarche du made in France , tous les niveaux de la filire, cest une logique de qualit, de traabilit et de scurit, face aux importations de certains Etats tiers qui nont pas forcment les mmes standards sociaux ou environnementaux que les ntres. Lamlioration de linformation des consommateurs, et la lutte contre les fraudes ne peuvent tre que profitables toute la filire franaise des produits de la mer. Les attentes des consommateurs, lgitimes, sont fortes dans ce domaine, ils nous lont encore rappel trs rcemment. La simplification administrative dans les mtiers de la mer est une ncessit ; cest dailleurs une forme dinjonction prsidentielle. Dans quelques jours, je nommerai un dlgu ministriel pour satteler cette tche simplificatrice au plus prs des responsables conomiques de la filire. Lavenir de la pche, cest aussi le renouvellement des flottilles et des hommes, je reprends ici le titre dune de vos tables rondes. Les questions lies lenseignement maritime sont trs importantes. Il faut, pour lENSM et pour les douze lyces maritimes, une filire plus cohrente qui ouvre plus de perspectives et qui donne des chances la jeunesse. La cration des BTS maritimes rpond cette exigence. Leur succs prouve la permanence de lattractivit du maritime auprs des jeunes et jen ferai prochainement la dmonstration mon collgue de lEducation Nationale pour aller plus loin en dmultipliant ces BTS maritimes. Le renouvellement des flottilles est un vaste sujet, mobilisateur, complexe mais essentiel. Il faut que les navires soient plus srs, plus slectifs, conomes en carburant, plus modernes et plus confortables pour les marins. Nous avons obtenu des avances dans le FEAMP, mais ce nest pas suffisant. Il faut progresser sur les conditions et les modalits permettant de faciliter ce renouvellement de la flotte, notamment en matire dingnierie financire, dans un cadre euro-compatible, mais peut-tre aussi sur dautres aspects. Plusieurs dentre vous ont rencontr la mission de lInspection gnrale des finances et de lInspection gnrale des affaires maritimes qui jai demand de me faire des propositions, avec le ministre de lEconomie et des Finances. Ils doivent me rendre leur rapport dici la fin juillet. Je souhaite que, sur cette base, nous puissions avancer, aprs lt, vers des dispositifs concrets. Tout lenjeu est donc de conforter la comptitivit de nos entreprises de pche, mais aussi daquaculture et plus largement de toute la filire ; elles doivent faire preuve de ractivit, dinnovation et de courage pour faire face la situation conomique actuelle et poursuivre leur engagement vers la durabilit, la qualit et la prservation de la ressource. Et pour conforter la confiance des consommateurs. Vous pouvez compter sur moi pour accompagner ces filires, de mme que les jeunes voulant sy investir. Sur ces principes, et en nous appuyant sur les rsultats obtenus rcemment au niveau europen, nous parviendrons prserver une filire durable et responsable, cratrice de richesses et garante dun dveloppement quilibr de nos territoires, et auxquelles les Franais sont attachs ; cest ma grande conviction pour susciter le rebond ncessaire la mobilisation de tous, la confiance et la volont dagir. Merci tous, avec une mention spciale Grald HUSSENOT pour ses 20 ans dactivit au sein du Comit rgional des pches maritimes et des levages marins de Bretagne.

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    LA PLACE PORTUAIRE, CENTRE NVRALGIQUE DE LA FILIRE Laurent BARANGER, Secrtaire gnral, RICEP, universit de Nantes Maurice BENOISH, Prsident, Port de pche de Lorient-Keroman Olivier LE NZET, Prsident, Comit Rgional des Pches Maritimes et des levages Marins de Bretagne Jean-Michel PACHUT, Directeur march produits de la mer, Stef-TFE Jos SUAREZ LLANOS, Directeur de lorganisation de producteurs Arvi Cline ASTRUC, rdactrice en chef, PdM Nous venons de le voir avec la prsentation de Mme FIGUIGUI comme dans le film prsentant le port de Keroman : un port de pche ne se distingue pas seulement par les rsultats de sa crie, il se doit doffrir des services techniques, commerciaux, logistiques et parfois aussi des outils de transformation. Cest un lieu de vie et dchange. Notre dbat va donc porter sur les dfis que devront relever les places portuaires lavenir, indpendamment du fait quelles sont des centres nvralgiques. Andr THOMAS, rdacteur en chef, le marin Laurent BARANGER, vous tes bien connu du monde de la pche et des produits de la mer, puisque cela fait 20 ans que vous nous faites profiter de vos talents dconomiste et danalyste. Pouvez-vous nous expliquer le concept de la dimension multifonctionnelle du port de pche ? Laurent BARANGER, Secrtaire gnral, RICEP, Universit de Nantes Je crois que le port de pche est, en fait, une partie intgrante de lensemble du systme portuaire, qui est lui-mme multifonctionnel. Historiquement, le port est un abri ; puis, un certain nombre dactivits se sont dveloppes autour de ces abris, et la pche fait partie des premires activits. Si on regarde la place du port de pche au centre de la place portuaire, finalement, le port de pche occupe 3 grandes fonctions :

    la fonction logistique, c'est--dire la plateforme de dbarquement dun ct et la plateforme de commercialisation/distribution de lautre ;

    la fonction conomique puisque cest le lieu o lensemble de la richesse va se crer pour la 1re fois (le produit aura un prix pour la 1re fois) ;

    la fonction de services o des oprateurs assurent des services marchands ou non pour les professionnels, producteurs ou acheteurs.

    Cline ASTRUC : Pour offrir tous ces services, pensez-vous quil y aura une concentration invitable des ports afin de gagner en comptitivit ? Laurent BARANGER : Cest un vaste sujet ! En fait, tout dpend de lorganisation de ces 3 grandes fonctions. Il y a des rapprochements de places portuaires qui se font de manire naturelle de par la fonction conomique, dans la logique de march. On voit une intgration progressive des marchs en lien avec linternationalisation des changes et avec le comportement des acheteurs. Ensuite, concernant la fonction logistique, on peut dire que la plupart des ports ont une histoire qui leur est propre, avec des types de flottilles et de services associs. De ce fait, il nest pas si simple de runir diffrents ports. Je crois que la cl dentre pour rpondre une des premires attentes de la filire, savoir une meilleure adquation entre loffre et la demande, cest la fonction conomique, c'est--dire la fonction de march. Beaucoup doprateurs portuaires vont dj vers cela ; on assiste une interconnexion progressive, avec des outils de vente distance sur tout le territoire national. Cline ASTRUC : Linterconnexion des cries existe. Quels en ont t les grands apports ?

