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Air Pur N° 75 - Deuxième semestre 2008 - 59 APERCU BIBLIOGRAPHIQUE Damien CUNY 1 APERCU BIBLIOGRAPHIQUE SUR LA CONTAMINATION DU LAIT MATERNEL PAR LES POLLUANTS ENVIRONNEMENTAUX : I. LES ÉLÉMENTS TRACES MÉTALLIQUES RÉSUMÉ Le lait maternel est un aliment essentiel pour le jeune enfant. Il apporte de nombreux composés indispensables à son développement et permet également de le protéger contre diverses affections. A plus long terme, il a été montré notamment que l’allaitement participe à la prévention de l’obésité. L’exposition de la mère aux éléments traces métalliques dans l’environnement peut aboutir à leur présence dans le lait. Les travaux analysés dans cet article montrent que le risque pour l’enfant de dépasser les quantités admissibles est significatif uniquement lors d’expositions maternelles importantes (exposition professionnelle, alimentation fortement contaminée…). Ces travaux montrent également que le lait est un compartiment tout à fait intéressant à étudier dans le cadre d’études d’imprégnation des populations, apportant de nombreux renseignements. En effet, de nombreux paramètres, physiologiques, historiques, comportementaux ou encore socio-économiques ont été identifiés comme influant significativement sur les concentrations en éléments traces métalliques du lait maternel. INTRODUCTION Le très jeune enfant est particulièrement vulnérable aux effets des xénobiotiques car son organisme est en plein développement. Durant les premiers mois de sa vie le lait maternel (ou les formulations de substitution) est sa seule alimentation et les recommandations actuelles de l’O.M.S. préconisent un allaitement exclusif jusqu’à l’âge de six mois. Ainsi, l’une des principales voies d’exposition aux xénobiotiques par ingestion durant cette période est le lait maternel (ou les formulations commerciales ainsi que l’eau utilisée pour leur préparation). Le propos de cet article n’est pas d’alimenter les discussions sur les bénéfices et les éventuels risques de l’allaitement maternel. Cette question a fait l’objet de très nombreuses publications dans les revues spécialisées. Le but, à travers l’analyse d’une trentaine d’articles, est de montrer que le lait maternel est un milieu pertinent pour l’étude de l’imprégnation des populations. En effet, au-delà des aspects toxicologiques, l’analyse du lait maternel permet d’aborder à la fois l’historique de l’exposition de la mère, l’influence de son environnement au sens large (en intégrant des notions socioculturelles par exemple), ainsi que les risques éventuels pour l’enfant. I - ASPECTS GÉNÉRAUX SUR LE LAIT ET L’ALLAITEMENT Le lait est sécrété par les glandes mammaires. Celles- ci sont préparées à la lactation pendant la grossesse grâce à l’action d’hormones (prolactine, oestrogènes et progestérone). Le lait est produit par les cellules épithéliales des alvéoles. Regroupées en grappes, ces alvéoles constituent des lobules. Alvéoles et lobules possèdent des canaux excréteurs qui aboutissent au mamelon. Après l’accouchement, la production de lait reste sous influence hormonale : la prolactine (hormone antéhypophysaire) stimule la production de 1 Université Lille Nord de France, E.A. 2690, Toxiques et Cancérogènes Professionnels et Environnementaux, Faculté des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques, 3 rue du Professeur Laguesse, B.P. 86, 59800 Lille. [email protected]

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Air Pur N° 75 - Deuxième semestre 2008 - 59

APERCU BIBLIOGRAPHIQUE Damien CUNY1

APERCU BIBLIOGRAPHIQUE SUR LA CONTAMINATION DU LAIT MATERNEL PAR LES POLLUANTS ENVIRONNEMENTAUX :I. LES ÉLÉMENTS TRACES MÉTALLIQUES

