artisanat alimentaire, securite alimentaire et …28,5 % en milieu urbain. en 1999- 2000, selon les...
TRANSCRIPT
-
LABORATOIRE D’ANALYSE REGIONALE ET D’EXPERTISE SOCIALE
(LARES)
ARTISANAT ALIMENTAIRE, SECURITE ALIMENTAIRE ET LUTTE
CONTRE LA PAUVRETE EN AFRIQUE : LE CAS DU BENIN
SOULE Bio Goura
BELLO Rafiou
OROU B. M. ABDOULAYE
GIBIGAYE Moussa
LARES
Mai 2004.
-
Table des matières
INTRODUCTION .................................................................................................................. 4
OBJECTIFS DE L’ETUDE ..................................................................................................... 8
METHODOLOGIE ................................................................................................................ 8
I- Caractéristiques de l'économie Béninoise ................................................................... 10
1-1 : Les ressources naturelles très favorables à l’agriculture..................................................... 10
Département ................................................................................................................................................ 11
1-1-1: Les contraintes sur la production agricole ..................................................................................... 12
1-1-2 : Les productions agricoles ............................................................................................................... 13
1-2 Une Forte croissance démographique ..................................................................................... 16
1-3 La consommation alimentaire au Bénin .................................................................................. 17
II- L'artisanat agroalimentaire au Bénin : Etat des lieux et environnement
institutionnel ......................................................................................................................... 21
2-1 Genèse de l’artisanat agroalimentaire ..................................................................................... 21
2-2 Statut officiel de l'artisanat agroalimentaire au Bénin .......................................................... 22
2-2-1 Au niveau du code des investissements ............................................................................................ 23
2-2-2 Au niveau fiscal .................................................................................................................................. 24
2-2-3 Le code de l'artisanat ........................................................................................................................ 25
2-3: Les politiques publiques de promotion des entreprises agroalimentaires. ......................... 26
III Les principales caractéristiques de l'artisanat agroalimentaire au Bénin ........... 31
3-1: La création d'emploi ................................................................................................................ 31
3-2 L’organisation socio-institutionnelle ....................................................................................... 32
3-3 La typologie des activités .......................................................................................................... 35
3-4 Contribution à la valeur ajoutée nationale.............................................................................. 36
-
3-5 Place et importance des produits artisanaux dans la consommation. .................................. 37
3-6 La compétitivité prix du secteur .............................................................................................. 40
3-7: L'artisanat alimentaire et l'amélioration du revenu des acteurs: cas de la production du
gari. ................................................................................................................................................... 45
IV- Brève présentation des projets .................................................................................... 48
4-1 - La prise en compte de la lutte contre la pauvreté ................................................................ 49
4-2-L’exemple du PDRT et du PDFM ........................................................................................... 51
4-3 Le cas du PADSA ...................................................................................................................... 54
V. La recherche agronomique au Bénin .............................................................................. 58
5.1 Cadre institutionnel ................................................................................................................... 58
5.2 Les objectifs et priorités de la recherche agricole ................................................................... 59
5.3 Principaux résultats de la recherche ........................................................................................ 63
CONCLUSION ..................................................................................................................... 70
-
Liste des tableaux
Tableau 1 : Bilan des superficies cultivées et des superficies cultivables ............................................................. 11
Tableau 2 : Répartition des dépenses alimentaires de ménages urbains ............................................................... 18
Tableau 3 : Part des produits locaux et importés dans la consommation urbaine au Bénin .................................. 19
Tableau 4 : Actions menées par quelques partenaires du Bénin dans le domaine de l'artisanat............................ 30
Tableau 5 : Répartition des artisans du secteur alimentaire par département (2002) ............................................ 32
Tableau 6 : Répartition des artisans selon les principales branches d’activités (en 2002) .................................... 36
Tableau 7 : Valeur ajoutée des principales branches d’activités selon la nomenclature SCN (en millions) ......... 37
Tableau 8 : Répartition des rationnaires selon leur participation au repas au Bénin ............................................. 38
Tableau 9 : Part des produits artisanaux et industriels dans la consommation urbaine au Bénin .......................... 39
Tableau 10 : Production industrielle et semi industrielle de quelques produits artisanaux ................................... 41
Tableau 11 : Prix des plats dans la restauration populaire à Cotonou ................................................................... 44
Tableau 12 : Revenus annuels bruts issus de la transformation du gari en manioc au Bénin ............................... 46
Liste des figures
Figure 1 : Niveau comparé des prix de quelques produits locaux et importés ...................................................... 42
Figure 2 : Evolution des crédits accordés par le PDFM aux différents segments de la filière manioc dans les
départements de l'Atacora et de la Donga ..................................................................................................... 52
-
Liste des sigles
ADRAO : Association pour le Développement Rizicole en Afrique de l’ouest
AFD : Agence Française de Développement
CARDER : Centre d’Action Régionale pour le Développement
CBRST : Centre Béninois de Recherche Scientifique et Techniques
CIMMYT : Centre international d’amélioration du maïs et du blé
CNRA : Comité National de Recherche Agronomique
CORAF : Conférence Des Responsables de Recherche d’Afrique
DAGRI : Direction de l’Agriculture
ECVR : Enquêtes sur les conditions de vie des ménages ruraux
FLASH : Faculté des Lettres, Arts et Sciences humaines
FODEFCA : Fonds de Développement de la Formation Professionnelle Continue
FSA : Faculté des Sciences Agronomiques
ICRISAT : Institut International de Recherche sur les Cultures des zones Tropicales Semi-
Arides
IDA : Association Internationale de Développement
IITA : Institut International d’Agriculture Tropicale
INRAB : Institut National des Recherches Agricoles du Bénin
INSAE : Institut National de Statistique et d’Analyse Economique
IRAT : Institut de Recherche Agronomique Tropicale
IRCT : Industrie de Recherche Cotonnière et Textiles
IRHO : Institut de Recherche sur les Huiles et Oléagineux
IRRI : Institut International de Recherche sur le Riz
PDFM Projet de Développement de la Filière Manioc
PDRT : Projet de Développement des Racines et Tubercules
PEESI : Programme d’Etude et d’Enquête sur le Secteur Informel.
PEFAB : Promotion de l’Emploi des Femmes dans l’Artisanat Agroalimentaire au Bénin
PIB : Produit Intérieur Brut
PME : Petites et moyennes entreprises
PRSA : Projet de Restructuration des Services Agricoles
PTAA : Programme de Technologie agricole et Alimentaire
SAFGRAD : Recherche et Développement des Cultures Vivrières dans les zones semi-arides
SATEC : Société d’Assistance Technique et de Coopération
-
SNRA : Système National de Recherche Agricoles
TPU : Taxe Professionnelle Unique
-
INTRODUCTION
Avec une population de 6 750 000 habitants selon les résultats du RGPH de 2002, et un
revenu annuel par habitant estimé à 400 dollars US en 2003, le Bénin demeure
incontestablement un pays pauvre. Il est classé 158ème
sur 173 pays pris en considération dans
l’indicateur de développement humain utilisé par le PNUD. Les dernières estimations
contenues dans le document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP), soulignent une
progression du phénomène de pauvreté. En effet en 1994- 1995, pour un seuil de pauvreté
moyen établi à 42 075 Fcfa par an par équivalent adulte en milieu rural et à 48 629 Fcfa en
zone urbaine, l’incidence de la pauvreté monétaire s’établissait à 25,2%, en zone rurale et
28,5 % en milieu urbain. En 1999- 2000, selon les mêmes sources et pour des seuils de
pauvreté estimés à 51 413 Fcfa en milieu rural et à 91 705 Fcfa en zone urbaine, l’incidence
de la pauvreté monétaire aurait augmenté de 33 % en milieu rural, mais aurait baissé de
23,3% en zone urbaine. La plupart des études qui ont été conduites ces dernières années sur la
pauvreté confirment cette tendance à l’accroissement de la pauvreté, en milieu rural
notamment. Les résultats obtenus par l’enquête QUIBB1 révèlent que 22 % de la population
(1,5 millions de personnes ) peuvent être considérées comme extrêmement pauvres et 39 %
soit 2,6 millions de personnes comme pauvres.
Cette tendance montre que les stratégies qui ont été déployées ces dernières années et qui ont
permis d’améliorer le cadre macro-économique et d’obtenir des performances économiques
(taux de croissance se situe actuellement autour de 6,5 % et celui de l’inflation en dessous de
2%), n’ont pas permis de réduire de façon significative la pauvreté. De ce fait un effort
important reste à fournir pour mieux cerner les réalités économiques du Bénin et appréhender
les secteurs d’activité à même d’impulser durablement la volonté et la dynamique de
réduction de la pauvreté, qu’elle soit alimentaire ou monétaire, pour ne prendre en compte que
les deux aspects du phénomène les plus en vue. Actuellement les efforts de lutte ne prennent
réellement en compte que le secteur formel (beaucoup de reformes sont en cours tant au
niveau national que régional pour améliorer le cadre macro-économique et accélérer la
croissance). Le secteur informel n’est pris en compte qu’incidemment avec le plus souvent
des stratégies incapables de générer des actions aux résultats efficaces et durables, faute d’une
connaissance approfondie. Or seule une connaissance approfondie du secteur tertiaire et de sa
-
composante informelle peut permettre de concevoir des stratégies qui tiennent compte des
réalités du pays. Le secteur informel constitue la source de revenu de la majorité des pauvres
et des très pauvres. Le secteur agro-alimentaire traditionnel constitue une composante
importante de ce secteur informel, dont on connaît très peu les réalités sociales et
économiques. On pense dans le cas du Bénin qu’il y a une très forte corrélation entre le
niveau et la nature des productions agricoles, la croissance démographique et urbaine,
l’expansion des stratégies de survie et le développement du secteur agro alimentaire informel.
