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Simina Cibu Chronologie et formulaire dans les inscriptions religieuses de Narbonnaise et des provinces alpines (Alpes Graies et Poenines, Cottiennes et Maritimes) In: Revue archéologique de Narbonnaise, Tome 36, 2003. pp. 335-360. Résumé Après la mise en relief des problèmes méthodologiques que soulève la recherche de nouveaux critères de datation, l'examen, en Narbonnaise et dans les provinces alpines occidentales, des formules analysées par M. -Th. Raepset-Charlier dans les Trois Gaules et les deux Germanies permet de dégager les indices utilisables dans les provinces méridionales et contribue à la mise en lumière d'évolutions dans la diffusion des formulaires. Si des présomptions de datation peuvent découler des observations attachées au formulaire, leur confirmation par d'autres indices demeure bien utile. Abstract After the showing of methodoligal problems arisen by the search of new dating criterions , the examination in Gallia Narbonensis and in Western Alpine provinces of formulas analysed by M.-Th. Raepset-Charlier in the Tres Galliae and the Germaniae allows us to bring out indices which can be used in the South provinces and contribute to enlighten the evolution of formula spreading. If assumptions of dating may follow from observations linked to formulas, their confirmation by other indications is still usefull. Citer ce document / Cite this document : Cibu Simina. Chronologie et formulaire dans les inscriptions religieuses de Narbonnaise et des provinces alpines (Alpes Graies et Poenines, Cottiennes et Maritimes). In: Revue archéologique de Narbonnaise, Tome 36, 2003. pp. 335-360. doi : 10.3406/ran.2003.1129 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ran_0557-7705_2003_num_36_1_1129

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Latin inscriptions Gallia Narbonensis

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Simina Cibu

Chronologie et formulaire dans les inscriptions religieuses deNarbonnaise et des provinces alpines (Alpes Graies etPoenines, Cottiennes et Maritimes)In: Revue archéologique de Narbonnaise, Tome 36, 2003. pp. 335-360.

RésuméAprès la mise en relief des problèmes méthodologiques que soulève la recherche de nouveaux critères de datation, l'examen, enNarbonnaise et dans les provinces alpines occidentales, des formules analysées par M. -Th. Raepset-Charlier dans les TroisGaules et les deux Germanies permet de dégager les indices utilisables dans les provinces méridionales et contribue à la miseen lumière d'évolutions dans la diffusion des formulaires. Si des présomptions de datation peuvent découler des observationsattachées au formulaire, leur confirmation par d'autres indices demeure bien utile.

AbstractAfter the showing of methodoligal problems arisen by the search of new dating criterions , the examination in Gallia Narbonensisand in Western Alpine provinces of formulas analysed by M.-Th. Raepset-Charlier in the Tres Galliae and the Germaniae allowsus to bring out indices which can be used in the South provinces and contribute to enlighten the evolution of formula spreading. Ifassumptions of dating may follow from observations linked to formulas, their confirmation by other indications is still usefull.

Citer ce document / Cite this document :

Cibu Simina. Chronologie et formulaire dans les inscriptions religieuses de Narbonnaise et des provinces alpines (Alpes Graieset Poenines, Cottiennes et Maritimes). In: Revue archéologique de Narbonnaise, Tome 36, 2003. pp. 335-360.

doi : 10.3406/ran.2003.1129

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Chronologie et formulaire

dans les inscriptions religieuses

de Narbonnaise et des provinces alpines

(Alpes Graies et Poenines, Cottiennes et Maritimes)

Simina CIBU *

Résumé : Après la mise en relief des problèmes méthodologiques que soulève la recherche de nouveaux critères de datation, l'examen, en Narbonnaise et dans les provinces alpines occidentales, des formules analysées par M. -Th. Raepset-Charlier dans les Trois Gaules et les deux Germanies permet de dégager les indices utilisables dans les provinces méridionales et contribue à la mise en lumière d'évolutions dans la diffusion des formulaires. Si des présomptions de datation peuvent découler des observations attachées au formulaire, leur confirmation par d'autres indices demeure bien utile.

Mots-clés : Narbonnaise, provinces alpines, Empire romain, inscriptions religieuses, dédicaces, formulaire, religion, chronologie. Abstract : After the showing of methodoligal problems arisen by the search of new dating criterions , the examination in Gallia Narbonensis and

in Western Alpine provinces of formulas analysed by M.-Th. Raepset-Charlier in the Très Galliae and the Germaniae allows us to bring out indices which can be used in the South provinces and contribute to enlighten the evolution of formula spreading. If assumptions of dating may follow from observations linked to formulas, their confirmation by other indications is still usefull.

Keywords : Gallia Narbonensis, Alpine provinces, dedications, formula, religion, chronology.

L'importance de la datation des dédicaces religieuses est à la mesure des difficultés de l'exercice. En 1898 R. Cagnat énumérait, dans son Cours d'épigraphie latine, les différentes façons d'indiquer la date dans les inscriptions religieuses: «par les noms des consuls de l'année, [. . .] par le chiffre de la puissance tribunice des empereurs et de leur salutation impériale, [...] par l'année de règne de certains rois, goths, burgondes ou francs, en Narbonnaise, vandales en Afrique [...], par certaines ères locales [...], par les noms des gouverneurs de la province [...], par l'année des magistrats de la municipalité à laquelle appartient le dédicant [...], par les noms des présidents ou dignitaires des collèges [et], par les noms des prêtres en fonction» (Cagnat 1898, 228-230). Hélas, de telles indications manquent le plus souvent et un grand nombre de dédicaces sont indatables de manière précise et

assurée. Plus d'un siècle après, B. Rémy constate qu'« ordinairement il est très difficile de dater les inscriptions consacrées aux divinités » (Rémy, Kayser 1999, 139).

M.-Th. Raepsaet-Charlier a accordé un intérêt tout particulier à cette question, en lui consacrant une série de travaux qui donnent une synthèse de la bibliographie antérieure et expérimentent une méthode statistique dans la recherche de nouveaux indices chronologiques : la datation des inscriptions latines dans les provinces occidentales de l'Empire Romain d'après les formules In h(ono- rem) d(omus) d(iuinae) et deo, deae, dans ANRW II, 3, 1975, pp. 233-284; à propos des premiers emplois datés de deo-deae dans les Trois Gaules et les Germanies, dans ZPE, 61, 1985, pp. 204-208; Dis deabusque sacrum. Formulaire votif et datation dans les Trois Gaules et les deux Germanies, Paris, de Boccard, 1993; Le formulaire

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des dédicaces religieuses de Germanie supérieure, dans W. Spickermann (éd.), Religion in den germanischen Provinzen Roms, Mohr Siebeck, 2001, p. 135-171. Si le premier de ces travaux concerne un grand nombre de provinces de l'occident romain, les suivants s'ancrent dans les trois Gaules et les deux Germanies, en creusant davantage l'examen du formulaire. En étudiant un grand nombre de dédicaces de cet espace (2339 inscriptions, dont 493 datées, soit 21, 07 %), l'auteur a tenté de dégager de nouveaux critères de datation, liés au formulaire votif ou dédicatoire (voir aussi Dondin-Payre, Raepsaet- Charlier 2001, X). Parallèlement, sont explorés et mis en évidence les différents "usages provinciaux et régionaux" (Raepsaet-Charlier 1993, 49-69).

D'envergure moindre - l'espace considéré étant plus restreint et le nombre de textes épigraphiques analysés, plus réduit (quatre cents quatre-vingt-onze) -, cette étude tente de conduire une recherche semblable dans les territoires de la Gaule Narbonnaise et des provinces romaines des Alpes occidentales. Il s'agit d'examiner les trajectoires dans le temps des expressions étudiées par M. -Th. Raepsaet-Charlier dans les Trois Gaules et les deux Germanies : in honorent domus diuinae, deo/deae, Augustus/-a, sanctus/-a, sacrum, pro salute, I(oui) O(ptimo) M(aximo) et Iunoni (Reginae), Matraef Matronae, Genio loci, Dis deabusque omnibus, Num. Aug. (sous ses différentes formes) et de la pratique faisant inscrire le nom de la divinité après celui du dédicant dans les textes. Pour chacune des formules énoncées (à l'exception de la pratique d'inscrire le théonyme après le nom du dédicant, qui n'a pas un correspondant dans les travaux de M. -Th. Raepsaet-Charlier), la comparaison des résultats avec ceux des Trois Gaules et des Germanies ne doit pas négliger les différences d'approche et quantitatives, puis les dissemblances dues aux particularités régionales '. L'identification d'éventuelles spécificités "narbonnaises" ou "alpines" est autant visée que l'étude des concordances qui renforceraient, en leur donnant une assise élargie, les conclusions de M. -Th. Raepsaet-Charlier.

Une première partie, qui aborde les questions méthodologiques, précède l'analyse, en Narbonnaise et dans les provinces alpines, de chacune des formulations qui n'ont pas abouti à des critères de datation dans les Trois Gaules et les deux Germanies, puis celle des expressions qui, dans ces provinces septentrionales, ont été identifiées comme des marqueurs chronologiques. La pratique qui faisait indiquer le nom de la divinité après celui du dédicant sera traitée séparément, n'ayant pas été étudiée dans ces provinces.

1. De la méthode

Les problèmes méthodologiques soulevés par une telle approche ne sont pas minces. Par conséquent, la pertinence des conclusions issues de l'analyse chronologique des formules énumérées dépend étroitement d'une mise en place méthodologique qui fasse la lumière sur des choix nécessaires, quoique parfois discutables.

1.1. Des mises en garde nécessaires

Une première question concerne l'éventail des formulations étudiées. La liste des formules intéressantes établie par M. -Th. Raepsaet-Charlier réunit des formulations spécifiques de noms divins (Matrae/Matronae, IOM et Iuno Regina, Genius loci), des épithètes et termes de la désignation des divinités (deus/dea, AugustusAa, sanctus/- a) et des expressions qui ont rapport avec l'acte cultuel rapporté (pro salute, sacrum). Ici, l'étude de ces mêmes formules se justifie par la nécessité de circonscrire le travail, d'une part; et par la volonté de procurer les termes d'une possible confrontation des résultats avec ceux obtenus dans les Trois Gaules et les deux Germanies, d'autre part. Le choix d'analyser aussi la pratique d'inscrire le nom divin après celui du dédicant est né de la volonté de rechercher les fondements d'un critère parfois utilisé dans la datation des inscriptions religieuses de la Narbonnaise. Il montre que d'autres études sont possibles et que la liste n'est pas close (on pourrait par exemple considérer au même titre l'absence de toute "formule", ou des expressions comme ex iussu, ex monitu, ex imperio).

Une autre question peut être posée relativement au maniement des données chiffrées. Sur un total d'inscriptions attestant une formule donnée, quel est le pourcentage de textes datés nécessaire à l'établissement d'un critère de datation? 100 % serait la réponse idéale. En Narbonnaise et dans les provinces alpines en moyenne 15,5 % des textes sont datés et la proportion maximum de textes datés pour une formule donnée est de 50 % (pour les dédicaces pro salute). En tenant compte du nombre relativement réduit d'inscriptions du corpus narbonnais et alpin (toutes formules confondues) et de la faible quantité de textes datés, le propos doit être nuancé et des réserves doivent entourer les indices non suffisamment fondés.

Par ailleurs, au pourcentage des textes datés attestant la présence d'une formule, on pourrait ajouter celui des textes datés qui ne la contiennent pas 2. En ce cas, l'absence de toute "formule", parmi celles étudiées ici, serait implicitement opposée chronologiquement aux formules

1 «Mettre en évidence des caractéristiques régionales, des variantes d'usage, des fréquences et des absences selon les provinces, mais aussi selon les ciuitates» (Raepsaet-Charlier 1993, 2) était un des objectifs de l'analyse des dédicaces des Trois Gaules et des deux Germanies.

2 L'absence est examinée dans les travaux de M. -Th. Raepsaet-Charlier pour chacune des formules étudiées.

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qui sont définies comme critère, sur le fondement d'un argument a silentio. C'est pourquoi nous retiendrons les résultats des attestations positives des expressions, sans les appuyer par ceux de leurs absences.

Une autre question méthodologique est celle de l'étude statistique de données qui dépendent malgré tout du célèbre "hasard des découvertes". Pour qu'un critère soit scientifiquement fondé, les constats chronologiques auxquels l'observation des inscriptions donne lieu devraient trouver leurs explications historiques, qui lui permetrait de résister à toute nouvelle découverte. Souvent, la raison historique des comportements épigra- phiques nous échappe. Par conséquent, si l'intérêt de l'observation reste entier dans la formulation des questions, la plus grande prudence s'impose dans l'utilisation des données issues d'elle seule.

1.2. L'enquête

Les inscriptions de la Narbonnaise ont été recensées sur un territoire inscrit dans les limites fixées par le volume XII du CIL ; celles des provinces alpines diffèrent quelque peu des confins admis dans les corpora épigra- phiques V et XII: l'appartenance des versants est méridionaux de la chaîne alpine (vallées des Stura) à l'Italie et non aux Alpes Maritimes s'est imposée grâce à des travaux plus récents 3.

Du point de vue bibliographique, le repérage des textes a eu comme point de départ les volumes V et XII du CIL. Puis, pour la Narbonnaise, le recueil d'É. Espérandieu, Inscriptions Latines de la Gaule Narbonnaise, suivi des publications annuelles de Y Année Epigraphique. Les récents corpora des Inscriptions Latines de Narbonnaise (ILN) et des Inscriptions Latines des Alpes ont été dépouillés (ILNAix; ILN Antibes, Riez, Digne; ILNApt; ILNFréjus ; ILNVienne ; ILAlpes Graies). Pour les cités dont les recueils épigraphiques ne sont pas encore parus, les volumes de la Carte Archéologique de la Gaule (CAG 04, 05, 07, 13/1-2, 30/2-3, 38/1, 73, 74) et d'autres ouvrages et périodiques ayant publié des inscriptions (ILHS; ILVA; Aberson 2001 ; Walser 1979-1980; 1984) ont été d'un grand secours. L'inventaire tend vers l'ex- haustivité, sans l'atteindre.

Sont répertoriées toutes les dédicaces qui contiennent de manière assurée une ou plusieurs des expressions énu- mérées ci-dessus (à l'exclusion des textes fragmentaires ou de restitution incertaine quant à la présence desdites expressions). Sont éliminés les cas où la formule intéressante a valeur générique ou fait partie du nom d'une divinité [Dis Pater, Dei Penates (AE 1988, 853), dei inferis (CIL XII, 659), dei propitii (CIL XII, 4336), Bona dea (CIL XII, 654), D(ea) M(agna) 4 Mater deum...] et les dédicaces aux empereurs qui ne recèlent aucune formule dédicatoire 5. Sont écartées aussi les inscriptions où le nom de l'empereur apparaît au nominatif (actes comme - moratifs de l'activité édilitaire ou évergétique attribuée à l'empereur ou aux membres de sa famille) et celles où Augustus, au génitif, indique l'Auguste et non une épi- thète de la divinité honorée (Lares Augusti, Mercurio Aug(usti) n(ostri)... (CIL XII, 2595; CIL XII, 2927 = CAG 30/3, p. 463). Dans l'analyse de la pratique d'indiquer le nom de la divinité après celui du dédicant sont exclues les inscriptions où le théonyme est au génitif, précédé de l'indication d'un objet qui lui est consacré (ara Mercuri) et celles qui ne mentionnent pas de dédicant (ILGN 78 ; CAG 13/2, p. 379).

C. F. Capello publiait en 1941 (Capello 1941, 96-137) les textes fragmentaires d'environ deux cents cinquante sept graffites sur gobelets et vases en terre cuite, découverts à Oulx, près du col du Montgenèvre, sur le territoire de la province romaine des Alpes Cottiennes. Parmi ces graffites, dont la majeure partie est aujourd'hui perdue, certains emploient la désignation deus avant le nom de la divinité, Apollon ou Albiorix. En se fondant sur des trouvailles monétaires éparses, la publication a daté l'utilisation du site entre le Ier siècle av. J.-C. et le IVe siècle ap. J.-C. Étant donnée l'extrême fragmentation des pièces, qui interdit la reconstitution de textes complets des graffites et la datation très incertaine de l'activité du site 6 sont considérés seulement les plus "lisibles" de ces graffites, qui sont inscrits dans le corpus des attestations non datées de la désignation deus/dea.

1.3. Les critères de datation

Les critères de datation retenus sont externes : les noms des consuls ordinaires ou ceux des magistrats locaux ; la

3 G. Mennella, Regio IX. Pedona, Supplements Italiae, nouvelle série, 13. pp. 293-328 ; Cresci-Marrone, Filippi 1998, 369-398. Les derniers numéros de l'Année Epigraphique ont adopté ces modifications de la limite entre les Alpes Maritimes et la Narbonnaise.

4 CIL XII, 1569 : l'abréviation D M se réfère vraisemblablement à Cybèle et peut être restituée D(eorum) M(atri) ou D(eae) M(agnae). Dans ce dernier cas, deae est partie intégrante du nom de Cybèle et il ne nous a pas paru opportun de le considérer au même titre que les emplois de deus/dea qui s'ajoutent aux noms des divinités. Nous ne pensons pas être ici dans un cas similaire à celui des inscriptions de Cologne : Deae Math (deum ?) et de Marner, chez les Trévires : De(a)e Math d(eum), sauf à considérer une résolution D(eae) M(ath deum) très peu probable. Pour les références de ces textes voir Raepsaet-Charlier 1993, 15.