RÉSUMÉ

Le lait maternel est un aliment essentiel pour le jeune enfant. Il apporte de nombreux composés indispensables à son développement et permet également de le protéger contre diverses affections. A plus long terme, il a été montré notamment que l’allaitement participe à la prévention de l’obésité. L’exposition de la mère aux éléments traces métalliques dans l’environnement peut aboutir à leur présence dans le lait. Les travaux analysés dans cet article montrent que le risque pour l’enfant de dépasser les quantités admissibles est significatif uniquement lors d’expositions maternelles importantes (exposition professionnelle, alimentation fortement contaminée…). Ces travaux montrent également que le lait est un compartiment tout à fait intéressant à étudier dans le cadre d’études d’imprégnation des populations, apportant de nombreux renseignements. En effet, de nombreux paramètres, physiologiques, historiques, comportementaux ou encore socio-économiques ont été identifiés comme influant significativement sur les concentrations en éléments traces métalliques du lait maternel.

INTRODUCTION

Le très jeune enfant est particulièrement vulnérable aux effets des xénobiotiques car son organisme est en plein développement. Durant les premiers mois de sa vie le lait maternel (ou les formulations de substitution) est sa seule alimentation et les recommandations

actuelles de l’O.M.S. préconisent un allaitement exclusif jusqu’à l’âge de six mois. Ainsi, l’une des principales voies d’exposition aux xénobiotiques par ingestion durant cette période est le lait maternel (ou les formulations commerciales ainsi que l’eau utilisée pour leur préparation). Le propos de cet article n’est pas d’alimenter les discussions sur les bénéfices et les éventuels risques de l’allaitement maternel. Cette question a fait l’objet de très nombreuses publications dans les revues spécialisées. Le but, à travers l’analyse d’une trentaine d’articles, est de montrer que le lait maternel est un milieu pertinent pour l’étude de l’imprégnation des populations. En effet, au-delà des aspects toxicologiques, l’analyse du lait maternel permet d’aborder à la fois l’historique de l’exposition de la mère, l’influence de son environnement au sens large (en intégrant des notions socioculturelles par exemple), ainsi que les risques éventuels pour l’enfant.

I - ASPECTS GÉNÉRAUX SUR LE LAIT ET L’ALLAITEMENT

Le lait est sécrété par les glandes mammaires. Celles-ci sont préparées à la lactation pendant la grossesse grâce à l’action d’hormones (prolactine, oestrogènes et progestérone). Le lait est produit par les cellules épithéliales des alvéoles. Regroupées en grappes, ces alvéoles constituent des lobules. Alvéoles et lobules possèdent des canaux excréteurs qui aboutissent au mamelon. Après l’accouchement, la production de lait reste sous influence hormonale : la prolactine (hormone antéhypophysaire) stimule la production de

1 Université Lille Nord de France, E.A. 2690, Toxiques et Cancérogènes Professionnels

et Environnementaux,Faculté des Sciences Pharmaceutiques et

Biologiques,3 rue du Professeur Laguesse,

B.P. 86, 59800 Lille.

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lait et l’ocytocine provoque l’éjection du lait en agissant sur les contractions des cellules myoépithéliales. La tétée déclenche un réflexe qui stimule la libération de ces hormones.

Le lait est un mélange complexe d’environ 87 % d’eau, 7 % de glucides (lactose, oligosaccharides), 4 % de lipides (dont des acides gras polyinsaturés importants), 1 % de protéines (caséines et protéines solubles) et d’éléments minéraux (Lambré, 2002). Ces protéines forment des micelles avec des sels de calcium facilitant ainsi l’absorption des minéraux (Picaud, 2008). A ces principaux composants s’ajoutent des anticorps maternels (IgA, IgM, IgG, pour la protection de l’enfant dont le système immunitaire est immature), diverses hormones, des vitamines, des nucléotides…. (LaKind et al., 2004). Les proportions des constituants du lait sont variables en fonction de nombreux paramètres tels que l’heure de la tétée, le début et la fin de la tétée, l’âge de l’enfant… Ainsi, au tout début de l’allaitement, le premier lait sécrété s’appelle le colostrum. Il est riche en protéines (dont des anticorps), en facteurs de croissance, en sucres… Le lait évolue pour atteindre ses caractéristiques définitives au bout d’un mois. La communauté scientifique a connu de nombreux débats sur les apports, au sens large, de l’allaitement. Ceux-ci ne sont de nos jours plus contestés et Picaud (2008) en dresse un panorama assez exhaustif. Les bénéfices sont liés à la fois à l’allaitement lui-même (relations mère/enfant) et aux composants du lait. Ils concernent la protection contre les infections, l’atopie, le développement cognitif, la prévention de l’obésité…