De plus on sait que ce secteur est très largement contrôlé par les femmes que la quasi totalité
des travaux sur la pauvreté classe parmi les couches les plus vulnérables du pays. Il constitue
au delà de son caractère refuge, un cadre d’expression des stratégies alternatives de
développement. Il est certes peu probable, qu’il constitue un moyen et une approche surs
d’une meilleure insertion de l’économie des différents pays dans la globalisation, mais il est
devenu un des moyens de maintenir une bonne couche de la production, notamment les
femmes dans les activités productives génératrices de revenus. Et de ce point de vue il joue
un rôle essentiel dans le rééquilibrage des positions sociales.
OBJECTIFS DE L’ETUDE
L’objectif global de cette étude est de voir dans quelle mesure le secteur agro-alimentaire
contribue ou peut contribuer à la lutte contre la pauvreté sous toutes ses formes. De façon
spécifique, il s’agit d’analyser :
L’environnement institutionnel dans lequel évolue le secteur agro-alimentaire,
La place des produits du secteur agro-alimentaire dans la structure de la
consommation
Analyse des résultats de quelques projets à composante agro-alimentaire
METHODOLOGIE
1 QUIBB, Questionnaire des Indicateurs de Base du Bien être ( Core Welfare Indicator Questionnaire)
-
L’analyse s’est appuyée sur la documentation existante et des investigations rapides au niveau
de quelques unités de transformations et des restaurants, notamment à Cotonou et Porto-
Novo, les plus grandes villes du Bénin.
L’analyse des projets a consisté en des entretiens avec les responsables des projets et l’étude
des résultats des évaluations à mi- parcours et finales .
-
I- Caractéristiques de l'économie Béninoise
Le potentiel de croissance économique du Bénin dépend largement du secteur agricole qui
contribue actuellement à près de 36% à la formation du PIB, à 88% des recettes d'exportation
et emploie 70% de la population active.
1-1 : Les ressources naturelles très favorables à l’agriculture
Les ressources naturelles au Bénin sont très favorables au développement de l’agriculture.
D’après les résultats de l’inventaire des potentialités agricoles, le Bénin disposerait de
quelques 4 757 000 ha de terre cultivables dont seulement 35% sont actuellement exploitées.
L'agriculture qui participe à hauteur de 36% à la formation du PIB (à prix constant depuis
1985), et qui est considérée comme le moteur du développement économique, est consacrée
pour l'essentiel à la production vivrière qui occupe les 4/5 des terres cultivées (15 % de la
superficie totale du pays).
Plusieurs cultures se trouvent dans leur assiette écologique au Bénin. C’est le cas du riz, très
utilisé dans l’artisanat agroalimentaire, qui dispose d’un important potentiel inexploité.
D’après les résultats de l’Inventaire de bas-fonds, le Bénin aurait un potentiel de plus de
322.000 ha de terres rizicultivables, dont 205.000 ha de bas-fonds et 117 000 ha de plaines
inondables. Moins de 8 % de ce potentiel sont actuellement exploités plus ou moins
intensément. Dans les zones du nord, le taux d’exploitation des terres reste encore faible (cf.
tableau ci-dessous)
Ceci dénote du fait qu’il existe réellement une grande possibilité d’augmentation de la
production agricole et de sa diversification, surtout pour les céréales pour lesquelles le pays
accuse actuellement un déficit. En effet le Bénin dispose encore d’un immense potentiel de
production insuffisamment répertorié et exploité. Il existe de réelles possibilités de réalisation
d’une autosuffisance alimentaire, tout en contribuant à une économie de devises
consécutivement à la réduction des importations.
-
Tableau 1 : Bilan des superficies cultivées et des superficies cultivables
Département Surface par
habitant rural
Superficie totale (1000 ha)
Surface
cultivée
Surface
cultivable
Surface
totale
Surface
cultivée
(1)
S. totale
cultivable
(2)
Surface
protégée
Surface
cultivable
réelle (3)
Superficie
cultivée/Superficie
cultivable ( 1/ 3)
Atacora 0,37 2,50 3 120 200 1 341 835 928 0,22
Borgou 0,39 0,36 5 100 198 2 750 1 632 1 869 0,11
Zou 0,36 0,76 1 860 433 1 230 138 1 139 0,38
Atlantique 0,25 0,64 324 148 235 14 225 0,66
Mono 0,16 0,52 380 143 281 / 281 0,51
Ouémé 0,27 0,67 470 223 348 45 315 0,71
Source : FAO, Projet de gestion des ressources naturelles renouvelables.
(2) Y compris les zones protégées.
(3) Zones protégées exclues.
Il existe encore au Bénin de terres fertiles non exploitées. Le tableau 1 ci-dessus en donne la
distribution par département.
Les principales productions vivrières du nord du Bénin sont l'igname, le sorgho, le mil et le
maïs. Le coton apparaît comme la seule culture de rente. Au sud, le manioc et le maïs
prédominent à côté de cultures secondaires comme l'igname, l'arachide et le haricot, le
palmier à huile étant la principale culture d'exportation de cette région
Le système agricole est encore fondé sur la pratique de la culture itinérante sur brûlis
comportant une jachère de brousse. Néanmoins, il existe des champs de cultures pérennes
(palmier à huile, agrumes, anacardiers, cocotiers…)
L’outillage est très rudimentaire et se résume généralement à l’utilisation d’une houe, de la
machette et de la hache. Dans le sud, compte tenu de la baisse de la fertilité des sols et de la
pression démographique, le temps de jachère diminue ou disparaît. Les champs les moins
fertiles sont cultivés en grande saison des pluies et non pendant la petite saison (petite friche)
(Pfeffel, 1988).
Les associations de cultures vivrières sont également fréquentes au Bénin. Les plus courantes
sont :
-
- Dans la partie méridionale : maïs/manioc, manioc/niébé et maïs/arachide
- Dans la partie septentrionale : maïs/manioc, manioc/niébé, maïs/arachide,
maïs/sorgho, igname/niébé et sorgho/niébé.
On rencontre dans le pays des associations de trois cultures (exemple : maïs/sorgho/niébé).
Malgré un faible niveau technique de l’agriculture, on relève cependant une progression de la
production vivrière, surtout du maïs qui bénéficie dans la partie septentrionale, des effets
d’entraînement du coton (évolution des emblavures, arrières effets des intrants). Cependant
les augmentations les plus décisives s’observent au niveau des racines et tubercules. La
production de manioc croît depuis six ans à un rythme exponentiel de 10,12 % par an,
situation qui en fait la première production agricole en volume du pays ( 3 200 000 tonnes en
2002 : 45 % du volume de la production agricole, toutes spéculations confondues).
1-1-1: Les contraintes sur la production agricole
L’agriculture béninoise est caractérisée par la faible productivité des actifs agricoles. La
valeur ajoutée par actif agricole est estimée à 530 dollars US en 1998 (Banque Mondiale,
rapport sur le développement dans le monde, 2000-2001). Sur le plan international, elle est
caractérisée par une faible compétitivité
L'agriculture Béninoise à nos jours est confrontée à de nombreuses difficultés, notamment au
niveau des systèmes de culture largement fondés sur
l'agriculture itinérante
la persistance des outils rudimentaires
la mauvaise organisation des producteurs agricoles
l’absence d’un système d’assurance et de gestion des risques
la non maîtrise des calendriers culturaux
la mévente des produits agricoles
la non organisation d'autres filières agricoles à part le coton.
Face à toutes ces difficultés qui se posent dont la plus importante est celle liée aux normes
requises par le marché international, les producteurs agricoles béninois sont en mal
d’alternatives.
-
1-1-2 : Les productions agricoles
L’agriculture béninoise est dominée essentiellement par la production de deux grands
groupes de spéculations. On distingue : la production d’exportation et la production vivrière
marchande.
1-1-2-1 Les productions d’exportation
Elles sont dites de rentes et orientées vers les besoins du marché international comme le
palmier à huile, le coton, et accessoirement l’arachide et aujourd’hui l’anacarde et l’ananas.
En effet, le palmier à huile était jusque dans les années 60 et 70 la principale culture
d'exportation. Elle a laissé sa place dans les années 80 au coton qui domine aujourd'hui les
cultures d'exportation (2000-2001 : 339 909 T / 319 318 ha, 300 000 exploitations environ).
D'autres produits comme le tabac (679T / 1007ha) et l'arachide (19509 T / 121159 ha) ont
également connu un déclin. Sur les 5 dernières années, le coton représente en moyenne 85,5
% recettes d’exportations agricoles et 78% des exportations totales. On constate néanmoins
une tendance à la diversification des exportations agricoles, favorisée par les projets de
bailleurs de fonds (comme le PADSE financé par l’AFD), tendance que vient renforcer la "
nouvelle politique de développement rural ". Le Bénin veut proposer progressivement une
gamme variée de productions tournées vers l'exportation mais également vers le marché
local (en substitution d'importations). Il s'agit de production en plein renouveau comme le
palmier à huile (surfaces estimées actuelles : 330 000 ha), la noix de cajou (anacarde
production actuelle estimée de 30 000 T/an), et dans une moindre mesure le karité (17 000 T
d'amandes exportées et 7 000 T de beurre et d'huile), ou de cultures dites "à promouvoir"
comme le manioc, le maïs, les fruits et les produits maraîchers qui sont largement auto
consommées. La quasi totalité de ces produits alimentent un secteur agro-alimentaire de plus
en plus dynamique à la facteur non seulement de l’urbanisation, mais aussi des mutations des
habitudes de consommation des populations tant urbaines que rurales.
