Apprendre à raconter avec Narramus*Alain MORITZ - Formation continue IEN COLMAR 2018 - 2019

SOMMAIRE

De quoi on parle ?

Une collection, des outils, une progression, le résultat d’une collaboration entre chercheurs et enseignants-concepteurs, un concept éditorial, un manuel ?

Commande institutionnelle et apports de la recherche dans le domaine oral

Les compétences visées avec Narramus

Pourquoi apprendre à raconter ? 5 bonnes raisons… Pour interroger sa pratique de l’oral (postures du maître, de l’élève…)

Problématiques pédagogiques : mémorisation et compréhension explicite

Présentation succincte des modules pédagogiques et de l’outil numérique

Perspectives de formation (temps de travail autonome, appropriation, retours d’expériences, comparatif des démarches entre Narramus et la Pédagogie de l’écoute / 7 novembre 2018 - 20 mars 2019)

(*) Du latin narrare : conter, narrer : nous racontons

La collection Narramus

Les titres déjà disponibles :

• La sieste de Moussa MS/GS (Zemanel PCF)

• Les deniers de Compère Lapin GS/CP(Simonsen, Ed. Didier Jeunesse)

• Le machin PS/MS (Servant, Ed. Didier Jeunesse)

• La chasse au Caribou MS/GS (Claire, Ed. L’élan vert)

• La chèvre biscornue GS/CP (Kiffer, Ed. Didier Jeunesse)

Présentation du concept éditorial :https://www.editions-retz.com/pedagogie/francais/narramus-le-machin-album-et-cd-rom-9782725636269.html

Les auteurs :Sylvie Cèbe : Docteur en psychologie de l’enfant et de l’adolescent, Sylvie Cèbe est maître de conférences en Sciences del’Education à l'université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand. Elle enseigne également à l'ESPE Clermont-Auvergne.

Isabelle Roux-Baron : PE MàD, doctorante auprès du laboratoire ACTé (étude de l’impact de l’outil didactique Narramus)

Roland Goigoux : Instituteur pendant une dizaine d’année, il a successivement travaillé au CNRS et dans plusieursuniversités parisiennes. Actuellement il est professeur à l'Université Clermont-Auvergne, laboratoire ACTé (Activité,Connaissances, Transmission, éducation) et enseigne à l’ESPE de Clermont-Ferrand.

Commande institutionnelle et apports de la recherche

1. La commande institutionnellehttp://www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?cid_bo=128704

Dès l'école maternelle, le professeur s'assure toujours de la compréhensionlittérale du texte : elle est systématiquement explicitée par la reformulation,la paraphrase, le résumé.

Puis le questionnement des textes, guidé par l'enseignant, conduit peu à peules élèves à dépasser le sens littéral, à saisir l'implicite, à s'interroger sur lesintentions sous-jacentes, à formuler des hypothèses et à proposer desinterprétations. (extrait BOEN 26 avril 2018, § 2 : comprendre le sens explicite et les implicites des textes)

Le langage oral joue un rôle majeur dans le développement de la lecture-compréhension. http://www.education.gouv.fr/cid128334/assises-ecole-maternelle.html (mars 2018)

Commande institutionnelle et apports de la recherche

2. Les apports de la recherche

http://ife.ens-lyon.fr/ife/recherche/lire-ecrire (septembre 2015)

De nombreuses recherches*, souvent passées sous silence parles tenants d’une vision réductrice de la lecture centrée sur lecode (ONL, 1998), ont pourtant montré que les compétences decompréhension de textes entendus dont disposent les jeunesenfants à la fin de l’école maternelle sont d’excellentsprédicteurs d’une compréhension efficace de l’écrit, même desannées plus tard (…)* (Hirsh, 2003 ; Hoff, 2013 ; Durhamet al., 2007 ; Kendeouet al.,2005 ; Oakhill, Cain, & Bryant, 2003 ; Paris & Paris,2003 ; van den Broeket al., 2005).

Plusieurs études* démontrent que ces compétences s’acquièrent tôt puisque dès 4ans, la plupart des enfants sont capables de construire une représentationmentale des textes qu’ils entendent, d’en faire un récit cohérent, de produire desinférences pour lier les informations entre elles, de remplir les blancs laissés parl’auteur et de répondre à des questions inférentielles…* (Kendeouet al.,2008, 2009 ; Tomkins, Guo & Justice, 2013 ; Florit, Roch & Levorato, 2014).