Durant les premiers mois de la vie de l’enfant, le lait maternel (ou les formulations de substitution) est sa seule alimentation. Les recommandations actuelles de l’O.M.S. préconisent un allaitement exclusif jusqu’à l’âge de 6 mois. A partir de cet âge, une diversification progressive de l’alimentation peut se mettre en place avec un maintien de l’allaitement jusqu’à 12 à 24 mois (recommandation des sociétés de pédiatrie américaines citées par Picaud, 2008). L’une des principales voies d’exposition aux xénobiotiques par ingestion durant la période néonatale et la première partie de l’enfance est le lait maternel (ou les formulations commerciales ainsi que l’eau utilisée pour leur préparation). En effet, des substances exogènes peuvent en modifier la composition. Celles-ci sont introduites dans l’organisme maternel lors de l’inhalation de composés chimiques, par ingestion (produits dans l’alimentation, boissons [dont l’alcool], consommation de médicaments, de drogues illicites…) ; mais aussi par le passage transcutané. Parmi ces substances, il y a de nombreux polluants (tels que les éléments traces métalliques) dont la quantité et le taux de transfert du sang maternel vers le lait dépendent de nombreux facteurs comme leur solubilité dans les lipides, leur masse molaire et leur fixation (ou non) sur des protéines plasmatiques (Patriarca et al., 2000).

II – LES ÉLÉMENTS MINÉRAUX DANS LE LAIT

1 - Les éléments essentiels

Les apports en minéraux durant l’allaitement sont primordiaux car ils permettent le développement des tissus aussi bien que la maturation et le fonctionnement de nombreux systèmes enzymatiques (Bocca et al. 2000 ; Oskarsson et al., 1998). La concentration du lait en éléments minéraux varie au cours de l’allaitement. Il existe une littérature abondante sur le suivi longitudinal (i.e. au cours de l’allaitement) de ces variations (Rossipal et Krachler, 1998 par exemple) et Arnaud et Favier (1995) en ont résumé les principales causes : cette concentration varie en fonction des femmes (statut physiologique, stature, âge…), en fonction du lieu de résidence, du niveau socio-économique, de la durée de la gestation, du poids de l’enfant. Lorsque ces variations sont trop importantes, les faibles concentrations provoquent des carences chez l’enfant. Almeida et al. (2008) ont suivi les concentrations de huit éléments (Mn, As, Pb, Co, Ni & Cu) dans le colostrum, le lait (1 mois après l’accouchement) et le sang de quarante quatre femmes au Portugal. Ils ont observé, le premier mois, des variations des concentrations sanguines avec des diminutions comme pour le zinc et des augmentations comme pour le manganèse. Dans le colostrum, certains éléments essentiels (le zinc par exemple) sont plus concentrés que dans le sang. Ces auteurs relient ce fait aux besoins de l’enfant en ces éléments. De plus, au début de l’allaitement, celui-ci consomme un volume plus faible d’où une concentration plus importante pour répondre à ses besoins (Arnaud et Favier, 1995). D’une manière générale, Almeida et al. (2008) ont observé une diminution des concentrations entre le colostrum et le lait (après 1 mois) [sauf pour Co, Pb et Ni, ce qui est en contradiction avec les résultats de Rossipal et Krachler, 1998]. Ce phénomène, observé dans d’autres travaux (par exemple Leotsinidis et al., 2005 ; Rossipal et Krachler, 1998), serait dû à une diminution de la capacité de fixation du lait consécutive à une baisse de la quantité de protéines et d’autres ligands. Cette hypothèse est également développée par Dorea (2004) en ce qui concerne les variations des concentrations de mercure.