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    Laurent BARANGER : Un apport important est louverture des marchs. La ralit, cest quon est sur un systme de production trs atomis, avec des difficults logistiques. Andr THOMAS : On dit toujours quen France les lieux de dbarquement sont atomiss. Peut-on faire une comparaison avec des quivalents trangers ? Laurent BARANGER : La France nest pas le seul pays avoir une offre atomise. Car cest le principe mme des ports : les bateaux vont sabriter et cherchent les services au plus prs de leur zone de pche. Si on compare la France avec dautres Etats-membres, cest en particulier le chanage, donc la chane de distribution qui vient derrire la place portuaire, qui, en France, offre la particularit dtre plus longue globalement que dans dautres places europennes. Lexemple espagnol montre aussi une importante atomisation des sites de dbarquement, mais la particularit est dtre l sur un chanage un peu plus court en termes de distribution et de consommation. Dans les modles nordiques, vous avez finalement des chanes logistiques assez simples organiser puisquon est sur des espces assez peu varies et des faades maritimes assez concentres autour de quelques activits. Cline ASTRUC : Peut-on voquer la question de la spcialisation des ports par type despces ? Laurent BARANGER : Cest dj un peu le cas. Mais la spcialisation conduit une fragilit plus importante des oprateurs car il suffit quune espce connaisse des alas pour mettre mal lensemble dune place portuaire. Je crois donc quil vaut mieux parler de spcialisation en termes de marchs, avoir des filires de commercialisation en lien avec des systmes de production efficaces par rapport aux marchs cibls, plutt quune spcialisation gographique ou de flottille, plutt dconseiller, mon avis. Andr THOMAS : Lorient-Keroman est devenu 1er port de pche franais en valeur. Maurice BENOISH, vous avez dit quil ne fallait pas faire de triomphalisme. Pourquoi ? Maurice BENOISH, Prsident, Port de pche de Lorient-Keroman On serait trs fier dtre 1er port de pche en valeur si notre valeur avait augment mais quand cest lautre partie de la filire qui baisse, on ne peut pas sen satisfaire. Et puis, nous ne sommes pas dans un secteur de comptition, mme si les journalistes aiment bien cela. Nous sommes plutt dans la collaboration avec dautres ports, grands ou petits. Aujourdhui, nous navons plus les moyens de ce genre de comptition. Andr THOMAS : Laurent BARANGER a insist sur la fonction du port en tant que place de march. Mais on entend de plus en plus parler de port-cluster, c'est--dire quun port de pche comme celui de Lorient, cest aussi une flottille, un lieu de commercialisation, le sige darmements, de la R&D. On sait quil y a beaucoup de recherche en technologie des pches Lorient, lIfremer mais aussi la cooprative de Keroman qui travaille beaucoup sur les grements. Il y a aussi lindustrie navale, avec tout ce que a peut apporter une flottille. Cela vous parait-il quelque chose qui pourra faire la diffrence entre des ports qui ne sont que des lieux de dbarque et des ports qui offrent ce rseau de comptences diverses ? Maurice BENOISH : Oui, cest ncessaire davoir cet ensemble pour bien fonctionner. Il nempche que a peut fonctionner aussi avec des collaborations. Je vais prendre un exemple presque extrme : le port de Quiberon qui est un port de pche petit mais significatif car il regroupe toute une flottille de petits bateaux des les du Golfe du Morbihan. On a un accord avec Quiberon qui fonctionne trs bien. Le drame pour nous serait que le port de Quiberon nait plus les moyens de fonctionner et jette lponge. Il faut vraiment quon dveloppe ce genre de synergies pour les ports. Avec Boulogne, nous dveloppons dautres types de synergies mais je pense quil est ncessaire de sadapter la situation.

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    Cline ASTRUC : Derrire le mot synergie, on parle dinvestissements. Lorient a beaucoup investi dans des outils. Aujourdhui, quels moyens avez-vous pour investir et jusquo un gestionnaire de port doit-il aller pour aider les acteurs de la filire ? Maurice BENOISH : Le port est un espace public ; donc la puissance publique a une responsabilit globalement sur les investissements portuaires. On sait que faire payer les investissements aux usagers serait rdhibitoire et il faut que les redevances portuaires soient quilibres. La fonction de gestion, de dveloppement, dentretien, de renouvellement doit tre paye par les usagers mais les infrastructures lourdes ne peuvent pas tre amorties par les ports. Cest linterface entre le public et le priv, entre le port et le politique qui fait que cela doit fonctionner. Monsieur le Ministre faisait tat ce matin de limplication des politiques et, effectivement, il faut cette implication dans des outils tels que les ports. Andr THOMAS : Quels sont les quipements de demain pour un port comme Lorient ? Maurice BENOISH : Il y en a beaucoup. Certains outils sont stratgiques, comme linformatique. Sans informatique, aujourdhui, on ne sait plus vendre, notamment depuis les ventes distance. Ensuite il faut savoir utiliser ces outils diffremment, par exemple vendre du poisson qui ne passera jamais Lorient. Puis, il faut sinternationaliser. Le port doit tre ouvert. Noublions pas que la moiti du poisson pch dans le monde fait lobjet de transactions internationales. Nous sommes dans un milieu compltement internationalis et si on se referme sur soi, terme on est mort ! Il y a srement dautres outils venir : on les voit au fur et mesure, notamment tous ceux qui concernent la qualit du poisson, avec la conservation. Andr THOMAS : Vous avez dit tout lheure que vous ntiez pas en comptition. Daccord, mais lorsquun armement lorientais prend des navires un armement de Concarneau, cest bon pour le port de Lorient et mauvais pour le port de Concarneau ! Maurice BENOISH : Certes, mais cest globalement bon pour la Bretagne ! Nous nous adaptons aux situations qui se prsentent. Ce nest pas moi qui achte ou vend les bateaux. Quand des bateaux lorientais sont partis Concarneau ou au Guilvinec, cela nest pas venu de nous ,mais de la stratgie de larmement. Aprs, cela nous pose aussi des problmes : acheter des caisses, sadapter aux nouveaux navires, etc. On sadapte. La grande satisfaction pour moi, cest que ce soit un armement franais qui a achet des bateaux franais et qui restent en Bretagne Sud ! Cline ASTRUC : Si on regarde Boulogne, il y a une place de cluster avec un ple de comptitivit, une entreprise Copalis qui valorise les coproduits. Aujourdhui, cette valorisation est une des cls de la comptitivit. Cest aussi une entreprise partenaire et utilisateur du port. Est-ce que le fait de mutualiser des moyens pour valoriser les coproduits, un peu comme Boulogne, cela fait partie des pistes dinvestissement pour demain en Bretagne ? Maurice BENOISH : Oui, cest plus quune piste puisque nous avons fait une tude sur ce sujet. Nous sommes en discussion avec des entreprises pour ventuellement investir sur un outil de valorisation des coproduits. Mais, compte tenu de la hausse des produits de matire premire, on ne sait pas encore si cela vaut la peine ou pas. Si cest rentable, des investisseurs sont prts agir. Cline ASTRUC : Jean-Michel PACHUT, vous travaillez dans la logistique et vous voluez dans lunivers des produits de la mer depuis 2006. Vous tes utilisateur des places portuaires. En tant que logisticien, souhaitez-vous voir merger des places portuaires fortes et pourquoi ? Jean-Michel PACHUT, Directeur march produits de la mer, Stef-TFE Evidemment, dun point de vue purement logistique, nous souhaitons avoir des points de collecte importants et concentrs. Aujourdhui, il y a une trentaine de cries en France, et nos points de collecte sont au nombre de 150.

