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AS TIME GOES BY Razzia, Nabil Ayouch, Maroc, 2017, 1h49 Ilyas est assis face à la télévision. Il regarde Casablanca, murmurant chaque dialogue avec révérence. As time goes by, au fil du temps, c'est l'histoire de ce film. Un entremêlement de récits, des années 1980 à nos jours, dépeignant un Casablanca électrique, à fleur de peau. Dans une société de plus en plus oppressive et conservatrice, cinq personnages poursuivent avec acharnement une quête de liberté. Pour Salima, c'est un besoin d'émancipation, alors que les femmes ne doivent pas sortir d'un cadre toujours plus machiste. Hakim, lui, cherche à vivre sa passion pour la musique, dans un quartier populaire où la révolte gronde. Cette soif de liberté désespérée est admirablement retranscrite par des acteurs au jeu d'une beauté brutale, presque minérale. Cette brutalité n'est pas seulement transmise par leurs émotions et leurs destins qui s'entrechoquent avec violence, mais aussi par la mise en scène haute en couleur avec un montage dynamique, nerveux. Quand la révolte qui montait éclate enfin, elle déchaîne un torrent de flammes, de cris, d'explosions, semant le chaos dans Casablanca, à l'image du film et de son discours. Razzia est un cri, un appel : révolte contre la répression de la liberté d'expression ! Révolte contre le machisme permanent ! Révolte contre la régression, le conformisme, l'obscurantisme ! A ce film enflammé, on reprochera la fin peut être trop longue, brouillonne. En effet Razzia aurait pu se clore sur une révélation amère pour Ilyas. Si fier du Casablanca du film hollywoodien : il apprend qu'aucune des scènes du film n'a été tourné dans cette ville qu 'il affectionne tant. Lilo Sauli (Lycée Magendie)

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  • AS TIME GOES BY

    Razzia, Nabil Ayouch, Maroc, 2017, 1h49 Ilyas est assis face à la télévision. Il regarde Casablanca, murmurant chaque dialogue avec révérence. As time goes by, au fil du temps, c'est l'histoire de ce film. Un entremêlement de récits, des années 1980 à nos jours, dépeignant un Casablanca électrique, à fleur de peau. Dans une société de plus en plus oppressive et conservatrice, cinq personnages poursuivent avec acharnement une quête de liberté. Pour Salima, c'est un besoin d'émancipation, alors que les femmes ne doivent pas sortir d'un cadre toujours plus machiste. Hakim, lui, cherche à vivre sa passion pour la musique, dans un quartier populaire où la révolte gronde. Cette soif de liberté désespérée est admirablement retranscrite par des acteurs au jeu d'une beauté brutale, presque minérale. Cette brutalité n'est pas seulement transmise par leurs émotions et leurs destins qui s'entrechoquent avec violence, mais aussi par la mise en scène haute en couleur avec un montage dynamique, nerveux. Quand la révolte qui montait éclate enfin, elle déchaîne un torrent de flammes, de cris, d'explosions, semant le chaos dans Casablanca, à l'image du film et de son discours. Razzia est un cri, un appel : révolte contre la répression de la liberté d'expression ! Révolte contre le machisme permanent ! Révolte contre la régression, le conformisme, l'obscurantisme ! A ce film enflammé, on reprochera la fin peut être trop longue, brouillonne. En effet Razzia aurait pu se clore sur une révélation amère pour Ilyas. Si fier du Casablanca du film hollywoodien : il apprend qu'aucune des scènes du film n'a été tourné dans cette ville qu 'il affectionne tant. Lilo Sauli (Lycée Magendie)

  • LA SOCIÉTÉ DES MASQUES

    Razzia, de Nabil Ayouch, Maroc, 2017, 1h55

    Razzia se propose comme un voyage à travers de nombreux paysages, entre les montagnes de l'Atlas et la capitale Casablanca. Nabil Ayouch compose le portrait d'une société à travers une galerie de personnages entre les années 1980 et, principalement, aujourd'hui : l'audacieuse et provocatrice Salima, l'instituteur passionné Abdallah, le séduisant Joe, le chanteur et musicien Hakim, Yto, l'éternelle amoureuse d'Abdallah et Inès, une adolescente troublée par son éveil à la sexualité. Razzia a pour fil conducteur des personnages en quête de droit et de liberté face à l'intolérance, l'ignorance et le refus d'accepter l'autre. Ayouch dresse une fresque de la société marocaine ; la richesse de ce film est de dénoncer cette intolérance avec des récits parlant de questions religieuses, de la place des femmes dans la société. Cela permet aux spectateur de s'identifier à un ou plusieurs de ces personnages, c'est à la fois une grande qualité mais aussi un défaut, car on peut finir par perdre le fil de l'histoire. Le cinéaste rythme son film de musiques orientales mais aussi de Freddy Mercury, le chanteur du groupe Queen, il s'appuie visuellement sur les couleurs chaudes des paysages majestueux ou de la ville moderne, ses jours et ses nuits. On remarque que dans cette société complexe et hypocrite les personnages portent comme des masques. Une scène marque spécialement à ce titre, quand Salima est filmée en gros plan : le défilement est inversé, d'abord démaquillée, elle finit donc maquillée, masque pour afficher sa beauté, sa sensualité, mais aussi ce besoin de se cacher. Marie François (Lycée Elie Faure, Lormont)