antoine de p. nsegbe* et patrick pottier** · 2014. 12. 15. · 5 légende pentes (%) hydrographie...
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Développement urbain et vulnérabilité des territoires littoraux : analyse des pressions sur l'eau et la couverture forestière à Douala (Cameroun)
Antoine de P. NSEGBE* et Patrick POTTIER** *Groupe de Recherche Sur les Villes d’Afrique (GREVA), ENS - Yaoundé ; **Géolittomer LETG UMR 6554 CNRS, Université de Nantes (France)
Littoral méditerranéen
OHM OHM ESPACE 26 es É
Les processus d'urbanisation constituent un facteur important de dégradation de l'environnement. Ils illustrent ainsi les interactions évidentes entre la nature et les sociétés, tout particulièrement dans les espaces littoraux qui exercent un attrait sur les hommes et leurs activités. Importants foyers de peuplement,leslittoraux sont aussi des zones de transfert ou d'ouverture sur l'extérieur qui suscitent convoitise, font l'objet de compétition pour l'accès et le contrôle de leurs multiples richesses, dans un contexte où près de 60 % de la population mondiale (soit 4 milliards d'individus) vivent à moins de 80 Kilomètres de la mer (Mathieu, 1998). Plus généralement, les espaces littoraux possèdent des caractéristiques socio-économiques particulières qui en font des espaces naturellement fragiles, dans un contexte où l'évolution des activités économiques (travail, pêche, trnasport...), de loisirs et de vacances (tourisme) et, plus généralement, l'évolution des densités, démontre à suffisance l'importance de la croissance et du développement spatial des villes littorales. C'est le cas de Douala, capitale économique et principale ville du Cameroun, où l'urbanisation très rapide et démesurée, anarchique et non maîtrisée, se confronte depuis plusieurs décennies aux ressources.
1. LA ZONE D'ETUDE L'agglomération doualaise est aujourd'hui une importante métropole industrielle et portuaire d'Afrique centrale qui se développe sur un site de basses terres. Mais l'ensemble du secteur Est reste le plus accidenté (Fig. 1), ce qui conditionne l'écoulement Nord-Sud des cours d'eau (dans la partie Sud de la ville) et transforme les compartiments situés en contrebas en de vastes exutoires. C'est ce qui explique le caractère récepteur de la zone des déchets déversés en amont et le caractère inondable de cette zonne marécageuse qui subit ainsi les pollutions diverses. Le climat qui y règne est de type équatorial humide, très pluvieux, et qui entretien un réseau hydrographique particulièrement dense et exploité par les populations pour l'évacuation des déchèts divers, dans un contexte où le taux de croissance démographique annuel s'est stabilisé à 2,6 %. Ainsi, 11,06 % de la population totale dupays sont répartis sur seulement 0,19 % du térritoire, ce qui provoque en conséquence un devéloppement spatial spectaculaire, responsable des mutations d'une certaine ampleur, notamment sur la couverture forestière (Fig. 2a et 2b).