Les compétences visées avec Narramus

À propos d’un enseignement explicite de la compréhension…

… propédeutique à un apprentissage fondamental (la lecture) ? …/…

Compréhension fineRelativement aux états

mentaux des personnages(cf. théorie de l’esprit *)

Interprétation ou changement de point de vue

Vocabulaire passifReprésentation mentale du récit verbalisable…Dissociation du texte et

de l’illustration…

Vocabulaire actifReprises ou reformulations

lors du rappel du récit accompagné par le corps

(cognition incarnée)…

Connaissances linguistiqueet encyclopédique

Encodage, stockage et récupération de vocabulaire et

de tournures syntaxiques… Représentations variées et multiples liens sémantiques… Vécu de l’enfant

* http://www.enfant-encyclopedie.com/sites/default/files/textes-experts/fr/51/le-developpement-de-la-theorie-de-lesprit-chez-les-jeunes-enfants.pdf

… À propos du partage de la lecture :

Quand les familles des milieuxpopulaires s’y livrent, lesconversations autour de l’albumsont plutôt descriptives, concrètes,contextualisées, la majorité deséchanges portant sur ladescription des illustrations, despersonnages et de leurs actions…

Les parents de milieux favorisés onttendance à employer un discoursplus décontextualisé et abstrait quiinclut des définition de mots, desexplications d’idées, des productionsd’hypothèses et d’inférences, desmises en lien avec les expériences del’enfant, des invitations à résumer ouà rappeler des idées importantes…

Décontextualiser c’est :- Faire abstraction du support qui illustre au moment de découvrir - Un discours (non plus essentiellement descriptif) qui se distingue du langage

d’accompagnement de l’action- Être capable d’utiliser quelque chose qu’on a appris (vocabulaire passif) dans

un autre contexte (vocabulaire actif)

D’après : Cébe, Goigoux, les fondements théoriques de Narramus, page 9

Pourquoi apprendre à raconter ? 5 bonnes raisons : (Magali Berger CPAIEN Andolsheim, 2017)

1. Donne un but à l’élève, qui l’oblige « à prendre ensemble »,à réunir les données pour raconter l’histoire seul.

caractère actif et intentionnel de la compréhension

2. Permet de centrer l’attention des élèves sur l’effort demémorisation qu’il convient de faire pour ne pas oublier derelater des informations essentielles.

elle rend donc plus visible le travail d’organisation et de hiérarchisationdes informations traitées (la qualité de l’encodage conduit parl’enseignant assurant leur récupération)

Pourquoi apprendre à raconter ? … encore une…

3. Elle facilite les apprentissages lexicaux.

Dans un premier temps, les activités de reformulation ou dereprise permettent d’expliquer les expressions et les mots, encontexte.(cf. Pierre Péroz, CREM 2014, «Sur les procédures d’apprentissage du lexique : reprise etreformulation en langage oral à l’école maternelle » : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01065135

Dans un second, il faut multiplier les activités de rappel en

incitant les élèves à réutiliser, donc à fixer, les nouveaux

termes étudiés.

Pourquoi apprendre à raconter ?

… suite et fin :

4. La multiplication des tâches derappel oral oblige les élèves àplanifier leur discours, à ajusterleur mise en mots, à mémoriser lesinformations importantes et àassurer la cohérence textuelle

5. Elle permet au maître de mieuxévaluer ce que ses élèves ont oun’ont pas compris et de réajusterson enseignement.

Apprécier le passage d’une narration collective plus ou moins gérée par l’enseignant.e à une narration individuelle la plus complète possible…

Mémorisation et compréhension explicite

« Dans notre cerveau, la mémoire c’est comme une boîte où on peut retrouverdes mots qu’on a déjà entendus et garder tous les mots nouveaux qu’on va voirdans l’histoire» (dispositif imaginé par Brigitte Dussap, enseignante, expliquant le mot mémoire)

La récupération des

mots en mémoire est

étroitement liée à la

nature et à l’étendue de

leur encodage, c’est-à-dire

la manière dont ces mots

ont été enseignés et stockés (cf. l’apport des sciences cognitives *)

* http://web17.ac-poitiers.fr/Jonzac/IMG/pdf/05_memorisation.pdf

Des outils pour encoder, stocker et récupérer les mots utiles au rappel du récit

La boîte aux mots de l’histoire

Le dictionnaire de la classe (mots illustrés, voire expression idiomatique par exemple :

« il file comme le vent »)

Des outils pour encoder, stocker et récupérer les mots utiles au rappel du récit

La maquette (décor du récit)(personnages en figurines découpées)

Le panneau d’affichage dédié(animation possible au TBI)

Le dessin (cf. dictée de dessin proposée dans Narramus

ou représentation figurative d’un moment du récit))

Des outils pour encoder, stocker et récupérer les mots utiles au rappel du récit

la mise en scène Saynètes, marottes, masques…

Cognition incarnée

Le jeu de rôles(raconter alternativement un épisode…)

Ou bien encore :

L’enregistrement des épisodes du récit (casques audio à l’accueil)

Le texte emporté à la maison (je raconte à papa ou maman qui peuvent relire)

Des outils pour encoder, stocker et récupérer les mots utiles au rappel du récit

Catégoriser : Observer et manipuler des images ou

des objets pour réaliser une catégorie taxonomique ou schématique :

(cf. CATEGO, Cèbe, Goigoux, Paour 2004, 2018)http://www.circ-ien-strasbourg3.ac-strasbourg.fr/wp/wp-content/uploads/2016/03/CATEGO.ppt

… en répétant souvent les mots (boucle phonologique)

Représentation mentale de l’espace

du récit (mémoire iconique ou calepin VS)