D’une manière générale, l’épithélium des glandes mammaires serait une barrière assez efficace contre le transfert des éléments minéraux, notamment les éléments essentiels, du sang vers le lait. En effet, pour les éléments essentiels (tels que Fe, Zn, Cu) les concentrations dans le lait sont régulées par des mécanismes homéostatiques maternels (Domellöff et al., 2004). Par contre, pour les éléments non essentiels (tels que Pb, As, Cd, Hg, Cs, Li, Sr), les mécanismes de régulation ne semblent pas les mêmes et les données de la littérature restent contradictoires sur les liaisons entre les concentrations dans le lait et celles dans le sang maternel. Dans une étude de plusieurs travaux,

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Gulson et al. (1998) montrent que les corrélations entre le sang et le lait existent pour une gamme de concentrations sanguines comprises entre 20 et 340 µg/L. Le transfert d’éléments entre le sang et le lait serait faible lorsque les concentrations sanguines le sont. La grande majorité des travaux publiés s’est focalisée sur les concentrations totales dans le lait, très peu ont étudié leur spéciation. Ainsi, Bocca et al. (2000) ont observé que le calcium et le magnésium sont principalement liés à des ligands non protéiques, le cuivre est à la fois lié à des ligands de faible et de haut poids moléculaires, le fer sur des ligands de haut poids moléculaire, le manganèse est lié à la caséine et des composés non protéiques, le zinc est fi xé par l’α-lactalbumine, les caséines et des composés non protéiques. De même, Oskarsson et al. (1998), ont étudié cette spéciation dans le lait de rates et de souris après administration d’éléments toxiques (Pb, Cd, Meth-Hg et Hg) marqués. Ces auteurs ont ainsi observé que 95 % du plomb chez ces espèces sont liés à la caséine (chez l’homme, ce serait à hauteur de 60 à 80 %), le cadmium et le méthylmercure étant fi xés principalement sur les lipides et le mercure inorganique sur des protéines.

2 - Les éléments traces métalliques

Il est retenu que les éléments toxiques entrent dans le lait de la même manière que les éléments essentiels, mais les informations sur les mécanismes précis de ce transfert, quel que soit l’élément considéré, restent fragmentaires (Oskarsson et al., 1998). De nombreux facteurs environnementaux ont été identifiés comme pouvant infl uer sur la composition du lait. Ainsi, différents travaux de la littérature (notamment cités par Arnaud et Favier, 1995) ont permis de mettre en évidence des différences entre les pays mais aussi entre des femmes habitant en ville et en campagne. C’est le cas dans l’étude menée par Bocca et al. (2000) chez soixante femmes recrutées dans six centres en Italie. Des différences entre les femmes habitant en ville et en milieu rural ont été observées pour le cuivre (concentrations plus importantes chez les femmes en milieu urbain). Benemariya et al. (1993) ont observé au Burundi des différences régionales importantes en relation avec les habitudes alimentaires. Chez les populations étudiées dans ce travail, les concentrations observées refl ètent la contamination des différents aliments consommés. Chien et al. (2006a) ont mis en évidence que la consommation de plantes chinoises traditionnelles contaminées par du plomb augmente signifi cativement les concentrations de cet élément dans le lait maternel et par delà l’exposition des enfants. Les concentrations

les plus importantes ont été observées par ces auteurs dans le colostrum (9,94 µg/L contre 2,34 µg/L pour le lait). De même, Chien et al. (2006b) ont observé dans une étude portant sur soixante huit mères habitant à Taiwan que les concentrations en mercure du lait étaient plus importantes chez celles consommant des poissons. Ils ont également mis en évidence que l’exposition des enfants au méthyle de mercure était plus importante chez ces femmes. Les résultats semblent différents si l’on s’intéresse aux éléments essentiels. En effet, de nombreux auteurs ont étudié l’effet du régime alimentaire et d’éventuels compléments alimentaires minéraux sur les concentrations en Fe, Cu et Zn du lait. Dorea (2000) passe en revue un grand nombre de ces travaux et montre que dans la grande majorité des cas, les concentrations en ces éléments dans le lait sont indépendantes des habitudes alimentaires et/ou des compléments minéraux.