JAPOMA
NGODI BOKO
YASSA
NDOBO
BOJONGO
PK 12
Village Logbessou
MAMBANDA
MBANGA BAKOKO
NYALLA I
NGWELE
BONENDALE II
Bonamoussadi -Cité
Ndogbong
Village Lendi I et II
Bangue
PK 11
PK 19 NGOMA
Village Logpom
Malangue
Kotto-village
C.C.C
NKOMBA
BONAMINKANO
SODIKO-VILLE
NYALLA II
DIBOM I
NDOGMBE BALI NDOG SIMBI MADIBA GENIE
BONANJO
PK 14 LOGBESSOU
Village Beedi
NDOG PASSI I
Makepe village
Iles Bonabeyike & Bonagando
BWANG-BAKOKO
ILES DE DJEBALE I et II
Kotto-Cité
BONAMBAPPE
BONATENE
PK 10
PK 14
BONATEKI
BONANTONE
Makepe -Cité
YOUPWE
SINCATEX
SODIKO-VILLAGE BONAMATOUMBE-VILLAGE
Emene-City
Cité des Palmiers
BONADIBONG
NKONGUI II
CITE BERGE
NDOGPASSI III CENTRE
GRAND HANGAR
Camtel Mbengue-City
CITE DE LA PAIX
BRAZAVILLE
Village Sobikago I
PK 13 BONAMOUTONGO
BONASSAMA
BONEWONDA
NKONGUI I
OYACK II
BONENDALE I
BILONGUE I
NDOKOTI
Dikahe PK 10
U.I.T et ENSET
BONANDOUMBE1
BONADOUMA1
BONAMOUANG
BESSENGUE-AKWA
NKOLMINTAG
Cité S.A
QUARTIER BILINGUE
Ndogbati I
BONEJANG
SONG NGONGAG
BONAMOUDOUrOU
BONAMATOUMBE-VILLE
NEW-TOWN AEROPORT
PK8 KONDI
NGANGUE
Bonamoussadi -village
BONADOUMBE II BONANLOKA
NDOGPASSI III PLAGE
BEPANDA BESSEKE
DIBOM CARRIERE
PK 6
Makepe ancienne décharge
SOPOM PLATEAU
Manke
0 2 4 Km
5
Légende Pentes (%)
Hydrographie
2 - 13,71
13,71 - 24,85
24,85 - 35,98
35,98 - 47,99
47,99 - 77
Wouri
Fig 1. site de la ville de Douala et son systèmede pentes
Fig 3. stypes de latrines utilisées dans les arrondissements de Douala
Mangrove
Forêt naturelle
Forêt dégradée Espaces urbains d’extention avec friches interstitielles
Espaces urbains d’activités et d’équipement
Espaces urbains mixtes, denses et continus Eau
5
JAPOMA
BOKO
BOJONGO
MAMBANDA
MBANGA BAKOKO
NYALLA I
BANGUE
NGOMA
SODIKO-VILLE
NDOGHEM
LOGPOM
NEW BELL
MALANGUE
LOGBESSOU
Iles Bonabeyike & Bonagando
BONANTONE
YOUPWE
BONAMATOUMBE-VILLAGE
MAKEPE
NDOGPASSI
SOBIKAGO
GRAND HANGAR
CITE DE LA PAIX CITE DES PALMIERS
BONAMOUTONGO BONASSAMA
OYACK II
BONENDALE I
BEEDI
BONADIBONG
BONANJO
BONAMOUANG
SONG NGONGAG
NEW-TOWN AEROPORT
BALI
BONAMOUSSADI
BONANLOKA
BEPANDA BESSEKE
0 1,10 Km
1995
5
2000
JAPOMA
BOKO
BOJONGO
MAMBANDA
MBANGA BAKOKO
NYALLA I
BANGUE
NGOMA
SODIKO-VILLE
NDOGHEM
LOGPOM
NEW BELL
MALANGUE
LOGBESSOU
Iles Bonabeyike & Bonagando
BONANTONE
YOUPWE
BONAMATOUMBE-VILLAGE
MAKEPE
NDOGPASSI
SOBIKAGO
GRAND HANGAR
CITE DE LA PAIX CITE DES PALMIERS
BONAMOUTONGO BONASSAMA
OYACK II
BONENDALE I
BEEDI
BONADIBONG
BONANJO
BONAMOUANG
SONG NGONGAG
NEW-TOWN AEROPORT
BALI
BONAMOUSSADI
BONANLOKA
BEPANDA BESSEKE
0 1,10 Km
Fig 2a et 2b. évolution de l'occupation du sol entre 1995 et 2000 0
200
400
600
800
1000
1200
1400
Douala 1er Douala 2è Douala 3è Douala 4è Douala 5è
Nom
bre
de m
énag
es
Arrondissements
Moderne Archaique
Dans le même contexte, l'eau subie de nombreuses perturbations en termes de pollution notamment fécale, à cause de la généralisation d'un assainissement dominé par l'usage des latrines archaïques (Fig. 3 et Planche 1).