5 Ces inscriptions, relativement nombreuses, n'apportent pas d'enseignement quant à l'évolution du formulaire, même si elles sont précisément datées par la titulature des empereurs dédicataires.

6 Si les monnaies sont un indice de fréquentation, elles n'établissent pas nécessairement la chronologie de l'activité du site.

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titulature impériale; l'événement daté de l'histoire de l'empire, de la province ou des cités 7 ; l'histoire militaire ; les carrières ou la durée de vie de dédicants connus par d'autres inscriptions 8 (des épitaphes notamment: Raepsaet-Charlier 2002, 221-227). Des critères onomas- tiques, seul l'abandon - au plus tard à la fin de l'époque julio-claudienne - des duo nomina composés d'un prénom et d'un gentilice (duo nomina première manière) est retenu (Salomies 1987, 390-428). O. Salomies a montré que l'usage d'indiquer dans les inscriptions des duo nomina composés d'un gentilice et d'un surnom (duo nomina deuxième manière), répandu au IIe siècle, connaît dès le Ier siècle des attestations, dans la pratique courante (Salomies 1987, 390-406). Si elle donne une présomption pour une datation à partir du IIe siècle des inscriptions qui l'attestent, cette pratique onomastique n'est pas un indice suffisamment sûr pour être adopté ici aux côtés des critères externes énumérés. Les indices paléographiques (forme des lettres, présence ou absence de ligatures ou de la compénétration des lettres 9) et les considérations relatives à la qualité de la gravure ne sauraient fonder seuls une datation assurée. Il en est de même pour les arguments relatifs à la langue des inscriptions. Une enquête de J. Gascou dans le CIL XII montre que, contrairement à ce qu'on a pu affirmer, la représentation du E par une double haste // n'est pas un indice fiable de datation haute (Gascou 1992, 135 et note 4) ; de même, la réduction de la diphtongue AE à la voyelle ouverte E, traduit une évolution de la langue populaire et «n'est assurément pas un critère qui permette de déterminer que l'on a affaire à une inscription datant au plus tôt de la fin du principat» (Gascou 1989, 13-14). Afin d'éviter une réflexion circulaire, parmi les critères liés au formulaire religieux issus de l'étude des inscriptions des Trois Gaules et des deux Germanies 10, aucun n'est retenu.

Au-delà de la recherche de nouveaux critères de datation, dont l'intérêt n'est pas à argumenter, la mise en lumière des "dates extrêmes" des attestations épigra-

phiques des formulaires votifs et dédicatoires et de leurs éventuelles évolutions en Narbonnaise et dans les provinces alpines peut participer à la progression de notre connaissance de l'histoire de la religion dans cet espace mais aussi à étayer des restitutions pour des textes fragmentaires, comme l'a déjà souligné M. -Th. Raepsaet- Charlier.

Cet examen pourrait également contribuer à éviter certaines erreurs de datation issues de l'application non suffisamment prudente à des inscriptions narbonnaises et alpines de critères établis dans des contextes géographiques, historiques et épigraphiques différents. Dans ce registre, la réunion de la Narbonnaise et des provinces alpines est purement technique. L'une fut organisée en province par Pompée ' ' tandis que les autres sont restées indépendantes jusqu'à l'aube de notre ère et ne devinrent provinces impériales procuratoriennes qu'au temps de Claude ou Néron. Une centaine d'années d'histoire différente ont créé des contextes de vie cultuelle dissemblables qui n'ont certainement pas manqué de marquer la pratique épigraphique.

2. Les formules n'ayant pas constitué un critère de datation dans les Trois Gaules et les deux Germanies

2.1. Des expressions qui ont rapport avec l'acte cultuel rapporté

Pro salute En Narbonnaise et dans les provinces romaines des

Alpes occidentales trente-trois (ou trente-quatre l2) inscriptions contiennent l'expression pro salute. Parmi celles-ci, trente (ou trente-une l3) se réfèrent explicitement à un acte cultuel : une consécration pour le salut de Néron, à Aix-en-Provence (ILNAix, 22) ; la consignation de sacrifices (tauroboles et/ou crioboles) consommés pour la sauvegarde d'empereurs et membres de leurs familles à Narbonne (CIL XII, 4323), Caveirac (ILGN 518), Tain (CIL XII, 1782), Valence (CIL XII, 1745), Die (CIL XII,

7 Cf. A. Chastagnol, L'onomastique de type pérégrin dans les cités de la Gaule Narbonnaise, dans Chastagnol 1995, 51-71 (notamment p. 61-62) le passage du statut de cité de droit latin à celui de colonie romaine est daté dans les cités suivantes : Vienne (entre 35 et 48 ap. J.-C), les Tricastins (dans la première partie du règne de Vespasien, avant 77) et Avignon (sous Hadrien). Dans ces cités, la dénomination de type pérégrin dans les inscriptions implique - lorsqu'il s'agit de personnages originaires de la cité - une datation du texte antérieure au passage de la cité au statut de colonie romaine. Néanmoins, le plus souvent le statut de cityens de la colonie n'est pas indiqué. Par ailleurs, des peregrins habitaient également dans les colonies, en tant qu' incolae par exemple; comme le souligne M. -Th. Raepsaet-Charlier, ces remarques incitent à la plus grande prudence dans l'utilisation de ce type de datation.

8 Les habitants de la cité de Vienne ont été l'objet de plusieurs études qui nous ont beaucoup aidée dans la recherche d'attestations multiples de personnages ayant "signé" des dédicaces religieuses (Rémy 1998, 77-120; 2000, 413-457, n° 3-4; 2001a, 55-174 et 2001b, 83-126).

9 La plus grande prudence s'impose dans la généralisation de conclusions issues d'études de cas. Selon A. Audin et Y. Burnand (1959, 320-352), le procédé consistant à insérer une petite lettre à l'intérieur d'une autre, plus grande serait caractéristique de l'époque julio-claudienne. L'étude des deux auteurs, souvent citée à l'appui d'hypothèses de datation, était fondée sur l'analyse des épitaphes lyonnaises et on ne saurait étendre la portée de leurs conclusions au-delà du support épigraphique qui les fonde (dans la cité de Vienne, l'inscription ILNVienne, n° 601, datée de 179 par les noms des consuls, emploie ce type de ligature; il en est de même pour le texte ILAlpes Graies, 18 daté du IIIe siècle...).

10 Indiqués dans le préambule de l'ouvrage dirigé par M. Dondin-Payre et M. -Th. Raepsaet-Charlier, 2001. 1 1 Le premier gouverneur attesté en Narbonnaise, l'est en 74-72 av. J.-C.

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1567 ; 1568 ; 1569 ; ILGN 231), près de Vaison (CIL XII, 1311) et Aix-les-Bains 14; des vœux à Antibes (ILNAnti- bes, 72), Saint-Rémy (AE 1999, 1022), Narbonne (CIL XII, 4334), Nîmes (ILGN 409), Brison-Saint-Innocent (CIL XII, 2446 = ILNV 693), Genève (CIL XII, 2587 = ILNV, 821 ; CIL XII, 2597 = ILNV, 838), Grésy-sur- Isère (AE 1936 = ILNV 527), Passy (CIL XII, 2350 = ILNV 548), Châteauneuf-Villevieille (CIL V, 7865 ;

7866) et au col du Grand-Saint-Bernard (Walser 1984, n° 3) ; des dédicaces sans caractère votif ou dont le caractère votif n'est pas certain à Agnin (CIL XII, 2183 = ILNV 320), Brison-Saint-Innocent (CIL XII, 2491 = ILNV, 704), Alex (AE 1934, 165 = ILNV, 743), Annecy (?) (CIL XII, 2531 = ILNV 756) et Aime (ILAlpes Graies, 2). Deux ins

criptions de la cité de Vienne, l'une provenant d'Aoste, l'autre de Gilly-sur-Isère, se font l'écho de dons offerts pro salute imp(eratoris) 15 et respectivement [pro salute et incolumjitate [et Vic] tor [ia imp(eratoris)] l6, sans mention d'aucune divinité, ni d'acte cultuel ou formule votive. L'évocation de l'empereur exprime vraisemblablement ici un acte de loyalisme, dont rien n'indique le caractère religieux 17. N'étant pas des dédicaces, ces textes ne peuvent servir d'appui dans l'étude de ces dernières. Il en est de même pour trois inscriptions indéterminées, en raison du mauvais état de conservation des monuments, une provenant d'Alba: pro salute imp(eratoris) 18, une de Vienne: pro salute Augustorum et V[ictoria] et reditu et statu ciui- tatis Vi[ennensium] 19 et la troisième d'Aimé, dans les Alpes Graies : [prjo [salute imp(eratoris) Ve]spa[siani] (ILAlpes Graies, 10, cf. ci-dessus, note 10).

À partir de 30 av. J.-C, quand un senatus consulte les institue aux côtés des vœux pro salute rei publicae (qu'ils ont tendance à occulter par la suite), les vœux pour la sauvegarde du prince régnant font partie des célébrations régulières du calendrier religieux romain. À Rome, à partir des années 23-26 ap. J.-C. (au plus tard après 41), des vœux réguliers pro salute imp(eratoris) sont célébrés annuellement le 1er (solutio des vœux de Tannées précédente) et le 3 janvier (prise de nouveaux vœux). Dans les camps militaires 20 et les cités des provinces 21, qu'ils soient réguliers (au début de chaque année, le 3 janvier 22 ou à l'avènement d'un nouvel empereur) ou extraordinaires (liés à des événements militaires, politiques ou de la santé de l'empereur ou de membres de sa famille), les vœux pro salute imp, scandent le calendrier des célébrations du culte public (Scheid 1990, 309-314). Les dédicaces, les sacrifices, les jeux ou les voeux offerts pour la sauvegarde du prince et de la maison impériale, par les autorités d'une cité (par ex. CIL XII, 1567), d'une province (par ex. CIL XII, 4323), d'un pagus (par ex. ILNAix, 22; ILNFréjus, 164), ou d'un uicus peuvent avoir été érigés à l'occasion de fêtes régulières du calendrier de la province ou de la cité, qui coïncidaient ou non avec celles du calendrier public romain. Mais ils pouvaient aussi être des actes cultuels qui concernaient uniquement la communauté en question (ex. la donnation aux uicani d' Aix- les-Bains d'un lucus avec son vignoble par les dix représentants des propriétaires aixois, pour la célébration de jeux (annuels?) pro salute imp: AE 1934, 165 = ILNV, 666)). Les vœux et dédicaces privées, collectives (AE

12 Si les restitutions suivantes étaient justes. ILAlpes Graies 10: [Pr]o [sal(ute) Imp(eratoris) ?] / [Ve]spa[siani ?] / [Ca]esar[is Aug(usti)] / ; ILNAntibes, 1 : Pro [salute ] / tauropo[lium ] / P(ublius) Gargilius Ho[ ] / sacerd(os) ordin[is ] / [ ]DE[ /.

13 L'inscription de Fréjus (ILNFréjus, 164) ne spécifie pas, comme celles d'Aoste (CIL XII, 2391 = ILNV 600) ou de Gilly-sur-Isère (CIL XII, 2343 = ILNV 536), les objets offerts et se rapproche par son texte d'une autre inscription de la cité d'Antibes (ILNAntibes, 72). En effet, il est vraisemblable qu'il s'agisse du même type de consécration et que sacrum puisse être sous-entendu dans le texte de Fréjus.

14 L'inscription AE 1934, 167 = ILNV 743 rappelle la donation d'un lucus cum sua uinea qui a occasionné la célébration de jeux pro salute imp Aug. La donation de l'autel par Zmertuccius Titianus, p(atronus) u(ici), renvoie à la célébration d'un sacrifice, dont il est permis de supposer qu'il fût, à l'instar des jeux, pro salute imp Aug.

15 CIL XII, 2391 = ILNV 600 : 1 . Pro salute Imp(eratoris) / Caes(aris) M(arci) Aur(eli) Anto/nini Aug(usti), tectum / porticus / cum suis columnis et / paenul(is) duabus et oper(e) tector(io), / Sex(tus) Vireius Sextus, decur(io), / d(e) s(ua) p(ecunia) d(edit), Pollione II et Apro II co(n)s(uli- bus). 2. Pro salute Imp(eratoris) / Caes(aris) M(arci) Aur(eli) An/tonini Aug(usti) / tectum pojrticus / cum s[uis co]lumnis et / paenuflis du] abus [et] / op [ere tectorjio / S[e]x(tus) [Vireius Sex]tu[s], dec(urio), / d(e) s(ua) p(ecunia) d(edit), Po[llione] II et Apro II co(n)s(ulibus). 3. [Pro sa]lute Imp(eratoris) / [Caes(aris) M(arci) ] Aur(eli) Anto/[ini Au]g(usti), tectum / [cum suis] column(is) / [et paenul(is) dujabus [ duabus j e<t> / [ope re tectori]o.

16 CIL XII, 2343 = ILNV 536: [Pro salute et incolumjitate [et Vic]tor[ia] / [Imp(eratoris) Caes(aris) M(arci) Aureli Comjmodi An[ton]ini Aug(usti), / [Pii, Sarm(atici), Germanici m]ax(imi), Br[i]tannici / [ ]um uii flum[inis / / [aquis deriujatis et tr[ansitu restituto] / ?

17 Nous remercions vivement B. Rémy d'avoir attiré notre attention sur ce type d'inscription pro salute, qui ne mentionnent pas une consécration ou dédicace par une cérémonie religieuse (sacrifice).

18 AE 1986, 476: /- - - prjo salute impie ratons) //- - -]FMA[- --]/[---] 1 9 CIL XII, 1 827 = ILNV, 44 : Pro salute Augustorum et V[ictoria] / et reditu et statu ciuitatis Vi[ennensium, ] / . 20 Voir le calendrier de Doura Europos. 21 Comme en témoigne la correspondance de Pline le Jeune. Lettres, 10, 35 ; 52: 100; 102. 22 Comme à Rome les collèges mineurs, les cités provinciales célébraient la solutio des vœux précédents et la mmeupatio des vœux pour la nou

velle année, le même jour, le 3 janvier, à partir de Tibère (Scheid 1998. 88).

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340 Simina CIBU

1999, 1022) ou individuelles, pro salute ou pro salute et reditu, pro salute et incolumitate et reditufelici (AE 1987, 757) de particuliers étaient prononcés en fonction des événements de la vie de chacun (qui ne sont pas mentionnés, le plus souvent) et nous conservons la trace de l'acquittement de certains d'entre eux : un père, pour le salut de son fils (CIL XII, 2350 = ILNV, 44) ; des esclaves ou affranchis, pour la sauvegarde de leurs (anciens) maîtres (ILNAntibes, 72; AE 1936, 112 = ILNV, 527; Walser 1984, n° 3); des civils (CIL XII, 403; CIL XII, 2446 = ILNV, 693 ; CIL XII, 2597 = ILNV, 838 ; ILAlpes Graies, 2) ou militaires (CIL XII, 2587 = ILNV, 821) pour leur sauvegarde ou celle de leurs proches. . . C'était probablement à titre privé, que Septimius Honoratus, procurateur des Augustes et des Césars s'est adressé à tous les dieux et déesses immortels, pour la sauvegarde de Septime Sévère, Caracalla, Géta et Iulia Domna, ses mandataires (CIL XII, 2491 = ILNV 704). De même, rien n'indique le caractère public des deux autels élevés aux dieux Abinius et ...orevaius par Q. Eniboudius Montanus, centurion de la IIIe légion Italica p(ro) s(alute) d(omus) diui- nae) (CIL V, 7865, 7866).

Manifestation d'attachement au régime, pro salute était une formulation très courante, que les provinciaux ont eu l'occasion d'entendre et de pratiquer, tout au long de la période impériale. On ne saurait donc s'étonner de sa fréquence dans l'épigraphie, ni en faire découler un indice chronologique.

Vingt-six textes proviennent de la Narbonnaise (des cités d'Antibes, Aix-en-Provence, Fréjus, Glanum, Marseille, Narbonne, Nîmes, Valence, Vienne et de la ciui- tas Vocontiorum) quatre des Alpes Graies, Maritimes et de la Vallée Poenine.

Quinze (soit 50 %) peuvent être datées et s'échelonnent entre le règne de Caligula et l'année 245, avec une densité particulière sous les Antonins et les Sévères (tableau I). Cette distribution chronologique exclut, de toute évidence, l'établissement d'un critère chronologique autour de ce type d'expression des actes cultuels. La proportion assez importante des textes datables peut et doit être mise en relation avec le pourcentage élevé (dix-huit occurrences, soit 60 %) des formulations pro salute imp(eratoris) (avec leurs variantes : pro salute d(omino- rum) n(ostrorum) imp(eratorum), pro salute Auggg, pro salute d(omus) d(iuinae)...) par rapport aux textes dédiés pro salute sua (et suorum) (trois occurrences - CIL XII,

403 ; CIL XII, 2446 = ILNV, 693 ; CIL XII, 2587 = ILNV, 821 -, soit 10 %) et pro salute suivi du nom au génitif d'un personnage ou d'un groupe récipiendaire non impérial (huit occurrences - ILNAntibes, 72; AE 1999, 1022; ILGN, 409; CIL XII, 2597 = ILNV, 838; AE 1936, 112 = ILNV, 527; CIL XII, 2350 = ILNV, 548; ILAlpes Graies, 2; Walser 1984, n° 3 -, soit 26,6 %).