Le statut socio-économique de la mère et des contaminations environnementales influent directement sur les concentrations en éléments

traces dans le lait. Les résultats sur l’infl uence de ces facteurs restent cependant

controversés car ils ne sont pas systématiquement identifi és

comme signifi catifs dans différents travaux publiés.

Des éléments comme le plomb et le mercure ont retenu l’attention de différents auteurs (cf. Dorea 2004 pour revue). En effet, ces éléments présentent une toxicité importante

pour le jeune enfant n o t a m m e n t a u

niveau neurologique, néphro log ique ou

encore hématologique et ce même à faible concentration

(Gundacker et al., 2002, Oskarsson et al., 1998). A titre d’exemple, la barrière

hémato-encéphalique n’est pas complètement développée jusqu’à l’âge de six mois environ. Les métaux sont davantage retenus au niveau du cerveau chez l’enfant. Parallèlement, le cerveau en développement est particulièrement fragile car il connaît de profondes modifi cations : croissance des dendrites et des axones, formation des synapses, myélinisation (celle-ci est complète à l’adolescence) (Oskarsson et al., 1998). Concernant le mercure, des expositions très importantes ont été documentées par le passé, comme à Minamata (Japon) avec des concentrations dans le lait maternel supérieures à 63 µg/L, ou en Irak suite à l’utilisation de pesticides à base de mercure pour le traitement de denrées alimentaires. Dans ce dernier cas, les concentrations de mercure dans le lait maternel dépassèrent les 200 µg/L. Dans ces deux contextes d’exposition importante des enfants,

2 - Les éléments traces

De nombreux facteurs environnementaux ont été identifiés comme pouvant infl uer sur la composition du lait. Ainsi, différents travaux de la littérature (notamment cités par Arnaud et Favier, 1995)

de ces facteurs restent cependant controversés car ils ne sont pas

systématiquement identifi és comme signifi catifs dans

différents travaux publiés. Des éléments comme le plomb et le mercure ont retenu l’attention de différents auteurs (cf. Dorea 2004 pour revue). En effet, ces éléments présentent une toxicité importante

pour le jeune enfant n o t a m m e n t a u

niveau neurologique, néphro log ique ou

encore hématologique et ce même à faible concentration

(Gundacker et al.et al., 1998). A titre d’exemple, la barrière

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des effets sanitaires directs liés à l’allaitement ont été décrits. L’exposition des enfants, durant le développement fœtal et l’allaitement, dépend de la charge maternelle en mercure. D’après Vahter et al. (2000), c’est le mercure inorganique qui est préférentiellement transféré du plasma vers le lait où il est principalement lié aux caséines et, dans une moindre mesure à l’albumine. Il a été estimé que 50 à 80 % du mercure dans le lait est sous forme inorganique (Dorea, 2004). Ce point reste cependant encore contesté car dans d’autres travaux, les auteurs observent un transfert similaire des formes organiques et inorganiques. Dans le lait mature (i.e. un mois au moins après l’accouchement) différents auteurs ont mis en évidence une relation positive entre les concentrations en mercure et la consommation de poissons, la présence d’amalgames dentaires (Dorea, 2004) ou l’exposition professionnelle de la mère. Ainsi, Drexler et Schaller (1998) ont étudié les concentrations en mercure dans le colostrum et le lait chez une centaine de femmes en Allemagne. Les concentrations dans le colostrum étaient directement reliées aux amalgames dentaires ainsi qu’à la consommation de poissons des mères. Par contre, pour le lait, seule la consommation de poisson restait liée aux concentrations observées. Gundacker et al. (2002) ont étudié les concentrations en mercure dans le lait de 165 mères autrichiennes (59 vivant en milieu urbain, 59 en milieu industriel et 47 en milieu rural). Les concentrations observées étaient faibles (1,59 ±1,21 g/L) avec 8 % des échantillons qui dépassaient la valeur de 3,5 µg/L (valeur de surveillance recommandée par Abadin et al., 1997, et citée par les auteurs). Plusieurs facteurs ont pu être mis en relation avec ces concentrations. Ainsi, elles étaient plus importantes chez les mères vivant à proximité d’une zone industrielle, chez celles pesant moins de 60 Kg, chez celles dont l’enfant était né avant terme, ainsi que chez les femmes qui se nourrissaient de céréales et qui prenaient des compléments vitaminés. Par contre, aucune relation n’avait pu être établie avec la consommation de tabac et la présence d’amalgames dentaires.