Planche 1. stratégies d'assainissement dans les quartiers précaires de Douala
i = √(Sp/Sm-1)
La question de la dégradation qualitative de la ressource en eau est abordée à partir de sa susceptibilité de subir une contamination fécale en liaison avec le niveau d'équipement et le constat de la fréquence des maladies hydriques dans les population urbaines. Cette forme de contamination est donc sélectionnée comme indicateur de pollution de l'eau pour mettre l'accent sur un mécanisme de dégradation directement lié au développement urbain. L'indice de risque de contamination fécale (Fig. 4) est estimé en multipliant le dégré de risque de contamination fécale (RF) associé aux pratiques d'assainissement rencontrées dans les zones pilotes par la densité de la population (Nsegbe, 2012).
IRCF = Dens x RF
Tab 1. évolution de superficie forestière et taux annuel de variation (en %) entre 1995 et 2000
T ype de couverture Superficie Taux annuel de
déforestation Qualification de la
pression 1995 2000 Mangrove 46 897 41 295 0,37 Assez faible Forêt naturelle 79 730 33 458 1,18 Moyenne Forêt dégradée 21 573 35 229 0,80 Fa ible Total 148 200,00 109 982,00 0,59 Faible
3. RESULTATS
²
Nul à très faible
Moyen
Fort
Très fort
0 1,30 Km
BOKO
NGOMA
KOTTO
MAKEPE
KAMBO
MABANDA
LOGBESSOU I
BEPELE
LOGBABA
LOGBESSOU II
BONANJO
PINDO
SODIKOMBO
BEEDI
LOBE
NDOGHEM II
LOGPOM
BONAMOUSSADI
NDOGBONG
NGWELE
NYALA BASSA
NDOGPASSI
Brazzaville
BONAMATOUMBE I
MAKEPE I
BODJONGO
BANGUE
NKOMBA
BONANLOKA
BONAMINKANO
BONAPRISO
BESSENGUE
LOT RECASEMENT NKOLB
MOUTONGO MALANGUE
BONENDALE I
CITE DES PALMIERS
NGODI
NYLON
BONANGANG
OYACK
BONADIBONG
TERGAL
GRAND HANGAR
NDOGSIMBI
DEIDO
CITE CICAM
BONASSAMA
BEPANDA
BEPANDA
MAKEA
KOUMASSI
NEW BELL
BONAKOUAMOUANG
AEROPORT
9 ° 4 5 ' 0 " E
9 ° 4 5 ' 0 " E
9 ° 4 0 ' 0 " E
9 ° 4 0 ' 0 " E
4 ° 5 ' 0
" N
4 ° 5 ' 0
" N
4 ° 0 ' 0
" N
4 ° 0 ' 0
" N
5 7 5 0 0 0
5 7 5 0 0 0
5 8 0 0 0 0
5 8 0 0 0 0
5 8 5 0 0 0
5 8 5 0 0 0
5 9 0 0 0 0
5 9 0 0 0 0
4 4 5 0
0 0
4 4 5 0
0 0
4 5 0 0
0 0
4 5 0 0
0 0
Fig 4. risque de contamination fécale lié aux types d'équipements sanitaires dans les quartiers de Douala
2. DEGRADATION DE L'EAU ET DES RESSOURCES FORESTIERES Afin d'évaluer les impacts des pressions urbaines sur les ressources en eau et la couverture forestière, nous avons utilisé une approche SIG qui a permi d'élaborer un système d'indicateurs de risque et d'état de chacune des deux ressources retenues pour mettre en évidence la chaine de causalité qui unit le développement urbain et l'état des éléments impactés par cette dégradation. le choix des indicateurs s'est fait en deux phases correspondant aux deux ressources naturelles retenues ici, en raison de leur forte vulnérabilité. Ce choix s'est porté sur les indicateurs de dégradation des terres conjointement proposés par l'OCDE, l'UNCSD, la Banque Mondiale et le Groupe de travail international pour la détermination des indicateurs de dégradation des terres. La mise en évidence des pressions sur la couverture forestière s'est faite à travers l'utilisation des méthodes de détection des changements qui permettent de déceler les mutations spatiales liées au développement démographique et des activités. Un indice de dégradation a par la suite été proposé pour les forêts naturelle et dégdradée ainsi que pour la mangrove. L'analyse des pressions sur les ressources en eau s'est faite à travers l'évaluation du risque de sa dégradation par la pollution fécale. La question de cette dégradation qualitative de la ressource en eau est abordée à partir de sa susceptibilité de subir une contamination fécale en liaison avec le niveau d'équipement et le constat de la présence fréquente de maladies hydriques dans les populations urbaines.