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    La problmatique des produits de la mer, cest donc quon collecte des petites positions. Il y a donc forcment un aspect cot et praticit, difficile manipuler. Dun point de vue logistique, ce qui cote le plus cher, cest le premier et le dernier km, donc la 1re chose essayer davoir, ce sont des places portuaires fortes, comme Lorient ou Boulogne, pour disposer dune premire concentration qui facilitera notre travail et abaissera les cots de revient. Cline ASTRUC : Que reprsente le cot du transport de ce premier et ce dernier Km ? Jean-Michel PACHUT : En gros, cest 50 60 % du cot global car on fait faire du transport de lots complets. Cest trs simple, si vous souhaitez charger sur la plateforme Marine Harvest Oslo un camion complet, vous trouverez un transporteur low cost, de Bulgarie ou dailleurs. Il transportera globalement moins d1 du Km ! Si vous recevez des factures de transport, vous savez bien quon est bien au-del de ce prix quand il sagit de transporter du groupage. Car la ralit en France, pour des produits de la mer, cest que 50 % des positions quon transporte sont infrieures 50 Kg. Et quand on est arriv 150 Kg, on a fait 80 % des positions quon transporte. Cela, cest la vraie difficult. Tout a, dans un dlai trs trs court quon nous demande Il faut que a aille trs vite et que a collecte partout pour livrer de petites quantits partout. En plus, nos donneurs dordre, la GMS notamment qui fait 70 % du tonnage, a ses propres contraintes. Nous devons nous organiser en fonction de a. Leur contrainte en termes dachat, cest de trouver le bon produit, le jour o ils lont dcid et au bon prix. Donc ils vont nous demander dacheter partout, par dfinition et on ne sait pas lavance. La spcialit de STEF est dans le transport et la logistique des denres alimentaires sui reprsentent environ 2,6 Md. Et sur ces 2,6 Mds, les produits de la mer, cest seulement 100 M. Nous revendiquons la 1re place sur les produits de la mer ou produits frais, en global. En Bretagne, vous le savez, on trouve beaucoup de produits frais pour lalimentation humaine. Donc, on a de gros sites de production qui ont leur capacit propre massifier leurs expditions. Quand on va enlever chez un Kermen ou autre, cest plusieurs semi-remorques complets par jour ! Quel mareyeur aujourdhui expdie plusieurs remorques ? Cela nexiste pas. Donc la contrainte est bien l. Andr THOMAS : Etes-vous en mesure, en jouant la fois sur vos tarifs, vos arguments et vos impratifs, de modeler le paysage de la filire pour la rendre moins atomise ? Jean-Michel PACHUT : Nous navons ni vocation ni le pouvoir de faire dmnager nos clients ! En revanche, on essaye de sorganiser, lconomie globale nous y oblige. Les tonnages tant ce quils sont, et pas forcment la hausse en raison des 30 temptes en dbut danne, etc., le plan de transport doit tre toujours maintenu. Cela nous met des contraintes fortes en termes dorganisation. La massification, nous la trouvons nous-mmes avec dautres produits. Mais aussi, au travers daccords avec dautres transporteurs car ils ont les mmes problmatiques que nous. Aujourdhui, en Ecosse, en dcembre dernier il y avait 3 transporteurs majeurs dont nous ; aujourdhui il nen reste que DFDS. Car si lon parle de tonnage soutenable, il faut tre capable de durer. Et durer, cela exige un aspect conomique. Cline ASTRUC : Au-del du transport, la logistique cest aussi du stockage et des systmes dinformation. Que pouvez-vous offrir dans les places portuaires et comment voyez-vous les investissements faits par les gestionnaires de ports ? Etes-vous concurrents ou complmentaires ? Jean-Michel PACHUT : Nous sommes compltement complmentaires. Nous sommes au service dun march et de clients. Les ports peuvent tre aussi nos clients ou nos prescripteurs. Quoi quil en soit, les investissements sur ce mtier restent trs importants. Actuellement, nous investissons 10 M Boulogne, ainsi qu Rennes car les contraintes rglementaires et la ncessit dtre au top en termes de professionnalisation de nos outils rendent cet investissement indispensable. Le produit frais ne se stocke pas. Ce que nous pouvons stocker, ce sont des produits surgels.

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    Hlas, nous sommes l dans du banal . Il ny a pas de diffrence entre stocker des glaces et du poisson congel. Donc, il ny a pas de concurrence par rapport a. Andr THOMAS : Olivier Le NEZET, vous reprsentez 40 % de la pche franaise, 5 200 marins, 1 250 navires, 6 cries bretonnes sur les 10 premires en France dont les 2 premires sont galement bretonnes, Lorient et Le Guilvinec. Quelle est votre vision de lvolution des places portuaires en Bretagne ? Car on voit ses flottilles samenuiser petit petit ; chacun souhaiterait prserver ses ports, mais on ne peut pas avoir autant de centres nvralgiques que de lieux de dbarquement Olivier LE NZET, Prsident, Comit Rgional des Pches Maritimes et des levages Marins de Bretagne Une chose est sre, cest que la pche devra voluer en fonction du march et des ressources. On voit bien que des ports en trs forte progression il y a quelques annes peuvent trs vite diminuer dune anne sur lautre ! Je pense aussi certaines espces comme le poisson bleu, par exemple, qui peuvent tre trs fluctuantes, un endroit une anne et ailleurs lanne daprs. Il est clair que les professionnels travaillent en fonction de la ressource et des capacits quils auront daller chercher ces ressources. On voit une volution dans certains ports de dbarquement vers la commercialisation. Mais, pour donner de la valeur ajoute, cest vrai quil faut rassembler les produits pour viter latomisation. Il faut souligner quen 10 ou 15 ans, prs de 50 % de la flottille a disparu. Cela ne veut pas dire quil ny a pas de ressources car elle reste bien prsente du fait quil y a eu une bonne gestion par les professionnels, mme sil faut encore faire des efforts dans ce domaine. Sur le march, on voit quil faut donner de la valeur ajoute et pour cela, comme la soulign Maurice BENOISH, il faut donner une meilleure traabilit, une meilleure qualit. Des dmarches ont t menes par la profession, du type Pavillon France par exemple, pour identifier les poissons pchs par des bateaux franais. Toutes sortes dactions sont menes aujourdhui par la profession et par la filire entire. Car il y a bien sr les producteurs mais aussi les premiers acheteurs, les poissonniers, les mareyeurs. Pour que toute cette filire puisse encore vivre de nombreuses annes, il faut une vraie cohsion et des relations quotidiennes qui permettent damener de la valeur ajoute des produits qui, je le souligne, sont pchs sous des normes conomiques, sociales et environnementales qui nont rien envier des produits qui viennent de lextrieur. Cline ASTRUC : Pour vous, quoi ressemblerait le port idal ? Et quelles adaptations et quels services attendriez-vous pour parvenir la politique du zro rejet et la valorisation de tout ce qui doit tre commercialis ? Olivier LE NZET : Les navires en arrivant aux ports veulent dabord vendre au mieux leurs produits. Derrire, ils souhaitent aussi trouver des outils qui permettent de rparer, modifier leurs navires. Enfin, sur la mise en uvre de la PCP, ils attendent une graduation ds 2015 pour les espces plagiques. Mais il est vident que la profession va devoir voluer encore : dans la slectivit, pour limiter cet impact de la mise en uvre du zro rejet. Je souligne dailleurs que cette mise en uvre na pas t une demande de la profession. Elle souhaitait plutt une rduction du rejet et pas une limination ! On va devoir acclrer cette slectivit mais cela impactera, ne loublions pas, toutes les flottilles, art dormant et art tranant. Andr THOMAS : Ce zro rejet est-il susceptible dentraner des investissements portuaires pour prendre en charge certains coproduits ? Olivier LE NZET : Cest sr quil y aura des investissements portuaires, mais on verra aussi des investissements de la part des producteurs ; il faudra bien adapter les navires. Do la demande rcurrente de la profession de renouveler la flotte, en donnant les moyens conomiques aux entreprises. Sur la place portuaire, cest sr quil faudra investir pour traiter ces rejets.