Une seule inscription contenant pro salute sua est datée de l'année 201 par les noms des consuls ordinaires de l'année. Bien qu'il ne remette pas en cause l'hypothèse d'une apparition de cette "formule" sous Marc-Aurèle ou Commode, constatée dans les Trois Gaules et les Germanies, cet unique exemple ne peut étayer l'emploi d'une telle affirmation dans la datation des inscriptions de Narbonnaise et des provinces alpines. La question de la pertinence d'un critère fondé dans les Trois Gaules et les deux Germanies sur un assez petit nombre de cas datés, peu diffusés sur le territoire est posée aussi, à juste titre, par M. -Th. Raepsaet-Charlier 23.

Des variantes de formulation, pro salute [et] Victoria, [pro salute et incolumjitate [et Vicjtoria (C/LXII, 2343), pro salute et reditu (AE 1999, 1022)... seule la première est issue d'une inscription datée, de 43 ap. J.-C.

Les divinités "Augustes" sont invoquées à deux reprises "pour le salut" de particuliers dont le nom au génitif suit la formule (AE 1936, 112 = ILNV, 527; CIL XII, 2350 = ILNV, 548). Cette dernière peut être associée au numen des Augustes (AE 1934, 167 = ILNV, 666), à l'apellation deus/dea (CIL XII, 403; CIL XII, 2587 = ILNV, 821 ; C/LXII, 2597 = ILNV, 838 ; C/LXII, 1569 ; CIL V, 7865 et 7866) à tous les dieux et déesses immortels (CIL XII, 2183 = ILNV, 320 ; CIL XII, 2491 = ILNV, 704) et au Genius loci (CIL XII, 2587 = ILNV, 821), mais ces juxtapositions ne fournissent pas d'indice chronologique fiable .

Sacrum Du règne d'Auguste au milieu du IIP siècle, publique

ou privée, la consécration des objets (statue, autel, vasque...), qui définit leur passage dans la propriété divine, est exprimée épigraphiquement par sacrum ("consacré") en Narbonnaise et dans les provinces alpines, comme ailleurs dans l'Empire.

Onze 24 des soixante-dix-neuf occurrences 25 du mot dans ces provinces sont datées (soit 13,9 %): la première, des années 14-37 de notre ère26, la dernière de 245 (ou 260) 27

23 Raepsaet-Charlier 1993, 27. D'ailleurs, ce critère n'a pas été retenu dans la synthèse proposée postérieurement en introduction de l'ouvrage de M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier (2001, X).

24 Dans l'inscription de Seyssel ILGN 348 = ILNV 786, datée de l'époque julio-claudienne par le type de carrière du dedicant (sur la base des travaux de B. Dobson et de S. Demougin) sacrum est restitué.

25 Nous avons exclu l'inscription fragmentaire découverte à Voix, chez les Voconces : AE 1997, 1053 (/ ] ARNI [ ] / [ ] SAC.RVM [ ] / [ ] UIVI RIN[ ] / ) de restitution trop incertaine.

26 La première inscription du tableau contient un grand nombre de restitutions qui la rendent incertaine.

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CHRONOLOGIE ET FORMULAIRE DANS LES INSCRIPTIONS RELIGIEUSES DE NARBONNAISE 341

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15

Lieu de découverte

Cabasse Narbonne Aix-en-Provence

Caderousse Tain

Die

Brison- Saint-Innocent

Genève

Agnin

Narbonne

Valence

Châteauneuf- Villevieille

Châteauneuf- Villevieille

Die

Caveirac

Divinité dédicataire

ind. ind. ind. Num. Aug. ; Mater deum M[a]ter) M(agna) [Id]e[a] ( ?)

[Mater deu]m M[agn]a [Idaea]

[Dis], dea[b]u[sque im]/mor[t]a[libus]

deus Inuictus, Genius loci IOM et caeteris dis deabusq. immortalibus Mater deum

M(ater) d(eum) M(agna) I(daea) deus [.Joreuaius

deus Abinius

M(atri) d(eum) M(agnae) I(daeae)

Mater deum magna Idaea

Formules intéressantes

pro salute C. Caesaris pro salute [et] Victoria pro salute Neronis, sacrum Num. Aug. ; pro salute imp. M. Aur [[Commodi]] [pro sal imp Caes M Aur Commodi] / [Antonini Aug Pi]i domusq(ue) diui/nae colon(iae) copiae Claud(iae) Aug(ustae) Lud( unensis ) pro salute L Sept Seueri et M Aurel Antonini Aug et ...

[Dis], dea[b]u[sque im] /mor[t]a[libus], pro salu[te D(ominorum) n(ostrorum) deus, Genio loci, pro salute

IOM et caeteris dis deabusq(ue) immortalibus, pro salute imperator(um) pro salute imp

pro salute Augg[g ?] proque d(omus ?) d(iuinae ?) deus, p(ro) s(alute) d(omus) d(iuinae), inversion des noms

deus, p(ro) s(alute) d(omus) d(iuinae), inversion des noms

sacr(um) ; pro salute imp(eratoris) et Caesar(is) Philipporum Augg(ustorum) et Otacilae Seuerae [pro salute dd nn imp]

Autres formules

[ex uoto sus]cepto

fecerunt

fecit

ex uoto, u s l m

factum ; imperio

I m

I m

fecer(unt) ; u s l m

Date

37-41 43 55-68

185-192 184

198-209

198-209

201

198-211

198-211

209-211

211-217

211-217

245

245

Critère

règne de Caligula titulature de Claude titulature de Néron" titulature de Commode 30 date consulaire

Sept Sévère et Caracalla Augustes, Geta César. Sept Sévère et Caracalla Augustes, Geta César. date consulaire

règne commun de Septime Sévère et Caracalla règne conjoint de Septime Sévère et Caracalla Augg[g]

titulature impériale et emploi de dominus titulature impériale et emploi de dominus date consulaire

date consulaire

Tableau I 28 - Les dédicaces pro salute datées en Narbonnaise et dans les Alpes occidentales.

avec des attestations uniformément réparties dans l'intervalle : cinq (ou six) du Ier siècle, trois du IIe et deux du IIIe siècle (tableau II). On ne peut, par conséquent, considérer

l'expression abrégée de cet acte comme une formule épigraphique qui puisse servir d'indice chronologique pour la datation des inscriptions indatables par des critères objectifs 31.

27 S'il est possible d'accepter la restitution proposée pour l'inscription de Saint-Léonard (AE 1978. 457). 28 Dans les tableaux des occurrences datées des formules étudiées les inscriptions sont présentées par ordre chronologique. Les numéros d'ordre

renvoient au catalogue de l'annexe. 29 Entre l'attribution à Néron du titre de pater patriae et sa mort. 30 Voir aussi A. Chastagnol, Réflexions sur l'évolution du formulaire épigraphique dans les dédicaces locales du culte impérial. RANarb. 32, 1999, p. 7. 31 Dans les Trois Gaules et les deux Germanies. «d'usage fréquent au Ier siècle, sacrum se raréfie après 200» (cf. Dondin-Payre, Raepsaet-Charlier

2001. 10) II est intéressant de remarquer le parallélisme des évolutions de l'emploi entre les provinces septentrionales d'une part et la Narbonnaise et les provinces alpines d'autre part, sans oublier toutefois le nombre restreint d'occurrences datées qui fondent le constat dans les provinces méridionales.

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342 Simina CIBU

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3

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14

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Lieu de découverte

Vienne

St-Pierre-lès- Martigues Nîmes Genève

Aix-en-Provence

Grd-St-Bernard

Aoste Saint-Maurice

Martigny

Die

Saint-Léonard

Divinité dédicataire

Auguste et Tibère

Tibère

Caligula Mars Aug(ustus)

ind.

Poininus

ind. [N]um(ina) Aug(ustorum), Mercurius

Salus

M(atri) d(eum) M(agnae) I(daeae)

Victoria [D(omini) n(ostri) Gallieni]

Formules intéressantes

[sjacrum

sacrum

sacrum Aug, sacrum

pro salute Neronis, sacrum

inversion des noms ; s(acrum)

sacrum [N]um(inibus) Aug, sacrum

sacrum

sacr(um) ; pro salute imp. et Caesar. Philipporum Augg. et Otacilae Seuerae ceterisq(ue) di(i)s deabusq(ue), sacrum

Autres formules

d s p d

uotu(m) s(uum) libe(n)s s(oluit), s(acrum) libe(n)s posuit

fecer(unt) ; u s l m

Date 4-14

14-37

14-37 Ier siècle

55-68

ép. julio- claudienne

179 tpq : 198- 209; taq : sous Gallien 198-209 ou IIIe s.

245

260 ( ?)

Critère entre l'adoption de Tibère et la mort d'Auguste Tibère est Auguste

règne de Tibère le dédicant est connu par d'autres inscriptions de Savoie et H-te Savoie (ILNV, n° 634, 721-723)32

titulature de Néron (entre l'attribution à Néron du titre de pater patriae et sa mort) duo nomina 1ère manière

date consulaire Montanus uerna a(gens) u(ice) u(ilici) 33

T. Pomponius Victor, connu par une autre dédicace {ILAlpes Graies, 6) 34 date consulaire

titulature impériale

Tableau II - Les dédicaces" consacrées " datées en Narbonnaise et dans les provinces alpines occidentales.

Deux dédicaces, une du premier, l'autre du deuxième siècle, consacrent des inscriptions pro salute imp(erato- ris) ; une, datée du Ier siècle, s'adresse à Mars qualifié d'Auguste; un texte daté de 260 associe dans la consécration la Victoire de Gallien et "tous les autres dieux et déesses" ; dans une tablette votive découverte au col du Grand-Saint-Bernard datée de l'époque julio-claudienne le nom du dédicant précède celui de la divinité ; et dans une inscription de Saint-Maurice, les numina des deux Augustes sont, avec Mercure, dédicataires de la consécration. Avec une ou deux occurrences datées, chacune

des associations de sacrum à d'autres formules intéressantes reste impossible à utiliser comme indice chronologique.

2.2. Epithètes et éléments de la désignation des divinités

Augustusl-a Cent-cinq dédicaces sont adressées en Narbonnaise et

dans les provinces alpines à des divinités qualifiées d'Augustes. Ce total inclut les vertus impériales (Pax, Concordia, Spes...) car, dans le cadre de la démultiplica-

32 H.-G. Pflaum (1978, 251-252) date le texte du début du Ier siècle. 33 Ce ne fut qu'après la "mise en régie directe" de la perception du Quarantième des Gaules, sous Commode ou Septime Sévère, que des esclaves

impériaux furent employés à cette tâche. Bien qu'aucune réforme n'intervint avant Constantin, il semble qu'à partir de Gallien, des ingénus avaient pris la place des esclaves et affranchis impériaux dans ces postes. Voir aussi France 2001, 95-96; 438.

34 Voir aussi Wiblé 1998, 191.

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CHRONOLOGIE ET FORMULAIRE DANS LES INSCRIPTIONS RELIGIEUSES DE NARBONNAISE 343

25

26 19

28

Lieu de découverte

Hauteville-sur-Fier

Duingt Genève

Sainte-Colombe

Divinité honorée

Aug Vint[ius]

Castor Aug Mars Aug(ustus)

Mères Augustes

Formules intéressantes

Aug av. le théonyme

Aug Aug, sacrum

Matris Angus tis

Autres formules

d(edit)

ex stipe [a] uni

ex uoto

Date 1-50 ( ?)

peu après 91 1er siècle

100-200

Critère Le dédicant est connu par une autre inscription de la cité : CIL XII, 1872 37 Date consulaire Le dédicant est connu par d'autres inscriptions de Savoie et Hte-Savoie (ILNV,n° 634, 721-723) Le dédicant est connu par une épitaphe D M (CIL Xll, 1805)

Tableau III - Les dédicaces datées à des divinités qualifiées d'Augustus/Augusta en Narbonnaise et dans les provinces alpines occidentales.

28 29 30

Référence CIL XII, 5835 AE 1958, 307; CAG 13/2, p. 319 CIL XII, 1838 =/ZJW, 26

Lieu de découverte Orange Saint-Rémy St-Romain-en-Gal

Divinité honorée Fatae (datif Fatuis) Numen Siluani Sancti Sanctae Virginis

Formule intéressante

sanctis sanctus Sanctis

Autres formules

u s l m posuerunt

Tableau IV - Les dédicaces aux divinités sanctae en Narbonnaise et dans les Alpes occidentales.

tion à l'infini du nombre des divinités, caractéristique du polythéisme antique, elles étaient honorées en tant que divinités à part entière. Une seule provient des provinces alpines, d'Aimé, dans les Alpes Graies (ILAlpes Graies, 4): l'autel dédié à Mars Auguste par Titus Accius Secundus, originaire çY Eburodunum, bénéficiaire du procurateur impérial, Publius Memmius Clemens. Sur la base de cet unique exemple, indatable de manière assurée, aucune affirmation n'est possible quant à la valeur chronologique de l'épithète Augustus dans les provinces romaines de Alpes occidentales.

En Narbonnaise, si un grand nombre de cités sont concernées (Alba, Apt, Arles, Carpentras, Narbonne, Nîmes, Ruscino, Valence, Vienne, la confédération des Voconces, les Volques Arecomiques), Vienne a livré plus de la moitié des textes (cinquante-trois) parmi lesquels les cinq (ou six) 35 occurrences datées (soit environ 3 %), entre l'époque augustéenne et la fin du IIe siècle ap. J.-C. Posée sur un socle si mince, l'utilisation chronologique de l'épithète Augustus/Augusta, ne peut tenir debout.

L'étude d'Alain Villaret sur les dieux qu'il nomme "dieux augustes proprement-dits" (Villaret 1979, 18-28) et qui regroupent les dieux qualifiés d'Augustes moins les vertus impériales, montrait que si dans les Gaules (Narbonnaise incluse) et les Germanies, les dernières attestations datées sont du milieu du IIIe siècle 36, en Pannonie deux dédicaces datent respectivement de 284 et de 290 et une "remarquable vitalité" de l'épithète est conservée en Afrique où une dédicace à Saturne Auguste date de 323. Rien n'autorise une conclusion relatant un arrêt, à la fin du IIe siècle en Narbonnaise, des dédicaces aux divinités "Augustes" (tableau III).

Sanctus Est sanctus/ sancta "ce dont la violation est sanctionnée

d'une peine" 38. Cette propriété est appliquée à des divinités dans trois (ou quatre) inscriptions de Narbonnaise : un texte de Saint-Rémy est l'accomplissement d'un vœu à la puissance divine du saint Siluanus ; les deux autres qualifient ainsi des divinités multiples, les Fatae à Orange et les Vierges à Saint-Romain-en-Gal 39.

35 Dans l'inscription ILGN 348 = ILNV 786 la première ligne, qui indique le nom de la divinité dédicataire est restituée en grande partie. La présence du mot August- ne fait aucun doute. Toutefois, sa qualité d'épithète d'un nom divin n'est pas absolument assurée. Par ailleurs, fondée sur le type de carrière du dédicant. la datation du texte de l'époque julio-claudienne n'est qu'hypothétique. En raison de ces incertitudes, le texte n'est pas considéré dans le tableau des occurrences datées de l'épithète Augustus/Augusta .

36 CIL XIII, 6658, datée probablement de 249; la même référence est proposée par M. -Th. Raepsaet-Charlier (1993, 19). 37 Rémy 2001a. 157. 38 Festus, De la signification des mots. p. 348 et 420 (édition Lindsay) cité dans Scheid 1998, 25. 39 Un autel découvert à proximité du Pont-du-Gard a été consacré par Lucilius à la sanctitas de Jupiter (Sanctitas louis) associée à l'Auguste (CIL

XII. 298 1 = CAG 30/3, p. 533) ; il n'entre pas dans le cadre des dédicaces aux divinités sanctae.

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Dans deux cas sur trois l'épithète est accolée à des noms de déesses 40 ; elle peut précéder le théonyme ou lui succéder. Aucun de ces textes n'est datable.

En Narbonnaise et dans les provinces alpines sanctus/a ne peut servir d'outil dans la datation des dédicaces (tableau IV).

2.3. Formulations spécifiques de noms divins

Num. Aug. Vingt-et-une inscriptions de Narbonnaise et des Alpes

mentionnent les numina impériaux, ou l'expression divinisée de la "force ou puissance d'action divine", d'un ou de plusieurs empereurs.