1-1-2-2 Les productions vivrières marchandes
Elles sont surtout destinées à la consommation au niveau des ménages et à la restauration
populaire. Elles sont échangées dans les différents marchés périodiques comme Malanville,
Parakou, Glazoué et dans le marché international de Dantokpa à Cotonou, A défaut d’une
industrie moderne, les produits vivriers subissent la loi de la transformation artisanale. Ce
-
secteur artisanal produit plus de 90% de l’ensemble des produits alimentaires fabriqués
localement et constitue l’apanage des femmes.
Les céréales
Le maïs et le sorgho sont les céréales les plus produites dans le pays. La production de maïs
représente 80% de la production céréalière du pays avec 686 000 tonnes en 2001. Le sorgho
vient ensuite avec 165 000 tonnes et 168 000ha de terres emblavées, puis le riz avec 55 000
tonnes. La production de cette dernière céréale est en pleine expansion, (14 000 tonnes de
paddy en 1994 et 55 000 tonnes en 2002). D'autres produits comme le petit mil et le fonio
viennent compléter la liste. L'essentiel de la production rizicole et du mil provient des
départements du nord et du centre. Par contre le maïs est produit surtout au sud en double
campagne. Elle est essentiellement tournée vers la consommation locale, notamment
l'approvisionnent des grandes villes. Le maïs fait l’objet de multiples dérivés et alimente un
secteur agro-alimentaire particulièrement florissant.
Les tubercules et racines.
La production de tubercules est en constante progression ces dernières années. Elle est
dominée par le manioc et l'igname qui représentent 98% de la production de la branche. Le
manioc domine la production avec une production de 3 350 108 tonnes pour 219 404 ha en
2002. Le manioc est produit sur l'essentiel du territoire et contribue à la fabrication de
produits dérivés de plus en plus diversifiés. Il connaît une croissance de sa production de
l’ordre de 10% par an impulsée par les actions de deux projets (PDRT et PDFM). Ainsi, le
taux d’accroissement moyen annuel du manioc a été multiplié par dix en moins de vingt ans.
Plusieurs unités de transformation artisanales, semi-artisanales et modernes fonctionnent
autour de cette production.
L'igname vient ensuite avec une production de 1 742 002 tonnes pour 156 831 ha en 2000-
2001. Les grandes régions de production de tubercules sont le centre et le Nord du pays.
La production nationale de pomme de terre reste marginale, moins de 1 000 tonnes par an
pour des besoins nationaux estimés à environ 8000 tonnes. Le Bénin en importe
principalement de ses voisins et du marché international
Les oléagineux
-
Les oléagineux (hormis la trituration des graines de coton) sont largement dominés par le
palmier à huile. En effet jusqu'en 1980, le palmier à huile représentait la principale culture
d'exportation du pays. Il continue d’alimenter un secteur agro-alimentaire qui en dépit de la
concurrence des produits industriels importés tant du marché international que régional, reste
assez dynamique. Il a laissé sa place par la suite au coton qui domine aujourd'hui les
exportations avec 360 000 tonnes en 2002. Sur les 5 dernières années, le coton représente en
moyenne 85,5% des exportations agricoles et 78% des exportations du pays. Le secteur
alimentaire de ce secteur se limite pour l’instant à la trituration industrielle des graines en vue
de la production de l’huile alimentaire. Trois unités industrielles dont deux sont réellement
opérationnelles sont implantées à cette fin. Néanmoins, face aux problèmes que rencontre la
filière ces dernières années, la tendance est à la diversification.
Les légumineuses et autres graines
Outre l'arachide dont la production dépasse actuellement 121 159 tonnes sur 138 586 ha, la
culture des légumineuses et autres graines sont dominées par le haricot (75 000T / 113000
ha). Cette culture représente 76 % de la production en légumineuses. Les 25 autres pour
cent sont partagés entre le Voandzou (9 % : 9 950 T / 13 300 ha), le sésame (9 % : 9 300 T /
16 400 ha), le soja (1 995 T / 2800 ha) et le pois d’angole (3500T / 5278ha). L'essentiel de
ces productions est réservé à la consommation nationale.
-Les productions maraîchères
Les productions maraîchères ne suffisent pas au marché national et notamment urbain. La
production nationale tourne autour de 200 000 à 235 000 T par an.
La gamme des productions maraîchères est variée, notamment dans les zones tournées vers
le marché urbain. Les principales cultures sont : les légumes feuilles, la tomate, le piment, le
gombo, l'oignon, le choux
Toutes ces productions sont soit vendues, soit transformées pour l’alimentation. La
situation alimentaire du Bénin, comme dans la plupart des pays africains, est diversifiée et
varie d’une zone à une autre. Il subsiste quelques poches d’insécurité alimentaire
caractérisées par de dures soudures certaines années, notamment dans le Nord et dans les
zones inter lacustres.
-
1-2 Une Forte croissance démographique
Le Bénin a connu une urbanisation accélérée depuis l’indépendance. Son taux d’urbanisation
est estimé à environ 35 % en 2000. Il compte plusieurs villes dont les plus importantes sont
Cotonou, Porto-Novo et Parakou, qui ont aujourd’hui plus de 100 000 habitants.
En 1992, ces trois villes importantes concentraient une population de 812 261 habitants soit
16,53 % de la population totale du Pays.
En 2002, soit dix ans plus tard, 13 villes béninoises avaient plus de 100 000 habitants. Les
trois plus importantes villes réunissent cette fois-ci près de 1 228 914 habitants soit 18,19 %
de la population.
Selon le RGPH de 2002, la population actuelle du pays est de 6 752 569 habitants avec un
taux de croissance annuel de 3 %. Cette population est inégalement répartie avec une
concentration démographique de plus de 60 % au Sud (sur 10%) seulement de la superficie
du pays. Les villes de plus de 100 000 habitants comptent une population de 2 628 186
habitants dont 1 340 375 de femmes et 1 287 811d’hommes. Selon les estimations de
l’INSAE, la population urbaine atteindra plus de 50% d’ici l’an 2010.
La population de Cotonou est passée de 70,000 habitants en 1960 à 858 572 en 2002. D'ici à
l'an 2020 la population de Cotonou atteindra près de 3 millions d'habitants. C’est la ville
portuaire, la ville commerciale et administrative du pays.
La croissance démographique et urbaine doit être placée dans le contexte plus global de celui
du golfe du Bénin, pour lequel les résultats des Etudes des Perspectives à Long terme de
l’Afrique de l’Ouest prédisent une conurbation qui va de la ville d’Abba au Nigeria à Abidjan
et qui concentrerait à l’horizon 2025 plus de 60% de la population de l’Afrique de l’Ouest. Il
s’agit là d’une évolution qui influencera très fortement le secteur agro-alimentaire .
Cette forte urbanisation a des causes multiples et interdépendantes. Elle a aussi des
répercussions importantes sur le monde rural qui doit produire le nécessaire à la subsistance
des citadins et les devises par l’exportation du coton, de l’huile de palme, etc. indispensable à
l’achat de produits importés dont la consommation ne cesse de croître. Elle est considérée
comme un important facteur de mutations des habitudes alimentaires.
-
1-3 La consommation alimentaire au Bénin
Au Bénin, les styles de consommations sont divers compte tenu de la variété des ethnies
constituant le pays. Traditionnellement, on distingue les régimes agro nutritionnels urbains
des régimes ruraux. Mais, il n'existe pas de données pour faire une analyse fine de la
consommation de ces derniers. Les seules sources qui existent sont les enquêtes budget-
consommation (1986-1987) et les enquêtes ECVR2 (1996-1997). Si, au niveau des enquêtes
budget consommation, les données sont un peu plus désagrégées, il est difficile de trouver de
nos jours, une base exploitable. Les enquêtes ECVR, quant à elles, sont plutôt conduites de
manière à faire ressortir le profil de pauvreté dans les ménages ruraux; de ce fait, elles ne
renseignent pas suffisamment sur leur structure de consommation. Aussi tout naturellement,
notre analyse sera t-elle axée sur les villes.
Thuiller-Cerdan et Bricas (1998) ont observé trois régimes agro industriels en rapport avec les
différentes régions du pays. Ainsi, dans le nord du pays, la base amylacée est dominée par le
sorgho, le mil, complétés par l'igname, alors que les protéines sont apportées par les
légumineuses et la viande. Dans le sud, la consommation est dominée par le maïs et le manioc
avec une forte consommation de graines oléagineuses. Quant au centre, considéré comme
intermédiaire, il a une alimentation basée sur l'igname, le maïs et le manioc avec une forte
consommation d'oléagineux.
Ces régimes agroalimentaires influencent les modèles de consommation des grandes villes du
fait que la majorité de leur population provient des zones rurales. Toutefois, avec la
croissance démographique et urbaine, il y a eu une transmission des habitudes des
consommations. En effet les modèles de consommation urbaine sont souvent influencés par la
présence dans chaque ville des populations issues de toutes les régions du pays. Ils sont aussi
les plus ouverts à l'influence de l'extérieur et à la consommation des biens importés. Les
modèles de consommation au niveau des villes sont donc plus variés et assez semblables,
comme le montre le tableau suivant.