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    Aujourdhui, beaucoup de chiffres circulent, mais la ralit sera peut-tre toute autre car, en fait, personne na une vision objective de ce que seront les rejets ramens terre ! Andr THOMAS : La concentration des ports en Bretagne, cest forcment un sujet difficile quand on est responsable dun Comit rgional des pches dont chaque flottille a un attachement trs fort son port. Comment voyez-vous les choses devant une invitable concentration des ports, des lieux de commercialisation comme des lieux comme port dattache, lieux de logistique ou de rparation navale ? Cest un sujet auquel rflchit en ce moment la Bretagne, qui ne semble pas dcide investir hauteur de tout ce quon lui demande. Olivier LE NZET : Noublions pas que ce sont les navires qui dcident de l o ils dbarquent ! Suivant leurs zones de pche, ils dbarqueront tel ou tel port pour tre au plus prs. Il faudra des ports de dbarquement car je vois mal un bateau naviguant dans le Sud du Golfe de Gascogne venir dbarquer sa pche au Guilvinec ! Il y a une ralit conomique des entreprises de pche. Mais mon avis, il est important de souligner quaujourdhui, une rgion comme la Bretagne tant trs externalise par rapport aux lieux importants de commercialisation, se retrouve dfavorise. Il faut donc donner de la flexibilit aux entreprises de pche mais aussi dans les outils portuaires. Les services, cest aujourdhui ce que demandent les armements. Pour ce qui concerne la valorisation et la commercialisation, la filire aval a un rle trs important, depuis les premiers acheteurs jusquaux organisations de producteurs ! Andr THOMAS : Jos SUAREZ LLANOS, vous tes responsable de lorganisation de producteurs Arvi Vigo, un port trs important. Ce fut le sige de Pescanova, que les Lorientais connaissent bien, un armement extraordinaire qui a contribu faire de Vigo une grande place de la pche surgele. Mais aujourdhui, malheureusement Pescanova se porte beaucoup moins bien. Comment les choses se passent-elles Vigo ? Jos SUAREZ LLANOS, Directeur de lorganisation de producteurs Arvi Le mouvement autour de la pche Vigo concerne 700 800 000 tonnes par an. Sur ce tonnage, 90 % concerne du poisson surgel et le reste du poisson frais. Un autre mot cl dans le port de Vigo, cest la diversit, avec beaucoup despces diffrentes. Le plus important, pour moi, touche la continuit de lapprovisionnement. Car sil nous manque des quotas, rapidement, les importations arrivent pour assurer une continuit. De mme, surtout pour le poisson frais, il faut assurer Vigo la qualit, le prix et linnovation. Car la crie, on trouve beaucoup doffre et beaucoup de demande. Le chiffre daffaires du dbarquement global Vigo, cest 2 Md ! La logistique est importante car Vigo, nous navons pas beaucoup de transport arien ou ferroviaire. Lessentiel se fait par le transport routier mais on doit dvelopper dautres moyens de transport. Ici, nous avons quelques difficults avec les postes de frontire. Cela implique beaucoup dadministrations et un retard pour la sortie des containers. Andr THOMAS : Comment le port sest-il adapt car je suppose que la flottille galicienne a subi aussi des difficults lies lvolution des accords de pche internationaux, lvolution de la PCP, les difficults de Pescanova ? Quels vous semblent tre les outils de lavenir ? Jos SUAREZ LLANOS : La tension a toujours exist mais, depuis la fin des annes 70, nous nous sommes tourns vers lextrieur de lEurope, avec beaucoup dinvestissements ltranger, via des socits mixtes. Je crois que lavenir cest de conserver une flottille car elle se rduit partout ailleurs dans les autres Etats-membres. La rnovation de la flottille est donc quelque chose de trs important, votre Ministre la dit. Mais il est clair que lEurope ne le veut pas.

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    Cest pour cela que nous croyons dans le march, dans lattraction des produits, dans la continuit, la quantit et la diversit. Cela permet davoir un prix et une qualit. Jinsiste sur la ncessit davoir beaucoup de vendeurs et beaucoup dacheteurs dans la place portuaire. Cline ASTRUC : Jaimerais rebondir sur cette ide quil faut assurer la continuit des apports, y compris par de limportation. Monsieur BENOISH, comment fait-on pour attirer de la matire premire dailleurs ? Et comment les acteurs locaux le peroivent-ils ? Maurice BENOISH : Cest toujours un peu dlicat de faire venir du poisson dailleurs. Mais cest vital. Pour assurer la continuit, les entreprises sapprovisionnent tout naturellement sur les ports voisins grce linformatique. Elles sapprovisionnent aussi en Ecosse, en Irlande, aux Pays-Bas, en Pologne ou Norvge, ds quune zone de production est excdentaire et exportatrice. Nous nous sommes dits que nous devions tre un port dynamique, actif, et non pas qui regarde comment se passent les choses. Donc, on a cr depuis plus de 20 ans une cellule commerciale qui importe et complte les apports du port, pour environ 6 000 tonnes par an, ce qui fait environ un quart du tonnage. Le point sensible, cest que cette cellule doit faire attention ne pas perturber le march des locaux de Lorient. Mais on pense en mme temps que si elle nest pas l, on affaiblit la place portuaire, ce qui affaiblit par l mme la puissance de transformation et dachat, ce qui se rpercutera ngativement sur les bateaux au final. Cest donc une bonne chose quil faut manier avec souplesse pour ne pas perturber le march. Cest vital pour le port. Olivier LE NZET : De toute manire, aujourdhui, la production franaise nassure que 20 % de la demande nationale ! On comprend bien quon ne peut fournir toute la demande, sans compter que dans ces 20 %, on exporte une partie qui nest pas commercialise en France. Je rappelle aussi quen France, on a une diversit et une polyvalence des mtiers, quils soient art tranant ou art dormant, qui fait notre force en mme temps que notre faiblesse en termes dexploitation, de cohabitation. On a une telle diversit des produits de la mer que cela contribue la valorisation, tout en offrant aussi des possibilits de dveloppement aux entreprises. Commentaire de Rgis TOUSSAINT, Cofrepche Vous avez bien fait de faire prsenter la dmarche Halieutis du Maroc. Je voudrais juste remarquer quun bureau dtudes franais est inscrit au Maroc depuis plus de 5 ans, cest Cofrepche. Ce bureau, avec un financement franais, ce qui est rare, est en train de faire un plan de modernisation de toute lindustrie des produits de la pche au Maroc (414 entreprises). Lun de nos objectifs est de faire valoir des quipements franais que lon pourrait vendre ces socits marocaines et de dvelopper des partenariats. Je lance donc ici un appel tous ceux qui sont intresss par cette dmarche au Maroc ! Sagissant de nos amis espagnols, je dirais quentre Vigo et la France, il y a une norme diffrence : les Espagnols ont normment investi ltranger, crant des socits mixtes, dans le but de fabriquer des produits quils font revenir dans leur pays. Nous Franais, ne sommes pas trs habitus aller regarder ltranger. Je remarque dans les entreprises marocaines auxquelles je mintresse actuellement, que les flux qui fonctionnent bien sont issus de partenariats entre Franais qui vont russir l-bas et qui, en contrepartie, exigent que lensemble de la production soit destine limportation en France. Cest une question dinvestissement. A mon avis, nous ninvestissons pas assez ltranger, ce qui nous rend compltement dpendants de ltranger. Commentaire de Gal MICHEL, Union du mareyage franais Vous avez insist sur un point essentiel, la logistique, un point que lon retrouve du dbut de la filire jusqu la fin. Nous avons des problmes de livraison sur certaines places, nous avons des problmes de cots mais aussi des problmes de possibilit de livrer dans le temps ou dans lespace.