M. -Th. Raepsaet-Charlier a résumé les nombreuses questions soulevées par ce formulaire, que ce soit en ce qui concerne "sa signification, sa lecture ou sa datation" (Raepsaet-Charlier 1993, 43-47). Si la première, (la signification), ne semble plus faire débat 41, les deux dernières semblent encore insolubles. Aucun développement n'est préférable à un autre pour les différentes abréviations non explicites: Numin. Aug., Num. Aug., N. Aug, même si le nombre des formulations plurielles incontestablement attestées est plus important que celui des formulations au singulier. En renvoyant aux reflexions de B.-E. Thomasson (1983, 125-135) et D. Fishwick, l'auteur belge se demande si «l'abréviation Augg désigne-t-elle avec certitude deux empereurs?» (Raepsaet-Charlier 1993, 47, note 193) et récuse toute datation «fondée sur le nombre d'empereurs honorés» (Raepsaet-Charlier 1993, 47). Les doutes sont justifiés en ce qui concerne les abréviations Aug et Augg, la première pouvant être appliquée à plusieurs empereurs et la seconde comme désignation générique d'un pluriel qui peut regrouper plus de deux Augustes 42. Qu'elle fasse référence à deux Augustes ou plus, l'abréviation Augg n'est toutefois pas attribuable à des inscriptions antérieures à 161-169, qui devient un terminus post quern des inscriptions 43. Quant à Auggg, il désigne avec certitude trois Augustes. La question reste ouverte, même si la distinction entre les formulations Aug, Augg et Auggg semble montrer un souci de précision

difficilement compréhensible autrement, pour nous comme pour les lecteurs contemporains des inscriptions. Il faudrait creuser d'avantage les attestations datées des différents types d'emploi de ces formes plurielles, dans les énoncés des numina, mais aussi dans ceux des fonctions des légats ou procurateurs, afin d'essayer d'en comprendre les usages.

En Narbonnaise, les formes attestées sont les suivantes 44 : - Numini Augustorum, deux occurrences : CIL XII, 4146 ; AE 1934, 167.

- Numini Augustor, une occurrence: AE 1969/1970, 388. - Numini Aug, une occurrence: ILGN 347 = ILNV, 716,

peut-être deux : le texte AE 1952, 167, très fragmentaire, permet toutes les restaurations possibles avec Numini.

- Num Aug, trois occurrences: CIL XII, 1222; 2514 = ILNV, 716; AE 1945, 123.

- Numinibus Augustorum, quatre occurrences : CIL XII, 2533, [Nujminibus Aufgustorum] ; ILNRiez, 11, Numinibus Augustorum; ILAlpes Graies 13, Numin[ibus] / Augusto[rum] ; CIL XII, 4332 = ILS 5424, [Nu]mini[b(us) ?] / [Augustorum].

- Numinib August, une occurrence : CIL XII, 2706 : Num[in]ib(us) Au[g]ust(orum).

- Numinibus Aug, quatre occurrences : CIL XII, 2224 = ILNV, 362 ; CIL XII, 2596 = ILNV 837 ; AE 1965, 195;G.Walser, 1984, n° 32.

- Numinibus Augg, une occurrence: ILAlpes Graies, 57. - Numini Augusti, une occurrence à Narbonne, en 1 1

ap. J.-C: CIL XII, 4333. - N(umini ?) A(ugusti ?), une occurrence : ILNFréjus, 5 :

N(umini ?) A(ugusti ?) s(acrum ?) Valerius Gracilis / d(e) s(ua) p(ecunia), si ce développement était juste. La diversité des formulations et abréviations constatée

dans les Trois Gaules et les Germanies se retrouve en Narbonnaise et dans les provinces alpines occidentales.

Environ un quart de ces inscriptions sont datables : la plus ancienne est la dédicace à Narbonne, en 1 1 de notre ère, d'un autel à la puissance divine d'Auguste, par les autorités de la colonie 45. La première dédicace datée évo-

40 Dans les Germanies, où les attestations sont les plus nombreuses, on a constaté une prépondérance des théonymes féminins ainsi désignés. 41 Scheid 1998, 129 : «Le débat jadis animé à propos du terme numen est aujourd'hui clos. Personne ne considère plus, comme les prédéistes (...)

que numen signifie "sacré diffus". On le traduit plutôt, selon le contexte, par "volonté, puissance d'une divinité"» et p. 131 : «[Dans le polythéisme romain] une divinité possède ou reçoit des collègues, des aides et des serviteurs (ministri - le terme remonte à Augustin), pour couvrir un champ d'action plus large. La divinisation de sa "force d'action" {numen) représente l'aspect abstrait de ce procédé. Le monde des dieux est indéfiniment extensible et peut en même temps toujours être réduit à quelques unités selon le besoin».

42 Communication M. -Th. Raepsaet-Charlier. Pour A. Chastagnol (1999, 7-8), le pluriel indique généralement l'association au pouvoir de plusieurs princes.

43 Des usages provinciaux semblent se dégager. Ainsi, en Bétique flamen diuorum Augustorum désigne le flamen diuorum et Augustorum. «Diuorum Augg must include the living emperor with the diui» (cf. Fishwick 1991, vol. II. 1, p. 395).

44 L'inscription CIL XII, 2532 = ILNV, 116 ne peut être restituée avec quelque assurance. 45 En opposition à l'opinion généralement répandue suivant laquelle, cet autel faisait suite à la fondation à Rome en 6 av. J.-C. (pour les incerti

tudes relatives à cette date, voir Van Andringa 2001, 183, note 35) d'un autel au Numen d'Auguste (dont Gradel, 2002, 238 réfuse l'existence), I. Gradel montre que la lex régissant le culte à Narbonne était inspirée de celle du culte de Diane de l'Aventin et que l'autel de Narbonne, né de conditions et de choix locaux, constitua lui-même un prototype (cf. Gradel 2002, 238-240 et 249-250).

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CHRONOLOGIE ET FORMULAIRE DANS LES INSCRIPTIONS RELIGIEUSES DE NARBONNAISE 345

31 32

4

22

33

Lieu de découverte

Narbonne Moûtiers (AG)

Caderousse

Saint-Maurice

Cimiez (AM)

Divinité honorée Numen Augusti Numina Augg, Mater deum Matronae Saluennae Num. Aug. ; Mater deum

[NJum(ina) Aug(ustorum), Mercurius Numina Aug(ustorum)

Formules intéressantes Numini Augusti Numinibus Augg, Matronis Saluennis Num. Aug. ; pro salute imp. M. Aur [[Commodi]] [N]um. Aug ; sacrum

Numinib Aug ; in honorem domus diuinae

Autres formules dedicauit ex uoto

fecerunt

de suo refecer(unt) et dedicauerunt

Date 1 1 ap. J.-C. tpq: 161-169 ou IIIe siècle 17 mars 180-29 août 191 tpq: 198-209; taq : sous Gallien 213 ou peu après

Critère date consulaire règne joint de deux empereurs titulature de Commode

Montanus uerna a(gens) u(ice) u(ilici) 46 Iulius Honoratus était procurateur à cette date47

Tableau V - Les dédicaces datées aux puissances divines des empereurs en Narbonnaise et dans les provinces alpines occidentales.

quant de manière certaine les numina Augustorum, au pluriel, est une inscription de Moûtiers, dans les Alpes Graies, datée au plus tôt de la période 161-169, par l'évocation de deux Augustes. Si les doutes au sujet de cette manière de dater étaient fondés, la seule dédicace datée mentionnant les numina impériaux serait l'inscription de Cimiez, datée de 213 ou peu après, par la prosopographie. Cette dernière est aussi la plus récente des dédicaces datées du territoire considéré. Rien ne permet de fonder un critère chronologique sur la forme au singulier de l'expression. Ce n'est qu'en admettant qu'à l'origine de l'invocation des numina de plusieurs Augustes se trouve la vénération d'empereurs co-régnants, dont le nombre est précisément abrégé dans le nombre de "g" et non un regroupement d'Augustes et de diui, que l'on peut accepter une datation postérieure à 161-169 des textes qui consignent la forme plurielle. Toutefois, en l'état actuel de la recherche, il semble qu'il faut rester prudent et fonder sur d'autres critères la datation de ces inscriptions (tableau V).

3. Les formules qui ont fondé dans les Trois Gaules et les Germanies des critères de datation

3.1. Des éléments de la désignation des divinités

Deo I deae M.-Th Raepsaet-Charlier identifie dans les Trois Gaules

et les deux Gemanies, un indice chronologique fondé sur la présence de cette désignation des divinités, l'absence de deus/dea n'étant pas un critère de datation. Ainsi, les

criptions qui contiennent deo/deae devraient être postérieures à l'époque d'Hadrien (la première occurrence datée remontait à 124, la désignation étant placée derrière le théonyme et à 135 pour l'indication de deo/deae devant le théonyme ; emploi le plus fréquent : dans la première moitié du IIIe siècle ; la dernière occurrence datée remonte à 399). Si dans un premier temps, en Gaule Belgique et dans les Germanies deo/deae placé derrière le théonyme apparaissait comme un indice pour une datation du second quart ou du milieu du IIe siècle, le nombre restreint de textes datés et l'autopsie de certains d'entre eux 48 incitent à la plus grande prudence dans l'utilisation de cet indice.

La signification de l'emploi de deus/dea avant ou après le nom d'une divinité dans les dédicaces n'est pas élucidée sous tous ses aspects. "Marqueur spécifique mais non exclusif des panthéons provinciaux" (Van Andringa 2002, 134) ou "formule" (Raepsaet-Charlier 1993, 16) épigra- phique de désignation des divinités quelque soit leur origine ou personnalité, l'usage n'a pas manqué d'intriguer les historiens, sans qu'une explication soit unanimement acceptée et réponde de manière satisfaisante à l'ensemble des questions soulevés par le sujet. L'adoption ou le rejet de l'une ou l'autre des hypothèses, nécessiterait au moins un examen approfondi de toutes les attestations de l'usage dans l'ensemble de l'Empire. Une telle démarche dépasse largement l'objet de cette étude qui se limite à la Narbonnaise et aux provinces alpines occidentales.

Les noms de trente (ou trente-trois 49) divinités différentes 50, dont 5 déesses, sont accompagnés de deus/dea.

46 Cf. ci-dessus note 40. 47 Cf. Pflaum 1961, 111-11%. 48 Raepsaet-Charlier 2001, 137 et communication personnelle. 49 Trois divinités restent indéterminées, car leur nom manque (CAG 30/3, p. 61 1 ), est tronqué (ILNAix 128) où est abrégé à une seule lettre (ILNAix

164). 50 Nous avons considéré qu'une seule divinité apparaissait sous les dénominations de us Inuictus, deus Inuictus Mithra (avec plusieurs ortho

graphes), deus Sol Inuictus Mithra... Également l'identité d" Ahinius {CIL XII, 7865) et d' Abianius (ILNApt, 128) est probable.

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346 Simina CIBU

Un cas particulier se détache, où "deus" semble se substituer à "Jupiter", dans la formulation deus Dolichenius (sic) dans une inscription de Marseille 51. Ce n'est probablement qu'un "raccourci", dont il ne faut pas exagérer la portée 52.

Comme dans les Trois Gaules et les Germanies, lorsque plusieurs divinités sont associées dans une même dédicace, certaines peuvent être appelées deus/dea et d'autres non (ex. CIL XII, 3132: [D]eo Siluano et Libero Patri et Nemauso).

L'usage s'applique de manière quasi-indifférenciée quantitativement à des divinités dont le culte est répandu dans tout l'empire 53 (ex. Apollo, Siluanus, Mercurius, Fortuna, Victoria, Mars, Mithra, Jupiter Dolichenus...) et à des dieux moins connus, si ce n'est localement (Sedatus, Andarta, Coriontana, Nemausus, [-Joreuaius...) 54. L'origine de ces divinités est-elle autant signifiante que la place et le statut de leur culte dans les calendriers des cités ? Un examen de l'onomastique et des positions sociales des dédicants, confronté à l'étude des noms et épithètes divins pourrait peut-être d'avantage nous permettre d'établir si l'on a affaire à un usage provincial ou social spécifique.

Dans quatre-vingt-seize 55 dédicaces (soit environ 18 % du total des inscriptions retenues dans cette enquête) 56 deus/dea accompagne le nom de la divinité dédicataire, le précédant dans l'immense majorité des cas (96,90 %). Dans deux des trois inscriptions où le nom divin serait placé avant deus/dea, la formule est abrégée : Viamae d(eae) dans un texte de Sassenage (AE 1938, 58 = ILNV 364), dans la cité de Vienne et N(-) d(eo ou eae) à Pourrières (ILNAix, 164), dans la cité d' Aquae Sextiae. La troisième inscription, découverte à Beaulard (Capello

1940, 185), dans les Alpes Cottiennes n'est pas sans poser de problème. Signalée par J. Durandi dans un ouvrage de 1808 57, elle n'a pas été reprise par Th. Mommsen dans le volume V du CIL soit parce que cet auteur ne la connaissait pas 58, soit parce qu'il avait eu des doutes quant à son authenticité (auquel cas il est étonnant de ne pas la trouver parmi les falsae). Ayant récemment étudié la production de l'auteur du XIXe siècle G. Mennella a découvert que «il Durandi copiô (in buona fede si dice) numerosi falsi (tutti transmessigli da un grande impostore Giuseppe Francesco Meyranesio) » 59. À défaut de pouvoir vérifier le texte de cette inscription, nous nous contentons de le signaler, avec la plus grande prudence.

Si dans les trois Gaules (sauf en Aquitaine) et deux Germanies "deo-deae" suivant le nom de la divinité était "un usage précoce et rare" (Raepsaet-Charlier 1993, 13), en Narbonnaise et dans les provinces alpines occidentales il est rarissime sinon inexistant. La seule occurrence datée serait précoce, remontant à l'époque julio-claudienne, si toutefois le texte de cette inscription perdue était correctement et complètement reproduit (tableau VI).

Seulement cinq des quatre-vingt-seize occurrences qui témoignent de l'usage sont datables (soit 5,2 %). C'est une proportion très réduite qui n'autorise aucune conclusion péremptoire quant à l'établissement d'un critère de datation à partir de l'évolution chronologique de la présence de deus/dea auprès des noms divins dans les provinces considérées.

Une seule inscription datable {AE 1998, 872) a été découverte après la constitution du corpus étudié par M. -Th. Raepsaet-Charlier en 1975 (Raepsaet-Charlier 1975, 272, tabl. XXIII, et 273, tabl. XXVIII), mais ne

51 CIL XII, 403. Le texte de Cadenet, dans le cité d'Aix, donné D(eo) O(ptimo) M(aximo) dans le CIL XII, 1069, a été corrigé par J. Gascou dans les ILNAix, 225 : I(oui) O(ptimo) M(aximo).

52 L'apellation deo Ioui est attestée en Aquitaine, Lyonnaise et Belgique (voir Raepsaet-Charlier 1993, 145). 53 Dix-sept noms divins et cinquante-sept inscriptions. 54 Douze noms et trente-cinq inscriptions. 55 Nous n'avons pas retenu les inscriptions d'Orange (ILGN, 185) et de Châteauneuf (AE 1993, 1 14) où les mots "dea" et respectivement "di deae"

n'accompagnent pas un nom divin mais désignent seuls les divinités dédicataires. La restitution [Deo Nemajuso dans l'inscription CIL XII, 3101 est probable mais non assurée pour ce qui concerne la présence de deus. C'est pourquoi nous avons choisi d'exclure ce texte du tableau des attestations deus/dea. La même remarque s'applique à l'inscription CIL XII, 1833 = ILNV 19.

56 Ce pourcentage n'a de valeur qu'orientative, car il ne s'appuie pas sur le nombre total des inscriptions religieuses de la Narbonnaise et des Alpes occidentales, mais seulement sur les dédicaces retenues dans cette étude (qui recèlent l'une ou l'autre des formules analysées). Il permet toutefois d'observer que cet usage concerne moins d'un quart des dédicaces, alors que dans les Trois Gaules par exemple, «plus de la moitié des inscriptions retenues pour l'enquête présentaient le terme deo-deae, lequel se révélait la formulation la plus courante des inscriptions religieuses» (Raepsaet-Charlier 1993, 13).

57 J. Durandi, Idilii e discorso a Genii délia poesia e del canto venerato dai nostri antichi come dai Greci Apollo e le Muse, Turin, 1 808, p. 20 (cité par Capello 1940, 185).

58 Cet ouvrage n'est pas cité dans la liste des travaux de J. Durandi présentée dans l'introduction du CIL V. 59 Communication personnelle. Par ailleurs, l'abréviation du prénom S rarement attestée pour Sextus pourrait aussi renvoyer à Spurius, praenomen

dont l'utilisation se perd dès le début de l'empire. L'abréviation S pour Spurius semble avoir précédé celle, devenue courante à la fin de la République et au début de l'empire, 5p. Toutefois, les dernières attestations de S(purius) étant datées du milieu du Ier siècle av. J.-C. elles ne peuvent s'accorder avec une inscription julio-claudienne. Concernant le praenomen Spurius, voir Salomies 1987, 50-55.