2 Enquête sur les conditions de vie des ménages ruraux
-
Tableau 2 : Répartition des dépenses alimentaires de ménages urbains
Cotonou Porto-Novo Parakou-
Natitingou
Lokossa Abomey-
Bohicon
Céréales 27,6% 21,2% 23,5% 22,2% 20,9%
Racines et tubercules 8,3% 18,1% 5,6% 16,8% 15,8%
Légumes et
légumineuse
5,6% 10,4% 7,6% 7,0% 7,5%
Fruits et condiments 13,6% 12,1% 12,0% 11,5% 10,7%
Lait et œufs 3,3% 0,7% 4,1% 2,6% 2,7%
Graisses et huiles 6,7% 10,7% 5,7% 6,2% 6,9%
Viandes et poissons 23,7% 19,9% 19,3% 22,2% 21,2%
Sucres et produits sucrés 5,2% 1,3% 2,4% 2,7% 5,6%
Boissons 3,0% 4,4% 15,8% 5,6% 5,6%
Produits mixtes 3,0% 1,2% 3,9% 3,2% 3,2%
Source: Les auteurs à partir des enquêtes dépenses ménages de 1996
L'analyse des dépenses alimentaires révèle en effet que quelles que soit les villes,
l'alimentation est toujours basée sur les céréales, suivis des viandes et poissons, des fruits et
condiments.
Ainsi, des enquêtes dépenses réalisées3 dans les principales villes du pays, on peut retenir la
structure suivante.
3 Il s'agit des enquête dépense ménage et de l'enquête dépense Uemoa réalisées en vue de la confection de
l'Indice harmonisé des prix à la consommation.
-
Tableau 3 : Part des produits locaux et importés dans la consommation urbaine au
Bénin
Cotonou Porto-Novo Parakou-
Natitingou
Lokossa Abomey-
Bohicon
Produits locaux 71,0% 83,7% 78,4% 80,9% 80,2%
Céréales 50,8% 71,9% 62,1% 59,9% 60,4%
Racines et tubercules 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
Légumes et légumineuses 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
Fruits et condiments 96,1% 90,4% 89,5% 85,9% 84,5%
Lait et œufs 10,1% 12,5% 45,8% 34,7% 39,7%
Graisses et huiles 76,8% 57,6% 93,3% 97,5% 93,9%
Viandes et poissons 76,4% 93,6% 92,2% 98,6% 96,1%
Sucres et produits sucrés 83,0% 22,2% 21,2% 16,9% 1,0%
Boissons 73,5% 72,6% 78,6% 63,0% 67,3%
Produits importés 26,0% 15,1% 17,7% 15,9% 16,6%
Céréales 49,2% 28,1% 37,9% 40,1% 39,6%
Racines et tubercules 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0%
Légumes et légumineuses 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0%
Fruits et condiments 3,9% 9,6% 10,5% 14,1% 15,5%
Lait et œufs 58,7% 43,8% 8,3% 10,0% 9,9%
Graisses et huiles 5,7% 40,4% 2,7% 2,5% 3,6%
Viandes et poissons 23,6% 4,3% 7,8% 1,4% 3,9%
Sucres et produits sucrés 16,7% 77,8% 72,7% 83,1% 99,0%
Boissons 25,6% 25,8% 20,9% 37,0% 28,4%
Produits mixtes 3,0% 1,2% 3,9% 3,2% 3,2%
Source: Les auteurs à partir des enquêtes dépenses ménages de 1996
L'analyse de ce tableau permet de constater que globalement, les structures de consommation
sont identiques dans les principales villes du pays. Quelque soit la ville, la plupart des
produits consommés sont produits localement même s'il existe des disparités selon les
produits et selon les villes. En ce qui concerne les céréales par exemple, si une bonne partie de
la consommation est couverte par la production locale, le cas de Cotonou mérite une attention
-
particulière. En effet, c'est non seulement la ville la plus peuplée du pays, mais aussi, celle qui
par le biais du port est ouverte sur le marché international et donc soumise à la pénétration des
produits importés. De ce fait elle consomme la quantité de céréales importées la plus
importante (49% environ des céréales consommés). Ces importations, loin de refléter un
quelconque déficit (sauf en ce qui concerne le riz), consacre de nouvelles habitudes de
consommation nées du contact avec l'extérieur. Ainsi, les produits comme le riz, jadis
considérés comme repas de fête constituent aujourd'hui la base de l'alimentation ; de même
que le blé qui se consomme sous forme de pain, de pâtisseries ou de beignets .
Les racines et tubercules consommés proviennent en revanche, pour leur totalité de la
production locale. Les villes du Sud (Porto-novo, Lokossa) et du centre (Abomey-Bohicon)
apparaissent comme celles qui potentiellement consomment le plus de produits à base de
tubercule et racine. Ce qui s'explique par la consommation de manioc sous forme de pâte ou
de gari (le Sud fournit plus de 75 % de l’offre nationale de manioc par exemple).
Les légumes et légumineuses viennent généralement en complément dans les repas. C'est
pourquoi leur consommation est faible. La plupart du temps, ils se consomment frais et sont
issus de la production locale.
La même analyse pourrait être reconduite au niveau des fruits. Mais, la prise en compte des
condiments introduit une nuance. En effet, l'utilisation de plus en plus accrue des conserves de
tomate dans la préparation des aliments explique la relative importance des produits importés
dans cette catégorie. Il est à noter par ailleurs que plus on s'éloigne de la capitale, plus la part
de ces produits augmente. Cette situation ne signifie pas nécessairement une augmentation des
quantités consommées. Elle reflète plutôt une augmentation des prix par rapport à la capitale
du fait de la marge des commerçants.
La viande et le poisson constituent après les céréales les principaux produits consommés. Ils
constituent une source primordiale de protéine dans l'alimentation du béninois. Mais, leur
importance varie selon les régions. Si au sud et au centre, c'est la consommation de poisson
qui est privilégiée; au nord, la préférence va vers les viandes. Ces considérations sont
relativisées pour la ville de Cotonou qui voit ces ménages se tourner de plus en plus vers les
produits surgelés généralement importés.
Les boissons, les sucres et les produits sucrés font partie des produits les moins consommés
quelque soit les ménages et quelque soit la ville. Mais, contrairement aux autres produits,
-
c'est dans la ville de Cotonou qu'on enregistre une forte consommation de la production
locale. Ce qui ne peut que refléter un effet prix.
Au total, l'analyse des dépenses alimentaires des ménages des principales villes du pays
permet de constater une faible disparité des structures de consommation quelque soit les
régions. Si la ville de Cotonou enregistre la plus forte consommation de produits importés
(26% par rapport à une moyenne de 16%), il n'existe pas de tendance véritablement
divergente.
II- L'artisanat agroalimentaire au Bénin : Etat des lieux et
environnement institutionnel
2-1 Genèse de l’artisanat agroalimentaire
Avec une contribution de l’ordre de 15.6% à la formation du PIB en moyenne ces dernières
années (1997-2002), le secteur industriel a toujours été le maillon le plus faible du tissu
économique béninois. Les politiques économiques menées au lendemain des indépendances
avaient pour objectif le développement de ce secteur présenté comme celui possédant le plus
d'effets d'entraînement sur le reste de l'économie. Dans ce cadre, les gouvernements des
années 70 ont prôné une politique de substitution aux importations basée sur la réalisation de
grands projets d'investissement. Afin d'assurer une indépendance du pays vis à vis de
l'extérieur, un accent a été mis sur le secteur agroalimentaire.
Historiquement, le secteur agro-industriel s'est développé au sein des filières de produits
d'exportation (oléagineux, café, cacao, etc.) puis des filières des produits d'importation
(minoterie, boisson, etc.). L'industrialisation des filières vivrières n'ayant été tentée que par la
suite avec pour objectif la valorisation des produits vivriers locaux pour le marché national.
Au milieu des années 1980, le pays comptait une quarantaine d'entreprises industrielles
opérant dans les filières huileries, sucreries, concentré de tomate et fabrication de jus de fruit
etc. Pour garantir leur fonctionnement et leur rentabilité, l'Etat leur a assuré un monopole à
travers l'imposition d'une réglementation stricte visant à limiter toutes les activités
concurrentes.
Cependant, ces différents projets d'industrialisation n'avaient pas été menés en prenant
suffisamment en compte les attentes et les comportements du consommateur dont les
-
exigences de qualité étaient supposées similaires à celles des consommateurs de pays
industrialisés et n'étaient pas finement analysées. Pire, ils ont rencontré de nombreux
problèmes qui ont entravé leur fonctionnement. On peut citer entres autres, le coût
d'implantation élevé, les difficultés d'approvisionnement en matières premières, les difficultés
de maîtrise technologique et de maintenance des équipements etc. Les difficultés de trésorerie
de l'Etat des années 80 ont tôt fait d'emporter ces entreprises qui du reste ne bénéficiaient pas
d'une gestion saine. Ce qui a plongé le pays dans une profonde crise économique avec tout un
cortège de chômage et de licenciement. Cette situation alliée à l'explosion démographique et
urbaine de cette décennie ont engendré le développement d'un secteur économique qui se veut
une alternative aux méthodes classiques d'industrialisation : l'artisanat agroalimentaire.
L'artisanat agroalimentaire est défini comme un ensemble d'activités exécutées à petite échelle
par des individus ou de petits groupes qui donnent lieu à une rémunération et sont liées à la
production et à la circulation de biens et services (Bricas 1984). Ainsi défini, c'est un secteur
qui concerne la transformation des produits, le micro commerce et la restauration. Il constitue
un outils de valorisation des technologies traditionnelles et c'est tout naturellement qu'il a
trouvé sa place dans le vide laissé par le système économique décadent.