Récemment Bose-O’Reilly et al. (2008) ont étudié le risque que représente le mercure dans le lait maternel pour des enfants habitant à proximité de mines d’or. Ils ont étudié une population de quarante six femmes de différentes zones minières (Indonésie, Tanzanie et Zimbabwe) en mesurant les concentrations de mercure dans différents prélèvements (sang, urine, cheveux et lait). Les expositions au mercure étaient domestiques et/ou professionnelles. La présence d’amalgames dentaires et la consommation de poissons étaient prises en compte mais elles n’ont pas eu, dans ce cas, d’influence significative sur les résultats. Les auteurs ont observé des concentrations de mercure dans le lait comprises entre <0,1 µg/L et 149 µg/L (médiane : 1,87 µg/L), ce qui est plus important que les données retrouvées dans d’autres travaux dans la littérature. Quatorze femmes présentaient des concentrations supérieures à 4 µg/L ce qui est considéré par l’ATSDR1 comme très important. Ces auteurs ont calculé le risque pour les enfants de ces sites (en prenant comme

scénario de calcul, un enfant de trois mois, de 6 kg consommant 850 mL de lait par jour). Ainsi, la dose maximale recommandée par l’US EPA2 étant de 0,3 µg de mercure inorganique/kg de poids corporel/jour (soit 1,8 µg avec le modèle utilisé). Vingt-deux échantillons dépassaient cette limite avec un maximum de 127 µg/jour. Cette étude a montré que pour ces populations la consommation de lait maternel peut représenter un risque pour les enfants par le fait qu’il est contaminé avec des quantités importantes de mercure. Cependant, différents auteurs tels que Sakamoto et al. (2002) ont montré que l’imprégnation était plus importante durant la vie intra-utérine (le mercure organique passe très facilement la barrière placentaire) que via l’allaitement.

L’exposition de l’enfant au plomb peut se faire, comme pour le mercure, durant la vie intra-utérine et au cours de l’allaitement. Il existe une particularité pour cet élément liée au fait que du plomb peut avoir été stocké dans les os de la mère et retourner dans le sang au cours de la grossesse et de l’allaitement du fait des besoins en calcium (Rothenberg et al., 2000). Ceci a été démontré à différentes reprises, par exemple par Téllez-Rojo et al. (2002), qui ont dosé les concentrations en plomb chez 425 femmes allaitantes au Mexique. Ces auteurs ont démontré que l’allaitement stimule le relargage du plomb des os dans le sang maternel. Cependant, lors d’une étude, portant sur 255 couples mères - enfants au Mexique, Ettinger et al. (2004) ont montré que le plomb dans le lait est responsable de 12 % de la variance du plomb sanguin des enfants alors que le plomb sanguin maternel est responsable de 30 % de cette variance. Ceci montre que le plomb contenu dans le lait joue certes un rôle mais que l’exposition in utero a elle aussi une influence très importante sur les plombémies des enfants. On retrouve ici des résultats analogues à ceux obtenus pour le mercure, ce qui montre l’importance du transfert trans placentaire d’éléments toxiques pour le fœtus. Dans une étude sur 367 femmes allaitantes au Mexique, Ettinger et al. (2006) ont montré qu’un complément alimentaire en calcium permet de réduire le plomb dans le lait maternel de 5 à 10 % (interaction avec le mécanisme de largage du plomb à partir des os maternels). Gulson et al. (1998) ont montré, chez vingt quatre enfants, que dans les 60 à 90 jours qui suivent leur naissance, la contribution du lait

1 ATSDR : Agency for Toxic Substances and Desease Registry, Agence pour les substances toxiques et le

registre des maladies 2 US EPA : US,

Environmental Protection Agency, l’agencede protection de

l’environnement américaine.