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34

8

13

12

35

Lieu de découverte

Beaulard

Genève

Châteauneuf- Villevieille

Châteauneuf- Villevieille

Martigny

Divinité honorée Belanus deus

deus Inuictus, Genius loci deus Abinius

deus [.]oreuaius

[d(eus) S(ol) I(nuictus) M(ithra)] diis deabusque omnibus

Formules intéressantes deo (placé après le nom divin) deo ; Genius loci ; pro salute deo, p(ro) s(alute) d(omus) d(iuinae) ; inversion des noms deo ; p(ro) s(alute) d(omus) d(iuinae) ; inversion des noms deo, diis deabusque omnibus

Autres formules

u s l m

ex uoto, u si m Im

Im

Date ép. julio- claudienne 201

211-222

211-222

fin Ile-IIP siècle

Critère duo nomina 1ère manière date consulaire

titulature impériale et emploi dedominus

titulature impériale et emploi dedominus

praeses, u(ir) p(erfecîissimus) 60

Tableau VI - Les dédicaces deo/deae datées en Narbonnaise et dans les Alpes occidentales.

modifie pas les conclusions de son travail. Sans nous donner une datation sûre, l'apellation uir perfectissimus, praeses du gouverneur dédicant de cette inscription témoigne d'une réalisation du texte postérieure à la fin du IIe siècle 61. Trois textes sont datées des premières années du IIe siècle : un à Genève par les noms des consuls ordinaires de 201 et deux à Châteuneuf-Villevieille, dans les Alpes Maritimes, par la titulature impériale qui pourrait être celle de Caracalla ou d'Elagabale (le nom de Marc Aurèle étant trop précoce pour l'apellation officielle dominas). Les dates extrêmes constatées en Narbonnaise et dans les Alpes occidentales (fin IIe-IIIe siècle) s'inscrivent dans la fourchette chronologique établie pour l'ensemble des provinces de l'Occident romain (Raepsaet-Charlier 1975, 240 et 242). L'exception que pourrait être l'inscription de Beaulard (datée de l'époque julio-claudienne) mérite d'être signalée, car il s'agirait de la plus ancienne dédicace comportant deus/dea connue dans l'occident romain. Néanmoins, fondée sur cette seule inscription, douteuse de surcroît, une remise en cause des données chronologiques connues est hasardeuse.

Un tiers des dédicaces et quatre cinquièmes des textes datables proviennent des provinces alpines (Alpes Cottiennes: CIL XII, 75; Capello 1940, 185; AE 1992, 1 159. Alpes Maritimes : CIL V, 7865, 7866, 7876 ; CIL XII, 2; AE 1971, 241. Vallée Poenine: AE 1897, 3; 1985, 649; 1998, 872; 1998, 867-869). En Narbonnaise, où «l'on date très rarement» (Raepsaet-Charlier 1975, 240) (une occurrence), douze cités se partagent les autres inscriptions :

- Alba (CIL XII, 2653, 2706 ; CAG 07, p. 346) - Apt (ILNApt, 5, 7, 13, 128) - Aix (ILNAix, 128, 164, 199) - Carpentras (CIL XII, 5832) - Fréjus (CIL XII, 381) - Marseille (C/LXII, 400, 403) - Narbonne (CIL XII, 4316) - Nîmes (CIL XII, 3097, 4183, 3078, 3098, 3100, 3132,

5693, 4173 ; AE 1965, 164 ; CAG, 30/3, p. 61 1) - Riez (ILNRiez, 1) - Toulouse (C/LXII, 5381) - Valence (CIL XII, 2656; AE 1961, 162; AE 1965, 176) - Vienne (CIL XII, 2587 = ILNV, 821 ; XII, 2597 = ILNV,

838; XII, 5878 = ILNV, 836; XII, 2224 = ILNV, 362; AE 1938, 58 = ILNV 364 ; CIL XII, 2373 = ILNV, 559 ; XII, 2440 = ILNV, 631 ; XII, 2441 = ILNV, 632 ; ILNV, 565; CIL XII, 2514 = ILNV, 716; XII, 2562 = ILNV, 785; XII, 1811 = ILNV, 3; XII, 1812 = ILNV, 4; XII, IS36 = ILNV, 22)

- le territoire des Voconces (CIL XII, 1335, 1339, 1535, 1554-1559, 1560, 1566,; ILGN, 225, 230, 252; AE 1969/1970, 359; AE 1995, 1038), ne laissant que peu de "blancs" sur la carte de réparti

tion des attestations de cette pratique. Aucune capitale ne se démarque comme lieu exclusif de l'usage dans sa province. Cette diffusion géographique est-elle la conséquence de la distribution quantitative des dédicaces découvertes sur le territoire considéré ou bien témoigne-t-elle d'usages spécifiques à l'échelon des cités? Des éléments de réponse pourraient peut-être surgir d'une étude dans le

60 Cf. Rémy. Kayser 1999. 115. 6 1 Cf. Jacques, Scheid 1 999, 350 : « le titre de uir perfectissimus fut en usage à partir de la fin du IIe siècle. ( . . . ] (même s" il eut tendance à être plus

largement accordé au IIIe siècle)». À partir du IIe siècle on qualifiait de p mes ides les gouverneurs, mais c'est au IIIe siècle que les deux apella- tions deviennent synonymes, sans que praeses désigne exclusivement le gouverneur de rang équestre (idem, 172).

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348 Simina CIBU

contexte de l'ensemble des choix cultuels, dans chaque cité où cet examen est possible (autrement dit où le nombre des attestations est suffisamment important). Ici, nous nous contentons de constater une diffusion assez homogène de la présence de deus/dea dans les inscriptions de la plupart des cités de la Narbonnaise et des provinces alpines.

Bien que rien ne prouve une apparition de deo/deae plus précoce en Narbonnaise que dans les Trois Gaules et les deux Germanies, il est impossible - eu égard au nombre trop restreint d'attestations datées - de considérer cet usage comme un critère de datation interne des dédicaces de cette province. Tout au plus, donne-t-il une présomption pour une datation entre le milieu du IIe et la fin du IIIe siècle, mais cet indice ne peut étayer seul la datation d'une inscription dépourvue de données chronologiques objectives. La même remarque s'applique aux provinces alpines dans la mesure où de sérieuses réserves écartent des conclusions l'inscription de Beaulard.

Dans vingt-six cas (soit 27 % du total) uniformément répartis dans les provinces considérées 62, l'expression deus/dea est associée, à une ou deux autres formules intéressantes : onze occurrences où deus/dea acompagne l'épithète Augustus/Augusta 63 dans la désignation des divinités (dont huit concernent dea Andarta Augusta dans la dénomination de laquelle les deux épithètes sont systématiquement employés 64) ; cinq cas où la dédicace deo/deae est pro salute 65 ; cinq cas où le nom divin précédé de deus/dea est placé après le nom du dédicant dans l'inscription (ILNAix, 128; CIL XII, 5832; CIL V, 7865; 7866; AE 1998, 869); trois cas où le théonyme est précédé de l'invocation des numina des Augustes {CIL XII, 2706; 2224; 2514); trois cas où l'expression sacrum indique la consécration du support de l'inscription 66; deux cas où lui est associée une invocation Genio loci ou Genio collegii (AE 1966, 247 ; CIL XII, 2587) ; une occurrence où la divinité désignée par deus/dea est honorée

conjointement à "tous les dieux et déesses" (AE 1998, 872). Seule l'association de deus/dea à la pratique d'inscrire le nom de la divinité après celui du dédicant pourrait avoir une signification chronologique ; elle sera traitée plus loin et nous verrons qu'elle fait naître des problèmes plus qu'elle n'apporte de solutions.

In honorent domus diuinae Le point sur les Trois Gaules et les deux Germanies :

apparue en 135 en Lyonnaise (où elle ne connut qu'un usage limité) la formule fut très employée, à partir du milieu du IIe siècle en Belgique et dans les Germanies, «où elle se maintiendra jusque dans la première moitié du IVe siècle, avec une densité particulière sous les Antonins et les Sévères» (Raepsaet-Charlier 1993, 1 1). La conjonction des formules in h d d - deo/deae définit, pour la Belgique et les deux Germanies, un critère de datation qui permet de placer les inscriptions qui l'attestent dans la première moitié du IIIe siècle.

Dans l'espace méridional, aucune nouvelle découverte d'inscription comportant la locution In honorent domus diuinae n'est venue s'ajouter à la liste établie en 1975 par M.-Th. Raepsaet-Charlier (1975, 240, tabl. XXVII et XXIX). Nulle attestation n'existe en Narbonnaise, où la maison impériale est évoquée dans les dédicaces par le biais d'autres formulations: directement associée aux Numina Augustorum dans une inscription de Genève 67 et agrégée à la formule pro salute d d dans un ou trois 68 autres textes, dont deux ont été mis au jour sur le territoire de la cité de Valence 69 et un dans les environs de Vaison (CIL XII, 1311).

Provenant respectivement des Alpes Maritimes et de la Vallée Poenine, deux inscriptions témoignent de l'emploi de l'expression in honorem domus diuinae dans les provinces alpines. La première, où la formule est en toutes lettres, est datée des environs de Tannées 213 par la carrière de son dédicant, le procurateur Iulius Honoratus. Elle

62 Ces associations apparaissent en Narbonnaise dans les cités d'Alba, Aix, Marseille, Carpentras, Nîmes Valence, Vienne et chez les Voconces et dans les capitales respectives des Alpes Maritimes (Cimiez) et de la vallée Poenine (Martigny).

63 CIL XII, 2653 (deo Marti Auguste) ; AE 1 966, 247 (deo Marti Aug et Gen col IIIHIuir Aug) ; CIL XII, 1555 (Deae Aug Andafrtae]) ; 1 556 (Deae AugAndartae); 1557 (Deae Aug Andartae) ; 1558 (Deae Aug Andartae); 1559 (Deae Andartae Aug) ; 1560 ([DJeae Aug [Andartae]); 1566 (Deo Marti Aug Rudiano) ILGN 230 (Deae Aug Andartae) ; CIL XII, 2656 (Deae Soioni Aug).

64 La place relative des composantes du nom varie : dea Andarta Augusta, dea Augusta Andarta montrant qu'il s'agit bien d'épithètes et justifiant par là leur prise en compte dans cette étude (le cas est similaire à celui de deus Inuictus Mithra).

65 CIL XII, 403 (Deo Dolichenio [...] pro salute sua et suorum) ; 2587 (Deo Inuicto Genio loci [...]pro salute sua) ; 2597 (Deo Siluano pro salute ra[t]iarior superior amicor suor) ; CIL V, 7865 (P(ro) s(alute) d(omus) d(iuinae) [...] deo Abinio) ; 7866 (P(ro) s(alute) d(omus) d(iuinae) [...] deo [-Joreuaio)

66 CIL XII, 2373 (Aug sacr deo Mercurio Victori Magniaco Vellauno) ; ILGN 252 (Deo Volkano sacrum) ; CIL V, 7876 (D(eo) S(iluano) s(acrum)). 67 CIL XII, 2596 = ILNV, 837 : Numinibus / Aug(ustorum) / et dom(us ou ui) diu(inae) / Victor, Aug(usti) / lib(ertus), p(osuit) p(ecunia) s(ua). 68 La formule est restituée dans les inscriptions CIL XII, 1311 et 1782. 69 CIL XII, 1782 (daté de 184), 1745 (daté du règne de Septime Sévère, Caracalla et Geta). 70 Cf. Pflaum 1960, 777-778.

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CHRONOLOGIE ET FORMULAIRE DANS LES INSCRIPTIONS RELIGIEUSES DE NARBONNAISE 349

33

36

Lieu de découverte

Cimiez

Massongex

Divinité dédicataire

Numina Aug(ustorum) Genius sta[ti]onis

Formules intéressantes Numinib Aug ; in honorent domus diuinae [In h]onor(em) d(omus) d(iuinae) ; Genio sta[ti]onis

Autres formules de suo refecer(unt) et dedicauerunt

Date 2 1 3 ou peu après 222, 226 ou 229

Critère Iulius Honoratus était procurateur à cette date 70 les trois années de consulat de Sévère Alexandre

Tableau VII - Les dédicaces datées mentionnant la domus diuina en Narbonnaise et dans les Alpes occidentales.

est légèrement antérieure à la seconde, datée de 222, 226 ou 229 par la mention d'une des années de consulat de Sévère Alexandre et qui emploie une formulation en partie abrégée : [in h]onor(em) d d (tableau VII). Ces attestations sont quasi-contemporaines a une expression proche, pro salute domus diuinae, indiquée en abrégée (p s d d) dans les deux inscriptions de Chateauneuf-Villevieille (CIL V, 7865-7866), datées de la période 217-222.

Dans l'ensemble du territoire étudié, les occurrences datées s'inscrivent dans la période de particulière densité des emplois constatée déjà dans les Trois Gaules et les deux Germanies : "des Antonins aux Sévères" (Raepsaet- Charlier 1993, 11). En Narbonnaise, l'absence totale des dédicaces in honorent domus diuinae engage à penser à la substitution d'autres expressions (pro salute domus diuinae notamment) à cette forme d'association de la maison impériale au culte, comme cela semble être aussi le cas en Aquitaine 71. Dans les provinces alpines les deux formes sont conjointement employées ; une évolution de pro salute domus diuinae vers la formule in honorem domus diuinae ne peut être affirmée. Donc, pas de critère de datation fondé sur cette formule dans nos provinces, d'autant qu'à Rome elle apparaît dans une inscription de 33 ap. J.-C. (AE 1978, 295 ; date consulaire) et dans un texte littéraire daté du règne de Caligula (Phèdre, 5, 7, 38).

Aucune occurrence de l'association in honorem domus diuinae - deo/deae n'est constatée en Narbonnaise et dans les provinces alpines. Comme en Aquitaine et en Lyonnaise, on ne saurait donc appliquer dans ces provinces un critère chronologique établi pour la Belgique et les deux Germanies (Raepsaet-Charlier 1993, 18).

Si l'association de la formule "canonique" au Génie de la station peut être rapprochée de sa fréquente association au Génie du lieu constatée dans les Trois Gaules et les deux Germanies, la juxtaposition aux numina des Augustes n'est attestée que chez les Trévires qui «combinent parfois les hommages au culte impérial » (Raepsaet-

Charlier 1993, 11). La domus diuina s'associe également aux numina impériaux à Genève. À travers la formule pro salute domus diuinae, elle est bénéficiaire des sacrifices à Cybèle, près de Vaison (CIL XII, 1311), à Tain (CIL XII, 1782) et à Valence (CIL XII, 1745) et elle semble avoir été l'objet des vœux de Q. Eniboudius Montanus aux dieux Abinius et [-]orevaius, à Châteuneuf-Villevieille. «Cette forme de rapprochement avec le culte impérial se rattache [. . .] à. pro salute (imperatohs) [...] qui est assez répandue dans toutes les provinces jusqu'aux Sévères au moins» (Raepsaet-Charlier 1993, 10).

3.2. Divinités spécifiques

Matrae/Matronae En Belgique et dans les Germanies les dédicaces aux

Mères doivent être datées d'à partir des Flaviens (Raepsaet- Charlier 1993, 32-36). Dans les provinces plus méridionales ce critère ne s'applique pas en raison de la relative rareté des inscriptions dédiées aux Matres/Matronae.

Cinquante-sept (ou soixante-une 72) dédicaces de Narbonnaise et des Alpes occidentales ont comme dédica- taires des déesses appelées Matrae ou Matronae. Les dédicaces aux Iunones, Proxumae, Comedouae... n'ont pas été retenues, bien qu'une certaine parenté puisse probablement être établie entre elles ; toutefois, le fait qu'elles soient distinguées dans une même dédicace implique leur différenciation et incite à ne pas confondre tous ces types de divinités féminines multiples.

Quarante-cinq (ou quarante-huit) textes proviennent de Narbonnaise : - Alba (CIL XII, 2672 ; AE 1986, 477) - Apt (ILNApt, 6) - Aïx(ILNAix,9, 160, 167) - Arles (CIL XII, 333 et add. p. 809 ; XII, 634) - Augusta Tricastinorum (ILGN, 257a-f) - Béziers (CIL XII, 4218; AE 1986, 471 (?))

7 1 Cf. Raepsaet-Charlier 1993. 10 : « En Aquitaine, nous n'avons noté aucun usage de la formule canonique mais uniquement de très rares allusions à la domus diuina directement honorée ou insérée dans une formulation pro salute domus diuinae».

72 Des textes fragmentaires pourraient avoir été des dédicaces aux Matrae/Matronae: CAG 13/2, p. 356; AE 1986, 471 ; CIL XII. 4330; 2593 = ILNV, 829. Doit-on inclure la dédicace aux Matruiles. découverte à Orange (AE 1940. 137) et 1" inscription de Montmirat. dédiée Matri (CAG 30/3. p. 472)'?

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350 Simina CIBU

37

38

39

27

40

Lieu de découverte

Nîmes

Allondaz

Tourrette-Levens

Sainte-Colombe

Avigliana

Divinité honorée

Maîrae

Matrae

[Matronae ou Maires Vediajntiarum Mères Augustes

Matro[nae]

Formules intéressantes

Matris

Matris

[Matronae ou Matres]

Matris Augustis

Matrofnis] ; inversion des noms

Autres formules

u s l m

ex uoto

[u s l m]

Date ép. julio- claudienne 1er siècle ap. J.-C.

après 61

100-200

fin IMIÉ siècle

Critère

duo nomina 1ère manière

antérieur à la réorganisation par Trajan du service de perception du quarantième des Gaules (J. France, 2001, p. 364-366). date à laquelle la quatorzième légion Gemina reçut les titres Martia Victrix.

Le dédicant est connu par une épitaphe D M (CIL XII, 1805) Caesaris seruus 78

Tableau VIII - Dédicaces datées aux MatraelMatronae en Narbonnaise et dans les provinces alpines occidentales.

- Carpentras (CIL XII, 1173; 1174) - Marseille (AE 1977, 530) - Narbonne (CIL XII, 4330) - Nîmes (CAG 30/2, p. 144; p. 271 ; p. 472 (?); CIL XII,

3085) - Riez (ILNRiez, 8) - Vienne (CIL XII, 1823-1826; 2220; 2221 ; 2348; 2388;

2448 ; 2593) - la confédération des Voconces (CIL XII, 1302-1310;

1699; 1713; 1716) - et peut-être Orange (AE 1940, 137 (?)).