Les technologies traditionnelles alimentaires constituent, en effet, l'expression d'une réelle
identité culturelle et représentent un réservoir considérable de savoir et de savoir faire
endogènes transmis de génération en génération. Elles permettent la conservation et la
transformation de produits vivriers locaux au moyen de procédés et d'outils mis au point par
les populations en fonction de leurs propres besoins. Ni l'urbanisation, ni les réformes
économiques de ces dernières années n'ont émoussé le dynamisme de ce secteur et entraîné sa
disparition. Au contraire, les technologies traditionnelles se sont développées en offrant des
produits correspondant aux nouveaux styles de vie. A titre d'exemple Nago et al (1998) ont
recensé près de 40 produits dérivés du mais, 19 du manioc 12 du niébé et d'autres encore qui
font l'objet de consommation courante au Bénin.
2-2 Statut officiel de l'artisanat agroalimentaire au Bénin
Les activités du secteur artisanal relevaient jusque là de l'informel. Toutefois, grâce au
formidable développement qu'elles ont connu ces dernières années, elles sont apparues
comme une réponse endogène à la crise économique qui a secoué les pays africains vers la fin
des années 1980. Cette dynamique explique en partie l’intérêt de plus en plus grand que les
pouvoirs publics et les partenaires au développement accordent à ce secteur.
-
L'un des domaines les plus dynamiques de ce secteur est l'artisanat alimentaire. Il constitue le
lieu par excellence où sont combinées les techniques traditionnelles et modernes de
transformation en vue de produire des biens adaptés au mode de vie des populations urbaines.
Elle constitue ainsi une alternative aux schémas classiques d'industrialisation. C'est pourquoi,
tout le monde s'accorde aujourd'hui pour reconnaître qu'un développement économique
durable ne peut être assuré à la base qu'à travers les PME et les PMI qui méritent un
environnement favorable à leur développement.
En ce qui concerne le Bénin, la prise en compte du rôle potentiel de l'artisanat s'est faite à
travers la promotion des petites et moyennes entreprises (PME). En effet, dès 1982, tirant
leçon des limites de l'interventionnisme étatique et de l'échec des grandes entreprises, les
autorités béninoises de l'époque ont initié une série de réformes, qui sans déroger aux
principes fondamentaux du socialisme, devraient offrir un environnement favorable au
développement de la petite entreprise.
2-2-1 Au niveau du code des investissements
La loi n°82-005 du 20 mai 1982 portant code des investissements avait prévu un régime
privilégié (le régime D) afin d'encourager les entreprises nationales. L'article 51 de cette loi
disposait que: "le régime D est destiné à encourager le développement des petites et moyennes
entreprises des nationaux dont l'activité à caractère industriel, touristique et artisanal peut
aider au développement économique et social de la nation et à promouvoir les entreprises
coopératives".
Pour bénéficier de ce régime, les entreprises devraient créer au moins 15 emplois. Quant aux
coopératives, elles doivent se conformer à la réglementation en vigueur en matière de
constitution des coopératives. En outre, tout postulant devrait faire une déclaration d'existence
et s'engager à tenir une comptabilité régulière. Cette innovation avait pour objectif de
maîtriser les tentatives de réponses des béninois à la crise économique qui s'annonçait.
Malheureusement, toutes les réformes initiées dans la période n'ont pas suffi pour juguler la
crise.
A partir de 1990, un nouveau paysage économique fondé sur le libéralisme a pris une forme
dans le pays et de nouvelles orientations ont été adoptées. Dans ce cadre, le nouveau code des
investissements mis en vigueur par la loi 90-002 du 9 mai 1990, regroupe les entreprises en
trois catégories :
-
- Le régime A réservé aux entreprises ayant un programme d'investissement d'un montant
allant de 20 à 500 millions et employant au moins 5 permanents béninois;
- Les régimes B et C réservés aux entreprises ayant un programme d'investissement de plus
de 500 millions et au moins 20 employés.
En outre, un régime spécial est prévu pour les entreprises dont "les activités entraînent une
transformation au sens de la nomenclature douanière et dont le montant des investissements
est compris entre 5 et 20 millions de francs. Comme on peut le constater, ces conditions
demeurent prohibitives pour les entreprises du secteur artisanal qui utilisent des outils de
production rudimentaires, ne nécessitant pas un capital élevé et utilisant souvent de la main
d’œuvre familiale ou des apprentis.
2-2-2 Au niveau fiscal
Cette différenciation des entreprises s'est traduite au plan fiscal par un début de
reconnaissance, à partir de 1994, de la petite entreprise. En effet, jusqu'en 1993, la fiscalité
béninoise des entreprises étaient la même quelque soit la taille des entreprises. Sauf
exonération particulière, toutes les entreprises étaient assujetties aux mêmes taxes: impôts sur
les bénéfices industriels et commerciaux4 (BIC), impôt général sur le revenu (IGR), la taxe
sur la valeur ajoutée (TVA), la patente, etc. Les obligations comptables et déclaratives étaient
aussi pratiquement les mêmes. Mais, la réforme fiscale de 1994 a modulé le régime des
impôts en fonction de la taille de l'entreprise. On distingue depuis lors, la grande entreprise
(dont le chiffre d'affaire annuel excède 40 millions de franc CFA pour les ventes et 10
millions pour les prestations) de la petite entreprise.
La petite entreprise bénéficie d’un régime de forfait notamment en matière d’impôt les BIC.
Le montant du bénéfice forfaitaire est évalué par le service des impôts et notifié au
contribuable pour observation et acceptation. Mais, ce régime est exclusivement réservé aux
personnes physiques et s’applique dans les zones où n’a pas été mis en place le régime foncier
urbain. Le bénéfice forfaitaire est assujetti à l’impôt BIC.
Il existe en outre une taxe professionnelle unique (TPU) appliqué la plupart du temps aux
artisans des principales localités du pays. La TPU est « due chaque année par les personnes
physiques qui, au 1er
janvier de l’année d’imposition, exercent au Bénin une activité
4 Perçue au taux de 38% pour les sociétés et de 35% pour les entreprises individuelles.
-
professionnelle non salariés, à titre habituel et à but lucratif, dont le chiffre annuel n’atteint
pas la limite fixée par un arrêté du ministre chargé des finances. Il s’agit d’un impôt
synthétique qui se substitue, outre à la patente et à la licence, à l’impôt sur les BIC, à la taxe
sur la valeur ajoutée et au versement patronal sur salaires. La TPU est assise sur la valeur
locative professionnelle des établissements pris dans leur ensemble et munis de tous les
moyens d’exploitation ou de production. Elle est perçue au taux de 12% affectée pour moitié
au budget de la collectivité et pour moitié au budget national.
A ce dispositif, il faut ajouter l'introduction du tarif extérieur commun (2000) qui offre des
facilités pour l'exportation des produits artisanaux vers les autres pays de l'UEMOA.
Comme on le peut constater, la fiscalité des entreprises artisanales est assise sur la taxe
professionnelle unique. Mais, celle-ci repose sur une valeur locative généralement déterminée
par l’administration par voie d’appréciation ou d’évaluation. Elle donne lieu à plusieurs abus
faute d’une définition claire du secteur. C'est pourquoi, il a été adopté, en 2001, une loi
portant code l'artisanat.
2-2-3 Le code de l'artisanat
Afin de fournir un cadre réglementaire à la multitude de petits métiers qui pullulent dans les
villes et campagnes, le Bénin a initié en 1998 et adopté en 2001, une loi portant code de
l'artisanat au Bénin.
Selon ce code, est réputée entreprise artisanale, une petite et moyenne entreprise qui utilise
moins de dix (10) ouvriers artisans (non compris les aides familiaux et les apprentis) et dont
l’activité principale consiste en l’extraction, la production, la transformation de biens et /ou la
prestation grâce à des procédés techniques dont la maîtrise requiert une formation par la
pratique. Le mode de production est principalement manuel. Cependant, l'entreprise artisanale
peut faire appel à des machines et outillages mécaniques, électriques, électroniques ou
électromagnétiques.
Les entreprises voulant intervenir dans ce secteur sont astreintes à une immatriculation à la
chambre des métiers5 ou à défaut au ministère chargé de l'artisanat. Cette inscription constitue
5 Structure mixte composée des représentants élus des organisations professionnelles d'artisans et du ministère
chargé de l'artisanat. Elles sont au nombre de six dont une par ancien département. Mais pour le moment, trois
ont été déjà installées.
-
un préalable pour bénéficier des garanties, avantages et autres dispositions incitatives
éventuelles.
Néanmoins, aucune disposition n'est prévue ni sur le plan fiscal ni sur le plan institutionnel
pour soutenir cette branche. Le code de l'artisanat n'ayant fait que préciser la compréhension
de l'Etat des activités artisanales, la typologie des activités, les conditions d'exercice des
activités artisanales et les obligations institutionnelles des artisans. On peut donc s'interroger
sur l'intérêt pour les artisans de s'immatriculer.
Ce qui est sûr, c'est un sous secteur qui n'est pas totalement négligé par l'Etat. Il est considéré,
depuis quelques années, comme un axe porteur de développement. L'artisanat alimentaire est
l'une des onze branches retenues dans ce code qui se veut un cadre d'exercice pour toutes
activités artisanales. Le secteur artisanal a fait l'objet ces dernières années de plusieurs actions
tant au niveau public que privé.