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    Vous avez aussi beaucoup parl de latomisation de toute la filire. Cest un problme considrable. Honntement, il faut dire quune halle mare a un rle essentiel jouer dans la concentration dapports atomiss. Je crois que certains points que vous navez pas abords sont importants : le rle des halles mare dans les transactions transparentes et de libre concurrence. Ou le fait quon ne transfre pas quun poisson, on transfre aussi des informations autour du poisson. Dans le cadre du rglement-contrle, de la traabilit ou des informations consommateur, certains rglements sont hyper compliqus mettre en place pour les mareyeurs. Et aujourdhui, les halles mare ont un rle primordial dans ce cadre-l en donnant une valeur ajoute supplmentaire au produit et en rendant un service leurs clients.

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    FONDS EUROPEN

    LES ENJEUX DU FEAMP

    Christophe CHASSANDE, Directeur adjoint des Pches maritimes et de lAquaculture Alain DRANO, Secrtaire gnral, Comit rgional conchylicole, Bretagne-sud Yves FOEZON, Directeur adjoint, Pcheurs de Bretagne milie GLARD, Charge de mission en charge des relations avec les institutions europennes, Comit national

    des pches et des levages marins Pierre KARLESKIND, Vice-prsident, Conseil rgional de Bretagne, charg de lEurope, du Littoral et de la Mer Leslie WIDMANN, Directrice, Odysse dveloppement Andr THOMAS, rdacteur en chef, le marin Cette table ronde est consacre ce que lon pourrait appeler le magot, la cagnotte, le grisbi, cest--dire au FEAMP, le Fonds Europen pour les Activits Maritimes et la Pche Dcid dans le cadre de la rforme de la PCP, il a succd au FEP et lIFOP. Vous savez que le dbat politique a t compliqu et long ; finalement, avec beaucoup de retard, le Parlement europen a adopt le 16 avril dernier ce nouvel instrument au service de la filire, avec une trs forte majorit et une enveloppe de 6,5 Md. En particulier, grce Alain Cadec, le Prsident franais de la commission de la pche du Parlement europen, on a pu sauver des aides la modernisation de certains navires de pche, linstallation des jeunes. La France a obtenu une rallonge assez importante par rapport au prcdent FEP, et je suppose que vous avez lu nos articles ce sujet dans le marin et Produits de la Mer. En cette priode de disette budgtaire, cest apprciable et remarquable de voir une augmentation des dotations de fonds publics : primtre constant, on passe de 160 M 379 M. Cela dit, le mode de ventilation et de gestion de cette enveloppe fait lobjet dun chantier qui est en cours, comme la expliqu le Ministre tout lheure. En effet, suite un engagement du Prsident de la Rpublique, cette manne du FEAMP va tre rpartie et gre en partenariat avec les Rgions de France et sous dlgation de lEtat. Cela va tre un chantier trs compliqu parce que cest une premire : il va falloir que les Rgions sentendent entre elles. Cline ASTRUC, rdactrice en chef, PdM En ce moment, lEtat travaille donc avec les Rgions un allotissement optimal et au mode de gestion de ces fonds europens. Pourquoi dabord une telle augmentation du budget allou la France ? Ensuite, quels sont les grands axes dcids ou encore en discussion du nouveau mode de gestion national ? Christophe CHASSANDE, Directeur adjoint des Pches maritimes et de lAquaculture (DPMA) Il a t indiqu que le FEAMP avait succd au FEP, mais, en fait, cest un peu plus large que cela. Le FEAMP couvre la fois lancien FEP mais aussi des fonds placs dans dautres enveloppes europennes comme les aides au stockage, les politiques de contrle, de collecte de donnes et de compensation des surcots dans les rgions ultrapriphriques ainsi que la politique maritime intgre. Le champ est donc plus large, avec une enveloppe pour la France de 588 M pour les 7 ans venir. A primtre constant, cest--dire pour la partie action conomique qui est la reprise du FEP, notre enveloppe augmente de 70 %. Cette augmentation sexplique notamment parce que le Ministre sest battu et a mis beaucoup dnergie lors des discussions avec la Commissaire Damanaki pour retrouver la juste place de la France dans lattribution des crdits europens la pche, ce qui navait pas t tout fait le cas lors de la discussion du prcdent FEP. Evidemment, comme ce type de dbat doit tre objectiv, cette part daugmentation reconnait la place de la pche et de laquaculture en France par rapport aux autres Etats membres.