Treize, des Alpes Graies (ILAlpes Graies, 56 ; 57), Cottiennes 73 et Maritimes (CIL V, 7872 ; 7873).

Quantitativement, nous sommes loin des centaines d'autels dédiés aux Matres et Matronae dans les Gaules et les Germanies 74, ou de la concentration qui se remarque dans le territoire de Ubii (entre Neuss, Bonn et Aachen) (Derks 1998, 119-130).

Une autre grande aire d'expansion de la dévotion aux Matronae s'étend dans le nord de l'Italie, de la Lombardie au Piémont. Sans entrer dans la problématique liée aux différences de nature des cultes dans ces deux aires de grande diffusion, ni dans leurs probables rapports chronologiques, abordés par T. Derks, nous pouvons établir avec vraisemblance un rapprochement entre le culte constaté

dans la vallée de Suse, dans les Alpes Cottiennes et celui, attesté dès la première moitié du Ier siècle ap. J.-C, en Lombardie et Piémont. Les arguments en faveur de ce rapprochement sont la proximité géographique (le Valsusa, sur le versant oriental des Alpes, était directement contigu à la regio XI d'Italie et est englobé aujourd'hui dans le Piémont) et politique (les conditions pacifiques de la transformation de l'ancien royaume de Cottius en province romaine ont certainement influé aussi sur les choix cultuels des cités) ; et la systématique appellation Matronae, dépourvue d'épithète, qui semble caractériser les cultes de l'Italie du Nord à la différence de leurs équivalents germaniques (qui s'adressent à des Matres, souvent identifiées par une épithète) 75.

Vingt-trois dédicaces évoquent, dans dix (ou onze) cités de la Narbonnaise 76, des Mères désignées uniquement par cette apellation; l'épithète Augustae accompagne leur nom dans huit (ou neuf) cas 77 et s'ajoute à une désignation particulière une fois, à Crosillac, dans la cité d'Alba (où l'on dédie Matris Aug(ustis) Obelesibus) (CIL XII, 2672). Elles sont Gerudatiae à Rians (ILNAix, 160) et Almahae au Plan d'Aups (ILNAix, 167), dans la cité d'Aix; Vbelkae (ou Vbelnae) à Saint-Zacharie (CIL XII, 333), dans la cité d'Arles; Victricis à Allan (ILGN, 257a-e), dans la cité des Tricastins ; Mogontiones, à

73 CIL V, 7210 ; 721 1 ; 7224-7228 ; 7241 ; 7242. Cinq de ces inscriptions recèlent des développements (CIL V, 7224 ; 7241 ; 7225 ; 7242) ou des restitutions (CIL V, 7228) du nom des Matrones. Toutefois, la découverte de ces textes aux mêmes lieux que les textes où le nom des déesses est en toutes lettres et la présence de l'adjectif diuis dans le texte CIL V, 7228 rendent les deveoppements et la restitution hautement vraisemblables

74 Un recueil de la documentation est présenté dans C. B. Riïger, B. Beyer-Rothof, Index epigraphischer Zeugnisse mehrzahliger weiblicher Gottheiten in den Lateinischen Provinzen des romischen Reiches, Kôln-Bonn, Epigraphische Studien, 15.

75 Derks, 1998, 120: «parmi les mères rhénanes, on peut distinguer environ 70 groupes sur la base de leurs noms». 76 Apt (ILNApt, 6), Aix (ILNAix, 9), Arles (CIL XII, 634), Saint-Paul-Trois-Châteaux (ILGN, 257f), Béziers (CIL XII, 4218), Carpentras (CIL XII,

1174), Marseille (AE 1977, 530), Narbonne (?) (CIL XII, 4330), Nîmes (CIL XII, 2915, 3085; CAG 30/3, p. 472), Vienne (CIL XII, 2348 = ILNV, 542), la confédération des Voconces (CIL XII, 1302-1310, 1699, 1713, 1716).

77 Dans les cités d'Alba (AE 1986, 477) et de Vienne (CIL XII, 1823-1826, 2220, 2388, 2448, 2593 ? = ILNV 13-16, 359, 596, 829?).

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CHRONOLOGIE ET FORMULAIRE DANS LES INSCRIPTIONS RELIGIEUSES DE NARBONNAISE 351

41

42

Lieu de découverte

Saint-Rémy

Aime

Divinité honorée lupiter O M Iuno Minerua

I 0 M Iuno Regina Minerua, Sol, Lima, Hercules Grains et dis praesides huiusce prouinciae

Formules intéressantes

Ioui 0 M lunoni Mineruae I 0 M Iuno Regina...

Autres formules [u] s l m

Date

au plus tôt 161-169

Critère

règne joint de deux Augustes

Tableau IX - Les dédicaces à Jupiter très bon et très grand et à Junon reine en Narbonnaise et dans les provinces alpines.

Agonès 79, dans la cité de Béziers, Mageiae à Anduze (CAG 30/2, p. 144), dans la cité de Nîmes; Conser- uatrices à Riez {ILNRiez, 8) ; Nemetiales à Grenoble {CIL XII, 2221 = ILNV, 360), dans la cité de Vienne. Dans les Alpes Graies elles sont Saluennae à Moûtiers (ILAlpes Graies, 57) et dans les Alpes Maritimes, Vediantiae ou "des Vediantir à Tourrette-Levens {CIL V, 7872, 7873).

Aucune détermination liée à la situation géographique ne se dégage de cette répartition, si ce n'est la systématique absence de toute épithète chez les Voconces ; cette particularité est à considérer néanmoins avec prudence, car elle est fondée sur seulement douze inscriptions. L'étude étymologique de chaque épithète et sociologique des dédicants des textes permettrait peut-être d'établir les origines des Mères honorées, mais elle dépasse l'objet de ce travail.

Cinq inscriptions sont datables par des critères objectifs, entre le Ier siècle (probablement dès l'époque julio- claudienne, comme le laisse entendre le type de dénomination de L. Classius, dédicant d'un autel à Nîmes, en tout cas dès 89) et la fin du IIIe siècle, embrassant l'ensemble de l'intervalle chronologique de la pratique épigraphique en Occident (tableau VIII). Sur le plan strictement chronologique, en Narbonnaise et dans les provinces alpines il est impossible de se servir des dédicaces aux mères comme critère de datation.

Les associations des Matrae/Matronae à d'autres formules parmi celles étudiées sont nombreuses : elles sont Augustae dans 9 cas, leur nom succède à celui du dédicant dans 14 cas; le monument leur est consacré explicitement par sacrum dans un cas ; elles sont associées aux numina des deux Augustes dans une inscription et à la puissance divine de Victoria et aux Proxumae dans une autre. Aucune conclusion n'est à tirer de ces conjonctions sur le plan chronologique.

Jupiter très bon et très grand et Junon Reine Dans les provinces septentrionales le faible nombre

d'occurrences datées (dix) de l'association de Jupiter et de Junon interdit toute conclusion chronologique. Mais, l'association I(oui) O(ptimo) M(aximo) (et) lunoni Reginae, attestée quasiment qu'en Germanie supérieure (une occurrence en Lyonnaise, une - restituée - en Belgique, 8 ou 9 en Germanie inférieure) serait, dans cette province, un indice chronologique qui daterait les inscriptions d'une période allant du règne de Marc Aurèle aux années 250.

En Narbonnaise et dans les Alpes occidentales, l'association de Jupiter et de Junon est - comme ailleurs dans les provinces occidentales de l'empire 80 - extrêmement rare (tableau IX). Les deux inscriptions qui l'attestent, une en Narbonnaise à Saint-Rémy, l'autre à Aime, dans les Alpes Graies, évoquent la triade capitoline, la seconde l'associant à d'autres divinités : Sol, Luna, Hercule Grains et les dieux protecteurs de la province. Le dédicant du premier texte est inconnu ; le second, daté au plus tôt de 161- 169 par la mention de deux Augustes régnants, est l'œuvre d'un procurateur impérial et s'inscrit dans le modèle construit par M. -Th. Raepsaet-Charlier sur le fondement des inscriptions des Germanies : association de Jupiter et Junon ; épithète Regina pour cette dernière ; postérieure au milieu du IIe siècle ; dédiée par un personnage qui peut avoir été un ancien militaire, à l'instar d'autres procurateurs des provinces alpines ex primipiles, même si cette dernière conjecture n'est pas absolument assurée.

Si l'inscription de Narbonnaise ne change rien au constat de l'impossibilité de construire un critère chronologique à partir de l'association de Jupiter et de Junon, le texte d'Aimé semble confirmer les conclusions auxquelles M. -Th. Raepsaet-Charlier est arrivée dans les Germanies. Est-ce pour autant que le critère 10 M {et) lunoni Reginae entre 161 et 250 est applicable dans les provinces Alpines

78 Cf. ci-dessus, note 40 et Betori, Mennella 2002, 22. 79 AE 1986, 471, si la restitution des Mères était justifiée. 80 Un seul usage en Aquitaine, aucun en Lyonnaise, aucun en Belgique (Raepsaet-Charlier 1993, 29; 1995, 366-369).

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352 Simina CIBU

8

36

Lieu Genève

Massongex

Divinité honorée

deus Inuictus, Genius loci Genius sta[ti]onis

Formules intéressantes deus, Genius loci, pro salute

[In h]onor(em) d(omus) d(iuinae), Genio sta[ti]onis

Autres formules

ex uoto, u s l m

Date 201

222, 226 ou 229

Critère date consulaire

les trois années de consulat de Sévère Alexandre

Tableau X - Les dédicaces au Genius loà en Narbonnaise et dans les provinces alpines.

(ou du moins dans les Alpes Graies) ? Une présomption est acceptable, mais non un critère assuré.

Genio loci Les dédicaces au Génie du lieu sont rarissimes en

Narbonnaise et dans les Alpes occidentales, où seulement deux inscriptions en attestent l'existence: - un autel dédié à Genève Deo Inuicto, Genio loci pour le

salut de Firmidius Severinus, un légionnaire qui accomplit un vœu en 201, après 26 ans de service ;

- et un autre autel, dédié in honorent domus diuinae Genio stationis, à Massongex, dans la vallée Poenine, également par un militaire, Virius Probus, soldat de la XXIIe légion Primigenia, en 222, 226 ou 229. Aucun de ces texte n'opère une remise en cause des

conclusions chronologiques obtenues dans les trois Gaules et les deux Germanies, où M. -Th. Raepsaet- Charlier a déduit un critère de datation : « à partir d'Antonin le Pieux». Toutefois, au-delà de la confirmation du caractère socialement limité 81 des dévotions au Génie du lieu et de leur ancrage dans la période sévé- rienne, il est hasadeux d'appliquer ici le critère de datation établi ailleurs (tableau X).

Dis deabusque omnibus Peu rencontrée dans les Trois Gaules et jamais de

manière datée, la vénération de tous les dieux et déesses constitue un indice chronologique pour les inscriptions des Germanies : entre le règne de Marc Aurèle et 250.

Comme ailleurs dans l'empire, en Narbonnaise et dans les Alpes occidentales, les formules qui évoquent dans les inscriptions plusieurs divinités de manière groupée sont, variées: dis omnibus (CAG 13/2, p. 355), dis

busque omnibus {CIL XII, 1217; AE 1998, 872), dibus deabusque {AE 1978, 457, AE 1993, 1114 = ILNV, 476; AE 1992, 1203), dis deabusque immortalibus {CIL XII, 2491 = ILNV, 704; CIL XII, 1685 (?); CIL V, 7870), dis praesidibus huiusce prouinciae {ILAlpes Graies, 3).

Des onze attestations 82 de la dévotion à tous les dieux (six en Narbonnaise 83 et cinq dans les provinces alpines 84) sept, soit plus de la moitié sont datables, la plus ancienne, entre le début du règne de Tibère et les Flaviens et la plus récente, de 260. Six des sept inscriptions datées s'inscrivent dans la fourchette chronologique établie dans les Germanies et semblent confirmer qu'entre l'époque de Marc Aurèle et le milieu du IIP siècle, en Narbonnaise et dans les provinces alpines, il y eut la plus grande diffusion des dédicaces à tous les dieux et déesses. Quatre des cinq inscriptions dont le dédicant est connu, émanent des représentants de l'autorité impériale dans les provinces: trois procuratores Augusti {CIL XII, 2491 = ILNV, 704, CIL V, 7870 et ILAlpes Graies, 3) et un praeses {AE 1998, 872). Ceci permet d'établir, en Narbonnaise et dans les provinces alpines, un parallèle au constat de l'usage essentiellement militaire de cette dévotion, établi dans les provinces septentrionales (Raepsaet-Charlier 1993, 41).

Le texte de Châteauneuf, daté archéologiquement entre la fin du règne d'Auguste et les Flaviens présente plusieurs particularités: il s'agit d'un graffite sur gobelet en terre cuite, avec une formulation qui diffère de celle des inscriptions sur pierre 85. Il se rapproche, par le formulaire, de la dédicace flavienne de Windisch, écartée de l'étude dans les Trois Gaules et les deux Germanies 86. Devons-nous également laisser de côté ce texte qui apparaît isolé par rapport au corpus étudié ? Ou bien est-il possible de l'interpréter comme témoignage d'une évolution :

81 Divinité très bien représentée dans le panthéon des bénéficiaires des provinces germaniques, de Norique, des deux Pannonies et de Dalmatie, le Génie du lieu est également invoqué par de centurions ou par des officiers responsables d'une garnison militaires établie dans un camp situé hors de la base légionnaire, ainsi que par des gouverneurs eux-mêmes, ou d'autres membres de leur officium (voir Nelis-Clément 2000, 35 et 141).

82 Nous avons éliminé du compte une inscription très fragmentaire d'Orange (CIL XII, 1216), dans laquelle la restitution Dis [deabusque — ] est trop incertaine et le texte fragmentaire de Die (CIL XII, 1685), dont le caractère est incertain (inscription funéraire mentionnant les dieux immortels ?).

83 Dans les cités d'Orange : CIL XII, 1217 ; Glanum : CAG 13/2, p. 355 et 379 ; Vienne : CIL XII, 2183 = ILNV 320, CIL XII, 2491 = ILNV, 704, AE 1993, 1 1 14 = ILNV, 416 et chez les Voconces : AE 1992, 1203.

84 Alpes Graies : ILAlpes Graies, 3 ; Vallée Poenine : AE 1978, 457, AE 1998, 872. 85 Sur les différentes propositions d'interprétation du Di, diae cf. Mermet 1993, 1 10, n° 4. 86 CIL XIII, 1 1501 : Deum dearum aram posuit. Voir Raepsaet-Charlier 1993, 42, note 172.

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CHRONOLOGIE ET FORMULAIRE DANS LES INSCRIPTIONS RELIGIEUSES DE NARBONNAISE 353

43

42

9

7

44

35

24

Lieu de découverte

Châteauneuf

Aime (AG)

Agnin

Brison-Saint- Innocent

Cimiez (AM)

Martigny (AP)

Saint-Léonard (AP)

Divinité honorée Di, deae

IOM luno Regina Mine rua, Sol, Luna, Hercules Graius et dis praesidibus huiusce prouinciae IOM et caeteris dis deabusq(ue) immortalibus

[Dis], dea[b]u[sque im]/mor[t]a[libus]

IOM ceterisq diis deabusq immort [D(eo) S(oîi) I(nuicto) M(ithrae)] diis deabusque omnibus Victoria [[D(omini) n(ostri) Gallieni]] / ceterisq(ue) di(i)s deabusq(ue

Formules intéressantes Di, deae

IOM luno Regina. . .

IOM et caeteris dis deabusq(ue) immortalibus, pro salute imperator(um) [Dis], dea[b]u[sque im] /mor[t]a[libus], pro salu[te D(ominorum) n(ostrorum) ceterisqu diis deabusq immort

deo, diis deabusque omnibus

ceterisq(ue) di(i)s deabusq(ue), sacrum

Date déb. Tibère - Flaviens au plus tôt 161-169

198-209

198-209

198-209 ou Ille siècle fin Ile-IIIe siècle 260 ( ?)

Critère Critère archéologique 88 règne joint de deux Augustes

règne commun de Septime Sévère et Caracalla Géta César et pas encore Auguste.

Carrière de Tib. Claudius Demetrius 89 praeses, u(ir) p(erfectissimus) 90 titulature

Tableau XI - Les dédicaces datées dis deabusque en Narbonnaise et dans les provinces alpines.

la dévotion à tous les dieux et déesses, présente dès l'époque julio-claudienne dans la pratique populaire aux bords de la Narbonnaise 87, ne se serait "installée" véritablement dans la pratique officielle et dans la forme épi- graphique "classique" qu'au temps de Marc Aurèle au plus tôt, pour disparaître vers le milieu du IIIe siècle ? Si la question est permise, l'hypothèse demande à être confirm- lée par de nouvelles découvertes documentaires.

La concordance chronologique et la proportion relativement importante des occurrences datées qui la fonde autorisent l'application en Narbonnaise et dans les provinces alpines, aux inscriptions émanant de militaires ou de membres de l'administration impériale, du critère de datation établi par M. -Th. Raepsaet-Charlier dans les Germanies. Ces textes seraient à dater entre le règne de Marc Aurèle et le milieu du IIIe siècle. Encore faut-il tenter d'expliquer ce phénomène, afin de plus solidement fonder ce critère et lui assurer la pérennité.