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maternel à leur plombémie varie de 36 à 80 %. Les sources majeures de plomb dans le lait maternel étaient les os et l’alimentation de la mère. Selon ces auteurs, l’allaitement est à risque uniquement si la mère est exposée à des concentrations importantes aussi bien endogènes (relargage de plomb à partir de son squelette) qu’exogènes (essentiellement l’alimentation). De nombreuses études ont mis en évidence des différences de concentrations en plomb dans le lait en fonction du lieu d’habitation et de l’exposition professionnelle des femmes. Par exemple, Palminger Hallén et al. (1995) ont analysé, sur une période de deux ans, les concentrations en plomb et cadmium dans le lait et le sang de 75 femmes vivant à proximité d‘une usine de plomb et de cuivre en Suède (les 39 témoins étaient recrutés à 150 Km de l’usine). A l’accouchement, la plombémie des femmes habitant à proximité de l’usine était significativement plus importante que celle des femmes témoins (38,7 ± 13,5 µg/L vs 32,3 ± 8,4 µg/L). Cette différence s’estompait au bout de six semaines, les auteurs expliquant ce phénomène par la mobilisation du plomb à partir des os durant la grossesse. De plus, la consommation de vin s’est révélée être reliée à la plombémie. Les concentrations de plomb n’ont pas été déterminées dans le colostrum mais dans le lait six semaines après l’accouchement (0,9 ± 0,4 µg/L vs 0,5 ± 0,3 µg/L). Elles étaient plus importantes chez les femmes résidant à proximité de l’usine. Cependant, les concentrations obtenues sont bien inférieures à celles citées dans d’autres études, par exemple d’un facteur 100 avec les résultats de Nahimira et al. (1993) obtenus à proximité d’une usine à Mexico (valeurs moyennes 62 µg/L). A proximité de la principale usine métallurgique d’Inde, Sharma et Pervez (2005) ont étudié les concentrations en As, Pb, Mn, Hg et Cd dans le lait et le sang de 120 femmes (45 exposées professionnellement, 40 n’y travaillant pas mais habitant à proximité de l’usine et 35 témoins). Chez les femmes exposées professionnellement, les concentrations en plomb dans le lait étaient comprises entre 13,2 µg/L ± 5,8 µg/L pour les plus jeunes et 85,3 µg/L ± 21,7 µg/L chez les plus âgées (avec un rapport entre les concentrations sanguines et dans le lait d’environ 3,5). Chez les témoins, ces concentrations étaient comprises entre 0,2 µg/L ± 0,01 µg/L et 0,5 µg/L ± 0,3 µg/L. Comme pour le plomb, les concentrations des autres éléments étaient plus importantes chez les femmes exposées professionnellement puis chez celles habitant à proximité de l’usine par rapport aux témoins. Cependant, grâce aux dosages sanguins, ces auteurs ont mis en évidence une exposition pour l’enfant plus importante durant la vie intra-utérine par le passage trans placentaire des éléments que lors de l’allaitement.

Dans une étude longitudinale portant sur quinze enfants, Gulson et al. (2001) ont obtenu les résultats suivants : concentrations de plomb dans le lait maternel comprises entre 0,09 et 3,1 µg/Kg avec une moyenne géométrique de 0,55 µg/Kg, concentrations dans les formulations de lait comprises entre 0,07 et 11,4 µg/Kg