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    Il faut dire que la dotation europenne est au service dune stratgie partage : ce nest pas le ministre et la DPMA qui la fabriquent. Elle est en train de se construire avec lEtat, les rgions et le monde conomique. Il sagit dun processus assez long et compliqu, parfois lourd et et technocratique, mais indispensable pour construire ensemble une stratgie avant mme de parler de la rpartition des fonds. Andr THOMAS : Pouvez-vous nous dire quelles sont les activits par secteur conomique qui pourront bnficier du FEAMP ? Christophe CHASSANDE : En fait, il y a deux grands axes stratgiques. Dabord, il y a le soutien aux entreprises et lesprit entrepreneurial, au renforcement de la valeur ajoute, la structuration des filires, au dveloppement de laquaculture. Ensuite, on a laccompagnement de la pche et de laquaculture dans leur environnement territorial et leur milieu naturel. Derrire ces deux axes, dans le cadre de la nouvelle PCP, il y a une multitude dactions possibles ; ce nest dailleurs pas fondamentalement diffrent de ce qui tait finanable via le FEP. Sous rserve den dterminer les modalits, il nous parat vident par exemple daccompagner lobligation de dbarquement. Pour autant, on a une question complique : ladaptation de la flotte la ressource. Ctait un sujet important dans le FEP et on va voir quelle place on va y donner maintenant dans le FEAMP. Un rapport est en cours dlaboration ce sujet. Selon nous, il y a aujourdhui beaucoup moins denjeux dadaptation quautrefois. Il sagit dsormais de placer les curseurs o il le faut. Notez que le FEAMP va permettre laccompagnement de linstallation des jeunes ; nous sommes trs heureux davoir obtenu cette possibilit quil va falloir organiser. Enfin il y a les soutiens la modernisation des navires, des ports Autant dactions quil faudra aussi calibrer prcisment. Cline ASTRUC : Dans lenveloppe du FEAMP, il y a une part alloue aux rgions ultrapriphriques. Pourra-t-elle sajouter aux aides au dveloppement de laquaculture ? Christophe CHASSANDE : Lenveloppe spcifique aux rgions ultrapriphriques (2 M par an) est uniquement ddie la compensation des surcots. Tout ce qui est investissement et financement dactions de soutien et daccompagnement est ligible au FEAMP, comme en mtropole. Andr THOMAS : LEtat a lhabitude de grer des fonds structurels communautaires comme le FSE, le FEDER... Comment cela-va-t-il se passer pour le FEAMP ? Christophe CHASSANDE : Aujourdhui, lEtat dcentralise quasi totalement aux conseils rgionaux lattribution des fonds structurels europens : le FSE et le FEDER. Les rgions sont matresses de leurs programmes oprationnels, cest--dire de llaboration de la stratgie et de lgibilit des mesures dattribution des fonds. Il y a une particularit pour le FEAMP, qui est un petit fonds compar aux autres fonds structurels : lUnion europenne a dcid de navoir quune seule autorit de gestion dans chaque Etat membre et un seul programme oprationnel. Donc, on ne peut pas dcentraliser compltement le FEAMP aux rgions. Do loption qui a t prise de faire un programme oprationnel national sous lgide de la DPMA, en copilotage avec les rgions pour les actions rgionales et sous la responsabilit de lEtat pour les actions nationales ou interrgionales. Tout cela sera prcis le 22 juillet prochain, comme la dit le Ministre tout lheure, la suite des diffrents sminaires passs et venir avec lARF et les autres partenaires pour prparer les grandes lignes du programme oprationnel.

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    Ensuite, une fois le programme oprationnel tabli, il faudra lenvoyer la Commission la fin de lanne pour avoir son avis le plus tt possible et raliser alors les actions prvues. Andr THOMAS : Ces discussions sur le programme oprationnel risquent de rajouter pas mal de temps au retard dj pris pour ladoption du FEAMP au Parlement europen Christophe CHASSANDE : On va essayer de se tenir aux dates annonces car nous avons dj bien anticip le travail sur le programme oprationnel. Bien sr, on pourrait aller plus vite mais on ne ferait pas bien les choses, risquant alors une non validation par la Commission. Cline ASTRUC : Au niveau de la Rgion Bretagne, quelle place donne-t-on au FEAMP dans le paysage des fonds europens ? Quelle est la part de financement rgional dans la politique de soutien la filire des produits de la mer ? Pierre KARLESKIND, Vice-prsident, Conseil rgional de Bretagne, charg de lEurope, du Littoral et de la Mer Dans le cadre des fonds europens, une tape majeure de dcentralisation a eu lieu en 2013 avec lattribution aux rgions de la gestion des fonds europens. Pour donner un ordre de grandeur, le FEAMP reprsente 379 M pour toute la France, alors que pour la seule Bretagne le FEDER apporte 310 M, le FSE 190 M et le FEADER 370 M, soit 870 M en tout. Le FEAMP est donc un petit fonds par rapport aux autres. Cela dit, il faut prendre tout cela dans son ensemble. En effet, dans le FEDER et le FSE, il y a des dispositifs qui peuvent intresser la filire de la pche et des produits de la mer. Par exemple, on a dans le FEAMP une mesure pour linnovation : il va falloir que lon soit assez intelligent devant un projet innovant pour dterminer selon son ampleur sil doit faire lobjet dun cofinancement du FEAMP ou si cest un projet uniquement rgional pour profiter dun cofinancement FEDER. Pour la formation, cest pareil : on devra articuler les outils du FEAMP et du FSE. Cette articulation sera faire entre les diffrents fonds europens pour maximiser leffet levier au bnfice de la filire. Cest la rgion qui sera lautorit unique de gestion et tout lenjeu de la priode qui vient va tre de dvelopper intelligemment les synergies et la capacit ajuster comme il le faut les tuyaux du financement europen. En termes de financement du secteur pche et aquaculture entre 2007 et 2013, la Rgion Bretagne a apport 28 M de fonds purement rgionaux dont 10 M pour les ports de pche, 4 M pour la conchyliculture, 2,5 M pour la flotte, 2 M pour le mareyage, 2,6 M pour le reste de la transformation. Cet apport nest pas ngligeable pour cofinancer les projets. Andr THOMAS : Les discussions ont commenc entre lAssociation des Rgions de France (ARF) dans laquelle la Rgion Bretagne pilote le groupe Pche. La gestion et la rpartition des fonds du FEAMP sont au menu de ces ngociations. Quelles sont les demandes des rgions ? Pierre KARLESKIND : A partir du moment o la dcision a t prise pour dcentraliser aux rgions la gestion dune partie des fonds FEAMP, il faut sappuyer sur les comptences rgionales en matire de dveloppement conomique, de formation, damnagement du territoire. Cest dans cet esprit que nous avons discut avec la DPMA pour grer le FEAMP dans le cadre du programme oprationnel national. Andr THOMAS : Souhaitez-vous que les Rgions se voient dlguer lintgralit des fonds FEAMP ? Pierre KARLESKIND : Il est clair que les Rgions ne peuvent pas revendiquer les seules mesures sympathiques pour distribuer les fonds, tout en laissant la DPMA ce qui lest beaucoup moins : le contrle, la surveillance, etc. En fait, on est entr plus finement dans la dmarche. Par exemple, pour linnovation qui est une comptence des rgions, il peut y avoir un problme de taille critique : il est donc plus pertinent de lancer des appels projets au niveau national que rgional.