Fig 5: inventaire des maladies liées à la pollution fécale dans les arrondissements de Douala
0
100
200
300
400
500
600
Douala 1er Douala 2è Douala 3è Douala 4è Douala 5è
Effectif
s de
cas
iden
tifiés
Arrondissements
Choléra Typhoide Paludisme Diarrhée Maladies de la peau
Fig 6. niveau de contamination chez les enfants de moins de 8 ans dans les quartiers de Douala
L'indice de pression sur les ressources forestières est obtenu à partir de trois thèmes d'occupation du sol : la forêt naturelle, la forêt dégradée et la mangrove (Tab. 1). Cet indice qui mesure le taux annuel de déforestation est obtenu à partir de l'équation suivante proposée par Glémarec et Braban (2006) :
Le taux d'incidence des maladies hydriques est très associé à la contamination fécale de l'eau à Douala. Une enquête effectuée sur 4400 ménages a révélé la prédominance de 5 maladies (Fig. 5). Parmi ces maladies, le choléra (Ch) et les diarhées (Di) se sont avérés très liés à cette forme de contamination. Nous sommes interessés à leur influence conjuguée (ICME) grâce à l'outil map calculator d'ArcGis (Nsegbe, 2012).
Le taux d'incidence de ces maladies est plus élevé chez les enfants de 8 ans (EN-8), car il présente une plus grande amplitude que dans les autres strates de la population. L'état de contamination fécale (TCF) dans cette tranches (Fig. 6) est calculé ainsi qu'il suit (Nsegbe, 2012):
ICME = Ch + Di
TCF = EN-8 x ICME
²
Très faible à nul
Faible
Fort
Très fort
0 1,30 Km
BOKO
NGOMA
KOTTO
MAKEPE
KAMBO
MABANDA
LOGBESSOU I
BEPELE
LOGBABA
LOGBESSOU II
BONANJO
PINDO
SODIKOMBO
BEEDI
LOBE
NDOGHEM II
LOGPOM
BONAMOUSSADI
NDOGBONG
NGWELE
NYALA BASSA
NDOGPASSI
Brazzaville
BONAMATOUMBE I
MAKEPE I
BODJONGO
BANGUE
NKOMBA
BONANLOKA
BONAMINKANO
BONAPRISO
BESSENGUE
LOT RECASEMENT NKOLB
MOUTONGO MALANGUE
BONENDALE I
CITE DES PALMIERS
NGODI
NYLON
BONANGANG
OYACK
BONADIBONG
TERGAL
GRAND HANGAR
NDOGSIMBI
DEIDO
CITE CICAM
BONASSAMA
BEPANDA
BEPANDA
MAKEA
KOUMASSI
NEW BELL
BONAKOUAMOUANG
AEROPORT
9 ° 4 5 ' 0 " E
9 ° 4 5 ' 0 " E
9 ° 4 0 ' 0 " E
9 ° 4 0 ' 0 " E
4 ° 5 ' 0
" N
4 ° 5 ' 0
" N
4 ° 0 ' 0
" N
4 ° 0 ' 0
" N
5 7 5 0 0 0
5 7 5 0 0 0
5 8 0 0 0 0
5 8 0 0 0 0
5 8 5 0 0 0
5 8 5 0 0 0
5 9 0 0 0 0
5 9 0 0 0 0
4 4 5 0
0 0
4 4 5 0
0 0
4 5 0 0
0 0
4 5 0 0
0 0