2-3: Les politiques publiques de promotion des entreprises agroalimentaires.
Les politiques de promotion de l'artisanat agroalimentaire sont une émanation de la volonté
publique de soutien aux PME affichée par l'Etat béninois depuis les années 1980. A partir des
années 1990, cette volonté est partagée de plus en plus par les partenaires au développement
du Bénin et la société civile. Ce qui s'est traduit par une floraison de structures d'encadrement
et de promotion tant du côté de l'Etat, que des bailleurs de fonds et des nombreuses ONG qui
appuient le développement à la base.
Au niveau public, outre la création d'un département ministériel chargé de la promotion des
PME et des directions chargées de la qualité et de la métrologie, il a été créé avec l'appui des
partenaires au développement, une kyrielle d'institutions chargées de la formation et du
financement de la petite entreprise. On peut citer entre autres le projet d'Appui aux PME
(PAPME) et le Projet d'Appui au Développement des Micro Entreprises (PADME) devenus
entre temps programmes qui jouent un rôle actif dans le financement des activités génératrices
de revenu.
Le rôle de l’Etat, tel que défini dans le document de politique de promotion des petites et
moyennes entreprises adopté en 1997, est de coordonner et de stimuler toutes ces actions de
manière à consolider et diversifier le tissu économique en encourageant le développement des
Pme tournées vers la valorisation des ressources naturelles et la satisfaction des besoins
-
locaux. Mais, la définition de la PME retenue jusque là exclut une bonne partie des entreprises
artisanales. En effet, ne sont prises en compte que des entreprises qui ont entre 5 et 50
employés permanents et un capital social compris entre 1 et 50 millions de francs CFA ou un
investissement d'un montant compris entre 5 et 500 millions de FCFA.
Le soin est donc laissé au Ministère6 chargé de l'artisanat d'organiser les activités des petites
unités de transformation et de service. Mais le domaine est si vaste qu'il n'arrive pas encore à
se retrouver. A titre d'exemple, le répertoire national des métiers du secteur de l'artisanat
comportait, en 2000, 203 corps de métier regroupés en 45 grands groupes d'activités. Dans ces
conditions, les activités du secteur agroalimentaire demeurent mal encadrées. Elles relèvent
tantôt du ministère de l'agriculture pour le volet transformation et conservation des produits
agricoles tantôt du ministère du plan qui, au moyen des CIPEN7 et de l'AGeFIB (voir encadré
n°1), participe (par le financement) à la promotion des activités artisanales et naturellement du
ministère de l'industrie pour les actions de promotion des PME/PMI. De ce fait, les actions ne
sont pas souvent concertées. C'est pourquoi, il a été crée en 1990 le Conseil Supérieur de
l'artisanat qui regroupe les cadres des différents Ministères intervenant dans la gestion des
activités artisanales. Il a pour mission d'harmoniser toutes les actions visant la promotion de
l'artisanat et d'émettre des avis consultatifs sur la politique de l'Etat en la matière. Mais il n'a
jamais pu fonctionner correctement du fait du manque d'engagement des différents ministères.
6 Bien qu'il est toujours existé un ministère de l'artisanat, les ministres en charge de ces questions se sont souvent
occupés des problèmes relatifs au tourisme, à la culture et au commerce. 7 La Coordination nationale des Initiatives et des Projets d'Emploi Nouveau (CIPEN) est l'une des cellules de
promotion de l'emploi créée en 1997 par le gouvernement béninois. Elle initie et appuie les actions allant dans le
sens de la promotion des unités communautaires de développement et des initiatives privées d'emploi
Qu'est-ce que l' AGeFIB ?
L'Agence de Financement des Initiatives de Base (AGeFIB) a été créée le 24 Octobre 1997 pour servir
d'institution de drainage des ressources vers les communautés de base dans le cadre de la mise en œuvre de la
Dimension Sociale du Développement (DSD) . Elle est une association autonome d'utilité publique. Elle vise à
Contribuer à l'amélioration des conditions de vie des communautés des zones défavorisées et Favoriser au sein
des communautés, l'augmentation des ressources et des profits.
Au regard de ses vocations d'interventions financières, de micro-réalisations socio-économiques et
d'intermédiations, l'agence mobilise et canalise vers les groupes cibles des fonds disponibles au niveau du
pouvoir public et / ou de tous les autres organismes de développement. Les actions de l'agence sont mises en
œuvre sur le terrain par des intermédiaires agréés, assimilés ou des chargés d'appui organisationnel
indépendants.
Les organisations du monde artisanal bénéficient selon les modes d'actions de l'Agence les avantages liés à
leur corporation. Dans le souci d'équité et pour une contribution effective de toute la communauté, l'Agence
oriente particulièrement ses actions vers les femmes artisanes.
-
Cependant, ces différentes actions devraient connaître une dynamique nouvelle avec
l'adoption du Document de Stratégie de Réduction de la pauvreté en 2002. Ce document
montre que malgré améliorations enregistrées sur le plan économique de ces dernières années,
le degré de satisfaction des besoins sociaux demeure faible. La pauvreté prend des ampleurs
que les politiques économiques menées jusque là n'arrive à enrayer. La pauvreté au Bénin est
surtout rurale8 et périurbaine. En milieu rural, elle est due à la faiblesse des infrastructures de
base et à l'instabilité des revenus agricoles. En milieu urbain, elle serait principalement due au
chômage. Dans ces conditions, les catégories les plus touchées sont les femmes, les artisans
(surtout du monde rural), les agriculteurs sans terre et les habitants des zones enclavées.
Mieux, les études menées en milieu urbain montrent que les travailleurs indépendants, et les
salariés sont moins sensibles à la pauvreté que les autres catégories professionnelles. Face à
ces conditions, le DSRP qui constitue la base de toutes politiques nationales sur l'horizon
2003-2005, accorde une priorité nouvelle à l'artisanat et à la petite transformation, considérés
comme une source potentielle de croissance économique et de création d'emploi. En ce qui
concerne l'artisanat, les actions futures de l'Etat devraient viser à lever les divers obstacles qui
entravent le développement du secteur et qui ont pour noms "les difficultés d'accès aux micros
financements pour l'équipement et le petit outillage, l'insuffisance de formation des opérateurs
du secteur, la faible organisation des acteurs du secteur et l'absence du cadre réglementaire".
La prise en compte de la petite transformation comme une entité à part entière révèle le souci
de corriger les erreurs du passé et la reconnaissance des potentialités du secteur en matière de
création d'emplois et de revenus pour les populations les plus pauvres et vulnérables. A cet
effet, il a été crée depuis 1999 un Fond de développement de la formation professionnelle
continue et de l'apprentissage (FODEFCA) pour soutenir et financer les besoins de formation
des artisans et autres petits entrepreneurs. Dans ce cadre il est prévu de mettre en place des
bases d'appui pour la transformation des produits agricoles et la mise en place d'unités légères
de transformations communautaires.
8 Selon les estimations contenues dans le DSRP, en 1994-95, l'incidence de la pauvreté monétaire s'établissaient
25.2% en zone rurale et 28,5 en zone urbaine. En 1999-00, ce taux est passé à 33% en milieu rural et à 23,3% en
milieu urbain.
-
Il faut noter que le Bénin est aidé dans ces différentes actions par quelques partenaires au
développement qui financent et appuient la réalisation concrète de certaines activités. Le
tableau suivant présente les actions menées par quelques partenaires et les populations cibles.
Encadré n°2
Qu'est-ce que le FODEFCA ?
Le Fonds de Développement de la Formation Professionnelle Continue et de l'Apprentissage (FODEFCA) est
un établissement public à caractère social créé par décret N° 99-053 du 12 Février 1999. Il est doté d'une
autonomie financière. Le Fonds pour mieux servir sa cible gère actuellement deux programmes : le PADFPC
et le PIJA.
A travers ces deux programmes, le FODEFCA vise à contribuer au développement des ressources humaines
en s'assignant comme mission :
- La collecte et la gestion des biens ; - L'appui conseil aux entreprises ; - Le renforcement des compétences et des capacités des formateurs et organismes de formation ; - La satisfaction permanente de l'économie en main d'œuvre ; - L'insertion professionnelle et la lutte contre la pauvreté. Le PADFPC accorde aux artisans, aux apprentis, aux travailleurs du monde rural et du secteur privé moderne
des subventions non remboursables. Les jeunes gens et les jeunes filles en fin d'apprentissage ou en fin de
formation professionnelle jouissent des prêts au taux préférentiel de 5% du Programme d'Insertion des
Jeunes Artisans (PIJA).
-
Tableau 4 : Actions menées par quelques partenaires du Bénin dans le domaine de
l'artisanat
Partenaires Actions Objectifs Population cible
Coopération suisse Mise en place du
Bureau d'Appui aux
Artisans (Programme
d'appui aux artisanes
et aux artisans).
Accompagnez les
artisanes et les
artisans dans leurs
efforts afin d'assurer
leur bien être tout en
améliorant leurs
moyens de
production.
Micro entrepreneurs ,
Associations et
groupements d'Intérêt
Economique dans
l'alimentation, la
coiffure, la couture la
poterie, Tissage, etc.