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    Cline ASTRUC : Cela ne va-t-il pas limiter laccs des aides aux petites entreprises qui ont du mal se regrouper pour prsenter des projets avec une taille critique ? Pierre KARLESKIND : Je ne le crois pas car le transfert aux rgions saccompagne dune volont forte de simplifier. En fait, lentreprise qui a besoin dinvestir na dsormais quun seul interlocuteur : la rgion. Elle na plus envoyer son dossier plusieurs personnes car on est le point dentre unique aux fonds europens. Cela va faciliter la vie des entreprises ! Andr THOMAS : Tout cela est bien sduisant ! Quen pense le Comit National des Pches ? En particulier, le FEAMP est-il une vraie solution pour laide linstallation des jeunes ? milie GLARD, Charge de mission en charge des relations avec les institutions europennes, Comit national des pches et des levages marins Concernant les jeunes, ce qui est dans le FEAMP aprs volution du texte car la Commission europenne ne lavait pas propos est ce qui existai dans le FEP, avec cependant un montant maximal des aides revu la hausse. Concernant laide financire lacquisition dun navire, le FEAMP ne prsente quune partie de la solution car le point central pour faire entrer un jeune dans la filire est laccs la ressource. Ce nest que sil a des ressources disponibles avec les droits daccs affrents quun jeune peut envisager dentrer dans le mtier ! Andr THOMAS : Dans le FEAMP, il y a une segmentation plus forte des aides par type de bateaux avec les seuils de 12 et 24 mtres. On a limpression que la diffrence de traitement saccrot milie GLARD : Dans la proposition initiale de la Commission, on avait ressenti fortement la volont de discriminer par la taille les navires de plus ou moins de 12 m, voire dexclure les plus de 24 m (ce qui est le cas pour laide lacquisition par un jeune puisquil ne peut tre aid pour un navire de plus de 24 m et pour la remotorisation), il ny a pas en fait de discrimination par la taille. Pour autant, le Comit des Pches considre quil ne faut pas que le FEAMP soit loccasion de faire sopposer entre eux les diffrents segments dactivit. Tous les segments doivent pouvoir tre aids. A ce sujet, nous avons ralis un sondage avec IPSOS qui a mis en avant quun pcheur sur quatre signale avoir besoin dinvestir bord de son navire et quil ne peut pas le faire dans les deux ans. Ce constat est particulirement prsent pour les navires de moins de 12 m. Paralllement, 69 % des chefs dentreprises de plus de 3 salaris (gnralement sur les navires de plus de 12 m) considrent que leur activit de pche est cratrice demplois. Mais il faut des outils modernes pour attirer les jeunes aussi dans ce segment-l. En fait, plus que la taille, ce qui sera dterminant sera de savoir si le navire acqurir va ressortir dun segment qualifi en quilibre ou pas dans lajustement des capacits aux ressources de pche : cest ce niveau-l que laide doit tre considre. Cline ASTRUC : Avec les aides la remotorisation et les abaissements de niveaux de puissance, est-ce quon pourra prserver les chalutiers hauturiers ? milie GLARD : Ce nest pas laccs ou non aux aides la remotorisation des chalutiers qui risque de mettre en pril leur activit. Par contre, connaissant la tendance normative de la Commission europenne pour mettre des btons dans les roues de certains mtiers, nous craignons davantage les effets du futur projet de rglement de mesures techniques. Cest bien plus important que laccs remotorisation des chalutiers. De toute faon, dans le PEP, il y avait dj des limitations aux navires pratiquant les arts trainants, ainsi quen fonction de la taille.

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    Il y a une disposition dans le rglement pour valuer la rduction de puissance de manire globale. Ce pourrait tre un instrument intressant au niveau de rgion ou du bassin. Cela peut provoquer des discussions stratgiques en termes de dveloppement rgional dactivit. Dans tous les cas, eu gard aux montants prvus pour la remotorisation, les acteurs de la pche doivent chercher ailleurs dautres modes de financement Andr THOMAS : Y-a-t-il un risque dune politique de la pche plusieurs vitesses, selon les rgions ? milie GLARD : Il y a la garantie premire dun programme oprationnel dcid au niveau national. Au niveau du Comit national des pches et des levages marins, on a rpt plusieurs reprises que nous tions pour une simplification de laccs aux fonds europens pour les professionnels. Le FEAMP a des objectifs globaux communautaires qui ne sauraient donc tre nationaux et encore moins rgionaux. Dautant plus que les zones dans lesquelles nos navires travaillent ne connaissent pas le dcoupage administratif ! Donc, sans synergie transrgionale avec une confrontation au niveau national, on risquerait daboutir une ingalit de traitement entre les professionnels. Cline ASTRUC : Les OP (organisations de producteurs) ont un rle plus important jouer avec la rforme de la PCP. Quelles sont leurs premires ractions suite ladoption tardive du FEAMP ? Quelles difficults ont-elles pu natre pendant cette priode de vacance budgtaire ? Yves FOEZON, Directeur adjoint, Pcheurs de Bretagne Les organisations de producteurs ont plaid pour un renforcement de leur rle dans la nouvelle PCP. Aujourdhui, nous avons le FEAMP qui doit nous permettre de transformer lessai et de financer nos actions la hauteur de nos ambitions. Mais, pour linstant, rien nest fait ! Tout le monde subit lapplication tardive du FEAMP ! On parle du programme oprationnel national, mais il va y avoir des arbitrages collectifs faire ; ce sera difficile car la logique du FEAMP nest pas le saupoudrage. Quel acteur conomique va donc lever le doigt en premier pour couper la branche sur laquelle il est assis ? Cela va tre douloureux darbitrer au niveau national ! Par ailleurs, comme le diable se cache dans les dtails, il reste pas mal de dfinitions prciser dans les discussions quon a avec lARF ou lEtat. Certes, un certain nombre dorientations sont positives, mais, ce jour, on ne sait pas ce que lon aura au final Cela nous place dans une situation difficile car la PCP et lOCM nous donnent des devoirs depuis le 1er janvier 2014 (article 66 du FEAMP), mais nous navons aucune visibilit des moyens que lon va toucher en retour. Autrement dit, nos comptes 2014 vont tre trs compliqus quilibrer puisquon a quitt un systme dinterventions (fin des retraits), mais on ne sait pas encore ce que lon a gagn la place. Nous avons pris des engagements auprs de nos adhrents dans une logique dintervention et de soutien de march. Nous sommes aujourdhui obligs de financer cela sur nos fonds propres Andr THOMAS : Soyons concrets ! Dans votre OP qui est lune des plus grosses dEurope, quel est votre budget ? Hier, vous touchiez combien de lEurope ? Et demain ? Pour quoi faire ? Yves FOEZON : Une OP vit des cotisations de ses adhrents, soit environ 2 M chez nous. On recevait autrefois prs de 500 000 pour nos interventions sur les marchs et les compensations ; aujourdhui, et je viens de le dire, nous payons ces interventions sur nos fonds propres pendant la phase de transition car nous navons pas voulu les interrompre unilatralement le 1er janvier dernier pour conserver nos adhrents une certaine visibilit. En pratique, nous avons lanc un nouveau systme dordres dachat : nous sommes devenus acheteurs sur le march par dfaut. On laisse le march se faire, mais sil ne trouve pas preneur au niveau des ordres dachat quon a fixs, nous achetons nous-mmes le march.