Si l'interprétation hypothétique proposée pour le cas de Châteauneuf était recevable, il faudrait en déduire l'impossibilité d'application de ce critère aux dédicaces des particuliers et conséquemment aux textes dont le dédicant est inconnu (tableau XI).

L'inversion des noms Une longue pratique et une bonne connaissance de

l'épigraphie de Narbonnaise ont permis à J. Gascou d'observer que la pratique d'inscrire le nom de la divinité après celui du dédicant (et ce, quelque soit la place de la formule votive) était souvent datée de l'époque julio-claudienne et ne semblaient pas avoir été maintenue aux siècles suivants. Bien que cet usage ne fasse pas partie de la liste des formules étudiées dans les Trois Gaules et les deux Germanies, il nous a semblé intéressant de l'insérer dans ce travail pour tenter de "faire le point" sur ce qui commence à être utilisé comme un critère de datation.

Cent-cinquante inscriptions témoignent de cet usage : vingt-neuf dans les provinces alpines, cent-vingt-et-une, en Narbonnaise.

Dix-neuf occurrences (soit 12,8 %) sont datées par des critères objectifs, entre 5 de notre ère (pour la plus haute datation à l'année près : CIL XII, 2574 = ILNV, 800) jusqu'en 211-222 (mais probablement jusqu'au milieu du IIIe siècle).

Quinze des dix-neuf textes datables appartiennent à l'époque julio-claudienne, donnant confirmation des observations de J. Gascou. Des quatre autres, un texte de

87 Le sanctuaire de Limétus à Châteauneuf (Savoie), dont la fouille a livré le gobelet qui porte l'inscription, est situé près des confins de la Narbonnaise et des Alpes Cottiennes. au confluent de l'Isère et de l'Arc, sur un débouché occidental de la voie transalpine du Petit-Saint- Bernard.

88 Construit à la fin du règne d'Auguste - le dépôt de fondation contient des monnaies de cette époque (cf. ILN Vienne. n° 462) - le fanum sur les murs duquel furent inscrits ces graffites fut détruit sous les flaviens (cf. Mermet 1993, 195-138 et Rémy 1999, 32.)

89 Voir Pflaum 1960. 788-789. 90 Cf. Rémy. Kayser 1999. 1 15.

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45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60

40 12

13

Lieu Annemasse Grd-St-Bernard Châteauneuf Grd-St-Bernard Genève Saint-Rémy Brignon Nîmes Rognes Cabasse Grd-St-Bernard Grd-St-Bernard Grd-St-Bernard Châteauneuf Châteauneuf Gréoux-les-Bains

Avigliana Châteauneuf- Villevieille Châteauneuf- Villevieille

Divinité honorée Mars Poeninus Limetus Poeninus Mercurius Hercules Eaux de Brienne Nemausus Vroicae Roqu[etius] Poininus Domnae Phoeni[nus] Néron, Limetus [M]ercur[ius] Nymphes Griselicae

Matro[nae] deus [Joreuaius

deus Abinius

Formules intéressantes

~ s(acrum)

Matro[nis] ; ~ deus, p s d d, ~

deus, p s d d, ~

Autres pro meritis u s l m u u s l m u si m

u s u s l m u s l m

u s l m uotu s libes s u s l m u s l m ualm [s ?]

[u s l m] Im

Im

Date 5 ap. J.-C. 4-14 fin Auguste-déb. Tibère règne d'Auguste - 61 1-50 ép. julio-claudienne ép. julio-claudienne ép. julio-claudienne ép. julio-claudienne ép. julio-claudienne ép. julio-claudienne ép. julio-claudienne 43-69 54-68 fin Auguste - Flaviens entre 176 et 192

fin Ile-IIIe siècle 211-217

211-217

Critère date consulaire entre 4 et 14: cf. note 92 Voir note 93 Voir note 94 Voir note 95 duo nomina 1ère manière duo nomina 1ère manière duo nomina 1ère manière Voir note 96 duo nomina 1ère manière duo nomina 1ère manière duo nomina 1ère manière entre 43 et 69 : cf. note 97 règne de Néron Voir note 98 176 : 2e consulat de T. Vitrasius Pollio ; 192 : mort de la dédicante Voir note 99 titulature impériale ; emploi de dominus titulature impériale ; emploi de dominus

Tableau XII - Le nom du dédicant avant celui de la divinité dans les dédicaces datées en Narbonnaise et dans les provinces alpines 9I.

91 Nous avons noté par le symbole "~" la formule intéressante étudiée. 92 4 : Adoption de Tibère par Auguste; Tibère devint Tiberius Iulius Caesar. 14 : Mort d'Auguste; Tibère devint 77. Caesar Augustus ou Imp. Ti.

Caesar Augustus 93 L'inscription fut découverte avec un dépôt votif de fondation composé d'un fer de hache, d'une monnaie de Vienne, frappée vers 36 av. J.-C,

mais fort usée et d'une monnaie de Nîmes de la troisième série, émise vers 10-14 ap. J.-C, quasiment à fleur de coin. 94 À partir de cette date, la quatorzième légion Gemina reçut les qualificatifs Mania Victrix; cette légion stationna à Mayence de l'époque augus-

téenne, jusqu'en 43 et de 71 à 96/97 '; par ailleurs, l'usage d'indiquer l'unité militaire à l'ablatif, seul ou précédé de ex, est julio-claudien (cf. Dondin-Payre, Raepsaet-Charlier 2001, XI-XII).

95 Cf. AE, 1996, 1024: La petite colonne fut découverte «6, rue de l'Hôtel de Ville, à proximité d'un puissant socle de 3 m de côté implanté dans un remblais datable entre 50 et 80 ap. J.-C, donc peut-être quasiment in situ». L'inscription était très probablement antérieure au remblais. Si la datation de ce dernier était juste, on peut dater la première dans la première moitié du Ier siècle (autrement, son enfouissement dans le remblais des années 50-80 n'est pas compréhensible). Abréviation l(ibertus) disparue au IIe siècle.

96 Cf. J. Gascou, ILNAix, note introductive : la promotion au statut de colonie romaine semble avoir été réalisée, pour Aix, avant les Flaviens. Si les dédicants de l'inscription étaient bien des citoyens d' Aquae Sextiae, leur statut pérégrin implique une datation antérieure aux Flaviens pour l'inscription.

97 La quatrième légion Macedonica stationnait sur le Rhin. Cette légion suivit Vitellius à Rome. 98 Cf. ILN Vienne, n° 462: Construit à la fin du règne d'Auguste (le dépôt de fondation contient des monnaies de cette époque \efanum sur les

murs duquel furent inscrits ces graffites fut détruit sous les flaviens. Voir aussi Mermet 1993, 195-138 et Rémy 1999, 32. 99 Cf. ci-dessus, note 40 et Betori, Mennella 2002, 22.

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CHRONOLOGIE ET FORMULAIRE DANS LES INSCRIPTIONS RELIGIEUSES DE NARBONNAISE 355

Gréoux-les-Bains (cité de Riez) dédié aux Nymphes Griséliques par l'épouse du consul T. Vitrasius Pollio s'inscrit entre le second consulat de ce dernier en 176 et la mort de la dédicante, en 192; les trois autres proviennent des provinces alpines: d'Avigliana (Alpes Cottiennes) vient une inscription fragmentaire dédiée aux Matronae par un esclave impérial employé de la station de perception du Quarantième des Gaules. Or, ce ne fut qu'après "la mise en régie directe" de la perception de cet impôt, sous Commode ou Septime Sévère que des esclaves impériaux furent employés dans ces services. Par ailleurs, bien qu'aucune réforme connue n'intervint avant Constantin, il semble qu'à partir de Gallien, des ingénus avaient pris la place des esclaves dans ces postes ; ces considérations nous incitent à situer l'inscription à la fin du IIe ou au début du IIIe siècle de notre ère. Les deux derniers textes plus tardifs proviennent de Châteuneuf-Villevieille (Alpes Maritimes) et sont datés par la titulature impériale de 21 1- 222. Les remarques relatives à la répartition géographique des textes impliquent probablement la nécessité d'une différenciation spatiale de ces usages plus tardifs. Dans les provinces alpines, l'usage se serait maintenu plus longtemps qu'en Narbonnaise où seule une inscription l'atteste au IIe siècle. Ceci donne une présomption pour une datation de l'époque julio-claudienne des inscriptions qui, en Narbonnaise indiquent le nom de la divinité après celui du dédicant.

Néanmoins, il reste une réserve dans l'établissement d'un critère de datation sûr: les cinq occurrences où le théonyme est désigné par deus/dea. Trois de ces cas proviennent des Alpes Poenines et Maritimes et deux, de Narbonnaise (cités d'Aix et de Carpentras). Les deux éventuels indices chronologiques : inversion de la place du théonyme et la désignation deus/dea devraient s'exclure mutuellement, car le second daterait une inscription d'au plus tôt dans la deuxième moitié du IIe siècle, date à laquelle la pratique qui constitue le premier indice serait déjà depuis longtemps abandonee. Si l'on opère la distinction spatiale, aucune contradiction n'apparaît dans les provinces alpines où l'inversion des noms n'est pas nécessairement un indice de précocité. Mais en Narbonnaise, cette association de formules et l'inscription de Greoux- les-Bains induisent de sérieuses réserves dans l'utilisation chronologique de la pratique d'inscrire le nom de la divinité après celui du dédicant, à moins de considérer que dans l'association des deux formules nous serions en présence d'un emploi plus précoce de deus/dea (tableau XII).

4. Conclusion

En Narbonnaise et dans les Alpes occidentales il est extrêmement difficile, voire impossible de trouver de nouveaux critères de datation des dédicaces, fondés sur le formulaire. Méthodologiquement, une approche qui privilégierait un point de vue plus restreint, mais qui sonderait

d'avantage en profondeur chacune des inscriptions serait peut-être plus utile à leur compréhension, même si elle n'aboutirait pas toujours à leur datation. Chaque manière d'inscrire la piété dans la pierre est née en des circonstances bien déterminées, dont la majeure partie resteront à jamais inconnues. L'étude chronologique d'un choix de théonymes et de fomules épigraphiques est intéressante en ce qu'elle procure les jalons temporels du matériel dont on dispose et révèle ponctuellement des "modes" épigraphiques utilisables dans la datation des dédicaces.

D'une part, la locution pro salute, exprime la participation de l'empereur comme attributaire des actes cultuels (vœux ou sacrifices rendus à des divinités) ou des dons matériels offerts à la communauté de la cité et d'autre part, elle s'applique indistinctement à l'empereur, à des personnes ou à des groupes particuliers (comme au dédicant même). Devenue un automatisme à l'époque impériale, elle est fréquemment employée, du Ier au IIIe siècle et ne constitue pas un indice chronologique.

Certaines formulations comportent soit une proportion importante, soit un petit nombre d'occurrences datées couvrant de manière homogène l'ensemble de l'époque impériale et s'opposent, de ce fait, à leur utilisation chronologique en Narbonnaise et dans les provinces alpines. Dans le premier groupe s'inscrivent les expressions pro salute (50 %) et sacrum (13,9 %); dans le second, l'épi- thète Augustus/ Augusta, les différentes formes d'invocation des numina impériaux, les dédicaces aux Matrae/ Matronae. L'épithète sanctus/sancta résiste à toute tentative de datation car, sur le nombre relativement restreint d'attestations, aucune ne possède un indice externe (tableau XIII).

À l'exclusion des dédicaces julio-claudiennes aux Mères, dont le culte fournissait un critère de datation "après les Flaviens" en Belgique et dans les Germanies, les données de la Narbonnaise s'inscrivent dans les fourchettes chronologiques dégagés dans les Trois Gaules et les deux Germanies. Comme dans ces provinces, en Narbonnaise et dans les provinces alpines occidentales la désignation deus/dea placée devant le théonyme n'est pas attestée avant la fin du IIe siècle, ni après la fin du IIIe; l'invocation de la domus diuina est ciconscrite à la première moitié du IIIe siècle ; Jupiter et Junon ne sont conjointement honorés qu'après la seconde moitié du IIe siècle; le Genius loci, dans les premières années du IIIe siècle; et "tous les dieux et déesses", entre 198 et 260. Néanmoins, ces données chronologiques sont fondées dans les provinces méridionales sur un nombre extrêmement réduit d'occurrences datées - quatre pour deus/dea ; quatre pour l'invocation de la maison divine (dont deux seulement pour la formule in honorem domus diuinae) ; une pour Jupiter et Junon, deux pour le Génie du lieu - ce qui limite considérablement leur portée.

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356 Simina CIBU

Formulaire

Deo/deae

In honorem domus diuinae

In honorem domus diuinae - deo/deae Matres/Matronae

IOM (et) Iunoni Reginae

Genio loci

Dis deabusque omnibus

Inversion des noms

Remarques chronologiques dans les Trois Gaules et les Germanies 124/135-399

135-350

1ère moitié du IIIe siècle, en Belgique et dans les Germanies à partir des Flaviens en Belgique et dans les Germanies règne de Marc Aurèle - 250 dans les Germanies à partir des Antonins

règne de Marc Aurèle - 250 dans les Germanies pour les dédicaces émanant de militaires pratique rare et tardive 10°

Remarques chronologiques en Narbonnaise et dans les provinces alpines

fourchette chronologique confirmée, mais très peu d'exemplaires datés (critère non utilisable) fourchette chronologique confirmée, mais très peu d'exemplaires datés (critère non utilisable) aucune attestation

dédicaces datées dès le Ier siècle

fourchette chronologique confirmée, mais très peu d'exemplaires datés (critère non utilisable) fourchette chronologique confirmée, mais très peu d'exemplaires datés (critère non utilisable) règne de Marc Aurèle - 250 pour les dédicaces émanant de militaires et membres de l'administration impériale ép. julio-claudienne en Narbonnaise (?)

Tableau XIII. Tableau comparatif des indices chronologiques des Trois Gaules et des deux Germanies d'une part et de Narbonnaise et des provinces alpines, d'autre part.

L'invocation de "tous les dieux et déesses" se détache grâce à la conjonction de trois éléments : la confirmation des conclusions chronologiques obtenues dans les Trois Gaules et les deux Germanies ; la proportion relativement élevée de textes datés qui la fonde (60 %, si nous considérons uniquement les inscriptions sur pierre, à l'exclusion du graffite de Châteauneuf, dont la nature est particulière dans ce contexte) et la similitude constatée également dans le caractère socialement restreint de ce type de dévotion. Pour cette "expression intéressante", il est envisageable de considérer que les inscriptions de la Narbonnaise et des Alpes occidentales ont consitué un allongement de l'assise épigraphique étudiée par M. -Th. Raepsaet-Charlier, qui a abouti à un élargissement de l'application de sa conclusion pour un type d'inscriptions donné : la datation des dédicaces à tous les dieux et déesses émanant des membres de l'administration impériale entre le règne de Marc-Aurèle et le milieu du IIIe siècle. Il reste toutefois un critère issu de l'observation, dont l'explication historique reste à trouver. Tenter

de l'appliquer aux dédicaces non datées de Narbonnaise et des provinces alpines n'aboutit malheureusement à aucune datation nouvelle, car aucun des textes non datés n'est sufîsamment complet 101 ou développé 1()2 pour nous dévoiler la fonction officielle du dédicant. En vertu des nuances introduites dans la réflexion par le graffito de Châteauneuf, il est prudent de renoncer à dater suivant ce critère la dédicace de L(ucius) C(-) Viator, de Saint- Rémy l03.

Au-delà de la seule recherche de critères de datation, la comparaison des données chronologiques de Narbonnaise et des provinces alpines, d'une part et des Trois Gaules et des deux Germanies, d'autre part contribue à la mise en lumière d'évolutions dans la diffusion des formulaires. Les cas discordants {Matres/Matronae et inversion des noms) affichent un même type de décalage "vers le haut" de la Narbonnaise par rapport aux provinces septentrionales ; ils semblent montrer une arrivée généralement plus précoce des formulaires dans l'épigraphie de la Narbonnaise.

100 M. -Th. Raepsaet-Charlier, communication personnelle. 101 Texte fragmentaire CIL XII, 1217 (Orange) : Dis [deabusque ?] / omn[ibus ?]. 102 Textes courts, n'indiquant pas de dédicant CAG 13/2, p. 379 (Saint-Rémy) : V(otum) s(oluit) l(ibens) m(erito) / dibu(s) / de[ab(us)] ; AE 1992,

1203 (Vaison): Dibus deabusque. 103 CAG 13/2, p. 355 : (E)x m(onitu) Ippo(nae) / L(ucius) C(-) Viator / D dis omn/[i]bus.

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CHRONOLOGIE ET FORMULAIRE DANS LES INSCRIPTIONS RELIGIEUSES DE NARBONNAISE 357

Si des présomptions peuvent découler des observations chronologiques attachées au formulaire, dans la tentative de datation des dédicaces, elles doivent toujours être confirmées par d'autres indices : la nature du monument et son iconographie, le contexte archéologique de la découverte ou historique de sa rédaction...

* Doctorante-Allocataire de recherche. Université Pierre Mendès- France - Grenoble II.

Je tiens à exprimer ma reconnaissance envers Madame M. -Th. Raepsaet-Charlier et Messieurs J. Gascou, G. Mennella et B. Rémy qui ont bien voulu relire le texte de cette étude et m'ont fait part de leurs judicieuses remarques et observations.