Coopération
Française
Institut Régional de
coopération
décentralisée
Promouvoir (à travers
la formation et l'octroi
de micro crédits aux
acteurs) la production
du beurre de Karité
Groupements de
femmes et association
du Nord et du centre
Coopération Belge-
BIT
Projet "Promotion de
l'emploi des femmes
dans l'artisanat
agroalimentaire au
Bénin" (PEFAB)
organisation de
groupements
autogérés dans
l'artisanat urbain et
l'accès des femmes au
crédit à des
équipements, des
procédés de
transformation
Femmes artisanes des
principales villes du
sud et du centre pays :
Cotonou, Allada,
Bohicon, Abomey
Organismes
multilatéral (PNUD,
BIT Banque Mondiale
etc.)
mise en place des
institutions de micro
finance (Papme,
Padme, Vital finance,
etc.)
Améliorer
l'accessibilité des
béninois au crédit à
travers l'octroi à des
conditions favorables
de crédits de montant
plus ou moins élevé.
Micro et petites
entreprises du secteur
urbain évoluant dans
tous les domaines
d'activités.
Source : Les auteurs
Comme on peut le constater le sous secteur agro alimentaire semble noyé dans toutes une
série d’actions. Le seul appui direct se fait à travers le projet PEFAB, initié en 1990 qui
soutient les artisanes des principales localités du Sud et du Centre du pays. Ce projet met en
relief l'importance de ce secteur d'activité et le rôle essentiel qu'y joue la femme dans la
société béninoise. Visant à articuler la ville et le milieu rural, le projet s'est déroulé en 2
phases d'application (1990-1997 et 1997-2000). La stratégie d'exécution du projet a pris appui
sur 3 composantes. A savoir :
- La création et l'organisation des Mutuelles d'Epargne et de Crédit
-
- L'appui technique dispensé à travers les installations de base d'appui aux artisans
- Les activités d'alphabétisation et de formation pour renforcer les capacités des mutualistes
à gérer et s'approprier les outils du projet.
Ainsi, à la fin du projet, on dénombrait 87 groupements mutualistes pour un effectif de 2028
mutualistes. Le montant des épargnes cumulées au 31 décembre 1999 s'élevait à 54 617 525
FCFA pour un volume de crédits situé à 143 696 075 FCFA.
En ce qui concerne le volet formation, le projet a organisé 42 formations qui peuvent être
regroupées dans les grandes catégories suivantes : les formations techniques, les formations
liées à la gestion, et les formations spécifiques (alphabétisation, leadership, etc.)
Le volet base d'appui vise la construction de centres d'activités destinés à l'usage aussi bien
des artisanes et artisans en général qu'à celui des artisanes de l'agroalimentaire. Mais, ces
dernières, préfèrent travailler chez elles que dans les six bases d'appui construites à cet effet.
III Les principales caractéristiques de l'artisanat agroalimentaire au
Bénin
3-1: La création d'emploi
L'analyse ci dessus révèle une prise en compte tardive et incomplète de l'artisanat
agroalimentaire par les autorités publiques comme stratégie et instrument de développement.
L'une des difficultés du secteur est la quasi inexistence d'informations fiables capables de
renseigner sur son importance dans le tissu économique béninois.
Encadré n° 3 : Les bases d’appui aux artisans
Ce sont des centres d'activités destinés aux artisans et artisanes. Ils ont pour objectifs de fournir à ces derniers
des infrastructures qu'ils ne peuvent acquérir individuellement. Ils sont souvent constitués de salles de réunion
et d'ateliers de transformation. A ce jour, 6 bases d'appuis ont été construits par le ministère de l'artisanat dont
3 à Cotonou et les autres à Abomey, Porto-novo et Bohicon. Destinés aux artisans de manière générale, ils ne
sont pas souvent utilisés par les artisans du secteur agroalimentaire compte tenu du caractère spécifique et
sensible de leur activité (nécessité de respecter une certaine hygiène). C'est pourquoi, le Ministère de
l'industrie à décider depuis 2002 de l'installation dans 16 localités des bases d'appui spécifiques à la
transformation agroalimentaire.
Les principaux produits visés sont le manioc, le beurre de karité, l'huile de palme et l'huile d'arachide. Pour le
moment, deux localité sont retenues (Ouesse et Kétou) pour une phase pilote notamment en ce qui concerne la
transformation du manioc.
-
Malgré ces limites, le secteur artisanal possède un poids démographique assez important. Il
emploie 370 745 individus (y compris les apprentis et autres salariés) parmi lesquels 35,7% se
consacrent à la production de biens alimentaires (Pio 2002)9. L’artisanat alimentaire apparaît
ainsi comme la plus importante des 11 branches recensées par le code de l’artisanat.
Toutefois, son importance dépend des régions. Le tableau suivant présente la répartition des
emplois dans le secteur de l’artisanat agroalimentaire selon les différentes régions du pays. On
y constate que les plus fortes contributions proviennent des départements du sud qui abritent
les plus grandes villes du pays. Ce qui témoigne du caractère essentiellement urbain et péri-
urbain des activités de ce secteur, même si le volet transformation de certains produits de
base demeure l’apanage des zones rurales.
Tableau 5 : Répartition des artisans du secteur alimentaire par département (2002)
Départements Effectifs (artisanat
agroalimentaire)
Effectifs
artisans
Pourcentage
Alibori Ŕ Borgou 12 215 30 724 39,8
Mono Ŕ Couffo 15 879 34 377 46,2
Atacora Ŕ Donga 6 931 16 645 41,6
Zou Ŕ Collines 15 919 54 218 29,4
Ouémé Ŕ Plateau 27 532 86 619 31,8
Atlantique Ŕ Littoral 54 050 148 177 36,5
Total 132 526 370 760 35,7
Source : Calculs à partir des données fournies par Pio (2002)
3-2 L’organisation socio-institutionnelle
Malgré son poids démographique important, le secteur de l’artisanat en particulier apparaît
comme l’un des secteurs les moins structurés du pays. Les entreprises agroalimentaires du
secteur sont généralement des micro entreprises unipersonnelles qui utilisent des outils
rudimentaires. Le coût moyen des équipements (41995 FCFA en 1996) donne une idée des
procédés de transformation utilisés.
Les différentes catégories de main d’œuvre utilisée sont les associés, les salariés (permanents
et occasionnels), les aides familiaux et les apprentis. Il n’existe pas de chiffres absolus sur la
répartition par catégorie. Toutefois, une enquête de l’INSAE a montré, en 1996, que le statut
9 Pio (2002) a effectué, pour le compte de la Direction de l’Artisanat, à partir des résultats du recensement
général de la population de 1992 et d’enquêtes de terrain, une estimation de l’effectif des artisans et artisanes (y
compris les apprentis) au Bénin. Ces résultats présentés par métiers et corps de métiers constituent aujourd’hui
les seules données exhaustives qui existent sur le sujet.
-
d’associé est le plus fréquent (67,8% des unités interviewés), compte tenu de la tendance des
acteurs à se mettre en association. La même enquête confirme les études PEESI10
en dévoilant
le caractère féminin de ce secteur (87,9%). En effet, ces activités sont perçues comme une
projection marchande des tâches domestiques et quotidiennes des femmes, qui de ce fait font
face à de fortes contraintes professionnelles, familiales et sociales. Seulement, ces dernières
années, avec la crise économique et surtout l’introduction de technologies nouvelles, les
femmes se font remplacer par les hommes, notamment pour des taches qui nécessitent
d’intenses efforts physiques.
Cette innovation n’a pas modifié le niveau d’instruction des acteurs qui fait du secteur un
refuge pour les déscolarisés. Face à ces difficultés, et sous la houlette de certaines ONG, les
acteurs du secteur ont pris l’habitude de se constituer depuis quelques années en associations
et en groupements. Selon la nature de leurs activités, ces organisations se répartissent en deux
catégories à savoir les organisations professionnelles et les groupements mutualistes
d’épargne et de crédit.
Les organisations professionnelles
Elles sont de deux types et regroupent :
- les organisations à fonctions économiques
Ces organisations fonctionnent comme de petites unités de production gérées par un comité
avec parfois le soutien des partenaires extérieurs. Ce sont essentiellement les groupements de
femmes, les groupements de producteurs, et les groupements à vocation coopérative.
- Les organisations faîtières
Jusque là, il n’existe pas d’associations faîtières s’occupant spécifiquement du sous secteur
agroalimentaire. Les artisans de la branche alimentation défendent leur intérêt à travers
certaines associations regroupant les autres acteurs du secteur. Ce sont principalement la
Fédération Nationale des artisans du Bénin (FENAB) et la Fédération des Coopératives de
Production Artisanale, Industrielle et de Service (FECOPAS).
10
Programme d'Etudes et d'Enquêtes sur le secteur informel (BEN/87/023). Le recensement national des
établissements économiques urbains du Bénin effectué dans le cadre de ce programme a montré que 68% des
activités économiques sont menées par les femmes. Elles évoluent dans des activités précaires qui présentent une
très grande vulnérabilité.
-
Créée en 1993, la FENAB est la structure faîtière la plus importante compte tenu de son
effectif, de sa représentativité et de son implantation sur toute l’étendue du territoire. Elle
comprend au 31 décembre 2003, 844 associations dont 35 du sous secteur agroalimentation
(voir annexe).
-les structures d’appuis, d’épargne et de crédit
Ce sont essentiellement les ONG, les mutuelles d’épargne et les institutions de micro finance.
- Les organisations non gouvernementales (ONG)
Elles sont nombreuses aujourd’hui sur toute l’étendue du territoire. Leurs actions se limitent
souvent à l’octroi de micro crédits, et à la formation et l’organisation des artisans. Toutefois,
certaines ONG possèdent des unités de transformation. Les efforts de certaines ONG dans ce
cadre seront retracés dans le chapitre suivant en rapport avec leurs actions dans la promotion
des filières porteuses.