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    Le dbut 2014, avec le mauvais temps, a t propice une monte en rgime progressive de ce systme en concertation avec les halles mare et en coordination avec la Rgion Bretagne. On a ainsi pu roder ce systme de soutien des marchs sans crer de choc, tout en maintenant une visibilit sur les prix aux producteurs et aux acheteurs. Pour autant, ce nest pas compltement satisfaisant dans la mesure o nous devenons acheteurs alors quauparavant nous tions globalement passifs dans les transactions. Nous prenons donc des risques financiers du fait cette situation et nous risquons de voir des structures professionnelles fragilises au 31 dcembre 2014 si nous ne pouvons pas rcuprer financirement toutes nos interventions actuelles. Car on ne peut pas que sortir de largent ! Il faut quil en rentre rapidement ! Cline ASTRUC : Cela dit, lOP doit tre une force de proposition si jai bien compris le sens de la rforme. Quels sont les projets prioritaires que vous allez dfendre pour reconstituer votre trsorerie ? Yves FOEZON : Aujourdhui, je pense quil faut tre vigilant dans les discussions autour du FEAMP car on a tendance rduire le plan de production et de commercialisation (art. 66 du FEAMP) une priorit qui est le march et la commercialisation, alors que cest pour nous un vritable outil stratgique. Dailleurs larticle 7 de lOCM est clair : ce sont les plans de production sont l pour rpondre la gestion de la ressource. Donc, court terme, on a cette vision stratgique pour dvelopper diffrents projets sur la ressource durable avec des scientifiques ou sur des actions commerciales. Aujourdhui, sur la premire mise en march, il faut que le producteur, la crie et le premier acheteur mnent ensemble un mme combat avec une vision stratgique commune 15/20 ans au niveau national. Par exemple, pour savoir comment nous pouvons vivre avec les importations et faire en sorte que les produits franais restent un socle de diversit, de qualit, etc. Andr THOMAS : Le FEAMP veut dvelopper les activits de production aquacole. Comme faire pour concrtiser cet objectif ? Alain DRANO, Secrtaire gnral, Comit rgional conchylicole, Bretagne-sud Il y a effectivement une volont affiche de dvelopper laquaculture europenne. Nous partageons bien entendu cet objectif sur le fond mais la difficult que lon y voit est franco-franaise. En effet, lactivit aquacole a besoin despaces terre et en mer, avec une qualit deau en matire sanitaire pour assurer la croissance des espces leves. En France, il y a peu daccs lespace pour nos activits ; de plus, lacceptabilit sociale des accs ces espaces est difficilement acquise car on estime que des boues sur un plan deau conchylicole, des tables ostricoles ou des bouchots sur une plage sont moins beaux quun port de plaisance ou une plage de sable fin. Dans les zones destran pour la conchyliculture, on est aussi confront la multiplicit des usages du littoral et aux diffrentes rgles environnementales, durbanisme ou daccs au domaine maritime. Il faut alors grer cette contradiction entre un objectif louable de dveloppement, des espaces disponibles insuffisants et des contraintes administratives quasi insurmontables. Sachant que, dans le mme temps, tout le monde recherche des produits de la mer frais et levs localement ! Autrement dit, il y a une volont europenne au travers du FEAMP, mais comment peut-on la traduire localement dans les faits en France ? Andr THOMAS : Dans le pass, est-ce que le FEP aidait la conchyliculture ? A quel niveau ? Quattendez-vous maintenant du FEAMP ? Alain DRANO : Le FEP accompagnait laquaculture au sens large sur deux axes principaux :

    le dveloppement conomique des entreprises, lexprimentation, linnovation, la modernisation des exploitations ;

    laccompagnement des organisations professionnelles pour la structuration et la modernisation de la filire.

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    Avec le FEAMP, demain, on sera dans les mmes dmarches, mais nous ne savons pas encore comment : la stratgie est en cours dlaboration ; le programme oprationnel nest pas stable ; le rglement europen appelle des choix nationaux. De plus, comme je lai indiqu, on ne sait pas comment nous pourrons surmonter toutes nos contraintes franco-franaises pour bnficier despaces suffisants et dune eau de qualit. Cline ASTRUC : Votre priorit sera-t-elle pour lutter contre la mortalit des moules et des huitres ? Alain DRANO : Cest une des priorits. A partir du moment o on lon travaille du vivant et quon lve du vivant, tout souci dordre zoosanitaire est prjudiciable. Il faut comprendre la raison de ces mortalits et y remdier. Pour lhuitre, les raisons sont bien identifies et on peut travailler court et moyen terme sur loptimisation des process professionnels ; plus long terme, la recherche doit nous aider trouver des souches plus rsistantes. Nous aurons donc besoin dun accompagnement dans la logique nationale multifonds dcrite par M. KARLESKIND pour que professionnels et scientifiques construisent des programmes de recherche. Cline ASTRUC : Nous avons demand Leslie Widmann de nous prsenter le FEAMP pour comprendre la fois lesprit du texte et les applications envisageables. Leslie WIDMANN, Directrice, Odysse dveloppement Le contexte du FEAMP Sur la priode 2007-2013, nous sommes dans la situation dune rduction de la flottille avec une baisse de 1,4 % du nombre de bateaux et de moins de 1 % de la puissance cumule par an. La diminution de puissance reprsente 12,9 % dans lUnion europenne et 8,7 % en France Par ailleurs, le prix du carburant a progress de 11 % par an alors que le prix moyen du poisson sous les halles mare naugmentait que de 2 % par an. A noter que les professionnels disposent doutils de production fortement nergivores et trs vieillissants. Notre systme de ventes aux enchres empche de reporter tous ces surcots sur le prix de vente des produits. Les textes rglementaires dfinissant la PCP Depuis 40 ans, les textes rglementaires ont t toujours plus nombreux Dans les annes 70, on a dmarr avec une PAC comportant un volet Pche. Ensuite, on a volu en 1983 vers une PCP et une OCM auxquelles sont venus sadjoindre en 1992 un outil financier lIFOP et en 2002 le FEP. Depuis 2014, nous disposons dune nouvelle PCP, dune OCM et du FEAMP qui intgre les affaires maritimes, ce qui est trs important. Pour vous pargner la lecture de tous ces textes rglementaires, nous avons ralis une analyse synthtique et smantique qui fait apparatre quentre la PCP de 2002 et celle de 2014 :

    la taille des textes augmente ;

    les proccupations environnementales deviennent plus prsentes au travers de la multiplication des mots ressource et environnement ;

    les rgions ultrapriphriques (RUP) sont davantage prises en compte, ce qui est heureux au regard de notre zone conomique exclusive de 11 millions de km, la 2me au monde aprs les Etats-Unis ;

    la zone ctire et la gouvernance ont une importance accrue. On sort progressivement de laccompagnement des simples outils de production pour aller vers un accompagnement du contexte gographique, sociologique et socital.

    Les outils de financement Nous avons aussi ralis une analyse smantique des textes sur les outils de financement, cest--dire sur le FEP, puis le FEAMP. L encore, la part des textes lis lenvironnement correspond une dominante : on va trouver principalement des financements pour des mesures exemplaires sur le plan environnemental. Autrement dit, le FEAMP a verdi la politique commune de la pche pour insister sur le durable et le responsable. La zone ctire et la gouvernance sont galement davantage mises en avant.

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    A signaler que le mot commercialisation disparat au profit de celui de valorisation . Cest trs important car cela montre que le souci nest plus lcoulement de la production mais la valorisation de celle-ci, notamment par la transformation. Les fameuses aides au report sont remplaces par des aides aux OP pour la valorisation. Beaucoup de mots-cls apparaissent : innovation, croissance durable, croissance intelligente, croissance inclusive Llargissement de lobjet du FEAMP Dans le FEAMP, la part dintervention est rduite sur lactivit purement et directement productive de la pche et de laquaculture ;