(moyenne géométrique 1,6 µg/Kg) et concentrations dans les aliments pour bébés comprises entre 1,1 et 27 µg/Kg (moyenne géométrique de 2,9 µg/Kg) ; ces observations montrent qu’il existe une exposition possible par l’alimentation et remet en perspective, sur une petite population, l’exposition via le lait maternel. Dans l’étude précitée, Gundacker et al. (2002), ont observé des concentrations en plomb de 1,63 µg/L ± 1,66 µg/L sans différence significative avec des formulations du commerce. Comme pour le mercure, différents facteurs ont été reliés à ces concentrations tels que le lieu de résidence (concentrations plus élevées à proximité d’une zone industrielle), la consommation de poisson (ce qui est paradoxal avec d’autres études dans lesquelles ce facteur est principalement relié à la concentration de mercure), la consommation de tabac. L’analyse de 180 échantillons de colostrum par Leotsinidis et al. (2005) a montré que les concentrations en plomb (0,44 ± 0,60 µg/L) étaient influencées par le lieu de résidence (concentrations plus importantes chez les femmes habitant en ville) et par les niveaux d’éducation (concentrations plus élevées chez les femmes ayant un niveau d’éducation plus faible). Ce dernier facteur a été mis en évidence par Counter et al., (2007) qui ont mené des observations chez les habitants d’un village des Andes contaminé par du plomb où de fortes concentrations ont été retrouvées aussi bien dans le sang et le lait maternels que dans le sang des enfants. De même, les concentrations en plomb les plus élevées observées par Chadrame et al. (2006) dans 396 échantillons de lait maternel à Marrakech ont été retrouvées chez les femmes ayant le niveau socio-économique ainsi que le niveau d’éducation les plus faibles. La zone d’habitation ainsi que les habitudes alimentaires se sont également révélées être des facteurs significatifs.

Les différences entre les populations concernant les concentrations de cadmium dans le lait observées par Palminger Hallén et al. (1995) étaient moins prononcées (0,05 ± 0,04 µg/L vs 0,07 ± 0,04 µg/L). La consommation tabagique s’est révélée être le facteur le plus influent. Au Japon, Honda et al. (2003) ont suivi les concentrations de cadmium dans le colostrum de 68 femmes âgées de 19 à 38 ans, une semaine après leur accouchement. Les concentrations obtenues variaient entre 0,07 et 1,23 µg/L (moyenne géométrique 1,82 µg/L) et étaient supérieures aux résultats obtenus dans d’autres pays notamment européens (références commentées par les auteurs). Les concentrations en cadmium dans le lait augmentaient parallèlement aux concentrations urinaires. Ceci témoigne de la relation avec la charge en cadmium des organismes et donc avec l’exposition. Ces auteurs ont également observé des relations opposées entre les concentrations de cadmium et de calcium dans le lait. Cette relation s’expliquerait par la toxicité du cadmium sur le métabolisme du calcium dans les reins et les os.

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CONCLUSION

Les éléments traces métalliques peuvent être présents dans le lait maternel et ainsi être transmis à l’enfant au cours de l’allaitement. Des risques sanitaires significatifs ont été observés lorsque la mère est exposée d’une manière importante et régulière aux métaux, comme par exemple dans l’exercice de certaines professions. Cependant, la majorité des auteurs rappelle les bénéfices à court comme à long terme de l’allaitement sur la santé de l’enfant et préconise, lorsqu’un risque peut se présenter, un suivi de la mère avant l’interruption de l’allaitement (si elle est possible). Plusieurs travaux ont également bien mis en évidence que l’exposition in utero était plus importante du fait du passage transplacentaire des éléments traces. Du fait, on voit bien ici que les précautions vis à vis de l’exposition aux éléments traces environnementaux doivent intégrer la grossesse. L’analyse de la contamination du lait maternel apporte de nombreuses informations à partir d’un examen non invasif. Elle mérite d’être développée et davantage exploitée dans les études d’imprégnation des populations par les métaux mais aussi d’autres composés toxiques. C’est d’ailleurs actuellement le cas, avec de très nombreuses publications internationales récentes sur le suivi des composés organiques persistants, qui pourront faire l’objet d’un futur article de synthèse.

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Air Pur N° 75 - Deuxième semestre 2008 - 65

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