- Les mutuelles d’épargne et de crédit
Ces structures émanent des ONG, de certaines organisations étatiques et concernent presque
toutes les branches d’activités du secteur de l’artisanat. Toutefois, dans le sous secteur
alimentation, il convient de souligner les efforts du projet « Promotion de l’emploi pour les
femmes dans l’artisanat alimentaire au Bénin » (PEFAB) qui a mis sur pieds 87 groupements
mutualistes d’épargne et de crédit opérant dans les localités de Cotonou, Bohicon, Allada et
Abomey. A cette initiative, s’ajoutent celles de la FENAB qui a suscité la création d’une
trentaine de groupements opérant sur toute l’étendue du territoire.
- Les institutions classiques de micro finance
Initiées vers la fin des années 1980 pour pallier les difficultés du système financier moderne,
ces institutions constituent aujourd’hui un véritable outil de développement. Leur vocation est
d’offrir des crédits de proximité à tous les agents financiers qui n’ont pas accès au système
financier moderne. A ce titre, elles sont présentes dans toutes les localités et constituent l’outil
de financement privilégié de la micro entreprise. Les principales institutions actives sur le
territoire national sont le réseau FECECAM, le PADME, le PAPME
-
3-3 La typologie des activités
Considéré comme une réponse endogène des populations à leur difficulté de survie, les
activités de l’artisanat agroalimentaire sont nombreuses et diversifiées. Elles tournent souvent
autour de certains produits clés. Elles concernent aussi bien la fabrication de biens de
consommation finale pour les ménages que la conservation des produits agricoles. Dans la
pratique, il est difficile de faire une typologie des principales activités du secteur. Plusieurs
classifications existent compte tenu des objectifs de l’analyse. Certaines analyses privilégient
les filières (Tuillier, Hounhuigan et Devautour 1991, Egounlety 1997) alors que d’autres
mettent l’accent sur le procédé.
L’analyse en terme de filière présente l’avantage de considérer les activités agroalimentaires
comme un débouché pour la production agricole. A cet effet, Hounhuingan et al (1992) ont
dénombré plus d’une centaine de produits issus de la transformation traditionnelle des biens
agricoles et qui servent dans l’alimentation des béninois. Mais ces produits n’ont pas la même
importance tant économique que sociologique. Mieux, leur fabrication a donné naissance à
plusieurs activités intermédiaires qui sont souvent liées à plusieurs filières.
Dans ce sillage, la direction de l’artisanat a recensé une trentaine de métiers (voir annexes)
liés à ce secteur que nous avons regroupé en 11 groupes afin de tenir compte aussi bien des
produits que des méthodes de transformations.
-
Tableau 6 : Répartition des artisans selon les principales branches d’activités (en 2002)
Activité principale Effectifs Pourcentage
Abattage et transformation de viande poisson et crustacés
(Ferrailleurs, Bouches et charcutiers) 4924 3,7
Abattage et transformation de viande poisson et crustacés
(fumages, grillages, etc.). 5234 4,0
Fabrication de sirop, conserve, jus de fruits ou de légumes 1047 0,8
fabricant de moutarde 6052 4,6
Sécheurs de fruits de légumes 562 0,4
Fabricants d'huile (arachide, palme, noix palmiste, coco,
coton, etc.) 31850 24,1
Fabricants de beurre de karité 4101 3,1
Broyeurs et décortiqueurs de grains 18286 13,9
Fabricants de couscous traditionnel 1951 1,5
Fabricants de pâtes alimentaires et produits à la base de
farine 797 0,6
Fabricants de gari et tapioca 20356 15,4
Fabricants de cossette de manioc et d'igname, autres produits
à base 3414 2,6
Boulangers et pâtissiers 2014 1,5
Fabricants de pâtes et beignets de niébé 1840 1,4
Fabricants de croquettes 515 0,4
Fabricants d'autres galettes et beignets alimentaires 1122 0,9
Fabricants de sel lacustre 538 0,4
Fabricants de friandises à base d'arachides 897 0,7
Apiculteurs 2282 1,7
Fabricants d'autres produits de confiserie 3238 2,5
Fabricants de sodabi 11660 8,8
Fabricants de boissons alcoolisées à base de céréales, de
tubercules et de fruits 4026 3,1
Restaurateurs, Gargotiers 5232 4,0
Total 131938 100,0
Source: Les auteurs à partir des statistiques de Pio (2002)
Le tableau n°6 présente la répartition des artisans agroalimentaires selon leur activité
principale. Il permet de constater que les principales activités de ce secteur sont, la production
d'huile (27,3% des actifs) la fabrication du gari et autres produits dérivés du manioc (20,3%)
le broyage des grains (14%), la fabrication de boisson et la transformation de viande et
poisson.
3-4 Contribution à la valeur ajoutée nationale
Compte tenu de son poids démographique, on peut présager de l'importance économique de
l'artisanat agroalimentaire au Bénin. Mais, les informations chiffrées sont pratiquement
-
inexistantes. La plupart des travaux mettent l'accent sur le nombre d'individus qu'il touche et
le dynamisme des activités du secteur. Toutefois, les comptes nationaux procèdent depuis
quelques années à une estimation de la production de ce secteur. Le tableau suivant présente
leur résultat selon les différentes branches de leur nomenclature.
Tableau 7 : Valeur ajoutée des principales branches d’activités selon la nomenclature
SCN (en millions)
1999 2000 2001 2002 2003
Produits du travail des
grains
22347,6 26182,9 29599,2 32621,3 33469,4
Abattage et fumage 5912,2 6196,3 7143,7 7608,2 8547,8
Fabrication d'huile 12704,1 12193,7 12798,2 13789,4 15049,7
Boissons 6501,9 6860,5 7398,4 8030,5 8618,5
Tabacs cigarettes 159,8 171,1 183,2 197,9 222,4
Autres industries
alimentaires
14654,4 16143,3 15881,1 16222,3 14546,7
Hôtels bars restaurants 8579,3 9152,4 9895,6 10552,3 11476,2
Contribution au Pib 4,6% 4,6% 4,5% 4,5% 4,3%
Source : INSAE, Comptes nationaux
Globalement, l'artisanat agroalimentaire contribue en moyenne pour 4,5% à la formation du
PIB de la période 1999-2003 soit 82 322,3 millions de FCFA. Une analyse par type d'activité
permet de constater que les branches les plus importantes sont en moyenne le travail de grains
(34,9% de la production du sous secteur), la fabrication d'huile (16,2%), les services de
restauration (12,1%) et la fabrication de boisson (9,1%). Ces informations, quoique agrégées,
confirment les résultats obtenus à partir des données démographiques. C'est pourquoi, la suite
du travail est consacrée à l'analyse des principales filières afin d'en apprécier les perspectives.
3-5 Place et importance des produits artisanaux dans la consommation.
La forte croissance démographique urbaine décrite dans la première section a introduit des
modifications dans l'organisation et la préparation des repas. Ces modifications tendent à
raffermir de nos jours le rôle et la place des produits de l'artisanat agroalimentaire dans la
consommation des béninois.
-
La première modification concerne la prise des repas à domicile. Traditionnellement, la
journée alimentaire s'organise autour des trois principaux moments de consommation que sont
le matin, le midi et le soir. Mais, la contrainte des activités de la ville oblige de plus en plus
les individus à ne plus consommer leur repas à domicile. Il n'existe pas de données récentes
sur la question. Les seules données qui existent sont issues des enquêtes Budget
consommation de 1986 (voir tableau suivant) qui montrent qu'environ 30% des rationnaires
ne mangent pas à domicile sur la moyenne des trois repas. Une analyse plus fine met en
exergue des différences selon le type de repas.
Tableau 8 : Répartition des rationnaires selon leur participation au repas au Bénin
N'a pas
mangé
A mangé à
domicile
A mangé à
l'extérieur
Autres Total
Matin 24,2 55,2 15,9 4,7 100
Midi 11,9 70,6 12,1 5,4 100
Soir 6,9 85,9 3 4,2 100
Moyenne des 3
repas 14,3 70,5 10,3 4,9 100
Source: Enquête Budget consommation, volume 5 nutrition, INSAE (1992)
Ainsi, les repas du matin sont ceux qui mobilisent le moins de monde. Ce qui explique la
floraison de vendeuses ambulantes qui servent des produits allant des pâtes et des bouillies à
base de céréales à des préparations à base de légumineuses, de tubercule, de conserves et de
boissons. Si l’enquête est reprise en 2004, on aurait certainement assisté à un changement
significatif en ce qui concerne le repas du midi, que de beaucoup de citadins prennent
désormais à l’extérieur.
La deuxième modification concerne la nature des aliments utilisés dans la préparation
culinaire. Le premier passage de l'enquête budget consommation a permis de montrer que sur
les sept jours qu'a duré l'enquête, les ménages ont préparé à domicile "1,85 plat par jour
complété par des plats préparés ou de produits supplémentaires, achetés pour les trois quarts
d'entre eux à raison de 3,65 produits par jour".
Ces résultats mettent en évidence l'importance des préparations alimentaires marchandes dans
la consommation des ménages béninois et illustre la relative importance de la part des
-
produits artisanaux dans les dépenses alimentaires des ménages visible dans le tableau
suivant.
Tableau 9 : Part des produits artisanaux et industriels dans la consommation urbaine au
Bénin
Produits
bruts
Produits transformés
P art P indus P semi Total