Des outils pour encoder, stocker et récupérer les mots utiles au rappel du récit

Et encore pour solliciter la mémoire épisodique (expérience vécue) et sémantique (le sens) :

Répéter et réviser les mots (élocution, opportunité d’emploi)

Les intégrer dans d’autres activités de la classe si possible

Associer une trace verbale à un geste ou à des mouvements

Ecrire certains mots ou courts énoncés (encodage phonographique)

ou les reproduire avec des lettres mobiles (le nom des personnages

par exemple)

L’outil numérique proposé avec Narramus

Présentation du CD_Rom associé à l’album « Le Machin » :

https://www.youtube.com/watch?v=wscIzfWeZhY

Témoignage d’un enseignant ayant conduit la démarche en Petite et Moyenne Sections…

Les scénarios proposés par Narramus

Les modules concernant « Le Machin » PS – MS :(répartis sur quatre à cinq semaines)

1. Découvrir le début de l’histoire et bien le comprendre

2. Se mettre à la place des personnages

3. Découvrir la suite de l’histoire

4. Prévoir la suite de l’histoire

5. Prévoir puis découvrir la suite de l’histoire

6. Découvrir les propriétés communes de deux choses différentes

7. Prévoir puis découvrir la suite de l’histoire

8. Découvrir la fin de l’histoire

9. Connaître l’ordre d’arrivée des personnages

10. S’entraîner à raconter toute l’histoire

Les scénarios proposés par Narramus

Les modules concernant « La sieste de Moussa » MS – GS :(répartis sur quatre à cinq semaines)

1. Découvrir le début de l’histoire et bien le comprendre

2. Se mettre à la place des deux personnages

3. Découvrir la suite de l’histoire

4. Découvrir la suite de l’histoire

5. Découvrir la fin de l’histoire

6. Connaître l’ordre d’arrivée des personnages

7. Comprendre l’implicite de l’histoire

8. S’entraîner à raconter toute l’histoire

9. Après une pause, poursuivre la démarche avec un autre texte…

L’articulation entre la séance dédiée à la compréhension et le rappel du récit

• Retours répétés vers les parties du récit déjà étudiées (un élève raconte « ce qu’onsait déjà », à la fin de son intervention les autres élèves peuvent compléter si « ona oublié quelque chose »). Cette phase marque généralement le démarrage d’uneséance, elle implique les règles habituelles pour prendre la parole en groupe.

• Quant à la suite du récit, des hypothèses peuvent être exprimées. Le maître secontente d’une question éventuellement contextualisée : « A votre avis que va-t-ilse passer quand le chien continue d’aboyer ? »…

• La découverte d’un nouvel épisode de l’histoire se fait toujours à l’écoute de lalecture ou du contage de l’enseignant, le recours à l’illustration est différé et nedoit pas influencer à priori l’expression des élèves.

• L’étude du vocabulaire du texte (mise à jour de la boîte-mémoire des mots,activités de catégorisation…) ainsi que le travail explicite relativement à destournures syntaxiques (emploi des prépositions, genre des noms, article contracté)précèdent et contribuent fortement au progrès des essais de restitution.

• Les questions de compréhension développent la réflexion sur l’identification despersonnages, leurs désirs (qu’est-ce qu’il veut, Moussa ?) puis leurs états mentaux.

• Le travail effectué peut être considéré comme explicite quand l’enseignant prendla peine d’annoncer le contenu et sa finalité (« C’est pour apprendre à… »).

Ressources

• Vidéo de présentation Retz Narramus : https://www.youtube.com/watch?v=p00MwzvhDB4

• Quelques documents de présentation pour les premiers titres parus :https://www.editions-retz.com/pedagogie/francais/narramus-la-sieste-de-moussa-album-et-cd-rom-9782725635859.html

https://www.editions-retz.com/pedagogie/francais/narramus-le-machin-album-et-cd-rom-9782725636269.htmlhttps://www.editions-retz.com/pedagogie/francais/narramus-les-deniers-de-compere-lapin-album-et-cd-rom-9782725635866.html

• Narramus, un outil pour apprendre à comprendre et à raconter :http://centre-alain-savary.ens-lyon.fr/CAS/education-prioritaire/ressources/theme-1-perspectives-pedagogiques-et-

educatives/lire-ecrire-parler-pour-apprendre-dans-toutes-les-disciplines/narramus Formation de formateurs IFE 2017

• Documents accompagnant le parcours de formation (Alain MORITZ - formateur REP+) : http://www.circ-ien-colmar.ac-strasbourg.fr/wpi/

A consulter : le parcours Apprendre à raconter avec Narramus (entre autres) et éventuellement La mémoire et les méthodes efficaces au cycle 1 (FC REP+, 2018)

• Magali Berger (CPAIEN circonscription d’Andolsheim) :http://www.circ-ien-andolsheim.ac-strasbourg.fr/spip.php?article343

• Plusieurs autres liens intégrées dans ce document de présentation pour en savoir plus…(il faut télécharger le fichier au format .pdf sur le site de la circonscription pour y accéder)