Catalogue des inscriptions citées dans les tableaux

Les textes des inscriptions sont présentés suivant l'ordre de leur apparition dans les tableaux.

1. ILNFréjus, 164: Pro salute / C(ai) Caesaris German(ici) / f(ili) Gennanic(i) August(i) / pagus Matauonicus.

2. CIL XII, 4334 : / pro sjalute / [et] Victoria / [Ti(beri) Claudi Cajesaris Aug(usti) / [Germ(anici) p(ontificis)] m(aximi) tr(ibuni- cia) p(otestate) III imp(eratoris) V p(atris) p(atriae) [ex uoto susjcepto / [ JCascellia Secunda.

3. ILNAix, 22 : Pro salute Neronis Claud(i) / Caesaris Aug(usti) / Ger(manici) p(atris) p(atriae) sacr(um) / [p]agus Iu(u)enalis.

4. CIL XII, 1222 : Num(inibus) Aug(ustorum) / Matri deum /pro salut(e) imp(eratoris) / M(arci) Aur(eli) [[Commo/di]] Antonini PU / Felicis / tauropolium /fecerunt / Sex(tus) Publicius / [ ]anus / [et

Jiana. 5. CIL XII, 1782 : M[a]tr{ae) M(agnae) [Id]e[ae] (?) [pro sal imp

Caes M Aur Commodi] / [Antonini Aug Pi]i domusq(ue) diui/nae colon(iae) copiae Claud(iae) Aug(ustae) Lud(unensis) / taurobolium fecit Q(uintus) Aquius Antonia/nus pontif(ex) perpetuus / ex uatici- natione Pusoni luliani archi/galli inchoatum XII Kal mai c[o]nsum/matum VIIII kal mai L(ucio) Eggio Marullo / Cn(aeo) Papirio Aeliano co(n)s(ulibus) praeeunte Aelio / C[astren]s[e] sacerdote tibicine Albio / Verino,

6. ILGN 231 : [Matri deu]m M[agn]ae [Idaeae] / pro salute L(uci) Sept(imi) Seueri PU P[ertina(ci) Aug(usto)] et M(arci) Au[r(elio)] / Antonini Aug(usto) [[et P(ubli) Sept(imi) Getae Caesaris]] et Iu[li]/ae Aug(ustae) taurobol(ium) fec(it) r(es) p(ublica) Voc(ontio- rum) Fl(auio) Talusio / [ ] Appiano I[ / P[ ]

7. CIL XII, 2491 = ILNV, 704: [Dis] dea[b]u[sque im]/mor[t]a[libus] / pro salu[te D(ominorum) n(ostrorum) Imp(era- torum) L(uci)] / S[e]p[ti]mi [Seueri Pertin(acis) Aug(usti) et] / M(arci) Aureli An[t]o/n[ini] Au[g(usti) [[et P(ubli) Septi]]/ [[mi Getae nob(ilissimi) Caes(aris)]] ] et / Iuliae Aug(ustae) Ma/tris cas- tror(um). / Septimius Ho/noratus proc(urator) / Aug(ustorum) et Caes(aris).

8. CIL XII, 2587 = ILNV, 821 : Deo Inuicto / Genio loci / Firmidius Se/uerinus mil(es) / leg(ionis) VIII Aug(ustae) p(iae) f(idelis) / C(onstantis) C(ommodae) stip(endiorum) XXVI a ram /ex uoto pro salute /sua. V(otum) s(oluit) t(ibens) m(erito). Posita / Muciano et Fabiano co(n)s(ulibus).

9. CIL XII, 2183 = ILNV, 320: loui Optimo Maximo et / caeteris dis deabusq(ue) / immortalibus / pro salute imperator(um) / L(uci) Septimi Seueri ci / M(arci) Aureli Antoni/ni] /

10. CIL XII, 4323 : Imperio d(eum) M(atri) tauro/polium prouinciae / Narbonensis /faction per C(aiurn) Batonium / Primum flaminem Augfustorum duorum) /pro salute dominorum / impferatorum duo- ru m) L(uci) Septimi Seueri / PU Pertinacis Aug(usti) Ara/bici Adiabenici Parthi/a Maximi / et M(arci) Aureli / Ant(onini) Aug(usti)

11. CIL XII, 1745 : Pro salute Augg[ g ? (ustorum)] / ' pro que d(omus ?) d(iuinae ?) / taurobolium et c[ri]/obolium M(atri) d(eorum) M(agnae) I(daeae) fe[cer(unt)] / C(aius) Valerius Vr[ba ?]/[n]us sacerdos C(aius) [Fl(auius) Re]/[stit]utus [tibicen]

12. CIL V, 7866 : P(ro) s(alute) d(omus) d(iuinae) / Q(uintus) Eniboudius / Montanus (centurio) / leg(ionis) III Italicae / ordina- tus ex / eq(uite) Rom(ano) ab Do/mino imp(eratore) M(arco) Au/[r]el(io) Antonino Au[g(usto)] / [a]r[am] posuit deo / [-Joreuaio l(ibens) m(erito).

13. CIL V, 7865 : P(ro) s(alute) d(omus) d(iuinae) / Q(uintus) Eniboudius / Montanus (centurio) / leg(ionis) III Italicae / ordina- tus ex / eq(uite) Rom(ano) ab Do/mino imp(eratore) M(arco) Au/rel(io) Antonino Au[g(usto)] / [a]r[am] posuit deo / Abinio l(ibens) m(erito).

14. CIL XII, 1567 : M(atri) d(eum) M(agnae) I(daeae) / sacr(um) TRIB taur(opolium) fecer(unt) / cum suis hostis et apparam / omnib(us) L(ucius) Dagid(ius) Marins pon/tif(ex) perpet(uum) ciuit(atis) Valent(iae) / et Verullia Martina et/Verullia Maria fil(ia) eorum / pro salute imp(eratoribus) et Caesar(ibus) / Philipporum Aug( ustorum duorum) et Otaci/liae Seuerae Aug(ustae) matri s / Caes(aris) et Castror(um) praeeun/tibus sacerdotibus Iuni[o] / Tito XV uir(o) Arausens(ibus) et / Castricio Zosimione ciJuitat(is) Albens(ibus) et Blattio / Paterno ciuitatis Voc(ontiorum) / et Fabricio Orfito (sacerdote) Liber(i) / Patris et ceteris(que) adsis/tentibus sacerdotibus / u(otum) s(oluit) l(ibens) m(erito) loco uires con/ditae die prid kal(endae) oct / imp(eratore) Philippo Aug(usto) et Titi/ano co(n)s(ulibus).

15. ILGN 518 : Matri deum Mag[nae] / [Idaeae Phrygjiae Palatinae / [taurobolia] et criobolia / [pro salute dd nn imp(eratorum)] Caes(aris) [M(arci) luli / Philippi pii] fel(ici) Aug(usti) [et M(arci) Iuli] / [Philippi nob(ilissimi) Caes(aris)] Aug(usti) [f(ili) e]t Ota/[ciliae Seuerae Aug(ustae)] XVuiris / [ ]Nemaus/ens(es) [- - -/ omni / [ JIIIIIIuirAug / [ JIHral / [ ] prae/[euntib ] [ 7 / [Aujrelio / [ / et [ ]imp / [Philippo Aug et Tijtiano co(n)s(ulibus).

16. CIL XII, 1844 = ILNV, 35 : [Imp(eratori) Caes(ari) Diui ?]f(ilio) Augus[to ] / [ ? et Tib(erio) ? CJaesari [Aug(usti) f(ilio) ? - --?]/[ ? Magistr ?]i uici Rep[entini ] / [ sjacrum.

17. ILGN 88 ; CAG 13/1, p. 244 : Ti(berio) Augusto / sacrum / Sex(tus) Aelanius Pisinus / d(e) s(ua) p(ecunia) d(edit) (dédicace reproduite sur les deux faces d'un autel)

18. CIL XII, 3158 : - - - / Ti(beri) Aug(usti) f(ilio) / sacrum. 19. CIL XII, 2592 = ILNV, 827: Marti Aug(usto) / sacrum /

[C(aius) ?] Sennius Sabinus. 20. G. Walser, 1984, n° 25: Cn(aeus) Noni[u]s / uotu(m) s(uum)

libe(n)s s(oluit) / Poinino s(acrum) libe(n)s posuit. 21. CIL XII, 2390 = ILNV, 601 : Sacrum / Imp(eratore) Com(modo) II

/ P(ublio) Martio / Vero II co(n)s(ulibus) / .

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22. AE 1945, 123 : [N]um(inibus) Aug(ustorum duorum), / Mercurio sacr(um) / Montanus Aug(ustorum duorum) n(ostrorum duorum) uern(a) a(gens) u(ice) u(ilici) stat(ionis) / Acaun(ensis) Quadragesimae Gal[l(liarum)] / aedem uetustat[e] / [cjonlabsam res/tituit.

23. 1LGN, 20 : Saluti sacrum / Forociaudien/ses Vallenses / cum / T(ito) Pomponio / Victore / proc(uratore) [Augusto]/rum.

24. AE 1978, 457 : Victoriae [[D(omini) n(ostri)]] / [[Gallieni PU Felicis]] / [[Aug(usti) Germ(anici) max(imi) pont(ificis) max(imi)]] / [[et P(ubli) Licini Cornell]] / [[Salonini nob(ilissimi) Caes(aris)]] / ceterisq(ue) di(i)s deabusq(ue) / sacrum.

25. CIL XII, 2558 = ILNV, 778 : Aug(usto) Vint[io] / sacr(um) / T(itus) Valerius / Crispinus / sacer(dos) Vinti, / praef(ectus) pag(i) Dia(- - -) / aedem d(edit).

26. AE 1901 = ILNV, 736 : Castori Aug(usto) / C(aius) Caprilius / Sparus ex stipe / [a]nni Mani Acil(i) / [Gljabrionis M(arci) / Vlpi Traiani co(n)s(ulum) / quo sacerdos /fuit.

27. CIL XII, 1826 = ILNV, 16 : Matris / Augustis / C(aius) Titius / Sedulus / ex uoto.

28. CIL XII, 5835 : Fatuis sanctis. 29. AE 1958, 307 ; CAG 13/2, p. 319 : Numini Sil/uani sanct(i) / T(itus)

Quadri[uius ou -nius] / Valerianus / u(otum) s(oluit) l(ibens) m(erito).

30. CIL XII, 1838 = ILNV, 26 : Sanctis / Vir[g]ini[b]us, / Sapauidus (?) [et] / Campana / posuerunt.

31. CIL XII, 4333 : Dédicace de l'autel au numen d'Auguste {Ara numini Augusti) à Narbonne (cf. AE 1952, 167 et M. Gayraud, Narbonne antique des origines à la fin du IIIe siècle, Paris, 1981)

32. ILAlpes Graies, 57: Numinibus / Augfustorum duorum), / Matri deum / et Matronis / Saluennis, / T(itus) Romanius / Mercator, / ex uoto.

33. AE 1965, 195 : Numinib(us) Aug(ustorum), / in honorent domus diuinae, / emeriti consistentes Cemenelo / scholam ueterem de suo refecer(unt) / et dedicauerunt sub cura / Iuli Honorati, proc(urato- ris) Aug(usti), ex p(rimo) p(ilo).

34. C.-F. Capello, 1940, p. 185 : Belano / deo / S(extus ?) Lucanius / u(otum) s(oluit) l(ibens) m(erito) (?)

35. AE 1998, 872 : [D(eo) S(oli) I(nuicto) M(ithrae) ?] / diis dea- busque / omnibus / P(ublius) Acilius Theo/dorus, u(ir) p(erfectissi- mus) / praeses.

36. CIL XII, 144 : [In h]onor(em) d(omus) d(iuinae) / Genio sta/[ti]onis, Viri/[u]s Probus / [mjiles leg(ionis) XXII / [Pr(imige- niae)] Alexandr/[ia]n(a)e P(iae) F(idelis) imp(eratore) d(omino) n(ostro) / [Alejxandro / [ co(n)s(ulibus)].

37. CIL XII, 3085 : Matris / L(ucius) Classius / u(otum) s(oluit) l(ibens) m(erito).

38. CIL XII, 2348 = ILNV, 542 : Matris / Mithres / soc(ietatis) XL uil(licus), / ad Tur(em) / L(ocus) (in fronte) XIII p(er) a(grum) VI.

39. CIL V, 7873 : [Matronis m ou Matribus] / [Vediajntiarum, / [uot(um) lib(ens)] lau(te ?) red/[dit L(ucius) Vajl(erius) Velox, / [mil(es) leg(ionis) XIJIII Gem(inae) M/[art(iae) Victjricis, (centu- ria) / [Cla(udi) Repenjtini.

40. CIL\, 7211 : / Caes[aris] / ser(uus), ui[licus] / station(is) [XL Gall(iarum)] / Matro[nis u(otum) s(oluit) l(ibens) m(erito) (?)7.

41. CIL XII, 996; CAG 13/2, p. 393: Ioui O(ptimo) M(aximo) / Iu[n]oni / Mineruae / [ ] u(otum) s(oluit) l(ibens) m(erito).

42. ILAlpes Graies, 3 : I( oui) O(ptimo) M(aximo), / Iunoni Reginae, / Mineruae, / Soli, Lunae, / Herculi Graio / et dis praesidibus / huiusce prouinciae, / [[ ]]O[[ ]] / proc(urator) Aug(ustorum duorum).

43. AE 1193, 1114 = ILNV, 476: Di, diae (sic) / u(otum) [s(olui) l(ibens) m(erito) ?].

44. CIL V, 7870 : Ioui O(ptimo) M(aximo) / ceterisq(ue) diis / dea- busq(ue) immort(alibus) / Tib(erius) Cl(audius) Demetrius, /dom(o) Nicomed(ia), / u(ir) e(gregius), proc(urator) Aug(ustorum duorum) n(ostrorum duorum), / item ducenarius episcepseos / chorae inferions.

45. CIL XII, 2574 = ILNV, 800 : Firmus, Hilari f(ilius) / Marti pro mer(itis) / C(aio) Ateio Capitone, C(aio) Vibio Postum(o) / co(n)s(ulibus).

46. G. Walser, 1984, n° 29 : Phoebus, Fusci, / Ti(beri) Caesaris, / Poenino u(otum) s(oluit) l(ibens) m(erito).

47. AE 1993, 1111 = ILNV, 462 : [Pr]im[us et] / Quartio / Atepon(is) / [f]i(li), Limet[o] / u(t) u(ouerant) s(oluerunt) l(ibentes) [m(erito)].

48. G. Walser, 1984, n° 14 : Felicio / et Terentia / Prisca MIGM, / ex leg(ione) CIL XIIII Gem(inae), / Poenino u(otum) s(oluerunt) l(ibentes) m(erito).

49. AE 1996, 1024 = ILNV, 834 : M(arcus) Veratius, / Mercatoris l(ibertus) / Bassus / Mercurio.

50. AE 1954, 101b ; CAG 13/2, p. 308 : M(arcus) Vinicius / Herculi / u(otum) s(oluit).

51. CIL XII, 2913 ; CAG 30/2, p. 270 : G(aius) Aureli/us Aquis B(riginnensibus ?) / u(otum) soluit) l(ibens) m(erito).

52. CIL XII, 3093 : C(aius) Andolatius / Nemauso u(otum) s(oluit) l(ibens) m(erito).

53. ILNAix, 240: Verax, Antenoris / f(ilius) et Potissuma / Ollunae f(ilia), Vroicis et / AII[-]inensi[b]us loc[ ].

54. ILNFréjus, 163 : Primio C(ai) Iuli / libertus, Roqu /[etio] u(otum) s(oluit) l(ibens) m(erito).

55. G. Walser, 1984, n° 30 : Cn(aeus) Noni[u]s / uotu(m) s(uum) libe(n)s s(oluit), / Poinino (sic) s(acrum) libe(n)s posuit.

56. G. Walser, 1984, n° 5 : M(arcus) Calpurn(i)us, / ueteranus, / Dominapus (sic) / u(otum) s(oluit) l(ibens) m(erito).

57. G. Walser, 1984, n° 23: L(ucius) Licinius S[eue]/rus, eques l[eg(ionis)] / IIII Mac(edonicae), Phoeni[no] (sic) / u(otum) s(oluit) l(ibens) m(erito).

58. AE 1984, 636c = ILNV, 463 : - - - / [-] u(otum) a(nimo) l(ibens) m(erito) [s(oluit) ?,] / Neroni / Limet[o].

59. AE 1993, 1121 = ILNV, 467 : /- - -Jcratea / [M]ercur[io]. 60. ILNRiez, 38: [Annia, M(arci) / / fil(ia) Faustina, / T(iti)

Vitrasi(i) Poll[i] /onis, co(n)s(ulis) II, praet(oris) / [qjuaest(oris) Imp(eratoris), pontif(icis), / [proc]o(n)s(ulis) Asiae, / uxor, / Nymphis / Griselicis.

104 Th. Mommsen restitue [In honorem / Matronarum / Vediantiarum ; G. Laguerre développe [Numinibus / Matrum Vediajntiarum. Il est peut-être plus économique en hypothèses de restituer simplement [Matronis Vediajntiarum, en se fondant sur la lecture de P. Giofredo (1658, 12), reprise par Th. Mommsen, d'une autre inscription ayant vraisemblablement les mêmes dédicataires (CILY, 7872).

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